Le navire brisait l'écume à mesure qu'il progressait sous le ciel couvert qui planait au dessus de l'océan. Un silence serein régnait sur les flots, tandis que la bise poussait calmement les deux associés vers leur destination. William se trouvait sur le pont, s'assurant de l'état des cordages. Ces quelques jours de navigation lui avaient permis d'apprendre tout ce qu'il pouvait savoir sur la manœuvre. Son associée s'était improvisée professeur pendant le trajet, lui déléguant des tâches pour simplifier son propre travail. Il jeta un œil vers la barre, tenue fermement entre les délicates mains de Sariah. Elle fixait l'horizon sans jamais dévier de sa trajectoire. Il ne put s'empêcher de se demander ce à quoi elle pouvait bien penser. Il n'avait jamais été du genre à rêver au-delà de son quotidien. Il s'était jeté sur les mers avec pour seule ambition de nourrir ses parents en gagnant sa vie d'une quelconque manière. Il tourna la tête vers le sud, là où se trouvait sans doute aucun Koneashima. Il était parti depuis bien longtemps et n'avait donné aucun signe de vie depuis, n'avait pas envoyé d'argent non plus. Le jeune artilleur se convainquait que ses parents tenaient le coup ; il ne pouvait cependant pas s'en assurer. Pris par ses songes, il n'entendit pas les ordres que lui donnait la navigatrice. Elle s'approcha doucement de lui et lui tapa doucement sur l'épaule, n'osant pas le tirer brusquement de son égarement. Il se retourna surpris et la fixa alors qu'elle lui donnait un regard suspicieux. Un sourire narquois aux lèvres, elle prit la parole.
« Tu réfléchirais pas à un moyen de me faire faux-bond par hasard, toi ? »
William sourit en secouant la tête, levant volontairement les yeux au ciel. Il détailla ensuite le visage de son interlocutrice avant de lui donner une réponse. Il ne pouvait s'empêcher d'être troublé par la beauté innocente, presque candide, de Sariah.
« Non, je pensais juste à là d'où je viens. A ce que peuvent bien faire ceux que j'ai laissés derrière moi. »
Elle haussa les épaules et se détourna, feignant l'indifférence. Le jeune artilleur resta perplexe mais décida d'ignorer la réaction de la jeune femme. Ils avaient partagé le navire pendant les quelques jours qui avaient passés mais ils n'avaient pas encore partagé d'informations personnelles. Ils apprenaient tout juste à se connaître et William préférait presque mettre de la distance avec elle. Car s'ils venaient à s'engager sur un chemin périlleux, il serait plus simple de perdre quelqu'un d'étranger qu'un proche. Mais les relations ne se contrôlent pas et il sentait bien de l'affection naître à l'encontre de la jeune femme. Il continua d'inspecter les cordages et descendit ensuite dans la cale, où se trouvait l'armement de Sariah. Cachées sous une bâche, les armes ne manquaient pas à bord. Une demi-douzaine de sabres d'abordage tenaient compagnie à trois mousquets et un tromblon. Selon l'aventurière, c'était des souvenirs que ses compagnons lui avaient laissé avant de partir sur d'autres mers. Le sous-entendu était clair et cela faisait frissonner le jeune homme chaque fois qu'il posait son regard sur les armes. Il attrapa les fusils et s'assura de leur bon fonctionnement. La dernière chose qu'on pouvait vouloir en cas d'abordage, c'était que l'arme entre nos mains s'enraye. Ils étaient dans un état impeccable, l'artilleur ne pouvait pas dire le contraire. Il s'assura que la poudre était bien à l'abri de l'humidité. C'était essentiel pour mettre en fonction le peu d'artillerie que possédait le bateau. Un simple canon en proue, épaulé par deux canonnières au niveau du bastingage de poupe. Un armement efficace pour neutraliser des barques ou ce genre d'embarcations, mais totalement inefficace contre un navire plus épais. Néanmoins, le jeune homme savait qu'il ne suffisait parfois que d'un coup pour abattre un bâtiment qu'on pouvait juger insubmersible. Il allait remonter quand la voix de Sariah l'appela.
« Will, viens voir ! »
Décelant l'urgence dans la voix de la jeune femme, il monta rapidement les escaliers pour se retrouver dans la pénombre qui régnait à présent sur le pont. Il lui suffit de lever les yeux pour apercevoir l'incroyable masse du continent qui s'étendait droit devant. Comment avaient-ils pu l'atteindre en si peu de temps ? Les courants maritimes, accordés avec les vents puissants qui régnaient dans les parages pouvaient l'expliquer. Les yeux écarquillés, il resta figé devant le gigantisme qui s'ouvrait devant lui. Une falaise rouge, escarpée, qui s'étendait à perte de vue là où l'horizon avait pu prendre place quelques heures plus tôt. Une bourrade lui fit reprendre ses esprits alors que le frêle navire commençait à dériver de son cap.
« Tu ferais mieux de commencer à manœuvrer le rafiot avec moi, si tu veux pas emporter la belle image au fond de l'eau ! »
Sariah peinait à maintenir la barre dans la direction que le navire devait emprunter. L’a-pic était criblé de trous de gruyères dans lesquels s'engouffrait l'eau avec une vigueur démesurée. Être pris entre deux courants n’augurait rien d'autre que le trépas. William se jeta sur les cordages et orienta les voiles de manière à saisir le vent par l'arrière. Le bateau reçut une sorte d'impulsion et commença à se décaler vers bâbord, tandis que la fenêtre disponible pour entrer dans les tunnels commençait à se refermer. Il était arrivé dans le feu de l'action et peinait à maintenir ses efforts. La vitesse de leur embarcation était démesurément augmentée par la puissance des flots. Alors que tout semblait rentrer dans l'ordre, un coup de vent fit pression sur la voilure. La corde que l'artilleur tenait entre ses mains se tendit au-delà de ce qu'elle pouvait bien supporter. Elle se déchira, ouvrant la paume droite du jeune homme. L'instinct prit le dessus alors que le bateau allait soudainement changer son cap pour la falaise. Il attrapa le bout de corde qui tenait toujours à la voile et tira de toutes ses forces pour la redresser. Une vive douleur traversa son épaule et il ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, un cri de joie lui indiqua qu'ils avaient réussi. Soulagé, il relâcha sa prise alors que le navire commençait à perdre de la vitesse, guidé par le courant au milieu de la pénombre relative. La jeune capitaine se pencha par dessus la barre et lui fit un clin d’œil en lançant avec entrain :
« Nous voici arrivés à la première étape de notre chemin ! La Flaque ! »
« Tu réfléchirais pas à un moyen de me faire faux-bond par hasard, toi ? »
William sourit en secouant la tête, levant volontairement les yeux au ciel. Il détailla ensuite le visage de son interlocutrice avant de lui donner une réponse. Il ne pouvait s'empêcher d'être troublé par la beauté innocente, presque candide, de Sariah.
« Non, je pensais juste à là d'où je viens. A ce que peuvent bien faire ceux que j'ai laissés derrière moi. »
Elle haussa les épaules et se détourna, feignant l'indifférence. Le jeune artilleur resta perplexe mais décida d'ignorer la réaction de la jeune femme. Ils avaient partagé le navire pendant les quelques jours qui avaient passés mais ils n'avaient pas encore partagé d'informations personnelles. Ils apprenaient tout juste à se connaître et William préférait presque mettre de la distance avec elle. Car s'ils venaient à s'engager sur un chemin périlleux, il serait plus simple de perdre quelqu'un d'étranger qu'un proche. Mais les relations ne se contrôlent pas et il sentait bien de l'affection naître à l'encontre de la jeune femme. Il continua d'inspecter les cordages et descendit ensuite dans la cale, où se trouvait l'armement de Sariah. Cachées sous une bâche, les armes ne manquaient pas à bord. Une demi-douzaine de sabres d'abordage tenaient compagnie à trois mousquets et un tromblon. Selon l'aventurière, c'était des souvenirs que ses compagnons lui avaient laissé avant de partir sur d'autres mers. Le sous-entendu était clair et cela faisait frissonner le jeune homme chaque fois qu'il posait son regard sur les armes. Il attrapa les fusils et s'assura de leur bon fonctionnement. La dernière chose qu'on pouvait vouloir en cas d'abordage, c'était que l'arme entre nos mains s'enraye. Ils étaient dans un état impeccable, l'artilleur ne pouvait pas dire le contraire. Il s'assura que la poudre était bien à l'abri de l'humidité. C'était essentiel pour mettre en fonction le peu d'artillerie que possédait le bateau. Un simple canon en proue, épaulé par deux canonnières au niveau du bastingage de poupe. Un armement efficace pour neutraliser des barques ou ce genre d'embarcations, mais totalement inefficace contre un navire plus épais. Néanmoins, le jeune homme savait qu'il ne suffisait parfois que d'un coup pour abattre un bâtiment qu'on pouvait juger insubmersible. Il allait remonter quand la voix de Sariah l'appela.
« Will, viens voir ! »
Décelant l'urgence dans la voix de la jeune femme, il monta rapidement les escaliers pour se retrouver dans la pénombre qui régnait à présent sur le pont. Il lui suffit de lever les yeux pour apercevoir l'incroyable masse du continent qui s'étendait droit devant. Comment avaient-ils pu l'atteindre en si peu de temps ? Les courants maritimes, accordés avec les vents puissants qui régnaient dans les parages pouvaient l'expliquer. Les yeux écarquillés, il resta figé devant le gigantisme qui s'ouvrait devant lui. Une falaise rouge, escarpée, qui s'étendait à perte de vue là où l'horizon avait pu prendre place quelques heures plus tôt. Une bourrade lui fit reprendre ses esprits alors que le frêle navire commençait à dériver de son cap.
« Tu ferais mieux de commencer à manœuvrer le rafiot avec moi, si tu veux pas emporter la belle image au fond de l'eau ! »
Sariah peinait à maintenir la barre dans la direction que le navire devait emprunter. L’a-pic était criblé de trous de gruyères dans lesquels s'engouffrait l'eau avec une vigueur démesurée. Être pris entre deux courants n’augurait rien d'autre que le trépas. William se jeta sur les cordages et orienta les voiles de manière à saisir le vent par l'arrière. Le bateau reçut une sorte d'impulsion et commença à se décaler vers bâbord, tandis que la fenêtre disponible pour entrer dans les tunnels commençait à se refermer. Il était arrivé dans le feu de l'action et peinait à maintenir ses efforts. La vitesse de leur embarcation était démesurément augmentée par la puissance des flots. Alors que tout semblait rentrer dans l'ordre, un coup de vent fit pression sur la voilure. La corde que l'artilleur tenait entre ses mains se tendit au-delà de ce qu'elle pouvait bien supporter. Elle se déchira, ouvrant la paume droite du jeune homme. L'instinct prit le dessus alors que le bateau allait soudainement changer son cap pour la falaise. Il attrapa le bout de corde qui tenait toujours à la voile et tira de toutes ses forces pour la redresser. Une vive douleur traversa son épaule et il ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, un cri de joie lui indiqua qu'ils avaient réussi. Soulagé, il relâcha sa prise alors que le navire commençait à perdre de la vitesse, guidé par le courant au milieu de la pénombre relative. La jeune capitaine se pencha par dessus la barre et lui fit un clin d’œil en lançant avec entrain :
« Nous voici arrivés à la première étape de notre chemin ! La Flaque ! »
Dernière édition par William Burgh le Lun 26 Mar 2018 - 12:25, édité 1 fois