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Un moment de calme

Depuis sa réouverture, la Rainbow House avait bien changé. L'entrée autrefois sobre, mais terne, était dorénavant un lounge classieux avec sofa, divans et sièges confortables sous une lumière à la fois discrète et colorée.  Un bar était installé près de l'entrée alors qu'une estrade au centre de la pièce permettait aux filles, libres de tout clients, de se montrer à leur avantage.

Ancienne employée de l'établissement, Clara se surprit même à penser que l'endroit était devenu un bel environnement de travail. Elle était occupée depuis plusieurs jours à chercher un local permettant l'installation définitive du Sein-Ducat en compagnie de Julia Carmin. Cette dernière s'étant montrée trop directive à son gout, elle avait décide de la laisser en plan et de passer son après-midi à faire quelque chose de plus sympathique.

Et elle apercevait justement la tignasse cendrée de son syndicaliste préféré. Une bien meilleure compagnie même si quelque peu excentrique. Elle rit en cape en s'apprêtant à le surprendre.

*
***
*

Sunbae était assis sur l'un des divans de l'espace central, des papiers posés devant lui et le regard fixé sur les courbes charnues d'une prostituée actuellement sur la scène. Sa tête bougeait aux rythme du déhanché de la jeune femme alors que son esprit n'arrivait à rien si ce n'est tourner à vide. Il était censé travailler stratégie, étudier les différents chiffres fournis par les bordels, les comparer aux anciennes comptabilités et faire quelques simulations sur les revenus futurs. Mais il n'arrivait à rien.
Il se demanda depuis combien de temps il n'avait pas pris du temps juste pour lui, à ne rien faire ou simplement observer bêtement son environnement en ne s'inquiétant de rien. Après tout, les événements s'étaient enchaînés plutôt rapidement  sans qu'il n'ait vraiment le temps d'y réfléchir et il avait l'impression d'avoir tout donné.

C'est à ce moment qu'une paire de mains se plaqua sur ses yeux. Il sursauta, surprit, et se mordit la langue en laissant échapper un cri atrocement ridicule.

_ GUEWEWEWI!!!
_ Pffft...c'était quoi ça?
S'esclaffa Clara.
_ Oh ça va... je m'y attendais pas.
_ C'est le principe de la surprise en même temps. Alors, occupé à reluquer des culs?
Demanda la jeune femme en s'asseyant à côté du Roona.
_ J'arrivais pas à bosser dans le bureau, j'ai cru qu'un changement d'environnement m'aiderait à m'y remettre.
_ Ici?


La rouquine montra la pièce de manière théatrale, sourcil relevé et léger sourire, histoire de démontrer en un instant son incrédulité devant la pertinence de travailler dans cette ambiance.

_ C'est pas faux, mais y'a personne à cette heure puis ici y'a Marc pour me servir à boire, répondit Sunbae en montrant le verre à côté des papiers puis le bar derrière lui.
_ Un barman? J'aurais cru que Dorian aurait engagé une femme.

Le balafré sourit en repensant à l'anecdote concernant la barmaid engagé par son associé dans la maison close.

_ Il l'avait fait mais certains clients impatients ont commencé à lui demander plus que des verres. Elle a d'abord refusé mais les sommes proposées ont vite augmenté et elle a finalement cédé.
_ Une femme vénale sur Rokade, c'est surprenant...
_ Résultat quand Dorian est revenu, y'avait personne derrière le bar et tous les clients présents s'étaient bourrés la gueule gratos sous l’œil bienveillant des videurs, tout aussi saouls que les autres..
_ J'imagine facilement sa réaction.
_ Il a botté quelques culs et cassé quelques bouches. Une fois tout ce beau monde balancé par la porte il est allé chercher la barmaid et, après une looooonnngue discussion...


Sun' laissa monter le suspense, ravit du timing de la situation, avant de montrer la jeune femme sur laquelle son regard s'était perdu.

_ ...voici Melinda, nouveautée sur la carte de la Rainbow House.
_ Elle est mignonne...elle devrait avoir du succès.
_ Jusqu'à ce qu'elle en ait plus
, laissa échapper laconiquement le Roona en regardant les papiers qu'il n'arrivait même plus à décrypter.

Voyant la diminution de l'humeur de son ami, Clara s'assit en face de lui directement sur les papiers. Sans vraiment savoir ce qu'elle faisait. Il la regarda, ahuri.

_ Qu'est-ce qu... commença-t-il avant qu'elle ne le coupe en lui prenant  le visage entre ses mains.
_ Chut...j'cois savoir pourquoi t'arrives pas à réfléchir.
_ Et quel est ce secret miraculeux dont j'ignore l'existence
, demanda Sunbae d'un ton sarcastique en enlevant les mains de la jeune femme de ses joues.

Pas échaudée par la réaction du balafré, elle profita de l'occasion pour se saisir de ses doigts et l'entraîner à sa suite.

_ Fais-moi confiance et suis moi.

Curieux malgré ses doutes, il accueillit sans réticences l'occasion de passer un peu de temps seul avec la petite rousse.

*
***
*

Assis dans le bureau qu'il avait quitté quelques heures plus tôt, Sunbae attendait Clara, confortablement installé dans le fauteuil de la pièce. Trônant au centre de la pièce, il était assis dos au bureau et face à un miroir de grande taille dans lequel il apparaissait entièrement.

Il croyait comprendre la situation et la jeune femme rentrant avec une bassine d'eau et des ciseaux confirma ses suppositions. Il s'empressa d'évoquer ses doutes quand à l'utilité d'une telle action.

_ Je crois pas que me couper les cheveux m'aidera à travailler.
_ Ah oui? Et comment veux-tu lire correctement avec des mèches de cheveux pleins les yeux?
Demanda-t-elle gaiement en posant son barda sur le bureau.

Elle se positionna face à lui, se baissant pour le regarder dans les yeux, avant de mettre ses mains dans sa tignasse cendrée, dégageant ainsi son front. Elle l'observa un instant.

_ Puis c'est dommage, t'es plutôt mignon... t'essais de cacher ta cicatrice?
_ Pas vraiment. Je l'ai depuis un moment maintenant, ça fait longtemps qu'elle ne me complexe plus.
_ Tu te l'ais fait comment?
Demanda la rousse en continuant de triturer ses cheveux.
_ Avec ça, répondit-il en montrant ses dagues, accrochées sur la porte. La première fois que je m'en suis servis. On m'avait pourtant dit de faire attention. J'ai tenté de changer la trajectoire d'une dague en vol, avec succès au passage, mais elle m'est revenue en plein visage. Et paf! Ca fait une balafre.

Le Roona fut déçu de ne pas voir Clara réagir devant son imitation parfaite du slogan des célèbres céréales Choux Kapik. De délicieuses boules de choux enrobés de miel et d'amandes, tout à la fois caloriques, délicieuses et une merveilleuse introduction à une alimentation équilibrée au travers d'une sucrerie au cœur vert.
Malgré la qualité de son acting, la jeune femme se contenta de lui tourner autour telle une sculpteuse observant son bout de marbre. Après quelques secondes, elle s'assit sur le bureau, posa ses jambes sur les bras du fauteuil que le Roona occupait et posa la bassine d'eau sur ses cuisses. Elle commença ensuite à masser son crâne tout en humidifiant ses cheveux.

L'effet fut immédiat, l'homme était faible face aux massages crâniens, et il se détendit. Ses épaules se relaxèrent, comme le reste de son corps qui s'enfonça alors un peu plus dans le siège.

Pour Sunbae ce moment resta comme un instant singulier où la sérénité se mélangeait à une étrange sensualité.

Après ce qui lui sembla une douce éternité, Clara retira ses doigts délicats de ses cheveux avant d'en faire de même avec la bassine sur ses genoux. Elle se saisit des ciseaux et l'observa par le biais du miroir où leurs regards se croisèrent un instant. Puis la belle attaqua son œuvre et la pièce fut vite emplie du cliquetis des lames s'activant dans la chevelure cendrée du balafré.


Dernière édition par Sunbae Roona le Mar 19 Sep 2017 - 6:07, édité 3 fois
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Le sol de la pièce commençait à se recouvrir de cheveux aux reflets argentés alors que Clara continuait d'agiter ses ciseaux. De temps à autres, son regard croisait celui de Sunbae, inquiet à l'idée de se retrouver avec une chevelure bien trop courte. Malgré cela c'est la jeune femme qui fut la première à reprendre la parole.

_ Dis-moi, les cheveux gris c'est d'origine ou tu t'inquiètes trop?
_ Non, non, c'est de naissance. D'après les moines, lorsque je n'étais qu'un nourrisson ils étaient même carrément blanc. Le frère To m'a dit que c'était la première fois de sa vie qu'il voyait une tignasse translucide. 'fin bon, je suppose que c'est une particularité familiale.
_ T'as aucun souvenir de tes parents du coup...
_ Uniquement des moines d'aussi loin que je me souvienne. J'ai que ça.


Il défit sa ceinture, simple morceau de tissu qui entourait sa taille dès qu'il portait la tenue monacale, et la tendit à la rousse qui arrêta ses ciseaux un instant pour examiner l'étoffe.

_ J'étais enroulé dedans quand on m'a trouvé.
_ Joli tissu
, dit Clara avant de poser le bout de tissu sur le bureau,c'est difficile de t'imaginer dormir là dedans, ou enfant, continua-t-elle en reprenant son oeuvre.
_ Bah, c'est sûr que j'ai changé depuis cette époque. Et si ça peut te rassurer, j'arrive pas non plus à t'imaginer enfant.
_ Dis plutôt que t'en as pas envie...
_ C'est vrai que t'imaginer en petite fille, je trouve ça un peu glauque, puis ça me déconcentre. J'ai pas envie de penser à toi petite quand tu...quand je...enfin quand on...


La conversation s'arrêta quelques secondes durant lesquelles les ciseaux cessèrent leur activité alors que Clara observait le jeune homme de manière suspicieuse.

_ Dis-moi...je suis quand même pas ta première?
_ J'ai peut-être grandi dans un monastère mais j'suis pas un moine
, répondit Sun', légèrement vexé par l'insinuation.
_ Et puis t'as une longue carrière de Don Juan, c'est ça? Lui demanda Clara, sarcastique, en reprenant son travail sur la tignasse grise.
_ J'ai pas dit ça, je dis juste que ça va bientôt faire dix ans que je roule ma bosse sur les mers. J'ai un peu découvert le monde, même si la vie de bohème fauché a rien de charmeur.
_ Je te crois, c'est juste que le sujet a pas l'air de te mettre particulièrement à ton aise.
_ J'ai quand même était éduqué par des religieux, c'est pas vraiment le sujet de conversation le plus courant.
_ Et c'était comment?
_ De?
_ Grandir dans un monastère.
_ Je sais pas, j'ai pas vraiment d'éléments de comparaison. Après c'était plutôt cool. La plupart des moines étaient plutôt sympa, y'avait pleins de gosses avec qui jouer. Je suppose que c'était une enfance plutôt tranquille. Les repas étaient frugales mais constants, les chambres austères mais il y faisait pas froid. J'ai pas l'impression d'avoir été un privilégié mais je suis sûr que si on compare avec quelqu'un naît ici, alors j'ai eu une enfance dorée.
_ Je te le fais pas dire.
_ T'as grandi ici?
_ Élevée à la nourriture importée et à la violence gratuite.
_ Oh...


Voyant son visage désolé dans son reflet, Clara laissa échapper un rire moqueur qui laissa Sunbae dans l'incrédulité.

_ T'inquiètes, mon enfance est pas la pire partie de ma vie. Bien sûr, on m'a proposé d'acheter mon corps avant que j'ai de la poitrine et j'ai vu un homme se faire tabasser à mort avant d'être capable de comprendre la signification de la mort...
_ Ce qui est pas glauque du tout.
_ ...mais c'était plutôt peinard à la maison. Mon père bossait pour un pirate qui avait sa petite réputation sur l'île, du coup on vivait plutôt bien et les gens évitaient de chercher des noises à ma mère quand le paternel mettait les voiles.
_ Qu'est-ce qu'ils font maintenant
, osa demander le Roona.
_ Ma mère travaille dans les plantations de l'île et mon père a fini comme son capitaine.
_ C'est à dire?

La rousse jeta un regard vers le jeune homme qui semblait vouloir dire: je dois vraiment expliciter le funeste destin qui attend nombre de pirates? Devant l'air abruti de celui-ci, elle soupira avant de répondre à sa question.

_ Pendu haut et court par la Marine.
_ Merde...désolé
, dit un Sun' tout penaud.
_ C'est pas grave...c'est juste qu'une fois mon père disparut, la vie fut moins simple pour ma mère et moi et l'une comme l'autre avons du trouver des moyens de remplir le frigo.
_ T'as jamais pensé à partir?
_ Et pour faire quoi? Ma seule véritable compétence est d'avoir été capable de survivre et de savoir me débrouiller. Avant d'être une pute je volais pour me nourrir. Si c'est pour être une criminelle, autant vivre quelque part où ça ne dérange personne. En fait je m'étais jamais soucié du monde dans lequel je vivais...avant de t'entendre parler de ton syndicat. Et puis c'est chez moi ici
, termina laconiquement la jeune femme.

Cherchant un moyen de réchauffer un peu l'ambiance, le Roona se souvint d'une anecdote que lui avait raconté l'un des moines, peu avant qu'il ne quitte son île natale. Il espérait au moins que ça ferait sourire la rousse.

_ Tu sais, à une époque, l'Eglise avait estimé que le monastère se devait d'accueillir des Soeurs, en plus des Frères déjà présents. Les grands manitous pensaient qu'il serait plus sain pour les orphelines de l'île d'être aussi élevées par des femmes, commença-t-il.
_ Et ça a pas marché, s'enquerra une Clara qu'il jugea agréablement intéressée par l'anecdote.
_ Pas vraiment non. Ils voulaient faire ça progressivement et en ont envoyé une seule au début, pour voir ce que ça donnerait. Tout se passait bien avec les enfants et après les premiers rapport, l'Abbé était prêt à envoyer un message à la hiérarchie en mode: "c'est bon, envoyez les suivantes". Il s'est dit qu'il allait prévenir Sœur Alette de sa décision et de la venue prochaine de consœurs. Devine sur quoi il est tombé.
_ Aucune idée, c'était une sataniste?
_ Ca aurait pu être drôle mais non. Il a surpris notre chère Soeur en compagnie de trois moines et sans livres de prières. Ou de vêtements.
_Naaaan...
_ Si, si, j'te jure. Les quatre ont été viré du monastère et plus aucune religieuse n'y a mit les pieds depuis.

Sans les rendre hilare, l'anecdote eu le mérite de détendre l'atmosphère et le silence qui suivit était tout autant bienvenu qu'agréable. La coupe avançait bien et Clara quitta sa position assise pour finir en regardant Sunbae de face.

Une fois de plus, la conversation brisa le silence.

_ Si un jour on m'avait que je me ferais couper les cheveux dans un bordel...
_ T'avais jamais fréquenté de prostituées avant?
_ Nope, la Rainbow House fut mon premier. Et jamais en tant que client du coup...
_ Sauf la centaine que t'as visité ces dernières semaines.
_ C'était professionnel!
_ Comme il était professionnel de me proposer un travail dans ton syndicat.
_ Rooo...ça va, c'est normal, non?
_ D'être jaloux? Oui, un peu. Bouge pas j'ai bientôt fini.
_ C'est bizarre, je crois que c'est la première fois qu'on discute vraiment.
_ C'est vrai que d'habitude on parle pas beaucoup
, commença la jeune femme avant de se rapprocher très près de lui avant de lui susurrer la suite à l'oreille, même si on est rarement muet.

A son grand Dam, Sunbae rougit comme une adolescente à l'évocations de leurs productions à la fois sonores et nocturnes. Mais cette sensation ne dura pas et son esprit fut vite empli par une question qui le tracassait depuis leur première nuit.

Une question qu'il pensait ne devoir pas aborder mais qui l'obsédait.

Il ne résista pas.

Il se saisit de Clara par les hanches et son pouce releva légèrement le haut de la belle, révélant une cicatrice sur son bas-ventre. Il la toucha du pouce alors que la rousse ne bougeait plus, tout aussi anxieuse que lui des mots qui allaient être prononcés.

_ T'as déjà été...tu sais...enfin...t'es pas obligé de répondre...mais je suis curieux et puis...j'sais pas...si tu veux en parler...
_ C'était y'a six ans.

Le silence s'installa dans la pièce. Sunbae n'osait même plus respirer, il s'était aventuré dans un domaine où il n'était plus maître de rien. Et dans lequel il n'avait aucune expertise. Il avait lancé la machine et ne pouvait plus maintenant qu'observer les conséquences de ses actes. Clara, elle, continua de couper quelques mèches de ci, de là, mais ses mains ralentissaient. Jusqu'à ce qu'elles s'arrêtent complètement. Il sentit les doigts de la jeune femme resserraient leur étreinte sur les quelques mèches de cheveux qu'ils tenaient encore.

_ Il est né en hiver, un hiver froid et rigoureux. Rokade n'avait pas encore de cultures et n'étant pas en état de travailler, je ne pouvais subvenir à ses besoins. Il est tombé malade... Elle s'arrêta, comme incapable de continuer.

Elle n'en avait jamais parlé et les mots lui paraissaient alors si lourds de sens. Ils restèrent un long moment coincés dans sa gorge. Quand elle fut capable de les prononcer, ils ne furent qu'un murmure.

_Il n'a tenu que quelques semaines.

Sunbae n'avait cessé de regarder la chair boursouflée sur le ventre de sa compagne et lorsqu'il voulut lever les yeux vers elle, il ne put voir clairement le visage de Clara. Il le devina fermé alors qu'il vit une larme couler sur sa joue et qu'il entendit sa voix se briser. Il se sentit coupable d'avoir abordé le sujet et tout autant impuissant face à situation.

Ils restèrent un long moment ainsi. Elle debout, le visage fermé regardant un quelconque horizon, et lui assis, les mains sur les hanches de la jeune femme et les yeux levés vers elle.

Puis, la jolie rousse donna un dernier coup de ciseaux, se passa la main sur le visage et épousseta le Roona.

_ Voilà, j'ai fini. Je devrais retourner voir Julia. On était censé travailler ensemble.

Elle tourna les talons et ouvrit la porte lorsque le balafré l'attrapa par la main. Elle se retourna et leurs regards se croisèrent. Incapable de trouver les mots de réconfort qu'il aurait voulu lui crier, Sun' espérait que son regard suffirait à lui montrer toute sa compassion.
Clara lui décocha un sourire triste avant de se défaire de l'étreinte de ses doigts et de partir.

Sunbae la regarda quitter l'établissement.

Il se sentit idiot.
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