Soupirant de malaise, Raphaël, du haut de son nouveau statut de reporter, s’effondra sur le bastingage. La tête pendante, la bouche sèche, les muscles lourds, il resta là, de longues minutes à inspirer un air toxique, un poison qui se répandait dans ses poumons comme un feu de forêt. Rien ne lui échappait, tout mourrait sur son passage. Le contact du bois sur sa tempe le brûla mais il n’y fit même pas attention ses yeux arides dégoulinant d’avidité pour l’étendue de fraîcheur sur laquelle il glissait. Il maudit les dieux de lui infliger pareil supplice.
Au bord de l’évanouissement, il se laissa guider par le désespoir. Il tendit une main secourable vers le grand océan, le suppliant de venir le chercher, de l’emmener et d’à nouveau lui faire connaître les plaisirs de leurs jeunes années.
Il suffoqua encore et finit par trouver la force de se relever. Il se pencha par-dessus-bord, la tentation était trop grande. Il n’y avait pas d’autres alternatives, c’était son seul échappatoire.
"N’y pense même pas, je ne viendrais pas te chercher si tu te noies. Crétin. "
Tournant la tête avec une énergie dont il ne se serait pas cru capable, il jeta un regard noir à la rousse venue perturber sa souffrance. Trop occupé à surveiller les étranges aiguilles de son Magnétopose, Nova ne le regarda même pas. Depuis tout le temps qu’ils ne s’étaient pas vus, elle avait acquis de bien solides compétences en navigation et préparait avec soin leur arrivée sur Grand Line. Il la trouvait mûrie.
"Mais il fait trop chaaaaaaaaud…. J’en ai marre.
- Tu ne crois pas que tu exagères, il fait à peine 30 degrés, on a connu bien pire sur Amerzone.
- Je pouvais encore me baigner à l’époque… " continua de se plaindre l’enclume.
" Et voilà pour Monsieur. "
Sadiquement versée au-dessus de la tête du mal en point, une trombe d’eau vint lui rafraichir les idées. L’attaque, soudaine, fût si marquée par le changement de température qu’il se crut congelé et vaporisé en un même instant. Raphaël se redressa droit comme un i, manquant de défoncer la poutre sur laquelle il prit appui, dégoulinant de flotte et d’amertume pour le voyage qu’il était en train de vivre. Il secoua ses cheveux pour le sécher et reprendre ses esprits, et ne tarda pas à identifier son agresseur, l’arme du crime encore à la main.
"MAIS T’ES COMPLETEMENT MALADE ?!
- Je voulais juste t’aider à te remettre d’aplomb mon grand, t’inquiète pas tu vas vite sécher héhé. "
Traître ultime, enflure sans vergogne, le vice du troisième protagoniste n’avait aucune limite. Gingerbread, que ce soit oui ou non son vrai nom, était le propriétaire du navire sur lequel Raphaël mourrait à petit feu. Sous ses airs de jeune entrepreneur rêveur et bienveillant se cachait en fait le pire des tortionnaires, capable de vous faire imaginer les meilleures vacances de votre existence pour finalement vous contraindre au pire.
C’est tout du moins le portrait de lui que se faisait Raphaël, explorateur du dimanche, sans un sou, obligé de partager les frais d’un voyage vers Grand Line avec des parfaits inconnus, par une chaleur insupportable… et des putains d’embouteillage à l’entrée de la Flaque.
"C’est difficile pour tout le monde t’sais. Fais un effort, on a promis d’aider Ging’ et depuis qu’on est parti, tu n’as fait que te plaindre ! On serait encore sur Suna Land s’il n’avait pas été là ! " à l’air fâché et à la retenue de Nova, le vert comprit qu’en sous-texte elle aurait voulu rajouter « peut-être même en prison ». Ce qui le renfrogna d’autant plus, elle exagérait.
"N’importe quoi ! Si je suis là, c’est grâce à vous ! J’aurais jamais pu faire cette croisière inaugurative sans vous, vous êtes tombés du ciel les gars !
- Mouais… On a pas eu beaucoup de succès… et je sers pas à grand-chose… et pourquoi il y a autant de monde dans ces tunnels… Ils font chier tous, moi aussi je veux un peu de fraîcheur...qu’ils avancent merde!
- Encore une raison pour que Bla Bla Flaque fonctionne ! Les voies maritimes sont bien trop embouchées, il faut qu’on décongestionne tout ça ! Plus d’entraide pour des voyages plus sûrs et moins longs ! T’en fais pas pour nos premiers passagers, même si on avait été que tous les trois l’important c’est de faire parler de nous. Et là, c’est toi qui intervient !"
Bla Bla Flaque, un réseau d’échange et de contacts de particuliers à particuliers qui permettrait à tous de partager les frais, le matériel et les compétences pour voyager d’une île à une autre sans engagement. Une formidable idée sur le papier, opportunité pour les jeunes voyageurs de tisser des premiers liens et de rencontrer leurs futurs compagnons d’aventure, mais dans les faits tout était à faire pour Gingerbread et les initiatives sociales comme la sienne n’étaient pas toujours bien aidées par le gouvernement. Au moment où son ancien partenaire, seul navigateur compétent à son bord, l’avait abandonné, il avait eu la chance de croiser la route de Raphaël et Nova. Eux aussi désireux de traverser la Flaque, ils avaient naturellement -ou tout du moins avec la très lourde insistance de la rousse- décidé de s’associer au moins de façon temporaire.
Quelques jours plus tard, ils accueillaient leurs premiers passagers et au bout de la première partie de leur voyage, ils arrivaient enfin en vue de la Flaque. Dédale invraisemblable de galeries creusées à même la roche de Red Line, l’endroit même s’il abritait mille périls, était connu pour être la voie d’accès la plus sûre à l’équateur. Cela ne voulait pas pour autant dire qu’on y était à l’abri des pillards, des tueurs et des monstres des mers, mais ceux-ci pour contourner les dispositifs de sécurité étaient toujours plus enclins à emprunter des voies détournées et des canaux inexplorés. Le goût de la l’aventure ou de la folie. Pour les civils et les commerçants, il s’agissait simplement d’être prudent et d’emprunter la route principale… Une idée visiblement partagée par beaucoup de personne ce jour-là.
"Oui bah… ce reportage je suis aussi censé le faire sur la Flaque… et pour le moment on y est pas donc pas trop la motiv’, t’vois. Ca me tue qu’ils monopolisent la cale aussi… il doit y faire si frais… De l’ombre bordel…
- Je… m’attendais pas non plus à ça m’enfin on a peut-être moyen d’y gagner gros derrière. Le but c’est quand même que nos convaigueurs nous laissent de bons avis.
- Mouais…
- Bon… puisque tu as autant l’air de mourir d’ennui que de la sécheresse, tu viens me filer un coup de main ? J’allais proposer de quoi se désaltérer aux autres- "
"BON LES BLAIREAUX ! VOUS VOUS DECIDEZ A AVANCER OU FAUT QUE JE VIENNE APPRENDRE A VOTRE NAVIGATEUR A PAS SE FOUTRE LE GOUVERNAIL DANS LE CUL ?! "
Cordial, le capitaine du vaisseau qui les suivait dans l’interminable file cherchant à s’engouffrer dans les entrailles du monde, tenait à leur indiquer qu’ils pouvaient avancer de quelques centaines de mètres pour prendre la suite de leur prédécesseur. Ils allaient enfin pouvoir pénétrer dans les cavernes. Les joies des embouteillages et du savoir vivre.
"MAIS TA GUEULE. " lui répondit l’ancien croupier avec un air exaspéré et un majeur en supplément.
Les bonnes manières et la patience se perdaient.
Au bord de l’évanouissement, il se laissa guider par le désespoir. Il tendit une main secourable vers le grand océan, le suppliant de venir le chercher, de l’emmener et d’à nouveau lui faire connaître les plaisirs de leurs jeunes années.
Il suffoqua encore et finit par trouver la force de se relever. Il se pencha par-dessus-bord, la tentation était trop grande. Il n’y avait pas d’autres alternatives, c’était son seul échappatoire.
"N’y pense même pas, je ne viendrais pas te chercher si tu te noies. Crétin. "
Tournant la tête avec une énergie dont il ne se serait pas cru capable, il jeta un regard noir à la rousse venue perturber sa souffrance. Trop occupé à surveiller les étranges aiguilles de son Magnétopose, Nova ne le regarda même pas. Depuis tout le temps qu’ils ne s’étaient pas vus, elle avait acquis de bien solides compétences en navigation et préparait avec soin leur arrivée sur Grand Line. Il la trouvait mûrie.
"Mais il fait trop chaaaaaaaaud…. J’en ai marre.
- Tu ne crois pas que tu exagères, il fait à peine 30 degrés, on a connu bien pire sur Amerzone.
- Je pouvais encore me baigner à l’époque… " continua de se plaindre l’enclume.
" Et voilà pour Monsieur. "
Sadiquement versée au-dessus de la tête du mal en point, une trombe d’eau vint lui rafraichir les idées. L’attaque, soudaine, fût si marquée par le changement de température qu’il se crut congelé et vaporisé en un même instant. Raphaël se redressa droit comme un i, manquant de défoncer la poutre sur laquelle il prit appui, dégoulinant de flotte et d’amertume pour le voyage qu’il était en train de vivre. Il secoua ses cheveux pour le sécher et reprendre ses esprits, et ne tarda pas à identifier son agresseur, l’arme du crime encore à la main.
"MAIS T’ES COMPLETEMENT MALADE ?!
- Je voulais juste t’aider à te remettre d’aplomb mon grand, t’inquiète pas tu vas vite sécher héhé. "
Parl'en mediumslateblue
Traître ultime, enflure sans vergogne, le vice du troisième protagoniste n’avait aucune limite. Gingerbread, que ce soit oui ou non son vrai nom, était le propriétaire du navire sur lequel Raphaël mourrait à petit feu. Sous ses airs de jeune entrepreneur rêveur et bienveillant se cachait en fait le pire des tortionnaires, capable de vous faire imaginer les meilleures vacances de votre existence pour finalement vous contraindre au pire.
C’est tout du moins le portrait de lui que se faisait Raphaël, explorateur du dimanche, sans un sou, obligé de partager les frais d’un voyage vers Grand Line avec des parfaits inconnus, par une chaleur insupportable… et des putains d’embouteillage à l’entrée de la Flaque.
"C’est difficile pour tout le monde t’sais. Fais un effort, on a promis d’aider Ging’ et depuis qu’on est parti, tu n’as fait que te plaindre ! On serait encore sur Suna Land s’il n’avait pas été là ! " à l’air fâché et à la retenue de Nova, le vert comprit qu’en sous-texte elle aurait voulu rajouter « peut-être même en prison ». Ce qui le renfrogna d’autant plus, elle exagérait.
"N’importe quoi ! Si je suis là, c’est grâce à vous ! J’aurais jamais pu faire cette croisière inaugurative sans vous, vous êtes tombés du ciel les gars !
- Mouais… On a pas eu beaucoup de succès… et je sers pas à grand-chose… et pourquoi il y a autant de monde dans ces tunnels… Ils font chier tous, moi aussi je veux un peu de fraîcheur...qu’ils avancent merde!
- Encore une raison pour que Bla Bla Flaque fonctionne ! Les voies maritimes sont bien trop embouchées, il faut qu’on décongestionne tout ça ! Plus d’entraide pour des voyages plus sûrs et moins longs ! T’en fais pas pour nos premiers passagers, même si on avait été que tous les trois l’important c’est de faire parler de nous. Et là, c’est toi qui intervient !"
Bla Bla Flaque, un réseau d’échange et de contacts de particuliers à particuliers qui permettrait à tous de partager les frais, le matériel et les compétences pour voyager d’une île à une autre sans engagement. Une formidable idée sur le papier, opportunité pour les jeunes voyageurs de tisser des premiers liens et de rencontrer leurs futurs compagnons d’aventure, mais dans les faits tout était à faire pour Gingerbread et les initiatives sociales comme la sienne n’étaient pas toujours bien aidées par le gouvernement. Au moment où son ancien partenaire, seul navigateur compétent à son bord, l’avait abandonné, il avait eu la chance de croiser la route de Raphaël et Nova. Eux aussi désireux de traverser la Flaque, ils avaient naturellement -ou tout du moins avec la très lourde insistance de la rousse- décidé de s’associer au moins de façon temporaire.
Quelques jours plus tard, ils accueillaient leurs premiers passagers et au bout de la première partie de leur voyage, ils arrivaient enfin en vue de la Flaque. Dédale invraisemblable de galeries creusées à même la roche de Red Line, l’endroit même s’il abritait mille périls, était connu pour être la voie d’accès la plus sûre à l’équateur. Cela ne voulait pas pour autant dire qu’on y était à l’abri des pillards, des tueurs et des monstres des mers, mais ceux-ci pour contourner les dispositifs de sécurité étaient toujours plus enclins à emprunter des voies détournées et des canaux inexplorés. Le goût de la l’aventure ou de la folie. Pour les civils et les commerçants, il s’agissait simplement d’être prudent et d’emprunter la route principale… Une idée visiblement partagée par beaucoup de personne ce jour-là.
"Oui bah… ce reportage je suis aussi censé le faire sur la Flaque… et pour le moment on y est pas donc pas trop la motiv’, t’vois. Ca me tue qu’ils monopolisent la cale aussi… il doit y faire si frais… De l’ombre bordel…
- Je… m’attendais pas non plus à ça m’enfin on a peut-être moyen d’y gagner gros derrière. Le but c’est quand même que nos convaigueurs nous laissent de bons avis.
- Mouais…
- Bon… puisque tu as autant l’air de mourir d’ennui que de la sécheresse, tu viens me filer un coup de main ? J’allais proposer de quoi se désaltérer aux autres- "
*TUUUUUUUUUUUT* *TUUUUUUUUUUUUUUT*
"BON LES BLAIREAUX ! VOUS VOUS DECIDEZ A AVANCER OU FAUT QUE JE VIENNE APPRENDRE A VOTRE NAVIGATEUR A PAS SE FOUTRE LE GOUVERNAIL DANS LE CUL ?! "
Cordial, le capitaine du vaisseau qui les suivait dans l’interminable file cherchant à s’engouffrer dans les entrailles du monde, tenait à leur indiquer qu’ils pouvaient avancer de quelques centaines de mètres pour prendre la suite de leur prédécesseur. Ils allaient enfin pouvoir pénétrer dans les cavernes. Les joies des embouteillages et du savoir vivre.
"MAIS TA GUEULE. " lui répondit l’ancien croupier avec un air exaspéré et un majeur en supplément.
Les bonnes manières et la patience se perdaient.