Trevor a interrompu sa coupe pour fixer le petit écran de télévisio qui, jusqu'alors, avait du mal à instaurer son ambiance dans le salon de coiffure. Madame Gençon aussi s'est tue, pour la première fois depuis le tintement de la clochette suspendue à la porte d'entrée. Le journal régional les tient en haleine. Si les dernières informations parlaient de choses anodines, de l'inauguration d'un rond-point pour esclaves porteurs à la journée des droits de la femme, aujourd'hui, il y a matière à tendre l'oreille.
"...tout de suite, notre envoyé spécial Laura Porter. Laura me recevez-vous ? "
L'image vire sur une journaliste avec une doudoune et des lunettes excentriques qui tient un escargophone estampillé RTV, une chaîne de propagande pour le Pape et la chasse aux esclaves, dissidents, subversifs. Derrière elle, l'hôpital de Rhétalia en proie aux flammes et à la fumée.
"Eh bien écoutez oui, je vous reçois très bien.
- Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qu'ils s'est passé Laura ?
- Eh bien écoutez, je suis actuellement devant les portes, ou ce qu'il en reste, du grand hôpital "le Prompt Rhétablissement" où se seraient produits les méfaits. On parle de deux étages entièrement saccagés et de tout l'immeuble en évacuation. Impossible pour l'instant de dire le nombre de blessés ni même de victimes. Les gens se ressemblent et, surtout, tentent tant bien que mal de se faire transférer d'urgence dans un autre centre hospitalier où ils pourront poursuivre eur traitement; lourd pour certains. Fort heureusement, l'incident n'a fait aucune victime du côté des hommes-libres.
- Merci Laura de ces précisions. On parle d'un incendie volontaire et non accidentel. Avez-vous eu un complément d'information à ce sujet ?
- Eh bien écoutez, non, pas encore, même si les Dresseurs présents parlent bien d'un acte criminel. Plusieurs membres du personnel se seraient interposés pour empêcher un patient de semer le chaos. Nous déplorons de nombreux blessés parmi eux, dont plusieurs femmes. Mais le lien entre l'incendie et le forcené n'est pas encore établi avec certitude. Cela dit, les forces de l'ordre étaient là avant les journalistes. Il ne fait donc aucun doute qu'ils ont reçu un appel bien avant que ne début l'incendie.
- Nous vous remercions Laura et vous redonnerons l'antenne pour de plus amples informations. Je suis avec le Professeur Bonasert Aryen, sociologue et auteur du livre "La soumission est un désir naturel". Un tel événement était-il à prévoir, Professeur ? "
Les coups de ciseaux reprennent sur les exclamations et la surenchère de madame Gençon. Rien ne va plus, le monde a des fuites par toutes les digues, on ne sait plus où planter son couteau. Trevor se contente de confirmer ses extrapolations en repensant au distributeur de boissons fraîches du rez-de-chaussée qu'il a vu en décombres fumants sur le petit écran. Sûrement que les réparations prendront des mois. Et il y aura des gardes à l'entrée pour trois fois la mise. C'est toujours comme ça. On sécurise ce qui a déjà été détruit, comme si le terrorisme frappait deux fois au même endroit. Et en même temps, c'est humain. Lui, il compatira devant son télévisio en décongelant ses épinards et ses blancs de poulet. Mais il se sent externe au problème, quand bien même il s'est énoncé à quelques rues de là. La clientèle ne parlera que de ça pour les prochains jours, certains annuleront même leur rendez-vous à son salon par mesure de sécurité. Comme si le terrorisme allait frapper à sa porte.
Dling dling!
Bonjour!
Il tourne la tête pour voir, tandis qu'il sent une odeur de brûlé provenant du dehors, un petit homme poisson absolument horrible. Il le suppose enfant au timbre de la voix, mais comment en être sûr ? L'être affreux l'observe, une veste blanche repliée sur l'avant-bras alors qu'il est rose nu. les jeunes. Et en plus, il n'a aucun cheveu. Qu'est-ce qu'il lui veut, cet esclave ?
Je peux quelque chose pour toi, petit ?
- Pourrais-je utiliser votre den den s'il vous plait ? C'est pour un appel local.
- Hmpf! Fais vite. C'est au mur du fond là.
Le petit chewing-gum gum remercie poliment et se fait oublier. Visiblement il appelle sa mère pour la prévenir de l'incident dont tout le monde parle. Y a pas d'école dans le coin, ce gamin devait travailler pour un maître qui l'a laissé prendre congé. Les homme-poissons n'ont pas la vie facile, Trevor le sait. Son dernier employé était un homme-poisson qu'il avait acheté pour une poignée de berries avant de devoir le revendre à l'arrivée de la saison creuse. Souvent des victimes, à qui on confie les plus basses besognes. Et pourtant, il ne peut s'empêcher de se crisper quand il en croise deux ou trois qui rigolent dans la rue.
"..et nous retrouvons Laura Porter, en direct sur RTV. Laura, vous avez du nouveau ?
- Eh bien écoutez, tandis que l'incendie est en train d'être maîtrisé et les blessés évacués, j'ai mené ma petite investigation sur le forcené. Les forcenés, en fait, puisqu'une troupe de malfaiteurs visiblement organisés attendaient le chef de la bande. Un contact interne m'a dit qu'il s'agissait de Rik Santa, un être réputé, si on en croit les infirmières, violent, harceleur sexuel, pervers narcissique, atteint d'un trouble de l'oedipe et machiste primaire qui exploiterait des enfants, de surcroit. Je suis actuellement en train de suivre leur trace. S'il ne s'agit pas d'une nouvelle attaque de révolutionnaires ni d'un esclave rebelle, il se pourrait que la menace soit extérieure."
Jeunesse sacrifiée, pense le coiffeur. Quand certains travaillent ou vont à l'école, d'autres saccagent sans vergogne. Faudra pas s'étonner que ça pète à ce compte-là, qu'on se dit tous les jours. Et voilà, un hôpital en feu. Le temple des soins dédiés aux citoyens comme aux captifs détruit par ceux qui n'ont plus foi en rien. Maudits criminels. Maudits pirates.
Non maman, je suis avec des amis.
" Je pense avoir trouvé les individus recherchés. Je ne sais pas si vous le voyez bien à l'escaméra, mais il y a bien un adulte accompagné d'une enfant."
Non, c'est un adulte, mais il est gentil. Il ne m'a pas proposé de bonbons, je lui ai pris son flan. Il y a un autre adulte, oui.
"Je vois un autre adulte avec eux, lui aussi en blouse bleue de patient. Je vais tenter de m'approcher. "
Lui parler ? Oui, je vais l'appeler, à tout de suite maman chérie! Monsieur Santa ! Ma maman aimerait vous dire un mot.
" Le petit groupe entre chez Trevor, le salon de coiffure. Sans doute pour y changer de visage. Nous avons visiblement affaire à des récidivistes. "
Monsieur Santa !? tonne la voix de l'escargophone, que vous sabotiez un coup en or préparé depuis ce matin, ça ne sera pas la première fois qu'un homme m'en aura fait voir. Que vous mettiez le feu à un hôpital, j'ai envie de dire que vous avez vos raisons et c'est vrai que les salles d'attentes étaient vétustes et que les staphylocoques dorés ont besoin d'une bonne leçon de temps en temps. Mais que vous restiez les fesses à l'air avec votre complice visiblement immigré et clandestin dans son propre Blue devant mon petit trésor, là je me sens obligée de m'en mêler. Le coiffeur fait la même taille que vous. Faites-moi le plaisir d'assommer ce petit salarié de l'image et de vous vêtir correctement!
Trevor, qui entendait suffisamment la marâtre pour en comprendre les propos, regarde Rik avec une lueur de légitime inquiétude. Il est vrai qu'ils font la même taille. Instinctif, il pose sa paire de ciseaux sur le plan de travail et lève les mains en l'air.
J'ai plein de vêtements à l'étage. C'est mon appartement. Prenez ce qu'il vous et ne nous faites pas de mal.
Au coin du mur, le petit écran retransmet:
" Eh bien écoutez, j'ai trouvé refuge derrière les poubelles sur le trottoir où se déroulent les faits. Nous voyons très clairement à présent que l'employé, un présupposé Trevor, est visiblement pris en otage ainsi que sa clientèle. Et je ne serais pas étonnée que l'intervention - probablement prochaine - des Dresseurs n'aboutisse au bain de sang que nous redoutons toutes et tous. C'est ici que ce drame va se produire, en direct sur RTV."
"...tout de suite, notre envoyé spécial Laura Porter. Laura me recevez-vous ? "
L'image vire sur une journaliste avec une doudoune et des lunettes excentriques qui tient un escargophone estampillé RTV, une chaîne de propagande pour le Pape et la chasse aux esclaves, dissidents, subversifs. Derrière elle, l'hôpital de Rhétalia en proie aux flammes et à la fumée.
"Eh bien écoutez oui, je vous reçois très bien.
- Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qu'ils s'est passé Laura ?
- Eh bien écoutez, je suis actuellement devant les portes, ou ce qu'il en reste, du grand hôpital "le Prompt Rhétablissement" où se seraient produits les méfaits. On parle de deux étages entièrement saccagés et de tout l'immeuble en évacuation. Impossible pour l'instant de dire le nombre de blessés ni même de victimes. Les gens se ressemblent et, surtout, tentent tant bien que mal de se faire transférer d'urgence dans un autre centre hospitalier où ils pourront poursuivre eur traitement; lourd pour certains. Fort heureusement, l'incident n'a fait aucune victime du côté des hommes-libres.
- Merci Laura de ces précisions. On parle d'un incendie volontaire et non accidentel. Avez-vous eu un complément d'information à ce sujet ?
- Eh bien écoutez, non, pas encore, même si les Dresseurs présents parlent bien d'un acte criminel. Plusieurs membres du personnel se seraient interposés pour empêcher un patient de semer le chaos. Nous déplorons de nombreux blessés parmi eux, dont plusieurs femmes. Mais le lien entre l'incendie et le forcené n'est pas encore établi avec certitude. Cela dit, les forces de l'ordre étaient là avant les journalistes. Il ne fait donc aucun doute qu'ils ont reçu un appel bien avant que ne début l'incendie.
- Nous vous remercions Laura et vous redonnerons l'antenne pour de plus amples informations. Je suis avec le Professeur Bonasert Aryen, sociologue et auteur du livre "La soumission est un désir naturel". Un tel événement était-il à prévoir, Professeur ? "
Les coups de ciseaux reprennent sur les exclamations et la surenchère de madame Gençon. Rien ne va plus, le monde a des fuites par toutes les digues, on ne sait plus où planter son couteau. Trevor se contente de confirmer ses extrapolations en repensant au distributeur de boissons fraîches du rez-de-chaussée qu'il a vu en décombres fumants sur le petit écran. Sûrement que les réparations prendront des mois. Et il y aura des gardes à l'entrée pour trois fois la mise. C'est toujours comme ça. On sécurise ce qui a déjà été détruit, comme si le terrorisme frappait deux fois au même endroit. Et en même temps, c'est humain. Lui, il compatira devant son télévisio en décongelant ses épinards et ses blancs de poulet. Mais il se sent externe au problème, quand bien même il s'est énoncé à quelques rues de là. La clientèle ne parlera que de ça pour les prochains jours, certains annuleront même leur rendez-vous à son salon par mesure de sécurité. Comme si le terrorisme allait frapper à sa porte.
Dling dling!
Bonjour!
Il tourne la tête pour voir, tandis qu'il sent une odeur de brûlé provenant du dehors, un petit homme poisson absolument horrible. Il le suppose enfant au timbre de la voix, mais comment en être sûr ? L'être affreux l'observe, une veste blanche repliée sur l'avant-bras alors qu'il est rose nu. les jeunes. Et en plus, il n'a aucun cheveu. Qu'est-ce qu'il lui veut, cet esclave ?
Je peux quelque chose pour toi, petit ?
- Pourrais-je utiliser votre den den s'il vous plait ? C'est pour un appel local.
- Hmpf! Fais vite. C'est au mur du fond là.
Le petit chewing-gum gum remercie poliment et se fait oublier. Visiblement il appelle sa mère pour la prévenir de l'incident dont tout le monde parle. Y a pas d'école dans le coin, ce gamin devait travailler pour un maître qui l'a laissé prendre congé. Les homme-poissons n'ont pas la vie facile, Trevor le sait. Son dernier employé était un homme-poisson qu'il avait acheté pour une poignée de berries avant de devoir le revendre à l'arrivée de la saison creuse. Souvent des victimes, à qui on confie les plus basses besognes. Et pourtant, il ne peut s'empêcher de se crisper quand il en croise deux ou trois qui rigolent dans la rue.
"..et nous retrouvons Laura Porter, en direct sur RTV. Laura, vous avez du nouveau ?
- Eh bien écoutez, tandis que l'incendie est en train d'être maîtrisé et les blessés évacués, j'ai mené ma petite investigation sur le forcené. Les forcenés, en fait, puisqu'une troupe de malfaiteurs visiblement organisés attendaient le chef de la bande. Un contact interne m'a dit qu'il s'agissait de Rik Santa, un être réputé, si on en croit les infirmières, violent, harceleur sexuel, pervers narcissique, atteint d'un trouble de l'oedipe et machiste primaire qui exploiterait des enfants, de surcroit. Je suis actuellement en train de suivre leur trace. S'il ne s'agit pas d'une nouvelle attaque de révolutionnaires ni d'un esclave rebelle, il se pourrait que la menace soit extérieure."
Jeunesse sacrifiée, pense le coiffeur. Quand certains travaillent ou vont à l'école, d'autres saccagent sans vergogne. Faudra pas s'étonner que ça pète à ce compte-là, qu'on se dit tous les jours. Et voilà, un hôpital en feu. Le temple des soins dédiés aux citoyens comme aux captifs détruit par ceux qui n'ont plus foi en rien. Maudits criminels. Maudits pirates.
Non maman, je suis avec des amis.
" Je pense avoir trouvé les individus recherchés. Je ne sais pas si vous le voyez bien à l'escaméra, mais il y a bien un adulte accompagné d'une enfant."
Non, c'est un adulte, mais il est gentil. Il ne m'a pas proposé de bonbons, je lui ai pris son flan. Il y a un autre adulte, oui.
"Je vois un autre adulte avec eux, lui aussi en blouse bleue de patient. Je vais tenter de m'approcher. "
Lui parler ? Oui, je vais l'appeler, à tout de suite maman chérie! Monsieur Santa ! Ma maman aimerait vous dire un mot.
" Le petit groupe entre chez Trevor, le salon de coiffure. Sans doute pour y changer de visage. Nous avons visiblement affaire à des récidivistes. "
Monsieur Santa !? tonne la voix de l'escargophone, que vous sabotiez un coup en or préparé depuis ce matin, ça ne sera pas la première fois qu'un homme m'en aura fait voir. Que vous mettiez le feu à un hôpital, j'ai envie de dire que vous avez vos raisons et c'est vrai que les salles d'attentes étaient vétustes et que les staphylocoques dorés ont besoin d'une bonne leçon de temps en temps. Mais que vous restiez les fesses à l'air avec votre complice visiblement immigré et clandestin dans son propre Blue devant mon petit trésor, là je me sens obligée de m'en mêler. Le coiffeur fait la même taille que vous. Faites-moi le plaisir d'assommer ce petit salarié de l'image et de vous vêtir correctement!
Trevor, qui entendait suffisamment la marâtre pour en comprendre les propos, regarde Rik avec une lueur de légitime inquiétude. Il est vrai qu'ils font la même taille. Instinctif, il pose sa paire de ciseaux sur le plan de travail et lève les mains en l'air.
J'ai plein de vêtements à l'étage. C'est mon appartement. Prenez ce qu'il vous et ne nous faites pas de mal.
Au coin du mur, le petit écran retransmet:
" Eh bien écoutez, j'ai trouvé refuge derrière les poubelles sur le trottoir où se déroulent les faits. Nous voyons très clairement à présent que l'employé, un présupposé Trevor, est visiblement pris en otage ainsi que sa clientèle. Et je ne serais pas étonnée que l'intervention - probablement prochaine - des Dresseurs n'aboutisse au bain de sang que nous redoutons toutes et tous. C'est ici que ce drame va se produire, en direct sur RTV."