On devrait s'enfuir loin d'ici !
Non, il faut rentrer chez nous !
Rentrer chez nous ? Pour retomber sur les salauds qui nous ont coincés la première fois ? Non, merci.
J'ai faim.
Grrromp !
Raoul dit qu'il a faim aussi.
Alors, on n'a qu'à se servir ou bon nous chante ! Allons piller une île !
Piller une île ? On n'est pas des pirates !
Et pourquoi pas d'abord ? Tu as trop peur peut-être ?
Redis-ça pour voir !
Trouillard, trouillard na-nana-nan...
Sileeeence ! Ça suffit !
Léa tape si fort du pied que le pont en pleure. Doucement, gamine, notre embarcation est déjà suffisamment amochée en l'état. La petite démonstration fait son effet. Les piailleries s'évanouissent comme par enchantement, chacun ravale sa salive dans le " Glouc " caractéristique de la crainte. Personne n'a envie de remplacer le plancher craquant si prochain coup de semonce il doit y avoir. L'attroupement agglutiné autour de l'ainée de la bande se tait et lui laisse tout le loisir de reprendre, avec une douceur retrouvée dans la voix.
Écoutez, je ne sais pas encore ce que nous allons devenir. Et ça peut être effrayant, c'est vrai. Nous allons décider, tous ensemble, et dans le calme, de la meilleure solution. Mais pour l'heure, le plus important est de regagner la terre et de trouver un médecin pour Rik.
Et pourquoi on l'aiderait, d'abord ?
Il nous a sauvés, tous autant que nous sommes. C'est lui qui a vaincu nos kidnappeurs. Et si sa jambe n'est pas traitée rapidement, je crois bien que... euh...
Léa se retourne vers moi, qui toise l'océan depuis le bastingage sur le tribord, et retient la fin de sa phrase. Par délicatesse. Il ne faut pas. C'est vrai que l'idée d'abandonner ma jambe ne m'enchante pas. Elle me terrorise à vrai dire, même si j'évite de me focaliser sur les pensées négatives. Mais pour le moment, le ridicule de la blessure m'évite de trop gamberger. Je vais pas me retrouver estropié à vie à cause d'un stupide coup de poignard. Pourtant, les symptômes ne mentent pas. La fièvre qui monte un peu plus chaque minute qui passe, la sensation de froid glaçant, la vue brouillée, la transpiration... Ça sent pas bon. Si on n'aperçoit pas d'ici peu les contours d'une île à l'horizon, il va falloir passer par une bonne amputation à l'ancienne.
Mais on n'en est pas encore là.
Devant le silence de Léa, deux ou trois garnements s'enhardissent au point de s'élever contre sa voix. À leurs yeux, je suis un adulte de plus, et comme tel apparenté à une menace. Je les comprends. Je dois apaiser leurs craintes. Dans un demi-tour reflétant magnifiquement ma faiblesse actuelle, je pivote et leur fais face. J'allume une roulée, me racle la gorge et lève une main mal assurée pour réclamer un silence que j'obtiens sans difficulté.
Jeunes gens, avant de vous décider à m'abandonner à mon triste sort, permettez-moi de vous rappeler ceci : sous peu, il n'y aura plus rien à becqueter sur ce rafiot craquant que vous êtes incapables de manœuvrer seuls et vous serez alors contraints de vous entredévorer si vous refusez d'appareiller au port le plus proche.
Une rumeur inquiète s'élève. Je ménage mon effet en luttant aussi fort que possible contre ce vertige infernal qui m'assaille.
En outre, je vous rappelle que c'est moi qui ai flanqué la raclée qu'ils méritaient aux misérables qui vous ont enlevés. Ce qui fait de moi votre Sauveur. Mais surtout ! Ça fait de moi l'homme capable de flanquer une fessée monumentale à chacun de vos arrières-trains malpropres si vous vous entêtez, petits ingrats !
Rik !
Bah quoi ? Enfin, dernier argument et non des moindres...euh...weoooh... Zzzz.
Pok. Aye. Ca y est, les batteries sont à plats. Adieu, monde cruel.
Non, il faut rentrer chez nous !
Rentrer chez nous ? Pour retomber sur les salauds qui nous ont coincés la première fois ? Non, merci.
J'ai faim.
Grrromp !
Raoul dit qu'il a faim aussi.
Alors, on n'a qu'à se servir ou bon nous chante ! Allons piller une île !
Piller une île ? On n'est pas des pirates !
Et pourquoi pas d'abord ? Tu as trop peur peut-être ?
Redis-ça pour voir !
Trouillard, trouillard na-nana-nan...
Sileeeence ! Ça suffit !
Léa tape si fort du pied que le pont en pleure. Doucement, gamine, notre embarcation est déjà suffisamment amochée en l'état. La petite démonstration fait son effet. Les piailleries s'évanouissent comme par enchantement, chacun ravale sa salive dans le " Glouc " caractéristique de la crainte. Personne n'a envie de remplacer le plancher craquant si prochain coup de semonce il doit y avoir. L'attroupement agglutiné autour de l'ainée de la bande se tait et lui laisse tout le loisir de reprendre, avec une douceur retrouvée dans la voix.
Écoutez, je ne sais pas encore ce que nous allons devenir. Et ça peut être effrayant, c'est vrai. Nous allons décider, tous ensemble, et dans le calme, de la meilleure solution. Mais pour l'heure, le plus important est de regagner la terre et de trouver un médecin pour Rik.
Et pourquoi on l'aiderait, d'abord ?
Il nous a sauvés, tous autant que nous sommes. C'est lui qui a vaincu nos kidnappeurs. Et si sa jambe n'est pas traitée rapidement, je crois bien que... euh...
Léa se retourne vers moi, qui toise l'océan depuis le bastingage sur le tribord, et retient la fin de sa phrase. Par délicatesse. Il ne faut pas. C'est vrai que l'idée d'abandonner ma jambe ne m'enchante pas. Elle me terrorise à vrai dire, même si j'évite de me focaliser sur les pensées négatives. Mais pour le moment, le ridicule de la blessure m'évite de trop gamberger. Je vais pas me retrouver estropié à vie à cause d'un stupide coup de poignard. Pourtant, les symptômes ne mentent pas. La fièvre qui monte un peu plus chaque minute qui passe, la sensation de froid glaçant, la vue brouillée, la transpiration... Ça sent pas bon. Si on n'aperçoit pas d'ici peu les contours d'une île à l'horizon, il va falloir passer par une bonne amputation à l'ancienne.
Mais on n'en est pas encore là.
Devant le silence de Léa, deux ou trois garnements s'enhardissent au point de s'élever contre sa voix. À leurs yeux, je suis un adulte de plus, et comme tel apparenté à une menace. Je les comprends. Je dois apaiser leurs craintes. Dans un demi-tour reflétant magnifiquement ma faiblesse actuelle, je pivote et leur fais face. J'allume une roulée, me racle la gorge et lève une main mal assurée pour réclamer un silence que j'obtiens sans difficulté.
Jeunes gens, avant de vous décider à m'abandonner à mon triste sort, permettez-moi de vous rappeler ceci : sous peu, il n'y aura plus rien à becqueter sur ce rafiot craquant que vous êtes incapables de manœuvrer seuls et vous serez alors contraints de vous entredévorer si vous refusez d'appareiller au port le plus proche.
Une rumeur inquiète s'élève. Je ménage mon effet en luttant aussi fort que possible contre ce vertige infernal qui m'assaille.
En outre, je vous rappelle que c'est moi qui ai flanqué la raclée qu'ils méritaient aux misérables qui vous ont enlevés. Ce qui fait de moi votre Sauveur. Mais surtout ! Ça fait de moi l'homme capable de flanquer une fessée monumentale à chacun de vos arrières-trains malpropres si vous vous entêtez, petits ingrats !
Rik !
Bah quoi ? Enfin, dernier argument et non des moindres...euh...weoooh... Zzzz.
Pok. Aye. Ca y est, les batteries sont à plats. Adieu, monde cruel.
Dernière édition par Rik Achilia le Ven 13 Avr 2018 - 15:25, édité 3 fois