- Après de longues semaines sans mes collègues hauts-gradés, je suis enfin en route pour les retrouver. Direction Kanokuni où une grande bataille a lieu ! Quoique, à mon avis, vue la chance que j’ai avec ce genre de choses, la bataille sera déjà terminée et tout le monde se sera amusé sauf moi. Quand je vous dis que ma vie est misérable… Ça m’apprendra à vouloir jouer les héros.
Je sais seulement que nous sommes sur West Blue, aucune autre information ne m’est parvenue concernant notre position actuelle. Après, ce n’est pas comme si je m’y intéressais d’une quelconque manière. À l’heure actuelle, je suis plutôt en train de faire un peu de lecture sur un transat, pendant que la bleusaille travaille pour moi. Pas si mal d’être un officier, finalement.
Le moins que l’on puisse dire est que je suis à l’aise. Le courant d’air marin caresse mes pieds nus, remontant jusqu’au chevilles dégagées par mon pantalon noir et retroussé, tandis que ma chemise blanche est quant à elle légèrement ouverte… beaucoup ouverte. Je sirote l’un de ces délicieux cocktails préparés par ce bon vieux Daniel.
Mais cet air de vacances ne me convient peu. Je m’entraîne tous les jours pour combler ce surplus de calme et ne pas me rouiller, mais ça commence sérieusement à me taper sur le système. En réalité, je suis partagé par l’envie de me battre et celle d’être tranquille. J’ai toujours apprécié à la tranquillité, inutile de faire le dur, mais je prends aussi beaucoup de plaisirs à détruire des vies.
« Commodore. » me dit soudainement Daniel en interrompant ma lecture.
« Eh bien, parle, bon dieu ! »
« Un appel du colonel Jess Späre de la garnison de l’île aux esclaves. »
« Que me vaut l’appel d’un colonel ? Est-ce si important au point d’interrompre ma lecture, Daniel ? »
« Cela va bien au-delà de ce pourquoi l’on me paye, Ethan, vérifie par toi-même. »
L’insolent. Je saisis le denden qu’il me tend et prends le relai.
« Ici le commodore Levi, je vous écoute à présent, colonel Jess Späre. »
« Merci de m’accorde de votre temps, commodore. »
Il est vrai que je suis vachement occupé.
« On m’a confié que vous n’étiez pas très loin de l’île… »
Je n’en sais rien.
« … et j’aurais effectivement besoin de votre aide. Un groupe de pirates ou de révolutionnaires… »
De la vermine, donc.
« …s’est infiltré dans notre domaine, foutu le feu aux plantations et tente de provoquer une mutinerie. Nous tentons de les repousser, enfin plutôt de ralentir leur sortie, mais nous manquons cruellement d’hommes et de moyens. Depuis l’attaque d’un certain Ragnar Etzmurt, nous sortir la tête de l’eau est délicat. »
Hm… Je n’ai pas beaucoup d’hommes à ma disposition, là. Entre Kanokuni et d’autres missions essentielles dans les autres mers, je me retrouve en manque d’effectif. Que faire ? Car y aller la fleur au fusil avec si peu de soldats peut se solder par une grosse humiliation. Autant directement les laisser faire ce qu’ils veulent. Je vais quand même tenter quelque chose.
« Je vous rappelle, Jess, un léger détail à régler avant. » je raccroche et regarde Daniel, attendant patiemment face à moi. « Mets-moi en contact avec les garnisons les plus proches de cette île, on va tenter d’organiser un grand rassemblements de connards. »
« Une idée folle venant d’un fou… À tes ordres, commodore. »
[•••]
« Daniel… Ma gorge est si sèche après tant de discussions ennuyantes et un voyage si éprouvant… Peux-tu me faire quelque chose de rafraichissant ? »
En effet, j’ai passé beaucoup de temps à discuter avec tous les officiers des garnisons voisines, pour qu’ils me lâchent chacun un certain nombre de soldats pour réaliser une attaque d’envergure. Je me rends que mon statut me permet certains privilèges, mon nom de famille également, car je me retrouve avec une bonne petite armée, en fin de compte.
D’après le navigateur, nous approchons de notre nouvelle destination, et plus on en s’en rapproche et plus des navires nous rejoignent. C’est impressionnant ce rassemblement, même si je fais genre d’en avoir strictement rien à faire. Enfin, je passe réellement rapidement à autre chose. Et dire qu’il y a quelques heures je me sentais, sur mon transat en plein milieu de ce vaste océan.
Dans un premier temps, j’ordonne à un certain nombre de navires de rentrer par la seule voie possible, en direction de la Nouvelle Réa où le colonel les accueillera. Dans un second temps, avec deux autres navires, je décide de faire le tour de l’île, car les criminels en question ne sont vraisemblablement pas passé par cette voie.
Alors on fait le tour, deux partent vers l’Est, et nous par l’Ouest, afin de d’explorer le plus de terrain le plus rapidement possible. De toute évidence, ils ont dû gravir les collines discrètement pour ne pas être emmerdé par la sécurité. Cependant, d’après le colonel, des hommes surveillent activement les côtes, ce qui signifie qu’ils n’ont soit pas fait leur boulot correctement, soit été acculés par le nombre ennemi.
« Commodore, la vigie nous annonce que des navires sont en vue avec très peu d’hommes à bord. » me relaye Daniel.
Ils sont donc inoffensifs. Si on les canarde, sachant que les deux autres navires nous rejoindront d’ici peu, alors aucune chance pour eux de s’en sortir. Naviguer est impossible, leurs navires sont quand même trop gros pour les manoeuvrer à deux, voire trois par navires. Je demande à mon fidèle subalterne de préparer les canonniers à tirer, puis qu’ils tirent dès qu’ils sont prêts, nous n’avons pas le temps de traîner ici.
Il ne suffit que de quelques instants pour entendre des tirs. Logiquement, les détonations ont dû interpeller ceux qui ont fait le tour de l’autre côté. Le premier navire ne va pas faire long feu, notamment avec notre puissance de frappe. Mais les autres vont logiquement tenté de nous attaquer. Par quels moyens ? Je l’ignore. Probablement des tirs au fusil ou au canon. Je dois agir.
« Daniel, couvre-moi, s’il te plaît. »
« Je ne garantis de faire un sans faute, commodore. Et tu devrais faire attention aux balles perdues. » me rassure-t-il.
Décidément, je suis définitivement entouré d’incapables, même mon plus fidèle compagnon. Tapant dix fois le sol à une vitesse extraordinaire, je disparais instantanément sous le regard ahuris de mes soldats. jusqu’au moment de réapparaître non loin du navire. L’un des types me met dores et déjà en joue, mais sans compter sur l’implacable précision de Daniel qui le tue instantanément.
Quant aux deux autres, une fois mes appuis au sol, je prends un malin plaisir à les maltraiter. Avec une vitesse d’exécution sans précédent, je tranche les jambes de celui à ma droite - qui hurle de douleurs, tandis que le second subit exactement la même chose. Mais alors qu’il hurle également, je vois dans ses yeux comme une illumination. Une intuition me dit de disparaitre, je le fais, un tir retentit et un crâne explose.
« C’était presque bien essayé, petit veinard. Mais vois-tu, sur cette terre, il y a une certaine hiérarchie à respecter, et ce n’est certainement pas une pourriture dégueulasse dans ton genre qui me blessera. » donné-je en guise d’explication.
Un coup de lame, ses souffrances sont abrégées. Daniel et les autres se chargent déjà du navire suivant. J’aime les soldats réactifs, il ferait un bon officier celui-là. L’épée visant maintenant le ciel, je l’abaisse tel le marteau de Thor, sciant le navire en deux et très nettement. Navires suivants, je m’y rends en déplaçant dans les airs.
Du haut de mon perchoir, j’aperçois les deux autres navires qui arrivent à toute vitesse. Ils commencent déjà à tirer à vue pour intimider l’ennemi. Ils sont complètement cernés, c’est la fin. J’hésite à les anéantir avec des lames de vent, mais notre puissance de tirs est suffisante. Tout cela a naturellement pour but d’empêcher l’ennemi de fuir. Je lève la tête, quelques petits curieux nous observent, probablement l’ennemi, puisque ce n’est pas la marine. J’apparais soudainement sur mon navire. Daniel me rejoint, le fusil à l’épaule, attendant les prochaines instructions.
« L’ennemi sait que nous sommes là, c’est la première chose, mais ils ne pourront plus prendre la fuite à présent. Retournons à la Nouvelle Réa, le colonel fera le point sur la situation et nous agirons en conséquence. »