Tu regardes avec curiosité le bureau où tu viens d'entrer et où tu as pris place dans un fauteuil. Très lumineux, mais décoré de manière veillotte, avec notamment de vieux portraits encadrés dans un coin et une horloge qui était définitivement une antiquité. En face de toi, un jeune homme aux cheveux blonds et fins, avec de grosses lunettes te fait face en silence. Enfin, il finit son café avant de te regarder à nouveau dans les yeux. Toi, tu es plutôt nerveux. T'as été embauché comme facteur il y a peine un mois, et voilà que les ennuis commencent. Convoqué chez le patron pour une affaire d'empoisonnement. Et encore, pas le grand patron, Joseph Gherbrian, parce que là, tu aurais tout bonnement été licencié sans pouvoir t'expliquer. Mais toi, t'y connais rien, t'en sais rien. T'as mis du temps avant d'arriver ici depuis Las Camp, de quitter tous ces taudis et cette violence. Tu voulais pas d'histoire, mais te voilà embourbé dedans jusqu'au coup. Tout ça à cause de ce collègue arrivé deux semaines après toi, et qui a disparu dans la nature. Tu déglutis difficilement, tandis que la voie d'Eliaz Coat s'élève. Grave, dure, froide. Il était plus joyeux et sympathique dans tes souvenirs.
- C'est mon père qui a créé ce réseau de poste, vous savez. C'est lui qui a dressé les premiers oiseaux qui ont accompagné les facteurs dans leur travail. C'est lui qui a pris soin d'eux. Et évidemment, c'est lui qui a pris soin de Missouri. Le plus vieil oiseau de poste de la famille. Le plus fidèle aussi. Du coup, mon cher... Maxime, c'est bien ça ? Je veux bien croire que vous n'ayez rien à voir avec ça, mais bon... Etant donné la situation, j'aimerais que vous m'expliquiez un peu ce que vous savez de tout ça.C'est vous qui fréquentiez Erik. C'est vous qui mangiez avec lui tous les midis. Vous devez bien savoir quelque chose. Peut-être même complice ?
Oui, plus sympathique dans tes souvenirs. Tu t'agites sur ton fauteuil, baisse les yeux. Non, tu n'es pas à l'aise. Mais malgré tout, tu réponds avec force, et peut-être un peu trop d'empressement :
- Je suis innocent !
Pause. Tu souffles un peu, et tu reprends un peu plus calmement :
- Je suis innocent. Vous pouvez demander aux autres. J'aime mon boulot. J'aime les oiseaux de la poste. J'aime les gens qui y travaillent. Pour rien au monde, je ne retournerai à Las Camp. Jamais je n'aurais aidé quelqu'un à empoisonner un oiseau postal. Le compagnon de votre sœur ne méritait pas ça. Je... Je sais que j'aurais pu faire quelque chose, mais j'ai eu peur, vous voyez. Erik, il... Comment dire ? Il était pas comme tout le monde, vous voyez. Pas qu'il était incroyable, qu'il avait mangé un truc bizarre ou quoi. Mais il était pas bien dans sa tête. Il faisait une fixette sur les champignons... Plutôt les hallucinogènes. Il avait aussi une fixette sur votre soeur, mais j'ai cru que c'était une lubie. Je ne pensais pas que ça allait tourner comme ça. Je ne savais pas qu'il allait se procurer des trucs aussi dangereux pour empoisonner Missouri.
Eliaz te regarde. Ou plutôt, il te dévore. Tu te fonds dans ses yeux noirs. Toute la famille les a, ces yeux noirs, particulièrement orageux, sombres et révoltés. Il croise les bras, se redresse un peu face à son bureau.
- Soit. Mais vous n'auriez pas pu nous prévenir ? Nous le dire, au moins, qu'il était bizarre ?
- Vous n'aviez qu'à ne pas l'embaucher !
- Lorsque l'on embauche quelqu'un, le fait qu'il soit un dangereux addict et passionné de champignons douteux n'est pas la première chose que l'on sache sur lui, vous sav-
- MAIS JE NE SAIS PAS ENFIN ! JE NE SAVAIS PAS QU'IL ALLAIT FAIRE CA ! JE MANGEAIS AVEC LUI TOUS LES MIDIS, ET C'ETAIT TOUT !
Tu hurles, sur la fin. Tu écumes. Ton coeur bat la chamade. Eliaz est à nouveau silencieux. Il se lève pour contempler le paysage, à la fenêtre de son bureau. Tu attends, et tu as peur. Peut-être que tu t'es trop emporté. Mais cette histoire a fait un tollé dans la poste, et toi, tu t'y es retrouvé au milieu pour avoir discuté avec un type un peu bizarre.
Il finit par se retourner. Et toi, Maxime Precht, tu attends avec angoisse les prochaines paroles qui vont traverser le pas de sa bouche :
- Est-ce que tu sais où est-ce qu'il s'est enfui ?
Tu as la langue sèche, mais ton corps se détend de soulagement. Tu réponds d'une voix fébrile :
- Non, mais...
Tu hésites. Eliaz est tendu. Il reprend de sa même voix sèche et dure :
- Mais ?...
- Il n'était pas vigilant... Chaque midi, il rédigeait une lettre pour son vieux père, et quand il n'avait pas le temps, il me les donnait pour que je les apporte au relais qui se chargeait ensuite de les redistribu-
- Tu te souviens de l'adresse ? De l'île, au moins ?
Tu as un temps d'arrêt, et tu finis par lâcher dans un souffle :
- Orange.
- C'est mon père qui a créé ce réseau de poste, vous savez. C'est lui qui a dressé les premiers oiseaux qui ont accompagné les facteurs dans leur travail. C'est lui qui a pris soin d'eux. Et évidemment, c'est lui qui a pris soin de Missouri. Le plus vieil oiseau de poste de la famille. Le plus fidèle aussi. Du coup, mon cher... Maxime, c'est bien ça ? Je veux bien croire que vous n'ayez rien à voir avec ça, mais bon... Etant donné la situation, j'aimerais que vous m'expliquiez un peu ce que vous savez de tout ça.C'est vous qui fréquentiez Erik. C'est vous qui mangiez avec lui tous les midis. Vous devez bien savoir quelque chose. Peut-être même complice ?
Oui, plus sympathique dans tes souvenirs. Tu t'agites sur ton fauteuil, baisse les yeux. Non, tu n'es pas à l'aise. Mais malgré tout, tu réponds avec force, et peut-être un peu trop d'empressement :
- Je suis innocent !
Pause. Tu souffles un peu, et tu reprends un peu plus calmement :
- Je suis innocent. Vous pouvez demander aux autres. J'aime mon boulot. J'aime les oiseaux de la poste. J'aime les gens qui y travaillent. Pour rien au monde, je ne retournerai à Las Camp. Jamais je n'aurais aidé quelqu'un à empoisonner un oiseau postal. Le compagnon de votre sœur ne méritait pas ça. Je... Je sais que j'aurais pu faire quelque chose, mais j'ai eu peur, vous voyez. Erik, il... Comment dire ? Il était pas comme tout le monde, vous voyez. Pas qu'il était incroyable, qu'il avait mangé un truc bizarre ou quoi. Mais il était pas bien dans sa tête. Il faisait une fixette sur les champignons... Plutôt les hallucinogènes. Il avait aussi une fixette sur votre soeur, mais j'ai cru que c'était une lubie. Je ne pensais pas que ça allait tourner comme ça. Je ne savais pas qu'il allait se procurer des trucs aussi dangereux pour empoisonner Missouri.
Eliaz te regarde. Ou plutôt, il te dévore. Tu te fonds dans ses yeux noirs. Toute la famille les a, ces yeux noirs, particulièrement orageux, sombres et révoltés. Il croise les bras, se redresse un peu face à son bureau.
- Soit. Mais vous n'auriez pas pu nous prévenir ? Nous le dire, au moins, qu'il était bizarre ?
- Vous n'aviez qu'à ne pas l'embaucher !
- Lorsque l'on embauche quelqu'un, le fait qu'il soit un dangereux addict et passionné de champignons douteux n'est pas la première chose que l'on sache sur lui, vous sav-
- MAIS JE NE SAIS PAS ENFIN ! JE NE SAVAIS PAS QU'IL ALLAIT FAIRE CA ! JE MANGEAIS AVEC LUI TOUS LES MIDIS, ET C'ETAIT TOUT !
Tu hurles, sur la fin. Tu écumes. Ton coeur bat la chamade. Eliaz est à nouveau silencieux. Il se lève pour contempler le paysage, à la fenêtre de son bureau. Tu attends, et tu as peur. Peut-être que tu t'es trop emporté. Mais cette histoire a fait un tollé dans la poste, et toi, tu t'y es retrouvé au milieu pour avoir discuté avec un type un peu bizarre.
Il finit par se retourner. Et toi, Maxime Precht, tu attends avec angoisse les prochaines paroles qui vont traverser le pas de sa bouche :
- Est-ce que tu sais où est-ce qu'il s'est enfui ?
Tu as la langue sèche, mais ton corps se détend de soulagement. Tu réponds d'une voix fébrile :
- Non, mais...
Tu hésites. Eliaz est tendu. Il reprend de sa même voix sèche et dure :
- Mais ?...
- Il n'était pas vigilant... Chaque midi, il rédigeait une lettre pour son vieux père, et quand il n'avait pas le temps, il me les donnait pour que je les apporte au relais qui se chargeait ensuite de les redistribu-
- Tu te souviens de l'adresse ? De l'île, au moins ?
Tu as un temps d'arrêt, et tu finis par lâcher dans un souffle :
- Orange.
Dernière édition par Caoirse Coat le Sam 29 Juil 2017 - 0:54, édité 2 fois