Ambiance
Je peux pas … JE PEUX PAS PUTAIN ! C'est quoi cette merde ?! J'ai un putain de monde à conquérir. Alors pourquoi j'arrive pas à faire ça ? Je l'ai fait des millions de fois. Que ce soit avec des étrangers ou en solo, tout le monde le fait. Pourquoi j'y arrive pas ?! QU'EST-CE QUI SE PASSE PUTAIN ? Saloperie de merde ta chienne. Quelqu'un pousse la porte de ma chambre et entre en furie.
« Putain boss, tu fais quoi ? » Aucun mot ne sort de ma bouche. Aucun regard ne va vers lui. Je reste à fixer le vide, sans bouger, dans mon lit, comme c'est le cas depuis plus de deux heures. « Hey, Clotho, lève toi et bouge ton cul bordel. Tout le monde t'attend. » Toujours aucune réponse de ma part. Mack retire les couvertures, passe un bras autour de mon cou et tente de me soulever. Mon corps glisse comme un serpent et se dérobe pour retomber sur mon matelas. « Putain ! Mais arrête de jouer c'est pas le moment. Il t'attendent. Lève ton gros cul de fiotte et va les rencontrer. » Aujourd'hui n'est pas un jour comme un autre. Aujourd'hui, je rencontre une autre supernova pour tenter une alliance. Aujourd'hui est le jour à ne pas foirer. Il a cinq vaisseaux et possède une compagnie maritime. C'est un gros plus pour moi. Je DOIS aller le voir. Alors pourquoi ? Pourquoi je ne peux pas bouger ? Pourquoi je ne veux pas bouger. Je n'ai pas de volonté. Aucune, rien. Je suis comme une pierre, je ne ressens rien, je ne peux pas bouger si personne ne me fait bouger. C'est vraiment pas le jour aujourd'hui. C'est une première pour moi. Jamais je n'ai subit ça auparavant. Qu'est-ce qu'il se passe ? « Bon, la tafiole, t'arrête ça, tu te sors les doigts du cul et tu bouges ton PUTAIN DE CONNARD DE CUL DE MERDE SINON J'TE FIST ! »
Mack essaie de faire tout ce qu'il peut pour me faire sortir. Il me motive avec des insultes qui, en temps normal, lui aurait valu d'être décapité avant qu'il ne puisse finir sa phrase. J'suis ptet pédé, mais ceux qui se foutent de moi pour ça subissent mon courroux et une bonne séance de torture. Le dernier qui a fait ça c'est retrouvé coincé dans le trou du cul du monde, sur Rokade. Il s'est retrouvé surveillé par des copains à moi. Je l'ai débarqué où règnent la débauche et la piraterie. J'ai fait de lui un esclave sexuel. Et je l'ai prévenu que si jamais il échappait à la surveillance de mes hommes, que sa prochaine punition serait pire. Je l'ai condamné à se faire violer tous les jours de misérable vie sans aucun espoir d'en sortir. Je l'ai forcé à faire ce qu'il détestait le plus au monde. Et que si jamais il tentait de fuir, que sa famille subirait un sort pire que ça. Je l'ai forcé à choisir entre son orgueil et sa famille. Et putain, j'ai kiffé quand il s'est jeté à mes pieds après que la sentence soit tombée. J'ai presque jouit quand il m'a supplié, quand il a fait appel à la 'bonté en moi', pour le citer. Voilà qui je suis, un caractériel qui fait ce qu'il veut et se fou des conséquences.
Alors pourquoi j'arrive pas à lever mon gros cul, qui possède désormais quelques kilos en trop, pour lui botter le sien ? Je sais qu'il fait ça pour moi. Et pourtant, toujours rien. Aucune émotion, aucun sentiment, aucune volonté. Je suis une boite vide. J'ai beau hurler en moi de me bouger, j'ai beau visualiser mon corps se lever, rien ne se passe. RIEN NE SE PASSE PUTAIN ! Les minutes passent et mon corps reste dans sa position. « Putain, comment j'explique ça moi ? Il va le prendre comme une insulte, tu sais ça boss ? Non, toujours rien ? Putain tu fais chier. J'te jure sur les huit mers que tu le paieras cher, espèce d'enculé. » Malgré l'effort qu'il met, malgré sa conviction, toujours rien. Je suis incapable de quitter mon lit. Je suis incapable de bouger le moindre muscle. Mon corps est comme de la guimauve, comme si aucun muscle ne fonctionnait. Pourtant, quand je me suis couché ce matin, tout allait très bien. Il quitte la pièce en faisant une sortie où la porte claque un grand coup afin de montrer son désaccord. Il pense que je le fais exprès. Le fait est que chacun sait que je préférerai me couiller la couille gauche que de rater une occasion d'accroître mon pouvoir sur les mers. J'ai bassiné les gars pendant des semaines. Et là, rien. Aucune émotion, aucune envie, rien. Je tuerai le monde entier pour ressentir un truc. Je détruirais toutes les putain d'îles pour avoir ces putains d'émotions que je réprime si mal en temps normal.
Tout à coup, un déclic se fait en moi. Que ce soit mon âme, mon cerveau, mon cœur ou autre chose, je m'en fou. Je m'engouffre dans la brèche en me disant que, de toute façon, ça peut pas être pire qu'actuellement. Les contours d'un truc flou apparaissent dans ma tête. Puis le flou disparaît et la chose grandit jusqu'à ce que je puisse détailler chaque point. Ô putain. Pourquoi ? Pourquoi cette image ? Il s'agit du visage de Jack, l'amour de ma vie que j'ai rencontré en 1623 et qui est mort quelques mois plus tard, brûlé par son village, parce que l'homosexualité l'a transformé en démon et qu'on doit exterminer les démons. C'est un fait bien connu sur les Blues. En moins d'une seconde, toutes les émotions que j'ai refoulé pendant des années, tous les sentiments que j'avais, tous les projets qu'on avait ensemble, tous les moment passé ensemble, TOUT me revient en tête et dans le cœur. Je me retrouve à 21 ans à nouveau. Je me souviens de la joie quand je l'ai rencontré. Je me souviens du sentiment d'être détruit, de perdre une partie de moi quand il est mort. Je me souviens de la détresse que j'ai ressentie, je la revis. Je me souviens de la rage ressentie quand j'ai vu son corps brûler, quand j'ai vu ces saletés d'enfoiré de sous-merde danser autour du feu en chantant. Je me souviens de tout. Je revis la scène une nouvelle fois. Et une fois de plus, des larmes apparaissent et coulent par dizaines sur mon visage.
Ça ne m'est pas arrivé depuis … depuis la mort de Franck. Et paf, son visage s'imprime dans mes pensées et remplace toute autre chose. Je me souviens de notre rencontre au royaume de l'absurde. Je me souviens de sa drague, de la soirée passée sous les étoiles, de la fois où juste après avoir mangé mon logia je suis tombé dans la rivière. Je me souviens qu'il a sauté dans la flotte pour me sauver la vie. Je me souviens quand j'ai reçu ma mission me faisant quitter l'île, d'avoir hésité comme jamais. Je voulais partir et accomplir mes missions de lieutenant-colonel. Mais je voulais encore plus rester sur l'île, rester avec lui. Je me souviens du temps passé ensemble. Je me souviens de ma lâcheté quand je ne voulais pas que le monde apprenne que je préférai les hommes. Je me souviens du coup de rage que j'ai eu en plein milieu du QG quand un soldat a fait une remarque de trop. Je me souviens des mots que j'ai crié. Je me souviens d'avoir embrassé Franck devant tout le monde. Je me souviens du silence gênant qui a suivit. Je me souviens m'être enfuit dans les bois pour avoir la paix, qu'il m'a trouvé, et m'a dit que lui aussi ressentait quelque chose pour moi. Je me souviens du choix que j'ai eu à faire. Je me souviens du coup de fil d'un révo qui m'a empêché d'être attrapé par le CP pour haute trahison. Je me souviens du discours que j'ai fait qui expliquait ma vision des choses et pourquoi je quittais la marine pour rejoindre la révolution. Je me souviens avoir fuit. Je me souviens avoir été rattrapé par Franck.
Je me souviens de la confusion qui régnait en moi. Je voulais partir, ne pas finir en prison. Mais je ne voulais pas le laisser seul. Je me souviens avoir fui dans la forêt, être allé dans l'endroit qui me coupait de tout. Je me souviens qu'il est parvenu à me trouver, qu'on a discuter. Je me souviens qu'il a posé un genou sur le sol. Je me souviens des mots qu'il a dit. Je me souviens du vulgaire écrou qu'il m'a passé au doigt, faute d'avoir trouvé une bague dans les minutes imparties. Je me souviens de son choix de quitter la marine et de m'accompagner malgré que sa vie soit ici. Je me souviens qu'il m'a dit que sa vie, désormais, c'était moi. Je me souviens de nos aventures dans la révolution. Je me souviens d'une main traversant son torse de part en part. Je me souviens qu'il a été incapable de finir sa phrase. Je me souviens qu'il est mort dans mes bras, devant mes yeux. Je me souviens du sentiment d'impuissance. Je me souviens avoir perde une part de moi ce jour là, encore. Je revis la scène et mes pleurs redoublent d'intensité.
Je me souviens, pour la seconde fois de ma vie, avoir tout abandonné, m'être refermé sur moi même. Je me souviens m'être éteint de l'intérieur. Je me souviens lui avoir laissé le contrôle de mon corps, pour la seconde fois. Je me souviens de la vengeance qui a subit dans les minutes suivantes. Je me souviens avoir tué les pirates de la WWC, puis le contre-amiral. Je me souviens de ne rien avoir ressenti. Puis d'avoir ressenti autre chose. Enfin, c'est pas moi, mais c'est lui qui a ressenti. C'est lui qui dirigeait mon corps, notre corps. Enfin, lui, elle, c'est la même chose. Un éclair traverse mon esprit. Et si c'était elle, une fois de plus, qui me joue un tour ? Putain de maladie de merde. Saloperie de bipolarité. Je me souviens de ma discussion avec le docteur Amsterdam, sur Drum. Je me souviens de ce qu'il m'a dit. J'avais promis de prendre mes médicaments. Mais comme on ne les trouve pas partout, j'ai du improviser. J'ai alors fait pousser des plantes qui contenaient les éléments nécessaire pour normaliser la chimie de mon cerveau et me rendre moins … bipolaire. Puis il en a eu marre, a détruit les plantes et a décidé de ne plus prendre quoi que ce soit. Parce que les effets secondaires sont trop forts. Youpi, on avait un cerveau équilibré chimiquement.
Le mauvais côté, c'est qu'on ne vivait plus, on était plus nous. On était l'ombre de qui nous étions. Seuls qui qui ont ça peuvent comprendre ce que ces mots signifient. Pour les autres, ce ne sont que des mots. Mais pour nous, c'est la différence entre vivre et … survivre. Et on a en a tous eu marre de devoir survivre. On a voulu vivre. Il a voulu vivre. J'ai voulu vivre. On a tous voulu vivre. Alors aux grands maux et circonstance exceptionnelle, les grands remèdes. On a tout dégagé. On était tous unis. C'était la première fois depuis … toujours. On a tous pensé la même chose. On a tous voulu la même chose. Je me suis pris a espéré qu'il fasse les choses bien. J'avais tord, je reconnais mon erreur. Mais je vois toujours le meilleur en chacun, jamais le pire. Pourtant il représente le pire. Le pire de moi. Le pire de l'Humanité. Il ne recule devant rien. Rien ne lui fait peur. J'aurais du essayé de l'arrêté. Mais en même temps, on a jamais autant fait de truc pour nous que depuis qu'il nous dirige. On a monté notre armée, on a conquis une île, on s'est trouvé des soutiens, on a navigué jusque dans le Nouveau Monde, on s'est fait connaître et craindre jusqu'à aujourd'hui être une légende dans le monde entier. On a affronté la marine, la révolution, des chasseurs de prime, des pirates, et on a survécu. On est toujours là pour en discuter. Alors est-ce que ça équilibre les choses ? Est-ce que ça contre-balance toutes mes morts, tous les massacres, toute la barbarie ? Oui, sinon j'aurais tenté de reprendre le contrôle depuis longtemps.
J'ai finis par accepter que je n'étais pas la seule personnalité de notre corps. J'ai accepté qu'on était plusieurs, tous différents. J'ai accepté de le laisser aux commandes. J'ai accepté les conséquences. Et jusqu'à présent, ça vaut le coup. Mais parfois, j'avoue que j'aimerais bien redevenir le rêveur que j'étais. Hélas, un pirate ne rêve pas, il agit. On s'est placé dans le marathon pour devenir empereur. On est en ligne. On agit en ce sens. C'est la première fois que je fais les choses pour moi et non pour quelqu'un d'autre. C'est la première fois que je prends autant de temps à m'occuper de moi sans penser à ce que les autres peuvent bien penser, ressentir, vivre … Et ça fait du bien. Parce que c'est ça, vivre. Faire les choses pour soi, les faire à ça façon. Alors oui on tue. Oui on massacre. Oui on terrorise. Mais on le fait pour nous. Et moi je dis que ça vaut le coup de le laisser diriger. Pourtant, depuis peu, un truc se passe en nous. Comme si … on disparaissait tous un peu pour devenir une nouvelle entité. Ça fait bizarre. On ne peut pas le décrire. On ne sait pas ce qui adviendra. On ne peut qu'espérer pendant qu'il agit.
Oui, je me souviens de tout, je vois tout, je sens tout, je revis tout. C'est ma torture quotidienne. Sauf que là, c'est puissance un million. J'arrive à ne rien ressentir, à bloquer mes émotions tous les jours. Mais là, tout ce qui a été refoulé débarque en force. Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi ce jour précis ? Parce que ça fait depuis le premier janvier que j'ai arrêté de prendre mes pilules ? Parce qu'on est sur le point de faire un truc énorme ? Parce qu'on touche du doigt notre rêve ? Non. Simplement parce que. Parce que c'est un putain de mauvais côté de la maladie. Je ne me contrôle pas comme les gens 'ordinaires'. Et tant mieux dans un sens, parce que les gens ordinaires sont barbants, chiants, inintéressants … Moi, je suis exceptionnel. Je suis destiné à faire de grandes choses. Non par ma lignée, non par mon héritage, non par mes terres, non par mes droits de naissance. Mais parce que je le désire. Parce que je le VEUX. Je suis quelqu'un de cupide, d'avide de pouvoir et d'argent, d'avare, d'intéressé. Chaque mouvement que je fais n'est pas planifié à l'avance, mais est fait dans un but, me rapprocher du trône d'empereur pirate. Mais pas juste devenir un quelconque empereur, non. Devenir l'empereur des empereurs. Oui, j'ai de l'ambition. On s'est foutu de moi quand je disais vouloir devenir amiral en chef de la marine. J'ai gravis les échelons, j'ai fait fermer leur gueule à mes détracteurs quand je suis devenu un officier supérieur, même si ça n'a duré que quelques semaines.
Alors allez tous vous faire foutre. Allez vous faire foutre mais bien comme il faut. Vos opinion, je m'en fou. Prenez les, et bourrez-vous le fion avec. Je suis Clotho. Je suis moi. Je n'ai pas besoin de plus. Je vis pour moi. Je ne veux pas plus. Je n'ai pas besoin de plus. Oui, vous devez pas comprendre grand chose. Un coup je dis vouloir devenir Dieu, puis la seconde d'après, je dis que je ne veux rien. Un inconvénient de la maladie, on est pas forcément cohérent. Enfin, pas pour le monde. Moi je me comprends, et c'est tout ce qu'il me faut. Je sais ce que je veux, et je sais comment l'obtenir. Alors dégagez de ma vue. Dégagez d'ici. Dégagez de ma vie. Dégagez ou mourrez, le choix est simple. L'adaptation est le secret de la survie et de la vie. Je m'adapte à tout et tout le monde. Je joue selon les règles qui ont été établies il y a bien longtemps. Et j'ai oublié un truc sur le chemin que j'ai emprunté. Au diable les règles. Au diable les formes d'antan. Je veux jouer avec mes règles. Je ne veux pas gagner la partie d'échecs, je veux renverser ce putain d'échiquier. Je VAIS briser les règles. Pourquoi ? Parce que je suis moi. Voilà ce qu'il me fallait. Je devais me souvenir de pourquoi et comment. Et surtout, de pour quoi. Le but, la conséquence, l'objectif. D'un seul coup, mon corps réagit. Pour la première fois depuis de trèèèèèèèèèèèèès longues minutes. Ma main glisse le long de mon visage et essuie les larmes. Je me lève. Je ne m'habille pas et sors de ma cabine juste en caleçon. Je monte les marches. Le bruit de mes pas résonne dans tous le bateaux. Ils sont lourdes, comme si je traînais un boulet. Et le fait est que oui, je traîne un boulet, métaphoriquement parlant. Je traîne le poids du jeu. J'arrive sur le pont supérieur.
« Et bah putain t'en a mis du temps l'trou duc. » Je lève ma tête et regarde celui qui m'apostrophe. Un regard vide, sans animosité, sans âme, sans expression, sans émotion. « Tu te fou de moi ou quoi ? On devait parler ya des heures. Et toi tu te pointes maintenant, en calebut. Tu me manques de respect !
Les dieux n'ont pas à respecter les cafards.
Les caf … Les cafards ? Non mais tu te prends pour qui ?! »
Il envoie son poing vers moi. Aucun autre homme ne bouge sur le bateau. Mon haki me fait esquiver le coup facilement. Mon interlocuteur n'est pas connu pour être puissant, mais pour avoir une flotte et des alliés. Moi je suis connu pour ne pas avoir d'alliés, mais être puissant. Il est temps de lui apprendre la différence. Un soru et je suis juste devant lui. Mon bras transformé en pic s'enfonce dans son épaule gauche et le fait le soulever du sol.
« Tu fais quoi ?! T'as besoin de moi. T'as besoin de ma flotte. T'as besoin de cette alliance.
Non. La seule chose dont j'ai besoin, c'est moi. Puis mes hommes. Sans ta flotte, sans tes alliés, tu n'es rien. Et pourtant, tu n'as toujours pas compris où réside la vraie force. Elle vient de dedans, pas de dehors.
Qu'est-ce que tu racontes ?! Lâche moi où ça va mal se finir pour toi.
Rassures toi, tu ne vas pas mourir. Pas maintenant en tout cas. Parce que j'ai changé d'avis. Je n'ai pas besoin de toi. Je n'ai pas besoin de ta flotte ou de tes alliés. J'ai besoin d'hommes qui me suivent parce qu'ils croient en moi. Pas parce que je suis un prétendant à un trône vide. Pas parce que j'ai une armée, une flotte, des îles ou des alliés. Tu ne m'apportes que du vent. Tu sembles oublier que je suis la terre. La mer ne m'intéresse pas. Alors repars sur tes navires, et choisis bien tes prochaines actions. Je ne te déclare pas la guerre. Pas encore du moins. Mais si tu me cherches, tu découvriras que l'enfer a plein de places disponible et qu'il n'attend que de nouveaux occupants. Je sais désormais qui je suis, et qui je veux être. Tu ne m'apportes rien qui me garde sur ce chemin. Tu n'as donc rien qui m'intéresse. Ramenez le sur son bateau. Faîtes le disparaître de ma vue.
Tu vas le regretter Clotho ! Je le jure sur les quinze dieux de mon père et les huit démons de ma mère ! Tu vas t'en mordre les doigts.
Soit. Ramène tes dieux, ramène tes démons, je me ferais une joie de les tuer devant tes yeux. »
Comme demandé, cinq de mes marins ramènent mon interlocuteur sur son bateau dans une barque. Je lui ai laissé le choix pour vivre. Va-t-il le saisir ou préférera-t-il venger son orgueil que j'ai bafoué ? On va vite le savoir.
« Ça à l'air d'aller mieux on dirait.
T'as l'air changé capitaine.
J'ai changé. Je suis changé. C'est comme si j'ouvrais enfin les yeux pour voir le monde avec un nouvel œil.
Ouais, bah ouvre le bon parce que tes provocations nous ont foutu dans la merde. S'il décide d'attaquer, ça va être dur pour nous. T'as vu la taille de ses bateaux. T'as vu la taille de ses canons.
Et toi, tu as vu ?
Vu quoi ?
Notre armée. Je pensais ce que j'ai dit. Je veux une armée qui me suis pour qui je suis, pas pour ce que je fais. Une armée qui me craint n'est pas mon but. Ce sont les autres armées qui doivent me craindre. Je veux des hommes qui croient en moi.
Et on est quoi nous ? T'as oublié qu'on te suis depuis Rokade ? Tu sais qu'on s'est coltiné Armada pour tes beaux yeux.
Je le sais. Et c'est pour ça que je vais vous remercier avec une surprise qui va vous plaire.
Capitaine ! »
La vigie hurle pour qu'on l'entende tous. Il nous prévient que la flotte s'éloigne de nous. Ses conseillers lui ont sûrement dit qu'ils avaient l'avantage et pourraient nous couler en moins de cinq minutes. Mais ils lui ont aussi sûrement dit que je ne suis pas à prendre à la légère, et que dans l'équation de leur victoire, je suis la seule inconnue. Celle qui peut tout faire basculer d'un côté comme de l'autre. Ils ont du lui rappeler qui je suis et ce qu'ils risquent en cas de défaite. Ils ont du lui rappeler qu'en partant, qu'en restant en vie, il pourrait accroître sa flotte et se venger plus tard, quand les chances de victoires seront plus élevées. Parce que certes leurs chances étaient d'environ 95%. Mais cinq pourcents contre eux, quand je suis ces cinq pourcents, ça change tout. Ces cinq petits pourcents avoisinent les cinquante. Et cinquante pourcents de chance de victoire, c'est clairement pas assez. Sa vie et son armada vaut plus.
« Les gars. Merci de croire en moi. Merci d'être avec moi. J'suis pas le meilleur capitaine des mers.
C'est clair.
J'suis pas le plus puissant.
Idem.
J'suis pas le seul avec pour but de devenir empereur.
Tu parles d'une nouvelle.
Mais j'suis le seul qui vous emmènera au bout du monde. J'suis le seul qui se battra pour vous. J'suis le seul qui remuera ciel et terre pour vous. J'suis celui qui croit en chacun de vous, bande de chiasses. J'suis ce*/
Celui qui ouvre un peu trop sa gueule et parle beaucoup trop. Tournée générale de la part du capitaine les gars ! Ça lui apprendra à moins parler. »
Mack me coupe la parole à chaque fois. Il me force la main. Je devrais le tuer pour montrer l'exemple. Mais non. Mack me pousse à devenir meilleur. Il sait qui je peux devenir et fait tout pour que j'y arrive. Mack est mon second. Mack est ma vie. Mon équipage est ma vie. Et malheur à ceux qui tenteront de me les voler. Je suis Clotho, fier pirate, et futur empereur. Et toi, petite merde, qui es-tu ?
Je peux pas … JE PEUX PAS PUTAIN ! C'est quoi cette merde ?! J'ai un putain de monde à conquérir. Alors pourquoi j'arrive pas à faire ça ? Je l'ai fait des millions de fois. Que ce soit avec des étrangers ou en solo, tout le monde le fait. Pourquoi j'y arrive pas ?! QU'EST-CE QUI SE PASSE PUTAIN ? Saloperie de merde ta chienne. Quelqu'un pousse la porte de ma chambre et entre en furie.
« Putain boss, tu fais quoi ? » Aucun mot ne sort de ma bouche. Aucun regard ne va vers lui. Je reste à fixer le vide, sans bouger, dans mon lit, comme c'est le cas depuis plus de deux heures. « Hey, Clotho, lève toi et bouge ton cul bordel. Tout le monde t'attend. » Toujours aucune réponse de ma part. Mack retire les couvertures, passe un bras autour de mon cou et tente de me soulever. Mon corps glisse comme un serpent et se dérobe pour retomber sur mon matelas. « Putain ! Mais arrête de jouer c'est pas le moment. Il t'attendent. Lève ton gros cul de fiotte et va les rencontrer. » Aujourd'hui n'est pas un jour comme un autre. Aujourd'hui, je rencontre une autre supernova pour tenter une alliance. Aujourd'hui est le jour à ne pas foirer. Il a cinq vaisseaux et possède une compagnie maritime. C'est un gros plus pour moi. Je DOIS aller le voir. Alors pourquoi ? Pourquoi je ne peux pas bouger ? Pourquoi je ne veux pas bouger. Je n'ai pas de volonté. Aucune, rien. Je suis comme une pierre, je ne ressens rien, je ne peux pas bouger si personne ne me fait bouger. C'est vraiment pas le jour aujourd'hui. C'est une première pour moi. Jamais je n'ai subit ça auparavant. Qu'est-ce qu'il se passe ? « Bon, la tafiole, t'arrête ça, tu te sors les doigts du cul et tu bouges ton PUTAIN DE CONNARD DE CUL DE MERDE SINON J'TE FIST ! »
Mack essaie de faire tout ce qu'il peut pour me faire sortir. Il me motive avec des insultes qui, en temps normal, lui aurait valu d'être décapité avant qu'il ne puisse finir sa phrase. J'suis ptet pédé, mais ceux qui se foutent de moi pour ça subissent mon courroux et une bonne séance de torture. Le dernier qui a fait ça c'est retrouvé coincé dans le trou du cul du monde, sur Rokade. Il s'est retrouvé surveillé par des copains à moi. Je l'ai débarqué où règnent la débauche et la piraterie. J'ai fait de lui un esclave sexuel. Et je l'ai prévenu que si jamais il échappait à la surveillance de mes hommes, que sa prochaine punition serait pire. Je l'ai condamné à se faire violer tous les jours de misérable vie sans aucun espoir d'en sortir. Je l'ai forcé à faire ce qu'il détestait le plus au monde. Et que si jamais il tentait de fuir, que sa famille subirait un sort pire que ça. Je l'ai forcé à choisir entre son orgueil et sa famille. Et putain, j'ai kiffé quand il s'est jeté à mes pieds après que la sentence soit tombée. J'ai presque jouit quand il m'a supplié, quand il a fait appel à la 'bonté en moi', pour le citer. Voilà qui je suis, un caractériel qui fait ce qu'il veut et se fou des conséquences.
Alors pourquoi j'arrive pas à lever mon gros cul, qui possède désormais quelques kilos en trop, pour lui botter le sien ? Je sais qu'il fait ça pour moi. Et pourtant, toujours rien. Aucune émotion, aucun sentiment, aucune volonté. Je suis une boite vide. J'ai beau hurler en moi de me bouger, j'ai beau visualiser mon corps se lever, rien ne se passe. RIEN NE SE PASSE PUTAIN ! Les minutes passent et mon corps reste dans sa position. « Putain, comment j'explique ça moi ? Il va le prendre comme une insulte, tu sais ça boss ? Non, toujours rien ? Putain tu fais chier. J'te jure sur les huit mers que tu le paieras cher, espèce d'enculé. » Malgré l'effort qu'il met, malgré sa conviction, toujours rien. Je suis incapable de quitter mon lit. Je suis incapable de bouger le moindre muscle. Mon corps est comme de la guimauve, comme si aucun muscle ne fonctionnait. Pourtant, quand je me suis couché ce matin, tout allait très bien. Il quitte la pièce en faisant une sortie où la porte claque un grand coup afin de montrer son désaccord. Il pense que je le fais exprès. Le fait est que chacun sait que je préférerai me couiller la couille gauche que de rater une occasion d'accroître mon pouvoir sur les mers. J'ai bassiné les gars pendant des semaines. Et là, rien. Aucune émotion, aucune envie, rien. Je tuerai le monde entier pour ressentir un truc. Je détruirais toutes les putain d'îles pour avoir ces putains d'émotions que je réprime si mal en temps normal.
Tout à coup, un déclic se fait en moi. Que ce soit mon âme, mon cerveau, mon cœur ou autre chose, je m'en fou. Je m'engouffre dans la brèche en me disant que, de toute façon, ça peut pas être pire qu'actuellement. Les contours d'un truc flou apparaissent dans ma tête. Puis le flou disparaît et la chose grandit jusqu'à ce que je puisse détailler chaque point. Ô putain. Pourquoi ? Pourquoi cette image ? Il s'agit du visage de Jack, l'amour de ma vie que j'ai rencontré en 1623 et qui est mort quelques mois plus tard, brûlé par son village, parce que l'homosexualité l'a transformé en démon et qu'on doit exterminer les démons. C'est un fait bien connu sur les Blues. En moins d'une seconde, toutes les émotions que j'ai refoulé pendant des années, tous les sentiments que j'avais, tous les projets qu'on avait ensemble, tous les moment passé ensemble, TOUT me revient en tête et dans le cœur. Je me retrouve à 21 ans à nouveau. Je me souviens de la joie quand je l'ai rencontré. Je me souviens du sentiment d'être détruit, de perdre une partie de moi quand il est mort. Je me souviens de la détresse que j'ai ressentie, je la revis. Je me souviens de la rage ressentie quand j'ai vu son corps brûler, quand j'ai vu ces saletés d'enfoiré de sous-merde danser autour du feu en chantant. Je me souviens de tout. Je revis la scène une nouvelle fois. Et une fois de plus, des larmes apparaissent et coulent par dizaines sur mon visage.
Ça ne m'est pas arrivé depuis … depuis la mort de Franck. Et paf, son visage s'imprime dans mes pensées et remplace toute autre chose. Je me souviens de notre rencontre au royaume de l'absurde. Je me souviens de sa drague, de la soirée passée sous les étoiles, de la fois où juste après avoir mangé mon logia je suis tombé dans la rivière. Je me souviens qu'il a sauté dans la flotte pour me sauver la vie. Je me souviens quand j'ai reçu ma mission me faisant quitter l'île, d'avoir hésité comme jamais. Je voulais partir et accomplir mes missions de lieutenant-colonel. Mais je voulais encore plus rester sur l'île, rester avec lui. Je me souviens du temps passé ensemble. Je me souviens de ma lâcheté quand je ne voulais pas que le monde apprenne que je préférai les hommes. Je me souviens du coup de rage que j'ai eu en plein milieu du QG quand un soldat a fait une remarque de trop. Je me souviens des mots que j'ai crié. Je me souviens d'avoir embrassé Franck devant tout le monde. Je me souviens du silence gênant qui a suivit. Je me souviens m'être enfuit dans les bois pour avoir la paix, qu'il m'a trouvé, et m'a dit que lui aussi ressentait quelque chose pour moi. Je me souviens du choix que j'ai eu à faire. Je me souviens du coup de fil d'un révo qui m'a empêché d'être attrapé par le CP pour haute trahison. Je me souviens du discours que j'ai fait qui expliquait ma vision des choses et pourquoi je quittais la marine pour rejoindre la révolution. Je me souviens avoir fuit. Je me souviens avoir été rattrapé par Franck.
Je me souviens de la confusion qui régnait en moi. Je voulais partir, ne pas finir en prison. Mais je ne voulais pas le laisser seul. Je me souviens avoir fui dans la forêt, être allé dans l'endroit qui me coupait de tout. Je me souviens qu'il est parvenu à me trouver, qu'on a discuter. Je me souviens qu'il a posé un genou sur le sol. Je me souviens des mots qu'il a dit. Je me souviens du vulgaire écrou qu'il m'a passé au doigt, faute d'avoir trouvé une bague dans les minutes imparties. Je me souviens de son choix de quitter la marine et de m'accompagner malgré que sa vie soit ici. Je me souviens qu'il m'a dit que sa vie, désormais, c'était moi. Je me souviens de nos aventures dans la révolution. Je me souviens d'une main traversant son torse de part en part. Je me souviens qu'il a été incapable de finir sa phrase. Je me souviens qu'il est mort dans mes bras, devant mes yeux. Je me souviens du sentiment d'impuissance. Je me souviens avoir perde une part de moi ce jour là, encore. Je revis la scène et mes pleurs redoublent d'intensité.
Je me souviens, pour la seconde fois de ma vie, avoir tout abandonné, m'être refermé sur moi même. Je me souviens m'être éteint de l'intérieur. Je me souviens lui avoir laissé le contrôle de mon corps, pour la seconde fois. Je me souviens de la vengeance qui a subit dans les minutes suivantes. Je me souviens avoir tué les pirates de la WWC, puis le contre-amiral. Je me souviens de ne rien avoir ressenti. Puis d'avoir ressenti autre chose. Enfin, c'est pas moi, mais c'est lui qui a ressenti. C'est lui qui dirigeait mon corps, notre corps. Enfin, lui, elle, c'est la même chose. Un éclair traverse mon esprit. Et si c'était elle, une fois de plus, qui me joue un tour ? Putain de maladie de merde. Saloperie de bipolarité. Je me souviens de ma discussion avec le docteur Amsterdam, sur Drum. Je me souviens de ce qu'il m'a dit. J'avais promis de prendre mes médicaments. Mais comme on ne les trouve pas partout, j'ai du improviser. J'ai alors fait pousser des plantes qui contenaient les éléments nécessaire pour normaliser la chimie de mon cerveau et me rendre moins … bipolaire. Puis il en a eu marre, a détruit les plantes et a décidé de ne plus prendre quoi que ce soit. Parce que les effets secondaires sont trop forts. Youpi, on avait un cerveau équilibré chimiquement.
Le mauvais côté, c'est qu'on ne vivait plus, on était plus nous. On était l'ombre de qui nous étions. Seuls qui qui ont ça peuvent comprendre ce que ces mots signifient. Pour les autres, ce ne sont que des mots. Mais pour nous, c'est la différence entre vivre et … survivre. Et on a en a tous eu marre de devoir survivre. On a voulu vivre. Il a voulu vivre. J'ai voulu vivre. On a tous voulu vivre. Alors aux grands maux et circonstance exceptionnelle, les grands remèdes. On a tout dégagé. On était tous unis. C'était la première fois depuis … toujours. On a tous pensé la même chose. On a tous voulu la même chose. Je me suis pris a espéré qu'il fasse les choses bien. J'avais tord, je reconnais mon erreur. Mais je vois toujours le meilleur en chacun, jamais le pire. Pourtant il représente le pire. Le pire de moi. Le pire de l'Humanité. Il ne recule devant rien. Rien ne lui fait peur. J'aurais du essayé de l'arrêté. Mais en même temps, on a jamais autant fait de truc pour nous que depuis qu'il nous dirige. On a monté notre armée, on a conquis une île, on s'est trouvé des soutiens, on a navigué jusque dans le Nouveau Monde, on s'est fait connaître et craindre jusqu'à aujourd'hui être une légende dans le monde entier. On a affronté la marine, la révolution, des chasseurs de prime, des pirates, et on a survécu. On est toujours là pour en discuter. Alors est-ce que ça équilibre les choses ? Est-ce que ça contre-balance toutes mes morts, tous les massacres, toute la barbarie ? Oui, sinon j'aurais tenté de reprendre le contrôle depuis longtemps.
J'ai finis par accepter que je n'étais pas la seule personnalité de notre corps. J'ai accepté qu'on était plusieurs, tous différents. J'ai accepté de le laisser aux commandes. J'ai accepté les conséquences. Et jusqu'à présent, ça vaut le coup. Mais parfois, j'avoue que j'aimerais bien redevenir le rêveur que j'étais. Hélas, un pirate ne rêve pas, il agit. On s'est placé dans le marathon pour devenir empereur. On est en ligne. On agit en ce sens. C'est la première fois que je fais les choses pour moi et non pour quelqu'un d'autre. C'est la première fois que je prends autant de temps à m'occuper de moi sans penser à ce que les autres peuvent bien penser, ressentir, vivre … Et ça fait du bien. Parce que c'est ça, vivre. Faire les choses pour soi, les faire à ça façon. Alors oui on tue. Oui on massacre. Oui on terrorise. Mais on le fait pour nous. Et moi je dis que ça vaut le coup de le laisser diriger. Pourtant, depuis peu, un truc se passe en nous. Comme si … on disparaissait tous un peu pour devenir une nouvelle entité. Ça fait bizarre. On ne peut pas le décrire. On ne sait pas ce qui adviendra. On ne peut qu'espérer pendant qu'il agit.
Oui, je me souviens de tout, je vois tout, je sens tout, je revis tout. C'est ma torture quotidienne. Sauf que là, c'est puissance un million. J'arrive à ne rien ressentir, à bloquer mes émotions tous les jours. Mais là, tout ce qui a été refoulé débarque en force. Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi ce jour précis ? Parce que ça fait depuis le premier janvier que j'ai arrêté de prendre mes pilules ? Parce qu'on est sur le point de faire un truc énorme ? Parce qu'on touche du doigt notre rêve ? Non. Simplement parce que. Parce que c'est un putain de mauvais côté de la maladie. Je ne me contrôle pas comme les gens 'ordinaires'. Et tant mieux dans un sens, parce que les gens ordinaires sont barbants, chiants, inintéressants … Moi, je suis exceptionnel. Je suis destiné à faire de grandes choses. Non par ma lignée, non par mon héritage, non par mes terres, non par mes droits de naissance. Mais parce que je le désire. Parce que je le VEUX. Je suis quelqu'un de cupide, d'avide de pouvoir et d'argent, d'avare, d'intéressé. Chaque mouvement que je fais n'est pas planifié à l'avance, mais est fait dans un but, me rapprocher du trône d'empereur pirate. Mais pas juste devenir un quelconque empereur, non. Devenir l'empereur des empereurs. Oui, j'ai de l'ambition. On s'est foutu de moi quand je disais vouloir devenir amiral en chef de la marine. J'ai gravis les échelons, j'ai fait fermer leur gueule à mes détracteurs quand je suis devenu un officier supérieur, même si ça n'a duré que quelques semaines.
Alors allez tous vous faire foutre. Allez vous faire foutre mais bien comme il faut. Vos opinion, je m'en fou. Prenez les, et bourrez-vous le fion avec. Je suis Clotho. Je suis moi. Je n'ai pas besoin de plus. Je vis pour moi. Je ne veux pas plus. Je n'ai pas besoin de plus. Oui, vous devez pas comprendre grand chose. Un coup je dis vouloir devenir Dieu, puis la seconde d'après, je dis que je ne veux rien. Un inconvénient de la maladie, on est pas forcément cohérent. Enfin, pas pour le monde. Moi je me comprends, et c'est tout ce qu'il me faut. Je sais ce que je veux, et je sais comment l'obtenir. Alors dégagez de ma vue. Dégagez d'ici. Dégagez de ma vie. Dégagez ou mourrez, le choix est simple. L'adaptation est le secret de la survie et de la vie. Je m'adapte à tout et tout le monde. Je joue selon les règles qui ont été établies il y a bien longtemps. Et j'ai oublié un truc sur le chemin que j'ai emprunté. Au diable les règles. Au diable les formes d'antan. Je veux jouer avec mes règles. Je ne veux pas gagner la partie d'échecs, je veux renverser ce putain d'échiquier. Je VAIS briser les règles. Pourquoi ? Parce que je suis moi. Voilà ce qu'il me fallait. Je devais me souvenir de pourquoi et comment. Et surtout, de pour quoi. Le but, la conséquence, l'objectif. D'un seul coup, mon corps réagit. Pour la première fois depuis de trèèèèèèèèèèèèès longues minutes. Ma main glisse le long de mon visage et essuie les larmes. Je me lève. Je ne m'habille pas et sors de ma cabine juste en caleçon. Je monte les marches. Le bruit de mes pas résonne dans tous le bateaux. Ils sont lourdes, comme si je traînais un boulet. Et le fait est que oui, je traîne un boulet, métaphoriquement parlant. Je traîne le poids du jeu. J'arrive sur le pont supérieur.
« Et bah putain t'en a mis du temps l'trou duc. » Je lève ma tête et regarde celui qui m'apostrophe. Un regard vide, sans animosité, sans âme, sans expression, sans émotion. « Tu te fou de moi ou quoi ? On devait parler ya des heures. Et toi tu te pointes maintenant, en calebut. Tu me manques de respect !
Les dieux n'ont pas à respecter les cafards.
Les caf … Les cafards ? Non mais tu te prends pour qui ?! »
Il envoie son poing vers moi. Aucun autre homme ne bouge sur le bateau. Mon haki me fait esquiver le coup facilement. Mon interlocuteur n'est pas connu pour être puissant, mais pour avoir une flotte et des alliés. Moi je suis connu pour ne pas avoir d'alliés, mais être puissant. Il est temps de lui apprendre la différence. Un soru et je suis juste devant lui. Mon bras transformé en pic s'enfonce dans son épaule gauche et le fait le soulever du sol.
« Tu fais quoi ?! T'as besoin de moi. T'as besoin de ma flotte. T'as besoin de cette alliance.
Non. La seule chose dont j'ai besoin, c'est moi. Puis mes hommes. Sans ta flotte, sans tes alliés, tu n'es rien. Et pourtant, tu n'as toujours pas compris où réside la vraie force. Elle vient de dedans, pas de dehors.
Qu'est-ce que tu racontes ?! Lâche moi où ça va mal se finir pour toi.
Rassures toi, tu ne vas pas mourir. Pas maintenant en tout cas. Parce que j'ai changé d'avis. Je n'ai pas besoin de toi. Je n'ai pas besoin de ta flotte ou de tes alliés. J'ai besoin d'hommes qui me suivent parce qu'ils croient en moi. Pas parce que je suis un prétendant à un trône vide. Pas parce que j'ai une armée, une flotte, des îles ou des alliés. Tu ne m'apportes que du vent. Tu sembles oublier que je suis la terre. La mer ne m'intéresse pas. Alors repars sur tes navires, et choisis bien tes prochaines actions. Je ne te déclare pas la guerre. Pas encore du moins. Mais si tu me cherches, tu découvriras que l'enfer a plein de places disponible et qu'il n'attend que de nouveaux occupants. Je sais désormais qui je suis, et qui je veux être. Tu ne m'apportes rien qui me garde sur ce chemin. Tu n'as donc rien qui m'intéresse. Ramenez le sur son bateau. Faîtes le disparaître de ma vue.
Tu vas le regretter Clotho ! Je le jure sur les quinze dieux de mon père et les huit démons de ma mère ! Tu vas t'en mordre les doigts.
Soit. Ramène tes dieux, ramène tes démons, je me ferais une joie de les tuer devant tes yeux. »
Comme demandé, cinq de mes marins ramènent mon interlocuteur sur son bateau dans une barque. Je lui ai laissé le choix pour vivre. Va-t-il le saisir ou préférera-t-il venger son orgueil que j'ai bafoué ? On va vite le savoir.
« Ça à l'air d'aller mieux on dirait.
T'as l'air changé capitaine.
J'ai changé. Je suis changé. C'est comme si j'ouvrais enfin les yeux pour voir le monde avec un nouvel œil.
Ouais, bah ouvre le bon parce que tes provocations nous ont foutu dans la merde. S'il décide d'attaquer, ça va être dur pour nous. T'as vu la taille de ses bateaux. T'as vu la taille de ses canons.
Et toi, tu as vu ?
Vu quoi ?
Notre armée. Je pensais ce que j'ai dit. Je veux une armée qui me suis pour qui je suis, pas pour ce que je fais. Une armée qui me craint n'est pas mon but. Ce sont les autres armées qui doivent me craindre. Je veux des hommes qui croient en moi.
Et on est quoi nous ? T'as oublié qu'on te suis depuis Rokade ? Tu sais qu'on s'est coltiné Armada pour tes beaux yeux.
Je le sais. Et c'est pour ça que je vais vous remercier avec une surprise qui va vous plaire.
Capitaine ! »
La vigie hurle pour qu'on l'entende tous. Il nous prévient que la flotte s'éloigne de nous. Ses conseillers lui ont sûrement dit qu'ils avaient l'avantage et pourraient nous couler en moins de cinq minutes. Mais ils lui ont aussi sûrement dit que je ne suis pas à prendre à la légère, et que dans l'équation de leur victoire, je suis la seule inconnue. Celle qui peut tout faire basculer d'un côté comme de l'autre. Ils ont du lui rappeler qui je suis et ce qu'ils risquent en cas de défaite. Ils ont du lui rappeler qu'en partant, qu'en restant en vie, il pourrait accroître sa flotte et se venger plus tard, quand les chances de victoires seront plus élevées. Parce que certes leurs chances étaient d'environ 95%. Mais cinq pourcents contre eux, quand je suis ces cinq pourcents, ça change tout. Ces cinq petits pourcents avoisinent les cinquante. Et cinquante pourcents de chance de victoire, c'est clairement pas assez. Sa vie et son armada vaut plus.
« Les gars. Merci de croire en moi. Merci d'être avec moi. J'suis pas le meilleur capitaine des mers.
C'est clair.
J'suis pas le plus puissant.
Idem.
J'suis pas le seul avec pour but de devenir empereur.
Tu parles d'une nouvelle.
Mais j'suis le seul qui vous emmènera au bout du monde. J'suis le seul qui se battra pour vous. J'suis le seul qui remuera ciel et terre pour vous. J'suis celui qui croit en chacun de vous, bande de chiasses. J'suis ce*/
Celui qui ouvre un peu trop sa gueule et parle beaucoup trop. Tournée générale de la part du capitaine les gars ! Ça lui apprendra à moins parler. »
Mack me coupe la parole à chaque fois. Il me force la main. Je devrais le tuer pour montrer l'exemple. Mais non. Mack me pousse à devenir meilleur. Il sait qui je peux devenir et fait tout pour que j'y arrive. Mack est mon second. Mack est ma vie. Mon équipage est ma vie. Et malheur à ceux qui tenteront de me les voler. Je suis Clotho, fier pirate, et futur empereur. Et toi, petite merde, qui es-tu ?