Les mouettes tournaient dans le ciel au dessus de la base de la 316e division de la marine, sous un soleil dégagé qui atteindrait bientôt son zénith. Je me réappropriais les armes que l'on m'avait confisqué à mon entrée. En sanglant le lourd bouclier sur mes épaules, un sentiment de légèreté me gagnait.
Je sortais de trois heures de calvaire administratif pour récupérer ma licence de chasseur de prime. J'avais du faire des allers-retours de services en services, pour obtenir des formulaires, les remplir puis les faire certifier. J'étais même tombé sur un sous-officier au coté duquel j'avais servi alors qu'il n'était que première classe. C'est après avoir rit longuement sur l'ironie de mon renvoie du corps militaire, malgré la ferveur avec laquelle je défendait son règlement à l'époque, qu'il se décida à me révéler qu'il ne pouvait pas m'aider.
-Désolé Percy, c'est mon collègue qui a pris en charge ton dossier. J'peux rien pour toi. Il est en pause là, t'as qu'à revenir dans un quart d'heure.
J'aurais prit beaucoup de plaisir à le frapper. Encore plus à m'en rappeler. Mais la règle était la règle et ce genre de débordement m'aurais coûté ce que j'étais venu chercher. Repenser à son air satisfait me faisait bouillir. Heureusement, boucler mon épée et son fourreau à ma ceinture chassait cette image et me donnait l'impression d'être à nouveau entier.
Je quittais la base avec la sérénité qu'apporte le travail finit quand j’aperçus Petyr. Il était affalé contre un arbre et semblait dormir. Quelle honte. Je m'approchait de lui pour lui rappeler le sérieux que j'attendais de sa part, d'un bon coup de bottine dans les cotes. Cependant, il se réveilla de lui même. Probablement alerté pas les tintements métalliques qui me précédaient. Il se redressa en hâte et se précipita vers moi.
-Vous en avez mis du temps, Percy. Je vous attend depuis une heure au moins. Vous avez le papier au moins ?
-Bien sur que je l'ai ! Tu crois que j'ai passé tout ce temps à m'amuser pendant que tu te prélassais ici, cloporte ?
L'impatiente dont il avait fait preuve balaya tout les efforts que j'avais fait pour retrouver mon calme.Voyant mon poing se serrer et mes yeux s'assombrir sous mon heaume, il changea immédiatement d'attitude.
-J'ai pas chaumé en vous attendant, Ser.
Il sortit un épais rouleau de sous son manteau.
-Je suis allé trouver les primes signalées sur InuTown et les îles proches.
Il déroula la liasse d'avis de recherche et commença à les feuilleter.
-J'ai fait du tri avec les info que j'ai glané en ville. Faudra peut être qu'on retourne rendre quelques services pour récompenser mes indics.
Il garda quelques feuillets et remis le reste sous son manteau.
-Ceux là ont été signalés à Chom, dans la semaine. Certains sont sûrement déjà partis. Faudra qu'on aille laisser traîner nos oreilles à la sortie de la ville. Au port aussi.
A nouveau, il sépara une feuille du lot et rangea le reste dans une autre poche de son manteau, plus accessible.
-Lui part contre. C'est un acharné. Il va pas partir avant de faire un nouveau coup. Un petit voleur qui a laissé quelques cadavres derrières lui. Suivez moi en ville et je pense qu'on pourra tomber sur lui.
Comme souvent, Petyr parlait et agissait sans que j'ai besoin de lui répondre. Il avançait déjà dans la rue qui faisait face à la base. Il savait sûrement que la rigueur dont il avait fait preuve avait tendance à tempérer la tension que j'avais emmagasiné ce matin. Il m'épargnait également d'avoir à la ressentir à nouveau en me demandant ce qu'il s'était passé.
°°°°°
Nous arrivions à présent dans une allée commerçante. De nombreux bourgeois de la région s’agglutinaient devant les boutiques de luxe. Nous croisions une patrouille de la marine lorsque Petyr s'attarda sur une devanture. Il s'agissait de l'atelier d'un forgeron. Toute les armures et armes qu'il présentait, étaient incrustées de gemmes et de pierres précieuses. Le petit homme au nez rouge portait son regard alternativement sur moi et les armures. Il semblait vouloir que je m'y intéresse, mais j'ignorais délibérément l'étale. Ces armures de parade ne remplissaient clairement pas mes critères de sélection en la matière : robustesse et mobilité. De plus, ces tas de métaux précieux et de gemmes n'étaient pas dans nos moyens. Et puis de toute façon, la « vétusté » qu'il reprochait à ma cuirasse actuelle était grandement exagérée.
J'étais assez mal à l'aise dans cette ambiance. Je n'étais pas habitué au luxe et à la foule. J'observais le paysage urbain en marchant. On ne voyait aucune végétation hormis quelques herbes et de la mousse entre les pavés du chemin et un grand frêne qui se dressais majestueusement au bout de la rue, à plusieurs centaines de mètres de là. Les seuls animaux présents étaient tenus en laisse par des bourgeoises. Les animaux errants, que l'on avait croisés jusque là, devaient préférer les abords des restaurants et des boutiques alimentaires. Les cliquetis de mon armure et le claquement de mes bottes contre le pavé s'entendaient à peine dans le tumulte ambiant. Des cri joyeux et des claquement de mains se faisaient entendre. Ils provenaient d'un rassemblement de bourgeois mais je n'arrivais pas à distinguer quel était l'origine de leur intérêt. Petyr se glissait déjà au milieux du groupe. Il avait un talent inné pour attirer l'attention des foules. Cela s’avérait souvent utile lorsque nous étions en quêtes d’informations. Je supposais que s'était bel et bien là son intention. Sa tenue dénotait légèrement, à coté des broderies et des parures que portait le reste de la foule sans pour autant ruiner sa discrétion. On aurait facilement pu le prendre pour un conseiller ou l'intendant d'un noble, vêtu sobrement.
Pour ma part, je me tenais légèrement à l'écart, en me plaçant dos à un magasin pour fermer mes angles morts. Petyr n'avait pas apporté beaucoup de précision sur notre cible, mais je partait du principe qu'il fallait s'attendre à le voir sévir à tout moment.
Qu'est-ce que ?...
Je croyais avoir vu quelqu'un se tenir sur le toit du magasin en face de moi. Juste une ombre qui avait disparu quand mon regard se fixa sur sa position. J'imaginais que mon imagination me jouait des tours. Je reportais donc mon attention sur les passants et leur sécurité en attendant que Petyr revienne vers moi pour me faire son rapport.Dernière édition par Percy Gal le Ven 6 Avr 2018 - 22:23, édité 2 fois