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Revendications sociales et proxénétisme

_ Alors c'est lui?
_ Tout à fait Boss.


Assis sur une chaise à laquelle il était littéralement attaché, Sunbae regardait avec un air perplexe les trois hommes en face de lui. Un petit homme à l'air de fouine et deux gorilles bodybuildés. Le Roona pensa que le monde criminel était décidément rempli de clichés.

Comment en était-il arrivé à cette situation? Disons que les proxénètes ont leur façon de travailler et n'aiment pas vraiment qu'on vienne chambouler tout ça.

*
***
*

Trois jours plus tôt, c'est avec la sensation de draps propres et soyeux couvrant son corps que l'homme aux cheveux gris se réveillait. Une douce odeur de café lui parvenait aux narines alors qu'il essayait de se rappeler de l'endroit où il était. La mémoire lui revint alors que la porte de la chambre s'ouvrit. Clara, une jolie jeune femme, accessoirement prostituée, rencontré par Sunbae à son arrivée sur Rokade entra dans la chambre, une tasse de café à la main.

_ J'ai pensé que ça te ferais du bien après hier soir, dit-elle en lui tendant le breuvage encore chaud.

Il rougit à l'évocation de "hier soir". Après le succès de son travail en coopération avec un psychopathe du nom de Dorian Silverbreath, le Roona avait passé la soirée entre la joie d'avoir gagné plus d'argent qu'il n'en avait jamais eu et la paranoïa causé par l'obligation de rester discret sur l'obtention dudit pactole. Il apprenait sur le tas les inconvénients de la vie de criminel, notamment ne pas pouvoir se laisser aller à une orgie de débauche et de luxe après une opération réussi, les autorités locales ayant tendance à se méfier des pauvres devenus riches en une nuit.

La soirée et les célébrations se résumèrent à quelques verres chez Dorian avant de se faire chasser par l'intéressé à l'alcool mauvais. Dépité et seul dans un lieu inconnu aux alentours de trois heures du matin, il retourna à la seule maison dont il connaissait encore l'emplacement. Il était arrivé chez Clara après plusieurs minutes de marche et avait tambouriné à la porte de la belle jusqu'à ce qu'elle vienne lui ouvrir, exaspérée par le bruit.
A peine eut-elle ouvert la porte que Sunbae s'engouffra dans la maison, sans lui laissait le temps de lui mettre le coup sur la tête qu'il aurait mérité pour réveiller les braves gens, et i lui lança quelques billets avec un air dédaigneux.
La suite était plus confuse mais il se rappelait avoir accusé la jeune femme de lui avoir menti sur la nature de son travail avant de se vanter de ses gains puis de s'annoncer comme le Macro Prolo : protecteur des putes et futur homme très riche.

Après c'était le trou noir.

L'attitude de Clara avait cependant tendance à le rassurer, peut être ne s'était-il pas tant comporté comme un trou du cul que ses souvenirs ne le laissaient entendre. Puis elle reprit la parole.

_ Par rapport à hier soir, je suis prête à passer l'éponge car ton projet me plaît bien, et que tu m'as filé un sacré paquet de pognon, mais revient foutre le bordel chez moi complètement bourré en pleine nuit et je t'assure que tu le regretteras. Compris?
_ Mon projet?
_ Ton syndicat des putes, je crois que t'as appelé ça : Le Sein Ducat. J't'ai même noté les adresses de quelques bordels que tu pourrais allez voir. J'te conseille d'ailleurs de te dépêcher si tu veux faire tout ce dont tu m'a parlé hier.


Tout ceci avait été dit de manière très professionnelle, comme si sa secrétaire était venu lui rendre compte des chiffres de la veille. Il ferma les yeux, prit une gorgée de café et se mit à penser que cette impression, même fugace, de diriger une entreprise était diablement agréable. Même s'il ignorait ce qu'il était censé faire maintenant malgré ce que venait de dire Clara.
Il devait l'interroger et ouvrit donc les yeux avant de prendre la parole mais fut interrompu par ce qui lui faisait face. Il avait remarqué que son hôte portait un tablier sans y faire attention mais, maintenant qu'elle lui tournait le dos pour sortir, il fut surpris par son apparente nudité. Il appréciait encore le gigotement notable de certaines zones charnues que la porte se refermait sans qu'il ne put faire autre chose que rougir, s'étrangler avec son café, tousser en renversant le liquide brûlant sur sa poitrine et étouffer un cri de douleur.

S'il avait été moins surpris, il aurait surement remarqué le sourire impertinent et le clin d'œil de la prostituée et aurait pu déduire les évènements de la veille plutôt que de passer, vainement, les minutes qui suivirent à chercher la signification de ce "dos nu".

*
***
*

Quelques heures plus tard, c'est dans un tout autre environnement que se trouvait Sunbae. A l'intérieur de "La Grive Oisive", bordel doté d'une solide réputation et à la fréquentation élevée, il attendait quelqu'un. Première des adresses marquées par Clara, elle l'avait noté d'une étoile qui avait intrigué le jeune homme. Qui compris une fois sur place.

Julia Carmin.

Employée de la Rainbow House, futur co-possession du Roona si tout se passait comme prévue, elle était également l'une des rares personnes au courant de ses projets. Privée de ses revenus pour quelques temps, elle n'avait pas tardé à trouver un moyen de compenser ses pertes pensa-t-il.
Bref, il avait vu sa photo et avait tout de suite compris une chose : bourré ou pas, il conservait le même mode de raisonnement. S'il souhaitait créer une organisation protégeant les intérêts des prostituées au sein d'un environnement tel que celui de Rokade, il lui fallait attaquer par le bas de la pyramide. Qui, dans son bon droit, offrirait naturellement des avantages à ses employés s'il n'y était pas obligé?

Les moines d'où il avait grandi, aimaient dire que l'on pouvait juger de la valeur d'un homme à sa façon de traiter ceux lui étant inférieurs. Sun' doutait que les proxénètes du coin aient une telle grandeur d'âme, il fallait donc leur forcer la main. Prendre les rênes de Rokade étant un objectif inatteignable, il ne pourrait les amener à faire ce choix qu'avec beaucoup de négociations et le poids du nombre.
La solution était donc évidente : il devrait créer son organisation dans le secret et rassembler des partisans avant de pouvoir passer à la suite.

Et la personne qui lui semblait le plus à même de l'aider dans cette tâche n'était autre que Julia Carmin. Elle semblait avoir une certaine réputation dans le milieu et leurs précédentes entrevues lui avait laissait l'impression d'une femme tout à la fois capable et intelligente, bien qu'elle l'effrayait un peu. Il était sûr qu'elle saurait lui indiquer les personnes à voir et peut être même faire du lobbysme pour son compte.

C'est donc avec un grand sourire qu'il accueillit l'arrivée de la pulpeuse et séduisante rouquine.

*
***
*

_ ... et c'est pour ça que j'ai besoin de ton aide.

Sunbae venait de finir son exposé sur son projet et ses réflexions sur la manière de le mener à bien. Il attendait maintenant la réponse de Julia.

Celle-ci l'avait écouté attentivement. L'homme l'intriguait depuis qu'elle avait fait sa rencontre quelques jours plus tôt et il continuait de la surprendre. Elle pensait qu'il aurait mit plus de temps avant de se lancer et pas avec quelque chose de déjà défini. Il semblait clair sur ses intentions et ses idées mais paraissait également un peu trop confiant.

_ Et si les grands patrons se rendent compte de ce qu'il se passe?
_ Ce sera pas bon, c'est certains mais si c'est pour les filles que tu t'inquiètes je pense pas qu'elles craignent grand chose. Comme je l'ai dit plus tôt, la main d'œuvre ça coute cher et c'est chiant à remplacer. On est jamais à l'abri d'un massacre en règles mais ça me semble peu probable. Je pense que c'est moi qui prendrait, histoire de faire un exemple et éviter que des idées de droits sociaux reviennent à la mode.
_ Eux peuvent se permettre de s'attaquer directement à la tête sans s'occuper de la masse.
_ Ca reste généralement la meilleure solution. C'est ce que je ferais si j'étais eux en tout cas, pourquoi punir des dizaines d'individus si en tuer une seule calme les autres?


Julia plissa les yeux. Il lui semblait étrange que ce nouveau venu sur Rokade, de ce qu'elle savait un honnête citoyen, se soit habitué si vite à la façon de pensée des locaux. D'une certaine manière, elle trouvait cela plus effrayant que bien des choses horribles qu'elle avait pu voir par le passé.
D'un autre côté, son plan pouvait marcher. Mettre la pression sur les patrons et les forcer à céder devant de possibles revenus alternatifs. Trouver un système qui conviendrait à tout le monde serait compliqué mais pas totalement impossible.

Elle réfléchit encore un moment face à son interlocuteur, silencieux, en attente de sa réponse.

"C'est décidé", pensa-t-elle en se levant.

_ Allez, c'est parti tu m'as motivé!
_ Et on va où
, parvint à demander Sunbae alors que Julia l'entrainait à sa suite.
_ Voir une vieille amie. Exactement la personne qu'il te faut.
_ Et tu peux te barrer, comme ça? C'est pas genre, ton nouveau job?
_ Sauf que j'ai une réputation moi, Monsieur. N'importe quelle propriétaire de bordel du coin est prêt à m'accueillir avec d'excellentes conditions. Mon nom à l'entrée suffit à faire venir des clients.
_ T'as déjà la belle vie quoi...
_ Exactement!


Ils sortirent ensemble de l'établissement et Sunbae ne put s'empêcher de ressentir un frisson lui parcourir l'échine alors que nombre de regards jaloux le cernaient...


*
***
*

Cela peut paraître étrange mais les îles criminelles aussi ont une échelle sociale des quartiers. Mais si on réfléchit, les voleurs et autres escrocs aiment autant le luxe que n'importe qui. Quoiqu'il en soit, le duo se trouvait maintenant dans les "quartier huppés".
Devant eux se dressait une maison que Sunbae se surprit à qualifier de "coquette". Julia lui expliqua brièvement la situation.
Cette bâtisse appartenait à Mama Pipeau, ancienne maquerelle ayant gravit les échelons de la prostitution avant de prendre sa retraite, forte d'une richesse tranquillement amassée aux fils des ans. Elle avait possédé plusieurs maisons closes et était encore bien implantée dans le milieu. De nombreux propriétaires de bordels venaient encore chercher ses conseils ou même lui envoyaient des filles pour les former. D'après la rousse, se mettre cette femme de leur côté c'était déjà s'offrir une crédibilité, que ce soit pour approcher les filles ou les macs.

Une fois les explications finies, ils frappèrent à la porte.

Un homme de grande taille au visage fermé vint leur ouvrir. Malgré ses allures de maître d'hôtel, tout dans sa posture comme dans sa voix faisait penser à un militaire. Sunbae s'attendait presque à voir un homme en uniforme venir le saluer en l'appelant "Commandant".

_ Madame Julia, que nous vaut le plaisir? Demanda-t-il sans que le ton de sa voix ne reflète ses mots.
_ Bonjour James, je viens présenter cet homme à Mama, il pourrait l'intéresser.

Le dénommé James observa le jeune homme de la tête aux pieds, avant d'acquiescer et de les inviter à rentrer.

Si notre héros avait qualifié l'extérieur de "coquet", nul autre description que "luxueuse" ne lui vint une fois à l'intérieur. Tout n'était qu'apparat et démonstration de richesse. Les murs étaient recouvert de peintures d'artistes célèbres et de draperies de soie brodés d'or, le sol de tapis richement décorés et même le plus petit des couloirs bénéficiait d'au moins un objet décoratif démontrant la richesse de son propriétaire.
Malgré cela, et même si un spécialiste définirait la décoration de "surchargé", le tout donnait une impression d'harmonie. Si certains objets pouvaient paraître superflus, aucun ne semblait "déplacé".
Quoiqu'il en soit, si le but de la décoration était d'impressionner le tout venant alors c'était réussi et le Roona était plus que curieux de rencontrer cette fameuse Mama.

Dans ce qui semblait être un salon, James les invita à s'asseoir et à attendre l'arrivée de leur hôte.


Dernière édition par Sunbae Roona le Jeu 24 Aoû 2017 - 0:25, édité 1 fois
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Dans un salon richement décoré que n'aurait renié aucune ambassade, Sunbae et Julia attendait depuis de longues secondes l'arrivée de la fameuse Mama Pipeau. Des bruits de pas se firent entendre avant que James, le majordome, apparaisse dans l'encadrement d'une double porte jusque là fermée. Il se décala et laissa passer la personne qui se trouvait derrière lui.

Mama entra dans le salon.

De petite taille, elle ne dépassait pas la ceinture de son employé, et d'un âge avancé elle apparaissait comme un vieux pruneaux avec des jambes et des cheveux aux yeux du Roona. Celui-ci était persuadé de n'avoir jamais rencontré quelqu'un semblant aussi vieux. A l'inverse de la décoration la dame était habillé très sobrement d'un simple yukata, un kimono pour femme, dont on soupçonnait cependant la qualité. Ses cheveux, blanchis par le temps, étaient rassemblés en une queue de cheval et une canne en bois l'aidait à se déplaçer alors que son équilibre paraissait bien précaire.

L'ancienne maquerelle s'approcha lentement, très lentement, du duo assis sur un canapé face à elle. Une fois à leur hauteur, elle tourna son attention sur Julia, puis sur Sunbae avant de prendre le visage de la jeune femme entre ses mains. Comme une grand-mère l'aurait fait avec ses petits enfants.

_ Ma petite Julia, commença-t-elle avec un ton maternelle. Je crois que tu peux faire mieux que ce maigrichon.
_ Hahaha! Mama, il y'a méprise.
_ James m'a pourtant dit que tu venais me présenter un homme.
_ Oui, mais pas pour moi....pour affaire.


Julia Carmin avait fait une emphase sur ses derniers mots tout en prenant une moue mystérieuse, et Sunbae était persuadé qu'un paquet d'hommes avaient probablement dépensé plus que voulu à cause d'expressions de ce genre. Cependant, si Mama Pipeau avait levé un sourcil, elle ne semblait pas plus intriguée que ça. Elle recula et son visage déjà rabougri semblait s'être encore un peu plus ratatiné, signe de suspicion chez elle. Elle alla s'asseoir dans un fauteuil face à eux.

Lorsqu'elle parla, sa voix n'avait plus rien de celle d'une grand-mère sympathique.

_ Julia...et moi qui était si contente que tu passe me voir. Tu sais bien que je ne suis plus là dedans depuis longtemps. Surtout si c'est pour un inconnu.
_ Je sais Mama mais écoutes le, je suis sûr qu'il saura titiller ta curiosité.
_ Je ne me fais plus d'illusions sur les hommes depuis longtemps ma petite Julia mais soit. Je suis prêt à l'écouter car tu semble bien sûre de toi mais je te rappelle que je n'aime que l'on me fasse perdre mon temps.


Notre héros, discret jusque là, senti que l'attention se tournait vers lui et accusa un instant d'hésitation avant de réagir. Il se leva, se présenta et commença à résumer son projet de syndicat des putes. Il en expliqua les principes ainsi que ses ambitions pour le projet et ses idées pour réaliser le tout.



Projet de Syndicat des putes par Sunbae Roona a écrit:A terme l'idée est de développer, au sein des maisons closes et de la profession, de meilleures conditions de travail, une meilleure image ainsi qu'un réseau d'entraide à l'avantage des patrons comme des employé-e-s.

Dans cette optique, le syndicat aimerait proposer divers services:

_ La protection sociale des prostituées : caisse de retraite, maladie et autres.
_ Le développement des "libérales" au travers d'aides financières en échange d'un système de "garde" au service des maisons closes permettant le remplacement rapide en cas d'absences d'employées.
_ La création d'une "charte qualité" assurant une meilleure répartitions des revenus, une plus grande égalité dans la concurrence ou encore l'abolition de l'esclavage au sein de la profession.
_ La création d'un sigle, symbole pour les clients de l'appartenance des bordels au syndicat.

Pour fonctionner, le syndicat aurait besoin d'une participation financière de ses membres, individus comme entreprise.
Ceci se fera en assignant une part de chaque passe au syndicat et, dans le cadre de la meilleure répartitions des bénéfices, une réforme du système des passes avec la définition d'un prix moyen dans lequel sera définit les parts de chacun. La part du syndicat sera fixe même en cas d'augmentation des prix. Les pratiques alternatives amèneraient une augmentation de la part des employés au prorata de la pénibilité de la tache et/ou de celle de l'employeur en fonction des investissements nécessaires pour accomplir celle-ci, que ce soit des accessoires, vêtements spécifiques ou mesures d'hygiène particulières.

Pour ce qui est de la création du syndicat à proprement parler, le plan est simplement de se vendre auprès des prostituées et ainsi se constituer une "masse" de suiveur. Ensuite il serait possible de commencer à négocier avec de petits bordels, plus enclin à un changement de fonctionnement si la possibilité d'une augmentation de revenus est possible. Si certains nous soutiennent la création du syndicat pourra officiellement commencer et l'on pourra lancer des négociations avec de plus grandes maisons closes.
Rallier tout le monde à l'organisation pourrait prendre du temps mais faire fonctionner le syndicat ne nécessitera que quelques bordels soutenant l'action.

Mama Pipeau, en femme d'affaire avisée, écouta calmement le discours du jeune homme notant mentalement, presque par réflexes, points forts et faibles du projet. Lorsqu'il eu fini, elle était déjà prête à l'harceler de questions et de demande de détails.

_ Hum...tout ceci est effectivement très intéressant mais vous manquez de fondations. Votre idées de mettre les filles de votre côté et plutôt bien vue, je suppose que ma petite Julia est d'ailleurs là pour ça, mais vous êtes bien optimiste.
_ Vous trouvez?
Demanda Sunbae, curieux des avis de la vieille dame.
_ Et bien, vous êtes certainement pragmatique mais vous voyez le monde un peu trop beau. Rokade est une terre où nombre de désespérés vivent, la prostitution est généralement l'un de leur recours et, même si la situation sur l'île c'est quelque peu améliorée depuis quelques années, ils sont encore nombreux. Faire disparaître des filles devenues gênantes n'est pas forcément un problème. De la même manière, même si nombre d'entre elles seraient surement intéressée par ce que vous proposez, je ne pense pas qu'elles vous accueilleront toutes à bras ouverts. La peur est une arme que les grands de cette île maîtrisent depuis longtemps.

La vieille femme stoppa son monologue, pour réfléchir comme pour respirer. Depuis qu'elle avait prit sa retraite, elle s'était contenter de conseiller les jeunes dans le business et d'aider quelques filles. Si l'idée du jeune homme aux cheveux cendrés lui paraissait quelque peu absurde, elle ne pouvait s'empêcher de rire intérieurement. Quelles têtes pourraient bien tirer ces merdeux, qui avaient récupérés les restes de son empire, lorsqu'il verraient leur filles refusaient de travailler?
Toute cette histoire pourrait bien s'avérer incroyablement divertissante et, si elle y mettait son nez, peut être pourrait elle réduire les risques pour les prostitués. Elle n'en était plus une depuis longtemps mais l'idée de les aider un peu n'avait jamais réellement quitté son esprit. S'impliquer restait tout de même risqué et, même si elle avait bien vécu, elle était loin de vouloir s'arrêter là. Quelle intérêt d'être riche si ce n'est pour vieillir longtemps dans le luxe comme un bon vin confortablement installé dans son tonneau.

_ J'aimerais quelques précisions sur certaines point, si vous le permettez bien entendue, dit elle finalement.
_ Bien...bien sur, hésita Sunbae.
_ Pour commencer qu'est-ce que vous savez du proxénétisme?
_ Absolument rien.
_ Hmm, et en terme de revendications sociales?
_ Rien non plus.
_ Pas étonnant que Julia ait voulu qu'on se rencontre
, soupira la vieille femme. Et ça te va Julia? Laisser l'avenir des filles entre les mains de quelqu'un qui ne connait rien à notre monde.
_ Ce n'est pas toi qui dit toujours qu'entreprendre ne nécessite qu'un peu de bon sens? Ses idées en ont
, lui répondit Julia avec impertinence.
_ Effectivement, mais réussir demande bien plus...tout dépendra de votre capacité à négocier avec les propriétaires car, si j'ai bien compris, si aucun bordel ne vous soutient alors le syndicat devra demander aux prostitués de payer pour pouvoir fonctionner. Ce sera d'ailleurs le cas si une fille ne travail pas dans un bordel affilié, c'est ça.
_ Tout à fait mais si on nous soutient, alors ces filles là assurerons notre succès
, répondit Sunbae en souriant.
_ Vous faites référence à votre désir de...comment avez-vous dis déjà? Développer les libérales?
_ Vous avez remarqué?
_ Je ne suis pas née de la dernière pluie. Vous aidez les filles travaillant dans des bordels non-affiliés à se lancer en solo, ainsi elles intégreront votre système de "remplaçantes" au service des bordels qui eux seront affiliés à votre syndicat. Vous videz les premiers en offrant des services aux seconds. Je ne vous croyais pas sérieux quand vous disiez pouvoir attirer des bordels avec votre promesse d'augmentation de revenus mais ça pourrait être possible. Pour les bordels vous suivant en tout cas, ceux laissés sur le bord de la route s'effondreront économiquement. Et je vous pensais naïf.
_  Le système capitaliste est sans pitié.
_ Je retire ce que j'ai dis Julia. Je l'aime bien celui-là.
_ Je savais qu'il t'intéresserait.


Etrangement, Mama Pipeau semblait avoir rajeunit au cours de la conversation. Son esprit s'était amusé à suivre le raisonnement de Sunbae, elle ne comprenait pas les raisons du jeune homme mais aimait sa façon de penser. Elle pensa que l'homme était probablement un joueur alors qu'elle acceptait de participer à ce projet un peu fou.

*
***
*

Une fois quelques détails réglés et informations partagées, Julia et Sunbae décidèrent de partir, ils avaient encore beaucoup à faire. Et de concert, ils lâchèrent un soupir de soulagement.

_ Je pensais pas que rencontrer une grand-mère pouvait être aussi stressant, finit par lâcher le Roona.
_ Mama est douée pour mettre la pression. Dans le milieu tout le monde la respecte et la craint. Elle aurait des dossiers sur tout le monde d'après les rumeurs.
_ Elle sera surement utile, merci pour le coup de main.
_ "Merci"? Commence pas, t'as pas fini, il nous reste beaucoup à faire.
_ Nous?
_ Je te l'ai dis non? Ton idée me tente, je t'aurais pas aidé avec la Rainbow House sinon. Et si tu crois pouvoir convaincre des prostitués de te suivre c'est que tu surestime ton charme. T'es doué pour présenter logiquement les choses mais tout le monde ne réagit pas forcément bien à la logique. En clair t'auras besoin de mon aide pour discuter avec elles.
_ Peut être mais les proprios seront pas forcément ravi de voir un type débarqué chez eux avec sa propre pute aux bras. Puis ça risque d'attirer l'attention.
_ Peut être mais elle seront plus enclines à garder cette histoire entre nous si une "consœur" est présente.
_ L'inverse serait en effet ennuyeux...


Après l'élaboration d'une histoire vraisemblable, le duo se lança à la chasse aux soutiens dans les bordels de Rokade.


Dernière édition par Sunbae Roona le Jeu 24 Aoû 2017 - 0:35, édité 1 fois
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Lorsque l'on passe deux jours entiers, et en partie autant de nuits, à arpenter de nombreux bordels et à rencontrer plusieurs prostituées dans chacun d'entre eux, on a tendance à se réveiller au troisième avec un sourire satisfait.

Pas Sunbae.

Pas à cause des maisons closes ou des prostituées. A cause de Julia et Mama Pipeau qui lui avaient conseillé d'éviter de faire quoi que ce soit avec les filles. D'après elles, cela permettrait de le démarquer des patrons et de faciliter la communication. Il ne venait pas pour les posséder mais pour les aider.
Il avait accepté, légèrement à contrecœur, et devait avouer qu'elles avaient eu raison. Cela avait permis de lui donner une image presque asexué et, en duo avec Julia, ils avaient convaincu presque l'intégralité des catins rencontrées de se joindre à leur cause. Mais il en découlait, en plus d'une certaine impression de faire du porte à porte, une grande frustration pour le jeune homme alors qu'une troisième journée de recherche de soutiens était en cours.

Fort de cette mauvaise humeur, le Roona avait fait foirer les deux dernières rencontres et se trouvait désormais face à l'ire de Julia Carmin.

_ Hey! Si t'as décidé de tout faire foirer t'aurais pu faire ça dès le premier jour, ça m'aurait évité de perdre mon temps. Si je voulais m'occuper de mollusques, j'irais bosser.
_ Ça fait deux jours que je rencontre des dizaines de femmes dont la masse totale des vêtements portés est inférieure à celui de ma chemise, pardon si mon cerveau est pas parfaitement irrigué!
_ Ben tu fais comme tout le monde et tu penses à ta grand mère! Puis tu vis avec Clara, non?
_ Je vois pas le rapport.
_ Clara, qui depuis trois jours t'apporte le café dans un tablier sous lequel, comme par hasard, elle ne porte rien. Tu comprend toujours pas?
_ Elle aime vivre nue chez elle?
_ T'es sérieux?
_ Elle est chez elle, elle fait bien comme elle veut.


La jeune femme poussa un long soupir tout en ayant une pensée pour la pauvre Clara. Elle préférait s'arrêter sur le sujet avant de commencer à s'énerver.

_ Quoiqu'il en soit, on a encore du monde à voir alors tu me feras le plaisir de te reprendre un peu. On commence à avoir de nombreuses putes de notre côté et, d'après ton plan, ça veut dire qu'on attirera bientôt l'attention. Je préférerais donc que tu sois bien irrigué.
_ Je lui plais c'est ça?
_ Quoi?
_ C'est pour ça le tablier!
_ J'ai toujours un doute...
_ Sur Clara?
_ Non, non...sur le fait que ton plan soit bien pensé. Ça me semblait bien mais plus je passe du temps avec toi et plus je me demande si c'est pas complètement con en fait...


S'en suivit une petite dispute, perdu par Sunbae, puis le duo reprit sa tâche et son chemin.

*
***
*

Ils marchèrent plusieurs minutes jusqu'à arriver dans un quartier de Rokade inconnu du balafré.
Étrangement, les bars et commerces du coin dégageaient une impression différente de ceux des autres quartiers de l'île, pas moins inquiétants, comme les gens les peuplant, mais définitivement différents. D'une manière sur laquelle il ne parvenait pas à placer de nom.

Il comprit une fois arrivé devant la maison close. Nul photos de jolies jeunes filles mais celles d'hommes et de femmes qui, de toutes évidences, n'en étaient pas.

_ Je pensais pas trouver ça sur Rokade, dit-il plus pour lui que pour Julia.
_ On trouve de tout dans tous les milieux.
_ Lorsqu'à la Rainbow House on m'a proposé de me travestir, je pensais que ça voulait dire que ce genre de services n'était pas disponibles.
_ Venir ici veut dire que tout Rokade saura ce que vous faites de votre temps libre, beaucoup tiennent à leur vie privée.
_ Ça veut dire que tout le monde sur l'île va penser que je suis de ce bord là?
_ Personne sur l’île te connait et les rares qui t'ont rencontré t'on vu en tenue de soubrette au milieu d'un groupe de prostitués.
_  Présenté comme ça...
_ Heureuse que ça ne te dérange pas. Sur ce, je te laisse.
_ Quoi?
_ Notre plan du gars un peu blindé qui s'est offert ma présence et veut rigoler avec d'autres filles en plus marchera pas ici. Je ne ferais qu'attirer les soupçons.
_ Et le plan du mec qui s'est offert ta présence mais aimerait aussi batifoler avec un homme en même temps marcherait pas?
_ On choisi pas le monde dans lequel on vit...


Elle s'enfuit sur ces paroles et laissa Sunbae seul face à la maison close "Pour des Hommes, par des Hommes".

*
***
*

_ Alors c'est lui?
_ Tout à fait Boss.


Timide, embarrassé et parfaitement mal à l'aise il s'était retrouvé à s'offrir, sans trop savoir comment, le pack "Donjon et Serpents" ne laissant aucun doute sur la nature des "serpents".

Attaché sur sa chaise il avait vu les deux gorilles, tout de cuir vêtus dans tes tenues révélatrices, le menacer de nombreux sévices sexuels avant d'en démontrer certains l'un sur l'autre. Sunbae était persuadé que ces images seraient à jamais graver dans sa mémoire alors que, désormais face au "Boss", des images rémanentes parasitaient encore son champ de vision.
Boss qui, malgré son apparence, était apparemment un employé bien côté du bordel. Il était vêtu d'un costume et essayait de se donner une allure de chef mafieux qui aurait pu marcher si son pantalon de costume n'avait pas été des jambières. Et si elles n'avaient pas laissé apparaître l'entrejambe du monsieur qui, bien que couverte par ce qui semblait être un string de cuir, exposait un "paquet" que le Roona jugea comme impressionnant. Il se demanda si cela avait un rapport avec la popularité du gigolo.

Il fut sortit de ses réflexions par le bruit d'un claquement et put voir qu'un martinet était apparu dans les mains du Boss alors que les gorilles s'approchaient de lui. Il aurait aimé pouvoir protester mais un bâillon l'en empêchait.

Une fois de chaque côtés de la chaise, les deux montagnes de muscles se saisirent de son t-shirt qui disparut, déchiré par la démonstration de virilité des deux hommes. Le Boss se plaça tout près du trio, un sourire sadique aux lèvres.

La peur s'insinua dans notre héros.

_ Avant que nous ne commencions, les règles du Bordel m'oblige à briser le Role-Play une seconde pour vous rappeler que si vous souhaitez arrêter il vous suffit de dire "Red". Pas "Stop", pas "Arrêter s'il vous plaît" ou "j'vous en supplie" mais "Red". Nous continuerons tant que nous n'auront pas entendu "Red", est-ce que c'est clair?

Sunbae acquiesça vivement alors que l'angoisse le gagnait et qu'il aurait, de tout son cœur, voulu pouvoir crier "Red".

_ Nous allons pouvoir commencer, déclara le Boss avant d'inspirer un instant pour se remettre dans son rôle. Messieurs, veuillez retirer ce vilain bâillon de la bouche de notre invité. Vous savez pourtant que les cris de nos victimes sont comme un aphrodisiaque à mes oreilles.
_RED!!!!
Cria vivement le balafré, à peine le bâillon retiré.

Tout activité dans la pièce stoppa et resta figé un instant alors que le Roona prenait conscience qu'il venait probablement de sauver ses sphincters d'une dilatation malvenue. Les trois prostitués, eux, étaient dans l'expectative. Ils savaient que bon nombre de clients prenait le pack "Donjon et Serpents" sans se rendre compte du véritable effort physique et mental qu'il demandait, d'où le petit "spectacle" de pré-séance, mais c'était bien la première fois qu'on les arrêtait alors qu'il n'avaient pas encore commencé.

_ Pardon? Demanda le Boss, plus tout à fait sûr qu'il ait bien entendu.
_ Red! J'arrête, stop, c'était cool, merci messieurs. Détachez-moi maintenant.
_ Euh...ok.

Les trois hommes le détachèrent, toujours surpris par la tournure des événements, alors que le balafré reprenait ses esprits. Une fois libéré, il se rendit compte que la stupeur habitait encore les autres et décida d'en profiter. C'était le meilleur moment pour leur parler du syndicat sans qu'ils ne l'interrompent. Tout ceci serait peut être une bonne chose au final. Il se lança.

_ Désolé messieurs, je suis sûr que tout ceci a demandé beaucoup de préparations et je m'en veux de vous coupez dans votre élan mais je ne suis pas venu pour ce genre de service mais pour vous.

Il s'arrêta un instant lorsqu'il se rendit compte que sa phrase était peut être mal tournée. Il se dépêcha de continuer.

_ Avec quelques associés nous cherchons à révolutionner le monde de la prostitution. Pour vous permettre d'avoir un avenir, reprit-il en mettant l'emphase sur ses "vous". Nous souhaitons créer une caisse de retraite, une protection sociale et vous offrir une plus grande part dans les revenues que fournissent votre activité. Cependant, avant de pouvoir vous aider, nous avons besoin de votre aide. Convaincre les propriétaires de maisons-closes nous suivre sera compliqué mais ce sera possible si un maximum de putes nous soutiennent. Si vous nous soutenez.

En pleine impro et en totale roue-libre, l'esprit de Sunbae était en pleine ébullition alors même qu'il discourait. Les hommes qui l'entouraient étaient des marginaux, sur bien des aspects, et s'avérèrent encore plus intéressés par ses idées que les prostituées rencontrées jusque là.

Quand il les eu acquît à sa cause, ils lui expliquèrent même que d'une certaine manière, leurs bordels étant en marge et dénigrés par les autres, ils pourraient avoir un plus grand poids face à eux. Surtout qu'au contraire des femmes, esclaves mis à part, les hommes se prostituant pour d'autres hommes étaient bien plus compliqués à remplacer. Dans un sens ils courraient peu de risques à s'engager pour le syndicat.

Un sourire naquit sur le visage du balafré. S'il arrivait à intégrer certaines maisons-closes de ce quartier au syndicat alors elles seraient un parfait terreau d'expérimentations. Il pourrait découvrir lesquelles de ses idées étaient viables ou de meilleurs moyens de les mettre en place. En plus de ce qu'il pourrait mettre en place à la Rainbow House, une fois qu'il en posséderait une partie, cela lui permettrait lorsqu'il aurait perfectionner le fonctionnement de son syndicat de présenter des résultats au autres patrons de bordels.

Résultats financier plus pression populaire. Si ces deux éléments étaient en sa possession alors son projet aurait de bonnes chances d'aboutir. Il sortit de la maison de passe torse nue mais avec la pensée qu'il serait peut être plus facile de mener à bien son expérience sociale que ce qu'il avait d'abord supposé.

Il avait hâte de voir quel influence pourrait avoir un syndicat des putes sur une île comme Rokade et, lorsqu'il rejoint Julia, sa mauvaise humeur s'était envolée. Il eut cependant toutes les peines du monde à faire comprendre à sa comparse les raisons de cette soudaine amélioration de son moral.


Dernière édition par Sunbae Roona le Jeu 24 Aoû 2017 - 0:45, édité 1 fois
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Dio R. Kriss était un homme heureux. Seul face aux miroirs de sa chambre, il pouvait admirer sous toutes les coutures la musculature parfaite de son corps. S'élevant bien au-dessus des deux mètres et du double quintal, il ressemblait plus à une force de la nature qu'à un véritable être humain. Il aimait ça. Il ne regrettait que son visage aux traits qu'il jugeait trop carrés, d'autant que son menton fendu venait briser ces angles droits. Il préférait ses grands yeux clairs et ses cheveux, courts et frisés, dont il appréciait le duveteux au toucher.
Il restait donc plus que satisfait de son physique et s'en alla de son appartement le sourire aux lèvres et l'air guilleret. Il savait très bien qu'il jurait au milieu des rues de Rokade avec sa joie de vivre et sa bonne humeur. Mais personne n'allait emmerder un malabar de son calibre simplement pour lui rappeler la dure réalité du monde.

Et puis, il avait sa petite réputation.

Celle qu'il avait embarqué dans ses bagages en arrivant sur cette île. Dio R. Kriss, le seul homme forcé de fuir la justice pour avoir stopper un gang de voleurs. L'histoire voulait que Dio, victime du gang, avait surpris les quatre hommes le composant alors qu'ils cambriolaient sa maison. Il les aurait maîtriser seul avant d'abuser d'eux pendant quatre jours et quatre nuit. Les autorités locales avaient été prévenu par des voisins, ceux-ci se plaignant de bruits d'animaux, persuadé qu'on égorgeait des chèvres dans des baignoires. Les quatre cambrioleurs s'étaient rendus sans résistances, remerciant même les policiers venus à leur secours. Dio, conscient de sa culpabilité, avait fui et choisit Rokade pour laisser passer l'orage.

La réalité était légèrement différente, mais pas suffisamment pour qu'il puisse réellement la contester. D'autant que c'était utile pour éviter les problèmes, au sein du monde criminel la réputation faisait beaucoup et être vu comme un violeur psychopathe avait ses avantages. Pouvoir se déplacer en souriant par exemple.

Quoiqu'il en soit, et bien que son plan d'origine était de ne rester que quelques temps sur Rokade, il avait fini par trouver le bonheur su ce bout de caillou. Devenu prostitué par nécessité, et parce qu'il était curieux, il avait découvert une étrange réalité : il plaisait aux hommes qui lui plaisaient. Il se retrouvait donc à être payé pour ce qu'il aurait gaiement fait gratuitement. Par l'intermédiaire de son travail, il avait même put se constituer un petit harem personnel, ses "boys" comme il les appelait en appuyant sur le "o" et en ajoutant en "a" après le "y". Même le propriétaire de "La Boîte à Cachou", son patron, était sous son contrôle, lui offrant une liberté totale, et il avait ainsi rempli sa vie de tout ce qu'il désirait.

Enfin, jusqu'à ce qu'il se mette en tête d'ajouter un nouveau "boya" à son harem. Et il venait justement de trouver sa nouvelle proie.

*
***
*

Elvert Cachou était un homme que l'on aurait facilement put juger d'insignifiant. De petite taille et d'allure malingre, son regard fuyant et sa tendance à bégayer lorsqu'il était nerveux ne le prédestinait pas à une carrière de proxénète. Mais on ne choisit ni ses parents, ni son héritage alors Elvert avait tant bien que mal gérait l'affaire familiale à la disparition de ses géniteurs. Car s'il n'y connaissait pas grand chose à la prostitution, il faisait partie de ces dirigeants sachant déléguer à plus compétents qu'eux.
Il y a quelques années, sa rencontre avec Dio avait amené un vent de fraîcheur dans sa vie ainsi qu'un nouveau collaborateur dont les idées s'étaient avérées rentables pour son entreprise. "La Boîte à Cachou" était devenu l'une des maisons closes les plus rentables, toutes sexualités comprises, et avait commencé à attirer les convoitises.

Et le petit homme savait qu'il ne pourrait résister longtemps aux pressions, il n'avait pour ça ni le courage ni les hommes. Il devait donc trouver une solution alternative pour se protéger.

Solution que Dio venait, d'après ses dires, lui présenter.

Face à lui, le jaugeant tout autant qu'il le jugeait, Sunbae présentait un visage calme et une attitude confiante.

*
***
*

Cela faisait bientôt une semaine qu'aux côtés de Julia, le balafré arpentait les divers bordels de Rokade comme un politique en campagne à la recherche du soutien populaire. Lors des derniers jours, il s'était afféré à la tâche auprès des maisons closes retirées dans le quartier gay de l'île. Et le moins que l'on puisse dire est que l'opération avait été un succès. De nombreuses personnes s'étaient révélées favorables au projet, y compris quelques proxénètes de petite envergure, et toutes attendaient désormais l'officialisation du syndicat.

C'est en cherchant un endroit pour un premier "meeting" que le Roona avait croisé la route de Dio R. Kriss, son patron et "La Boîte à Cachou". Le premier lui avait proposé d'organiser la rencontre dans son établissement, arguant qu'il pourrait en convaincre M. Cachou, et il rencontrait actuellement celui-ci dans son bureau.
Une pièce qu'il qualifia de professionnelle et d'ennuyeuse. Pas de photos personnels ou de décoration particulière, seulement des éléments de travail : bureau, étagères et dossiers. On se serait cru dans le bureau du comptable plutôt que celui du patron.

Quoiqu'il en soit, le musculeux gigolo venait de le présenter, lui et son projet, et proposa son idée d'hébergement de la première réunion du syndicat. La réaction d'Elvert Cachou se faisait attendre.

_ Et qu'est-ce que j'y gagne? Si j'ai bien compris, vous proposez pas de compensation financière pour l'usage de mon établissement, non?
_ J'espérais organiser cette réunion en journée, à un moment où l'activité n'est pas trop élevée, question pratique. Quand à l'argent, on peut toujours négocier mais ce n'est pas ça l'important
, lui répondit Sunbae en tentant de laisser planer le mystère.
_ L'argent est toujours important M. Roona.
_ J'en conviens mais votre décision dans cette situation précise ne devrait pas se résumer aux gains immédiats de la location de votre établissement.
_ J'écoute
, dit simplement Elvert, intrigué.
_ Ce qui est important ici, c'est votre position par rapport à cette idée de syndicat. Qu'en pensez-vous? Voyez-vous du potentiel dans ce projet? Que pourrez-vous en tirer à moyen et long terme? Quels sacrifices à court termes? Je pense que vous comprenez aisément que la finalisation d'un syndicat de la prostitution viable et fonctionnel amènerait un changement dans la façon de fonctionner du proxénétisme sur Rokade. La question est donc de savoir si ce changement vous serait favorable ou non et, s'il l'est, si les gains qu'il pourrait vous apporter sont supérieurs aux sacrifices à faire pour le mettre en place.
_ Je m'attendais à vous voir plus vendeur.
_ Sauf que je n'ai rien à vendre. Je ne promet que le changement, si de votre point de vue sa venue est nécessaire alors votre position à mon sujet devrait être fixé. Idem dans le cas contraire.

Elvert leva les yeux de son interlocuteur pour les poser sur son employé. Debout derrière le Roona, Dio n'avait pas pipé mot depuis qu'il avait fini les présentations. Il indiqua d'un signe de tête son accord avec le projet du jeune homme

Le changement.

Il devait avouer qu'il pourrait en avoir besoin mais soutenir le projet du balafré le mettrait en porte-à-faux vis à vis des autres propriétaires de bordel. En même temps, s'octroyer le soutien de la force ouvrière pourrait lui offrir une certaine protection. A condition que le nombre suivait. Il ne devait pas jouer ses cartes trop tôt.

_ Très bien, je vous autorise à organiser votre réunion dans mon établissement. Sachez cependant que cela ne signifie en aucun cas mon soutien à votre cause.
_ Bien évidemment
, répondit Sunbae, je vous invite cependant à venir écouter, qui sait? Peut être entendrez-vous quelque chose d'intéressant.
_ Dans trois jours, on doit rénover notre salle de danse
, intervint Dio, ça pourrait être une bonne occasion.
_ Votre salle de danse?
_ Une de mes idées
, lui répondit le gigolo. Tous les hommes aiment avoir l'impression d'être désiré. Une imitation de boite de nuit et pouf! Ils sont prêts à dépenser, perdu dans l'illusion que ceux qu'ils payent cherchent à les séduire.
_ Une excellente idée
, conclut Elvert.

Le rendez-vous fut donc fixé et l'affaire entendue.

Dans trois jours, Sunbae saurait si son idée de syndicat allait finalement voir le jour. S'il s'assurait un soutien suffisant le jour du meeting alors il pourrait officialiser son entreprise.

Au sortir de "La Boite à Cachou", le jeune homme aux cheveux cendrés souriait. Il n'aurait jamais cru que s'engager dans la voie du proxénétisme serait aussi intéressant. Il avait passé la semaine à arpenter les bordels de Rokade et à baratiner dans tous les sens. C'était du semi-baratin vu qu'il savait à peu près ce qu'il comptait faire mais il se sentait comme au casino. Enchaînant les paris et les prises de risques, bluffant et avançant dans ses réflexions au grès de ses suppositions qui, pour l'instant, s'avéraient correctes et fructueuses.
Mais en joueur passionné, Sun' savait que le jeu n'était intéressant qu'avec des difficultés et que celles-ci ne tarderaient pas à pointer le bout de leur nez.

Tout ceci était extrêmement divertissant.


Dernière édition par Sunbae Roona le Jeu 24 Aoû 2017 - 0:52, édité 1 fois
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Un frisson parcourut l'échine de Sunbae alors que la main puissante de Dio se posait sur son épaule et que sa voix grave susurrait sensuellement à son oreille :

_ L'endroit est-il à ta convenance boya?
_ Tout à fait
, répondit le balafré en essayant de cacher son inconfort.

Tous deux se tenaient au centre de la salle de danse de "La Boîte à Cachou" alors que quelques ouvriers s'affairaient encore à finir de poser quelques tapisseries ça et là. Deux heures les séparaient du début de la première réunion du syndicat des prostitués.

_ Normalement on accueille jamais plus d'une cinquantaine de personnes en même temps mais les gens bougent. On devrait pouvoir en accueillir près d'une centaine tout à l'heure.
_ Une cinquantaine? Ca fait pas beaucoup pour un bordel?
_ Je te l'ai déjà dit, l'objectif de cette pièce est de faire oublier aux clients qu'ils sont dans un bordel avec des gigolos. On a dû donc tout faire pour que cet endroit devienne l'un des lieux de la nuit les plus fréquentés du coin. Il y'a un bar par là
, dit-il en indiquant le comptoir sur leur droite, en face de nous une estrade pour les musiciens et les danseurs, ajouta-t-il en pointant du doigt la scène au fond de la pièce, et même quelques alcôves pour que les clients puissent s'amuser entre eux en toute discrétion.
_ Ca va pas à l'encontre des bénéfices?
_ Pas du tout. L'entrée est payante, les verres coûtent une fortune et puis tu sais, tout le monde n'est pas satisfait après un seul rodéo.


Le clin d'œil que fit Dio à Sunbae en disant ces derniers mots mit mal à l'aise ce dernier qui prétexta quelques peaufinements de discours pour s'esquiver. Il se faisait peut être des idées après avoir passé ces derniers jours à côtoyer des prostitués et agréablement subi le rentre-dedans de Clara mais il avait l'étrange impression d'être devenu un objet de désir. Une sensation tout à fait nouvelle pour lui à laquelle il ne savait pas comment réagir.
Il tentait donc au maximum d'éviter ce genre d'interactions.

*
***
*

Derrière la scène, caché par un rideau, Sunbae attendait en compagnie de Mama Pipeau, Clara et Julia. Cette dernière venait de jeter un coup d'œil dans la salle et laissa échapper un sifflement d'admiration.

_ Je pensais bien qu'on avait été convaincant mais là, c'est quand même surprenant.
_ Il sont combien?
Demanda Clara.
_ Je sais pas. Mais y'aura bientôt plus de place pour ceux qui arrivent, lui répondit la rousse.
_ Une bonne chose, nota le balafré, nous pourrons invoquer l'intérêt des masses lors de nos futurs négociations avec les patrons de bordels.
_ Ne vous avancez pas jeune homme
, le prévint Mama, vous devez d'abord les convaincre, avoir une centaine de personnes prêtes à vous écouter est une bonne chose, qu'elles vous suivent est bien mieux.
_ Je pense qu'il n'est possible de convaincre que ceux qui veulent bien l'être. Mais pas d'inquiétudes, tous ceux présents aujourd'hui sont intéressés et voir cette salle pleine devrait suffire à en convaincre une partie. Savoir que des personnes pensent comme eux rassurent les gens sur le bien-fondé de leur choix.
_ Tu devrais te méfier, t'as tendance à trop généraliser
, intervint Clara.
_ Elle a raison. Lorsque t'as convaincu les filles de la Rainbow House de te suivre, j'aurais pu tout foutre en l'air si j'avais été contre, compléta Julia.
_ C'était une situation particulière. Tu es, de base, un des piliers de la Rainbow House, une personnalité forte qui attire ceux qui te connaissent. Et puis, elles ont confiance en toi, dans cette situation, l'avis de l'étranger que je suis a moins de poids, puisse-t-il avoir raison.
_ Et qu'est-ce qui empêche quelqu'un comme Julia d'intervenir ce soir?
_ C'est simple ma petite Clara
, commença Mama, des prostitués venant de différents bordels, la plupart tête d'affiche de leur établissement. Personne ne représente une figure d'autorité pour l'ensemble de la foule.
_ A part moi
, finit Sunbae. Le seul qui ait directement parlé à chaque personne présente. J'ai déjà répondu à la plupart de leurs questions lorsque je les ai rencontré. Aujourd'hui, je suis l'approche de Julia, pas besoin d'être logique et rationnel, il faut les toucher plus personnellement, il laissa échapper un soupir, j'aimerais avoir l'air plus vieux, je pourrais donner une image paternel du style "je prendrais soin de vous". Ce serait pratique.
_ Tu nous dis de pas nous inquiéter mais t'as pas l'air plein de confiance non plus
, lui fit remarquer Julia.
_ Vois ça comme un moyen d'échapper à la pression, j'évoque ce que je ne peux pas faire pour me concentrer sur ce qui est prévu.
_ Et qu'est-ce qui est prévu?
_ Être honnête
, dit Sun en se levant de a chaise sur laquelle il était assis. Enfin, juste ce qu'il faut...

Il coupa court à la conversation en traversant le rideau. L'heure était venue.

*
***
*

Sur scène, face à toutes ces personnes venues l'écouter, la première chose qui frappa Sunbae fut le bourdonnement de la foule et l'arrêt soudain de ce fond sonore. La lumière pointée sur lui l'éblouit un instant et ce n'est qu'après quelques instants qu'il put voir tous les visages. Tous ces yeux fixés sur lui.

Il en fut pétrifié pendant une seconde.

Il avait déjà été le centre d'attention d'une foule mais c'était dans la chaleur du moment, il avait été forcé d'improviser et, sans trop savoir comment, s'en était pas trop mal sortit. Porté depuis par ce succès, il s'était cru doté d'un charisme naturel et d'un talent certain pour parler aux foules. Il n'en était plus du tout sûr.

Etrangeté de l'esprit humain, cette seconde de doute relaxa le Roona et, la seconde suivant, sa confiance en lui revint en même temps que les mots dans sa mémoire. Il se racla la gorge et commença.

_ Tout d'abord, j'aimerais tous vous remerciez d'être venu. Mon projet de syndicat vous intéresse et j'en suis honoré.

Il fit une petite pause, laissant l'attente monter dans l'assistance.

_ Peut être que pour vous, cette histoire de syndicat n'est, au fond, qu'une question d'argent. Je vais être honnête, je n'ai financièrement que peu d'intérêts dans toute cette histoire. Je gagnerais pas d'argent avec le syndicat. A cet instant vous devez vous demandez pourquoi je m'implique donc dans votre milieu.

Il vit le doute dans les yeux des personnes les plus proches de la scène. Mais plus que cela, il sentit la curiosité de la foule. Tous attendaient ses prochains mots, intrigués.

_ Lorsque je suis arrivé sur Rokade, tout ceux que j'ai rencontré m'ont prévenu: "c'est une île de criminels ici", "les gens te planteront un poignard dans le dos à l'instant où tu te retourneras" et autres joyeusetés du genre. Je ne sais pas combien d'entre vous sont nés ici et combien, comme moi, sont atterris sur cette île au gré des hasards ou des circonstances. Peut être trouvez-vous ça normal mais, à titre personnel, je me suis demandé comment c'était possible. Comment un pays peut-il fonctionner ainsi?

Le bourdonnement de la foule reprit, il s'était un peu emballé et commençait à aller un peut trop loin dans ses explications. Il se racla de nouveau la gorge, il pouvait maintenant commencer à caresser la foule dans le bon sens du poil.

_ Je me suis ensuite retrouvé lié au milieu de la prostitution. Je me suis glissé dans votre peau et bien que ça n'ait duré qu'une journée cela m'a fait ressentir une immense respect pour vous toutes et tous. Ce que vous faites est difficile. Éreintant, physiquement comme moralement. Vous êtes marginalisés, pointés du doigt, vus comme un peu moins qu'humains alors même que vous vous sacrifiez pour d'autres. Que ce soit votre famille ou simplement vos clients. Votre profession est, et restera, vu comme une tâche sur votre parcours. Une marque de honte et de mépris. Et c'est cela que je veux changer.

Il fit une nouvelle pause. Qu'aucune voix dissonante ne s'élève le rassura. Si certains n'étaient pas d'accord, au moins se taisaient-ils. Satisfait, il remarqua cependant qu'il avait du mal à suivre le fil de ses pensées. Il s'éparpillait un peu trop.

_ Je crois sincèrement que nous sommes tous les mêmes au fond. Vous, moi, les dirigeants de cette île, la Marine, les paysans sur mon île natale... Les circonstances diffèrent mais, finalement, nous recherchons tous la même chose. Nous l'exprimons tous différemment, selon notre ambition personnelle, mais nous souhaitons tous vivre dans un présent confortable en sachant notre avenir assuré. Seul change notre définition du confort et de l'assurance. Je pense également que lorsqu'une profession offre tout cela à ceux qui l'exercent alors elle devient respectable. C'est pourquoi j'ai pensé à la création d'un syndicat.

Il crut entendre quelques mots d'approbation mais n'en était pas sûr. Le bourdonnement était toujours présent, mais il avait plus l'impression d'une excitation de la foule plutôt qu'un murmure dissonant. Il était l'heure d'enfoncer le clou.

_ Et si j'ai décidé de rendre celui-ci officiel aujourd'hui, avec vous tous présent ici ce n'est que pour une seule raison.

Petite silence pour faire monter le suspense.

_ Je sais que ce syndicat peut fonctionner et je suis certain qu'il peut être bénéfique pout nous tous. Mais pour cela, j'ai besoin de vous! De chacun d'entre vous! La question est donc la suivante : voulez-vous améliorer les choses?

Un "oui" timide se fit entendre avant d'être imité.

_ Voulez-vous un avenir?

La réponse était cette fois claire et unie, quoi qu'encore lâché du bout des lèvres.

_ Me suivrez-vous pour ça!?

Les gens se laissèrent prendre dans l'excitation de la foule et répondaient dorénavant avec passion lorsque Sunbae les haranguait.

*
***
*

Le meeting continua ainsi un moment avant que Mama Pipeau ne prenne la place du jeune homme sur scène. Il avait été décidé en amont que l'ancienne maquerelle s'occuperait de la partie "technique" de la réunion et elle commença donc à énumérer les divers objectifs, idées et changements actuellement prévus par le syndicat ainsi que le fonctionnement de celui-ci.

*
***
*

Ce n'est finalement qu'alors que le soleil se couchait que la réunion prit fin. Le syndicat de la prostitution venait d'être créé. La quasi-totalité des personnes présentes avaient acceptés de signer la charte du Sein-Ducat écrite par Sunbae et lut à l'assemblée par Clara.

En regardant les signatures en bas du papier, le jeune homme sourit.Il venait de reconnaitre le nom de trois propriétaires de Bordel. Elvert Cachou en faisait partie.

Il pensa que c'était un bon début. Presqu'une centaine d'adhérents et surtout trois établissement qui pourraient servir de laboratoires.

Cette histoire commençait bien.

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