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La cour des grands

Le cœur de Roy battait fort dans sa poitrine. Depuis qu'ils étaient arrivé en bas de la pente de Reverse Mountain, un fait un seul occupait son esprit : Grand Line s'ouvrait à lui, il avait atteint la mer la plus dangereuse du monde. Les bras tremblants, il se cramponna de toutes ses forces à la rambarde du navire, plein d'une excitation à peine contenue. Ses yeux brillants regardaient intensément l'horizon, sans se soucier de la morsure du soleil qui devait lui brûler les rétines. Autour de lui, ses compagnons ne disaient mot, respectant la fièvre et la mélancolie qu'ils lisaient dans son regard.

Roy voyait loin, au-delà de l'horizon. Plus qu'un enchaînement d'île, il visualisait l'océan de merveilles et de trésor qui l'attendaient sur ce chemin, les secrets à percer et les adversaires à combattre. L'aventure ne faisait que commencer.

 - Ohé du bateau ! cria soudainement un homme sur la gauche du Matheson Sorrow.

Les occupants de la caravelle se tournèrent en direction du bruit. Apercevant l'un des deux phares qui encadraient l'entrée de la Route de tous les Périls, ils baissèrent les yeux et aperçurent la personne qui les avait appelés.

Tranquillement assis à une table en train de prendre leur déjeuner, ceux qui devaient être les gardiens du Cap observaient tranquillement le passage de la caravelle. Croisant leurs regards, l'un d'eux leur fit un signe amical de la main.

A la barre, Moria fit bifurquer le navire et entreprit de s'approcher du phare tandis que Lily remontait les voiles. Agissant avec adresse, le navigateur et la comptable de l'équipage parvinrent bientôt à arrêter le Matheson Sorrow à une trentaine de mètres de la rive du Cap des Jumeaux.

 - Bonjour et bienvenue sur Grand Line, lâchèrent tranquillement les deux hommes en continuant leur repas, avant de reprendre une fois que les pirates les eurent salués en retour, vous avez fait bon voyage ?

 - Sans histoire, répondit Roy avec un sourire narquois, appuyé nonchalamment sur le bastingage de la caravelle.

A ses côtés, le reste de l'équipage partagea à son amusement, bientôt rejoint par les deux hommes qui n'étaient pas dupe du sarcasme du capitaine pirate.

 - Vous pouvez nous expliquer ça alors ? demanda l'un d'eux en pointant un objet du doigt au large.

Tournant la tête vers la direction désignée par l'homme, l'équipage du Tyran aperçut la carcasse d'un navire en train de sombrer lentement dans les eaux tumultueuses que déversait le canal de Reverse Mountain. Ils y reconnurent le brick qui les avait devancés de quelques secondes dans leur entrée sur la Route de tous les Périls. Bien mal lui en avait pris.

 - Ils étaient sur notre chemin, commenta simplement Merry.

Adossée au mat de la caravelle les bras croisés, la flibustière et plus récente recrue de l'équipage donnait l'impression très nette de s'ennuyer. Sa réponse eut le mérite d'amuser leurs interlocuteurs qui la regardèrent pendant que quelques secondes avant de laisser échapper un rire franc.

 - Sacrés pirates..., lâcha bientôt l'un d'eux, quand leur hilarité se fut estompée.

 - Dites, enchaîna l'autre, on a entendu un coup de canon venant du sommet de la montagne, raconta-t-il en désignant Reverse Mountain du pouce, c'est vous qui avez tiré alors ?

 - C'est ça, confirma Roy. Sur eux, précisa-t-il en indiquant le brick en train de sombrer d'un signe de tête, rassurez-vous nous n'étions pas en train de vous viser.

 - Efficace, approuva l'un des gardiens des phares (il ne pouvait que constater le résultat), on pourrait penser que la traversée de Reverse Mountain est assez dangereuse comme ça sans y ajouter une bataille navale par-dessus le marché, s'esclaffa-t-il, mais j'ai comme l'impression que même ça ce n'est pas suffisant pour certaines personnes hein ?

 - Oh on s'en serait volontiers passé, les rassura Moria en se joignant à leur hilarité, mais il y a comme qui dirait eut un embouteillage sur la voie de West Blue.

 - Ah vous venez de West Blue ? C'est quoi vos noms alors ?

 - On est l'équipage du Tyran, se présenta Mochi en faisant un petit "coucou" de la main aux deux hommes.

 - Jamais entendu parler ; vous trouverez le Port des Jumeaux un peu plus loin dans cette direction, leur indiqua l'un des deux hommes. Allez y faire un tour avant de vous lancer dans votre périple, mes avis que votre navire aurait besoin de quelques menues réparations.

 - De quoi ?! s'exclama le jeune capitaine en réponse.

Manquant presque de basculer par-dessus bord, ce dernier fit passer sa tête au-delà de la rambarde et regarda le flanc du Matheson Sorrow, que les gardiens du Cap observaient en ricanant.

 - Ah putain mon navire ! s'écria-t-il en découvrant le trou qu'avait percé le brick à coup de canon quelques minutes plus tôt.

 - Roy, langage, lui fit distraitement remarquer Lily en passant dans son dos.

Un livre dans les mains, la femme-poisson déplia un transat et s'installa confortablement sur le pont de la caravelle, se désintéressant de la suite des opérations.

 - Moria on a un trou dans le flanc du navire ! s'écria le Tyran en ignorant sa comptable.

 - Estimes-toi heureux qu'on s'en soit tiré avec juste ça après avoir combattu une flotte de quatre navires ! rétorqua le blondinet en présentant son majeur à son capitaine, agacé par le ton légèrement accusateur de ce dernier.

Tandis que Roy retournait au flanc du navire en se lamentant la tête dans les mains, les gardiens du Cap échangèrent un regard.

 - Ah parce que vous en auriez coulé trois autres en plus de ce vaisseau ? s'interrogea l'un d'eux, un air entendu sur le visage. Allons... là vous en rajoutez un peu quand même.

 - Beeeeen...

Comme pour soutenir la réponse éclairée du docteur, un bruit puissant leur parvint soudain du sommet de Reverse Mountain, les forçant à tourner la tête dans sa direction. Se réverbérant contre les parois de la montagne, une avalanche de sons évoquant des craquements et la protestation du bois résonna à leurs oreilles. En silence, ils observèrent tandis que ce qui semblait être un amalgame de planches informes se mettait à dévaler le canal sur toute la longueur de la pente. Succédant au passage du Matheson Sorrow, deux formes sombres évoluaient sous l'eau, bien visible de là où ils se trouvaient. A intervalles réguliers, ce qui semblait bien être des morceaux de navire fusait depuis les remous du courant pour percuter les rives avant de retourner dans l'eau ou s'échouer sur le rivage. Roulant sur eux-mêmes, les débris dégringolaient en un flot ininterrompu depuis le sommet de la montagne.

Une planche en particulier se fit éjecter, percuta un rocher et se retrouva soudain projetée loin dans les airs, tournoyant à toute vitesse dans le soleil du midi. Assistant médusé au spectacle, les pirates et les gardiens du Cap suivirent l'objet du regard tandis qu'il décrivait un long arc de cercle dans les airs avant de retomber à deux pas du phare, manquant de peu la table des gardiens du Cap. Au même instant, les deux formes sombres terminaient leur descente, allant se fracasser contre le brick dans un bruit de tonnerre et achevant de l'envoyer par le fond.

 - Et voilà les deux sloops, commenta Moria en saluant les deux hommes. Manque plus qu'un troisième et le compte est bon.

 - Ah putain mon navire..., surenchérit le Tyran un peu plus loin, toujours occupé à se lamenter sur l'état de la caravelle.

Un peu plus tôt durant l'ascension de Reverse Mountain, le Matheson Sorrow s'était retrouvé prit en tenaille par les deux sloops et l'éperon du brick qui les poursuivait. Au cours d'une manœuvre osée, Mochi avait fait usage de son fruit du démon, reliant les voiles des deux navires à l'aide de ses fils de couture. Collé l'un à l'autre au milieu du courant tumultueux de Reverse Mountain, les sloops n'avaient ensuite pas tardé à sombrer, libérant la voie pour les pirates.

 - Joli, salua simplement l'un des gardiens d'un hochement de tête, bon on voudrait pas vous retenir plus longtemps dans vos aventures. Si ça vous intéresse il y a un restaurant juste à côté, Au céphalopode mort, et puis bon bah soyez cool, essayez de pas trop mettre de grabuge. Vous voudriez pas énerver la transiléenne n'est-ce pas ?

 - La quoi ? demanda silencieusement Mochi à Merry, laquelle haussa les épaules.

 - Vous en faites pas pour ça, merci pour les renseignements et la bonne journée ! les salua Moria en souriant, avant de faire signe au reste de l'équipage d'affaler les voiles.

Le Matheson Sorrow s'ébranla doucement et prit peu à peu de la vitesse, s'éloignant bientôt du Cap et de ses gardiens accueillants. Longeant la rive de Reverse Mountain, ils aperçurent rapidement le restaurant mentionné par les deux hommes, en la présence d'un gigantesque calamar à onze tentacules échoué sur un bout de récif. Morte et figée, la carcasse du monstre marin aux yeux éclatés avait semblait-il été réaménagée en établissement culinaire.

 - C'est de très mauvais goût..., commenta Lily en détournant les yeux avec une grimace dégoûtée, tandis que la caravelle passait devant le restaurant sans s'arrêter.

 - Ah putain mon navire..., lâcha simplement le jeune capitaine dans son dos.

 - Bon Roy tu vas continuer à te morfondre comme ça encore longtemps ? l'appela Merry.

 - On a même pas atteint une île de Grand Line qu'il y a déjà un trou dans mon navire !

 - Les navires ça se répare, décompresse, lui conseilla tranquillement Moria.



Tandis que l'écho des paroles provenant du navire se faisait de plus en plus ténu à mesure que ce dernier s'éloignait, les gardiens du Cap des Jumeaux reprirent tranquillement leur repas.

 - Alors t'en penses quoi de ceux-là ? demanda bientôt l'un des deux hommes.

 - Bof, répondit l'autre en haussant les épaules, un équipage pirate de plus à s'aventurer sur Grand Line, ça va pas changer ma journée.

 - Trois sloops et un brick , coulés avec une simple caravelle, tu y crois toi ?

 - Mouais, ce serait pas mauvais pour des types des mers bleus en tout cas, faut avouer. Ils ont peut-être un ou deux fruits du démon dans leur équipage qui sait ?

 - Des fruits redoutables alors, peut-être même un logia.

 - Ça ou c'est tout du flan et ils se sont payé nos têtes. Il manque un sloop par rapport à ce qu'ils nous ont dit qu'ils avaient coulé, lui fit remarquer son collègue en plissant les yeux d'un air entendu.

Au même instant, un nouveau bruit se réverbéra sur les rives du Cap et attira leur attention sur le sommet de Reverse. Comprenant de quoi il retournait, le premier du duo sourit en prenant à son tour un air entendu et l'autre se renfrogna sur sa chaise.

Tandis que la carcasse d'un troisième sloop se mettait à dévaler la montagne, les gardiens du Cap récupérèrent leur repas et partirent le terminer à l'abri à l'intérieur du phare, peu pressé de risquer à nouveau d'être décapité par une blanche de bois. Une brochette de viande à la main, l'un d'eux décrocha un escargophone et entreprit d'annoncer l'arrivée des pirates au Port des Jumeaux.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mer 3 Jan 2018 - 22:59, édité 5 fois
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Au pied de la montagne, se dessinait bientôt le port jumeaux des jumeaux vers lequel le navire se rapprochait doucement mais sûrement. Tout le monde s'activait sur le pont. L'énigmatique Grand line s’étendait devant eux et, le port jumeaux serait en somme leur première excursion dans ce nouveau monde. Comme ils approchèrent du port, ils constatèrent avec surprise que des navires pirates étaient d'ores et déjà amarrés en plein milieu sans qu'ils ne semblent avoir quelques soucis de type "Marine". Se fiant à ce qu'ils aperçurent, l'équipage se dirigea vers le port, s'arrêtant, par mesure de précaution, à sa plus lointaine extrémité. Et même de là, un bonhomme vînt les rejoindre, bien avant qu'ils aient pu quitter le navire. Depuis les quais, il hurla.

"Bienvenue au cap Jumeaux"

"Merci" répondit Mochi qui était le plus près du bastignage.

Et bientôt le reste de l'équipage -A l'exception de Moria- l'y rejoignit afin de voir leur interlocuteur. C'était un gars étrange qui portait un genre d'uniforme sur lequel ressortait fièrement un genre de cheval ailé portant un sablier. Le bonhomme regarda le pavillon noir qui flottait au sommet du mât, mais ne fût pas le moins du monde horrifié de cette vision généralement de mauvaise augure et garda un calme olympien comme s'il eut fait face à un simple navire marchand. Mochi attrapa l'aussière du navire et sauta sur le quai. Le bonhomme vînt l'aider à attacher le cordage à l'anneau d'amarrage. Ils furent vite rejoint par le reste de l'équipage qui posa pied à terre. Toujours à l’exception du navigateur qui restait caché sur le navire.


"Pirate hein ? Aucun de souci, on accepte tout le monde ici, tant que vous faite pas de grabuge ça nous va ! Je suis un genre de gardien de bienvenue, j'accueille les nouveaux venus au nom de la Translinéenne."


"La Translinéenne ?" répéta le toubib.

"Oui, on est une société de transport de marchandise et de personne à travers tout Grand line. On est numéro un sur le marché !"


"Et pourquoi vous accueillez les gens au nom de la Translinéenne ? Je veux dire on a un navire, on est pas des clients potentiels ..." rétorqua la comptable.

"Tout juste, mais ici c'est un peu notre ... Comment dire ... Siège social. Si ce village existe c'est grâce à nous, alors on y tient. Et surtout on s'arrange pour qu'il n'y ait pas de grabuge."

"Y a beaucoup de pirate pourtant ..."
constata Merry.

"Ouais, vous avez pas peur d'avoir des problèmes entre pirates et marines ?" demanda le capitaine.

"Ou même entre pirates ..." dit le toubib qui avait la récente traversée en tête.

"Ne vous inquiétez pas pour ça, la marine ne met pas le nez dans nos affaires et pour nous, seul le commerce compte. Même des pirates peuvent apporter à nos affaires. Tant qu'il ne saccage pas tout sur notre bien aimé cap jumeaux" répondit le bonhomme visiblement toujours plus fier de son port et qui se faisait de plus en plus lourd.

En somme, pour quelques raisons que ce soit, la marine ne semblait pas avoir son mot à dire sur les affaires de la Translinéenne. Et la société était parvenue à imposer ses propres règles. C'est ce qui arrive souvent quand une autorité légitime ne joue pas son rôle dans une zone où elle est censée faire régner l'ordre. Apparaît alors une autorité non légitime qui va ériger ses propres règles. C'est ainsi que son né beaucoup d'organisations criminelles. Si la Translinéenne ne semblait pas être composé de criminels, la différence entre légalité et crime est parfois ténu.

"Ah ... Et si on saccage tout ailleurs ça vous va ?" chuchota ironiquement le toubib.

"Ce serait malheureux évidemment" repris le bonhomme qui avait tout entendu, "Mais quand bien même, une île saccagée demanderait beaucoup de réparation et de vivre et ça ... Et bien c'est pas mauvais pour les affaires ..."

"Vous n'avez pas honte ?" demanda Merry.

"Ah bah ! C'est le commerce ma petite dame ..." conclut-il.

De son côté, Moria qui avait totalement délaissé la conversation se torturait l'esprit devant une mystérieuse carte et ce qui semblait être sa boussole favorite. Et après un lourd silence qui suivit les propos au combien cynique de l'étrange représentant de la Translinéenne, le navigateur craqua.

"Raaaah !!!! J'en ai marre !" hurla t-il à mi chemin entre agacement et épuisement.

"Qu'est ce qui se passe ?" cria Lily depuis les quais.

Le navigateur vînt se poser lourdement sur le bastingage d'où il pouvait voir l'équipage au sol.

"Mes boussoles ne fonctionnent plus !"

"Comment ça ?"
demanda le capitaine.

"Regarde par toi même !"

Le navigateur montra ses deux engins qu'il pointa vers le reste de l'équipage puisse bien les voir. Les deux boussoles s'agitaient follement et les aiguilles, hystériques, tournaient dans un sens, puis dans l'autre, ne cessant jamais de tournoyer comme si le nord, en chaque instant, se téléportait.

"Si y en avait qu'une, ok ... Mais là, deux boussoles qui marchent plus ! J'y crois pas !"
hurla encore le navigateur, que l'incompréhension conduisait au bord de la crise de nerf.

"Du calme, du calme, on va bien trouver une boussole neuve ..."


"C'est pas vos boussole le problème !" hurla le bonhomme qui écoutait tout depuis le quai.

Tous se turent et tous s'en retournèrent vert l'agent de la Translinéenne. Le navigateur, d'un bon, sauta au pied du navire et, quelque peu envahissant, s'approcha fort près du visage du bonhomme

"Que voulez vous dire ?" demanda le navigateur.

"C'est une question de magnétisme je crois bien, y faut des boussoles spéciales pour naviguer sur Grand line. Vos babioles ne valent que sur les blues ! Gwa gwa ! Enfin j'y connais rien, mais y a plein de monde qui pourrait vous renseigner la dessus !"

"Merci pour l'info !" répondit Moria les larmes aux yeux.

"Pas de souci, bonne journée ! Et pas de bêtise hein ?!"

Et, fièrement, il disparut dans la foule qui déambulait plus loin sur le port. A bord, les pirates se regardèrent dans le blanc des yeux quelques instants.

"Drôle de bonhomme ..."
constata, pour lui même le même toubib.

De son côté, le navigateur semblait tout excité par cette nouvelle boussole dont il allait se faire acquéreur. Un nouveau monde de navigation qui l'ignorait totalement et qu'il ne demandait qu'à connaître, qu'à comprendre s'ouvrait à lui. Mochi, tout médecin qu'il était, comprenait totalement cet état d'excitation car il le rencontrait bien souvent de sa profession. Mais ce qui l'excitait le plus, qui le rendait le plus heureux, c'était la satisfaction inexplicable et quasi mystique qu'il avait au moment même où comprenait son objet d'étude. Au moment où il le maîtrisait totalement lui et tout ses outils. Et c'est exactement ce qui attendait Moria quand il maîtriserait ce nouvel instrument de navigation.

"Allons chercher cette boussole !" cria t-il, tout excité.
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Une fois cette terrible épreuve passée, Anna ne pouvait s’empêcher de dévisager les différents membres de l’équipage avec un dédain soigneusement dissimulé. Non, finalement il n’y avait bien que Lily et Moria qui savaient retenir son attention de par leur pragmatisme et leur perspicacité. Si la comptable allait d’ailleurs notamment servir, c’était au Cap des Jumeaux où il était nécessaire de réfléchir aux bonnes dépenses à réaliser.

Mais cela, Anna s’en foutait.

Roy et ses comparses n’avaient même pas de Log Pose pour poursuivre et tentaient, il y avait encore quelques minutes, de déchiffrer ce qui n’allait pas derrière l’affolement des boussoles. Arrachant un sourire malicieux à l’agente qui ne se serait normalement pas privée de rembarrer les néophytes pour leur manque de culture… et d’expérience en général. Même s’il s’agissait là de l’apanage de tout bon débutant. Anna s’en fichait, tant qu’elle pouvait cracher son venin gratuitement.

Ce venin qui s’accumulait depuis qu’elle avait quitté Ohara désormais et qui la consumait de l’intérieur. Loin d’être douce ou sociable, elle faisait des efforts pour rester accessible. Pourtant la blonde était le pendant de l’arrogance et du mépris.

« - J’ai pas la moindre idée de ce dont il parlait, mais s’il faut aller à la pêche aux infos, peut-être vaudrait-il mieux se séparer pour aller interroger les différents commerçants ? proposa l’albinos, tandis que la plupart des Tyrans résidaient désormais parmi les caisses et les tonneaux sur les quais, près du navire, à se tourner les pouces. Et puis je dois acheter quelques pièces de rechange et trouver un fournisseur… on a bien entamé nos réserves de boulets.

L’excuse était bonne, Anna désirait simplement fausser compagnie à ses petits protégés et entrer en contact avec sa subalterne pour faire le point sur ses dernières avancées. Cette infiltration ne devait pas non plus trop l’éloigner de son poste de directrice, comme Noxe avait l’habitude de le faire. Et elle ne devait pas non plus l’éloigner de sa mission secrète, pour laquelle elle avait mandaté Browneye.

Sans attendre la réponse de son capitaine, qui faisait preuve de la détente admirable qu’il avait déjà démontrée au moment de tirer au mortier, l’albinos disparut d’une démarche volontaire dans le paysage densément peuplé du port des Jumeaux. Il était de toute manière rare qu’Anna se déplaçât comme le font certaines femmes : d’une démarche chaloupée. On restait généralement sur un pas léger… mais peu féminin. Merry ou pas.

Pas une seule fois elle ne jeta un regard en arrière pour voir si ses coéquipiers avaient témoigné de son absence ou non.

Dans une sombre ruelle, pas loin du QG de la CIA.

Elle avait du retard. C’était assez récurrent chez la bibliophile, qui restait toujours un peu trop longtemps plongée dans ses lectures et peinait à s’activer. La directrice n’était pas non plus systématiquement ponctuelle, mais cette fois-ci elle avait eu assez d’avance pour se mettre à compter les minutes. Quelque part, le contact avec ses agents lui manquait et Browneye s’avérait bien plus utile que l’albinos n’aurait jamais pu le croire.

Finalement, une silhouette encapuchonnée s’engagea dans la ruelle. Un coin un peu désert, parfait pour ce genre de rencontres : ici au moins, Anna était sûre de ne pas tomber sur l’un de ses camarades pirates. Même si le destin était facétieux.

Il ne tarda d’ailleurs pas de le rappeler, lorsque l’ombre fut assez proche pour révéler son visage sous la lumière isolée d’une percée entre deux murs de briques.

« - Miss Sweetsong. » la salua une jeune femme dont le faciès délicat, presque angélique si ce n’était la cigarette qui poignait à la commissure de ses lèvres, était visiblement surmonté par deux cornes bien apparentes et soigneusement entretenues. Et une épaisse chevelure brune faisant particulièrement contraste avec celle de la cyborg.

Cette dernière ne put s’empêcher d’afficher un air interloqué… avant de retrouver tout son sérieux et même dévoiler une lueur de détresse dans son regard. Légèrement sur ses gardes, elle se tenait prête à agir si les choses venaient à mal tourner. Cette inconnue connaissait son nom, le danger était déjà bien assez certain.

« - Je vous connais ? Où est Angelica ? Que faites-vous ici ?

- Du calme, Madame la Directrice. Il est normal que vous ne me connaissiez pas, mais moi je vous connais. Mon nom est Karen, Karen Jones. Je fais partie du CP9 comme vous.

- Ah oui ? Et depuis quand ? Permettez-moi de remettre votre parole en question, mais je crois connaître tous mes agents.

- En vérité, vous connaissez tous les agents que O’Murphy vous a permis de connaître. Nous sommes quelques-uns à ne jamais transiter par les Bureaux, officiant principalement en mission. Croyez-vous sincèrement qu’il vous aurait permis de mettre aussi facilement la main sur l’effectif complet du CP9 ? Mais s’il vous faut une preuve, dites-vous que je suis là depuis aussi longtemps que lui est administrateur. Et non, ce n’est pas une coïncidence. »

Au fur et à mesure de la réponse de la cornue, ponctuée par ses crachats de fumée et ses inspirations discrètes, la directrice s’était lentement décomposée. Combien de temps tout cela allait-il durer, ces manigances ? Non, il n’y avait décidément pas de quoi être surpris. Si Anna était désarçonnée, elle tenta toutefois de le dissimuler dès que possible. Mais cela n’avait pas été suffisant pour échapper à l’œil attentif de Karen, qui s’était adossée contre une haute caisse qui venait pratiquement fermer l’espace clos de la ruelle.

« - Si cela peut apaiser vos craintes, voici ma carte. Vous n’aurez qu’à vérifier dans les registres, une fois revenue à Marie-Joie… si toutefois vous y avez accès. »

Saisissant le bout de carton avec une infinie précaution, la directrice l’étudia au point de pouvoir déceler tous les éléments indiquant qu’il ne s’agissait pas d’une contrefaçon. Ou bien c’était un faux très bien fait. Dans tous les cas, ces différents arguments eurent bientôt raison de sa contrariété, qui se mua plutôt en incompréhension.

Il fallait encore ajouter une nouvelle variable à tout ce plan déjà beaucoup trop compliqué pour un simple être humain. La Brigade Interne avait décidément des espions partout et elle en découvrait pratiquement tous les jours. Même s’il n’y avait finalement rien d’édifiant là-dedans : si un CP devait être particulièrement infesté de cafards, c’était bien le CP9.

« - Vous êtes de connivence avec le CP0, n’est-ce pas ? Vous semblez au courant de beaucoup trop de choses au sujet de O’Murphy. Et j’imagine qu’Angelica est au courant, sinon vous ne sauriez pas que nous étions censées nous retrouver ici.

- Disons simplement que les pistes de son enquête ont fini par la mener jusqu’à moi. Plutôt que de venir répéter ce que je lui ai dit, elle m’a convaincue de me déplacer jusqu’à vous. Nous devrions pouvoir collaborer facilement, nous avons pléthore de points communs, Madame la Directrice.

- Comme ? Vos cornes ? Je dois les avoir bien plus petites alors. ne put s’empêcher d’ironiser la concernée.

- Haha, bien sûr que non. Mais nous œuvrons toutes les deux pour les mêmes objectifs, parfois avec les mêmes manières. Et nous voilà désormais sur les talons du même homme qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui, n’est-ce pas ? Inutile de mentir, je me suis renseignée sur votre dossier, j’ai vu ses ficelles dans vos actions…

- Où voulez-vous en venir ? Qu’avez-vous à me dire ? »

Anna commençait à être légèrement excédée par la présomption de la cornue, mais ne pouvait s’empêcher de confirmer sa clairvoyance. Celle-ci en savait beaucoup, sur beaucoup de choses… et probablement pas seulement O’Murphy. Son lien avec le CP0 était désormais limpide.

- C’est une longue histoire. Mais avant toute chose… vous fumez ?
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Accompagné de Lily et Mochi, Roy déambulait gaiement entre les rues du Port des Jumeaux. Plus qu'un port, devant eux s'étalait une véritable petite ville, entièrement construite sur pilotis. Point de passage obligé pour tous ceux qui désiraient entrer ou sortir de la Route de tous les Périls, le port accueillait chaque jour plus d'une dizaine de vaisseaux différents. Ce trafic soutenu était des plus visibles quand l'on constatait l'effervescence qui régnait en ce lieu. A chaque coins de rues, les pirates découvraient un nouveau commerce, tout comme ils croisaient sur leur chemin des personnes de tous les horizons.

L'objectif de cette promenade était on ne peut plus clair : se procurer une boussole de Grand Line d'une manière ou d'une autre. Au grand dam de Moria, son capitaine lui avait un peu plus tôt ordonné de rester au navire afin de le surveiller. Le navigateur avait initialement rouspété, argumentant que Mochi avec sa force supérieure était plus à même de monter la garde en cas de pépin. Roy lui avait rapidement expliqué qu'il fallait également superviser les réparations de la caravelle et que personne n'était mieux indiqué pour cette tâche. Promettant de revenir avec le compas spécial et le maximum de détails sur la manière de s'en servir, ils avaient ensuite pris congé du blondinet.

La chasse aux informations n'avait pas été bien difficile. Littéralement le premier passant qu'ils avaient arrêté leur avait appris qu'il était aisé de se procurer l'un de ces compas au Port des Jumeaux. Un établissement en avait fait sa spécialité en plein centre-ville, une vaste boutique disposant d'une sécurité soutenue pour accueillir la défilade de forbans qui ne manquait pas d'atterrir à ses portes. Fidèle à la tradition semblait-il, c'était vers ce magasin que se dirigeaient présentement les pirates du Tyran.

Suivant distraitement Lily en observant les édifices de la ville marchande, Roy manqua de rentrer dans la femme-poisson quand celle-ci s'arrêta soudainement. Sans comprendre, il observa cette dernière en silence avant de regarder aux alentours, à la recherche de ce qui avait bien pu la pousser à arrêter à de marcher.

 - Quel joli café..., soupira rêveusement la belle créature, répondant aux interrogations de ses deux compagnons.

Suivant son regard, ils aperçurent la devanture d'un bar-restaurant de talle honnête. Roy en particulier comprit instantanément ce qui avait attiré l'attention de la jeune femme sur cet établissement : le petit mot "~ Strudel ~" sur la carte affichée en terrasse. Un flot de souvenirs lui revint à cette vision, c'était dans un café similaire de Las Camp qu'il avait fait la connaissance de Lily, il y avait de cela quelques mois à présent.

Les deux hommes échangèrent un regard, Mochi haussant un sourcil devant le demi-sourire qui barrait à présent le visage du capitaine. Haussant les épaules, ce dernier leur fit signe de le suivre à l'intérieur du Prélude aux Voyages - une invitation à peine voilée à tous les pirates s'aventurant sur Grand Line.

 - On ne devait pas aller chercher un compas ? s'étonna Mochi en passant les portes de l'établissement, ignorant royalement la serveuse qui était immédiatement venue à leur rencontre.

 - On a le temps avant que le Matheson Sorrow soit réparé, le rassura Roy en emboîtant le pas de Lily qui avait elle-même emboîté le pas de la serveuse. Et puis dans tous les cas il faudra attendre le retour de Merry, on peut se permettre de prendre un peu de bon temps.

 - Qu'est-ce qu'elle a dit qu'elle allait faire déjà ? s'enquerra le docteur en s'asseyant à la table qu'on leur avait désignée.

Ses deux compagnons firent de même et ils suspendirent leur conversation le temps de récupérer les cartes que leur tendit la serveuse.

 - Acheter des pièces de rechange et des boulets de canon, répondit la femme-poisson tout en prenant connaissance des choix proposés par l'établissement.

 - Des boulets ? s'étonna Mochi en reposant sa carte - il ne semblait pas avoir faim visiblement -, mais on a tiré trois ou quatre fois à peine... notre réserve est loin d'être entamée.

Relevant les yeux du menu, Roy considéra un instant le docteur de l'équipage, réfléchissant à cette nouvelle information.

 - Ah oui tiens..., réalisa-t-il après quelques secondes, mais qu'est-ce qu'elle nous a raconté l'autre alors ?

 - Elle avait besoin d'être seule j'imagine, supposa distraitement Lily en faisant signe une serveuse débordée qu'ils étaient prêts à commander. C'est comme le coup du ronflement.

Un léger ricanement échappa au docteur et à la comptable à cette évocation. Roy se renfrogna instantanément quant à lui. Malgré le brouhaha ambiant de ce café bondé il avait entendu leurs rires et il n'était pas dupe : leurs moqueries étaient dirigées sur lui.

Quelques jours seulement après son intégration dans l'équipage, Merry avait pris l'habitude de partir chaque nuit dormir sur le pont du navire, à l'écart de ses compagnons. Elle avait justifié ce comportement antisocial en prétextant être dérangée par les ronflements de Roy, lequel n'avait évidemment pas beaucoup apprécié ces accusations infondées. Cela avait toutefois eu le mérite de bien faire rire le reste de l'équipage.

Une serveuse trouva enfin le temps de prendre leurs commandes. Mochi refusa initialement de prendre quoi que ce soit mais Lily le convainquit de prendre au moins un rafraîchissant, tandis qu'elle commandait carrément pour Roy et pour elle. Le jeune capitaine la laissa faire et en profita pour laisser traîner ses yeux dans de l'établissement. Il remarqua distraitement un mur de prime affiché

 - Ce n'est pas drôle..., reprit-il finalement quand leur hôtesse fût repartie, je ne supporte pas les gens qui ronflent, ça me ferait mal qu'on m'identifie à eux.

 - Aha, c'est l'un de tes critères pour savoir qui tu prends dans l'équipage ? demanda la femme-poisson avec un clin d’œil.

 - Exactement, acquiesça le pirate, et si je vous chope à ronfler un jour vous giclez de mon navire, point, s'énerva-t-il une fraction de seconde avant de reprendre plus calmement, une pointe d'inquiétude dans la voix : non mais on est d'accord que je ronfle pas hein ?

 - Oui oui on est d'accord. Elle a inventé cette histoire pour s'isoler, enfin ça ou elle entend des trucs...

 - Tu penses que c'est possible ? s'interrogea Lily en regardant le docteur, avant de développer quand celui-ci lui fit signe qu'il ne suivait pas : qu'elle entende des trucs, qu'elle soit vraiment convaincue que Roy ronfle ou qu'on ait épuisé notre stock de boulets ?

 - Qu'elle soit dingue tu veux dire ? demanda-t-il de but en blanc, avant d'enchaîner quand elle eut hoché la tête, c'est pas mon domaine d'expertise je t'avoue... après c'est toujours possible qu'elle soit folle ou qu'elle ait subi un traumas oui.

 - C'est une explication plausible en tout cas, affirma la femme-poisson avec un regard de commère, elle a certifié n'avoir jamais servi sur un navire et pourtant elle a une maîtrise totale de toutes les pièces d'artillerie. Je suis sûre que c'est une ancienne militaire !

 - Bof, renifla Roy, pas convaincu le moins du monde, vous vous imaginez des trucs je pense.

 - Ah mais il faut aller chercher ses boissons soi-même au comptoir, réalisa soudain Lily en apercevant le barman en train de leur faire signe. Qu'est-ce que c'est que ce service ? rouspéta-t-elle en se levant bientôt, abandonnant ses deux compagnons pirates pour aller récupérer leur commande.

 - Ok, reprit le jeune capitaine quelques secondes plus tard, de temps en temps Merry a un regard flippant et peut-être qu'elle peut paraître un peu froide, mais quand elle se détend je la trouve plutôt sympathique. On a même commencé à se tutoyer, rajouta-t-il avec des yeux brillants.

 - Pas trop tôt d'ailleurs ! réagit Mochi au quart de tour. Dis-moi je sais pas c'est quoi votre délire à vous deux mais c'était quand même franchement bizarre ; tous l'équipage qui se tutoie à part les deux corniauds qui se vouvoie à coup de "madame" et de "capitaine". Par pitié fait en sorte que ça se reproduise plus Roy, même moi je trouvais ça bizarre.

 - Ce n'est pas de ma faute, se défendit mollement Roy en suivant le déplacement de Lily du regard, c'est elle qui avait refusé au départ... enfin maintenant ce détail-là est réglé, j'ai la sensation que le climat sur le navire va sensiblement s'améliorer.

Au moment où il terminait sa phrase, un homme eut la mauvaise idée de lever une main sur le passage de la femme-poisson et de lui attraper une fesse d'un rire gras. Cette dernière laissa échapper un couinement tandis que Roy bondissait instantanément sur sa chaise. Avant que le capitaine pirate ne termine son mouvement cependant, il fut coupé dans son élan par un spectacle auquel il ne se serait jamais attendu.

Sursautant à cette intrusion, la comptable de l'équipage se retourna trop vite pour que quiconque autour d'elle ne puisse réagir, son poing palmé venant s'écraser dans la mâchoire du malotru. Ce dernier décolla de sa chaise et s'envola à une telle vitesse que les moins vifs auraient pu croire qu'il avait disparu. Fracassant la table de son groupe sur son passage, il termina sa course tête la première dans le mur du fond. Sérieusement dégelé, l'homme resta là sans bouger, visage dans le plâtre et le reste de son corps pendant telle une poupée désarticulée. Tandis que Mochi se retournait pour observer la scène avec un temps de retard, Roy observait Lily les yeux écarquillés. 

Il n'y avait pas de doute, il reconnaissait la posture de combat qu'avait automatiquement prise la femme-poisson lord de cette attaque instinctive, position qu'elle abandonna cependant rapidement. Réalisant ce qu'elle avait fait, la jeune femme se recroquevilla sur elle-même quand les compagnons du malotru se levèrent et se mirent à l'encercler, le regard mauvais.

Se levant à leur tour, ses deux amis firent craquer leurs phalanges.

 - Lily pratique le karaté aquatique, souffla distraitement Roy à Mochi alors qu'ils approchaient tranquillement du bar.

Autour de ce qui semblait être un petit équipage de flibustier - que la comptable des tyrans avait immanquablement courroucé - les propriétaires de l'établissement tentaient de désamorcer le conflit. Le jeune capitaine et son compagnon n'en avaient cure cependant et ils écartèrent nonchalamment les quelques personnes sur leur passage. Arrivant bientôt au niveau des brutes, ils récoltèrent un regard mauvais de la part de leur chef.

 - Tiens ce serait pas une boussole de Grand Line ça par hasard ? nota Mochi en désignant un bracelet étrange que l'homme portait à son poignet.

Légèrement inquiète, Lily leva les yeux au ciel et laissa échapper un râle de frustration devant l'apparente nonchalance de ses sauveurs. Le chef des brutes quant à lui n'apprécia visiblement pas beaucoup que les deux intrus prêtent plus attention à son bracelet qu'à sa personne.

Bien qu'il ait toujours une furieuse envie de punir les inconscients qui menaçaient son amie, Roy ne parvenait plus à quitter l'objet du regard. D'apparence singulière, le bracelet était orné d'une orbe de verre à l'intérieur de laquelle pendait une aiguille flottante. L'aiguille avait deux côtés de couleur différente, un blanc et un rouge afin de ne pas en confondre le sens, c'était assurément une boussole.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 21:30, édité 2 fois
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Délaissant totalement cohues et tumultes alentours, les deux pirates s'approchèrent nonchalamment de celui qui semblait être le leader, non pas qu'ils étaient intéressés par lui, mais son étrange bracelet exerçait sur eux un pouvoir d'attraction soudain et puissant, de telle sorte que toute leur attention se portait, au détriment de tout le reste, sur le bracelet. Seul Lily qui sentait les regards lourds se poser sur le trio se pressa contre ses coéquipiers en les poussant légèrement, afin semble t-il, de les rappeler à la réalité. Mais les deux hommes, à la faveur de leur curiosité, semblaient avoir abandonné toute combativité.

"Il semblerait" répondit finalement le capitaine qui lorgnait encore l'étrange flèche qui s'excitait toute seule dans son réceptacle en verre.

"Oï, oï ! foutez la paix à mon log pose et regardez-moi !" s'écria le bonhomme, attirant l'attention partielle du toubib et confirmant la nature de l'objet convoité.

"Dites ! Vous l'avez acheté où ?" demanda t-il, le plus innocemment du monde.

Le bonhomme grogna, énervé et la candeur soudaine de ses interlocuteurs ne fit qu'accroître son courroux. Constatant le désarroi de son capitaine, un pirate, prenant son courage à deux mains vînt frapper Roy au visage. Lily cria, mais le capitaine ne sembla pas spécialement inquiété de l'attaque. Il esquiva et contre-attaqua aussitôt d'un revers de la main qui envoya le pirate valdinguer à l'autre bout du bar où il vînt se massacrer sur une table.

"Mon bar !" hurla le gérant, "Pas de baston ici !" et il sortit de derrière son bistrot, un gros fusil qu'il pointa sur la foule toujours plus enragée et qui ne faisait pas grand cas des menaces lancées par le barman.

Il réitéra sa menace. Mais tout le monde s'en fichait royalement. Un autre flibustier sauta sur le jeune capitaine et lui non plus ne ferait pas long feu. Comme Roy avait reculé, le leader s'attaqua au toubib. Mais le binoclard bloqua le coup attrapant carrément le bras de son adversaire, au niveau même où le log pose reposait tranquillement avec son aiguille folle. Il opéra sur le bracelet une pression forte, mais pas destructrice, avant d'envoyer balader le bras du bonhomme sur le côté. Et avec une rapidité et une précision peu coutumière, il enleva, discrètement le bracelet de son adversaire. Ce dernier, suite à la pression précédemment appliquée sur le poignet ne fit même pas gaffe et comme il sentait encore quelque chose, une présence, il ne pensa pas un seul instant qu'il venait d'être délesté de son log pose. Il n'y fit point attention et il continua d'attaquer le toubib, qui aisément esquivait les coups qui lui étaient portés. Mochi et Roy continuaient d'esquiver et de parer, ne souhaitant pas faire trop de grabuge. Seule Lily semblait s'exaspérer du comportement irresponsable de ses collègues.

"Dites nous au moins où vous l'avez ..." Et il s'interrompit, Roy remarqua soudainement que le bracelet avait disparu, "Mais au fait ..." commença t-il.

Mochi, qui ne voulait pas que le pot au rose soit aussi tôt découvert frappa son capitaine à la tête.

"Aïe !!!" cria t-il, "Mochi ! Pourquoi tu me frappes ?!"

"Je sais pas"
répondit-il avec un air stupide.

"Bordel ! Vous moquez pas de nous !" reprit le leader adverse sur un ton totalement pitoyable.

Le barman beuglait encore sans que nul ne l'écouta. Et les autres, commerçants ou pirates fraîchement débarqués sur grand line, regardaient silencieusement la scène. Certains riaient du pathétique de la situation, d'autres encore, ne manifestaient aucun intérêt à la tournure des événements et semblaient même agacés des bruits perturbateurs. Mais personne n'avait remarqué le vol du log pose et Mochi s'en félicitait. Roy lui même semblait avoir oublié que l'objet manquait, il était temps de mettre les voiles et sans combattre plus. Le vol autrement perdrait tout son intérêt. Mais étant le centre d'intérêt du bar, ils leurs étaient difficile de disparaître. Il fallait d'abord détourner l'attention et pour se faire, une idée lumineuse traversa le cigare du docteur.

Il attrapa une bouteille de vin pas encore vide qui trônait sur la table la plus proche et la brandit, menaçant, vers le leader ennemi qui en réponse, bondit sur lui. Une fois encore, sans grand effort, le médecin anticipa l'attaque et se décala, crochetant au passage le pied de son assaillant qui glissa vers un autre client. Profitant de la trajectoire de sa victime, le toubib balança sa bouteille sur la tête dudit client, qui était de ceux qui ne regardaient pas. Le bonhomme sembla bien encaisser le coup et se leva brutalement, le visage ensanglanté.

"Qui à fait ça ?" demanda t-il sur un ton aussi calme que courroucé.

Mochi, cherchant à se disculper, pointa du doigt son assaillant, à terre. Mais tous, autour pointèrent du doigt le médecin et ses coéquipiers innocents, dont le seul malheur fut de se retrouver à côté. Et le client balafré savait désormais à qui s'en prendre. Le toubib qui pensait bêtement faire accuser son adversaire pour créer une diversion venait d'échouer lamentablement. Derrière le balafré, une silhouette gigantesque fit son apparition qui jusque là ne s'était pas fait remarquée. Une montagne de muscle, haute de deux bon mètres et demi fit son apparition. Le tricorne du bonhomme frôlait le plafond. Avançant vers le toubib il devança le balafré qui stoppa net sa marche.


"Capitaine ..." Dit doucement le balafré à la fois fier et inquiet.

Sous ses pas puissants, le sol tremblait et tous se retinrent, silencieux, s'écartant d'autant plus du trio. Une impression de puissance brut se dégageait du pirate. Son épais manteau aux impressionnantes épaulettes, trônait royalement sur ses épaules massives. Avec grâce, il s'en dégagea, laissant chuter la masse de tissu. Lui aussi portait, à son poignet droit, un log pose. Lequel, semblait minuscule sur son énorme bras.

"On ne touche pas à mon équipage !" dit-il calmement mais avec une puissance dominatrice dans la voix.

Plus personne n'osait bouger. Sans crier gare, il bondit, poing levé, sur le trio. Il dégageait une aura de puissance extraordinaire. Mais il était lent. En réponse, le binoclard eut le temps de bondir à son tour et suite à un spectaculaire salto il vînt frapper un coup de talon magistral sur l'occiput de son adversaire, lequel s'affala pathétiquement sur le sol. Alors que le mini géant semblait cloué au sol, la foule alentour restait silencieuse. Plus personne n'osait intervenir. L'équipage du géant surtout, était paralysé. Le balafré, bouche bée, ne pipait plus. Lily secoua le bras de Roy, en le tirant vers la sortie. Le capitaine, se laissant entraîner, suivit. Et, passant au niveau de Mochi, toujours prêt à en découdre, elle l'attrapa lui aussi par le bras et le tira vers la sortie. Étrangement, personne ne réagit. Le gérant du bistrot, lui-même oublia de demander le paiement de sa note. Quand ils furent suffisamment loin, la femme poisson sermonna ses compagnons sur leurs brutalités inutiles et imbéciles, rappelant qu'ils avaient autres choses à faire que se mettre l'île à dos. Elle semblait surtout avoir peur de la Translinéenne dont elle avait entendu dans le bar quelques anecdotes inquiétantes.

"Ha !" hurla Roy quand Lily eut terminé son discours, "On a oublié le log pose !" conclut-il alarmé.

"Voilà comment ça se termine quand on joue les zouaves, et maintenant ? Espérons qu'on nous laisse encore circuler librement dans le port !"


Le boulonné sortit alors son précieux trésor de verre et le brandit fièrement.

"Vous parlez de ça ?"
demanda le toubib qui connaissait déjà la réponse.
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Reprenant son calme, Roy considéra un instant le Log Pose que brandissait Mochi. Ce dernier lui tendit le compas et c'est avec des yeux emplis de fierté, quasiment la larme à l’œil, qu'il attrapa l'objet non sans taper affectueusement le dos du docteur au préalable.

 - Je ne te connaissais pas ce talent de pickpocket Mochi, commenta distraitement le capitaine en admirant le nouveau jouet de l'équipage. Toi aussi tu as grandi dans la rue ?

Un sourire paisible sur le visage, Mochi ne prit pas la peine de répondre. Au lieu de cela il se retourna vers la femme-poisson du groupe et darda sur elle un regard inquisiteur, et un poil joueur.

 - Alors Lily, tu vas nous expliquer ce qui s'est passé à l'intérieur ? demanda-t-il en se retenant visiblement de ricaner.

 - Oui ! s'écria immédiatement Roy à ses côtés. Je n'ai pas rêvé c'était du karaté aquatique ! Tu sais te battre en fait ?

 - J'ai des notions..., tempéra l'intéressée avec hésitation, Habu a tenu à m'entraîner avant de me laisser partir avec vous.

 - Génial, s'exclama le jeune homme avec des yeux brillants, je peux continuer ton entraînement si tu veux apprendre à te battre !

 - Non mais je veux pas apprendre à me battre justement, répondit Lily, douchant immédiatement l'enthousiasme de son capitaine, si vous n'y voyez pas d'inconvénient je préfère continuer à rester à l'abri pendant que vous zigouillez nos ennemis, ça me va très bien.

 - Tu maîtrises le karaté aquatique ? demanda distraitement Mochi à Roy tandis qu'ils reprenaient le chemin du navire.

 - Non pas du tout, je parlais de lui apprendre à se battre en général. A force elle aurait développé son karaté aquatique toute seule.

Continuant gaiement leur conversation, les trois compagnons s'en retournèrent vers le port.



Les conversations avaient repris à l'intérieur du Prélude aux Voyages. Le capitaine du balafré reprenait peu à peu ses esprits tandis que ses hommes d'équipage tentaient de garder contenance. Une tâche peu aisée considérant l'humiliation publique qu'on venait de leur servir, sans oublier leur compagnon qui pendait toujours à son mur.

Un groupe de quatre hommes observait la scène depuis l'entrée. Tous vêtus de costumes et de chapeaux noirs, ils étaient entrés dans l'établissement quelques secondes avant le début de l'altercation entre les pirates et y avaient assisté sans se faire remarquer. Debout dans l'encadrement de la porte, ils pondéraient maintenant leurs options.

 - La vache la dérouillée qu'il s'est pris lui, commenta l'un d'eux en écrasant sa cigarette dans un cendrier.

 - C'était même pas le capitaine qui la lui a mise en plus, lâcha un autre après avoir jeté un coup d’œil au mur de l'établissement qui était recouvert d'avis de recherche. Mochi qu'il s'appelle, primé à dix millions cinq cent mille berrys.

 - Yep, et l'autre c'est bien Roy D. Aston, les gardiens du cap n'ont pas menti.

En face d'eux, la montagne de muscle qui s'était faite domptée par le binoclard tenta de se relever. Quelques-uns de ses hommes entreprirent de l'aider, seulement pour mieux chuter avec lui quand il perdit immanquable l'équilibre.

 - Primé à soixante-dix millions de berrys, nota l'homme qui zieutait toujours les avis de recherche, ça va faire plaisir au boss. Cible localisée, on peut le prévenir.

 - Attendez un peu avant de l'appeler, lâcha le troisième membre du quatuor qui entreprit d'avancer vers les pirates, y'a peut-être moyen de choper une info en plus.

Sans comprendre, ses compagnons lui emboîtèrent le pas. Contrairement à lui, ils n'avaient pas remarqué que le gros capitaine vaincu manquait un Log Pose.

Remarquant les individus en costume qui approchaient, le balafré sur les nerfs voulut immédiatement les inviter à aller voir ailleurs. Une main gantée lui attrapa la mâchoire et l'envoya valser à travers la pièce. Ses compagnons voulurent réagir mais furent rapidement maîtrisés par les costumés. En l'espace de quelques secondes, la moitié de l'équipage se retrouva à terre ou tenu en respect par les types en noir, l'homme à leur tête braquant leur capitaine.

 - Bordel vous êtes qui vous encore, demanda ce dernier, le canon d'un pistolet plaqué sur sa tempe.

Il semblait avoir plus ou moins repris ses esprits, mais vu la pâleur de son visage et son état de fatigue avancé, tous les muscles et la puissance du monde n'auraient pas suffi à arrêter ses nouveaux agresseurs.

 - Votre Log Pose, lâcha l'homme qui le tenait en joue, il avait enregistré quelle destination ?

 - De quoi ? éructa sans comprendre le capitaine paniqué.

Regardant par réflexe son poignet, il écarquilla les yeux en se rendant compte que plus rien n'y était attaché. Sentant que sa proie allait s'agiter, l'homme en noir étouffa son éclat dans l’œuf en forçant sur le canon de son pistolet.

 - Vers où pointait votre Log Pose, réitéra-t-il sa question avec un regard mauvais.

 - Vers l'Archipel aux Eveillés ! s'écria le pauvre mastodonte. Le type de la boutique nous a dit qu'il pointait vers l'archipel !

 - Merci bien, lâcha poliment son braqueur en baissant simplement son pistolet.

Avec une insolence éhontée, il se désintéressa complètement de sa victime et lui tourna le dos. Faisant signe à ses compagnons - qui lâchèrent leurs  victimes du moment -, il prit la direction de la sortie. Ébranlés par la facilité avec laquelle ces quatre hommes les avaient submergés, les pirates n'osèrent pas se venger tandis qu'ils leur passaient devans. L'un d'eux s'arrêta cependant en cours de route.

 - Il a une prime celui-là non ? fit-il remarquer en désignant le gros capitaine, lequel était trop choqué par les récents événements pour prendre la peine de réagir, ou même de se rendre compte qu'on parlait de lui. Vous voulez pas qu'on s'occupe de lui au passage ?

 - Non doucement, refusèrent ses compagnons quasiment à l'unisson, un gros poisson à la fois.

 - Il faut qu'on prévienne Noob, renchérit l'un d'eux, puis de toute façon je pense pas que la BNA ait un bureau dans le coin. Impossible d'encaisser sa prime sans faire un détour, ce serait trop pénible.

 - Ah bon d'accord..., fit le costumé en haussant les épaules (il se retourna et donna une gifle amicale à l'un des pirates, lequel sursauta le visage livide), vous devriez quitter Grand Line tant qu'il en est encore temps les mecs, cette mer est trop dangereuse pour vous.

Sans s'attarder plus longtemps, les hommes en noir sortirent du Prélude aux Voyages, laissant une poignée de pirates abasourdis, un gérant content que son établissement soit encore debout et des clients satisfaits du spectacle.

En silence, le balafré claudiqua prudemment jusqu'à ses compagnons, le malotru qui avait eu la mauvaise idée de tripoter la femme-poisson sur son épaule. Une fois de retour, il considéra un instant les mines défaites des hommes d'équipage avant de se tourner vers son capitaine, lequel n'avait toujours pas bougé. Quelques secondes passèrent.

 - Qu'est-ce qu'on fait, on retourne sur North Blue ?
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Pendant plus d’une heure, la discussion entre les deux agentes s’était poursuivie, non pas  dans cette sombre et inconfortable ruelle où elle avait commencé, mais dans une sympathique taverne dont les minces particularités n’avaient rien à envier à celle d’en face, ni à celles d’à côté. S’il arrivait que certains clients parlassent fort tout en levant leurs godets hauts dans le ciel, les voix des deux femmes arrivaient généralement à atteindre leurs oreilles respectives.

Généralement.

Depuis quelques minutes, deux petits groupes de pirates avaient commencé à s’agiter. La directrice n’en avait pas tenu compte mais son filtre naturel commençait lentement à s'estomper. Sous sa capuche, son visage trahissait de temps en temps quelques signes d’énervement.

« - Qui d’autre est au courant de cela ? demanda-t-elle à sa subalterne dont l’histoire, longue et riche en rebondissements, l’avait tenue en haleine jusque-là. Vous êtes vraiment sûre qu’il n’a aucune idée de votre identité ?

- Certaine. Seules quelques rares personnes du CP0 le savent. Et maintenant vous. C’est Gloust qui vous a mise dans la boucle… et comme je ne savais pas où vous trouver, je suis passée par l’intermédiaire de votre partenaire. Curieuse, d’ailleurs, cette dissociation. Vous êtes sûre de vraiment pouvoir lui faire confiance ?

- Vous êtes sûre de poser les bonnes questions ? » rétorqua la directrice qui saisit toutefois, légèrement à contrecœur, que pour la première fois depuis longtemps elle faisait confiance à quelqu’un. Bon, la bibliophile ne lui manquait pas tant que cela, mais son absence se faisait remarquer.

Ce long entretien arrivait finalement à son terme. La blonde avait désormais une preuve capable d’incriminer son administrateur, même s’il fallait en faire bon usage. Karen Jones, ou plutôt Karen Snowfall, avait soigneusement conservé son secret pendant toutes ces années et possédait désormais tous les éléments nécessaires pour faire tomber le fonctionnaire. Elle avait observé tous ses faits et gestes et, de fil en aiguille, ceux d’Anna ; elle s’était même déplacée à Parisse avant que Noxe n’y fût capturé et torturé.

La cornue avait eu une longueur d’avance sur tout le monde. Elle n’était peut-être pas aussi cultivée que l’agente Browneye ni aussi humaine que Larson, mais elle était d’un pragmatisme impressionnant et devait s’avérer un adversaire redoutable aux échecs. Elle était tout ce que l’on pouvait attendre d’un agent double du CP0. Annabella la respectait autant qu’elle la redoutait comme elle redoutait les autres de son espèce.

En parallèle, l’agitation ne cessait de monter dans la taverne, obligeant la jeune femme à hausser légèrement la voix. Mais pas trop, au cas où des espions de l’administrateur s’y trouveraient.

« - Qu’allez-vous faire maintenant ? Quelle est la suite du plan ? J’ai vos informations mais je suis en pleine mission et quand bien même nous savons tout cela, le seul moyen d’avoir O’Murphy est de le prendre sur le fait.

- Oh mais il recommencera… très bientôt. Il est rare qu’il commette des erreurs, mais à priori il en a commis une très grosse : celle de vous offrir la place de directrice. Vous êtes probablement sa prochaine cible, mais il ne faut pas s’attendre à un accident.

- Que voulez-vous dire ? chercha à comprendre la directrice en plissant les yeux. Elle avait peur de comprendre, en vérité.

- Deux directeurs qui meurent en mission en aussi peu de temps, c’est louche. Il essayera probablement de vous mettre des bâtons dans les roues pour vous salir publiquement et faire accéder au trône une personne plus… compétente. Et votre infiltration lui facilite la tâche. Seulement s’il cherche à faire quelque chose, je serai là. Nous devons simplement le percer à jour et pour ça j’ai besoin que vous preniez la tête de la mission. »

Pour O’Murphy, une personne plus « compétente » revenait à une personne plus malléable et Levi était la personne parfaite pour ce rôle. Un tueur sanguinaire qui ne cherchait jamais la réflexion. Anna était passée par là, mais Anna avait évolué.

« - Je vais contacter Angelica pour lui dire de garder un œil sur O’Murphy à Marie-Joie, vous serez bien plus efficace sur le terrain avec moi. Si quelque chose de louche se trame, je veux que vous me teniez au courant le plus vite possible et que vous entriez en contact avec Angelica pour voir si Sloan a un comportement suspect. S’il ne sort pas de sa routine, alors il faudra s’inquiéter.

- Il est généralement assez confiant pour donner les directives depuis son bureau. J’avais dans l’idée d’y placer un mouchard mais pour cet homme je n’existe tout bonnement pas et c’est mieux comme ça. Et puis ça ne m’étonnerait pas qu’il utilise un brouilleur…

- Browneye devra alors trouver ce brouilleur et le désactiver avant de placer le micro. Inutile de faire cela maintenant, toutefois lorsque le temps viendra ce sera probablement une vraie course contre la montre…

- Mais nous pouvons gagner. Personne n’est intouchable, sourit la cornue avant de replacer sa capuche sur son crâne. Il est maintenant temps pour moi d’y aller, mon bateau m’attend. Ce fût un honne- »

CRAACK !

Sous la pression d’un corps expédié depuis l’autre côté du bar, la table adjacente venait soudainement de céder dans un craquement bruyant. Malgré la puissance du choc, la victime parvint à se relever et à retourner dans la mêlée qui était en train de se former. Visiblement un conflit avait éclaté et s’était propagé à tout le reste de la taverne. Le grand classique, toujours un peu âpre et attendu du combat dans un bar.

Le temps d’observer la scène puis de se retourner, Anna témoigna de la disparition de Karen. Son aura semblait déjà lointaine, située quelques rues plus loin, lorsqu’elle envisagea de sonder l’espace avec son Haki pour s’assurer que leur réunion était arrivée à son terme. Alors, avec grâce et dextérité, sans subir un seul heurt, la directrice gagna prestement la sortie de l’établissement.

***

Rien n’avait changé, à priori. Lorsqu’Anna regagna son navire, elle y trouva ses compagnons qui venaient visiblement d’arriver, quelque peu essoufflés. Il ne faisait aucun doute désormais que c’était bien eux les responsables du chahut au bar. Si elle avait su…

« - Qu’est-ce qu’il s’est passé ?! demanda la jeune femme, en réalité faussement surprise ou même intéressée par l’objet de sa question.

- Tu connais les garçons, alors devine… »

La comptable semblait excédée, d’autant plus que visiblement il y avait un intérêt derrière leur départ soudain. Ce ne fut qu’après quelques minutes qu’Anna vit alors l’étrange bulbe désormais fixé au poignet du navigateur. Ils avaient donc mis la main sur un Log Pose finalement…

Merry ne posa pas de question, elle se contenta de fixer le lointain, censée être incapable de monter dans les gréements pour aider ses compagnons. Merry était armurière et son boulot c’était les canons et leur entretien, on ne pouvait pas lui reprocher de s’en tenir à ça. Ce fût d’ailleurs à ce sujet que le capitaine l’alpagua dans sa contemplation :

« - Tu n’avais pas dit que tu devais faire le plein de munitions au Cap ? Pourtant tu es revenue les mains vides… »

La directrice souleva un sourcil interrogateur avant de se rendre compte de sa propre erreur. Débutante qu’elle était. Elle envisagea alors de répondre avec un mensonge éhonté et improvisé lorsque son regard bifurqua sur un élément improbable et imprévu qui sortit soudainement des quartiers de l’équipage pour faire savoir au monde son inquiétude de se trouver soudainement au beau milieu de l’océan.

« Hannn !! »

Un âne. Un âne multicolore venait d’apparaître au milieu du navire. Une bestiole à la robe zébrée des sept couleurs de l’arc en ciel, un machin paniqué qui comprenait qu’il n’avait clairement rien à faire là. Et dont la première réaction, pour sa rencontre avec les Tyrans, fût de tenter de grignoter l’herbe couleur châtaigne poussant sur le sommet du crâne du capitaine.

Un poné.
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