Aye. Mal de crâne. Gueule de bois puissance douze. Muscles courbaturés et tripes nauséeuses. Je connais mon métier, je tombe pas comme une feuille après trois verres piteusement remplis. Pourquoi j'ai la tête comme un pot ? Merde. Ils m'ont drogué, les p'tis malins.Trop concentré que j'étais à surveiller la donzelle. Tu t'es fait rouler comme un bleu, Rik. Pourquoi tu n'as jamais su refuser un verre gracieusement offert par le premier alcoolo du coin ? On m'y reprendra à m'occuper d'autres miches que les miennes. Espèce d'altruiste contrarié. Ça t'a jamais réussi d'aider ton prochain. Et ça a rarement profité à ton prochain. Alors pourquoi tu continues ? Vieux con. Et avant de plonger dans un vain débat sur la moralité entre l'ange et le diablotin... t'es où d'abord ?
C'est sombre. Ça caille. Ça suinte l'humidité et la pierre froide. On peut deviner le sol ridé par les intempéries. Le bois miteux, les courants d'air qui s'insinuent discrètement, presque imperceptibles. C'est une cave, ou quelque chose du genre. Ça pourrait même être le sous-sol du rade où tu avais pris tes aises. L'escarcelle. Tss... Mais qu'est-ce que tu fous là ?
Encore à t'occuper des histoires des autres parce que tu n'en veux pas à toi. Incorrigible carcasse fatiguée. Oiseau de nuit rouillé. T'as pas été long à convaincre quand on t'a vendu l'affaire comme on essaye de te refiler un élixir miraculeux qui soigne les vergetures et autres saloperies. T'attendais que ça. Tout ça pour ? Te v'là saucissonné comme une victime en devenir. Toi, le mec qui a sillonné Grand Line, défié les plus grands aux cartes et même joué son modeste rôle dans l'insatiable histoire de ce monde. C'est à croire que tu n'inspires aucune crainte. Pas même un tressaillement. Tu es une anti-aura totale. Le grand zéro. 'chiottes, ils t'ont même chouré ton blazer. Et le froid commence à te mordiller les avant-bras, t'as perdu l'habitude de te trimballer manches remontées. Y'a des gestes impardonnables, même vis à vis des gens comme toi.
Au diable tout ça. Y'avait un but à ta présence, s'agirait pas de l'oublier. Des victimes, des criminels. Une cagnotte à la clef. Mais de quelle nature ? Aura t-elle la chance de te plaire, toi qui te fous de tout ? Toujours à rechercher l'ombre parce qu'elle est la seule à te supporter, à accepter tes caprices. Faut se relever pour le découvrir. Même tapi dans les bras de la nuit, quand tu aspires aux songes lourds et aux verres silencieux, tu déniches toujours une partie à rejoindre. C'est plus fort que toi. Pour tuer le temps, l'ennui, peut-être. Par bonté refoulée, éventuellement. Faudra en débattre un soir. Ça a jamais été ton fort, l'introspection. N'en reste pas moins que tu as un rôle à jouer jusqu'au bout, et que ton absence fait tâche dans la manche qui bat sûrement son plein quelque part pas loin d'ici. Lève-toi, vieux machin imbibé, tu as pas moins de vingt et un verres de rhum à tuer avant de t'écrouler ce soir et j'admettrai pas que tu flanches avant. Faut sortir d'ici.
Les mains pianotent le long des pierres rondes ou anguleuses. En quête d'un angle saillant. Flotch. Je viens de plonger les grolles dans une flaque embusquée. Mes chaussettes sont trempées. Double merde. Mais mon majeur flirte avec un tranchant qui m'aguiche suffisamment pour tenter ma chance en m'y frottant. Du nerf, vieille carne. Fléchis les genoux. Et remonte. Fais jouer la corde contre le caillou.
Ça marche. Une tresse saute. Une autre. Plus qu'une dernière. Mes articulations sont dépassées. Si ça foire, on va me retrouver en pièces détachées. C'est ça, quarante-cinq ans ? Merde, j'ai pas hâte d'atteindre les cinquante. Han. Victoire. La corde cède. Se trémousser un coup, un tour de hanche chaloupé digne d'une métis qui sent bon la vanille et le sel marin. Mais j'ai pas de collier de fleurs. Arf, soif. Rhum.
Je suis libre.
Du bruit, au dessus. Du chahut. Un foutu ramdam même.
Pas le temps de remettre à sa place tout ce qui devrait y retourner. J'ai une épaule qui boite et trois chevilles qui grincent. Bordel. Trouver la porte. Trouver mon blazer. Et tant que j'y suis... trouver un sens à toute cette histoire.
C'est sombre. Ça caille. Ça suinte l'humidité et la pierre froide. On peut deviner le sol ridé par les intempéries. Le bois miteux, les courants d'air qui s'insinuent discrètement, presque imperceptibles. C'est une cave, ou quelque chose du genre. Ça pourrait même être le sous-sol du rade où tu avais pris tes aises. L'escarcelle. Tss... Mais qu'est-ce que tu fous là ?
Encore à t'occuper des histoires des autres parce que tu n'en veux pas à toi. Incorrigible carcasse fatiguée. Oiseau de nuit rouillé. T'as pas été long à convaincre quand on t'a vendu l'affaire comme on essaye de te refiler un élixir miraculeux qui soigne les vergetures et autres saloperies. T'attendais que ça. Tout ça pour ? Te v'là saucissonné comme une victime en devenir. Toi, le mec qui a sillonné Grand Line, défié les plus grands aux cartes et même joué son modeste rôle dans l'insatiable histoire de ce monde. C'est à croire que tu n'inspires aucune crainte. Pas même un tressaillement. Tu es une anti-aura totale. Le grand zéro. 'chiottes, ils t'ont même chouré ton blazer. Et le froid commence à te mordiller les avant-bras, t'as perdu l'habitude de te trimballer manches remontées. Y'a des gestes impardonnables, même vis à vis des gens comme toi.
Au diable tout ça. Y'avait un but à ta présence, s'agirait pas de l'oublier. Des victimes, des criminels. Une cagnotte à la clef. Mais de quelle nature ? Aura t-elle la chance de te plaire, toi qui te fous de tout ? Toujours à rechercher l'ombre parce qu'elle est la seule à te supporter, à accepter tes caprices. Faut se relever pour le découvrir. Même tapi dans les bras de la nuit, quand tu aspires aux songes lourds et aux verres silencieux, tu déniches toujours une partie à rejoindre. C'est plus fort que toi. Pour tuer le temps, l'ennui, peut-être. Par bonté refoulée, éventuellement. Faudra en débattre un soir. Ça a jamais été ton fort, l'introspection. N'en reste pas moins que tu as un rôle à jouer jusqu'au bout, et que ton absence fait tâche dans la manche qui bat sûrement son plein quelque part pas loin d'ici. Lève-toi, vieux machin imbibé, tu as pas moins de vingt et un verres de rhum à tuer avant de t'écrouler ce soir et j'admettrai pas que tu flanches avant. Faut sortir d'ici.
Les mains pianotent le long des pierres rondes ou anguleuses. En quête d'un angle saillant. Flotch. Je viens de plonger les grolles dans une flaque embusquée. Mes chaussettes sont trempées. Double merde. Mais mon majeur flirte avec un tranchant qui m'aguiche suffisamment pour tenter ma chance en m'y frottant. Du nerf, vieille carne. Fléchis les genoux. Et remonte. Fais jouer la corde contre le caillou.
Ça marche. Une tresse saute. Une autre. Plus qu'une dernière. Mes articulations sont dépassées. Si ça foire, on va me retrouver en pièces détachées. C'est ça, quarante-cinq ans ? Merde, j'ai pas hâte d'atteindre les cinquante. Han. Victoire. La corde cède. Se trémousser un coup, un tour de hanche chaloupé digne d'une métis qui sent bon la vanille et le sel marin. Mais j'ai pas de collier de fleurs. Arf, soif. Rhum.
Je suis libre.
Du bruit, au dessus. Du chahut. Un foutu ramdam même.
Pas le temps de remettre à sa place tout ce qui devrait y retourner. J'ai une épaule qui boite et trois chevilles qui grincent. Bordel. Trouver la porte. Trouver mon blazer. Et tant que j'y suis... trouver un sens à toute cette histoire.
Dernière édition par Rik Achilia le Mer 14 Fév 2018 - 13:38, édité 1 fois