Le ressac fut le premier son que William put entendre en se réveillant. Il essaya de se relever avant de sentir tous les os de son corps le tirailler, lui tirant un cri de douleur. Il se laissa rouler sur le côté et chuta brusquement dans l'eau. Il écarquilla brusquement les yeux avant de les refermer sous la brûlure de l'iode. Il battit faiblement des pieds et creva la surface de la mer avec effort, avant de s'accrocher au morceau d'épave sur lequel il s'était retrouvé inconscient. Essoufflé, hoquetant pour expulser l'eau de ses poumons, il jeta un regard autour de lui alors que sa mémoire lui revenait doucement. Il s'accrochait à la proue du navire qui reposait sur les bas-fonds bordant la plage d'une île qui couvrait l'horizon. Des débris flottaient ça et là, se mêlant aux corps des malheureux qui s'étaient noyés. Une cinquantaine de mètres séparaient le jeune de sa destination, mais il se savait incapable de les parcourir dans son état. Partout où se posaient ses yeux, mort et désolation constituaient le paysage. Il les tourna vers la plage, à la recherche de survivants qui auraient rejoint le rivage. Personne ne l'attendait là pour lui donner raison. Il continuait de battre des pieds pour maintenir sa tête hors de l'eau tandis que ses bras fatiguaient pour le suspendre à la poutre à laquelle il s'était raccroché. Il se laissa doucement flotter sur le dos et lança doucement ses bras en arrière, essayant de se laisser porter par les vagues vers l'étendue de sable. Il ferma les yeux, les protégeant du soleil qui traînait au-dessus de lui, à son zénith. Très vite, les images vinrent lui rappeler les événements qui l'avaient conduit ici.
- Saloperies de pirates...
Ils avaient intercepté le navire marchand alors que celui-ci revenait tout juste du bagne de Tequila Wolf. Ils étaient sortis de l'épais brouillard sans que l'équipage civil n'ait eut le temps d'anticiper la rencontre. Les canons avaient grondés et en l'espace de quelques minutes, le frêle bâtiment de commerce s'était trouvé dans une situation extrêmement risquée. C'était là qu'ils avaient percutés les récifs, alors même que les forbans s'étaient lancés à leurs trousses pour l'abordage. Un craquement assourdissant s'était fait entendre et la coque s'était séparée en deux. Cramponné au bastingage, William n'avait pas vu venir la poutre qui l'avait assommé. Après ça, le vide total. C'est à ce moment-là que sa tête vint frotter le sable immergé, lui signalant qu'il pouvait se lever et marcher pour rejoindre la terre, qui ne se trouvait plus qu'à quinze mètres. Il se redressa douloureusement et s'étira de tout son long avant d'ouvrir les yeux à nouveau. Il n'eut pas le temps de dévisager les cinq individus qui lui faisaient face qu'une crosse de fusil vint lui écraser la face. Quelques longues minutes passèrent ainsi avant qu'il n'émerge à nouveau, maladroitement ligoté et entouré par les pirates en pleine discussion.
- Qu'est-ce qu'on va foutre de c'mariole? Il nous sert à rien chef, l'va pas nous aider à reprendre la mer!
- La ferme Legsby, on va avoir besoin de tout les bras disponibles!
- Mais capitaine, il était trop con pour regarder devant lui en se relevant, il va pas nous construire un navire flambant neuf le type...
- Legsby.
Celui qui ressortait de l'échange comme étant le capitaine avait porté la main à son pistolet pour appuyer ses propos, clouant le museau de son subalterne. William avait suffisamment repris ses esprits pour détailler la bande qui se trouvait juste devant lui. Le chef était vêtu d'une vieille veste d'officier de la Marine, délavée par le temps. Il se tenait de trois quarts, laissant apparaître une tignasse noire qui se dégarnissait et un visage aux traits sévères. Le fameux Legsby, un petit homme au corps noueux se tenait directement face et baissait à présent la tête. Les trois autres compères ne semblaient pas présenter, à ce moment-là du moins, d'intérêt quelconque. Le vieux pirate, jetant un coup d’œil vers son prisonnier, remarqua qu'il était réveillé et posa un genou au sol devant lui, le sondant de ses yeux noirs et indéchiffrables. Il ne tarda pas à prendre la parole, faisant frissonner le jeune homme de sa voix grave.
- On dirait que monsieur a fini de dormir! Tu as peut-être une idée d'où on se trouve?
- Non... Mais qu'est-ce...
- Tss tss! C'est moi qui pose les questions ici. Le truc c'est qu'on a pas la moindre idée d'où on peut se trouver non plus. Et que c'est la faute de ton navire si on s'est retrouvés dans cette situation. Et comme tu es le seul qui ait survécu, tu es le seul responsable.
Sur ces mots, le flibustier tira doucement une dague qui pendait à une bandoulière accrochée autour de son torse. Il la rapprocha de la gorge de l'artificier qui commençait à paniquer sérieusement. Il ne comprenait pas pourquoi il s'était rapproché de la plage sans prendre en compte le fait que des pirates pouvaient avoir survécu au naufrage de leur côté. D'ailleurs le nombre de cadavres qui flottaient sur la mer ou s'étaient retrouvés ballottés sur les plages était bien supérieur à celui de l'équipage du bâtiment marchand. Il se blâma intérieurement avant de lucidement constater que l'heure n'était pas à ça. Il devait composer avec les pirates pour sa survie, en croisant les doigts pour que ceux-ci soient étrangers à la rancune. Lentement, le capitaine appuya la lame contre le cou du jeune homme, d'où ne tardèrent pas à perler quelques gouttes de sang. Son rythme cardiaque s'intensifia mais il ne laissa pas échapper un nom, faisant passer pour courage ce qui était en fait une terreur qui le rendait muet. Puis, décrochant un sourire, le vieux pirate cessa toute forme de menace avant de se redresser et d'aviser l'un de ses subordonnés.
- Copa, tu le détaches et vous ramassez tout le bois qui va pouvoir nous servir.
- Bien capitaine.
- Et tu lui trouves un autre froc. J'ai pas envie qu'il sente la pisse pendant qu'on travaillera à retaper l'Espoir.
- Bien monsieur.
- Saloperies de pirates...
Ils avaient intercepté le navire marchand alors que celui-ci revenait tout juste du bagne de Tequila Wolf. Ils étaient sortis de l'épais brouillard sans que l'équipage civil n'ait eut le temps d'anticiper la rencontre. Les canons avaient grondés et en l'espace de quelques minutes, le frêle bâtiment de commerce s'était trouvé dans une situation extrêmement risquée. C'était là qu'ils avaient percutés les récifs, alors même que les forbans s'étaient lancés à leurs trousses pour l'abordage. Un craquement assourdissant s'était fait entendre et la coque s'était séparée en deux. Cramponné au bastingage, William n'avait pas vu venir la poutre qui l'avait assommé. Après ça, le vide total. C'est à ce moment-là que sa tête vint frotter le sable immergé, lui signalant qu'il pouvait se lever et marcher pour rejoindre la terre, qui ne se trouvait plus qu'à quinze mètres. Il se redressa douloureusement et s'étira de tout son long avant d'ouvrir les yeux à nouveau. Il n'eut pas le temps de dévisager les cinq individus qui lui faisaient face qu'une crosse de fusil vint lui écraser la face. Quelques longues minutes passèrent ainsi avant qu'il n'émerge à nouveau, maladroitement ligoté et entouré par les pirates en pleine discussion.
- Qu'est-ce qu'on va foutre de c'mariole? Il nous sert à rien chef, l'va pas nous aider à reprendre la mer!
- La ferme Legsby, on va avoir besoin de tout les bras disponibles!
- Mais capitaine, il était trop con pour regarder devant lui en se relevant, il va pas nous construire un navire flambant neuf le type...
- Legsby.
Celui qui ressortait de l'échange comme étant le capitaine avait porté la main à son pistolet pour appuyer ses propos, clouant le museau de son subalterne. William avait suffisamment repris ses esprits pour détailler la bande qui se trouvait juste devant lui. Le chef était vêtu d'une vieille veste d'officier de la Marine, délavée par le temps. Il se tenait de trois quarts, laissant apparaître une tignasse noire qui se dégarnissait et un visage aux traits sévères. Le fameux Legsby, un petit homme au corps noueux se tenait directement face et baissait à présent la tête. Les trois autres compères ne semblaient pas présenter, à ce moment-là du moins, d'intérêt quelconque. Le vieux pirate, jetant un coup d’œil vers son prisonnier, remarqua qu'il était réveillé et posa un genou au sol devant lui, le sondant de ses yeux noirs et indéchiffrables. Il ne tarda pas à prendre la parole, faisant frissonner le jeune homme de sa voix grave.
- On dirait que monsieur a fini de dormir! Tu as peut-être une idée d'où on se trouve?
- Non... Mais qu'est-ce...
- Tss tss! C'est moi qui pose les questions ici. Le truc c'est qu'on a pas la moindre idée d'où on peut se trouver non plus. Et que c'est la faute de ton navire si on s'est retrouvés dans cette situation. Et comme tu es le seul qui ait survécu, tu es le seul responsable.
Sur ces mots, le flibustier tira doucement une dague qui pendait à une bandoulière accrochée autour de son torse. Il la rapprocha de la gorge de l'artificier qui commençait à paniquer sérieusement. Il ne comprenait pas pourquoi il s'était rapproché de la plage sans prendre en compte le fait que des pirates pouvaient avoir survécu au naufrage de leur côté. D'ailleurs le nombre de cadavres qui flottaient sur la mer ou s'étaient retrouvés ballottés sur les plages était bien supérieur à celui de l'équipage du bâtiment marchand. Il se blâma intérieurement avant de lucidement constater que l'heure n'était pas à ça. Il devait composer avec les pirates pour sa survie, en croisant les doigts pour que ceux-ci soient étrangers à la rancune. Lentement, le capitaine appuya la lame contre le cou du jeune homme, d'où ne tardèrent pas à perler quelques gouttes de sang. Son rythme cardiaque s'intensifia mais il ne laissa pas échapper un nom, faisant passer pour courage ce qui était en fait une terreur qui le rendait muet. Puis, décrochant un sourire, le vieux pirate cessa toute forme de menace avant de se redresser et d'aviser l'un de ses subordonnés.
- Copa, tu le détaches et vous ramassez tout le bois qui va pouvoir nous servir.
- Bien capitaine.
- Et tu lui trouves un autre froc. J'ai pas envie qu'il sente la pisse pendant qu'on travaillera à retaper l'Espoir.
- Bien monsieur.
Dernière édition par William Burgh le Mer 18 Oct 2017 - 13:20, édité 2 fois