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La mer est aussi profonde dans le calme que dans la tempête

North Blue, en pleine mer – Été 1627

Le vent s'intensifiait d'heure en heure. Les bourrasques gonflaient les vagues et les embruns fouettaient son visage de plus en plus fort à mesure que la tempête approchait. On entendait le chant des voiles qui s'agitaient. Partout, sur le pont extérieur comme à l'intérieur, les matelots s'agitaient au rythme des ordres donnés par les maîtres d'équipages. Il fallait s'assurer que tous les équipements soient bien encordés, monter sur les vergues pour replier les voiles, vérifier l'état de la coque, verrouiller tous les placards des cuisines et les vaisseliers de la grande salle de réception.

Une vraie fourmilière.

Juusan était peut-être la seule à ne pas s'affoler. Au contraire, cet épisode lui donnait un moment de répit pendant lequel on ne viendrait pas vérifier son identité. En effet, elle avait embarqué clandestinement sur ce vaisseau de transport réservé aux civils qui avaient acheté leurs billets. La traversée lui aurait coûté vraiment trop cher, encore une fois. D'autant qu'elle s'était retrouvée là un peu par hasard.

Au départ, elle avait payé un aller simple pour l'île de Cocoyashi dans East Blue. Un trajet peu onéreux. Malheureusement, cette empotée s'était trompée de navire au moment d'embarquer et était montée sur celui amarré sur le quai situé juste à côté. Elle avait débarquée sur une île de North Blue et s'était retrouvée bien embêtée.

Finalement, après quelques jours à errer dans le petit port et n'ayant plus les moyens pour se payer un second trajet, elle avait pu se hisser clandestinement sur ce bâtiment qui la ramenait à East Blue.

Accoudée au bastingage, la jeune femme profitait également du grand air.

Ils avaient pris la mer depuis plusieurs jours déjà et elle n'avait pu sortir que très rarement – généralement en pleine nuit, lorsque la plupart des passagers dormaient et que l'effectif des membres d'équipage était réduit à son minimum.

Hormis l'odeur de moisissure et les quelques rats qui traînaient ça et là, on pouvait trouver un certain confort à dormir en fond de cale. Pour commencer, la pièce était obscure ce qui facilitait sa dissimulation. Ensuite, il y avait à sa disposition de la nourriture en abondance puisque c'est là qu'étaient stockées toutes les vivres destinées à nourrir les clients.

Le seul inconvénient était la solitude – on ne peut pas dire que les rats soient d'une excellente compagnie – et le manque de lumière. Lorsque le cri d'alerte prévenant de l'arrivée de la tempête s'était fait entendre, elle avait sauté sur l'occasion pour sortir de son trou.

Elle en profitait d'autant plus que d'ici quelques heures son mal de mer la ferait certainement souffrir. Lorsque la houle était forte, elle n'y échappait jamais.

D'abord à la poupe, elle s'était redirigée vers le centre du pont supérieur, bien au milieu de la coque du bateau. Au début, il lui semblait que cela remuait moins qu'à l'arrière. Maintenant, elle en doutait. Les vagues la secouaient de plus en plus et elle devait se cramponner pour ne pas passer par dessus bord.

- Mais que faites-vous là ? Vous êtes folle !

La rouquine se retourna pour voir un matelot qui la dévisageait.

- Tous les passagers ont eu pour ordre de rester dans leur cabine pour leur sécurité. Allez vite vous mettre à l'abri !

Voilà, la récréation était terminée. Cela avait été court, mais très agréable. Il fallait se résigner à regagner l'intérieur du navire sous le regard réprobateur du marin, se diriger vers la porte la plus proche et laisser le jeune homme l'ouvrir. Une fois à l'intérieur, elle l'entendit actionner le système de verrouillage avant de s'éloigner en courant.

La jeune femme ne savait absolument pas où elle se trouvait ni comment rejoindre sa planque. Elle était sortie par un autre accès et ignorait comment retrouver son chemin dans ce labyrinthe de couloirs qui ressemblaient tous.

Juusan haussa les épaules. Après tout, la cale était la salle la plus basse du vaisseau, il fallait juste qu'elle trouve un escalier qui la mènerait aux ponts inférieurs. Elle s'engagea dans l'un des couloirs au hasard, entamant une marche houleuse à travers les galeries du navire, au rythme de la houle.
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Confortablement blottie dans une cagette d’abricots bien mûrs, Sélésia somnolait sans se soucier de l’agitation des marins qui s’affairaient sur les ponts supérieurs. Les lamentations inquiétantes de la coque malmenée par la houle ne suffisaient pas à perturber son esprit, bien trop embrumé par des songes peuplés de guerriers d’or et d’acier. Plongée dans un monde où la cime des plus hauts arbres effleurait ses chevilles et le toit des palais ses mollets, elle gambadait gaiement en détruisant chaque village ou prairie qui avait le malheur de se trouver sur sa route. Devant elle, patientaient, armes aux points, un régiment de soldats à la peau pierreuse et mordorée toute aussi immenses qu’elle. Elle s’élançait vers l’un deux, prête à en découdre, lorsqu’une douleur fulgurante mit brusquement fin à ses rêveries.

Se redressant vivement, la petite naine adressa un regard empli de haine à la pomme barbare qui avait eut l’audace de quitter son cageot pour venir s’écraser contre sa cage thoracique. Elle envoya valser l'assaillante avec mauvaise humeur, puis s'étira doucement. Il était temps de se dégourdir les jambes.

Alors qu’elle tentait de se lever, une secousse inopinée faillit faire basculer l’adolescente aigrie. Une pluie de groseilles s’abattit follement sous ses yeux ébahis, lui faisant prendre conscience de l'agitation de la mer. Tout autour d'elle, les marchandises les plus légères de la cargaison tournoyaient, bercées par le ballotement du navire.

Sélésia balaya la pièce du regard, yeux plissés. Il semblait que l’étrangère qui voyageait inconsciemment avec elle depuis plusieurs jours s’était absentée. En effet, la rousse, accoutumée aux voyages clandestins, avait eu la surprise d’apercevoir une humaine se glisser à ses cotés quelques minutes après sa propre infiltration. Sa présence l’avait tout d’abord agacée; même si l'obscurité de la pièce lui offrait une certaine protection, elle devait limiter ses mouvements pour être certaine de ne pas attirer son attention.

Toutefois, elle avait fini par attirer sa curiosité, puis par la réjouir, bien qu’elle refuse d’admettre ce dernier point. Épier ses faits et gestes l’aidait à vaincre son ennui, et elle prenait goût à fouiller discrètement ses affaires lorsqu’elle était profondément assoupie. De plus, depuis qu’elle avait prit la mer, la naine avait pris soin de rester cachée des hommes, payant le lourd prix de la solitude. Savoir que quelques cageots plus loin, quelqu’un était là dans une situation tout aussi précaire, la réconfortait quelque peu.

Préoccupée par la tempête qui semblait s’intensifier au dehors, la jeune fille décida de quitter son repaire. Les étagères ne lui paraissaient pas des plus solides, et elle ne souhaitait pas être présente lorsqu’il leur prendrait l’envie de fondre sur le sol. Sautillant pour éviter les divers vivres qui entamaient une valse mouvementée, Sélésia se dirigea vers les parties supérieures du navire. Peut-être s’aventurerait-elle jusqu’à la proue, pour profiter de la saveur iodée des flots.

Elle sillonna les couloirs à petites foulées, évitant les divers marins qui surgissaient à chaque recoin. Bien que nombreux, ils avaient le mérite d'être suffisamment absorbés par leurs tâches pour ne pas faire attention à la silhouette orangée qui se se glissait dans leur dos. L'adolescente déambulait hasardeusement, ne sachant pas s’il était préférable de trouver un refuge pour s’y pelotonner jusqu’à ce que la frénésie de l’océan s’atténue, ou de fuser sur le pont pour admirer la ruée des vagues.

Perdue dans ses réflexions, elle remarqua avec un temps de retard une humaine s'engouffrer dans le couloir qu'elle parcourait, seule. Elle s'élança vers une porte sur sa droite, espérant réussir à se dissimuler dans son encadrement avec d'être aperçue. Malheureusement, dans sa précipitation, elle ne prit pas garde à la fine pellicule brillante qui recouvrait le sol fraîchement lavé. Son pied patina sur le liquide savonneux et l’entraîna dans une glissade incontrôlée. Elle parvint gauchement à  rattraper sa chute en esquissant une roulade pour le moins étrange, mais ne put empêcher son casque de prendre son envol. Ailes déployées, il sema deux ou trois plumes dans son mouvement, qui telles des flocons vinrent se poser délicatement sur le nez en trompette de Sélésia.

Cette dernière observa, les mains moites, son précieux couvre-chef virevolter gracieusement, écorcher les lattes innocentes du parquet, pour finalement se heurter à la botte de la passagère. La jeune fille déglutit, indécise. Dans son dos, résonnait l'écho des pas réguliers d'un matelot qui semblait se rapprocher.
    Le navire oscillait au rythme des vagues au point de vous faire trébucher à chaque pas. C’était à se demander si l'on ne se trouvait pas maintenant au plus fort de la tempête. Cette dernière était telle qu’on entendait les plaintes du bâtiment semblables à des gémissements d’un animal à l’agonie. Heureusement qu'aucun passager ne se trouvait sur le pont. Elle comprit pourquoi le matelot avait tant insisté pour que tout le monde se mette rapidement à l’abri.

    C’était la première fois que Juusan faisait face à un tel déchaînement des éléments en pleine mer. Et cela était tout simplement impressionnant. Il était difficile d’imaginer pareille tourmente avant d’y être réellement confronté.

    Les difficultés s’enchaînaient. Sa démarche était de moins en moins sûre et les couloirs vides et austères de ce foutu rafiot ne lui offraient aucune prise pour se tenir, ni aucun repère pour la guider à travers ce labyrinthe de bois. Elle était complètement perdue et ne parvenait pas à trouver l'escalier tant recherché.

    Des marins, qui ne semblaient même pas la remarquer, la dépassaient ou la croisaient hâtivement. La bousculaient parfois. Comment faisaient-ils pour courir dans ces conditions ? La jeune femme regrettait de ne pas être née avec le pied marin, d’autant que le mal de mer la gagnait de plus en plus.

    Après un virage sur sa gauche, elle déboucha dans un nouveau couloir et dû mettre les deux mains sur la cloison d'en face pour garder son équilibre. Elle crut apercevoir une ombre à quelques mètres mais celle-ci disparut rapidement de son champ de vision au moment où une violente secousse la fit basculer en arrière.

    Alors qu'elle moulinait avec ses bras dans une position plus que grotesque, un fracas se fit entendre sur le plancher. La maladroite retrouva finalement une position décente lorsqu’un objet glissa jusqu’à ses pieds et tapa sa bottine gauche avec un petit bruit sourd. Elle se pencha pour le ramasser et l'examiner de plus près. Il s'agissait en réalité d'un casque ailé miniature. Fascinant. Il était à la fois minuscule et travaillé minutieusement. Comment était-ce possible ?

    La rouquine ne put continuer son examen plus longtemps. Le bâtiment se souleva qu'un seul coup et l’envoya sur la cloison située juste derrière. Instinctivement elle serra fermement le petit casque dans sa main. Cette fois-ci, il lui serait impossible d'échapper à la gravité, il fallait juste s'accrocher à quelque chose, n'importe quoi. Un tuyau de canalisation dépassait des lambris. Parfait. Elle s'y cramponna et attendit que ça passe. Mais cela ne passa pas, le bateau continuait son ascension. Existait-il vraiment des vagues aussi hautes ?

    C'est alors qu'une créature lui atterrit en plein visage en criant. Elle ne put qu’encaisser le coup et se demanda s'il ne s'agissait pas d'un rat, ou une bestiole dans ce genre.

    La petite femme, oui c’était cela, une petite femme minuscule, se cramponna aux cheveux de Juusan. Comment lui en vouloir ? Elles étaient toutes deux dans une faucheuse position.

    L’existence d’autres créatures aussi petites dans le reste du monde était en train de nourrir ses réflexions quand une longue plainte se fit entendre. Le cri se rapprochait. Un marin, qui devait se trouver à l'autre bout du couloir au début de « l’ascension » du navire, surgit de la pénombre. Il glissait le long du couloir, se cognant régulièrement au passage et fonçait droit sur elles.

    Elle n'avait pas le temps de penser au bien-être du marin. Autant essayer de sauver sa peau – et celle de la naine agrippée à ses cheveux – en priorité non ? Elle se concentra, souhaitant anticiper le point de chute de l'homme histoire de l'éviter.

    - Cramponne-toi ! ... cria-t-elle à sa passagère.

    Juusan sauta de l'autre côté du couloir et s’agrippa à un autre conduit qui dépassait de la cloison au moment où le marin se fracassait à l'endroit où elles se trouvaient une seconde plus tôt.

    Elles n'eurent pas le temps de souffler. Quelques secondes plus tard, le bateau dégringola brusquement en avant dans un fracas assourdissant. Le marin repartit dans la direction opposée, plus rapidement cette fois-ci. Quant à Jussan et la petite femme, elles se retrouvèrent à l'horizontal au dessus du plancher avant de tomber lourdement au sol. Le navire était à nouveau orienté normalement. Mais pour combien de temps encore ?

    Il fallait à tout prix qu'elles s’échappent de ces couloirs qui, comme elles venaient de l'apprendre, pouvaient s'avérer très dangereux.

    Juusan aperçut une porte à quelques mètres. Elle saisit le petit bout de femme à deux mains et se précipita sur la porte, l'ouvrit et s’engouffra dans une pièce sombre avant de refermer derrière elle.

    Les deux rouquines se trouvaient maintenant dans un placard à balais. Ces derniers, ainsi que le matériel qui les accompagnaient étaient soigneusement attachés par de solides cordages, ce qui la rassura. Finalement, on devait être plus en sécurité ici que dans la cale où toutes les vivres stockées devaient se balader de long en large.

    Elle posa délicatement la petite femme à terre et lui sourit avant de s'affaler contre la porte du placard.

    - C'est bon, on devrait être en sécurité ici dit-elle simplement en lui tendant son casque.
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    Une impression étrange de perdre pied, un sentiment fugace de liberté, un flot de sensations indéfinissables qui angoissent autant qu’elles réjouissent … c’était donc ça, voler ?  Sélésia, qui papillonnait grotesquement des bras en tentant se défaire le l’emprise de la gravité, n’eut pas le temps de s’appesantir sur la question. Le navire semblait se soulever, la propulsant à toute vitesse vers un mur du couloir.

    Pour éviter de se heurter furieusement contre lui, elle ne put que se rattraper au premier obstacle sur son chemin; en l’occurrence, une chevelure rose. Mains et jambes enroulées dans la tignasse, la rousse se cramponna du mieux qu’elle pouvait au crâne de sa compagnonne d’infortune. Un brin compatissante, elle observa d’un œil désolé un matelot tournoyer dans les couloirs en percutant murs et sol. Elle ne doutait pas du fait qu’elle aurait certainement fini dans le même état si la passagère ne s’était pas trouvée sur son chemin.

    Effrayée à l’idée que celle-ci puisse s’agacer et décider d’envoyer valser la voyageuse impromptue à l’autre bout du couloir d’une pichenette, Sélésia ne cessa de raffermir sa prise sur les cheveux framboises, quitte à faire souffrir leur propriétaire. La naine fut tout particulièrement surprise lorsque cette dernière l’encouragea à s’agripper, et plus encore quand elle l’attrapa pour l’amener avec elle jusqu’au placard à balais.

    Une fois posée sur le sol, l’adolescente vacilla quelques instants, encore étourdie. Elle fit quelques tours sur elle-même, frottant ses yeux pour retrouver son équilibre. Il lui était arrivé à plusieurs reprises d’essuyer des tempêtes, mais aucune n’avait encore fait preuve d’une telle fougue.

    Lorsque l’étrangère lui tendit son casque, elle l’attrapa d’un geste sec tout en reculant, intimidée. Polissant l’objet avec sa manche, elle examina avec minutie l’étendue des dégâts. Le métal ne semblait pas avoir trop souffert, ne laissant apercevoir qu’une fine éraflure. L’ouvrage était toutefois dépouillé de la moitié de ses plumes, qui avaient profité de la situation pour se disperser dans le navire.

    La rousse soupira de soulagement. Les réparations à effectuer ne s’avéraient pas trop laborieuses. Lançant un regard à la jeune fille, elle réfléchit à l’attitude à adopter. Se trouver seule à seule pour la première fois depuis plusieurs mois avec une humaine qui avait conscience de sa présence la mettait mal à l’aise. Néanmoins, celle-ci l’avait aidé et lui avait rendu son bien.

    De plus, cela faisait plusieurs jours qu’elles voyageaient ensemble, bien que l’autre ne l’ait jamais remarqué. Sélésia s’était habituée à sa présence et n’avait rien perçu chez elle, ou dans ses affaires qu’elle avait impunément fouillé, qui puisse l’alerter d’une quelconque façon.

    Comment aurait réagi un géant dans cette situation ? Courage, fierté, terreur, unité. Bien. Il ne lui fallait pas se laisser impressionner, ni manifester son trouble. En tant que naine d’honneur, elle devait se montrer courtoise avec celle qui lui avait porté secours, mais également conserver une certaine prestance.

    Vissant profondément son casque sur son crâne, la jeune fille adopta une posture droite et fière. Elle s’avança d’un pas lourd et bruyant vers l’humaine tout en scrutant sa réaction. L’exagération de ses mouvements était un brin ridicule et enfantine, bien qu'elle ne s’en aperçut pas. Les pieds profondément ancrés dans le sol et les bras croisés, elle s’adressa à la rose.

    -Enchantée, inconnue ! Je me prénomme Sélésia ! s’exclama-t-elle.

    Elle tendit sa main vers la passagère en fronçant ses sourcils d’un air sérieux. Échanger une poignée de main avec une personne presque dix fois plus grande que vous n’était pas chose aisée, mais la rousse tenait absolument à honorer ce principe de politesse qui pour elle, témoignait d’un respect mutuel.

    Une secousse subite la fit vaciller et reculer de quelques pas. Même si la petite pièce était plus sécurisée que le couloir, l'aigreur de l’océan s’y faisait encore ressentir. Après quelques instants d’hésitation, l’adolescente s'installa en tailleur.

    -Je vous suis redevable pour mon casque, continua-t-elle en inclinant doucement sa tête. Je vous remercie aussi de m’avoir laissé m’agripper à votre chevelure. Désolée d’en avoir arraché une partie au passage, d’ailleurs, ajouta-t-elle en frottant ses bras avec embarras.  

    Il était assez étrange de s’adresser à quelqu’un après une si longue période passée à dialoguer uniquement avec la faune et la flore. Sélésia s’appliqua toutefois à garder un ton assuré et à planter fixement ses orbes noisettes dans celles de son interlocutrice.

    - Je ne manquerai pas de payer ma dette! affirma-t-elle en levant son poing en l'air.

    Sa fierté s’était en effet vue blessée par son incapacité à maitriser le moindre de ses mouvements lors de l’ascension du navire. Elle qui avait confiance en sa vivacité et sa stabilité, s’était laissée malmenée, ballotée, projetée, sous les assauts de l’océan. Impuissante, elle n’avait dû qu’aux agissements de l’étrangère sa survie. Il lui paraissait maintenant nécessaire de lui rendre la pareille.