Je laisse Ethan s'avancer dans l'allée et profitant que personne ne regarde pour monter des les cimes. J'avance rapidement alternant one step by hound et geppou pour me déplacer discrètement. J'ai une vue d'ensemble sur le complexe et au fond, probablement la villa du boss. D'ici, je vois pas grand chose de suspect, les travailleurs suivent leur routine fabriquant quelques navires. Si ce n'est un hangar, il semblerait que tout le complexe soit utilisé. Ensuite, j'y connais pas grand chose, des charpentiers qui font des allés retours entre des chantiers et des hangars et des dockers qui déplacent des marchandises. Rien d'illégal, même si une visite guidée au sein du complexe pourrait être pas mal, je glisse l'idée à Ethan à l'aide de notre mini mushi. Je ne perd pas trop mon temps et devance l'arrivée d'Ethan au manoir. Je me pose sur le toit et m'adosse à la cheminée pour ne pas être trop visible. Même si je dois bien avouer que je n'ai pas vu beaucoup de gros bras. Il ne cherche pas à étaler sa puissance, c'est déjà ça. Dommage que je ne possède pas les faculté de Salem, mais tant pis.
Je crée une ouverture dans une brique à l'aide d'une dague avant de coller mon oreille au trou nouvellement formé et d'amplifier mon ouïe. Un tour bien utile que j'avais développé il y a quelques années. Je met quelques secondes à m'habituer aux sons et à les différencier. J’entends deux hommes parler distinctement, une pièce avec une cheminée. Je perçois aussi, plusieurs autres voix, à priori, le lieu est assez vide. Un vieil homme qui s'entretient de comptabilité avec un plus jeune et des cancans de service. Après quelques minutes, Ethan se présente, la réponse arrive peu après.
Le majordome parle, le jeune part et le vieux répond.
-Ragglefield junior ? Ce vieux renard ne m'a jamais parlé d'un envoyé.-Selon nos indicateurs, l'homme est arrivé avec un navire de la marine ce matin.
-Je vois.-Dois je appeler monsieur Caravel ?
-Pas encore, je suis curieux de ce qu'il me veut... faites le entrer.Ethan pénètre dans la pièce, j'espère qu'il parviendra à y glisser un mouchard. Les négociations ne semblent pas aller très bien, même si je remarque que le ton de Marsh varie très peu. Malgré quelques fluctuations, il retourne toujours à un voix très calme, presque douce. Dans la pièce d’à coté, le majordome et le jeune s’entretiennent sur les motivations d'Ethan. Marsh rejoint pendant quelques secondes pour demander une bouteille de vin. Néanmoins, peu après, le majordome semble contacter quelqu'un, mais j'ai du mal à percevoir de quoi il parle. Soit Ethan est grillé soit c'est sans lien. Mon ouïe commence à faiblir et j'ai suffisamment écouté pour avoir une idée relativement précise de ce qui vit dans le manoir.
Je force la lucarne du grenier et m'infiltre dans le bâtiment avant de la refermer précautionneusement. Je fais quelque pas sur un vieux parquet qui aurait craqué sans le One step et attends quelques secondes pour m'habituer à l'obscurité. Dans cette pièce rien qui ne sorte de l'ordinaire, à première vue, c'est un débarras quelconque. Je décide d'attendre quelques minutes le temps de récupérer mes sens pour continuer à écouter.
*
* *
Au même moment, les membres de l'équipage se sont répandu dans la ville, déguisé en civil. Ils s'installent dans les bar, les restaurants, les rues et tendent l'oreille. L'un d'eux a plus de chance que les autres. Steve Baker, marin d'élite sans histoire est accoudé au comptoir d'un bar médiocre. Il commande un bourbon et deux personnes rentrent, des gorilles. Visiblement, le barman n'est pas à l'aise.
-Il est temps de payer la créance.
-Donnez moi un mois, s'il vous plait !
-Le patron est magnanime, tu fermes ton bar et tu nous suis.
-Mais je n'ai pas de...
-Si tu ne sais pas payer, tu vas travailler, c'est simple... mais si tu préfères le boss ne dira pas non à quelques nuits avec ta fille...
-Je vous suit.
Le plus aimable des deux pitbull se rapproche du marin.
-Veuillez m'excuser pour cet incident, je vous conseille « la corne noire », il s'agit d'un débit de boisson plus convenable que ce lieu. Voici un petit quelque chose pour y couvrir vos dépenses, sur ce je vous souhaite une bonne fin de soirée.
Steve est amicalement amené dehors et on lui donne même les directions. C'est ainsi que la famille opère avec calme et délicatesse. Toutes vagues est évitée et des grosses sommes sont utilisées pour sceller les langues. Steve fait semblant d'obtempérer avant de revenir sur ses pas, il attrape un chapeau de paille qui traine sur un appui de fenêtre, glisse sa veste dans les fondations d'une maison. Son apparence changée, il emboite le pas des molosses et du pauvre tenancier. Ils sont loin, mais la filature est l'une des nombreuses compétence que l'on apprend au sein des swifts. Le soleil se couche peu à peu et il s'approche de plus en plus du trio pour ne pas les perdre. Ils finissent par arriver devant une maison proche de l'entrée du domaine Marsh, le tenancier n'en sort pas, contrairement aux sbires.
Une personne lui touche l'épaule, il tente de rester calme, il se retourne. C'est un petit vieux, il regarde autour de lui, il n'est pas rassuré.
-Je ne sais pas qui vous êtes, mais partez, vous ne pouvez pas sauver mon fils. Ne prenez aucun risque. Ne posez aucune question non plus, sinon il vous retrouveront. Repartez d'où vous venez.
Steve hésite quelques instants, il est sans doute compromis, mais il se doute qu'il y a quelque chose de pas net dans l'air. Sa main se glisse sur la crosse de son arme et se dirige vers le bar où se trouve l'un de ses officiers, malgré ses sens aux aguets, il ne remarque pas l'homme qui le file.