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Tête Froide

Le Royaume-Archipel de Sanderr... C'était un lieu plutôt étrange, et Rhei y avait vécu pour la première partie de ses aventures, histoire d'attraper du pirate. Elle avait déjà visité les différentes îles, même celle qui était constamment sous la neige, cette qui avait fait en sorte qu'elle rencontre quelqu'un qui lui avait remis cette cape, maintenant toute déchirée et ressemblant beaucoup plus à une écharpe qu'autre chose. Aujourd'hui, la Chasseuse de Primes s'était arrêtée à Asnia, évitant à tout prix Kronz à cause des habitants qui l'empêchaient de fumer tranquillement ses cigares. A croire qu'ils y tenaient vraiment à leur forêt... Pour la brune, ce n'était pas un problème de bien éteindre les braises afin d'éviter tout incendie... Et les montagnes, c'était bien pour se retrouver sans la moindre personne qui pourrait vous emmerder.

Depuis qu'elle avait pris la mer, depuis la fin de son entraînement, Rhei ne savait pas vraiment où donner de la tête. Elle avait planifié de rester sur Hat Island avant de remarquer que ce lieu n'était vraiment pas fait pour elle. De plus, elle avait maintenant assez d'argent pour s'offrir de belles fournitures, comme une meilleure arme de feu... Tant pis, le revolver de son père lui servait encore, et elle allait devoir le mettre de côté un moment ou un autre... Autant faire en sorte de s'améliorer et d'en faire de même avec le matériel. Sortant une sorte de catalogue alors qu'elle se posait contre un rocher, la jeune fille regardait tranquillement les modèles qui pouvaient exister sur ces mers, et aussi les types de munitions. Mais pour le moment, aucun ne lui plaisait au niveau du rapport qualité-prix. Certes les améliorations étaient présentes et surtout nombreuses : plus de puissance de feu, donc plus de portée, plus de facilité à recharger, double canons, amélioration du recul, ce qui permettait une meilleure précision. Mais ce n'était pas la première fois aujourd'hui qu'elle réalisait cette action, et comme à chaque fois, elle rangea le magazine dans son sac d'aventures.

« Mouaip... »

La Pistolero ne savait pas réellement quoi penser. Perdue suite à sa défaite sur cette île faite de bois. Obligée de fuir, et incapable de faire quoi que ce soit pour sauver des personnes qui avaient placé leurs espoirs en elle... Et elle leur avait menti pour survivre, elle leur a donné de l'espoir, qui s'est brisé en un seul instant. Et ce n'étaient pas un succès ou deux qui allaient faire en sorte de calmer ses ardeurs. Un peu de solitude allait faire du bien. Son but ? Aller le plus loin possible dans cette montagne afin de se tester, de se surmonter. Et n'étant qu'au départ de cette aventure, la jeune fille pensait déjà au futur qui s'ouvrait à elle.

Alors que les flocons de neige se déposaient délicatement sur ses vêtements, sur son visage et ses mains. Maintenant qu'elle était à peu près certaine que personne ne pouvait la voir, ni elle et ses sentiments, Rhei se mit à pleurer, et ce n'était pas un combat de taverne qui allait lui permettre de se remettre de cela. Alors un jour, elle allait revoir ce pirate et le battre ! Elle en était certaine ! Le rencontrer ne risquait pas d'être compliqué puisqu'il devait lui en vouloir à mort ! Elle allait l'empêcher de faire plus de victimes ! Chopper sa prime... Et toujours avoir la mort de plusieurs personnes sur la conscience. Le cœur serré, c'est en larmes que commença le voyage de la chasseuse de primes au milieu de ce que l'on pourrait appeler un hiver permanent.
    Les gémissements durèrent un bon moment, et quand ils se turent, Rhei ne bougea plus. A genoux, face contre neige, les mains recouvertes de cet élément blanc qui craquelait sous ses impulsions, elle attendit un moment avait de se relever, le visage rouge et le nez coulant. Ce n'était peut-être pas une bonne idée de rester aussi longtemps au contact de quelque chose qui pouvait vous engourdir, mais elle s'en foutait. Incapable de bouger correctement sa main humaine pour le moment, la jeune fille compta sur le mécanique pour se relever tranquillement et tenter de chasser ces larmes, transformées en perles de glace. Prenant une grande inspiration qui la fit éternuer, celle qui avait laissé passer son moment de faiblesse devait se reprendre ! Elle allait montrer qu'elle était encore digne de se battre ! Avançant à pas assurés vers la montagne, elle allait tout de même faire un petit tour aux zones habitées afin de prendre de quoi la maintenir au chaud, mais surtout en vie.

    Le village n'était pas immense, et même s'ils paraissaient brusques ou encore peu habitués à avoir de la compagnie, Rhei les aimait bien. Se présentant à l'entrée, elle fut accueillie par une famille des plus normales, qui semblait un peu intriguée, parlant d'un ton agressif, même s'ils se voulaient juste accueillants. Au-dessus d'eux, l'enseigne de leur boutique, où des stalactites touchaient atteignaient l'épaule de Rhei, se tenait bancalement à cause de la neige qui s'était accumulée au-dessus d'elle. Et un peu plus loin, plusieurs personnes s'attelaient à retirer le surplus de neige des habitations. Mais retournons à la famille tenant la boutique.

    « B'jour dam'zelle. Vous v'lez quoé ? »

    « Yo ! J'vais vous prendre d'quoi t'nir dans l'froid, d'quoi faire du feu et un peu d'bouffe. »

    Après avoir fait le tour sur de la nourriture, la plupart du temps froide à cause des températures de l'île, c'est en échange d'un peu d'argent que la famille de marchands lui offrirent un manteau, des caches-oreilles, des bottes, un pantalon et des moufles, ce que la pistolero regarda avec un air plus que circonspect et décida de ne couvrir que sa main humaine, l'autre allait faire en sorte de pouvoir utiliser son arme à feu.Réarmant son chapeau, la cowgirl était maintenant certaine d'une chose : cette petite excursion allait se promettre intéressante et pleine de surprise. Après avoir mis sa combinaison, Rhei sortit, beaucoup plus à l'aise avec la température extérieure, et fut arrêtée par l'homme, qui lui remit tranquillement son écharpe, vérifiant tous les éléments, et lui chuchotant les mots suivants.

    « Fais 'ttention à toi p'tiote. T'es 'core jeun'. T'peux aller loin 'vec l'rêve. »


    « J'vous r'mercie bien. Foi d'Rhei ! J'reviendrai en vie ! Z'avez ma parole ! »

    La chaleur que lui conféraient ses vêtements et les mots des habitants lui donna du baume au cœur, voir des personnes aussi l'aidait aussi, en dépit de ce qu'elle pensait. Maintenant, il fallait y aller, et faire en sorte d'aller le plus loin possible dans cette montagne pleine de danger à affronter sans se soucier des problèmes de qui que ce soit ! Après avoir vérifié ses provisions pour les repas, la jeune fille se dressa, pleine de courage, se forçant à ne pas voir le désespoir de trop près.

    « Cohohohoho ! C'que j'vais pouvoir m'défouler ! »

    Sans ajouter quoi que ce soit, la Chasseuse de Primes partit droit devant, loin de toute civilisation, pour peut-être retrouver cette confiance dont elle avait besoin. Peut-être changer quelque chose aussi chez l'innocente personne qu'elle était, à vouloir faire en sorte de ne pas se retrouver coupable de morts de par sa propre présence... Ou plutôt accepter que toutes ces personnes qui auraient pu vivre dans la prospérité n'aient pas pu le faire...
      Cela faisait maintenant quelques heures que Rhei avait commencé à marcher, et le gros sac qu'elle portait sur le dos commençait à lui peser. ¨Pour le moment, l'ascension de la montagne n'était pas vraiment un problème, puisqu'elle était en quelques soit continue. Mais maintenant se dressait devant elle des rochers irréguliers commençaient à demander à être montés pour pouvoir continuer la progression de l'aventure. D'autres pierre, déjà au sol, montraient là où certains avaient échoué plusieurs fois... Et un peu plus sur les côtés se montraient les premières crevasses, où des squelettes humains, ou encore des humains congelés s'y étaient brisés. Regardant devant, le nez dans son écharpe, la cow-girl repéra une fissure dans la montagne un peu plus haut, décidant ainsi d'y installer son premier camp, et avec un peu de chance, trouver l'ancien de quelqu'un qui voulait faire l'épreuve de survie du Royaume. Etudiant les pierres autour, la jeune fille ne put savoir lesquelles étaient sécurisées, la neige ayant supprimé tout précédent passage.

      « Mmmmh... »

      S'avançant vers l'un des rochers,  elle le grimpa, pour constater que pour le moment, il n'y avait pas vraiment de problème. Après cet obstacle surmonté, il fallait maintenant continuer sur le second... etc... Rhei était vraiment plus lourde que normalement avec le sac qu'elle portait. Non habituée à avoir autant d'affaires, la solitaire se manqua quelques fois, devant chercher un nouveau promontoire, jusqu'à arriver, quelque peu essoufflée, à l'endroit où elle avait vu cette grande fissure, qui entraînait sûrement quelque chose comme une grotte où faire un bon feu... Du moins elle l'espérait. Sortant quelques morceaux de bois de son sac, l'allégeant pour le reste de l'aventure. Elle en profita pour regarder le ciel, qui commençait légèrement à s'obscurcir, laissant apparaître plus distinctement une lumière de cet endroit : quelqu'un était présent, et grâce au fait de prêter beaucoup plus l'attention suite à cela, des voix parvinrent à ses oreilles. La première était masculine, grave et posée :

      « Brrrrrrrrr ! On va rester combien de temps dans ce trou paumé ? »

      Une seconde voix fit son apparition, masculine aussi, et la troisième semblait être celle d'une fille.

      « C'est pas ma faute, faut demander à l'autre qui a pété le... »

      « Pété quoi ? C'est pas ma faute si on est resté trop longtemps et que le gouvernail a gelé ! Je sais même pas pourquoi on a décidé d'aller là ! »

      « On en arrive au même les gars. Notre navire a coulé ! On ne peut plus faire retour arrière et... »


      Alors que Rhei était en train d'avancer en prêtant attention à la conversation, elle avait malencontreusement frappé un caillou qu'elle aurait pu faire en sorte d'éviter si elle avait aussi allumé sa torche et pas fait confiance en cette lumière qui venait maintenant après un virage. Des ombres se répercutaient d'ailleurs sur le mur et au sol. Mais aucun son ne se fit... Alors que Rhei continuait à avancer sans se poser de questions, beaucoup plus intéressée par l'idée de rencontrer de nouvelles personnes, et peut-être des pirates, elle s'avança sans la moindre garde et sentit la pointe d'une épée toucher sa glotte. Un signe de paix, bien sûr. Tournant l'oeil pour remarquer la présence d'un homme habillé à la manière d'un mousquetaire. Sa grande moustache et son allure montraient qui était plus un expert de l'art de l'escrime que le combat à l'épée de guerre. Derrière lui, une femme ayant à peu près la quarantaine la maintenait en joue avec une sorte de carabine, et le dernier, un homme aux cheveux courts et blonds, la trentaine à vue de nez. Et plutôt que de demander son identité, ils commencèrent à marmonner la chose suivante, le mousquetaire en premier :

      « Eh les gars... Vous voyez ce que je vois ? »

      « Ouais ! »


      « Hein quoi ? »

      « Ses vêtements sont à moi ! »

      Eh oui ! Alors que Rhei avait reconnu en eux des pirates ayant leur Capitaine avec une prime, elle n'avait pas remarqué jusque là qu'ils étaient très peu vêtus pour une île comme celle-ci. Mais un grognement plus fort se fit entendre encore plus au fond de la grotte. Un grognement ? Non, plusieurs... Il y avait quatre créatures qui vivaient en ce lieu, et elles n'étaient pas là pour plaisanter. Profitant de ce moment de diversion pour s'éloigner de l'emprise de la lame de son adversaire, elle fut la première à voir la silhouette d'un ursidé se dégager de la lumière.

      « COUREZ ! »

      Pas à l'aise à l'idée de foncer sur des Pirates pour les sauver, Rhei tourna les talons pour sortir au plus rapidement de cette grotte, suivie très rapidement du trio frigorifié, mais aussi du quatuor d'ours. Beaucoup de cris masculins résonnèrent en ces lieux.
        S'enfuir dans la nuit n'était pas forcément une bonne idée dans ces montagnes. Rhei savait à peu près où ne pas aller grâce à la lumière de la lune, mais le froid happa les trois pirates derrières qui se mirent à paniquer encore plus. Un coup de feu se fit entendre. C'était la femme qui avait ouvert le feu un peu au hasard, ne touchant là qu'une roche dont un morceau éclata. Et alors que la chasseuse de primes, qui venait de repérer que la zone qu'elle allait emprunter n'était pas aussi sécurisée que cela, ralentissait son allure, les trois autres étaient trop focalisés sur les créatures qui les poursuivaient et en oublièrent la sécurité de toujours garder un œil devant soi. L'homme aux cheveux court percuta la Chasseuse de primes, qui tomba droit sur la pente et chercha à se rattraper à quelque chose, et ce fut l'homme qui, déséquilibré, tomba lui aussi, et les deux glissèrent, accompagnés très rapidement par un second duo qui s'était légèrement décalé, mais qui arrivait à toute vitesse.

        Incapable de savoir où elle se dirigeait, Rhei lâcha la cheville qu'elle tenait pour tenter de ralentir, mais elle n'arrivait pas à se coordonner pour faire en sorte de planter quoi que ce soit dans la neige. Et surtout, elle ne voulait pas y risquer une jambe ! C'est à court d'idées que la demoiselle en détresse se mit à hurler lorsque tout d'un coup, ses pieds n'avaient là plus aucun appui possible, ni son haut du corps d'ailleurs. D'un réflexe, la jeune fille saisit quelque chose qui luisait à la lumière de la lune. Bingo ! Sous la couche de neige se trouvait une pierre suffisamment compacte pour arrêter sa progression de chute rapide. Elle vit la personne qui l'avait involontairement  bousculer passer juste devant elle, et lui saisir brutalement la jambe. Rhei sentit que son épaule n'allait pas vraiment bien. Grimaçant de douleur, elle le fit encore plus lorsque deux autres individus ajoutèrent leur poids en plus de celui de leur chute à ce qui tenait à la force d'un bras.

        « Ouw ! J'ai vraiment cru qu'on allait mourir. »

        Ouais ben Dartagnan il avait pas une épaule qui lui hurler de lâcher sinon c'tait elle qui allait le faire d'elle-même ! Forçant pour remonter légèrement son corps, usant de ses réserves pour lever son bras encore libre, la jeune fille saisit sa prise à deux mains, un peu plus sereine maintenant que c'était au niveau du bassin qu'elle avait l'impression d'être écartelée. Et surtout, l'autre lui avait pris la cheville à deux mains et avait son visage et son torse contre son pied qui commençait à se plier et à lui faire mal.

        « Vous allez bien tout le monde ? Balleta ? Forio ? »

        « Ouais... Comme on veut... Il fait quand même un peu froid, vous trouvez pas ? »

        « Ca ne serait pas arrivé si on avait fait en sorte d'éviter cette île ! On se retrouve à rencontrer des ermites violents et des ours polaires ! »


        L'homme commençait à s'agiter sous la colère, et Rhei regarda vers le bas, et même si elle n'y voyait rien, elle se mit à répliquer :

        « HEY ! JE... » *Crrrrrrrc*

        Tiens... C'était elle ou la pierre venait de bouger ? Parce que si sa prise se mettait à bouger, cela voulait dire que quelque chose de mauvais allait se passer. D'ailleurs, l'un des pirates fit en sorte de remarquer ce changement de latitude.

        « EH ! Pourquoi on est descendus d'un rang ? »

        « Ah mais je... »


        « MEEEEERDE ! »

        La chute fut rapidement et Rhei se releva rapidement, vérifiant si elle n'était pas blessée, pendant que le pirate Mousquetaire terminait enfin sa phrase.

        « … touche le sol... »

        Tout le monde était un peu sonné, et personne ne voulait se risquer à un exercice de combat en milieu hostile. Les Pirates semblaient plus inoffensifs qu'autre chose, et surtout, ils n'avaient pas de moyens pour s'échapper pour le moment. L'angle de la lune ne leur permettait pas de voir clairement la paroi, et en haut, des formes tournaient sûrement autour du lieu, prêts à tuer quiconque oserait blasphémer leur territoire. Et après que Rhei eut saisit le fusil de la pirate encore au sol, elle braqua Monsieur Mousquetaire sans la moindre prévention avec l'arme, beaucoup plus importante que son simple revolver. Le trio qui était maintenant en position de faiblesse, leva les mains au ciel, ne sachant pas vraiment à qui ils avaient affaire. Sa voix était forte, mais trahissait une peur naissante.

        « On se calme... Je sais pas qui vous êtes, mais on voudrait simplement se tirer de là, et c'est pas en nous tirant dessus que vous allez vous en sortir vivante ! Qui es-tu ? »

        Après une longue analyse de la situation, mais aussi de réflexion sur le fait de devoir se présenter à des personnes comme celles-ci, elle abaissa le canon de l'arme et la tendit nonchalamment en direction de sa véritable détentrice. La Pistolero n'était pas habituée à ce genre d'arme et aurait pu les tuer par inadvertance, ce qu'elle ne voulait pas réaliser. Par contre, elle n'allait pas se laisser faire, pendant que le reste commençait à souffler et à ressentir de plus en plus le froid, Rhei, elle, donnait ses conditions.

        « App'lez moi Rhei... Si ça vous d'range pas, une fois qu'on sort d'là, vous vous barrez vers la mer... J'veux pas d'sales types dans mes pattes. Si un truc disparaît, j'vous jarte d'là. Ok ? »

        Mais il était déjà trop tard... Les trois s'étaient enroulés ensembles dans la couverture  et affichaient un air joyeux, qui se transforma en désespoir bruyant lorsqu'ils virent les yeux embrasés par la rage de celle qui comprenait que son sac n'était plus dans son dos, mais par terre.

        « J'ai dit on touche pas à mes affaires ! »

        « DESOLEEEEEEEEEES »

        La suite viendra après les coups de pieds à répétition sur la forme des trois Pirates dans une couverture.
          « Excusez-nous ! Nous ne nous sommes pas présentés ! Je me nomme Arthur Delavido ! Escrimeur de talent ! Je ne perds aucun duel ! »

          « Je suis Genoveffa Di Fontonayo ! Je suis l'oeil de faucon du groupe ! Aucune cible ne m'échappe ! »

          « Je suis Emilio Zoula ! Je suis fort ! Je suis le navigateur et cartographe du groupe ! Mes descriptions dans mon journal de bord sont très détaillées ! Et notre navire a coulé... »

          « ET NOUS SOMMES LES TROIS MOUSQUETAIRES ! »


          Prenant une pause de présentation des plus étranges, il restèrent un moment immobiles avant de se remettre à trembler et à chercher la couverture qui leur permettait de survivre. Il fallait se souvenir qu'ils étaient tous en vêtements printanier, sur une île qui semblait avoir assez de hauteur pour présenter une température naturellement basse, de couleur normal, ils se mirent à bleuir.

          « FAIT FROID TUDJEU ! »

          Pendant ce temps, Rhei s'était fait un siège avec l'une de ses bûches qu'elle voulait utiliser pour faire du feu... Mais pour le moment il n'y avait pas grand chose à faire... Si ce n'était attendre tranquillement. Le trio semblait être rempli d'imbécile qui ne savaient pas vraiment comment survivre dans des lieux dangereux non pas par sa faune, mais par sa nature elle-même. La présence d'irrégularité et de glace sur cette montagne la rendait particulièrement indomptable, et ce n'était pas trois péquenauds qui allaient faire en sorte de contredire tout cela. Regardant donc les trois qui lui répondirent par un air interrogateur. Ils virent que celle-ci était agacé, parce qu'elle venait de capter un truc.

          « Z'aviez pas donné un aut'nom avant ? »

          Les trois ne comprenaient pas vraiment ce que l'autre voulait dire, alors ils inclinèrent la tête ensemble avec un air idiot au visage.

          « De quoi parles-tu jeune inconnue ? »

          « J'ai entendu un truc du genre Balleta et Forio... »

          « Ah mais ce sont des surnoms ! »


          « Ils ont quoi en rapport avec vous ? »

          « Genoveffa adore regarder les ballets, et Forio, c'est le nom du grand-père d'Emilio, son père s'appelle Forio Junior. »

          Pour le moment les surnoms avaient tous un sens logique, ils représentaient quelque chose d'important chez la personne, quelque chose qu'elle aimait ou qui faisait partie de son histoire personnelle. Se tournant vers Arthur, elle lui posa la question parce qu'il mettait du temps à répondre, comme s'il attendait qu'on la lui pose individuellement.

          « Et toi c'quoi ton surnom ? »

          « Moustacho ! C'est parce que ma moust... »


          Cela ressemblait vraiment à une mauvaise blague. Alors que Rhei s'était attendu à quelque chose comme « j'aime les chevaux, donc je me suis surnommé Le Cavalier Noir et je signe de la pointe de l'épée, d'un A qui voulait dire Arthur », la réponse la surprit et l'énerva très rapidement, frappant l'homme sur le crâne d'un karaté-chop lorsqu'il tenta d'en donner l'origine. L'homme eut alors une bosse qui souleva légèrement son chapeau plumé.

          « C't'une blague ou quoi ?! »

          « Non ! Et toi ? T'es qui ?! Tu nous l'as toujours pas dit ! Et on refuse que tu ne le fasses pas ! »

          « Bon ok... J'me nomme Rhei D. Heimfire, j'suis chasseuse de primes... »

          Lorsque qu'elle releva la tête pour voir leur réaction, la jeune fille remarqua que le trio s'était déplacé bien loin d'elle pour commencer à parler entre eux, contre un mur de glace. La couverture, elle, n'avait pas bougé, ce qui annonçait qu'ils allaient encore avoir froid et revenir.

          « C'bon, j'sais qu'vous êtes primés... Mais m'intéresse pas pour l'moment... Pourquoi z'êtes dev'nus pirates ? »

          Se calmant un peu, toujours sur la défensive, ce fut Emilio qui répondit.

          « Ce fut un jour de pluie. Nous avions tous une famille, belle et brave famille. Ma femme portait un manteau de renard de forêt du Nord, chassé à la main et par la... »

          Assommé par une Rhei qui s'était rapprochée avec un air menaçant, elle saisit les joues d'Arthur à une main et la força à rapprocher son visage d'elle, ce qui le fit paniquer.

          « J'vais pas faire d'blague, mais faites vite ! Pas l'temps pour l'roman. »

          « C'EST POUR NOS ENFANTS QU'ON A FAIT CA ! »

          Rhei regarda Geneveffa, qui venait de lâcher l'information d'une voix rauque. Elle les regarda avec un air interrogateur. Pour leurs enfants ? Ils voulaient devenir pirates et du coup les parents leurs ont donné l'exemple à suivre ? Ou bien seraient-ils devenus pirates pour faire en sorte de pouvoir rattraper leurs enfants pour qu'ils rentrent à la maison ? En tout cas, l'ensemble du trio était au bord des larmes en se remémorant les événements du passé.

          « Ils allaient devenir Pirates ! On était contre ! Alors on a fait en sorte de leur faire un embargo en partant vivre sur le navire ! Jusqu'à ce qu'ils abandonnent leur idée ! Sauf qu'on a coupé la corde qui maintenait le bâteau au... au machin là ! Ben on s'est éloignés de l'île ! Du coup on s'est dit qu'on pouvait partir à l'aventure ! On avait pas compris qu'le truc en haut c'tait un drapeau pirate. Faut dire mon fils est nul en dessins. »

          « C'est pas assez pour gagner une prime ça ! »

          « Je sais ! On n'est pas tous avec de l'argent sur notre tête ! Juste Arthur ! Les gens nous donnairent gentiment des objets et de la nourriture quand on passait des fois ! Et Arthur faisait quelques défis qu'il gagnait souvent ! Et à un moment, il a eu sa sur la tête ! Et depuis on essaie de rentrer chez nous pour être au calme ! P'is on s'est fait attaqué souvent ! Comme il fallait naviguer, Emilio s'est proposé ! Et moi j'étais bonne aux tirs lors des fêtes du village ! J'gagnais souvent le gros lot ! »

          Rhei relâcha l'homme qui se massa directement les joues tout en poussant quelques gémissements de douleur. La chasseuse de Primes avait du mal à se dire que les personnes qui étaient en face d'elle étaient de tels imbéciles... Ils avaient un navire pirate, ce qui voulait dire qu'ils avaient gagné des combats contre des personnes qui cherchaient à faire la Justice, et surtout, qu'ils pillaient sans même s'en rendre compte quelques villages qui avaient remarqué leur navire pirate... Se rasseyant sur son morceau de bois, et à nouveau loin du trio, la pistolero se tenait la tête, ne comprenant pas réellement comment ce scénario s'était produit.

          « Rev'nez là, z'allez crevé de froid s'vous continuez comme ça... »

          Ils réalisèrent à nouveau le froid, et se mirent limite à ronronner comme des chats une fois qu'ils se retrouvèrent emmitouflés dans la couverture de celle qui se sentait vraiment mal pour eux. Mais il fallait maintenant savoir si leur dur labeur avait finalement payé

          « Et vos gosses ? (ils eurent une sorte de baisse de moral complet et se mirent à prononcer des paroles incompréhensibles) Nan c'est bon j'ai compris »

          Alors que le calme revenait, que le silence se faisait... Rhei se mit à éternuer, laissant filer de la morve gluante de son nez, et qui la surprit, pendant que les trois la regardaient avec un air consterné.

          « T'as les vêtements et c'toi qui prend froid. »


          « VOS GUEULES ET FAITES AVANCER L'INTRIGUE AU MOINS ! ON VA G'LER SUR PLACE SINON ! »

          Ouais c'est vrai ! La suite au prochain post !
            Comme un certaine personne voulait faire avancer « l'histoire » de cette aventure, les quatre hommes et femmes étaient maintenant réunies, même si une certaine tension s'était créé après les fameuses présentations. Des pirates plutôt âgés partis par accident parce qu'ils voulaient empêcher leurs enfants d'en devenir face à une chasseuse de primes qui aurait préféré se retrouver seule plutôt que de faire quoi que ce soit d'autre, et qui maintenant étaient coincs dans une sorte de crevasse, en pleine nuit, dans le froid. A ce rythme, le bois allait être impossible à embraser... Il fallait remonter et faire en sorte de récupérer la grotte aux ours polaires. Du moins c'était le plan de la seule à être d'accord avec. Les trois autres ne voulaient pas trop se fritter à ce genre de créature, et préféraient partir de l'autre côté. Mais le fait qu'il leur manque de quoi avançait dans la neige les forçaient à choisir entre deux choses : suivre la Pistolero complètement cinglée et avoir de quoi se réchauffer, et de quoi manger gratuitement. Ou encore voler le sac et les vêtements de celle-ci, au risque de la sacrifier pour leur propre survie. Mais après concertation, et parce qu'elle n'avait pas tenté de les éliminer bien qu'ils soient pirates, les Trois Mousquetaires lui fit confiance, et décida de faire en sorte qu'elle leur ouvre la voie.

            Mais dans le noir, il était compliqué de faire en sorte de se repérer par rapport au mur naturel qu'il fallait grimper avant de se retrouver sur la pente qui contenait encore les traces de la glissade du groupe entier. Pour faire en sorte de pouvoir remonter tout le monde un fois en haut, Rhei rangea sa buche siège, emmitouffla tout le monde dans la couverture et y enroula une corde autour avant de la boucler à sa ceinture et de commencer à rechercher, à tatons, quelques prise, attendant aussi que la lune puisse lui permettre d'y voir un peu plus clairement sur le chemin à prendre. Beaucoup de choses semblaient se calmer pendant cette nuit : le vent froid s'était légèrement calmé, et la neige, elle ne tombait plus du tout et cela redonnait un peu d'espoir à tout le monde. Prête à grimper, la Chasseuse de Primes sentit une lumière lui éblouir légèrement le visage, et en même temps lui révélant un passage plutôt simple pour grimper. En bas, le trio était heureux d'être au chaud, et se devaient de faire confiance envers la seule qui ne semblait pas avoir peur.

            « Vous êtes prêts ? »

            « Ouiiiiii ! On est bien dans cette couverture ! »

            Commençant à grimper sans le moindre problème, Rhei se retrouva bien rapidement à mettre ses avant bras dans la neige épaisse de la montagne, et à y passer la tête afin d'y remarquer les silhouettes noires et imposantes des ours, qui se mirent à grogner ensemble. Pour la jeune fille, c'était eux ou elle, et de toute manière, leur viande allait lui permettre de survivre. Même allait leur permettre de s'en sortir. Parce qu'elle avait décidé d'aider ces parents à s'en sortir, même si elle n'allait sûrement pas faire en sorte de chercher à les capturer. Une fois l'exercice de la journée terminé, ils allaient se séparer. Le trio allait repartir vers le pied de la montagne, et elle allait continuer son voyage en solitaire, comme prévu.

            « J'suis d'solée pour c'qui va s'passer... »

            Pour le moment en sécurité, Rhei ne chercha pas à s'avancer trop rapidement. Elle avait encore beaucoup de mètres de corde avant de se sentir tirée par les trois du bas, et elle sortir son revolver avec un regard froid que personne ne put voir dans cet obscurité. Le premier coup partit, et un ours s'effondra presque automatiquement. Les autres membres de sa famille, excités par le bruit et énervés par ce qu'il venait de se passer, se dressèrent sur leur deux pattes, pour entendre un second coup de feu, et un nouvel animal imposant s'effondrer. Plutôt que de fuir, le reste des animaux foncèrent sur la silhouette immobile, mélangeant  ainsi leur présence avec celle de la neige.

            La pistolero ne voyait plus que des ombres et des grognements filer rapidement, perdant tout repère qui pourrait lui assurer des cibles faciles. L'un d'eux fut éclairé par la lune, décidément sympathique pour l'aider, et il s'écroula rapidement, ne laissant à la connaissance de Rhei plus que trois menaces restantes. Elle s'avança pour voir qu'il y en avait deux à droite, un à gauche, et qu'ils étaient assez proches. Elle sentit des griffes lui rentrer dans la chair, mais saisit sa chance ainsi que la patte de l'animal, l'envoyant voler derrière elle. Le corps de l'ursidé s'envola, emportant avec lui un autre qui avait décidé de s'attaquer à la brune qui avait tué trois de ses camarades. Les deux créatures glisèrent le long de la pente, et tombèrent dans le même trou que les pirates, qui se mirent à hurler de peur. Le dernier encore en course hésita. Il sentait le sang de son adversaire, mais il avait déjà perdu cinq alliés, et lorsqu'il tenta de s'enfuit, Rhei fit en sorte de lui envoyer la corde entre les pattes, le forçant à remonter malgré lui la couverture, avec trois humains dedans, ainsi qu'empêcher la meurtrière de ses frères et sœurs de tomber à nouveau dans le trou.

            Une fois tout le monde trainé en sécurité, La brune fit en sorte de couper la corde, et de rattraper la partie liée au trio afin de les empêcher de rouler vers le bas à nouveau.

            « Z'êtes lourdeaux ! »

            « C'est toi qui n'a pas d'force dans les bras ! »

            « V'savez, j'pourrai vous laisser là et partir... »

            « Nan nan ! C'est nous qui sommes lourds ! Hahahaha ! »

            « J'préfère ça... »

            Détachant tout le monde, Rhei récupéra sa couverture et fit en sorte de rentrer dans la caverne, où le feu n'était pas encore mort, mais demandait à être rapidement rallumé. Saisissant un bois encore sec, ainsi que quelques branches, elle put faire repartir le tout et du, à contrecoeur, partager la même couche que des Criminels. Et la nuit ne fut pas de tout repos. Entre ceux qui ronflaient, celui qui n'arrêtait pas de se plaindre quand quelqu'un bougeait, celle qui parlait en dormant et Rhei qui donnait des coups pour demander de se taire, tout le monde se retrouva le lendemain avec un beau cocard ou un bleu quelque part. Ce qui annonçait la chose suivante : si prochaine nuit il y avait : il fallait trouver une seconde couverture. Mais Rhei, elle, espérait pouvoir repartir seule. C'est pourquoi, en se levant et reposée, elle annonça la chose suivante aux trois mousquetaires :

            « C't'ici qu'nos ch'mins s'coupent. Allez par là-bas (elle pointa là où elle avait eu tout son équipement). Y a un village, ils vous aideront mieux qu'moi... A part si vous v'lez croupir en prison. »

            Il n'y eut pas grande chose, à part des remerciements pour le conseil. Les pirates, encore frileux, comprirent qu'ils ne pouvaient pas suivre indéfiniment cette fille solitaire, et la laissèrent continuer en solitaire dans ce lieu dangereux, et partirent vers le pied de la montagne. Pour partir de l'île ? Il fallait attendre un navire. Mais au moins pour pouvoir vivre, ce qui était la moindre des choses. Ils passèrent à côté des carcasses dépecées des ours. Chacun avait cuit sa viande, et tentait de la conserver comme il le pouvait. Rhei avait prit le plus gros pour elle, et laisé le trio prendre les deux autres, histoires qu'ils aient de possibles provisions. Et une fois tout le monde partir, elle mangea une partie de la nouvelle nourriture obtenue, assise sur un rocher habitué à la chaleur humaine.

            Elle s'inquiétait pour ces Pirates... Et aurait préféré qu'ils aient pu voir la Marine afin de s'innocenter, plutôt que de croire que les gens pouvaient faire en sorte de comprendre sans qu'on le leur dise, que des personnes sur un navire portant un pavillon pirate, certes mal dessiné, ne soient en vérité pas des pirates.
              Etrangement, alors qu'elle n'avait rencontré que depuis très peu de temps ce trio, mais s'était intéressée un peu plus de leur histoire, Rhei avait eu quelques difficultés à se dire qu'elle allait continuer seule, mais il ne fallait pas qu'elle perde de vue le but qu'elle s'était mis en tête depuis le début de son arrivée : Pas grand chose d'intéressant, si ce n'était aller le plus loin possible et oublier le cauchemar des précédentes aventures. Aujourd'hui, elle avait bien avancé, mais le froid commençait à pénétrer ses vêtements et sa chaire, lui demandant de s'arrêter un moment pour reprendre un peu de chaleur avant de continuer. A présent, la chasseuse de prime était sur une sorte de grand plateau, où il fallait franchir une bonne distance avant de retrouver des cols ou des descentes. A chaque fois que ses jambes avancées, ses bottes s'enfonçaient profondément dans une neige molle où il n'y avait aucune trace d'animaux. Et c'était tant mieux. La jeune fille ne voulait pas retomber sur des ours, et ceux de derrière n'étaient soit pas encore sortis, soit ils n'avaient pas cherché à la chasser pour ce qu'elle avait fait au reste de la famille.

              Avançant à un rythme quelle voulait soutenu, la jeune fille se frottait sa main gantée contre  son manteau, croisant les bras et se pliant légèrement vers l'avant par la même occasion. Le bout de sa chevelure avait commencé à givrer, et le vent commençait à se faire de plus en plus puissant, la forçant à baisser la tête pour ne pas se recevoir des gifles de froid et de neige au visage. Une tempête était en train d'arriver, et il ne s'agissait que d'une question de minutes, voire de secondes, avant que la Pistolero ne se retrouve dans une situation délicate. Remettant son écharpe en place, elle frissonna une dernière fois et continua d'avancer à la recherche d'une cachette où elle pourrait attendre la fin du blizzard, mais tout ce qu'elle voyait pour le moment était du blanc qui l'empêchait de voir quoi que ce soit d'autre.

              Cependant, ce n'était pas le moment de se relâcher, ni même d'abandonner ! Certes la Chasseuse de primes était dans une position penchée, mais elle restait droite dans ses bottes et guettait tout point noir qui lui donnerait la présence de quelque chose d'autre que de la neige sur ce lieu. Mais ses muscles s'engourdissaient à cause du froid. Son estomac commençait à demander à se remplir, son sac li pesait plus qu'autre chose... Elle le secoua pour y faire partir les flocons qui furent rapidement remplacés par d'autres, et relança son allure pour remarquer quelque chose qui la fit sourire : une apparition de rocher et plus haut, une montée indiquant qu'il y avait là un chemin pour se retrouver beaucoup plus haut et continuer son ascension. Alors que des hurlements de loups se firent entendre, Rhei, dans un élan de précipitation, oublia complètement la neige et tomba,  pour s'immobiliser et émettre un grognement.

              Quelques secondes passèrent et celle qui se retrouvait au sol cherchait à bouger, sans y arriver. Ses membres la  brûlaient, son visage entier aussi. Le froid pénétrait maintenant ses vêtements qui ne la protégeaient presque plus de rien. Ses muscles engourdis semblaient ne pas vouloir lui répondre et refusaient donc de la relever. Furieuse face à cette contre-performance, celle qui rêvait de capturer tous les Criminels du Monde ne voulait pas finir ses jours ici, à l'écart de tout le monde !

              « Bouge... »

              Ce ne fut qu'un murmure... Mais elle se força à se déplacer un peu. Au-dessus d'elle, la neige la recouvrait d'un manteau léger. Ses doigts bougèrent... Son bras métallique semblait réagir avec plus ou moins de réussite. Elle pouvait le faire !

              « BOUGE ! »

              Son cri, étouffé par la poudreuse devant elle, lui redonna un élan, et la jeune fille parvint à se relever lentement, continuant d'avancer dans la direction de la pierre noire. Et arrivée à destination, longea le lieu pour y trouver une entrée rendue petite par la neige qui la recouvraient. Sans perdre de temps, la montagnarde du moment creusa un passage assez grand pour  y entrer à quatre pattes, et retira son sac avant de s'y engouffrer et tomber un mètre plus bas, tirant sur la lanière de l'objet qui lui retomba dessus L'accompagnant par la même occasion dans un lieu sombre et inconnu... Mais c'était quand même mieux que rien...

              La réfugiée sortit immédiatement du bois et quelques morceaux de journaux de son sac, et tenta d'y mettre le feu. Mais elle tremblait beaucoup trop pour réussir à le faire, et pendant de bonnes minutes ne réussit pas à faire grand chose, si ce n'était pousser quelques gémissement de douleur parce qu'elle ressentait le froid la gifler, et la lumière, elle, commençait à disparaître au fur et à mesure que la neige recouvrait l'entrée du lieu. Mais après un moment, une étincelle se fit sur le bois qu'elle frottait, et le papier journal, qui était bien protégé de l'humidité, prit immédiatement. Les plus petits morceaux de bois commencèrent à suivre et le feu put se lancer, éclairant le reste de la caverne.

              Celle-ci était vide. Un peu plus loin, un squelette fit grimacer celle qui eut assez de visibilité pour placer les bûches de bois plus proches les unes des autres, secouer son sac et sortir sa couverture ainsi que de la nourriture. Après s'être enroulée dans sa couette, elle fit en sorte de réchauffer la viande d'ours fraîchement reçue, et attendit tranquillement. De toute manière tant qu'il y avait cette tempête, il valait mieux qu'elle ne fasse rien d'idiot, et surtout le moins de bruit possible, en cas d'hôtes quelques peu colériques. C'est donc après avoir englouti son repas et récupéré de la chaleur qu'elle se leva pour voir ce que pouvait être les ossements un peu plus loin, et y trouva un sac d'où sortait quelques torches encore en état.

              La jeune fille l'un des objets de bois et le plaça au-dessus du feu afin de pouvoir explorer plus facilement, mais aussi connaître le contenu du sac. Mais à part des restes de viande avariée, une boussole et quelques pages de son séjour ici, il n'y avait rien d'intéressant. Sous le squelette, il y avait une rapière abîmée qui ne donnait pas vraiment envie de se battre après... Ses vêtements, eux, étaient vieux et délabrés... Rien de bien intéressant... Déçue, Rhei continua son chemin pour remarquer qu'il y avait une suite à tout cela, et plus elle s'avançait, plus elle entendait le vent souffler, signe qu'il y avait là une seconde sortie, où il lui semblait entendre aussi des voix... Ceci devait sûrement être le vent qui donnait cette impression, ou l'envie soudaine de voir du monde. Un souffle mit fin à l'éclairage de la torche, et son utilisatrice retourna auprès de son feu. De temps en temps, elle creusait dans la neige afin de faire en sorte d'avoir au moins une porte de sortie. Mais la tempête ne sa calma pas, et dura jusqu'à la nuit, la forçant à se reposer sans savoir à quoi allait ressembler le lendemain. C'est donc avec un rictus ironique que la chasseuse de primes se tourna vers le mort.

              « J'suppose qu't'es mort comme ça... Boarf... T'es mort, ça m'sert à rien d'te causer. »

              Rhei eut la soudaine envie de se retrouver dans une taverne, de frapper des gens, de déconner, de ne pas se soucier de ce qu'il s'était passé sur cette île qui avait coûté la vie à beaucoup d'innocents, pour un trésor que quelqu'un avait déjà pris auparavant, pour n'y laisser qu'une épée qu'elle avait bien réussi à vendre au final. Mais elle devait être forte ! Continuer en solitaire ! S'améliorer ! Les personnes qu'elle allait affronter seront plusieurs ! Il fallait qu'elle s'endurcisse pour pouvoir les battre ensembles et pas forcément lorsqu'ils étaient seuls ! C'est motivée et rebiffée que Rhei D. Heimfire dormit cette nuit-même de grande tempête.
                Le froid s'infiltrait fortement dans cette petit grotte, où Rhei avait décidé de dormir. Son souffle laissait s'échapper une buée qu'elle utilisait pour réchauffer sa main et ses doigts, bien que sa couverture puisse réaliser ce travail à sa place. Mais à son réveil, la tempête n'était plus, tout comme la nuit avait laissé sa place au jour. Cela se voyait au travers de la neige qui avait continué de monter en hauteur par rapport à l'entrée qu'avait empruntée la chasseuse de primes. Cependant, elle décida de ne pas reprendre cette route, et de s'aventurer plus loin dans la grotte, pour prendre le risque de partir de l'autre côté, là où elle avait pu remarqué qu'une autre sortie était présente. Il lui restait encore beaucoup de travail à réaliser, encore beaucoup de chemin à parcourir, et ce n'était pas le moment de se dire que telle chose était trop risquée, surtout quand il était possible de la surpasser.

                « Allons-y... Courage Rhei ! C'rien qu'une montagne pour toi ! »

                Un lieu dangereux, un lieu inapproprié pour l'être humain, pour toute personne qui soit. Il était vrai que Rhei était quelqu'un qui préférait les tavernes, le monde, les combats, plus que de survivre dans un climat hivernal qu'était celui de cette île. Sa torche allumée, elle fit en sorte de la protéger du vent qui se propageait dans la caverne pour avancer petit à petit, pour faire en sorte de se retrouver parmi les différents courants que pouvaient prendre ce vent dans ces cavités. Lentement, mais sûrement, la jeune fille put finalement se retrouver proche d'une fente naturelle creusée même dans la montagne, lui permettant d'être sur un flanc de cette dernière. Ses pieds s'arrêtèrent à la bordure des lieux, un peu serrée dans cet endroit qui lui disait que dessous, il y avait le vide, encadrée par la blancheur éclatante de la neige au Soleil. Le sentier lui disait qu'elle pouvait se laisser glisser le long de cette descente plutôt abrupte, mais elle ne savait pas vraiment jusqu'à quel point. D'un autre côté, elle ne cherchait pas la facilité, prenant cette épreuve comme d'un challenge qu'elle allait affronter coûte que coûte. Replaçant son sac, la brune se tourna doucement, jetant une jambe pour prendre appui. Une fois en équilibre, elle plaça la seconde, manquant de tomber d'un coup, se rattrapant à la pierre froide avec ses deux mains. Puis elle lâcha celle qui était gantée, la mettant dans la neige, se retenant de frissonner lorsque la poudre blanche toucha son poignet, non couvert à ce moment. Puis elle n'eut plus aucun raccord à la caverne, elle glissa sur plusieurs mètres vers le bas avant de se reprendre, lui indiquant ainsi qu'un demi-tour allait être impossible.

                « Woah ! Merde ! »

                Crispée à l'idée de pouvoir descendre un peu plus, la jeune fille commença à bouger sur le côté, bien consciente qu'elle allait devoir jouer de chance si elle voulait s'en sortir. Mais pour le moment, la chance ne l'avait pas encore quittée, et c'était donc le moment de continuer à compter sur elle pour l'aider à se sortir de ses situations. Le ciel était bleu, et rien ne semblait montrer que de la neige allait tomber aujourd'hui, contrairement à la veille, où Soleil avait eu du mal à s'imposer par ici. Le vent était donc moins glacial, donnant un peu de baume au cœur à celle qui commençait à avoir froid de son côté sol, et chaud de son côté ciel. Avançant à l'horizontale et en crabe, elle espérait qu'en-dessous, il n'y aurait pas quelque chose de trop dangereux... Avant de glisser à nouveau, et cette fois sans pouvoir se rattraper.

                Son corps comprit avant sa tête que quelque chose n'allait pas, et se mit à chercher partout un endroit où s'arrêter, sauf qu'il n'en fit rien et au contraire, accéléra au fur et à mesure que la chute se faisait sentir. Une petite bosse fit perdre le contact de son corps avec la neige, la retournant, lui faisant comprendre ce qui allait suivre. Elle remarqua des silhouettes humaines à sa droite, incapable de pouvoir remarquer qui ces dernières avaient leurs têtes tournées vers elle, si ces personnes n'étaient pas en fait des arbres...

                « AAAAA L'AAAAAIIIIDEEEE !!!! »

                Il y eut un bruit sourd de personne retombant dans la neige, continuant sa course incontrôlée et incontrôlable vers le bas de la montagne. La seule chose que pouvait maintenant faire Rhei était de tourner légèrement pour éviter les rochers qui se faisaient présents dans cette partie de la montagne. Ses yeux cherchaient partout quelque chose qui allait lui permettre de s'accrocher sans trop de dégâts, mais ici, il n'y avait pas de filets de protection, pas de chose un peu élastique... La jeune fille put remarquer que sa glissade allait bientôt s'arrêter lorsqu'elle vit cette petite bordure qui ne permettait plus de voir une quelconque continuation de descente. Son cerveau, cette fois, fut très rapide à la compréhension : c'était la mort qui l'attendait.

                « Merde ! J'aurai pas duuuu ! »

                Son élan la fit décoller, et comme elle l'avait prévu, la chasseuse de primes ne fut pas immédiatement accueillie par un sol glissant et froid, mais mou. Au contraire, après quelques vrilles incontrôlées, Rhei put voir ce qui était en train de l'attendre tout en bas, et vraiment, c'était mieux qu'un rocher, mais moins bien que de la neige... Au loin, elle put aussi remarquer que son cri d'à l'aide n'avait pas été la chose la plus intelligente qu'elle eut fait. Ses yeux purent voir le mouvement blanc qui se profilait devant elle, d'une autre montagne, pour retourner à regarder en bas, à regarder la glace qui allait l'accueillir, qui allait sûrement lui briser les os... Qui allait sûrement la tuer si elle était trop solide ! Protégeant au maximum son corps, celui-ci percuta violemment le sol, qui se craquela, puis la laissa rapidement entrée dans l'eau glaciale. La douleur, aiguë, lui traversa la jambe, remontant jusqu'à sa tête, qui eut l'impression d'exploser à cause de la pression et du choc. Incapable de bouger, Rhei fut entraînée dans les fonds du lac gelé de la montagne.
                  Rhei était allongée, ne sentant plus réellement ses membres, ne sachant même plus si elle respirait, si ce qu'elle prenait était de l'eau, ou bien de l'air qui était en train de rentrer dans ses poumons. Tout ce qu'elle pouvait sentir, c'était ses membres frigorifiés, ses muscles qui n'arrivaient pas à lui répondre, comme s'ils venaient de se faire anesthésier, puis petit à petit, son corps commença à se réchauffer... Elle put sentir sa jambe, puis l'impression qu'on plantait des milliers d'aiguilles dans celle-ci, elle serra les dents, ne pouvant pas se relever, entendant subitement des voix qu'elle connaissait. Elle ne put distinguer les premières paroles, mais petit à petit, tout lui devint de plus en plus clair.

                  « …eille ? Il faut qu'on se dépêche pour la soigner dans un lieu moins dangereux ! »

                  L'homme qui venait de parler était l'un des adultes qu'elle avait rencontré auparavant, surprise de pouvoir l'entendre, et ayant quand même mal à la jambe, elle put légèrement se cambrer pour indiquer involontairement qu'elle était maintenant consciente de tout ce qu'il pouvait se passer. Mais une main la força à rester allongée et tranquille pour le moment. Au-dessus d'elle, un visage plus féminin faisait son apparition, avec une mine des plus inquiètes alors que petit à petit, elle sentit qu'elle n'était pas à même le sol, mais transportée au travers de sa couverture. La pistolero voulut parler, mais rien ne sortit, même si son air interrogatif et plein de douleur indiquait un peu le sens de sa question par rapport à la présence du trio dans ce lieu. Ce fut Arthur qui narra cet exploit, forçant d'un coup la pauvre handicapée à supporter son récit jusqu'à la fin.

                  « Lorsque nous nous sommes séparés, nous avions comme but de partir de cette effroyable île où il neigeait beaucoup, suivant vos précieux conseils afin de retourner à chez nous, ou nous engager chez les valeureux hommes de la Marine. Car après tout, ceci permettrait peut-être à nos chers enfants de... »

                  Rhei décrocha, regardant autour d'elle ce qui semblait être la bordure de l'île, avec un navire qui les attendait. Elle comprit immédiatement que les habitants avaient décidé de leur léguer un voyage afin qu'ils puissent s'en sortir sans le moindre problème, des parents qui avaient fait l'erreur de partir en bateau pirate, et qui maintenant cherchaient à aller rejoindre la Marine ? Pendant que l'autre parlait encore et encore, engageant le sujet du repas qu'on leur avait donné, et parlant de cette discussion qu'ils avaient eu la nuit d'avant, ce qui devaient être les voix que la chasseuse de primes avait entendu lorsqu'elle s'était retrouvée bloquée par la tempête de neige. Ils avaient trouvé un refuge de l'autre côté, et n'avaient pas eu le problème de Rhei, qui était qu'elle n'avait pas pu repasser par son chemin de départ. Puis ils l'avaient vu tomber, et ils s'étaient dépêchés de la repêcher le plus rapidement possible, afin de la sauver.

                  La jambe de la brune était dans un sale état, mais elle n'était pas brisée, juste une entorse qui n'allait pas forcément durer bien longtemps. Quelque chose qui lui disait que les aventures comme celle-ci, ce n'était pas forcément quelque chose pour une chasseuse de primes, mais contrairement à sa dernière défaite cuisante, ce qui l'avait fait se dire que changer, se ressourcer, c'était quelque chose de bien en soit, la pistolero venait de comprendre qu'au final, les aventures en solitaire, sans recherche de tête à faire tomber, c'était vraiment pas pour elle. Les bastons de taverne, les duels au Soleil, c'était vraiment mieux que de se retrouver seule dans une montagne à faire l'idiote et manquer de se péter une jambe. Elle avait surtout appris que pour le moment, cette montagne était un trop grand danger pour elle pour le moment, mais qu'après de l'entraînement, après s'être battus contre des ennemis de plus en plus puissants, celle qui n'était qu'une inconnue aux yeux du monde, allait pouvoir découvrir ce qu'il s'y cachait plus loin. Aller en mer, découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux ennemis, arrêter des personnes importantes et devenir riche.

                  Sur le navire, on prit soin d'elle... Lui rappelant son dernier voyage de départ d'une île. Finalement, ce n'était pas si terrible que ça ! Et petit à petit, son plan de vie se modifia, lui faisant se dire que ce qu'elle devait faire pour le moment, c'était d'apprendre petit à petit, par l'improvisation et non pas par la préparation. Rhei était trop impatiente pour réaliser de trop longues missions. A côté, Arthur était en train de parler. Curieuse, elle se demandait s'il avait encore quelque chose à lui dire.

                  « ...Ainsi nous avions pensé vous perdre dans cette noyade des plus terrible. Geneveffa pleurait toutes les larmes de son corps à l'idée de perdre une personne qui... »

                  Puis s'arrêta une nouvelle fois de prêter attention à son récit. Elle avait besoin de repos, et d'antidouleurs.