Behind Green Eyes

Je t'aime à m'en couper le souffle, ma respiration exiguë flirte avec La Mort. Je peux l'apercevoir par moment derrière ses grands rideaux carmins. Elle chante une symphonie mélodramatique. Dans ces draps satinés, je me réfugie et questionne Le Monde. Qu'ai-je ? A reconstruire la vie dont nous avons imaginé à deux. Te souviens-tu seulement de nos rires enfantins ? Et cette main te serrant fort contre hanche et poitrine dans un dernier regard. J'ai traversé l'océan pour te revoir ! ...


La plume se brise.

- Reposez-vous demoiselle Amnis.

- SINON QUOI ! Crie la belle tout en le fusillant du regard...

- Vous êtes assise sur cette chaise depuis bien trop longtemps, vous écrivez à vous en faire saigner la main, veuillez vous reposer, je vous prie.

- MES PRIÈRES ! VA TE !

Impossible de résonner la jeune femme dans sa tâche. Se tient auprès d'elle, le jeune Idir Souman, agent dormant du Cipher Pol 2, travaille pour le compte de l'Agent Delta, Alias Mister Blue. Il a été le second du Capitaine marchand Emrys Pasca avant de tout plaquer pour un ordre de mission. Celui de sauver Amnis. Mais ce n'est pas pour cela... Le gouvernement se moque d'une simple civile. C'est que notre protagoniste détient à la fois ''Le Monde'' et ''La Mort'' ou détenait...  


Elle est à bout, notre bibliothécaire en herbe ne s'est pas reposée depuis la traversée vers La Nouvelle Ohara. A quelques mètres de sa tendre Lili... Et maintenant ? Où est-elle ? Elle se fiche d'être dans une maison bien aménagée au frais de l'Agence.

S'en contre-fiche !

De tout !

De ce cirque !

Sa raison de vivre l'attend, mais elle ne peut la voir.




Elle ressasse le moindre souvenir de cette traversée vers la Nouvelle Ohara. A cran, elle repose la plume brisée sur le bureau de marbre. Amnis s'est pensée à l'abri des regards, du danger. Elle a épousé le bruit des vagues contre la coque pendant que les rouages du mal ont commencé à la ronger. Semblable à la rouille d'un sabre, trop longtemps dans son fourreau. Le regard vitreux, se remémorant la fin d'une histoire.

- Je m'inquiète pour vous, demoiselle Amnis.
- OUAIS OUAIS, CAUSE TOUJOURS !
- Tout va bien.

Pourquoi un tel acharnement verbal. Quelles ténèbres se cachent au fond de cet être à la réputation innocente. La candeur se rebelle ? La douceur s'est évanouie laissant place à une rage incomprise. La couleur violette de ses mots vire au noir. La pleine lune brille en plein jour mais le changement est inhabituel. Une éclipse ?

Oui, les deux astres se rejoignent peu à peu pendant la courte conversation entre notre protagoniste et Idir. La pénombre surgit dans les ruelles et annonce un mauvais présage.

La jeune femme s'effondre au sol, très vite rattrapée par l'agent Souman. Déposée délicatement au lit, la laissant se reposer après tout ce remue-ménage. Il quitte la pièce, le lieu et s'attarde sur le ciel azur, cumulus et beau temps. Le soleil illumine sa chevelure ébouriffée. Il a cru pendant quelques instants que la journée s'est éteinte trop tôt.






Elle se réveille brusquement avec la sainte impression du cauchemars. Son visage suinte et les draps s'imprègnent de la sueur. Aucune autre âme vivante se trouve dans la pièce aux murs gris d'un pâle luminescent. Seule dans le désespoir, son courage l'a bien abandonné dans les eaux usées de la Nouvelle Ohara. L'aigreur est toujours présente et la chaleur naissante n'a joué aucun rôle. Le masque en cire fond sur l'étagère et Idir a disparu.

Il est parti.

Tout le monde finit par m'abandonner.

C'est entre toi et moi. L'histoire que nous créons à cet instant fera écho sur plusieurs couleurs. Je te le promets que tu repentiras ta colère à travers la damnation de mon récit. Je suis le narrateur, celui qui fait de toi, une perle vivante.

Je n'ai plus raison d'exister.

Je te connais par cœur. A l'intérieur, tu brûles d'un sentiment encore inexploré par ta plume brisée. Au premier acte, tu as joué les martyres dans une pièce de théâtre orchestrée. Par qui ? Le destin ? Tu crois à ces sornettes ?

Je ne crois pas en ma destinée

Tu te lèves, la tête pleine de tracas. Tu avances et fais quelques pas sans intérêts à nos yeux, rapidement, tu enclenches la poignée vers la salle d'eau. Ta musculature, aussi fragile que tu penses, manque de briser le lavabo. Le miroir reste intacte, ton regard n'a pas la puissance des Dieux. L'acte suivant se déroulera en cinq parties. Nous jouons la première devant la glace.

Il est temps de regarder au fond de tes yeux verts et y voir la vraie couleur.
N'est-ce pas Violette ?