QG d’East Blue, quelques jours plus tôt.
Comme d’habitude, en ce samedi matin, je faisais mes comptes. J’avais perdu pas mal d’argent en jouant, je perdais souvent d’ailleurs. Fâcheuse situation. Il devait me rester quelques berrys pour terminer le mois et je détestais être dans le rouge, alors je n’avais plus choix : faire attention à mes futures dépenses. Heureusement pour moi, ici, j’étais nourrie, logée, blanchie et la paye ne tarderait pas à tomber. Une aubaine. C’est qu’on était bien dans les rangs de la marine, enfin, après être monté en grade.
À part rester au QG, je n’avais pas fait grand-chose ces derniers temps. Déjà qu’il n’y avait pas beaucoup de missions à distribuer et quand on en donnait, ça ne tombait presque jamais sur moi. Ça faisait deux mois que je n’avais pas bougé du QG, allez donc savoir pourquoi. Cette semaine, j’avais passé le plus clair de mon temps à terminer toute la paperasse qui m’attendait et à aider les nouveaux venus à se repérer entre les murs de cette forteresse qu’était le QG. Pour une fois, j’avais essayé d’y mettre du sourire et de l’entrain, mais rien à faire, ils étaient trop chiants. Même moi, à l’époque, j’avais su trouver le chemin des toilettes sans demander ma route. Les jeunes n’avaient fait que s’entraîner et c’est presque si j’avais eu envie d’aller apprendre à cuisiner avec Kina et Shups, mes deux cantinières favorites. Mon escargophone n’avait pas sonné. Silencieux jusqu’à aujourd’hui.
« PuluPuluPuluPuluPuluPuluPulu Katcha. »
Je l’ai laissé sonner quelques secondes, comme pour faire la soldate occupée, croulant sous les dossiers et puis j’ai décroché. C’était un appel du commandant : il me convoquait dans son bureau. Je me demandais bien ce que j’avais encore fait de travers. De toute manière, il ne pouvait pas me piffrer et moi non plus. Pas d’histoire pour, c’était juste physique. Contraignant quand même j’en conviens. Alors j’ai rangé ma pipe dans une des poches de ma longue jupe, j’ai mis mon chapeau, même si la politesse veut que l’on enlève son couvre-chef à l’intérieur. J’ai rangé mon escargophone et je me suis déplacée jusqu’à son bureau, qui était à peu près à l’autre bout du monde.
Arrivée plus tard que prévu, parce que j’avais pris tout mon temps, j’ai toqué à la porte et je suis rentrée quand on me l’a ordonné. J’ai rapidement inspecté le bureau, mais il n’avait pas changé, toujours la même vieille décoration pourrie depuis des années : des tableaux poussiéreux d’anciens généraux, des meubles en bois qui auraient pu se faire bouffer par les mites, un vieux porte parapluie qui ne devait même plus servir, un porte manteau où je n’avais jamais posé mon manteau et cette mauvaise odeur de vieux. Je me suis assise face au commandant Kiro, un homme boutonneux qui me dégoûtait. J’ai écouté ce qu’il voulait.
« Mademoiz’elle Hibi » Ses sons en z et ses postillons me rendaient dingue. « Nous z’avons des documents à tranzférer z’à la garnizon de Koneazima et nous z’avons zugé bon de vous azigner à zette mission. » Il a regroupé des documents dans une énorme enveloppe qu’il m’a ensuite remis. Enveloppe scellée bien-sûr, que je n’avais pas intérêt d’ouvrir. « Nous comptons zur vous pour zette mizion. Il zerrait dommage de vous voir échouer… »
J’ai pris l’enveloppe et je me suis barrée fissa. Transmettre les documents à la garnison de Koneashima, rien de très compliqué dans l’absolu. Je n’avais plus qu’à prévenir Shizune et nous serions dans le prochain bateau à partir.
Dernière édition par Hibi Tsunade le Ven 10 Nov 2017 - 23:14, édité 1 fois