Un matin comme un autre. Les mouettes qui virevoltaient dans le ciel, se coursant les unes les autres, comme cherchant à se prouver quelque chose. Les mats qui s’entrechoquaient, créant de la sorte des cliquètements caractéristiques des ports pleins de vie. C’était ainsi tous les matins au QG, et ce depuis mon arrivée quelques semaines auparavant. Je n’étais pas encore ce qu’on peut appeler un « véritable » officier de la marine, tout juste vice lieutenant, pris sous recommandation au QG d’East Blue. J’avais tout du petit gars détestable de 24 ans qui sortait de l’école d’officiers et qui venait jouer du galon avec les hommes du métier, les vrais.
Jouer du galon en étant vice lieutenant, quelle blague, certains adjudants sur cette base avait plus d’influence que moi, la seule chose que je faisais était de passer les hommes en revue au côté d’un des lieutenants de la base, généralement celui qui avait le moins bu la veille, et me balader en attendant qu’on m’envoie en mission. Autant attendre la venue de Dieu sur Terre. Je n’étais qu’un inconnu parmi beaucoup d’autres sur la base, et le problème est bien qu’on ne devient pas connu en restant sur un ponton à regarder les navires prendre la mer.
Alors j’attendais, parce que de toute manière, c’est tout ce que j’avais à faire. Je me levais le matin, je prenais le petit déjeuner au mess des officiers, puis j’allais m’entraîner et je finissais ma journée par mes études personnelles, sur différents domaines. Il est vrai que l’anatomie était l’un de mes domaines de prédilection, j’essayais, à dix ans seulement, d’apprendre par cœur tous les points faibles de l’homme, et encore l’année dernière, il s’agissait de l’une de mes principales préoccupations, les points faibles de l’homme.
Pour moi, tout combattant digne de ce nom se devait d’être complet, autant physiquement que mentalement, alors lorsque l’on me laissait un petit peu de temps avec des soldats, j’aimais mélanger l’entrainement physique et la culture générale, poussant ainsi ses braves dans leur retranchement en mêlant histoire, science et littérature. C’était amusant de les voir s’énerver devant mes questions « à la mords-moi l’nœud » après chaque séance d’entrainement durant lesquelles j’essayais aussi de les pousser à bout physiquement.
Mon but était d’apprendre à connaître tout le monde, du mieux que je pouvais, tout en notifiant les failles et les forces de chacun. C’était ce qui faisait de moi un véritable gestionnaire, je n’étais pas seulement un homme de terrain, j’aimais savoir à l’avance quelles étaient les forces en présence. En l’occurrence, ça n’était ni pressant, ni même utile de procéder à ce genre d’enquête en sachant que le QG abritait l’un des quatre démons des Blues, à savoir la sous amirale Bii qui devait être en mesure d’arrêter à peu près n’importe quel pirate se baladant sur ses mers sans trop de difficulté. Cela dit, rien ne vaut la prévention, et perdre des hommes n’était pas vraiment dans mes priorités.
Ah bordel, qu’est-ce que je n’aimais pas cette vie lente et dépourvue d’action, j’avais l’impression que tout était au ralenti depuis que j’avais quitté mon île, au moins, là-bas, je participais aux enquêtes, j’étais reconnu par tout le monde, c’était quelque chose ! Ici ? C’est limite si les hommes me saluait, j’avais vraiment cette impression d’être inutile, il me fallait quelque chose, une mission, un événement je ne sais pas moi, quelque chose !
-
Je ne sais pas, l’arrivée d’un ennemi, ou bien la venue de l’Amiral en chef ? Ahh, il me fallait quelque chose absolument, je n’en pouvais plus d’arpenter les pontons sans but, de chercher à me faire des amis dans un QG où l’on me traitait de pistonné, il me fallait une mission qui me permette de prouver ma valeur, non seulement en tant qu’homme, mais aussi en tant qu’officier !
Oui c’était ça qu’il me fallait, une véritable mission, du genre de celle qui avait fait les grands hommes, qui avait construit les légendes ! J’étais gonflé à bloc, il fallait que je me défoule sur quelque chose, dès maintenant ! Alors je me suis mis à boxer dans le vent, c’était une technique que maitrisaient parfaitement tous les pratiquants d’arts martiaux. Le « Shadow Training » consistait en une suite de coups administrés en s’imaginant une scène de combat, on enchainait alors les esquives, les contres et les coups en fonction de la difficulté que l’on accordait à notre entrainement.
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Je m’étais imaginé entouré de cinq pirates armé, me cherchant des noises de leur plein gré et m’insultant de tout leur pauvre vocabulaire, le premier cherchait à m’administrer un coup en pleine face, un pas sur la droite suivie d’un coup de coude à l’arête supérieure du nez suffit à faire disparaître l’ombre du combattant. Le second était vif, bien plus coriace, il esquivait chacun de mes coups, c’est alors que, au beau milieu d’un combat acharné, il leva sa main comme pour m’administrer une grande claque sur le dessus de la tête. Ridicule, ce mouvement m’offrait d’innombrables ouvertures, j’optai donc pour une feinte de corps vers le bas, l’obligeant ainsi à baisser la tête pour suivre mes mouvements, puis je le balayai d’un uppercut.
Mais.
Je venais de toucher quelque chose de solide, et mon coup, bien qu’envoyé avec toute ma bonne volonté et tout mon amour pour le combat, c’était stoppé face à cette chose. Je fus donc bien forcé d’ouvrir les yeux. Autour de moi, une quarantaine d’homme au garde-à-vous, la bouche ouverte, et sur la balustrade surplombant le ponton, le Commandant Rammsteil et le Colonel Warp, à peu de chose près aussi stupéfait que leurs hommes.
Qu’est-ce que c’était que ce bordel ?
Je tournai donc la tête vers la chose qui avait bloqué mon coup, et c’est alors que je le vis, la tête droite, la mâchoire contractée surement par le self-contrôle dont il faisait preuve pour ne pas m’insulter ou bien me consigner sur-le-champ, les yeux rivés vers moi, immobile. Je regardai donc ses épaulettes, sait-on jamais, je pouvais très bien avoir frappé un sergent d’élite venu par hasard ou je ne sais quoi encore.
Un commodore.
Je venais de frapper un put… de commodore.
Si je n’étais pas renvoyé de la marine sur ce coup, c’était quelque chose d’anormale, et merde, le con.
Jouer du galon en étant vice lieutenant, quelle blague, certains adjudants sur cette base avait plus d’influence que moi, la seule chose que je faisais était de passer les hommes en revue au côté d’un des lieutenants de la base, généralement celui qui avait le moins bu la veille, et me balader en attendant qu’on m’envoie en mission. Autant attendre la venue de Dieu sur Terre. Je n’étais qu’un inconnu parmi beaucoup d’autres sur la base, et le problème est bien qu’on ne devient pas connu en restant sur un ponton à regarder les navires prendre la mer.
Alors j’attendais, parce que de toute manière, c’est tout ce que j’avais à faire. Je me levais le matin, je prenais le petit déjeuner au mess des officiers, puis j’allais m’entraîner et je finissais ma journée par mes études personnelles, sur différents domaines. Il est vrai que l’anatomie était l’un de mes domaines de prédilection, j’essayais, à dix ans seulement, d’apprendre par cœur tous les points faibles de l’homme, et encore l’année dernière, il s’agissait de l’une de mes principales préoccupations, les points faibles de l’homme.
Pour moi, tout combattant digne de ce nom se devait d’être complet, autant physiquement que mentalement, alors lorsque l’on me laissait un petit peu de temps avec des soldats, j’aimais mélanger l’entrainement physique et la culture générale, poussant ainsi ses braves dans leur retranchement en mêlant histoire, science et littérature. C’était amusant de les voir s’énerver devant mes questions « à la mords-moi l’nœud » après chaque séance d’entrainement durant lesquelles j’essayais aussi de les pousser à bout physiquement.
Mon but était d’apprendre à connaître tout le monde, du mieux que je pouvais, tout en notifiant les failles et les forces de chacun. C’était ce qui faisait de moi un véritable gestionnaire, je n’étais pas seulement un homme de terrain, j’aimais savoir à l’avance quelles étaient les forces en présence. En l’occurrence, ça n’était ni pressant, ni même utile de procéder à ce genre d’enquête en sachant que le QG abritait l’un des quatre démons des Blues, à savoir la sous amirale Bii qui devait être en mesure d’arrêter à peu près n’importe quel pirate se baladant sur ses mers sans trop de difficulté. Cela dit, rien ne vaut la prévention, et perdre des hommes n’était pas vraiment dans mes priorités.
Ah bordel, qu’est-ce que je n’aimais pas cette vie lente et dépourvue d’action, j’avais l’impression que tout était au ralenti depuis que j’avais quitté mon île, au moins, là-bas, je participais aux enquêtes, j’étais reconnu par tout le monde, c’était quelque chose ! Ici ? C’est limite si les hommes me saluait, j’avais vraiment cette impression d’être inutile, il me fallait quelque chose, une mission, un événement je ne sais pas moi, quelque chose !
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NAVIRE A MIDI
Je ne sais pas, l’arrivée d’un ennemi, ou bien la venue de l’Amiral en chef ? Ahh, il me fallait quelque chose absolument, je n’en pouvais plus d’arpenter les pontons sans but, de chercher à me faire des amis dans un QG où l’on me traitait de pistonné, il me fallait une mission qui me permette de prouver ma valeur, non seulement en tant qu’homme, mais aussi en tant qu’officier !
Oui c’était ça qu’il me fallait, une véritable mission, du genre de celle qui avait fait les grands hommes, qui avait construit les légendes ! J’étais gonflé à bloc, il fallait que je me défoule sur quelque chose, dès maintenant ! Alors je me suis mis à boxer dans le vent, c’était une technique que maitrisaient parfaitement tous les pratiquants d’arts martiaux. Le « Shadow Training » consistait en une suite de coups administrés en s’imaginant une scène de combat, on enchainait alors les esquives, les contres et les coups en fonction de la difficulté que l’on accordait à notre entrainement.
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Garde à vous !
Je m’étais imaginé entouré de cinq pirates armé, me cherchant des noises de leur plein gré et m’insultant de tout leur pauvre vocabulaire, le premier cherchait à m’administrer un coup en pleine face, un pas sur la droite suivie d’un coup de coude à l’arête supérieure du nez suffit à faire disparaître l’ombre du combattant. Le second était vif, bien plus coriace, il esquivait chacun de mes coups, c’est alors que, au beau milieu d’un combat acharné, il leva sa main comme pour m’administrer une grande claque sur le dessus de la tête. Ridicule, ce mouvement m’offrait d’innombrables ouvertures, j’optai donc pour une feinte de corps vers le bas, l’obligeant ainsi à baisser la tête pour suivre mes mouvements, puis je le balayai d’un uppercut.
Mais.
Je venais de toucher quelque chose de solide, et mon coup, bien qu’envoyé avec toute ma bonne volonté et tout mon amour pour le combat, c’était stoppé face à cette chose. Je fus donc bien forcé d’ouvrir les yeux. Autour de moi, une quarantaine d’homme au garde-à-vous, la bouche ouverte, et sur la balustrade surplombant le ponton, le Commandant Rammsteil et le Colonel Warp, à peu de chose près aussi stupéfait que leurs hommes.
Qu’est-ce que c’était que ce bordel ?
Je tournai donc la tête vers la chose qui avait bloqué mon coup, et c’est alors que je le vis, la tête droite, la mâchoire contractée surement par le self-contrôle dont il faisait preuve pour ne pas m’insulter ou bien me consigner sur-le-champ, les yeux rivés vers moi, immobile. Je regardai donc ses épaulettes, sait-on jamais, je pouvais très bien avoir frappé un sergent d’élite venu par hasard ou je ne sais quoi encore.
Un commodore.
Je venais de frapper un put… de commodore.
- Ah, et bien je peux dire que vous êtes solide comme un roc en tout cas !
Si je n’étais pas renvoyé de la marine sur ce coup, c’était quelque chose d’anormale, et merde, le con.