Trois jours après la descente de la montagne…
21h.
- « Dame Miyuki ne cessera jamais de m’étonner, hahaha ! »
- « Et c’est rien de le dire, mon seigneur ! »
- « N’empêche que vous avez une faculté de guérison très impressionnante, Bith… »
- « Vous trouvez ? »
Shazu se mit à rire de bon cœur, là où je continuais à manger pour ma part vu le banquet qu’il avait organisé en l’honneur de mon courage. Le daimyo d’Arma’Lo avait été averti de ma présence lorsque les hommes du cordon de sécurité m’avaient ramené en piteux état à l’hôpital de la ville. Il avait alors contacté la capitale pour leur annoncer que j’avais été le seul survivant de la bataille contre les barbares et avait été depuis lors harcelé par Miyuki. S’il n’avait pas d’ordres à recevoir de cette femme, il respectait néanmoins sa force, d’autant plus qu’elle était la meilleure amie de Leona, son amante ou l’amour de sa vie tout simplement. Depuis ce moment, Shazu avait ordonné à ses serviteurs de s’occuper de moi durant les trois jours et j’avais même dû rassurer la directrice de la prison via den-den-mushi, lors du deuxième jour, histoire de tempérer très vite ses ardeurs : Cette timbrée voulait absolument venir me récupérer à Arma’Lo. L’idée fit rire le daimyo qui se permit de me faire part de son opinion sur le sujet : Il avait l’air de me voir déjà comme une espèce de beau-frère. L’idée était marrante dans le sens où je n’étais pas du tout amoureux de Miyuki. Physiquement, elle était parfaite. Rien à dire. Mais elle était du « mauvais côté » et c’était quelque chose que je ne pouvais pas dépasser ou tolérer malgré ma bonté. De ce fait, elle allait clamser…
- « Shikoka enverra des hommes vous chercher dès demain. C’est la raison pour laquelle j’ai organisé ce festin pour vous. »
C’était ironique quand même ! Ce même type qui m’avait condamné au pic de fer il n’y a même pas trois mois, avait préparé un banquet pour moi aujourd’hui ! C’était le monde à l’envers ! J’eus l’envie de me marrer, mais je préférai m’abstenir. Il n’eut d’ailleurs pour réponse qu’un sourire de ma part avant que je ne continue de becter presque comme un sauvage. Si mes manières l’amusaient, ce n’était pas le cas de ses vassaux. Une personne en particulier ne pouvait pas m’encadrer. Le fameux Kaname que j’avais mis KO d’un seul coup. S’il avait toujours son statut de seigneur de guerre et de noble, il n’était plus le bras droit de Shazu néanmoins. C’était comme me l’avait dit feu Shûsa. A croire que ses exactions avaient fini par lasser le daimyo qui n’aimait pas trop les abus de pouvoir. Un brave homme. Mais un brave homme qui allait malheureusement mourir de ma lame dès ce soir. Car c’était « la soirée » décisive ! Si tout se passerait bien, je quitterai cette satanée île après y avoir pratiquement passé une demi-année. Après un pareil coup, j’pourrais presque devenir Cipher Pol moi ! Une idée qui me fit marrer alors que je continuais à manger comme un porc. Après tout, ça allait être mon dernier repas sur cette île. Plus rien ne pourrait plus m’arrêter ! D’ailleurs, je sentis depuis ma position de nombreuses présences descendre des chaines montagneuses…
Horus et ses barbares se mettaient progressivement en place… Parfait…
Pour ma part, j’étais moi aussi prêt. Malgré mon œil au beurre noir (Horus ne m’a pas raté en tout cas…), mes nombreux hématomes et blessures, je n’avais jamais été autant en forme ! Je n’avais pas de fractures et je m’étais remis de mes luxations et lésions musculaires lors de ces trois jours. Mon état m’avait d’ailleurs permis dès le premier soir d’épier tous les faits et gestes de Shazu qui n’avait pas vraiment de programmes particuliers les soirs si ce n’est la lecture. Nul doute qu’il allait faire pareil après le banquet ou même dormir directement vu ses joues rosies par le saké. Saké que je n’avais pas du tout touché vu ce que je prévoyais de faire. J’allais être occupé toute la nuit jusqu’à demain soir. Sans doute. Je pris néanmoins un verre de jus d’orange pour faire passer le tout avant de soupirer de délice ce qui arracha encore un rire à Shazu. A croire qu’il me voyait vraiment comme son futur beau-frère, ami et confident surtout que ma force physique et caractérielle avait dû l’impressionner puisque j’étais sorti du pic de fer sans trop de dégâts en plus d’être revenu des montagnes en vie ou presque. Pour ma part, j’arrêtai de trop faire attention à lui et contemplai plutôt la danse de ses servantes qui se trémoussaient devant nous. Beaucoup d’hommes bavaient devant elles. Mais ces beautés pour moi étaient fades. Sans saveurs. Surtout qu’elles étaient plates…
Pas un pet de chair comme Miyuki, quoi…
- « Je me sens un peu fatigué, mon seigneur… »
- « Oh ? Vous êtes encore convalescent, c’est bien normal. Mes servantes vous raccompagneront à votre domicile et l’on viendra demain vous chercher une fois que votre convoi sera arrivé ! »
- « Merci pour tout, mon seigneur. »
- « Je vous en prie. Et appelez-moi Shazu. Vous et moi sommes maintenant amis. »
J’ai failli lui rire au nez ! J’ai failli. Mais j’eus une grimace que je fis passer pour une douleur ce qui l’inquiéta puisqu’il appela des médecins. Mais d’un signe de la main, je le rassurai avant que des servantes vinrent se positionner sous mes bras pour me supporter. J’eus un sourire désolé et me laissai porter par ces charmantes demoiselles qui prirent la direction de ma suite. Sur le chemin, je ne me privai pas de tirer la langue à Kaname qui, lui, avait la mine ferme, les dents et les poings serrés. Pauvre enfant. Après cinq petites minutes de marche, nous arrivâmes à ma chambre où je congédiai les deux domestiques qui filèrent aussitôt. Et lorsque je rentrai, j’attendis de sentir qu’il n’y avait plus personne dans les environs pour me mettre à rire aux éclats comme un beau diable. Je pétais un câble ? Non. Pas vraiment. J’entrevoyais plutôt la délivrance ! J’avais hâte de retrouver mes hommes. Hâte de revoir Cherry et de tremper mon biscuit ! Hâte d’annoncer au monde entier que j’avais foutu le bordel sur le territoire d’un empereur et que je m’étais emparé de la tête d’une de ses lieutenantes. Hâte de lui faire comprendre qu’elle était la prochaine sur la liste, carrément ! Là-dessus, je m’attelai à bien couvrir mes blessures avant de revêtir un kimono sombre qui m’allait comme un gant. Aux pieds ? J’allais opter pour des sandales de pailles.
Car la tentative d’assassinat se devait d’être discrète. Très discrète.
L’heure de la récolte a sonné !
Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Jeu 28 Sep 2017 - 20:17, édité 1 fois