CHAPITRE 3 :
Huitième sous-chapitre : Le navire tangue et les marins tombent
Cela fait maintenant trois jours que je suis en mer, à la recherche d’une quelconque rédemption comme si apporter un mot d’excuse suffisait à excuser, comme si décrire un comportement héroïque ferait passer leur mort dans la postérité, ridicule. Des milliers de soldats mouraient tous les mois, des dizaines tous les jours, de vieillesse, au combat ou bien de maladie. Il n’y avait pas de postérité pour la majeure partie d’entre eux, des gens comme le caporal Lowis seront oubliés d’ici quelques semaines tout au plus, car les hommes oublient vite. Tel est notre fardeau, ceux qui réussissent font les légendes mais les pions finissent dans l’oubli.
En repensant à tout ça, je me suis demandé quelle était ma place, j’avais rencontré beaucoup de haut gradé, dont certains placés en moi un grand espoir, beaucoup même me voyait comme un reflet d’eux-mêmes, mais était-ce là ce que je voulais ? Je suis né avec pour idée d’être comme mon père, j’ai finalement grandi avec l’idée d’être comme ma mère, et maintenant . Je ne mentirai à personne, mon but est de gravir les échelons, parce que j’aime ça et parce que recevoir des ordres est quelque chose de chiant, mais en donner relève de l’amusement plus que de la corvée.
J’aime me battre, j’aime coordonner mes hommes, j’aime les commander, j’aime tuer nos ennemis mais je hais voir mourir les miens. Le fait est que donner la mort aux coupables est aussi plaisant que prendre la vie des innocents est douloureux, j’espère ne jamais avoir à participer à une opération Buster Call, qui résulte plus de l’oppression que de la réelle garantie de la paix. Je ne suis pas aveugle, croire à la toute sainteté du gouvernement mondiale, c’est être aveuglé par une idée erronée de la justice. Les dragons célestes et tous ses bourgeois engrossés par leur richesse infinie et incapable d’une quelconque réflexion, voilà qui diriger le gouvernement mondial.
Le problème des pirates n’était pas vraiment leur envie de violence, je suis mal placé pour leur faire une remarque, j’aime me battre, la violence est quelque chose qui est utile, quand les mots n’ont plus la force qu’on leur donne, seuls les poings font comprendre les choses. L’homme est né dans la violence et il mourra dans la violence, ceux qui s’évertuent à le nier ne sont pas conscient du monde dans lequel ils habitent. Non, leur problème c’était leur manière de faire, leur problème était qu’il ne s’attaquait pas à nous, mais à la populace, à des gens qui n’ont rien demandé d’autres que de vivre de leur travail avec leur proche. Et c’est ce qui fait que je les exècre.
Je peux croire qu’il existe des exceptions, les pirates ne sont pas tous des fils du diable, certains ne sont que des idiots ayant une vision biaisée de la liberté, en pensant que passer sa vie à se faire poursuivre signifier être libre. Non la liberté, c’est de pouvoir faire des choix de n’importe quel type sans même avoir une once de peur, de regret ou de je ne sais quel autre type de ressentiment. Pour être libre, il faut être fort. Et pour le moment, j’étais faible.
C’est pour ça que je me retrouve, sur un bateau, à devoir excuser la mort de mes hommes, sans même avoir une idée de comment m’y prendre, je me trouve face à un dilemme, c’est-à-dire que soit je me repose sur le caractère inattendu de l’opération qui nous a frappés, expliquant aux familles que je ne pouvais tout simplement pas sauver mes hommes si je ne cherchais pas d’abord à me sauver moi-même. Me sauver moi-même, j’y étais à peine parvenu … Ce serait mentir que de me reposer là-dessus mais je ne me vois pas employer mon autre version, la vérité, je me suis laissé emporter par mon instinct animal entre l’envie de donner la mort et celle de sauver ma vie. Enfin surtout l’envie de donner la mort.