Règles de l'event ici
Vous êtes sûr qu'il n'y a plus de place ?
Le visage atterré de l'hurluberlu force le réceptionniste du Baratie à revérifier sa liste, noircie de noms à toutes les cases. Derrière lui, la clientèle s'impatiente tout doucement. Si les lieux ne se prêtent pas au scandale, ce jour se veut parfait pour tous les couples, formés ou à venir. Certains osent un léger signe de contrariété, sans pour autant risquer de passer pour des gâcheurs d'ambiance ou d'espoirs. Car si Brandolph respire la détresse, sa sympathie et les efforts un peu grotesque de sa tenue lui donnent l'aspect d'un clown qui s'est trompé de costume. Il était moins prêt à porter que sa panoplie chemise cravate. Si les couleurs sont correctes, ses lacets sont noués différemment à chaque jambe, une manche est plus retroussée que l'autre et il porte sa montre au mauvais poignet. Certains pensent d'ailleurs à un sketch. Le petit vendeur ambulant de souvenirs aurait aimé qu'il en fût ainsi.
Je suis navré, tombe l'employé du restaurant, Soeur Anko est complète depuis plusieurs jours maintenant. Vous avez une table au restaurant principal, la qualité du service y est exactement la même.
- Mais...mais le poisson.
Le haussement de sourcil du réceptionniste est perçu par Brandolph comme une envie d'en savoir plus.
Une dame va arriver sous peu. J'aimerais lui offrir un beau cadre. Elle étudie les poissons vous voyez, et à la Soeur Anko on est sous l'eau, entourés de poissons. Ce serait magnifique pour elle.
- Ça l'est pour tous, monsieur.
- Je sais bien. Mais je...rha, comment faire ? Il y a forcément une solution. Oh! Un instant, je sais.
Brandolph utilise la pouvoir de la petite voix de son fruit; Il songe à des mots clés pour invoquer un orateur qui ne résout pas tout par le combat. Minos prend l'appel de détresse le premier et comprend instantanément ce qu'attend Brandolph de lui, comme s'il avait vécu les dernières minutes avec lui. Comme guidé par le Roi, le moustachu se redresse, cesse de se gratter l’arrière du crane et se retourne vers la file de clients. Puis il parle, avec une nouvelle assurance.
Eh ben, moi qui pensais être chic, j'envierais presque autant vos costumes que mon rendez-vous messieurs. Certains d'entre vous connaissent les lieux par coeur je parie. Les tons pastel, le climat de sécurité, l'ambiance paradisiaque qui vous suspend le temps. Et l'odeur, ça c'est le plus étonnant. Dans n'importe quel restau, on renifle aussi les assiettes des autres, y a un mélange indéfinissable qui baigne les lieux. Agréable, mais flou. Au Baratie, on ne respire que ce qui est servi à notre table. Le zig à côté peut s'adonner à sa passion des choux à l'oignon, t'auras pas les fringues qui puent en rentrant chez toi. J'imagine que ça vient des cloches hermétiques, ou du système d'aération. Je ne connais tout ça que par ce que j'ai entendu de précédents clients. C'était un rêve de venir ici. Peu importe dans quelle salle d'ailleurs, je voulais l'espace d'un repas comprendre ce qu'est la perfection culinaire.
Je ne dis pas tout ça pour vous apitoyer, c'est pas mon genre de faire tourner le chapeau. Pour être franc, je vais vous proposer un simple échange: ma table au bâtiment principal contre une des vôtres à Soeur Anko. Une offre que vous refuserez sûrement d'abord, légitimes que vous vous sentirez dans votre bon droit. Puis, certains reverront leurs perspectives. Vous avez déjà été à l'Anko. Vous ne doutez pas de votre capacité à autant apprécier la terrasse du Baratie donnant sur le déclin du soleil. Ou bien, vous aimez le piment ailleurs qu'au Nasugasira.
L'amour, ce n'est pas une chose balisée qui doit se dérouler exactement comme on le désirait. Ca, c'est la routine. Et ce mot vous fait tous flipper hé hé. Les histoires d'amour, Ce sont des surprises, des rebonds, des risques et du panache. C'est être spontané, consommer la vie en en découvrant de nouvelles saveurs. Même si parfois elles déçoivent. Même si vous vous en voulez parfois de ne pas avoir suivi ce que vous indiquait votre love pose. Certains d'entre vous sont des aventuriers. Je ne suis ni fortuné, ni vraiment aventurier. Mais si je dois avoir des bur...du courage ce soir, c'est pour tenter d'offrir à celle qui m'a conquis le tableau de sa passion tout autour d'elle. Je ne veux pas un tableau avec des poissons pour me la jouer, je veux lui offrir ce qui lui plait le plus. Si sa passion avait été de reluquer les formes des nuages, j'aurais demandé la chaise avec les plus grands pieds. Mais voilà, elle, ce sont les poissons.
Il se tait, leur sourit et se décale. Minos lui conseille de ne regarder aucun client dans les yeux, mais de s'effacer comme s'il attendait que l'eau boue, avant de lui-même disparaître. Brandolph suit les mouvements des clients via leurs ombres étirées sur le carrelage. Un décompte approximatif lui fait se demander s'il reste encore deux minutes ou plutôt une et demi. La voix du serveur dessine son nom. Il rejoint le couple féminin prêt à échanger sa place. L'une d'elle lui fait comprendre qu'elle a ingéré un fruit du démon cette année et que faire l'impasse sur une bulle d'air entourée d'eau ne la dérange plus vraiment à partir de maintenant. Brandolph déglutit, il n'avait absolument pas vu les choses sous cet angle. Pendant tout le trajet qui le mène de la réception à la Soeur Anko, il ne savoure pas autant sa victoire qu'il le voudrait.
On le place. Arrivé en avance, il contemple la grande baie vitrée circulaire où l'océan s'écrase par sobres vagues. Dans le reflet de l'une de ses cuillères, il replace sa broche à motif aquatique sur sa cravate. Dents, ongles, regard étrange du client voisin observant ses grimaces face à son ustensile qu'il range du côté des fourchettes, tout va bien. Enfin, Samantha apparait, guidée par un chef de salle. Elle porte une charmante tenue rouge, élégante sans insister sur le galant de l'intention. Brandolph se lève pour l'accueillir, lui serre la main sans l'écraser avant de ne pas comprendre pourquoi elle lui a aussi échangé la bise. Le couple prend place. L'épisode de la bise perd Brandolph, il emploie immédiatement la petite voix pour l'aider. Complimenter sa tenue ? Commander au serveur ? Demander les consignes de sécurité en cas de fuite d'eau dans l'appareil ? Qu'est-ce qu'il faut faire ? Quelqu'un ?
Dans quelques minutes, la Soeur Anko entamera son immersion.
Vous êtes sûr qu'il n'y a plus de place ?
Le visage atterré de l'hurluberlu force le réceptionniste du Baratie à revérifier sa liste, noircie de noms à toutes les cases. Derrière lui, la clientèle s'impatiente tout doucement. Si les lieux ne se prêtent pas au scandale, ce jour se veut parfait pour tous les couples, formés ou à venir. Certains osent un léger signe de contrariété, sans pour autant risquer de passer pour des gâcheurs d'ambiance ou d'espoirs. Car si Brandolph respire la détresse, sa sympathie et les efforts un peu grotesque de sa tenue lui donnent l'aspect d'un clown qui s'est trompé de costume. Il était moins prêt à porter que sa panoplie chemise cravate. Si les couleurs sont correctes, ses lacets sont noués différemment à chaque jambe, une manche est plus retroussée que l'autre et il porte sa montre au mauvais poignet. Certains pensent d'ailleurs à un sketch. Le petit vendeur ambulant de souvenirs aurait aimé qu'il en fût ainsi.
Je suis navré, tombe l'employé du restaurant, Soeur Anko est complète depuis plusieurs jours maintenant. Vous avez une table au restaurant principal, la qualité du service y est exactement la même.
- Mais...mais le poisson.
Le haussement de sourcil du réceptionniste est perçu par Brandolph comme une envie d'en savoir plus.
Une dame va arriver sous peu. J'aimerais lui offrir un beau cadre. Elle étudie les poissons vous voyez, et à la Soeur Anko on est sous l'eau, entourés de poissons. Ce serait magnifique pour elle.
- Ça l'est pour tous, monsieur.
- Je sais bien. Mais je...rha, comment faire ? Il y a forcément une solution. Oh! Un instant, je sais.
Brandolph utilise la pouvoir de la petite voix de son fruit; Il songe à des mots clés pour invoquer un orateur qui ne résout pas tout par le combat. Minos prend l'appel de détresse le premier et comprend instantanément ce qu'attend Brandolph de lui, comme s'il avait vécu les dernières minutes avec lui. Comme guidé par le Roi, le moustachu se redresse, cesse de se gratter l’arrière du crane et se retourne vers la file de clients. Puis il parle, avec une nouvelle assurance.
Eh ben, moi qui pensais être chic, j'envierais presque autant vos costumes que mon rendez-vous messieurs. Certains d'entre vous connaissent les lieux par coeur je parie. Les tons pastel, le climat de sécurité, l'ambiance paradisiaque qui vous suspend le temps. Et l'odeur, ça c'est le plus étonnant. Dans n'importe quel restau, on renifle aussi les assiettes des autres, y a un mélange indéfinissable qui baigne les lieux. Agréable, mais flou. Au Baratie, on ne respire que ce qui est servi à notre table. Le zig à côté peut s'adonner à sa passion des choux à l'oignon, t'auras pas les fringues qui puent en rentrant chez toi. J'imagine que ça vient des cloches hermétiques, ou du système d'aération. Je ne connais tout ça que par ce que j'ai entendu de précédents clients. C'était un rêve de venir ici. Peu importe dans quelle salle d'ailleurs, je voulais l'espace d'un repas comprendre ce qu'est la perfection culinaire.
Je ne dis pas tout ça pour vous apitoyer, c'est pas mon genre de faire tourner le chapeau. Pour être franc, je vais vous proposer un simple échange: ma table au bâtiment principal contre une des vôtres à Soeur Anko. Une offre que vous refuserez sûrement d'abord, légitimes que vous vous sentirez dans votre bon droit. Puis, certains reverront leurs perspectives. Vous avez déjà été à l'Anko. Vous ne doutez pas de votre capacité à autant apprécier la terrasse du Baratie donnant sur le déclin du soleil. Ou bien, vous aimez le piment ailleurs qu'au Nasugasira.
L'amour, ce n'est pas une chose balisée qui doit se dérouler exactement comme on le désirait. Ca, c'est la routine. Et ce mot vous fait tous flipper hé hé. Les histoires d'amour, Ce sont des surprises, des rebonds, des risques et du panache. C'est être spontané, consommer la vie en en découvrant de nouvelles saveurs. Même si parfois elles déçoivent. Même si vous vous en voulez parfois de ne pas avoir suivi ce que vous indiquait votre love pose. Certains d'entre vous sont des aventuriers. Je ne suis ni fortuné, ni vraiment aventurier. Mais si je dois avoir des bur...du courage ce soir, c'est pour tenter d'offrir à celle qui m'a conquis le tableau de sa passion tout autour d'elle. Je ne veux pas un tableau avec des poissons pour me la jouer, je veux lui offrir ce qui lui plait le plus. Si sa passion avait été de reluquer les formes des nuages, j'aurais demandé la chaise avec les plus grands pieds. Mais voilà, elle, ce sont les poissons.
Il se tait, leur sourit et se décale. Minos lui conseille de ne regarder aucun client dans les yeux, mais de s'effacer comme s'il attendait que l'eau boue, avant de lui-même disparaître. Brandolph suit les mouvements des clients via leurs ombres étirées sur le carrelage. Un décompte approximatif lui fait se demander s'il reste encore deux minutes ou plutôt une et demi. La voix du serveur dessine son nom. Il rejoint le couple féminin prêt à échanger sa place. L'une d'elle lui fait comprendre qu'elle a ingéré un fruit du démon cette année et que faire l'impasse sur une bulle d'air entourée d'eau ne la dérange plus vraiment à partir de maintenant. Brandolph déglutit, il n'avait absolument pas vu les choses sous cet angle. Pendant tout le trajet qui le mène de la réception à la Soeur Anko, il ne savoure pas autant sa victoire qu'il le voudrait.
On le place. Arrivé en avance, il contemple la grande baie vitrée circulaire où l'océan s'écrase par sobres vagues. Dans le reflet de l'une de ses cuillères, il replace sa broche à motif aquatique sur sa cravate. Dents, ongles, regard étrange du client voisin observant ses grimaces face à son ustensile qu'il range du côté des fourchettes, tout va bien. Enfin, Samantha apparait, guidée par un chef de salle. Elle porte une charmante tenue rouge, élégante sans insister sur le galant de l'intention. Brandolph se lève pour l'accueillir, lui serre la main sans l'écraser avant de ne pas comprendre pourquoi elle lui a aussi échangé la bise. Le couple prend place. L'épisode de la bise perd Brandolph, il emploie immédiatement la petite voix pour l'aider. Complimenter sa tenue ? Commander au serveur ? Demander les consignes de sécurité en cas de fuite d'eau dans l'appareil ? Qu'est-ce qu'il faut faire ? Quelqu'un ?
Dans quelques minutes, la Soeur Anko entamera son immersion.