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L'intriguant charme de Rebecca Buck

Et de six!

Qu'il laisse tomber, joyeusement, tout en saucissonnant son dernier paquetage. Son intonation est enjouée, joviale. La voix est basse mais chantante. Le temps merveilleux de ce matin n'est pas étranger à sa bonne humeur. Ciel dégagé, soleil puissant mais bercé d'une brise marine rafraîchissante, les conditions sont idéales. Cela et ce délicieux cigare qui fume à ses lèvres. Hopper est content, serein. La journée commence bien.

Le Sergent d'élite se relève et promène le regard autours de lui. Le pont supérieur de cette goélette où il se tient n'a pas fière allure. Le rafiot est dans un sale état et semble l'avoir toujours été. Le combat qui a eu lieu plus tôt n'a rien arrangé, certes, mais la goélette n'aurait de toute façon jamais tenu jusqu'à Logue Town. Un bruit à ses pieds le tire de ses pensées. Un de ses paquetages se remue. Sans froncer, Hopper lui décoche un coup de pied aussi violent que nonchalant. Le paquetage, et l'homme qu'il contient, s'immobilise tandis qu'Hopper rallume son cigare.
---

Oui c'est un temps super. Le temps parfait pour une bière!

Pas mécontente de sa rime, Rebecca Buck allie le geste à la parole et vide d'un trait sa pinte. Qu'il soit 10 heure du matin ne l'inquiète pas le moins du monde. En fin de compte, il faut vraiment aimer la servitude pour devenir esclave de l'horloge, se dit-elle en rotant. Bien que n’étant pas seule attablée sur la terrasse de ce troquet en plein cœur du port de Logue Town, personne ne relève son doux chant. On ne la connaît que trop bien.

Rebecca Buck est un prototype personnel de la nature, un déséquilibre étrange mais très réussi entre vulgarité assumée, intelligence brute, puissante violence et charme sauvage.

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Quand elle veut bien, elle travaille comme docker sur les quais de Logue Town. Il lui arrive aussi d’œuvrer comme chasseuse de prime, pour rembourser les amendes qu’on lui colle sur la tronche régulièrement (pour des histoires d’alcool et de passage à tabac). Enfin, et c’est là son occupation principale, Rebecca tapote fort bien quand il s’agit de mécanique, plus particulièrement quand ladite mécanique implique de la poudre, des shrapnels et de tubes en acier.  Miss Buck est pleine de ressources. Et elle a soif.

Elle s’apprête à crier très fort pour commander septième chope mais ses iris focalisent au loin sur une forme indistincte, en pleine mer. Elle sourit à pleine dent.

C’est ton jour de chance l’aubergiste ! Aujourd’hui, je règle mon ardoise.

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Alors qu’il essore méthodiquement son uniforme, Hopper voit apparaître la jolie silhouette de Rebecca, sur le ponton du quai 69, le plus reculé du port de Logue Town. Il ne se détourne pourtant pas de son activité et entreprend d’amarrer le radeau qu’il a si durement traîner derrière lui, à la force des bras et en crawl s'il vous plait.

Quand je t’ai vu tracter ton rade la première fois, j’dois bien avouer que j’en étais toute chose. Plus mouillée qu'toi qui sortais de l’eau. Comme une gamine.

Lâche Rebecca, tout en s’asseyant sur le rebord du ponton. Hopper sourit tout en nouant solidement sa remorque nautique de fortune et commence à décharger ses six gros paquets. Un brin joueur, et narcissique, il fait ostensiblement jouer ses muscles.

C’était avant que je pige que t’étais une petite lopette de marine imbu de lui-même.

Ah ! Je t’aime Reb’.


Bien sûr que tu m’aimes Hop’. C’sont qui ?

Tout en montrant le chargement du Sergent, elle sort une gourde qu’elle vide d’un trait. L'odeur qui imbibe l'air dans les secondes qui suivent indique que ce n'était pas de la grenadine, dans cette gourde.

Des pirates quelconques. Si je ne leurs étais pas tombé dessus, la mer s’en serait chargé. Des amateurs. Mais le gros est primé je crois.

Rebecca émet un renvoi sonore. Attirés par ce qui ressemble à leur chant nuptial, un banc de lions de mer fait surface puis s’en retourne, déçu.

Le primé contre un repas aux chandelles avec moi. Tu paies la bouffe mais ça te fait une chance de me sauter quand je serai ivre.
 

Flegmatique, Hopper sort un cigare de la poche étanche en cuir noir qui lui a coûté une petite fortune. Il l’allume et prend le temps d’apprécier la fumée au goût poivré et plein de caractère d’un authentique Toji de 1624. Puis seulement, il pose son regard sur Rebecca, ses grands yeux et sa bouille de mignonne petite casseuse.

Prends en deux plus le gros. Ça me fera moins à porter, on sera quitte.


Parfois tu m’ferais presque chialer Hop’.
 

Sans douceur aucune, Hopper fait valser trois des pirates ligotés par-dessus son épaule gauche. Il garde le bras droit libre, pour son cigare. Il fait un petit signe de tête à Rebecca Buck, puis s’éloigne. Elle, elle reste là encore un moment. Elle pense un peu à lui, à Hopper Jo. « Jo on the lose » comme on l’appelle aussi. Jo, le sergent d’Élite, mis sur une voie de garage depuis trop longtemps et qui continue malgré tout à faire son boulot. Plus ou moins. Alors que plus personne lui demande rien. Plus ou moins. Qui en plus lui refile ses plus grosses prises, comme ça, contre rien. Plus ou moins. Quel con ce Jo. Elle l’aime bien.
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Et 5. 6. 7. 8. 9. 1000...

Une goutte de sueur grosse comme une noix glisse le long de la tempe de Rebecca Buck. Sa concentration est intense.

Et 5. 6. 7. 8. 9. qui font 980000...

Sous les yeux emplis d'ennui de « l'officier de liaison de la marine », comprenez le marine en charge de récupérer les criminels primés et de payer les « fournisseurs », Rebecca n'en croit pas ses mains.

Et 10 qui font 2 millions ! Sur mon chlamydia c't'une somme!

Une belle prise, « Teeth ».

« Teeth », c'est le surnom qu'on donne à Rebecca Buck, dans le milieu. Rebecca casse les dents de ses prises. Toutes. Elle ne le fait pas pour la réputation ou le plaisir, bien que ce genre de comportement vous assure assez vite une notoriété certaine. Elle le fait pour qu'ils se la ferment. Parce que le bruit c'est fatiguant et qu'une bouche fermée ne laisse pas échapper de secrets gênants, comme celui d'une chasseuse de prime qui ne chasse pas, préférant se faire livrer par un marine d'élite. 0 effort, 100% bénèf'. Le meilleur deal de sa vie après la fois où elle avait vendu un livre à un aveugle. Un livre avec des images. Rebecca sourit à la réminiscence de ce doux souvenir.

Tu peux être fière. C'est pas un gentil le Gros Israel. Meurtres, vols et j'en passe. C'est son capitaine qui va pas être content.

Son Capitaine peut toujours me lécher le bouton moutardé. Je vous laisse. J'ai deux millions de Berry à transformer en bières. Ça risque de prendre au moins un an les flippettes. Un an à cuver!

Cela pris à peine une heure trente.

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Récapitulons Sergent. Vous êtes parti sans ordre de mission, abandonnant ainsi votre poste à l'entretien des surface du messe des officiers, pour ensuite prendre de force un navire...

..un navire pirate mon commandant...

...un navire et me ramener trois pauvres malfrats dont aucun n'est même fiché. Pour le même prix, ce sont de simples pêcheurs qu'on ne pourrait faire la différence. C'est bien ça Sergent Jo ?

D'un point du vue résumé, c'est cela. J'aimerais juste ajouter que le messe était on ne peut mieux balayé lorsque je l'ai quitté et qu'étant assermenté, ma parole est suffisante pour incriminer ces trois malfrats.


Vous jouez avec le feu Hopper. Nous pouvons toujours vous rétrograder aux latrines.

Vous pouvez toujours mon commandant.

Disposez. Vite.


Il sort penaud du bureau de son « supérieur », le Hopper. C'est qu'il est habitué. Habitué mais pas résigné. Il aurait pu se morfondre. Sa carrière était prometteuse. Puis la poisse. Une mission qui tourne au cauchemar. Une autre qui s'avère être un traquenard. Puis on l'envoie par le fond. Logue Town. Un balai. Un sol à nettoyer. Un dortoir à partager avec les recrues.  
Il est entré dans la Marine parce qu'il voulait faire le bien, le mieux. Il a rejoint l'Elite parce qu'il était bon pour ça. L'action, les décisions rapides, difficiles. Et rien ne l'empêche vraiment de le faire. Il a pris le temps, mais il a compris. On pourra lui faire récurer tout ce qu'on veut, tant qu'il ne fait pas d'erreur fatale, on ne pourra jamais lui enlever son uniforme. On ne pourra jamais l'empêcher de sortir chasser. Parce que la Marine déteste la Marine d'Elite et vice-versa. Parce qu'aucun gradé de l’Élite ne signera son renom pour un commandant régulier et qu'aucun commandant régulier ne s'abaissera à demander.  

Hopper !

Le Sergent se retourne. Le commandant se tient debout dans le couloir et le toise. Il sort de sa poche de poitrine une lettre de papier ocre.

D'ici deux semaines aura lieu la grande évaluation de mes troupes. J'ai reçu le feu vert de l'amirauté pour garder ou congédier tout soldat ... QUELQUE SOIT son affiliation. Balayez bien.


Il quitte penaud le couloir de son inférieur, le commandant. Et Hopper devient tout pâle.

J'ai besoin d'un verre.

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Soleil. Terrasse. Whisky 1614. Single. Du feu et de la cendre. Encore. Des couleurs en surimpression. Des verres qui s’entrechoquent. Quelques propos gênants partagés avec un inconnu semi consentant. Rencontre. Cris et réjouissances. Rencontres. De la fumée épaisse, inhalée. Un arrière-goût un peu aigre. Lèchemi et Lèchemoi sont sur un bateau. Les vêtements c’est pour les faibles. Toujours plus bas. Bas les pattes ! Odeur de sardines. Calamars salade-tout. Rhum double, deux. Deux autres. Noir. Marteau piqueur. Corne de brume. Noir.

Une sensation de froid : Hopper vient au monde. De la pluie, sur son visage ; c'est agréable. Il ouvre les yeux. C’est pénible. Son cerveau est engourdi, ses globes oculaires ne font pas la focale. Pas encore. Mais son ouïe fonctionne. C’est direct, l’ouïe. Cris de mouettes, roulis de vagues, chants lents et graves. Et la voix de Rebecca Buck.
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La focale se fait. Hopper tourne la tête, aussitôt douloureuse. Il porte sa main gauche à son front tandis que sa dextra tâtonne pour son étui à cigares. Bref moment de panique, puis l’objet recherché atterrit lestement sur ses jambes nues. Merci Rebecca. Hopper porte un cigare à sa bouche et seulement tique. C’est un regard inquisiteur qu’il pose sur Rebecca.
T’inquiète Hop’. Tu t’en souviendrais si je t’avais enfourché.

Ce qui n’explique pas son absence de pantalon. Tandis qu’il allume son cigare, Rebecca s’étire.

Fistule ! Je me l’étais plus collée comme ça depuis mes douze ans.
Fanfaronne-t-elle en génuflexant.

On est où ?

Trois mots qui l’exténuent. Et Rebecca de ne pas prendre la peine de répondre. Hopper fait le point. Lentement. Pas besoin d’avoir fait l’Académie des Sciences Maritimes : l’haleine goutûe qui pollue son bec est amplement informative. Le Sergent a bu un verre, le verre s’est transformé en bouteille et le Sergent s’est transformé en tonneau, en torche humaine, en scandale ambulant. Dans son errance, il aura croisé Rebecca Buck, ce qui n’aura rien arrangé. Reste deux questions pour l’homme pragmatique qu’est Hopper :
Où suis-je ? et Quel jour sommes-nous ?

Le ciel est couvert mais la lumière indique le début d’après-midi. Le cul du sergent repose sur un rouleau de cordage qui repose sur un plancher de bois mouillé. La houle, un chant de marins, c’est le pont d’un bateau. Pont inférieur, large pourtant, d’énormes voiles carrées, c’est un cargo.
Hé Hop’ ! Vise le Kraken !


Toujours en sous-vêtements, Rebecca porte le pantalon de Hopper sur sa tête. Elle se tient sur ses mains, ayant fait passer ses genoux par-dessus ses coudes. Une vision impressionnante qui arrache un sourire à Hopper. Il n’est pas le seul à observer la scène : plusieurs matelots, depuis le pont supérieur, sifflent bruyamment Rebecca. Elle fait mine de ne pas les entendre et s’avance vers Hopper Jo, une lueur malsaine dans l’iris.
J’ai été un vilain calamar. Harponnez-moi Sergent.


Leurs visages sont tout proches. Le silence se fait, les sifflements comme le chant.


Harponnez-moi.

Chuchote-t-elle.

Avant de se laisser basculer en arrière. Hoopper déglutit et le bouchon d’une bouteille sortie de nulle part saute. Rebecca porte le goulot à sa bouche, couchée à même le sol en bois.

Tu ferais bien de remettre ton pantalon Hop’.
 

---

Le capitaine du Cargo, un certain Hakab, a salué Hopper comme un ami de toujours. Leur rencontre date pourtant d’avant-hier... Deux jours sont donc passés. C'est un homme volubile au tempérament sympathique. Jo garde son flegme tandis qu’Hakab se remémore leurs frasques. Il s'esclaffe en mentionnant le lion de mer qu’ils ont attirés hors de l’eau pour ensuite l’emmener avec eux dans tous les bars du port. Un nom lui à même été donné, ils l'ont appelé: Lion de Mer. Hakab est un homme spirituel. Hopper aussi, apparemment, lorsqu'il est sous spiritueux. Une facette de lui-même qu'il a rarement eu l'occasion d'explorer se dit-il, pensif et plein de contenance. Il blêmit tout de même lorsque que le capitaine laisse tomber :

On va devoir éviter Logue Town pour les années à venir, bwaha ha haha !

Le vent souffle toujours, soulageant la migraine du Sergent. Seul le bruit le torture encore. L’humeur vaseuse et les mains bien accrochées aux cordages, il cherche Rebecca des yeux. Il ne tarde pas à la trouver. La bougresse souffre à quelques pas d'eux, réfugiée sous la rampe. Sa vigueur s’est évanouie en même temps que son ivresse latente, pour faire place à un mal de vivre tangible. En boule sous une couverture en chanvre, elle marmonne et maudit la vie, la mer, les dieux, elle-même et une série d’autres choses assez vulgaires. Cela rassure Hopper autant que ça l’effraie : Rebecca Buck est de l’espèce humaine.
Et toujours ce chant sourd...
Dites Hakab, c’est quoi ce chant qu’on entend?

Hakab se tourne vers lui, sourire aux lèvres.

Ce sont les esclaves, dans les cales. Ceux-là chantent pour ne pas sombrer … J’aurais préféré que tu ne demandes pas.

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C’est fou la vitesse avec laquelle des armes peuvent apparaitre. Une seconde plus tôt Jo était libre, le voilà maintenant encerclé par les canons d’armes de poing. Pas de geste brusque. Tout doux Hopper.
Hakab lui découvre un sourire parsemé de dents en or doublé d’un regard torve.

Si ça peut te conforter, ça aurait fini comme ça de toute façon. J’ai voulu te laisser un dernier moment de liberté, rapport à la chouette beuverie qu’on a partagé.

Grand prince.

Faut mieux choisir tes amis. C’est ta copine qui t’as vendu.


Hopper est un homme calme. Calme et pragmatique. Qu’il perdre le contrôle, qu’il voit rouge est rare. Rare mais pas impossible, comme en ce moment. D’un coup, son corps se tend, ses muscles se nouent. Un voile rouge obscurcit ses yeux et il s’élance vers Rebecca Buck, toujours affalée, moribonde. Il ne fait pourtant qu’essayer. A peine a-t-il remué qu’une détonation retentit. Hopper s’affale, genou au sol tandis que son pantalon se teinte de rouge. Il n’a pas le temps de comprendre qu’on lui a plombé la cuisse qu’il est honoré d’un solide coup de crosse dans la nuque. Il crache un filet de sang.

Oh, oh, oh ! L’abîmez pas trop, il vaudra moins.

Malgré les coups et la douleur, c’est l’âme d’Hopper qui souffre. Le corps peut endurer, le cœur aussi, mille tourments, mais se faire trahir, c’est probablem..

Gwergblewergl…

Hopper relève les yeux juste à temps pour saisir le spectacle de Rebecca Buck vomissant sur le pont. La quantité est impressionnante. Elle éponge le coin de sa bouche avec sa main, qu’elle tend ensuite au Zénith.

Teuteuteuteu les gars.

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Elle tient ce qui ressemble à un gros caillou. Fière, elle toise l’audience dont elle a désormais toute l’attention.

Je suis trop défaite pour un speech. Hop’ ! Faudra m’porter sur ton dos. Après.

Je vais te noyer oui.
 Qu’il marmonne.

Un doute l’accable néanmoins. Doute de plus en plus prégnant à mesure que Rebecca approche l’objet de sa bouche et … le dégoupille avec les dents.
 
Cha fa féter les fars.

Dit-elle, en lançant négligemment la grenade sur sa gauche. Une nouvelle apparait déjà dans ses pattes. Malicieuse, elle crache la goupille et adresse à la foule, Hopper confondu, un sourire de bonheur pur … avant d’être avalée par le chaos !

L’engin explose sur le pont principal à quelques enjambées à peine de Hopper. Un souffle particulièrement chaud s’en dégage, trop chaud pour une grenade régulière : l’engin est probablement incendiaire, d’une excellente facture artisanale. Le Sergent est soufflé, ainsi que les hommes qui l’entourent. Il s’écrase contre le bastingage, la blessure de sa cuisse lui arrache un cri. Mais cette douleur le sort du coltare, ou est-ce l’adrénaline ? Peu importe, Hopper est rapidement sur ses pieds et fond sur un matelot emberlificoté dans des cordages. Il le neutralise d’un plat de la main sur la tempe et lui subtilise sa pétoire et son couteau. Et lui administre un revers de lame dans la jugulaire, par prudence. Prudence et conscience professionnelle.
Une seconde explosion retentit, directement suivie d’une troisième. Hopper a juste le temps de se blottir au sol pour éviter une pluie meurtrière de bois et déchets. Bien calé sur ses appuis, il glisse néanmoins : le bateau tangue à bâbord. La coque a été touchée. Il faut agir, vite. Hopper se détend et fonce vers le centre du pont, vers la cale. Au passage, il loge une balle dans la nuque d’un esclavagiste qui tente de se relever. Fais dodo. Hopper regrette immédiatement son geste : en face, trois hommes se ruent sur lui, sabres dehors. Pas le temps de recharger ce revolver à un coup. Il le fait tourner dans sa main, le saisit par le canon tel un  tomahawk. Le premier assaillant est cueilli par la crosse en pleine mâchoire et s’effondre. Hopper évite de peu une estoc du deuxième. Le bateau tangue à nouveau : le sergent est catapulté vers ses deux assaillants. Il en profite pour balayer le premier d’un coup de pied médian dans les cottes, tandis que son couteau s’en va chatouiller la tête du second, par le dessous du menton.

Une voix dont l’origine est indistincte retentit : « Au feu, au feu ! ». Observation pertinente, quoique tardive. Alors qu’Hopper continue de se frayer un chemin vers les cales, une clameur monte. Elle vient des cales justement, qui maintenant déversent une foule incongrue d’hommes et de femmes à l’air fatigué mais furieux. Ils se sont armés de ce qu’ils ont pu trouver, les esclaves nouvellement libres. Leur apparition ne fait que renforcer le chaos ambiant, déjà des matelots se jettent sur eux. Son parti étant pris, sa mission première de libération s’étant concrétisée d’elle-même, Hopper fonce s’interposer pour laisser le voie libre à la marchandise humaine. Il se saisit d’un amarre avec à son bout une épaisse poulie métallique qu’il entreprend d’utiliser comme une arme, en la faisant tournoyer pour l’abattre çà et là.

C’est rudement efficace : rapidement un espace se fait entre lui et les matelots incapables d’atteindre le flot d’esclaves qui sortent des cales pour se précipiter vers les canaux de sauvetages. Un assaillant plus téméraire que les autres tentent bien de les en empêcher, mais il se fait derechef corrigé par une poulie en pleine mâchoire. Hopper jette un œil derrière lui pour voir où en est l’exfiltration : une dernière silhouette s’extirpe littéralement des entrailles du cargo. C’est Rebecca Buck. Avant qu’il ait le temps de faire ou de dire, elle lui saute sur le dos et s’y cramponne.

On s’taille, tout va sauter Hop’ !


Le ton de sa voix est trop franc pour laisser planer le doute. Hopper jette un œil aux esclaves entassés dans les canaux qui appareillent et s’élance vers la surface de l’océan. C’est au ralenti qu’il plonge, sur un arrière-plan de fureur et de feu, sans regarder, parce que les vrais ne regardent pas les explosions.


Dernière édition par Hopper Jo le Lun 09 Avr 2018, 13:57, édité 1 fois
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L’engagé Howski n’était plus engagé depuis quelques temps déjà. Réformé involontaire. La faute à lui, majoritairement. Cet homme un peu gauche mais humainement trop correct avait peu à peu laissé glisser la prise des convenances tout en se murant sciemment dans la solitude la plus complète. Pas ermite, loin s’en faut, il n’en était pas moins devenu volontairement solitaire, loin des bruits et des tracas vains de la politique, la hiérarchie, la civilisation. Seul son chien, Stupide de son doux nom, était autorisé à partager son espace. Stupide, présentement, somnolait doucement sur le pont de la péniche « Rocco », lieu d’habitation et de travail de Buck Howski depuis son départ forcé de la Marine régulière.
Bercé par un soleil en train de battre les nuages en brèche, Howski arrache d’un geste lent mais ferme la feuille de papier qu’il noircit sur sa machine à écrire. Lorsque c’est mauvais, c’est mauvais. Depuis son éviction, Howski gagne sa vie en écrivant romans, poèmes, nouvelles. Il en est le premier surpris, mais si des gens ont envie de le payer pour gratter, libre à eux. IL introduit une nouvelle page, anxieux. Ces dernières semaines, ses écrits sont vides, forcés. Il n’a pas d’âme à mettre dedans. C’est le problème de la solitude se dit-il. Ca nourrit un temps d’être avec soi-même, mais le monde extérieur reste le meilleur pouvoir de sens et d’absence de celui-ci.

Le monde extérieur apparu sous forme d’une femme chevauchant un dauphin sur l’horizon. Non, pas un dauphin, un homme. Howski plisse les yeux.

Hopper ?

---

… insistés pour partir de leur côté. Marine, d’élite qui plus est, n’est pas un métier qui inspire confiance à de futures esclaves de Tequila Wolf. Shhhhhhh !

Howski observe circonspect le plomb qu’il vient d’extraire de la cuisse d’Hopper, du bout de sa pince. Il la dépose et tend la main vers la bouteille d’alcool pur. Sa main n’agrippe que de l’air. Rebecca, affalée sur une chaise de camping sursaute et lui tend ladite bouteille en émettant un burp sonore.

Rebecca Buck. Buck Howski. Un vieil ami. On s’est connu en service.

Hhhh’alut  H’hhuck !

Tente-t-elle d’articuler tout en se rendant compte que l’alcool désinfectant, c’est fort.

Un silence gênant se fait. Probablement dû à l’intense froideur de la voix d’Hopper lorsqu’il a prononcé le nom de la demoiselle. Howski garde le silence, ne sachant pas entre quels feux il s’est placé. A Rebecca de rompre la tension.

Fais pas cette gueule M’sieur Howski. Hop’ m’en veut à mort. Mais il va s’excuser bientôt. ‘Cause qu’il a la mémoire courte et l’ouverture d’esprit d’sa profession.


Curiosité et colère naissent en même temps et a égal quantité au sein d’Hopper. Dans le doute, et parce qu’il est gentleman autant que faible envers le beau sexe, il commence à ardemment scanner les restes de souvenirs des nuits précédentes. Work in progress : 1%...

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.. et là, ton placement du subjonctif plus que parfait, il est pertinent, il met une distance sur un fait qu’on VEUT vivre comme observateur ! Parce notre expérience empirique, elle peut pas s’approprier cette situation, ce serait trop lourd à porter.

J’avais pas vu ça comme ça.

Mo Riac est exemplaire là-dessus. T’as lu Mo Riac ? D’accord sa plume est un peu finie à la merde, mais c’est une belle merde, une bonne merde, une merde noble. Une merde lointaine.


Vrai qu’il fiente à mort Riac !

Rebecca et Howski s’entendent comme cul et chemise. L’attaque de leur troisième bouteille d’apéro, un tort-
boyeux distillé par Hoswki lui-même, n’y est pas étrangère.

Work accomplished : 100%.

J’étais d’accord.

Que pass’ Hop’ ?


J’étais d’accord pour embarquer.

J’ai pas entendu Hop’.

… Pardon Reb’, j’étais d’accord pour ce plan: embarquer et tromper ces esclavag…

T’es pardonné Hop’ ! Range tes yeux de chiens battus, ça m’chauffe en même temps ça m’refroidit. Et maintenant, trinquons!


Rebecca serre trois verres, qu’ils présentent bien haut.

À ta mémoire retrouvée!

A l'unisson, ils engloutissent leur verre.

Et tes souvenirs perdus. Comme celui de notre mariage.

Hopper s'étouffe bruyamment.

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Paie ton voyage de noces. Et paie ton alcool. Et paie tes choix déniés.

Depuis son retour à la conscience, Hopper est habitué par un sentiment désagréable : celui de ne pas être aux commandes de sa propre existence. Il pourrait mettre cela sur le difficile lendemain de veilles ou la versatile Rebecca Buck mais ce ne sont que des faux-semblants. La vérité, c’est qu’il a laissé glisser sa destinée bien avant ça, à Logue Town et avant encore. Hopper s’est laissé vivre et de fait il n’a pas vécu. On lui a pointé des directions qui n’étaient pas les siennes. De la tête, il a opiné, en silence et sans protestation. Pourtant, là, maintenant, il vit. Malgré lui, mais il vit. Les choix qu’il n’a pas fait sont plus tangibles que ceux qu’il a suivi. Ou un truc dans le genre.

Au diable Logue Town…

Se dit-il. A quoi bon y retourner ? Pour quel faux dieu se hâterait-il ? Et pour quoi ? Récurer des chiottes ? Se faire traiter en réprouvé par des types qui n’ont jamais sali leur uniforme qu’avec de l’encre ?

J’abandonne cette connerie.

Qu’est-ce que tu baves Mon Poilu Mari?

La marine. Le balai. J’abandonne cette idiotie.

Le silence se fait. Rebecca et Howski, pourtant occupé une seconde plus tôt à un bruyant concours de tir aux pigeons à l’arme de poing, pointent vers lui un regard incrédule et synchronisé. Howski parce qu’il est surpris : la marine, ça a toujours été la raison de Hopper, et Hopper est un homme droit, persévérant. Rebecca… Elle se lève et s’approche lentement d’Hopper. Elle pose ses yeux dans ses yeux, sourit et lui coince l’arme qu’elle tient droit dans la bouche ! Joueuse, elle pousse le canon au fond pour le faire tousser.

Soyons bien clair mon petit sucre. Je suis ta femme, ton dieu, ton maitre, ton seul horizon. Alors on va établir quelques règles. Que tu suivras.

Wfebeffa kez…

1. Tu ne parles que si je t’y autorise. Coupe-moi encore et je te troue mon bichon.
2. Les mots : abandonner, renoncer, capituler, raccrocher, céder, déclarer forfait et tous leurs champs lexicaux sont à bannir. Ainsi que le mot cuticule.
… parce que c’est très laid comme mot. Cuticule. Et bulbe.
3. D’autres règles suivront et tu les devineras à l’avance. Sinon pan pan. Kapish ?


‘Hapisch.


Le canon de l’arme quitte la bouche de Hopper, qui masse ses maxillaires. Mais Rebecca n’en a pas fini avec lui.

On a signé pour l’éternité, mon p’tit objet sexuel. Et pas question que je me coltine un loser. Alors on va régler fissa ton problème de carrière histoire que je puisse me la coller douce pendant que tu ramènes la pitance. Howski ? A quel point tu connais le coin ?



---


J’en ai neuf qui arrivent à droite !


‘Sont pour moi !


Alliant l’action à la parole, Rebecca bondit et pointe son canon XXL sur les renforts. Une détonation tonitruante arrache les tympans d’Hopper, tandis qu’un obus subséquent arrache les nouveaux arrivants ! Miss Buck/Jo laisse éclater un rire sardonique.

Comment en sont-ils arrivés là se demande soudain Hopper ? Mais il n’a pas le temps de répondre à cette question, car déjà de nouvelles hordes d’esclavagistes se ruent vers cette petite cabane qui leurs sert de refuge (et servait précédemment d’abri de jardin). La cabane présente de plus en plus de courants d’air.

Hop’, j’ai besoin d’un break!


Déjà ? Nous ne sommes conjoints que depuis deux jours.


Cinq minutes de couverture gros malin.


Autant demander une croisière en pédalo sur Grand Line. Mais ce que Rebecca Buck veut…

Tu t’tiens le coup Howski ?



pUtAaaIN! Chié PUtaIn!

Vulgaire le poète. A raison ? La main pressée sur sa plaie, Buck Howski est un peu pâlot. Ça arrive quand on a plus de sang en dehors qu’en dedans. La faute à cette vilaine balle qu’il s’est pris dans le bide. Pauvre Buck Howski. Un poissard mais qui a toujours eu la peau dure. Hopper espère que ce sera suffisant cette fois. Il en doute… Pas le temps d’y penser. Il jette un œil vers l’extérieur. Un bastos lui frôle le chevelu. Il en devine vite la provenance, pointe son canon et tire. Un cri plus fort que les autres déchirent la végétation.

Non ! Marty ! Pas toi Marty ! Qu’est-ce que je vais dire à Linda, qui attend tes jumeaux ?!? Pourquoi !?!?!

Même les esclavagistes ont droit à une famille. Personne n’y pense jamais. Hopper tire une nouvelle fois, visant le copain. Il fait mouche. Personne ne parlera à la veuve de Marty. Il allonge une nouvelle salve, plus un tir de couverture qu’autre chose. Malgré la taille de son fusil, le recul est très faible pour une excellente cadence. L’œuvre de Rebecca. Sa fraîche épouse est hallucinante : il lui aura fallu en tout et pour tout moins de trois minutes pour modifier les vieilles pétoires subtilisées à leurs ennemi. Et pour quel résultat ! Certes, leur poids a triplé, mais elles sont devenues de véritables machines de mort. Pas le temps de s’extasier néanmoins. Ayant l’avantage du nombre, leurs assaillants lancent un assaut groupé sur la cabane. Hopper a beau les aligner avec une régularité aussi exemplaire qu’effrayante, il en arrive toujours plus et ils gagnent du terrain. Et Howski de continuer à se vider…

Reb’… !?!?!


Plait-il ?

Quoi que tu fasses, fais-le vite !

Un vilain, aussi massif que chauve, atteint l’ouverture de la fenêtre et tente de s’y introduire. Hopper l’accueille d’un plat de la main qui fait éclater son très gros nez, pour le finir d’une balle dans la tête. L’intrusion est maitrisée mais de précieuses secondes ont été perdues. Au vu de la foule qui leurs fait fasse, Hopper ne peut excéder le très exigeant : trois secondes, un homme. Rythme intenable.

Ecarte-toi Hop’.

Il obtempère, Madame a dit et elle a été très claire quant à la politique de leur dynamique de couple. D’un pas de côté, il crée l'espace nécessaire pour... Rebecca a bricolé du vilain, avec tout ce qu'elle a trouvé. Même ses vêtements y sont passés. Le tube à destruction qu'elle brandit est agressif à l’œil et sent très fort.


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Elle ne prend même pas la peine de viser. Elle presse juste la détente.  

L'intriguant charme de Rebecca Buck 02

La détonation est apocalyptique. Une tempête de bruit, de chaleur et de puissance. La cabane se fait violemment souffler. Il n’en reste plus rien. Hopper, Rebecca et le pauvre Buck Howski se font projeter sur trente pieds au moins. Ils s’abattent lourdement sur la terre humide. Le silence se fait… quelques instants puis les gémissements emplissent l’atmosphère, souffreteux, plaintifs, tous emprunts de douleur. Hopper doit lutter pour retrouver ses esprits. Et ne pas les perdre. Il relève difficilement la tête, regarde autour de lui : de la jungle, il ne reste plus rien, sur au moins un arpent. Le terrain est à nu, les arbres sont arrachés. Çà et là quelques restes de végétation fumante. Plus les corps. S’ils n’avaient pas été « protégés » par les « murs » de la cabane, Hopper n’aurait pas donné cher de leur peau.  

Il repère rapidement Rebecca, puis Howski. Lui est inconscient. Hopper se traine prendre son pouls. Il est lent, mais il est là. Le corps d’Howski est par contre à moitié brulé. L’avantage, c’est que ça a cautérisé sa plaie, qu’il ne saigne plus. Youpi.

On se taille.

Rebecca n’a rien à redire. Tant bien que mal elle atteint la position debout, tandis qu’Hopper charge Howski sur son épaule. D’autorité, il prend la direction du sud. Là où ils ont débarqués. C’est beau l’aventure, mais la vie c’est pas mal non plus.

On l'aura mérité cette nuit d’noce Hop’.

Le travail n’est jamais fini.
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Un calme lourd et inquiétant couvre leur fuite. Le monde dans son entièreté semble encore groggy du coup que Rebecca lui a porté. Même les oiseaux se sont tus. Il faut en profiter tant qu’on peut. Accélérer la progression, car ça ne durera pas. Hopper n’en est que trop conscient. Rebecca, d’habitude si volubile et riche en excentricités, se tient coi. Elle abat la distance, le pas volontaire. Sur l’épaule du sergent, Howki, Buck de son prénom, repose mollement mais toujours en vie. A mesure qu’ils progressent, la végétation redevient plus épaisse. Son hostilité prend des tournures chaque fois renouvelée : elle griffe, elle pique, elle fatigue, elle aveugle. Elle désoriente. Seule une brise marine aux relents salés laisse deviner la proximité de la mer. On ne la voit pas la mer, et Hopper regrette de n’avoir pas emporté une machette.

Y va s’en tirer ?

Hmmm…

C’est un bon gars. Diable d’écrivain aussi.



Lors de ma première mission, je l’ai tiré des griffes d’une bande de … cannibales. On s’est rencontré comme ça. Au calme haha.  … Ils l’avaient torturé assez fort. Pour s’enfuir, on a sauté d’une falaise. Il pissait de trouille, à raison. Mais il a sauté quand même. C’est un vrai dur. Un dur dedans.

Hopper ne sait pas pourquoi il parle de ça, tout à coup. Ou plutôt, il le sait très bien et ça l’énerve. Hopper a peur. Pour Howski. Howksi ne va pas s’en sortir, pas cette fois.

Les bateaux.

Ils se réfugient dans les broussailles. Face à eux, en contrebas de la jungle, plusieurs embarcadères et une dizaine de rafiots. Deux caravelles, plusieurs goélettes, des pirogues à double coques. Même une jonque. Et une trentaine d’hommes au moins, qui trainent, peut-être pas prêts à tirer, mais sur le qui-vive.

Que dit le manuel du bon marine d’élite pour ce genre de situations ?

D’attaquer avec quinze hommes en tirant pour tuer. Et de rentabiliser l’initiative. Le manuel de "Teeth" Chasseuse de prime, il dit quoi ?

La même, mais avec des ninjas.

Hmmm. On fait quoi ?


Diversion bien sûr.

Avec quoi ?

Hop’ ! Tu cherches à  me vexer. Tu as remarqué ? Je suis… je suis ?


Prenant la pause d’une danseuse de cabaret, elle centre l’attention d’Hopper sur un détail évident.

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Tu es à poil.

Et plutôt super bonne, t’as vu ! Non, t’as pas vu.


Reb’…

Silence Époux ingrat. Range ton inexistante érection et tiens-toi prêt à courir le moment venu.


Il la rangea donc et s’apprêta à courir le moment venu.

-----


Cinq minutes qu’elle a disparu dans les broussailles, rampante et furtive et nue. Le stress monte. Il adore les moments en suspens, le stress. Et Buck Howski de remuer. Un soubresaut d’abord puis lentement ses yeux s’entrouvrent. C’est un regard circonspect et un peu perdu qu’il porte sur le monde qui l’entoure. Hopper le capte et lentement lui fait signe de tenir le son au minimum syndical. Hoswki, paumé mais pas stupide, comprend. Sa main s’en va tâter sa blessure, maintenant cautérisé, et une grimace de douleur déforme son visage. Il arrête de facto l’inspection.

Vilain.


Oui. Très.


On va te …

On va faire ça. Rebecca ?

Partie… créer une diversion.


J’ai hâte de voir ça !

Un instant, ce masque de tristesse caractéristique de Buck disparait pour laisser place à une mine enfantine et réjouie.  Ça ne dure pas longtemps.

Si j’y passe Hopper, faudra faire une fête après.

… ok.

Je serais pas mécontent... Ce monde me fatigue. Tellement. Il tourne en rond, tout s’imbrique, tout est gris. On ne peut croire en rien, parce qu’il n’y a pas grand-chose. On est entouré de cercle et on passe son temps à tenter de tracer des droites. Rien ne se vaut. Rien n’est valable d’emblée.


Sauf les cigares, Buck. Et les douze ans d’âge.

… Les barbecues ?

Les grillades en général.


L’odeur des allumettes ?

La pluie les jours de fête.

La digestion ? Les bruits d’bouche ?


Les pets sous la couette.

Les haches et les pioches ?

… Vendu pour les pioches. Et les merlins.

Ils ricanent un moment. La tension baisse. Buck reprendrait presque des couleurs. Et Hopper de penser à Rebecca. Ça commence à faire long. Il se redresse et jette un coup d’œil hors des fougères. Rien. .. ? Peut-être pas. Il observe plus attentivement, se met à compter les hommes, en face.
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Le frisson des feuilles qui frottent sur la peau nue. Ouh Rebecca, comme c’est agréable. La terre qui s’agglutine à ta sueur, comme un retour à l’état originelle. Les moustiques qui en profitent. Obscènes et vicieux vampires. Et pourtant ne sont-ils pas de fiers représentants de l’adaptabilité, de la diversité étrange et triomphante de Mère nature ? CLAC ! Fier représentant mon cul. Crève en enfer, nuisance. Et ces saloperies de plantes qui entaillent, irritent. Qui grattent. Voilà pourquoi tu as toujours préféré l’alcool et le métal Rebecca. La nature ça pue et ça colle. Longue vie aux biens transformés, longue vie à l’industrie. Mais il faut que tu contournes le port Rebecca. Et pour cela, tu dois ramper. Et ramper tu feras jusqu’à atteindre, enfin, l’eau, l’eau de la mer. Elle tu la tolères. Te voilà arrivée. Rebecca plonge, silencieusement.

Le sel applique sa douce morsure sur les plaies et les boursouflures. Ça pique un peu, puis ça laisse place à une sensation agréable de chaleur et d’apesanteur. Tu brasses Rebecca, longtemps, sous la surface. Tu pousses et commences à manquer de souffle. Encore quelques coudées, tu auras dépassé les bateaux. Doucement ta tête émerge et une fois l’air vicié expulsé de tes poumons, tu observes. Le gros des bateaux est à une dizaine de coudées de toi. Tu repères quelques vigies et plonge derechef à nouveau sous la surface. Tu as choisi ta cible, néanmoins.

Tu émerges à côté d’elle, de sa coque. Une jonque. Elle est massive mais effilée, probablement rapide mais robuste. Tu t’accroches à la chaîne qui retient l’ancre et un plan commence à naître dans ta caboche. Tu ricanes. Fanfaronner, tu sais faire, mais soyons honnête, tu n’avais aucune idée précise lorsque tu as laissé Hopper et Howski derrière, lorsque tu as opéré ta sortie héroïque. Oui tu étais nue, et tu l’es toujours, mais c’est à peu près tout. Pourtant, à mesure que tu progresses et que tu t’éreintes sur les gros maillons de cette chaîne, tu entrevois une solution. Malgré la mousse, malgré la rouille, tu parviens à te hisser sur le pont. Tu t’apprêtes à rejoindre les ombres, mais à peine passer le bastingage, te voilà nez à nez avec un forban. Ses yeux s’écarquillent.

Vas-y j’suis une sirène.

Une paume joliment tendue s’en va lui éclater le nez avant qu’il ne te réponde. Une manchette dans la nuque le pousse vers l’inconscience. Tu décroches le couteau qui orne sa ceinture, le glisses entre tes dents et regardes autours de toi. Tu n’as pas attiré l’attention pour l’instant. Il y a un saint pour les femmes à poil. Tu le tires vers les ombres, sous l’escalier qui mène au pont supérieur, le soulage de ses vêtements que tu enfiles. D’un tour de bras tu lui tords le coup. Infiltration phase 1 terminée.

Le pas svelte, évoluer sur le pont. Aller d’un point A vers un point B, de façon décidée, comme si l'on avait tous les droits, toutes les raisons de le faire. Et c’est le cas. D'abord direction le mécanisme d’ancrage. Le déverrouiller. Pas le hisser, juste lui donner du mou. Une jonque peut mouiller en haute mer, la chaîne doit bien faire cent-cinquante coudées. Maintenant les cales, rapide passage. Regarde autours de toi Rebecca. Elles sont vides. Le bateau a déjà déversé sa marchandise humaine, on l’a aménagé léger.  Cela vérifié il reste les voiles. L’avantage des voiles d’une jonque, c’est qu’elles sont sur un gréement. En somme, elles sont solidarisées sur plusieurs lattes de bois, pas besoin donc de taper la grimpaille. Seul on peut s’en sortir. Regarde autours de toi Rebecca. Personne ? Sur les pontons, les gens vont et viennent, l’arme à portée de main. Sur les bateaux adjacents, l’un ou l’autre marin qui somnole, prend le soleil, tape la carte. Pas de raison apparente pour eux de lever la tête.

Poc.

Juste un bruit. Ne frémis même pas. Dirige-toi nonchalamment vers le premier mat. Le plus normalement du monde...

POC.

Oups. Ton petit cœur s’accélère tout à coup, tandis que ton cerveau comprend. Le mou dans la chaîne. Le vent. Le bateau commence à tanguer. A cogner les autres rafiots. Et à attirer l’attention. Tu atteints le mat et du coin de l’œil, tu vois les têtes se relever autours de toi. Tu captes les regards interrogateurs. Tu tentes de garder ton calme. Tes mains sont déjà sur les cordes mais tu trembles un peu. Les nœuds te résistent mais tu gardes ton flemme. Tu essaies. Tu vas les défaire ces vérules de chiennes de flamands de nœuds qui puent la b.. Souffle. Expire. Les esclavagistes, autours, cherchent. Ils n’ont pas encore trouvé. L’un d’eux se lève.

POC! POC!

Ils ont trouvés. Sans trop savoir pourquoi ni comment, tu relèves la tête pour leurs adresser un sourire rassurant. Déjà, l'un d'eux se dirige vers la jonque. Le nœud cède enfin. Un autre marin prend ta direction, son pas est plus rapide. Tu te diriges vers la planche qui sert d'embarcadère, comme pour l'accueillir. Le pirate a déjà son pied posé dessus, fermement. Tu lui souris. Il ne te reconnaît pas. Et d'un brusque coup de pied tu envoies valser la planche ! Le type se mange dans la flotte, tandis que les autres se saisissent de leurs armes. Tu plonges ! Les impacts de balles font valser le bois du bastingage là où tu trouvais une seconde plus tôt. Tu rampes jusqu'au mat, tires sur le levier : les voiles glissent des lattis et le vent les fait bomber instantanément. Tu continues ta course, toujours sous une pluie de balles. Ce que tu auras rampé aujourd'hui ! L'escalier vers le pont supérieur est tout proche. Il est aussi superbement exposé. Tu prends une grande inspiration. 3. 2. 1. Go !

Tu t'élances et enjambes les marches quatre à quatre ! A peine as-tu posé le pied sur la dernière qu'une douleur sourde te déchire l’omoplate et te projette en avant. Touché ! Mais tu continues. A la force de ton bras encore valide, tu te traînes jusqu'au gouvernail et lui imprime un sévère mouvement de rotation. La jonque n'en demande pas plus, elle commence à pivoter. Ce faisant, elle écrase purement et simplement la pirogue sur sa droite. Des cris retentissent, il y a homme à la mer. Les tirs ont ralentis : les esclavagistes se précipitent vers les embarcations pour te donner la chasse. Tu te hisses debout, à la force du bras. La jonque continue son tour, sur 90° maintenant 180. Tu rétablis le gouvernail pour t'éloigner de la côte. Les détonations des tirs s'éloignent mais pas la bruit de la chaîne de l'ancre, qui se donne sur son roulement.
Un regard à bâbord, un autre à tribord : ils te prennent en chasse. Les bateaux te talonnent et commencent à encadrer la jonque. Puis un tintamarre d'enfer !  L'ancre es toujours grippée au fond de l'océan et sa chaîne n'a plus de mou! Les gros maillons se tendent ! Retenue dans son élan, la jonque tourne brusquement vers la droite, broyant tout sur son passage. La chaîne tendue achève le travail et en profite pour fortement désagréger l'arrière de ton nouveau bateau. Puis, la pression, trop forte, arrache purement et simplement le mécanisme de fixation! La jonque tangue et tu as difficile à rester sur tes appuis, d'autant que tu es de plus en plus faible, couverte de ton propre sang. Tu arrive néanmoins à baisser la tête pour éviter le roulement qui passe à ça de ta trogne. Ton bateau continue malgré tout vers l'horizon, la moitié de ses poursuivants à l'eau.

A toi de jouer Hopper.

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Son panache est indéniable. Seule égale son efficacité. Rebecca Buck.

Le port s’est presque intégralement vidé. Restent quelques péons encore groggy, qui errent sans trop savoir quoi faire. La moitié des embarcations se sont faites broyées. L’autre poursuit la jonque qui s’éloigne, là, sur l’horizon. Reste deux navires, du genre transporteur, trop lourds pour faire office de bateaux de traque. Toujours caché dans la végétation, Hopper lutte contre lui-même. Un puissant impératif noue ses tripes, tandis qu’un autre guide sa tête. Il foncerait bien à la rescousse de Rebecca. A la nage, si il le faut. Mais ça rendrait l’opération de sa femme vaine dans son ensemble. Et la demoiselle (le mot est-il approprié ?) détesterait ça. Non, l’objectif d’Hopper se doit de rester l’exfiltration de Buck Howsky. Il le regarde : son ami est blanc comme un linge. Cadavérique.

Tu tiendras bien encore 5 minutes ?

Hélas oui.

Hopper quitte sa planque. Son approche est trop rapide pour être réellement furtive. Bien que prenant avantage de chaque ombre ou planque naturel, il se retrouve vite à découvert. Peu lui importe : Hopper est un soldat. Et le marine d’élite en lui n’en peut plus de se cacher. Il fonce droit. La chance s’en mêle, en sa faveur. Car en face, la désorganisation règne. On le remarque trop tard, les armes qui ont craché leurs plombs sur Rebecca n’ont pas été rechargées, les rangs sont rompus. Il faut attendre que le Sergent ait posé son pied sur le bois du ponton pour que reprennent les pétarades. Trop tard. Hopper bondit sur le premier homme à portée, le cueille d’un sévère coup de poing dans l’estomac. Sans lui donner le temps de rendre son déjeuner, Hopper le contourne pour l’agripper. Les hommes de mains font de très bons boucliers et celui-ci ne déroge pas à la règle. Il accueille douloureusement les plombs destinés au Sergent.

Eclaboussé mais vivant, Hopper réduit la distance qui le sépare des tireurs. Le ponton est étroit. D’un coup de pied, il projette son gilet pare-balles de chair droit sur trois hommes aux mines patibulaires et aux calibres encore fumants. Ils accueillent le cadavre de leur camarade sans enthousiasme et se focalisent à nouveau sur l’ennemi Hopper. Rien. Il a quitté leur champ de vision. Un bruit d’eau. Une main qui surgit des flots pour attirer l’un d’eux vers les profondeurs. La surprise d’abord, puis ils dégainent leurs sabres ; les pistolets « un coup » ne sont plus d’aucune utilité. Mais un autre se fait happer ! Le dernier debout se tasse au centre du ponton, le plus loin possible des bords, tandis que l’eau se colore de vermeil. Il tente de contrôler ses tremblements. Un bruit ! Il incline son sabre de façon à pouvoir trancher tout ce qui sortirait de l’eau. Le ponton remue, un nouveau bruit, puis un craquement ! Il comprend trop tard : la planche sous lui vient de se briser. Sans appui, son pied droit glisse au travers du ponton. Lui sent aussitôt la prise solide d’une main autours de sa cheville, on le tire brutalement vers les eaux. Une autre planche cède, c’est tout le bas de son corps qui passe au travers. Enfin, le sifflement d’une lame. Il crache du sang et ses yeux se figent.  

A quinze mètres de là, les derniers cerbères se regroupent. Ils sont six et ils viennent de voir disparaitre quatre des leurs sur une minute de temps. Ils ne vont pas faire la même erreur. Ils sont sur leur garde et vont tout donner. L’un d’eux apporte, au trot, une caisse en bois, fait sauter le couvercle au pied de biche. Ils sourient… et se saisissent des grenades qu’elle contient. Hopper n’a toujours cherché à refaire surface. Eux ont une idée assez claire de comment le débusquer. Synchrones, ils dégoupillent et lancent leurs grenades dans l’eau autours du ponton, autours d’eux. Ca fait six fois plouf, puis ça explose sous l’eau. Des trombes d’eau humidifient fortement le paysage sur une dizaine de mètres carrés, tandis qu’ils répètent la manœuvre. Six Plouf. Six boom sourds. Et pour être certains, ils remettent ça. Dégoupillages. Cinq ploufs, six … synchrones à nouveau, ils posent ensemble les yeux sur cette grenade solitaire qui roule à leurs pieds, juste à côté de la caisse. Ils n’ont même pas le temps de crier. Ils s’évaporent en petits morceaux, vite nettoyés par l’eau projetée par les explosions sous-marines.

Hopper apparaît enfin, s'extirpe des eaux. Autour de lui, plus personne. Il est temps de retourner chercher Buck Howski.  

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Paisible, on pourrait le croire endormi. Un sourire discret donne à son visage pourtant buriné un aspect juvénile. Sur son torse, par dessus ses mains croisées, son carnet. Les vrais écrivains ne se séparent jamais de leur carnet. L'invitation est sans équivoque. Hopper s'en saisit.

La chair couvre les os
et ils ont foutu un esprit
là-dedans et
parfois un âme.
Et les femmes brisent
des vases contre les murs
et les hommes boivent
trop
et personne ne trouve
personne
mais ils continuent
à chercher
s'effondrant dans et hors
des lits.
Le chair couvre
les os et la chair
cherche plus que
de la chair.

C'est sans espoir
aucun:
nous sommes tous piégés
dans un destin
singulier.

Et j'ai aimé dansé
même si j'étais
mauvais.
Et j'ai aimé me perdre
même si c'est
impossible.

On a ri et
saigné.
Surtout moi.
Buvez en une.
Surtout toi.

P.S. Prends soin de Rebecca.

On dit que les vrais hommes ne pleurent pas. C'est faux. Les vrais hommes regrettent de ne pas y arriver. Et ce faisant, ils perdent une part d'eux-même. A chaque fois. Mais ils ont les épaules larges. C'est pour continuer à marcher après avoir tant perdu. Hopper glisse le carnet de Buck Howski dans une poche, s'assied quelques instants. Il se laisse envahir. Tristesse et colère. Beaucoup. Culpabilité, aussi. Tout cela doit bouillonner. Doit ce donner. Dans de longues minutes, ça se tamisera, la cerveau reprendra le contrôle, traitera l'information, relativisera. Mais d'abord il faut le vivre.

De longues minutes donc.

Hopper se lève, expire un bon coup et jette un dernier regard à Buck Howski. Il faudra l’inhumer. Plus tard. Pas ici. Pas sur cette île souillée. Et surtout pas avant d'avoir donner un sens à tout ça. Un nettoyage s'impose, après avoir caché le corps de Buck.Le Sergent d'élite se fige une seconde. A haute voix, il se le promet:

Un nettoyage. Pas un suicide.

----

Pour réussir (et ne pas mourir) en cas de "seul contre tous", il y a plusieurs options.
1. Trouver des alliés, et ne plus être seul.
2. Passer de seul à inexistant au yeux de tous.
3. Faire croire à tous qu'on est pas seul.

Elles sont bien entendu conciliables, et priorité doit être donner à ce qui collera le plus à l'environnement... environnant.

Manuel du bon marine d'élite d'Hopper Jo

Et la jungle, c'est l'anonymat. C'est le danger caché derrière chaque feuille, chaque liane, sous forme d'une bête sauvage, d'un sable mouvant, d'un insecte. D'une ombre. Hopper a une certaine expérience de ce terrain, rapport à sa première mission. La jungle, c'est sa madeleine de Proust, il s'y sent à l'aise. Contournant le port rudimentaire de l'île, il se rend à l'orée du sentier qui fend vers le centre de l'île, en pleine végétation. Observation d'abord. Bien caché dans la cime d'un arbre touffu, il prend vigie. Il est temps de passer de seul à inexistant.

De sa position, il peut voir les patrouilles passé sur le sentier. Il a aussi vue sur le port, toujours désert. Ceux partis à la poursuite de Rebecca Buck sont toujours occupé. Hopper ne sait pas trop quoi en penser. Une nouvelle patrouille s'approche. Elle semble plus prudente, plus lente. Elle cherche. Hopper se tasse dans les feuillages. La crasse dont il a couvert son corps l'aide à épouser les ombres. Il tend l'oreille. Plusieurs voix. Le Sergent en compte six. La plus impérative, probablement celle du leader, transpire un certain stress.

... va pas du tout aimer ça, le Boss. Mais pas du tout. Faut les trouver. Vite. J'foutrais l'feu pour les débusquer si seulement ça prenait. Saloperie d'humidité. C'est l'océan c'te forêt.

Ils ont sûrement détallés chef.

C'est bien l'problème crétin! Le Boss voudrait pas qu'ils aillent baver ce qu'ils ont pu voir.


... mais, on est protégé par le gou...

Protégé tant qu'on est discret ducon! On continue, ouvrez l’œil.


Hopper les entends s'éloigner et ne bouge pas. Lorsqu'il est certain d'être seul seulement il s'autorise un mouvement. Rien. Hormis le fait que le soleil se couche. Hopper descend de son arbre et en lisière de sentier, commence à le remonter. L'obscurité progresse, jusqu'à prendre totalement le pas. Pourtant, elle n'est pas totale. Leste sur ses pieds, Jo entreprend de grimper un autre arbre, sa vue étant obstruée par l'épaisse végétation. Arrivé à la cime, son impression se confirme: l'île est pointillée par de multiples lueurs jaunes-rouges, des torches. Et ces torches se concentrent tout particulièrement au nord. C'est par là que pointe le sentier. Continuons donc. Ce devrait être intéressant se dit-il, tout en passant en revue les différents pièges qu'il sait confectionner.
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La jungle à une âme et ce n'est pas au figuré. Cette âme est puissante et active. Les périls de surface, ceux qui grognent et piquent et empoisonnent, ne sont que des trompes l’œil, des faux-semblants. Ils occupent votre attention à dessein, tandis que le vrai Danger opère doucement. Il vous travaille, il s'insinue et vous voilà séduit, perdu.

Hopper n'est pas fou et son esprit n'y a aucune propension. Mais déjà les premières atteintes du mal se font ressentir. Le temps fuit. L'obsession naît. Peut-être, le deuil a-t-il creuser un lit propice à l'égarement. Le deuil et puis la rage, la fatigue aussi. Peut-être sommes-nous juste tous clients à nous perdre dans les méandres de Jungle? Depuis combien de temps creuse-t-il ce trou, taille-t-il ... ces bambous? Et quand a-t-il dormi pour la dernière fois? Hopper a une mission personnelle. Elle est teintée de vengeance et de quête de sens. Mais il lui semble s'être égaré en chemin. La soif le tiraille et pourtant il boit. Il ne sent plus la faim, mais il mange peu ou pas. Quelques fruits, des baies parfois. Et toujours il coupe et creuse et taille des pièges mortels. A mesure qu'il les place, il s'enfonce un peu plus dans la Jungle. Les sentiers sont loin maintenant; entre eux et lui il n'y a plus que le mort déposée ça et là, sous des formes diverses, mécaniques et inventives.

Il inspire une grande bouffée d'air humide et chaud et se dit que ça fait longtemps qu'il n'a plus fumé. Il observe alors ses mains et voit pour la première fois les milles coupures dont elles sont désormais ornées. Ce sont les affres du travail manuel. Hopper s'immobilise, laisse tomber son couteau et la tige de bambou qu'il effile. Dans sa gorge, un picotement tandis qu'un voile passe sur ses yeux, il est pris d'un spasme. Un haut le cœur, voila qu'il vomit, Hopper. C'est douloureux et long. Ça pue.
Je me suis empoisonné.

Il relève péniblement la tête, la bouche encore pleine d'une aigreur ignoble et la Lumière l'aveugle. Malgré l'épaisse canopée, l'air scintille de reflets d'argent. On pourrait croire que l'atmosphère vrombit au rythme d'un cœur sourd et gigantesque. Le sergent croit voir les feuillages trembler, une fois, deux fois... Tout s'immobilise, comme un souffle retenu... Et la Lumière s'anime! Elle est là, devant lui, tangible comme un tache énorme et brûlée sur sa rétine. Elle prend ce qui semble une inspiration et dit:
Yo. Bien ou bien?

La mâchoire d'Hopper se décroche. Et la Lumière d'encore s'intensifier. Une forme est presque discernable.

Ce que ça tape aujourd'hui! Pense à bien t'hydrater.

... d'accord.

Et lave toi les joues aussi. Cette tronche que tu traînes !

... Ok.

Hopper la distingue clairement maintenant: la silhouette de Lumière qui se meut autours de lui a pris les traits d'un gros lézard, une sorte de caméléon. Il sent le regard de la bête peser sur lui.

Bon, on va pas y passer des heures, d'autant que t'as la vivacité d'un lombric. Alors: Tu obtiendras ce que tu cherches mais ce que tu cherches n'est pas ce dont tu as besoin. Voila pour ta prophétie. Pour ton Animal Totem, c'est le glouton. Désolé on choisit pas. Et sinon tu devrais arrêter de bouffer les baies rouges, sinon tu vas crever.

Malgré un effort énorme, rien ne sort de la bouche d'Hopper.

Oh, dernière chose: mets toi au boulot cette nuit. Je te filerai un coup de mains,et puis basta, tout le monde dégage et vous me laissez tranquille. Vendu?
...
Pfiou, j'arrive pas à croire qu'on soit déjà jeudi.

Et "ça" disparu. Seul restait Hopper, penaud.

On est déjà jeudi?

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