ROMEL CID
• Pseudonyme :
• Age : 25 ans
• Sexe : Homme
• Race : Humain
• Métier : Artiste de rue
• Groupe : Civil
• Age : 25 ans
• Sexe : Homme
• Race : Humain
• Métier : Artiste de rue
• Groupe : Civil
• But : Retourner au moins une fois sur son île d’origine et y retrouver sa famille
• Équipement :
• Parrain : Le Don
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Oui, de Kébab
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? El MyoZotis
Codes du règlement :
• Équipement :
• Parrain : Le Don
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Oui, de Kébab
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? El MyoZotis
Codes du règlement :
Description Physique
Cid est un homme de vingt-cinq ans au teint mat. Outre son teint de peau, on remarque aisément son visage, étrange paradoxe ou équilibre entre dureté et finesse. La forme générale de sa tête donne un aspect de dur : menton carré, mâchoires larges, regard sévère. Pourtant, sa peau en elle-même est douce, délicate, ses sourcils plutôt bien dessinés. Ses cheveux mi-longs et raides viennent compléter le tableau tantôt d’un côté ou de l’autre de la balance en fonction de la coiffure adoptée, prêtant leur noir de jais aux choix du bonhomme.
Une fois le premier choc passé, ou les premiers si vous n’êtes pas habitués à un tel facies ou à une telle couleur de peau, vous remarquerez que Cid n’est pas forcément quelqu’un que l’on peut qualifier de gigantesque. Il mesure environ le mètre soixante-dix, soixante-quinze, à vue d’œil. Niveau corpulence, il est plutôt svelte, héritage de son passé l’ayant privé d’un accès à l’obésité. Sa musculature a été développée de manière à être utile lors de représentations acrobatiques, de pratiquer le jonglage et autres activités liées à l’art du cirque.
Aujourd’hui encore, Cid a gardé des traces de son passé d’esclave. Comme mentionné plus haut, il n’a jamais pu beaucoup manger ni se prélasser toute la journée, mais il y a plus encore. Pour commencer, son regard, et plus généralement sa perception. Sans rentrer dans les profondeurs de la psychologie, il faut savoir que l’ancien esclave a appris à observer les autres. Il est plus ou moins capable de percevoir le mécontentement, la satisfaction, le mensonge. Il l’a appris à ses dépens, recevant des coups à chaque fois qu’il décevait ou croyait avoir le droit de faire quelque chose, cela arrivait même parfois pour aucune raison à ses yeux.
L’héritage de ce genre de traitement est que Cid se méfie de beaucoup de choses et de gens, heureusement pour lui moins maintenant qu’à l’époque. Il se méfiait tellement qu’il en devenait agressif ou fuyait certaines marques d’affection données par d’innocentes personnes. Pendant longtemps, le regard de l’ancien esclave affichait un regard faussement amical, dissimulant du mépris et de la rage. Pourquoi « pendant longtemps » ? Car aujourd’hui, comme nous le verrons plus loin, Cid est parvenu à évacuer une partie de sa haine. Car aujourd’hui, comme nous le verrons plus loin, Cid arrive à être heureux. Car demain, comme vous le verrez dans la suite de ses aventures, Cid sera à même de vivre libre de son passé.
Son corps possède encore d’autres marques du passé : un tatouage de bélion, sorte de lion cornu légendaire, esprit protecteur de sa tribu, se trouve sur sa poitrine, au niveau du cœur et, note plus triste de son passé, les cicatrices des plus forts coups de fouet.
Que pourrais-je encore vous dire ? Cid parle, marche et bouge de manière souple. Un peu étrange comme adjectif pour l’élocution, j’en conviens. Ce qui est à comprendre c’est qu’il fait rarement de longues phrases, va rapidement au fait et parle de manière presque contée. Le timbre de sa voix, légèrement plus grave sur certaines syllabes et plus graves sur d’autres, s’accorde à merveille avec sa façon de parler, entraînée à la diction, et donne une impression de fluidité.
Une fois le premier choc passé, ou les premiers si vous n’êtes pas habitués à un tel facies ou à une telle couleur de peau, vous remarquerez que Cid n’est pas forcément quelqu’un que l’on peut qualifier de gigantesque. Il mesure environ le mètre soixante-dix, soixante-quinze, à vue d’œil. Niveau corpulence, il est plutôt svelte, héritage de son passé l’ayant privé d’un accès à l’obésité. Sa musculature a été développée de manière à être utile lors de représentations acrobatiques, de pratiquer le jonglage et autres activités liées à l’art du cirque.
Aujourd’hui encore, Cid a gardé des traces de son passé d’esclave. Comme mentionné plus haut, il n’a jamais pu beaucoup manger ni se prélasser toute la journée, mais il y a plus encore. Pour commencer, son regard, et plus généralement sa perception. Sans rentrer dans les profondeurs de la psychologie, il faut savoir que l’ancien esclave a appris à observer les autres. Il est plus ou moins capable de percevoir le mécontentement, la satisfaction, le mensonge. Il l’a appris à ses dépens, recevant des coups à chaque fois qu’il décevait ou croyait avoir le droit de faire quelque chose, cela arrivait même parfois pour aucune raison à ses yeux.
L’héritage de ce genre de traitement est que Cid se méfie de beaucoup de choses et de gens, heureusement pour lui moins maintenant qu’à l’époque. Il se méfiait tellement qu’il en devenait agressif ou fuyait certaines marques d’affection données par d’innocentes personnes. Pendant longtemps, le regard de l’ancien esclave affichait un regard faussement amical, dissimulant du mépris et de la rage. Pourquoi « pendant longtemps » ? Car aujourd’hui, comme nous le verrons plus loin, Cid est parvenu à évacuer une partie de sa haine. Car aujourd’hui, comme nous le verrons plus loin, Cid arrive à être heureux. Car demain, comme vous le verrez dans la suite de ses aventures, Cid sera à même de vivre libre de son passé.
Son corps possède encore d’autres marques du passé : un tatouage de bélion, sorte de lion cornu légendaire, esprit protecteur de sa tribu, se trouve sur sa poitrine, au niveau du cœur et, note plus triste de son passé, les cicatrices des plus forts coups de fouet.
Que pourrais-je encore vous dire ? Cid parle, marche et bouge de manière souple. Un peu étrange comme adjectif pour l’élocution, j’en conviens. Ce qui est à comprendre c’est qu’il fait rarement de longues phrases, va rapidement au fait et parle de manière presque contée. Le timbre de sa voix, légèrement plus grave sur certaines syllabes et plus graves sur d’autres, s’accorde à merveille avec sa façon de parler, entraînée à la diction, et donne une impression de fluidité.
Description Psychologique
Cid a vécu beaucoup d’évolutions dans sa psyché.
Comme déjà mentionné, l’ancien esclave est marqué par son passé. Son intégrité physique, son comportement et sa personnalité en ont gardé des séquelles. La peur des autres, le mépris de soi ou l’absence de volonté de vivre pouvaient aisément qualifier l’ancien esclave. Avec le temps, il est parvenu, non sans aide, à « traiter » nombre de ces points négatifs quant à sa vie. Il n’a pas encore pu tout changer mais c’est en bon chemin.
Durant une grande partie de sa vie, Cid a méprisé les rires, les sourires et l’amusement, surtout lorsque c’était lié à un acte qu’il faisait, pas dans le sens rire de lui mais rire de ses blagues ou actions volontairement comiques. Rien que de remarquer quelqu’un s’amuser de cette manière pouvait faire haïr la personne et tout son entourage. Par la suite, le garçon réalisa l’origine de ce sentiment : il était forcé. Le jour où il comprit ça, son rapport aux autres changea. Il cessa de se forcer à faire des choses, depuis là sa vie en fut allégée. Cid réalisa qu’il aimait faire rire, divertir. C’est grâce à ça, et en partie à son expérience de vie, qu’il décida de se lancer dans le divertissement urbain.
Pour guérir de son passé, Cid a eu besoin d’un long temps d’adaptation et d’aide. Il trouva cette dernière auprès de Walter Steevens, un éleveur de chien sur Inu Town, en périphérie de la Cité de Karnutes. L’homme, premier véritable ami du garçon, occupe une grande place dans son cœur. Walter apporta beaucoup à Cid, lui enseignant à se pardonner et à vivre. Ce dernier lui porte le même genre de sentiment qu’un fils à un père aimant.
Grâce à Walter, la misanthropie virulente de Cid s’est calmée. Grâce à Walter, le dégoût profond de Cid a diminué. Grâce à Walter, Cid est passé du stade de détruit au stade de vivant.
Parce qu’il en a été privé, Cid souhaite retourner sur son île natale, Terra Incognita, voir sa famille, sa tribu. Il veut revoir les gens dont il n’a que de vagues souvenirs ; il se rappelle que sa mère avait les mêmes cheveux que lui, en beaucoup plus longs et tressés, qu’un animal, sans doute un chien, criait lorsqu’il sortait de sa tente. Cid Romel n’étant pas son vrai nom, le garçon souhaite également savoir son véritable nom, se découvrir par la même occasion. Au final, le seul souvenir vraiment clair qu’il ait de sa tribu est l’animal qui avait été peint sur sa tunique. Il la portait encore lorsqu’il fut enlevé de sa terre d’origine. Ce souvenir et cette volonté de renouer avec ses racines a poussé Cid à se faire tatouer ledit animal, sorte d’intrigant mélange entre un lion et un bélier, au niveau du cœur, afin de ne jamais oublier Terra Incognita et sa promesse d’y retourner.
Sur une note plus élémentaire, on peut dire de Cid qu’il est légèrement timide, il essaie de dire ce qu’il pense mais le poids de son passé peut faire qu’il se retienne. Il est généralement proactif mais, lorsque la situation s’y prête, il peut devenir très songeur, se mettre à imaginer à quoi ressemble son île natale ou ses parents. L’affranchi essaie d’éviter de se mêler de ce qui ne le regarde pas mais sa curiosité naturel reprend petit à petit ses droits sur lui, le poussant à aller voir et parfois prendre un parti.
Comme déjà mentionné, l’ancien esclave est marqué par son passé. Son intégrité physique, son comportement et sa personnalité en ont gardé des séquelles. La peur des autres, le mépris de soi ou l’absence de volonté de vivre pouvaient aisément qualifier l’ancien esclave. Avec le temps, il est parvenu, non sans aide, à « traiter » nombre de ces points négatifs quant à sa vie. Il n’a pas encore pu tout changer mais c’est en bon chemin.
Durant une grande partie de sa vie, Cid a méprisé les rires, les sourires et l’amusement, surtout lorsque c’était lié à un acte qu’il faisait, pas dans le sens rire de lui mais rire de ses blagues ou actions volontairement comiques. Rien que de remarquer quelqu’un s’amuser de cette manière pouvait faire haïr la personne et tout son entourage. Par la suite, le garçon réalisa l’origine de ce sentiment : il était forcé. Le jour où il comprit ça, son rapport aux autres changea. Il cessa de se forcer à faire des choses, depuis là sa vie en fut allégée. Cid réalisa qu’il aimait faire rire, divertir. C’est grâce à ça, et en partie à son expérience de vie, qu’il décida de se lancer dans le divertissement urbain.
Pour guérir de son passé, Cid a eu besoin d’un long temps d’adaptation et d’aide. Il trouva cette dernière auprès de Walter Steevens, un éleveur de chien sur Inu Town, en périphérie de la Cité de Karnutes. L’homme, premier véritable ami du garçon, occupe une grande place dans son cœur. Walter apporta beaucoup à Cid, lui enseignant à se pardonner et à vivre. Ce dernier lui porte le même genre de sentiment qu’un fils à un père aimant.
Grâce à Walter, la misanthropie virulente de Cid s’est calmée. Grâce à Walter, le dégoût profond de Cid a diminué. Grâce à Walter, Cid est passé du stade de détruit au stade de vivant.
Parce qu’il en a été privé, Cid souhaite retourner sur son île natale, Terra Incognita, voir sa famille, sa tribu. Il veut revoir les gens dont il n’a que de vagues souvenirs ; il se rappelle que sa mère avait les mêmes cheveux que lui, en beaucoup plus longs et tressés, qu’un animal, sans doute un chien, criait lorsqu’il sortait de sa tente. Cid Romel n’étant pas son vrai nom, le garçon souhaite également savoir son véritable nom, se découvrir par la même occasion. Au final, le seul souvenir vraiment clair qu’il ait de sa tribu est l’animal qui avait été peint sur sa tunique. Il la portait encore lorsqu’il fut enlevé de sa terre d’origine. Ce souvenir et cette volonté de renouer avec ses racines a poussé Cid à se faire tatouer ledit animal, sorte d’intrigant mélange entre un lion et un bélier, au niveau du cœur, afin de ne jamais oublier Terra Incognita et sa promesse d’y retourner.
Sur une note plus élémentaire, on peut dire de Cid qu’il est légèrement timide, il essaie de dire ce qu’il pense mais le poids de son passé peut faire qu’il se retienne. Il est généralement proactif mais, lorsque la situation s’y prête, il peut devenir très songeur, se mettre à imaginer à quoi ressemble son île natale ou ses parents. L’affranchi essaie d’éviter de se mêler de ce qui ne le regarde pas mais sa curiosité naturel reprend petit à petit ses droits sur lui, le poussant à aller voir et parfois prendre un parti.
Biographie
Terra Incognita est une île méconnue du Nouveau Monde. Pourtant, cela ne veut pas dire qu’elle est inactive. Outre les passants et les colons potentiels, il y a surtout tout un peuple qui vit sur place. Les natifs de Terra Incognita sont là depuis toujours selon eux, mais leur mode de vie ne l’est pas. On peut trouver de très rares ruines disséminées sur la gigantesque terre alors que les indigènes ne vivent presque qu’en nomades. Ces ruines ont amené de nombreuses croyances et certaines sont carrément protégées ou vénérées par des tribus.
Situé sur la Côte Blanche au milieu d’un cercle de pierres incomplet, un monolithe en forme de pointe se dresse fièrement malgré l’usure visible. L’objet, creusé il y a fort longtemps, est divisé intérieurement en trois niveaux, chacun avec quatre fenêtres placées aux points cardinaux. L’utilisation qu’en faisaient les Ancêtres des Océans, nom donné par les locaux pour désigner le peuple d’avant la montée des eaux, est inconnue des habitants de Terra Incognita. Un voyageur pourrait penser qu’il s’agit des restes d’un cadran solaire de grande taille.
Ce monolithe est aujourd’hui sous la protection de la tribu des Akwehn’te, petit groupe de natifs de Terra Incognita vivant exclusivement sur la Côte Blanche. Ils ne vivent pas aux abords directs du monolithe mais passent y déposer des offrandes à chaque migration. La tribu s’assure ainsi la protection des esprits et de l’état du monument.
Le monde est constitué d’une kyrielle d’éléments différents les uns des autres. Etoiles, planètes, animaux, végétaux, poussières, et tant d’autres ! Certaines croyances confèrent à ces fragments d’univers des propriétés surnaturelles ; guérison, destin, protection, tout y passe.
Le seize avril mille six cent trois, sur Terra Incognita, dans la Côte Blanche à l’Ouest, un bébé est né. Il était de sexe masculin, sa mère, Ehawee, le tenait dans ses bras. Chayan, le père, était aux côtés de sa femme. Ils étaient fiers et heureux. L’enfant n'avait pas encore été nommé, ils attendaient l’avis d’Amarok, le shaman de la tribu. Lorsque ce dernier sortit de sa transe, il vint à eux directement.
- Chayan, Ehawee... Les esprits m'ont confié un nom pour votre enfant. Souhaitez-vous l'entendre ?
Ils acceptèrent. Ils trouvèrent que le nom seyait à l'enfant et l'appelèrent ainsi. Le petit grandit au sein de sa famille et de la tribu des Akwehn’te. On lui enseigna quelques coutumes essentielles, comme remercier les esprits au Grand Pic de Pierre et respecter la vie de chacun. Comme l’essentiel des tribus de la Côte Blanche, celle de Chayan, Ehawee et Amarok est orientée cueillette plutôt que chasse. À l’instar des autres tribus, les Akwehn’te possèdent un esprit totem protecteur pour la tribu et un par individu. La tribu du Pic de Pierre est représentée et protégée par une créature quadrupède : un bélion. L’animal, doté d’une crinière somptueuse et de cornes, est représenté soit de profil soit de face. La créature est réputée pour ses talents de gardien, une fois un territoire sous son contrôle il est difficile de s’y introduire sans son autorisation. Les vêtements des enfants et leurs couvertures en sont ornés.
Le petit grandit au milieu des siens, paisiblement, dans l’amour et la joie. Jusqu’à ses six ans. Au mois de septembre de l’an mille six cent neuf, des étrangers à l’île approchèrent du Pic de Pierre lors d’un passage de la tribu Akwehn’te. Ils observèrent, approchèrent, touchèrent le monument sacré. Les gardiens n’apprécièrent évidemment pas et tentèrent de les éloigner. Le groupe d’étranger trouva adorable la tentative des autochtones mais, afin de ne pas les avoir trop dans les pattes, tirèrent un coup de feu dans les airs, en guise de sommation. Les locaux, ignorant cette technologie, se braquèrent mais s’arrêtèrent de bouger. Une fois que les étrangers eurent terminé leurs représentations du Pic sur papier, ils partirent, laissant la tribu protectrice du monument sur place. Ceux-ci firent trois fois plus d’offrandes afin de se faire pardonner de leur incapacité à veiller dignement sur la terre sacrée des esprits. Ces derniers semblèrent décider de les punir.
Le soir, la tribu Akwehn’te s’arrêta pour la nuit à proximité des côtes, près des Mohaves. Cette tribu vivait essentiellement en bordure de l’île, voire sur l’eau directement. Ses membres parlaient à la fois le dialecte local et la langue des étrangers. Le fils de Chayan et Ehawee s’absenta le soir, curieux de voir ces gens à la couleur de peau différente de la leur. Il s’approcha du camp qu’ils avaient dressé. Il avait déjà entendu parler d’un certain « Capslock » à peau blanche qui mène des recherches sur l’île. Certaines tribus le toléraient car il n’était pas hostile mais d’autres le méprisaient et n’aurait pas hésité un seul instant à l’éliminer s’il était venu à approcher de leur territoire. Les étrangers s’étaient installés dans le même campement, rajoutant leurs tentes à la sienne, donnant ainsi naissance à un village de toile.
Le marmot découvrit à la fois cet amas de tentes moins hautes que celles de son peuple. Il vit également un gigantesque bateau flottant dans l’eau à proximité. La curiosité de l’enfant était grande en ce temps-là. Il s’avança, fit le tour du camp et alla sur le ponton de bois installé par les Mohaves plusieurs années avant sa naissance. Le navire n’était pas surveillé depuis la baie d’amarrage. Le mouflet grimpa à l’échelle et se faufila dans le navire. Il alla regarder tout ce qui l’intéressait, testant chaque levier, remontant le chemin de chacune des cordes qui passait à sa portée. Alors qu’il regardait un insecte rapporter un morceau de pain depuis la cuisine jusqu’à une destination inconnue, l’enfant Akwehn’te entendit des bruits de pas sur le bois du pont. La peur s’empara de lui. Ce sentiment et la précipitation le firent se ruer dans une pièce dont la porte était ouverte. Il ne prit le temps d’observer le lieu attentivement et alla se cacher dans un coin opposé à la porte, espérant que l’obscurité le protégerait assez pour partir une fois le champ libre.
Lorsque l’enfant ouvrit les yeux, il sentit que le sol bougeait. La panique se saisit de lui. Il s’était endormi. Il se lança vers ce dont il se rappelait être la sortie. Perdu dans un environnement inconnu, le marmot ne pouvait que réagir de la sorte. La porte fermée reçu un enfant lancé à pleine vitesse contre son bois craquant. Une voix grave s’éleva de derrière l’enfant. Ce dernier ne comprit aucun mot, ce qui augmenta son stress. Lorsqu’il se tourna, il découvrit un homme au moins aussi grand que son père et plus large que lui. Le monstre aux yeux de l’enfant s’approcha en continuant de baragouiner des mots incompréhensibles. Le natif de Terra Incognita, effrayé au possible, évacua sa peur comme il put, ce qui énerva l’homme. L’enfant voulu crier, pleurer, appeler à l’aide mais sa gorge était comme coupée, ses poumons incapables d’expirer le moindre air. Il avait mal. À la fois à cause de cette émotion qui le compressait et à la fois à cause des coups sur sa joue que venaient de donner cet individu massif.
Les douleurs extérieures s’arrêtèrent quand un autre individu intervint. Le nouveau venu était moins large et un peu plus petit que celui qui frappait, pourtant ce dernier s’arrêta sur son ordre. L’enfant Akwehn’te fut emmené par cet homme plus gentil à l’extérieur. Il lui offrit un verre d’eau et parla d’une voix douce, toujours dans une langue incompréhensible cependant. C’est là que le petit réalisa, en voyant ce bleu s’étendant à perte de vue : il n’était plus sur son île. L’émotion parvint à sortir par ses larmes cette fois. D’autres hommes et, cette fois, des femmes vinrent observer le petit et converser avec l’homme plus doux. Ce dernier s’accroupit devant l’enfant et se pointa du doigt.
- Barns.
L’enfant ignorait ce que cela voulait dire, et ça devait se voir sur son visage. L’homme réitéra le geste accompagné de parole. Une femme fit ensuite de même avec le mot « Elly », un homme imita le geste en disant « Jürgen. » Le petit comprit quand on le pointa du doigt d’un air interrogateur. Il ne parvint qu’à vaguement prononcer des syllabes interrompues de reniflements et de hoquets.
- …C… Ci… Cid… el… Cid… Romel.
L’enfant n’était pas parvenu à donner son nom exact. Les gens alentours semblèrent pourtant satisfaits et commencèrent à l’appeler « Cid. » L’équipage s’occupa de l’enfant renommé durant plusieurs jours. Ils lavèrent ses vêtements et lui donnèrent un lit et le couvert. L’enfant ne parlait pas, pleurait souvent, restait seul. Parfois, il se jetait dans les bras d’Elly pour y pleurer et chercher du réconfort. Cid ne comprenait pas pourquoi on ne le ramenait pas vers ses parents, ne comprenait pas pourquoi ce bateau continuait à avancer pour n’aller nulle part. Il essaya de demander, mais personne à bord ne le comprenait. Il s’isola pour le reste du voyage, ce qui ne changea pas vraiment grand-chose à sa condition, étant déjà seul de par la barrière de la langue.
Le bateau navigua plusieurs jours, l’enfant étranger regardant l’horizon d’un air mélancolique lorsqu’il ne pleurait pas. Cid arrêta de compter les jours assez rapidement, il perdait espoir. Lorsque le bâtiment faisait escale, le marmot tentait de le quitter, sans succès. Soit il se faisait rattraper par un des membres de l’équipage qui, sans doute dans une volonté de le protéger, le ramenait à bord, soit il remontait rapidement de lui-même en voyant l’hostilité des habitants ou des lieux.
Un soir, le quotidien du petit changea lorsque la vigie cria une nouvelle fois quelque chose que le petit ne comprenait pas. Il avait cependant finit par associer les sons à des éléments. Lorsque l’homme en haut du mât criait quelque chose semblant à « terenvu », une île était proche et ils allaient accoster pour y débarquer caisses, tonneaux, malles, en embarquer d’autres. Quand il entendait « dépiratt », il avait pris pour habitude de se cacher dans la cale, là où l’on y avait déposé quelques fois. Pour Cid, le fait qu’on annonce « terenvu » à nouveau n’impliquait rien à son moral ou son humeur. Ce n’était sûrement pas son île, le bateau n’avait fait qu’aller dans une seule direction, et donc cela lui importait peu. Il ignorait que sa vie allait changer sur cette île.
D’innombrables structures en pierre s’étendaient à perte de vue sur une île au profil montagneux. Le port était occupé par plusieurs dizaines de navires de toute taille. Des torches illuminaient les rues qui devenaient de plus en plus sombres avec l’heure. Le navire de Barns s’amarra à un ponton. Comme à l’accoutumée, des membres de l’équipage débarquèrent du matériel. Des poignées de mains sur le ponton s’échangèrent sous le regard las du petit Cid. Ce dernier, malgré sa mélancolie, remarqua la peau très blanche des habitants de cet endroit. Le commerçant remarqua l’enfant à peau mate et conversa un instant avec le capitaine du navire. Ce dernier sembla réfléchir un instant puis fit un signe de la main à son interlocuteur. Barns remonta à bord, alla discuter avec son équipage en train de finir de décharger des tonneaux. La discussion s’anima rapidement, le sujet devait être sensible. Après un bon quart d’heure, le bruit se tut tandis que le cuisinier et Barns vinrent vers Cid et l’embarquèrent avec eux. Ils suivirent l’homme sur le ponton, tandis que l’enfant posait des questions dans une langue que personne ne comprenait. Jamais Barns ou qui que ce soit à bord ne l’avait tenu par le bras pour l’amener quelque part. Il ne comprenait pas, il paniquait. Cid commença à se débattre, mais il était trop faible pour se détacher de l’étreinte des deux hommes.
L’enfant cessa de crier pour pleurer. Les larmes coulaient sur sa joue et ses pleurs résonnaient dans le salon d’une demeure luxueuse. Les hommes et femmes à la peau très claire présents dans la maison ne réagissaient point en sa faveur, au mieux ils se bouchaient les oreilles d’un air agacé. Barns et son cuisinier se tinrent à une certaine distance tandis que l’homme qui les avait guidé s’inclinait et conversait avec l’homme assis sur un faste siège rutilant. On approcha Cid quelques instants après, afin de l’observer dans la lumière. Il put voir de plus près cet homme qui semblait être le chef de ces lieux. Il était grand, massif, musclé. La tunique qu’il portait était très serrée et semblait pouvoir éclater au moindre mouvement. Ses longs cheveux roux cascadaient en partie sur ses épaules. Le colosse aux cheveux de feu but une gorgée d’un liquide provenant d’une choppe en bois qu’il tenait dans la main droite.
Après avoir examiné d’un œil sévère le petit, le maître des lieux aboya quelque chose à un homme à sa droite. Ce dernier, bien que large d’épaule, semblait malingre à côté du titan. L’interpellé alla chercher une bourse cliquetant de pièces de monnaie. L’enfant comprit qu’il allait être donné en échange de l’argent. Il avait vu les gens échanger ce genre de sac contre des marchandises, mais là il n’y avait rien en échange. Le lien fut vite fait. Il commença à se débattre à nouveau, plus violemment. Ses faibles forces d’enfant innocent ne pouvaient rien contre l’étreinte vénale de ces deux adultes.
Cid fut emmené par le serviteur du colosse dans une pièce à l’arrière. Deux femmes vinrent l’assister et, à trois, ils entreprirent de le déshabiller, le laver puis de le coiffer et l’habiller. Les femmes voulurent jeter sa tunique mais il se jeta sur le tissu, la serrant contre lui. On lui retira le vêtement avec délicatesse, lui montrant par le mime qu’elles escomptaient le laver avant de le lui rendre. L’homme du trio voulut emmener l’enfant mais il s’agrippa au montant de porte, refusant de partir. L’une des femmes lança une phrase au bonhomme, qui laissa l’enfant avec elles. Les dames nettoyèrent sa tunique puis l’étendirent sous les yeux traumatisés du petit étranger. Ce dernier finit par s’endormir.
Lorsqu’il s’éveilla, l’enfant comprit qu’il n’avait pas rêvé ; il était couché dans un lit au confort frugal, il sentait le savon de ces êtres à peau blanche. Cid découvrit qu’il portait une sorte de petite tunique qui n’était pas la sienne. Il chercha cette dernière, il ne voulait pas perdre le dernier lien qu’il avait d’avec sa famille. Heureusement, le vêtement avait été posé sur une chaise à proximité du lit. Il s’empressa de l’enfiler et entreprit de partir. Sur le bateau, il avait appris à utiliser et discerner les portes. Une fois celle de sa chambre franchie, il longea les murs de pierre jusqu’à un escalier. Le petit de Terra Incognita était parvenu au milieu des marches quand un homme croisa sa route. Il lui parla, Cid ne comprit rien. Il tenta de passer en courant mais se fit rattraper par le col de sa tunique. On le ramena dans la chambre et ferma la porte à clé. L’enfant fut présenté quelques heures après au maître du château dont il comprit que le nom était « Lairdmakgrégore. »
Et ainsi débuta la vie de Cid en tant qu’esclave de Duncan MacGregor, Laird de Castle Irvine, siège du gouvernement des Terres MacGregor, Alba.
De mille six cent neuf à mille six cent quinze, soit durant six ans, le personnel du château enseigna la langue commune des pays sous influence du Gouvernement Mondial au petit homme à peau mate. On le fit garçon de chambre, exécutant des tâches ménagères diverses. Par moment, il apportait une petite main à la cuisine ou à la salle des banquets pour servir mets et breuvages. Les autres enfants, quel que soit leur statut social, n’avaient pas le droit de l’approcher le temps que son « éducation » soit terminée. Les nobles ne voulaient pas que le sauvageon pervertisse ceux qui étaient déjà dans le moule.
La maladresse d’enfant le faisait parfois casser des assiettes, tasses ou autres objets précieux. Lorsque cela arrivait, Cid était puni par des coups de bâton ou de fouet. Les bourreaux avaient reçu des consignes très claires : ils ne devaient frapper que sur le torse. Jamais l’enfant ne fut privé de nourriture. Il ne comprit les raisons de ce traitement que vers ses douze ans. À cette période de sa vie, on ne l’affecta presque qu’exclusivement au service à table. Duncan MacGregor était fier d’avoir pour esclave un humain à la peau sombre au milieu des peaux claires. Cela attirait l’attention, les ragots et, pour certains, l’admiration. Le Laird veillait à ce qu’on ne touche ni aux bras ni au visage de l’enfant. Il ne devait pas déplaire aux yeux des convives.
Lorsque Cid atteignit l’âge de douze ans, MacGregor eût une autre lubie : faire du garçon un bouffon. Il s’empressa de le placer sous l’aile de ses meilleurs bardes, danseurs, jongleurs et autres animateurs. Chacun enseigna à l’enfant ce qu’il savait, l’entraînant durement. Tous les arts passèrent dans le programme ; le chant, la danse, la poésie, la musique instrumentale, les acrobaties, le jonglage et ainsi de suite. Lorsqu’il fut capable de présenter quelque chose de convenable pour un public noble, les précepteurs du garçon le renvoyèrent vers Duncan pour présenter tout un spectacle. L’adolescent, alors presque âgé de seize ans, fit bonne impression auprès du Laird. Ce dernier s’empressa de l’intégrer comme élément de divertissement à ses banquets. En dehors de ces événements, Cid était affecté au service en salle ou à la garde des enfants des nobles.
Estimé civilisé par MacGregor, Cid avait le droit désormais de converser avec les esclaves et certains serviteurs. Ses compétences en divertissement plaisaient aux marmots du castel, en particulier Algernon, William et Ascilia tous des MacGregor, enfants de Duncan. Ceux-ci commençaient même à aimer le bouffon. Ils riaient de bon cœur à ses blagues, mimes et grimaces. Tout comme les convives.
Cid détestait les voir rire. Il se sentait ridicule, méprisé et méprisait en retour. Le natif de Terra Incognita abhorrait les sourires ces gens. Plus d’une fois, il avait voulu se saisir d’un couteau pour le leur arracher du visage. Oui, en faisant ça, ils réaliseraient qu’il était plus qu’un simple comique, plus qu’un bouffon conçu pour leur amusement. Il ne passa jamais à l’acte. Sa haine était retenue par sa peur, sa peur quasi rationnelle de l’abandon et la mort.
À force de pratiques sportives, Cid avait acquis un corps athlétique et, ajouté à sa couleur de peau exotique, devint attirant pour certaines femmes. En mille six cent vingt, Lady Aileas Dhòmhaill, fille d’un des chefs de clans vassaux des MacGregor, fut conviée à un grand banquet, organisé à l’occasion du douzième anniversaire d’Algernon. La jeune femme avait la vingtaine et était réputée pour ses goûts exotiques. Elle n’avait encore jamais rencontré Cid malgré ses insistances auprès de son père, Laird Dhòmhaill. Aileas découvrit avec appétit la salle des banquets. Elle dévora du regard tous les mets qui lui plaisaient. Elle jongla d’une assiette à l’autre. Le morceau de viande dans sa bouche faisant moult acrobaties. Une fois le repas achevé, Lady Dhòmhaill se rendit dans sa chambre pour s’y reposer. Lorsque l’extinction des lumières fut majoritaire dans le castel, elle somma sa dame de compagnie de lui amener le jeune bouffon. Celui-ci, pensant devoir se produire en privé pour satisfaire les lubies d’une hautaine noble exécrable, vint prestement à sa rencontre. Une fois dans la chambre de Lady Dhòmhaill, Cid réalisa, en la voyant dans sa couche, qu’elle n’entendait pas le même genre d’acrobaties que lui. Sachant pertinemment ce qu’il risquait s’il venait à succomber à la noble dame, l’esclave refusa poliment et s’excusa, quittant la pièce au plus vite. Il retourna se coucher, la conscience tranquille mais l’esprit taraudé par un bon nombre de questions.
Cid Romel fut réveillé par les gardes enfonçant sa porte, faisant irruption dans sa chambre. Les hallebardes pointées en sa direction le découragèrent de tenter quoi que ce soit. Au vu de la lumière, le garçon estima que la nuit était encore loin d’être achevée. Les hommes d’armes conduisirent l’esclave devant Duncan MacGregor. Dans la salle du trône se trouvaient également Laird Dhòmhaill, Lady Aileas Dhòmhaill, Lady Fenella MacGregor, femme de Duncan, ainsi que leurs trois enfants. Le bouffon comprit rapidement, en voyant les larmes et les vêtements déchirés de Lady Dhòmhaill, de ce qu’on l’accusait. Il voulut se défendre mais Duncan coupa court à ses réclamations. Il se lança dans une longue tirade, rappelant les valeurs d’un être digne de ce nom, de l’honneur, de la dignité, du respect dû à une femme, des égards dus aux maîtres des esclaves et à leurs invités. Laird MacGregor se tut un instant. Il posa ses yeux tristes sur ses enfants, puis sur l’accusé.
Cid Romel et Duncan MacGregor échangèrent un long regard. Tous deux avaient compris. L’accusé était innocent mais le Laird ne pouvait se permettre de l’acquitter. La situation était compliquée pour les deux personnes. Le Laird allait prononcer la sentence lorsqu’Algernon le coupa en quittant la salle, ne souhaitant assister à l’exécution de son esclave favori. La surprise générale survint lorsque Duncan condamna le bouffon à cinq ans de service sur le Carraig, un navire du Clan MacGregor transportant du fer d’un port à l’autre de l’île et parfois jusqu’à ceux d’autres îles.
De mille six cent vingt à mille six cent vingt-cinq, Cid passa du statut d’esclave exposé avec fierté comme un trophée à celui de moins que rien, vulgaire objet mis à disposition d’un navire d’une trentaine de marins bourrus, dominateurs et violents. À bord, on commença par lui faire nettoyer les plus petites saletés du pont et apporter une aide à la cuisine. Par la suite, on l’affecta au nettoyage des vêtements et de la loge du capitaine. Lorsque les marins remarquèrent la peau plutôt douce et originale de l’esclave, ils l’affectèrent à la satisfaction morale et physique de l’équipage. Les marins n’étaient pas des tendres, rudes gaillards habitués à la force, ils n’hésitaient pas à frapper le garçon à chaque fois qu’il ne nettoyait pas assez bien, était trop lent ou pour n’importe quelle autre raison justifiant l’envie d’un marin de se défouler sur lui.
Les cinq années passèrent lentement, endurcissant Cid jour après jour. Décidément, le monde en-dehors de son île ne lui plaisait pas. Le mépris grandit. Il voulait s’éloigner de ce monde, ne plus jamais y revenir. Lorsqu’on le libéra, en mille six cent vingt-huit, quelques mois après ses vingt-trois ans, le garçon devenu adulte avait changé. Il retourna vers son maître. Duncan MacGregor l’accueillit officiellement froidement, lorsqu’ils furent en privé, le Laird présenta ses excuses à Cid. Ce dernier avoua à Duncan qu’il en était venu à mépriser les gens, à le haïr pour ce qu'il avait fait, à vouloir s’isoler. Le chef de clan constata que le regard de son esclave était vide, il était détruit. Le natif de Terra Incognita remercia cependant MacGregor pour sa clémence d’il y a cinq ans. Laird Duncan MacGregor, se doutant que Laird Dhòmhaill voudrait infliger sa sanction personnelle suite à l’affront subit, décida d’affranchir Cid et de l’exiler d’Alba. L’ex bouffon fut donc envoyé avec ses affaires, sa précieuse tunique d’enfant ayant été conservée par les MacGregor durant tout ce temps, au port avec un peu d’argent.
L’affranchi, au port, grimpa à bord du premier navire dont il pouvait payer la taxe d’embarquement pour un port éloigné. La destination fut scellée : Inu Town. Il ne connaissait rien de cet endroit mais savait que tout serait mieux que cet endroit, rempli de souvenirs négatifs, symboles de la fin de son existence. Cid n’avait aucune volonté de vivre, il se contentait d’obéir aux ordres, d’être un pantin sans vie errant au gré des flots. Il ne vit pas le voyage passer, tant il était amorphe sur le sol de sa cabine.
Le navire accosta au port d'Inu Town en début d'après-midi. Cid se laissa errer sur l'île. Il finit par perdre ses forces entre Chom et Karnutes, s'écroulant dans une plaine. Il regarda le ciel, la vie absente de ses yeux. Depuis son départ, il avait sombré un peu plus à chaque minute, se morfondant dans une mélancolie morose et destructrice. Cid était arrivé au point où la volonté de vivre avait disparu. Il se voyait déjà expirer lentement, étalé sur cette plaine froide, son vêtement de bébé à la main. Ses paupières se fermèrent une fois. Il contempla un instant le ciel, s'imaginant perdu là-haut, libre. Sa vue se troubla et il ferma les yeux une seconde fois.
Une sensation de chaleur visqueuse tira Cid du sommeil dans lequel il avait sombré. Sa joue semblait être la cible de ce liquide étrange et d'un élément râpeux apposé avec force dessus. L'affranchi découvrit une tête poilue, à long museau, de grands yeux ronds, des oreilles pointues dressées, le tout à moins de dix centimètres de son visage. L'animal semblait heureux et amusé, il lécha la joue de sa victime de nombreuses fois encore, envoyant son souffle chaud et malodorant contre son visage par la même occasion.
Cid repoussa l'animal doucement. Il ne comprenait ni où il était, ni pourquoi il y était. Un homme vint à lui. Il se présenta sous le nom de Walter Steevens. Cet homme était éleveur de chiens, d'une race de petite taille. Walter les désigna sous le nom de « Shibas. » L'ancien esclave questionna l'éleveur. Ils se trouvaient dans sa demeure, sur l'île d'Inu Town. Walter promenait une volée de ses chiens lorsqu'ils tombèrent sur le jeune adulte endormi. L'éleveur confia ses doutes quant à la survie du garçon, précisant que sa découverte remontait à une semaine en arrière.
L'homme hébergea Cid un moment. À chaque jour qui passait, le même chien venait le réveiller ou dormir avec. Il le léchait fréquemment pour lui manifester de l'amour, bondissant sur le lit de temps à autre. Walter apportait de la nourriture à Cid quotidiennement, prenant de ses nouvelles trois fois par jour. Après une semaine au lit, l'ancien esclave eut une longue discussion avec Steevens. Le second demanda au premier de raconter son histoire. Sans s'en rendre compte, Romel conta sa vie intégralement à l'éleveur. Il le fit avec des effets dans la voix, jouant sur les intonations, les souffles. Il appliquait les méthodes enseignées par mécanisme.
L'histoire résumée, Walter servit un grand thé au garçon. Comme captivé, il n'avait rien dit de tout le récit. Il resta muet toute la matinée. En début d'après-midi, il revint avec une laisse.
- Je pense que tu devrais aller promener ce Shiba.
Le chien jeta un regard à Cid, haletant de joie, comme s'il avait compris. L'hésitation s'empara de l'ancien bouffon qui n'eut pas le loisir de réfléchir. Un aboiement du chien le tira de sa tête avant qu'il n'ait temps d'y aller. Se sentant comme redevable, Cid Romel entreprit de se lever lentement. Il avait mal aux membres. Il peinait à se tenir droit longtemps. Cid saisit la lanière de cuir et se pencha pour l'accrocher au collier du petit animal qui se dressait sur les pattes arrières. Le duo sortit lentement de la demeure. Arrivé à l'extérieur, l'ancien esclave inspira une grande bouffée d'air.
La promenade dura une dizaine de minutes. Le chien gambadant partout, laissant aller sa joie de vivre, sa curiosité, son amusement. Le convalescent observa le chien tout le long de la balade. Cet animal n'avait pas trop de soucis, au moins, pensa-t-il. Lorsque l'humain se sentit faible, ils firent une pause afin qu'il puisse récupérer puis rentrèrent.
Cette sortie devint un rituel pour les deux nouveaux compagnons. Une vraie thérapie pour l'humain. Regarder le chien s'égayer dehors la journée et discuter avec Walter le reste du temps devinrent les seules activités du garçon, en dehors de dormir et manger. Le tout offrit au garçon le repos dont il avait besoin. Une année s'écoula, les jours construits sur ce schéma. Cid reprit petit à petit des forces, la nourriture de Walter lui permettant de recouvrer une énergie physique, l'insouciance du chien lui permettant de recouvrer une énergie émotionnelle.
Un matin, Cid se réveilla de lui-même, pour aller promener le chien. Cette fois-ci, il n'était pas là. Le garçon le chercha partout, il siffla périodiquement. Comme l'animal n'avait pas de nom, pour une raison qui lui échappait, il ne pouvait l'appeler autrement qu'en sifflant. Il trouva l'animal dehors, à côté de l'éleveur. Walter regarda Cid d'un air satisfait.
- Tu sembles avoir retrouvé assez de forces pour te soucier des autres. Je pense que tu devrais aller trouver en toi la volonté de vivre à présent.
Cid constata qu'une fois encore l'éleveur avait raison. Certes, il avait retrouvé des forces physiques et un peu de joie. Cependant, l'ancien esclave n'était toujours pas dans une optique de vivre. Il devait se débarrasser de l'écrasante influence de son passé, se libérer de son manque de volonté. Le natif de Terra Incognita médita la journée et, le soir, demanda quelques provisions et une couverture à son hôte. Ce dernier lui donna ce qu'il demandait et lui souhaita bonne chance. Le Shiba voulut l'accompagner mais fut retenu par l'éleveur.
L'ancien esclave grimpa sur une colline avoisinante, cela lui prit plusieurs jours. Il en fit le tour, augmentant encore la durée du voyage. Il avait besoin de s'isoler, de regarder en lui pour trouver des raisons de vivre. Le garçon finit par installer un campement au sommet de la colline, dans une clairière.
Cid Romel passa un bon nombre de jours là-haut, seul. Les premiers jours furent dépensés en recherches intestines, comprendre et évacuer les douleurs restantes. Une sorte de méditation. Une fois le champ libre, il put s'attaquer au gros morceau ; trouver une raison de vivre, de la volonté. Après un temps incertain, le terra-incognitien trouva.
Il voulait vivre. Il voulait être heureux. Il ne voulait plus connaître la souffrance. Il ne voulait plus avoir à traverser ce genre d'épreuves à nouveau. Il voulait revoir sa famille. Il voulait revoir sa tribu. Il voulait revoir son île natale. Il y parviendrait, quoi qu'il arrive.
Lorsque Cid revint vers Walter, ses cheveux et sa barbe avaient poussés. Le chien aboya frénétiquement lorsque le garçon revint. L'accueillant par de nombreux coups de langues. Une fois le pélerin lavé et rasé, les deux hommes discutèrent. Cid Romel expliqua ses choix, ses résolutions. Walter Steevens sourit et invita son invité à se lancer dans ses projets.
- Prends donc ce chien avec toi. Il s'est ennuyé sans toi et il te permettra de te rappeler ton choix de vie.
Cid accepta avec grand plaisir. Il décida de ne pas nommer tout de suite le chien. La première chose que fit le terra-incognitien fut d'aller se faire tatouer le bélion, symbole de sa tribu. Il le plaça sur le cœur pour représenter sa volonté de vie et de retrouver ses origines. Romel et son chien se lancèrent dans des spectacles de rue. Après tout, il avait appris des choses durant son passé. Ce dernier lui avait pesé, mais il allait s'en servir à son avantage cette fois. C'est avec un sentiment de victoire sur le passé que Cid se lança dans sa première représentation, à Chom. C'est avec un sentiment de victoire sur le passé que Cid écouta avec plaisir les rires et encouragements des spectateurs.
Sa vie avec Babus, le Shiba, commençait enfin.
Situé sur la Côte Blanche au milieu d’un cercle de pierres incomplet, un monolithe en forme de pointe se dresse fièrement malgré l’usure visible. L’objet, creusé il y a fort longtemps, est divisé intérieurement en trois niveaux, chacun avec quatre fenêtres placées aux points cardinaux. L’utilisation qu’en faisaient les Ancêtres des Océans, nom donné par les locaux pour désigner le peuple d’avant la montée des eaux, est inconnue des habitants de Terra Incognita. Un voyageur pourrait penser qu’il s’agit des restes d’un cadran solaire de grande taille.
Ce monolithe est aujourd’hui sous la protection de la tribu des Akwehn’te, petit groupe de natifs de Terra Incognita vivant exclusivement sur la Côte Blanche. Ils ne vivent pas aux abords directs du monolithe mais passent y déposer des offrandes à chaque migration. La tribu s’assure ainsi la protection des esprits et de l’état du monument.
Le monde est constitué d’une kyrielle d’éléments différents les uns des autres. Etoiles, planètes, animaux, végétaux, poussières, et tant d’autres ! Certaines croyances confèrent à ces fragments d’univers des propriétés surnaturelles ; guérison, destin, protection, tout y passe.
Le seize avril mille six cent trois, sur Terra Incognita, dans la Côte Blanche à l’Ouest, un bébé est né. Il était de sexe masculin, sa mère, Ehawee, le tenait dans ses bras. Chayan, le père, était aux côtés de sa femme. Ils étaient fiers et heureux. L’enfant n'avait pas encore été nommé, ils attendaient l’avis d’Amarok, le shaman de la tribu. Lorsque ce dernier sortit de sa transe, il vint à eux directement.
- Chayan, Ehawee... Les esprits m'ont confié un nom pour votre enfant. Souhaitez-vous l'entendre ?
Ils acceptèrent. Ils trouvèrent que le nom seyait à l'enfant et l'appelèrent ainsi. Le petit grandit au sein de sa famille et de la tribu des Akwehn’te. On lui enseigna quelques coutumes essentielles, comme remercier les esprits au Grand Pic de Pierre et respecter la vie de chacun. Comme l’essentiel des tribus de la Côte Blanche, celle de Chayan, Ehawee et Amarok est orientée cueillette plutôt que chasse. À l’instar des autres tribus, les Akwehn’te possèdent un esprit totem protecteur pour la tribu et un par individu. La tribu du Pic de Pierre est représentée et protégée par une créature quadrupède : un bélion. L’animal, doté d’une crinière somptueuse et de cornes, est représenté soit de profil soit de face. La créature est réputée pour ses talents de gardien, une fois un territoire sous son contrôle il est difficile de s’y introduire sans son autorisation. Les vêtements des enfants et leurs couvertures en sont ornés.
Le petit grandit au milieu des siens, paisiblement, dans l’amour et la joie. Jusqu’à ses six ans. Au mois de septembre de l’an mille six cent neuf, des étrangers à l’île approchèrent du Pic de Pierre lors d’un passage de la tribu Akwehn’te. Ils observèrent, approchèrent, touchèrent le monument sacré. Les gardiens n’apprécièrent évidemment pas et tentèrent de les éloigner. Le groupe d’étranger trouva adorable la tentative des autochtones mais, afin de ne pas les avoir trop dans les pattes, tirèrent un coup de feu dans les airs, en guise de sommation. Les locaux, ignorant cette technologie, se braquèrent mais s’arrêtèrent de bouger. Une fois que les étrangers eurent terminé leurs représentations du Pic sur papier, ils partirent, laissant la tribu protectrice du monument sur place. Ceux-ci firent trois fois plus d’offrandes afin de se faire pardonner de leur incapacité à veiller dignement sur la terre sacrée des esprits. Ces derniers semblèrent décider de les punir.
Le soir, la tribu Akwehn’te s’arrêta pour la nuit à proximité des côtes, près des Mohaves. Cette tribu vivait essentiellement en bordure de l’île, voire sur l’eau directement. Ses membres parlaient à la fois le dialecte local et la langue des étrangers. Le fils de Chayan et Ehawee s’absenta le soir, curieux de voir ces gens à la couleur de peau différente de la leur. Il s’approcha du camp qu’ils avaient dressé. Il avait déjà entendu parler d’un certain « Capslock » à peau blanche qui mène des recherches sur l’île. Certaines tribus le toléraient car il n’était pas hostile mais d’autres le méprisaient et n’aurait pas hésité un seul instant à l’éliminer s’il était venu à approcher de leur territoire. Les étrangers s’étaient installés dans le même campement, rajoutant leurs tentes à la sienne, donnant ainsi naissance à un village de toile.
Le marmot découvrit à la fois cet amas de tentes moins hautes que celles de son peuple. Il vit également un gigantesque bateau flottant dans l’eau à proximité. La curiosité de l’enfant était grande en ce temps-là. Il s’avança, fit le tour du camp et alla sur le ponton de bois installé par les Mohaves plusieurs années avant sa naissance. Le navire n’était pas surveillé depuis la baie d’amarrage. Le mouflet grimpa à l’échelle et se faufila dans le navire. Il alla regarder tout ce qui l’intéressait, testant chaque levier, remontant le chemin de chacune des cordes qui passait à sa portée. Alors qu’il regardait un insecte rapporter un morceau de pain depuis la cuisine jusqu’à une destination inconnue, l’enfant Akwehn’te entendit des bruits de pas sur le bois du pont. La peur s’empara de lui. Ce sentiment et la précipitation le firent se ruer dans une pièce dont la porte était ouverte. Il ne prit le temps d’observer le lieu attentivement et alla se cacher dans un coin opposé à la porte, espérant que l’obscurité le protégerait assez pour partir une fois le champ libre.
Lorsque l’enfant ouvrit les yeux, il sentit que le sol bougeait. La panique se saisit de lui. Il s’était endormi. Il se lança vers ce dont il se rappelait être la sortie. Perdu dans un environnement inconnu, le marmot ne pouvait que réagir de la sorte. La porte fermée reçu un enfant lancé à pleine vitesse contre son bois craquant. Une voix grave s’éleva de derrière l’enfant. Ce dernier ne comprit aucun mot, ce qui augmenta son stress. Lorsqu’il se tourna, il découvrit un homme au moins aussi grand que son père et plus large que lui. Le monstre aux yeux de l’enfant s’approcha en continuant de baragouiner des mots incompréhensibles. Le natif de Terra Incognita, effrayé au possible, évacua sa peur comme il put, ce qui énerva l’homme. L’enfant voulu crier, pleurer, appeler à l’aide mais sa gorge était comme coupée, ses poumons incapables d’expirer le moindre air. Il avait mal. À la fois à cause de cette émotion qui le compressait et à la fois à cause des coups sur sa joue que venaient de donner cet individu massif.
Les douleurs extérieures s’arrêtèrent quand un autre individu intervint. Le nouveau venu était moins large et un peu plus petit que celui qui frappait, pourtant ce dernier s’arrêta sur son ordre. L’enfant Akwehn’te fut emmené par cet homme plus gentil à l’extérieur. Il lui offrit un verre d’eau et parla d’une voix douce, toujours dans une langue incompréhensible cependant. C’est là que le petit réalisa, en voyant ce bleu s’étendant à perte de vue : il n’était plus sur son île. L’émotion parvint à sortir par ses larmes cette fois. D’autres hommes et, cette fois, des femmes vinrent observer le petit et converser avec l’homme plus doux. Ce dernier s’accroupit devant l’enfant et se pointa du doigt.
- Barns.
L’enfant ignorait ce que cela voulait dire, et ça devait se voir sur son visage. L’homme réitéra le geste accompagné de parole. Une femme fit ensuite de même avec le mot « Elly », un homme imita le geste en disant « Jürgen. » Le petit comprit quand on le pointa du doigt d’un air interrogateur. Il ne parvint qu’à vaguement prononcer des syllabes interrompues de reniflements et de hoquets.
- …C… Ci… Cid… el… Cid… Romel.
L’enfant n’était pas parvenu à donner son nom exact. Les gens alentours semblèrent pourtant satisfaits et commencèrent à l’appeler « Cid. » L’équipage s’occupa de l’enfant renommé durant plusieurs jours. Ils lavèrent ses vêtements et lui donnèrent un lit et le couvert. L’enfant ne parlait pas, pleurait souvent, restait seul. Parfois, il se jetait dans les bras d’Elly pour y pleurer et chercher du réconfort. Cid ne comprenait pas pourquoi on ne le ramenait pas vers ses parents, ne comprenait pas pourquoi ce bateau continuait à avancer pour n’aller nulle part. Il essaya de demander, mais personne à bord ne le comprenait. Il s’isola pour le reste du voyage, ce qui ne changea pas vraiment grand-chose à sa condition, étant déjà seul de par la barrière de la langue.
Le bateau navigua plusieurs jours, l’enfant étranger regardant l’horizon d’un air mélancolique lorsqu’il ne pleurait pas. Cid arrêta de compter les jours assez rapidement, il perdait espoir. Lorsque le bâtiment faisait escale, le marmot tentait de le quitter, sans succès. Soit il se faisait rattraper par un des membres de l’équipage qui, sans doute dans une volonté de le protéger, le ramenait à bord, soit il remontait rapidement de lui-même en voyant l’hostilité des habitants ou des lieux.
Un soir, le quotidien du petit changea lorsque la vigie cria une nouvelle fois quelque chose que le petit ne comprenait pas. Il avait cependant finit par associer les sons à des éléments. Lorsque l’homme en haut du mât criait quelque chose semblant à « terenvu », une île était proche et ils allaient accoster pour y débarquer caisses, tonneaux, malles, en embarquer d’autres. Quand il entendait « dépiratt », il avait pris pour habitude de se cacher dans la cale, là où l’on y avait déposé quelques fois. Pour Cid, le fait qu’on annonce « terenvu » à nouveau n’impliquait rien à son moral ou son humeur. Ce n’était sûrement pas son île, le bateau n’avait fait qu’aller dans une seule direction, et donc cela lui importait peu. Il ignorait que sa vie allait changer sur cette île.
D’innombrables structures en pierre s’étendaient à perte de vue sur une île au profil montagneux. Le port était occupé par plusieurs dizaines de navires de toute taille. Des torches illuminaient les rues qui devenaient de plus en plus sombres avec l’heure. Le navire de Barns s’amarra à un ponton. Comme à l’accoutumée, des membres de l’équipage débarquèrent du matériel. Des poignées de mains sur le ponton s’échangèrent sous le regard las du petit Cid. Ce dernier, malgré sa mélancolie, remarqua la peau très blanche des habitants de cet endroit. Le commerçant remarqua l’enfant à peau mate et conversa un instant avec le capitaine du navire. Ce dernier sembla réfléchir un instant puis fit un signe de la main à son interlocuteur. Barns remonta à bord, alla discuter avec son équipage en train de finir de décharger des tonneaux. La discussion s’anima rapidement, le sujet devait être sensible. Après un bon quart d’heure, le bruit se tut tandis que le cuisinier et Barns vinrent vers Cid et l’embarquèrent avec eux. Ils suivirent l’homme sur le ponton, tandis que l’enfant posait des questions dans une langue que personne ne comprenait. Jamais Barns ou qui que ce soit à bord ne l’avait tenu par le bras pour l’amener quelque part. Il ne comprenait pas, il paniquait. Cid commença à se débattre, mais il était trop faible pour se détacher de l’étreinte des deux hommes.
L’enfant cessa de crier pour pleurer. Les larmes coulaient sur sa joue et ses pleurs résonnaient dans le salon d’une demeure luxueuse. Les hommes et femmes à la peau très claire présents dans la maison ne réagissaient point en sa faveur, au mieux ils se bouchaient les oreilles d’un air agacé. Barns et son cuisinier se tinrent à une certaine distance tandis que l’homme qui les avait guidé s’inclinait et conversait avec l’homme assis sur un faste siège rutilant. On approcha Cid quelques instants après, afin de l’observer dans la lumière. Il put voir de plus près cet homme qui semblait être le chef de ces lieux. Il était grand, massif, musclé. La tunique qu’il portait était très serrée et semblait pouvoir éclater au moindre mouvement. Ses longs cheveux roux cascadaient en partie sur ses épaules. Le colosse aux cheveux de feu but une gorgée d’un liquide provenant d’une choppe en bois qu’il tenait dans la main droite.
Après avoir examiné d’un œil sévère le petit, le maître des lieux aboya quelque chose à un homme à sa droite. Ce dernier, bien que large d’épaule, semblait malingre à côté du titan. L’interpellé alla chercher une bourse cliquetant de pièces de monnaie. L’enfant comprit qu’il allait être donné en échange de l’argent. Il avait vu les gens échanger ce genre de sac contre des marchandises, mais là il n’y avait rien en échange. Le lien fut vite fait. Il commença à se débattre à nouveau, plus violemment. Ses faibles forces d’enfant innocent ne pouvaient rien contre l’étreinte vénale de ces deux adultes.
Cid fut emmené par le serviteur du colosse dans une pièce à l’arrière. Deux femmes vinrent l’assister et, à trois, ils entreprirent de le déshabiller, le laver puis de le coiffer et l’habiller. Les femmes voulurent jeter sa tunique mais il se jeta sur le tissu, la serrant contre lui. On lui retira le vêtement avec délicatesse, lui montrant par le mime qu’elles escomptaient le laver avant de le lui rendre. L’homme du trio voulut emmener l’enfant mais il s’agrippa au montant de porte, refusant de partir. L’une des femmes lança une phrase au bonhomme, qui laissa l’enfant avec elles. Les dames nettoyèrent sa tunique puis l’étendirent sous les yeux traumatisés du petit étranger. Ce dernier finit par s’endormir.
Lorsqu’il s’éveilla, l’enfant comprit qu’il n’avait pas rêvé ; il était couché dans un lit au confort frugal, il sentait le savon de ces êtres à peau blanche. Cid découvrit qu’il portait une sorte de petite tunique qui n’était pas la sienne. Il chercha cette dernière, il ne voulait pas perdre le dernier lien qu’il avait d’avec sa famille. Heureusement, le vêtement avait été posé sur une chaise à proximité du lit. Il s’empressa de l’enfiler et entreprit de partir. Sur le bateau, il avait appris à utiliser et discerner les portes. Une fois celle de sa chambre franchie, il longea les murs de pierre jusqu’à un escalier. Le petit de Terra Incognita était parvenu au milieu des marches quand un homme croisa sa route. Il lui parla, Cid ne comprit rien. Il tenta de passer en courant mais se fit rattraper par le col de sa tunique. On le ramena dans la chambre et ferma la porte à clé. L’enfant fut présenté quelques heures après au maître du château dont il comprit que le nom était « Lairdmakgrégore. »
Et ainsi débuta la vie de Cid en tant qu’esclave de Duncan MacGregor, Laird de Castle Irvine, siège du gouvernement des Terres MacGregor, Alba.
De mille six cent neuf à mille six cent quinze, soit durant six ans, le personnel du château enseigna la langue commune des pays sous influence du Gouvernement Mondial au petit homme à peau mate. On le fit garçon de chambre, exécutant des tâches ménagères diverses. Par moment, il apportait une petite main à la cuisine ou à la salle des banquets pour servir mets et breuvages. Les autres enfants, quel que soit leur statut social, n’avaient pas le droit de l’approcher le temps que son « éducation » soit terminée. Les nobles ne voulaient pas que le sauvageon pervertisse ceux qui étaient déjà dans le moule.
La maladresse d’enfant le faisait parfois casser des assiettes, tasses ou autres objets précieux. Lorsque cela arrivait, Cid était puni par des coups de bâton ou de fouet. Les bourreaux avaient reçu des consignes très claires : ils ne devaient frapper que sur le torse. Jamais l’enfant ne fut privé de nourriture. Il ne comprit les raisons de ce traitement que vers ses douze ans. À cette période de sa vie, on ne l’affecta presque qu’exclusivement au service à table. Duncan MacGregor était fier d’avoir pour esclave un humain à la peau sombre au milieu des peaux claires. Cela attirait l’attention, les ragots et, pour certains, l’admiration. Le Laird veillait à ce qu’on ne touche ni aux bras ni au visage de l’enfant. Il ne devait pas déplaire aux yeux des convives.
Lorsque Cid atteignit l’âge de douze ans, MacGregor eût une autre lubie : faire du garçon un bouffon. Il s’empressa de le placer sous l’aile de ses meilleurs bardes, danseurs, jongleurs et autres animateurs. Chacun enseigna à l’enfant ce qu’il savait, l’entraînant durement. Tous les arts passèrent dans le programme ; le chant, la danse, la poésie, la musique instrumentale, les acrobaties, le jonglage et ainsi de suite. Lorsqu’il fut capable de présenter quelque chose de convenable pour un public noble, les précepteurs du garçon le renvoyèrent vers Duncan pour présenter tout un spectacle. L’adolescent, alors presque âgé de seize ans, fit bonne impression auprès du Laird. Ce dernier s’empressa de l’intégrer comme élément de divertissement à ses banquets. En dehors de ces événements, Cid était affecté au service en salle ou à la garde des enfants des nobles.
Estimé civilisé par MacGregor, Cid avait le droit désormais de converser avec les esclaves et certains serviteurs. Ses compétences en divertissement plaisaient aux marmots du castel, en particulier Algernon, William et Ascilia tous des MacGregor, enfants de Duncan. Ceux-ci commençaient même à aimer le bouffon. Ils riaient de bon cœur à ses blagues, mimes et grimaces. Tout comme les convives.
Cid détestait les voir rire. Il se sentait ridicule, méprisé et méprisait en retour. Le natif de Terra Incognita abhorrait les sourires ces gens. Plus d’une fois, il avait voulu se saisir d’un couteau pour le leur arracher du visage. Oui, en faisant ça, ils réaliseraient qu’il était plus qu’un simple comique, plus qu’un bouffon conçu pour leur amusement. Il ne passa jamais à l’acte. Sa haine était retenue par sa peur, sa peur quasi rationnelle de l’abandon et la mort.
À force de pratiques sportives, Cid avait acquis un corps athlétique et, ajouté à sa couleur de peau exotique, devint attirant pour certaines femmes. En mille six cent vingt, Lady Aileas Dhòmhaill, fille d’un des chefs de clans vassaux des MacGregor, fut conviée à un grand banquet, organisé à l’occasion du douzième anniversaire d’Algernon. La jeune femme avait la vingtaine et était réputée pour ses goûts exotiques. Elle n’avait encore jamais rencontré Cid malgré ses insistances auprès de son père, Laird Dhòmhaill. Aileas découvrit avec appétit la salle des banquets. Elle dévora du regard tous les mets qui lui plaisaient. Elle jongla d’une assiette à l’autre. Le morceau de viande dans sa bouche faisant moult acrobaties. Une fois le repas achevé, Lady Dhòmhaill se rendit dans sa chambre pour s’y reposer. Lorsque l’extinction des lumières fut majoritaire dans le castel, elle somma sa dame de compagnie de lui amener le jeune bouffon. Celui-ci, pensant devoir se produire en privé pour satisfaire les lubies d’une hautaine noble exécrable, vint prestement à sa rencontre. Une fois dans la chambre de Lady Dhòmhaill, Cid réalisa, en la voyant dans sa couche, qu’elle n’entendait pas le même genre d’acrobaties que lui. Sachant pertinemment ce qu’il risquait s’il venait à succomber à la noble dame, l’esclave refusa poliment et s’excusa, quittant la pièce au plus vite. Il retourna se coucher, la conscience tranquille mais l’esprit taraudé par un bon nombre de questions.
Cid Romel fut réveillé par les gardes enfonçant sa porte, faisant irruption dans sa chambre. Les hallebardes pointées en sa direction le découragèrent de tenter quoi que ce soit. Au vu de la lumière, le garçon estima que la nuit était encore loin d’être achevée. Les hommes d’armes conduisirent l’esclave devant Duncan MacGregor. Dans la salle du trône se trouvaient également Laird Dhòmhaill, Lady Aileas Dhòmhaill, Lady Fenella MacGregor, femme de Duncan, ainsi que leurs trois enfants. Le bouffon comprit rapidement, en voyant les larmes et les vêtements déchirés de Lady Dhòmhaill, de ce qu’on l’accusait. Il voulut se défendre mais Duncan coupa court à ses réclamations. Il se lança dans une longue tirade, rappelant les valeurs d’un être digne de ce nom, de l’honneur, de la dignité, du respect dû à une femme, des égards dus aux maîtres des esclaves et à leurs invités. Laird MacGregor se tut un instant. Il posa ses yeux tristes sur ses enfants, puis sur l’accusé.
Cid Romel et Duncan MacGregor échangèrent un long regard. Tous deux avaient compris. L’accusé était innocent mais le Laird ne pouvait se permettre de l’acquitter. La situation était compliquée pour les deux personnes. Le Laird allait prononcer la sentence lorsqu’Algernon le coupa en quittant la salle, ne souhaitant assister à l’exécution de son esclave favori. La surprise générale survint lorsque Duncan condamna le bouffon à cinq ans de service sur le Carraig, un navire du Clan MacGregor transportant du fer d’un port à l’autre de l’île et parfois jusqu’à ceux d’autres îles.
De mille six cent vingt à mille six cent vingt-cinq, Cid passa du statut d’esclave exposé avec fierté comme un trophée à celui de moins que rien, vulgaire objet mis à disposition d’un navire d’une trentaine de marins bourrus, dominateurs et violents. À bord, on commença par lui faire nettoyer les plus petites saletés du pont et apporter une aide à la cuisine. Par la suite, on l’affecta au nettoyage des vêtements et de la loge du capitaine. Lorsque les marins remarquèrent la peau plutôt douce et originale de l’esclave, ils l’affectèrent à la satisfaction morale et physique de l’équipage. Les marins n’étaient pas des tendres, rudes gaillards habitués à la force, ils n’hésitaient pas à frapper le garçon à chaque fois qu’il ne nettoyait pas assez bien, était trop lent ou pour n’importe quelle autre raison justifiant l’envie d’un marin de se défouler sur lui.
Les cinq années passèrent lentement, endurcissant Cid jour après jour. Décidément, le monde en-dehors de son île ne lui plaisait pas. Le mépris grandit. Il voulait s’éloigner de ce monde, ne plus jamais y revenir. Lorsqu’on le libéra, en mille six cent vingt-huit, quelques mois après ses vingt-trois ans, le garçon devenu adulte avait changé. Il retourna vers son maître. Duncan MacGregor l’accueillit officiellement froidement, lorsqu’ils furent en privé, le Laird présenta ses excuses à Cid. Ce dernier avoua à Duncan qu’il en était venu à mépriser les gens, à le haïr pour ce qu'il avait fait, à vouloir s’isoler. Le chef de clan constata que le regard de son esclave était vide, il était détruit. Le natif de Terra Incognita remercia cependant MacGregor pour sa clémence d’il y a cinq ans. Laird Duncan MacGregor, se doutant que Laird Dhòmhaill voudrait infliger sa sanction personnelle suite à l’affront subit, décida d’affranchir Cid et de l’exiler d’Alba. L’ex bouffon fut donc envoyé avec ses affaires, sa précieuse tunique d’enfant ayant été conservée par les MacGregor durant tout ce temps, au port avec un peu d’argent.
L’affranchi, au port, grimpa à bord du premier navire dont il pouvait payer la taxe d’embarquement pour un port éloigné. La destination fut scellée : Inu Town. Il ne connaissait rien de cet endroit mais savait que tout serait mieux que cet endroit, rempli de souvenirs négatifs, symboles de la fin de son existence. Cid n’avait aucune volonté de vivre, il se contentait d’obéir aux ordres, d’être un pantin sans vie errant au gré des flots. Il ne vit pas le voyage passer, tant il était amorphe sur le sol de sa cabine.
Le navire accosta au port d'Inu Town en début d'après-midi. Cid se laissa errer sur l'île. Il finit par perdre ses forces entre Chom et Karnutes, s'écroulant dans une plaine. Il regarda le ciel, la vie absente de ses yeux. Depuis son départ, il avait sombré un peu plus à chaque minute, se morfondant dans une mélancolie morose et destructrice. Cid était arrivé au point où la volonté de vivre avait disparu. Il se voyait déjà expirer lentement, étalé sur cette plaine froide, son vêtement de bébé à la main. Ses paupières se fermèrent une fois. Il contempla un instant le ciel, s'imaginant perdu là-haut, libre. Sa vue se troubla et il ferma les yeux une seconde fois.
Une sensation de chaleur visqueuse tira Cid du sommeil dans lequel il avait sombré. Sa joue semblait être la cible de ce liquide étrange et d'un élément râpeux apposé avec force dessus. L'affranchi découvrit une tête poilue, à long museau, de grands yeux ronds, des oreilles pointues dressées, le tout à moins de dix centimètres de son visage. L'animal semblait heureux et amusé, il lécha la joue de sa victime de nombreuses fois encore, envoyant son souffle chaud et malodorant contre son visage par la même occasion.
Cid repoussa l'animal doucement. Il ne comprenait ni où il était, ni pourquoi il y était. Un homme vint à lui. Il se présenta sous le nom de Walter Steevens. Cet homme était éleveur de chiens, d'une race de petite taille. Walter les désigna sous le nom de « Shibas. » L'ancien esclave questionna l'éleveur. Ils se trouvaient dans sa demeure, sur l'île d'Inu Town. Walter promenait une volée de ses chiens lorsqu'ils tombèrent sur le jeune adulte endormi. L'éleveur confia ses doutes quant à la survie du garçon, précisant que sa découverte remontait à une semaine en arrière.
L'homme hébergea Cid un moment. À chaque jour qui passait, le même chien venait le réveiller ou dormir avec. Il le léchait fréquemment pour lui manifester de l'amour, bondissant sur le lit de temps à autre. Walter apportait de la nourriture à Cid quotidiennement, prenant de ses nouvelles trois fois par jour. Après une semaine au lit, l'ancien esclave eut une longue discussion avec Steevens. Le second demanda au premier de raconter son histoire. Sans s'en rendre compte, Romel conta sa vie intégralement à l'éleveur. Il le fit avec des effets dans la voix, jouant sur les intonations, les souffles. Il appliquait les méthodes enseignées par mécanisme.
L'histoire résumée, Walter servit un grand thé au garçon. Comme captivé, il n'avait rien dit de tout le récit. Il resta muet toute la matinée. En début d'après-midi, il revint avec une laisse.
- Je pense que tu devrais aller promener ce Shiba.
Le chien jeta un regard à Cid, haletant de joie, comme s'il avait compris. L'hésitation s'empara de l'ancien bouffon qui n'eut pas le loisir de réfléchir. Un aboiement du chien le tira de sa tête avant qu'il n'ait temps d'y aller. Se sentant comme redevable, Cid Romel entreprit de se lever lentement. Il avait mal aux membres. Il peinait à se tenir droit longtemps. Cid saisit la lanière de cuir et se pencha pour l'accrocher au collier du petit animal qui se dressait sur les pattes arrières. Le duo sortit lentement de la demeure. Arrivé à l'extérieur, l'ancien esclave inspira une grande bouffée d'air.
La promenade dura une dizaine de minutes. Le chien gambadant partout, laissant aller sa joie de vivre, sa curiosité, son amusement. Le convalescent observa le chien tout le long de la balade. Cet animal n'avait pas trop de soucis, au moins, pensa-t-il. Lorsque l'humain se sentit faible, ils firent une pause afin qu'il puisse récupérer puis rentrèrent.
Cette sortie devint un rituel pour les deux nouveaux compagnons. Une vraie thérapie pour l'humain. Regarder le chien s'égayer dehors la journée et discuter avec Walter le reste du temps devinrent les seules activités du garçon, en dehors de dormir et manger. Le tout offrit au garçon le repos dont il avait besoin. Une année s'écoula, les jours construits sur ce schéma. Cid reprit petit à petit des forces, la nourriture de Walter lui permettant de recouvrer une énergie physique, l'insouciance du chien lui permettant de recouvrer une énergie émotionnelle.
Un matin, Cid se réveilla de lui-même, pour aller promener le chien. Cette fois-ci, il n'était pas là. Le garçon le chercha partout, il siffla périodiquement. Comme l'animal n'avait pas de nom, pour une raison qui lui échappait, il ne pouvait l'appeler autrement qu'en sifflant. Il trouva l'animal dehors, à côté de l'éleveur. Walter regarda Cid d'un air satisfait.
- Tu sembles avoir retrouvé assez de forces pour te soucier des autres. Je pense que tu devrais aller trouver en toi la volonté de vivre à présent.
Cid constata qu'une fois encore l'éleveur avait raison. Certes, il avait retrouvé des forces physiques et un peu de joie. Cependant, l'ancien esclave n'était toujours pas dans une optique de vivre. Il devait se débarrasser de l'écrasante influence de son passé, se libérer de son manque de volonté. Le natif de Terra Incognita médita la journée et, le soir, demanda quelques provisions et une couverture à son hôte. Ce dernier lui donna ce qu'il demandait et lui souhaita bonne chance. Le Shiba voulut l'accompagner mais fut retenu par l'éleveur.
L'ancien esclave grimpa sur une colline avoisinante, cela lui prit plusieurs jours. Il en fit le tour, augmentant encore la durée du voyage. Il avait besoin de s'isoler, de regarder en lui pour trouver des raisons de vivre. Le garçon finit par installer un campement au sommet de la colline, dans une clairière.
Cid Romel passa un bon nombre de jours là-haut, seul. Les premiers jours furent dépensés en recherches intestines, comprendre et évacuer les douleurs restantes. Une sorte de méditation. Une fois le champ libre, il put s'attaquer au gros morceau ; trouver une raison de vivre, de la volonté. Après un temps incertain, le terra-incognitien trouva.
Il voulait vivre. Il voulait être heureux. Il ne voulait plus connaître la souffrance. Il ne voulait plus avoir à traverser ce genre d'épreuves à nouveau. Il voulait revoir sa famille. Il voulait revoir sa tribu. Il voulait revoir son île natale. Il y parviendrait, quoi qu'il arrive.
Lorsque Cid revint vers Walter, ses cheveux et sa barbe avaient poussés. Le chien aboya frénétiquement lorsque le garçon revint. L'accueillant par de nombreux coups de langues. Une fois le pélerin lavé et rasé, les deux hommes discutèrent. Cid Romel expliqua ses choix, ses résolutions. Walter Steevens sourit et invita son invité à se lancer dans ses projets.
- Prends donc ce chien avec toi. Il s'est ennuyé sans toi et il te permettra de te rappeler ton choix de vie.
Cid accepta avec grand plaisir. Il décida de ne pas nommer tout de suite le chien. La première chose que fit le terra-incognitien fut d'aller se faire tatouer le bélion, symbole de sa tribu. Il le plaça sur le cœur pour représenter sa volonté de vie et de retrouver ses origines. Romel et son chien se lancèrent dans des spectacles de rue. Après tout, il avait appris des choses durant son passé. Ce dernier lui avait pesé, mais il allait s'en servir à son avantage cette fois. C'est avec un sentiment de victoire sur le passé que Cid se lança dans sa première représentation, à Chom. C'est avec un sentiment de victoire sur le passé que Cid écouta avec plaisir les rires et encouragements des spectateurs.
Sa vie avec Babus, le Shiba, commençait enfin.
Test RP
Babus a disparu ! Tu t'es réveillé d'une petite sieste au beau milieu de la forêt d'Endaur...et tu te rend compte que Babus n'est plus à tes côtés. Tout ce qu'il reste, c'est le baluchon dans lequel tu transportais ses croquettes, complètement déchiré.
Mais où est-il passé ?!
La météo sur South Blue était incroyablement uniforme en ce vendredi de mai 1627. Les nuages semblaient bouder la région Sud du monde, ne laissant qu'un soleil brillant et un ciel bleu splendides au-dessus. La chaleur frappait l'eau, les bateaux, les arbres, les animaux, les sols des îles... Et évidemment les gens.
Pourtant, la personne autour de qui s'articule ce récit est sur une île un peu spéciale ; elle est couverte d'arbres. Il y avait tellement de flore que celle-ci recouvrait intégralement l'île, donnant un intrigant point vert au-dessus du bleu de l'océan. Les houppiers gigantesques se rassemblaient pour donner une sorte de super-arbre situé au centre de l'île. Autant dire que la zone était forestière et ombragée.
Cid, notre héros du jour, était en proie à une vive agitation, un air terrifié sur le visage.
- Baaaabus ! Baaaabus ! Bon sang mais il est où ?!
L'homme appelait depuis plusieurs minutes déjà, cherchant du regard le dénommé Babus. Il s'arrêtait à chaque buisson pour jeter un œil dedans, regardait entre les arbres, le plus loin et le plus près possible. Cid s'était réveillé il y a peu et avait découvert que son chien avait disparu, le baluchon contenant les précieux mets de l'animal était en miette. Le contenu était comme le canidé : disparu. Il n'y avait aucune trace significative autour du lieu où ils avaient dormis, et même s'il y en avait eu, Cid aurait été incapable de les détecter puis de les suivre.
L'animal avait été un de ses deux plus proches camarades, amis et compagnons de toute sa vie. Le perdre impliquait beaucoup trop pour Cid pour qu'il ne se relâche. Le stress qu'il ressentait grandissait de minute en minute.
La recherche se poursuivit sans succès pendant une heure, le maître cherchant le chien dans un rayon d'un kilomètre autour de son lieu de sommeil. Cid élargit la zone d'investigation une fois un tour complet effectué. Bien lui en pris car il trouva ainsi une touffe de poils orangés au pied d'un arbre. Il courut jusqu'à eux, les ramassa et les frotta dans sa main. Les poils étaient ceux de Babus, leur texture douce particulière était reconnaissable pour le maître. Il était sur le bon chemin. Enfin une lueur d'espoir au milieu de cette obscurité....
Revigoré par cette découverte, Cid Romel se mit à courir, fouillant tout ce qu'il pouvait, revenant parfois sur ses pas, croyant avoir entendu quelque chose ou vu bouger. À force de déambuler, le maître parvint à trouver un nouvel indice ; le foulard bleu nuit de Babus. L'étoffe était accrochée à une branche. Cid ne découvrit cet élément que par chance car un bruit lui fit tourner la tête dans la bonne direction. Tandis qu'il cherchait ce qui pouvait avoir produit le son entendu, il perçu une silhouette sombre bouger faiblement. Il s'approcha pour observer avec plus de précision l'objet. Il s'avéra qu'il s'agissait du vêtement offert à Babus il y a quelques mois. Une question demeurait cependant : comment l'objet avait-il fini accroché à une branche située à près de deux mètres du sol ?
Alors que Cid s'apprêtait à récupérer le foulard, une petite créature velue sortie de nulle part s'en empara. L'être était caché dans les feuillages couvrant les branches d'au-dessus. Les deux paires d'yeux se croisèrent un bref instant. La brune affichait un air surpris tandis que la jaune lançait des éclairs. Le plus touffu des deux personnages s'enfuit en disparaissant à nouveau dans les arbres.
- Hé ! Reviens ! C'est à mon chien ! Rends-le moi !
Le petit être poilu s'enfuit. Cependant, depuis le sol, Cid parvenait à discerner la direction prise par le fuyard grâce aux bruits et aux mouvements des feuilles, certaines tombant carrément en masse sur son passage. L'humain se lança à la poursuite de la peluche. La course-poursuite dura environ quinze secondes. Pas grâce aux prouesses hors du commun de la part de Cid. Non, plutôt grâce aux pièges disséminés un peu partout dans la forêt. L'artiste de rue n'eut que quelques pas à faire dans la bonne direction pour qu'un bruit violent vrille ses tympans. Sans qu'il n'ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Cid se retrouva tête à l'envers, couché dans un filet. Le cri qui était sorti de sa bouche contre son gré avait sûrement alerté le fuyard.
Le maître de Babus était dans ce filet depuis un bon moment. Il avait gesticulé depuis son entrée dans le filet jusqu'à en perdre toute force. Il n'avait pu se dégager du piège, n'ayant aucun matériel à disposition et la corde étant bien trop résistante. Tandis que Cid reprenait son souffle, des bruits se firent entendre, d'abord infimes puis de plus en plus audibles. Quelqu'un s'approchait. L'acrobate se calma et se déchaussa. Il se préparait à agir si la peluche revenait ; elle recevrait une paire de chaussures en pleine face. Ce n'était aucunement la raison qui motivait cet acte, simplement la rage.
Le bruit se rapprocha, une lance sortit des buissons avoisinants puis un petit corps velu. Il s'agissait bien d'une créature de la même espèce que le voleur de foulard mais d'un autre individu. Un deuxième petit ours apparut, puis un troisième suivi d'un quatrième et ainsi de suite. Intrigué, Cid ne lança aucune de ses chaussures.
- Bonjour ? Vous savez parler ?
Les peluches se regardèrent, communiquant avec des sons qui n'étaient pas la langue de l'humain.
** James m'avait prévenu que des bestioles mangeuses d'hommes habitaient ces forêts. Je pensais pas être entré dans leur territoire, j'étais pourtant près des côtes ! J'espère que ce n'est qu'une rumeur et que Babus va bien... **
Les créatures, que Cid soupçonna être les fameux Woks dont on lui avait parlé tantôt, se concertèrent, armes à la main. L'humain remit lentement ses chaussures aux pieds, il venait d'avoir une idée en voyant les lances des petits êtres. Il fit mine de s'allonger sur le ventre et laissa pendre ses bras par les mailles du filet. Des peluches se mirent à pousser des petits cris et s'approchèrent d'un air menaçant, brandissant leurs lances en sa direction. Une fois à portée, l'humain tenta de saisir une des lances. Il y parvint ! Seulement, il n'avait pas réfléchi assez loin dans son plan. Les autres Woks commencèrent à le frapper avec leur propre lance et à lui lancer des branches dessus. La douleur se saisit de lui, d'abord isolée au niveau des bras et des jambes puis gagnait petit à petit tout son corps. Son visage grimaçait de souffrance.
Toutes les créatures se figèrent soudain en entendant un cri puissant. L'animal devait être proche pour émettre un son aussi audible. Les Woks se mirent à paniquer, certains laissèrent tomber leurs armes et tous prirent la fuite. Seul resta Cid, blessé aux membres, son sang coulant doucement le long de ses bras et jambes jusque sur l'herbe. Le vert s'était déjà teinté de rouge durant l'agression. À présent, la couleur écarlate gagnait du terrain à chaque goutte.
- Ba... Babus...
Comme s'il répondait à son appel, un aboiement retentit une nouvelle fois. Le chien sortit des buissons, suivi par deux hommes. Ils détachèrent le malheureux prisonnier et l'emmenèrent sous les cris du canidé, inquiet. Les bûcherons transportèrent Cid jusqu'à une maison, située à moins d'un kilomètre de l'incident. On lui prodigua des soins, appliqua des bandages sur ses blessures et lui offrit un grand verre d'eau.
- Vous l'avez échappé belle, mon gars ! Mais si je puis me permettre, vous êtes un idiot ! On vous avait bien dit de ne pas aller dans la forêt. Écoutez un peu ce que vous disent les gens !
L'endauri sermonna le rescapé plus que de raisons. Sa frustration liée aux étrangers idiots ou désobéissant devait être grande. Le bûcheron se calma.
- Merci pour l'aide monsieur. Comment vous m'avez trouvé ?
Le bûcheron désigna Babus du menton.
- C'est le chien. Il est arrivé vers nous il y a une heure. Il avait une lance de Wok dans la gueule. James l'a reconnu comme étant le vôtre. Il trouvait bizarre que son foulard ait disparu, en plus de l'arme qu'il nous a rapportée. On vous a alors cherché mais sans succès. Quand on est revenu, votre bestiole a entendu quelque chose et s'est lancé en courant dans la forêt, on la suivi pour l'empêcher de se faire mal et on vous a trouvé.
Cid réalisa à quel point il avait été idiot. Il n'avait pas pensé à chercher tout simplement du côté des habitants... La peur de perdre son compagnon avait fait perdre certaines notions élémentaires à son maître. Cid remercia le bûcheron de l'avoir sauvé, Babus léchant amoureusement son visage. Certes, l'animal n'avait plus le foulard mais au moins il était en vie.
Informations IRL
• Prénom :
• Age : 25, presque 26 p'tain
• Aime : Des tas de choses
• N'aime pas : Des tas de choses
• Personnage préféré de One Piece : Sans doute qu'il y en a un
• Caractère : Yo soy el Kébabos
• Fait du RP depuis : Longtemps
• Disponibilité approximative : Ca dépend de mes dispo
• Comment avez-vous connu le forum ? Reroulé
ONE PIECE REQUIEM
Dernière édition par Cid Romel le Mar 20 Fév 2018 - 18:36, édité 1 fois