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Les moutons et la laine

Sur une petite île de North Blue.
Un an s'est écoulé.


- Arrrrrgh ! Reviens ici sale bête !
- Vas-y... tu y es presque..

Les moutons angora étaient vraiment les plus chiants. Et ça faisait déjà une heure que je tournais dans leur pré, le soleil était bien bas dans le ciel. En fait, le but était de rentrer les bestioles pour les nourrir les tondre et tout le tralala. Je m'y connaissais pas vraiment, je donnais juste mon aide à la famille de Suji. Mais faudrait savoir comment j'en étais arrivée à devoir choper des moutons trop fougueux.

Revenons quelque peu dans le passé.

Il y a un an de ça déjà je suis arrivée sur North Blue après avoir quitté Gin, mon ancienne amie. J'ai aidé des marchands pour me faire un peu d'argent, et notamment des marchands de laine en tout genre. Ils se fournissaient ici, à Tanuki. Et même s'il y avait une garnison de la marine et que j'étais une pirate, c'était un endroit calme, qui donnait envie de vivre paisiblement. Alors quand mon travail s'est terminé, je m'y suis installée et j'ai trouvé un job au bout de plusieurs semaines. Rien de très fou, j'étais simplement devenue barmaid chez Kaya, l'une des seules tavernes de l'île. J'ai ainsi pu acquérir du travail, un petit salaire, et un lit où dormir sous un toit, alors honnêtement je me plaignais pas.

Ce que jamais bien faire faire, c'était dépouiller les clients un peu trop ivres. Ouais c'était immoral mais je restais une pirate, alors si je pouvais me faire quelques berrys de temps en temps, j'étais pas contre. De cette manière j'ai réussi à développer la capacité séduction qui, faut l'avouer, me facilitait souvent le travail.

Sur Tanuki, l'Aiko que je connaissais s'était métamorphosée. Disons qu'avec l'argent que je gagnais, au-delà de me nourrir, je m'achetais quelques vêtements et j'étais même allée au coiffeur. Mes cheveux rouges lisses ne me convenaient plus, alors j'avais opté pour un style plutôt ondulé et roux. Je préférais. Ce qui a ajouté du détail à « mon nouveau moi », ce sont les lunettes de soleil. Super stylé. Sur le nez ou sur les cheveux, elles ne me quittaient plus et je me suis même rendue compte que ça reposait mes yeux fatigués. Quant à mes armes, Poiscaille et BangBang, je ne les utilisais plus, elles étaient rangées dans un placard et prenaient la poussière. Après tout, je n'avais aucune utilité à me battre ici.

Suji, une habitante de l'île, nous apportait souvent du lait de brebis. Il nous servait à concocter quelques boissons. C'était une jeune femme plutôt souriante avec qui j'avais lié une amitié. Quand je m'ennuyais, je passais à la ferme de ses parents et je l'aidais. C'était devenu une sorte d'habitude. Ramener les moutons dans leur grange, les nourrir, les tondre, récupérer le lait, c'est vrai que ça me changeait de Rokade, je m'amusais bien.



Dernière édition par Aiko Nishimura le Ven 11 Aoû 2017 - 10:24, édité 4 fois
    De retour à nos jours.

    J’essuyais la sueur de mon front. C'est que c'était du sport de courir après ces bovins à quatre pattes. Puis comme j'avais pas d’endurance et que le sport et moi ça faisait au moins huit mile ben j'étais mal partie d'avance. Boarf j'avais l'habitude. Je m'asseyais sur une botte de foin et buvais un peu d'eau en bouteille. C'est vrai qu'il faisait plutôt chaud sur cette île, et que s'hydrater c'était quelque chose d'important.

    - J'ai quand même réussi à les faire rentrer dans la grange. Que je disais en baillant.
    - Oh... Oui oui oui.. Tu as pris un peu plus de temps que la normal mais le compte y est. Mmmh, maintenant il faudrait en tondre quelques uns, tu veux m'aider ?

    Les mains jointes derrière le dos et un joli sourire sur les lèvres elle se tordait dans tous les sens, un peu gênée.

    Il était déjà tard et mon ventre gargouillait. Je rêvais de petites brochettes et de boulettes de riz. Mais comme aujourd'hui la mère de Suji ne pouvait pas l'aider, ouais elle était malade ou un truc du genre, enfin elle restait cloué au lit quoi, j'avais décidé de rester un peu plus longtemps. Disons que j'étais toujours mieux ici à dialoguer avec la jeune aux manteaux de coton et aux boucles beige, ouais ouais elle avait les cheveux beiges, plutôt que de rester seule dans ma chambre à rien faire. J'voulais répondre mais mon ventre se mit à crier famine un peu plus fort.

    - Eh bah dis donc on dirait que tu meeeeeurs de faim ! Quand on aura terminé ça te dirait de venir manger à la maison ? Je pourrais même cuisiner si tu veux !

    Elle avait carrément l'air d'adorer cette idée. C'est comme si ses yeux brillaient et pétillaient sous l'excitation. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle prenait tant d'engouement, mais j'haussais les épaules et remuais la tête, j'appréciais la demande.

    - Tu es sûre que ça ne dérange pas tes parents ? Enfin, j'voudrais pas trop m'imposer.
    - Oh mais non ! Mon père n'est pas à la maison ce soir et comme ma mère sait que tu nous aides elle ne dira pas non, en plus elle est malade, donc ce soir... c'est moi qui fait à manger !
    - Ça marche ! Alors allons tondre ces petits moutons.

    Moins d'une dizaine de tonte plus tard.

    - Je crois que j'en ai assez pour me tricoter mon prochain pull ! Qu'elle disait d'un air enjoué.
    - Oh, je ne savais pas que tu tricotais ! Moi j'étais toujours perdue.
    - Si, avec les moutons et la cuisine, ce sont mes passions !

    Elle gigotais encore et souriais de plus belle. Ouais son sourire était vraiment radieux, et bizarrement quand elle montrait ses belles dents blanches, on sentait comme une atmosphère paisible, agréable, enfin rien de négatif quoi.

    Mes chaussures étaient pleines de boue. Ah la ferme... Je suivais Suji qui se dirigeait, d'un pas plus que déterminé, vers sa maison. Une grande baraque à la façade colorée, comme si des tâches de peinture de toutes les couleurs s'y étaient mêlés. C'était joli, joyeux et surtout très attrayant. C'était une maison qu'on repérait de loin. Mais l'obscurité s'était installé alors la visibilité était devenue moyenne, dommage. Il y avait des jolies plantes à droite et à gauche de la porte. J'avais hâte de voir la décoration intérieur mais surtout, j'avais hâte de me remplir l'estomac.
      Il y avait une bonne odeur, de la vanille ou de la lavande, enfin je m'y connaissais pas vraiment en fleur. On entrait directement dans la pièce à vivre. Il y avait un long canapé et une petite table basse, une cheminée, ainsi qu'une bibliothèque remplit de livre. Je me demandais s'il y avait autre chose que les livres sur les moutons. Vu la quantité, je me doutais que oui. Des plantes et de la couleur partout. Il y avait des photos de mouton au mur, et au dessus de la cheminé des petits cadres.

      - N'hésites pas à faire comme chez toi ! Je vais prévenir ma mère que tu es là et lui apporter des médicaments, elle a une sale grippe.
      - Okay, je t'attends là.

      Suji passait à la cuisine avant de remonter les escaliers avec un plateau, où eau, pain et médicaments étaient déposés. Elle n'avait pas peur de me laisser seul dans son salon, elle avait confiance. Et ça me faisait plaisir car nous étions amies et je n'allais rien voler. Je m'approchais de la cheminée pour observer la décoration et plus particulièrement les photos encadrées. L'une d'entre elles m’interpellait. Il s'agissait d'un homme, sûrement le père de Suji, habillé de la tête au pied en marine. Il semblait plus jeune et pour cause, il n’exerçait plus ce métier, maintenant c'était un fermier.

      En attendant Suji, je m'installais sur le canapé. Et hop, une petite tête grise et des oreilles pointues. Un bond en avant et bingo, un chat en train de me renifler les mains. J'aimais pas trop les chats, c'était vicieux et solitaire, on s'avait jamais ce qu'ils prévoyaient de faire. Et puis j'avais pas envie de me prendre un coup de griffe sur le visage.

      - Laisse donc notre invitée tranquille petite !

      La jeune femme attrapa le chat et le posa à terre. Elle se mit ensuite assise une fraction de seconde sur le canapé.

      - Allez tu viens ! On va cuisiner !

      Elle se releva directement avant de me faire signe de la suivre. Alors à mon tour, je me levais et la suivais, tout simplement. J'pensais savoir où elle allait m'amener : la cuisine. Et je m'étais pas trompée. Des murs oranges, verts, une décoration florale, une cuisine toute mignonne qui se mariait bien à l'atmosphère générale, des cadres de mouton, une jolie table ronde avec des chaises en bois, le tout très rustique.  

      Je me mettais sur une chaise. La cuisine et moi, on était pas vraiment copine. Ce que je préférais, c'était voir les cuisiniers à l'oeuvre, sentir la bonne odeur de la nourriture. Oui, j'aimais mieux ça. Suji sortait ses ustensiles : casseroles, poêles, couteaux puis les ingrédients : riz, viande, pomme de terre, poivre et sel. Tout était disposé et minutieusement rangé sur le comptoir. Elle savait ce qu'elle faisait. Mais je me posais quand même une question depuis tout ce temps.

      - Dis-moi Suji, je pourrai te demander quelque chose ?

      Tout en commençant à découper la viande :

      - Oui bien-sûr je t'écoute !
      - Pourquoi.. enfin.. comment ça se fait que.. tu prennes tant d'engouement pour une histoire de cuisine. J'veux dire c'est juste faire à manger, y'a rien d'incroyable là-dedans.

      Suji avait l'air d'être quelqu'un de fragile, susceptible ? Enfin, je ne voulais pas la blesser. Mais son sourire s'effaça, elle prenait un air un peu plus grave.

      - Oui tu as raison j'en fais toujours beaucoup trop. Petit rire gêné. Mais j'ai toujours adoré la cuisine, c'est une passion pour moi. Quand j'étais plus petite, je me suis coupée avec un couteau. C'était pas beau à voir. Elle montra sa cicatrice au poignet. Bien flippant et la profondeur était encore visible. J'vais pas dire que j'ai failli mourir, mais j'ai perdu pas mal de sang. Et donc depuis ce jour-là, maman ne m'a presque plus jamais laissé cuisiner, du moins sans surveillance. Bon c'est vrai que je suis quelqu'un de maladroit, mais je me suis améliorée avec le temps. Nouveau petit rire gêné. Quand on prive quelqu'un de sa passion ben il est malheureux, et quand on lui permet de le refaire il est tout content. Enfin ce quelqu'un c'est moi.
      - Oui j'avais cru comprendre.

      J'espérais qu'elle me prenne pas trop pour une idiote quand même. Ce ton dramatique et cette histoire ne me donnait pas faim, alors que l'odeur elle, me faisait saliver.

      - Allons, n'en parlons plus et montre moi ton talent de cuisinière.

      Elle souriait à nouveau.
        Plus d'une demi-heure de confection plus tard.

        - Et voilà c'est prêt !

        Suji venait tout juste de dresser les assiettes. J'avais mis la table et sorti un peu d'eau. Elle venait s’asseoir face à moi, assiette en main. Une douce fumée s'échappait du plat. Alléchante. L'odeur me chatouillait les narines. Que ça sentait bon. Divin. Je ne savais pas par quoi commencer : si je découpais la viande, ou prenais une bouchée de riz ou alors croquais dans une petite patate ronde. La chaleur du plat me réchauffait les joues. Un chef d'oeuvre.

        - Je ne sais pas par quoi commencer, tout à l'air délicieux.
        - Commence par ce que tu veux, en tout cas, j'espère que tu aimeras.

        Bon, on allait donc pas tergiverser sur un plat pendant dix ans. J'attrapais ma fourchette en hop, je tapais dans le riz. La première bouchée fut... une explosion de saveur. Bon okay, c'était que du riz, mais entre la sauce et l’assaisonnement, c'était délicieux. Je ne pouvais m'empêcher de croquer les patates. Mmmmh.. Douces et onctueuses. Un peu chaudes, mais divines. Et enfin la viande de mouton, bien cuite, presque saignante, avec un assaisonnement parfait. Bon, je disais parfait, mais je m'y connaissais pas en cuisine, pour moi, tout était bon. Surtout si on avait pas beaucoup d'argent pour manger. Enfin, ce plat, c'était l'un des meilleurs de toute ma vie.

        - Épatante, t'as un vrai talent.

        Elle rougissait et souriait, ça devait la flatter.

        Pendant le repas, je repensais un peu à mes anciens projets. Ouais, j'avais voulu partir en mer avec Gin. Ça avait été un fiasco. La vie de pirate fait rêver, mais c'est bien plus compliqué que ça. J'avais été trop sure de moi. Il fallait que je prenne le temps d'y réfléchir et pas que je m'avance comme une tarée. J'aimais beaucoup Suji, je me demandais si ce genre de vie lui plairait. Je terminais ce que j'avais dans la bouche avant de lui parler un peu. Ben ouais on parle pas la bouche pleine.

        - Mmm.. J'ai vu une photo dans le salon, enfin quelqu'un habillé en marine. C'était ton père nan ?

        Elle semblait réfléchir avant de répondre.

        - Ouii c'était bien lui ! Mais la photo est très ancienne. Ça fait des années qu'il a changé de métier. C'est un des meilleurs fermiers maintenant !
        - Pourquoi il a changé ? Petite bouchée de riz.
        - Oh je crois qu'il voulait changer d'air car ça ne lui plaisait plus trop. C'est vrai que l'air campagnard c'est plus sympa que les bases militaires.

        J'haussais les épaules.

        - Et tu voudrais t'engager dans la marine toi aussi ?

        Elle fit une petite moue.

        - Pas-du-tout ! Quelle articualtion dis donc. En un sens ça me rassurait. Je préfère m'occuper de mes moutons !

        Ah les fameux moutons de Suji. Ses perles rares.

        - T'as déjà vu des pirates ? Ils t'inspirent quoi ?

        C'était une question risquée, mais il fallait bien un début à tout, j'allais pas encore tourner autour du pot trop longtemps.

        - Eh bien je n'en ai jamais croisé.. Et je ne pense pas en croiser de sitôt. Papa m'a dit que certains étaient horribles, d'autres pas si méchants. Après tout on est sur North Blue. J'veux dire, c'est pas comme Grand Line quoi.

        Je souriais. Ah Grand Line, le rêve de tous les pirates. Mais aussi le tombeau des navires. Tellement de légendes, tellement de témoignages. La route de tous les périls. J'y poserai bien les pieds un jour.

        - Et si je te disais que t'avais une pirate devant toi, tu réagirais comment ?

        Transformation faciale. Le sourire s'était un peu évaporé, même s'il y avait toujours une esquisse. Elle semblait être gênée. Mais elle n'avait pas de raison de l'être, ni d'avoir peur.

        - Ben euh.. euh... je sais pas enfin... euh.. t'es vraiment une pirate ?
        - Quand j'aurais un bateau, des compagnons et un drapeau noir, j'en serais vraiment une.

        J'avais terminé mon assiette. Quelle discussion.

        - Tu voudrais me rejoindre ?

        Le chat de tout à l'heure venait de faire son apparition dans la pièce. Il se frottait au pied de la chaise de Suji. Elle l'attrapa, le mit sur ses genoux, et le serra fort. Elle semblait perplexe.

        - Tu me demandes d'abandonner ma vie actuelle, mon confort et mes moutons, mes parents, cette île et mon chat pour partir en mer avec toi dans je ne sais quelle direction ? Mais t'as un bateau au moins ?

        Aie.

        - Disons que j'en aurais bientôt un. Et il y aura une belle cuisine où tu pourras nous préparer toooooooooous les plats que tu voudras !
        - C'est une drôle de proposition, il faut que j'y réfléchisse vivement...

        Et elle n'avait pas dit non. Alors je la laissais tranquille. Je l'aidais à débarrasser notre vaisselle, puis à nettoyer le comptoir, faire un peu de rangement. On prenait ensuite le désert. Un bon gâteau au chocolat qu'avait fait la mère de Suji. Délicieux aussi. Et les sujets étaient variés. Tout sauf la piraterie bien sûr. Et elle se remit à rire. Cette soirée avait été géniale.

        Il n'y avait pas de lune ce soir-là. Mais la nuit était bien trop sombre quand je suis rentrée dans mon petit studio. Je ne savais plus qu'une chose. Il me fallait de l'argent pour acheter un vrai bateau.