Entre deux odeurs de poisson.
Printemps 1627
Printemps 1627
La période qui arrivait allait être compliquée. Et il ne fallait surtout pas se relâcher ou même baisser les bras si on ne voulait pas se faire virer. Le printemps c'était le retour des beaux jours, le retour des poissons et évidemment, le retour des clients sur le marché. Comme chaque année, les patrons étaient déjà tous fous, ou carrément trop avides en fait.
Alors avec un sale air de déjà vu et de routine infernale je disposais la première fournée de poisson que l'on avait reçu sur l'étalage. Aujourd'hui c'était carpe et dorade à volonté pour la clientèle. Le tout à des berrys plus ou moins raisonnables. Enfin, ça c'était le discours de notre chef. On savait tous que le marché coutait plus cher que les surfaces commerciales. Mais ironie du sort, à Poiscaille ceux qui n'achetaient pas au marché étaient vus comme des dissidents.
...
Avec une petite pointe d'ironie, j'essayais de relativiser. Il devait sûrement exister des métiers pires que le mien. Mais le changement trottait dans un coin de ma tête depuis quelques semaines, voire quelques mois déjà. J'avais envie de nouveauté.
Un nouveau souffle ?
Une nouvelle aire ?
Oh et puis appelez ça comme vous voulez, je voulais juste arrêter de sentir le poisson.
...
Mon collègue avait déjà réussi à vendre une vingtaine de carpe et une dizaine de dorade. Pour ma part, je ne devais en être qu'à la moitié de sa performance. Je ne voulais pas me trouver d'excuse, mais il avait un certain charisme qui faisait que les clients s'intéressaient à lui. Puis un beau visage pour parfaire le reste.
C'était bien connu, les beaux visages attiraient toujours. Et dans le cas présent, certainement plus qu'une femme un peu timide à la peau bleutée. Mais j'essayais quand même de toujours garder mon sourire, et de ne pas trop partir défaitiste. *Allez Kat', toi aussi tu peux bien vendre une trentaine de poisson !*
Alors je me lançais, sans trop savoir ce que ça donnerait.
Je n'avais vraiment pas de chance. Entre la gorge trop sèche et les coups de vent je m'étais mise à tousser en pleine tentative d'attention. Je n'étais pas prête de les vendre mes poissons.
Pas prête jusqu'à ce qu'il passe tout prêt de mon étalage. Oui lui là : un homme d'une quarantaine d'année, assez grand mais fichtrement grassouillet. Il était là, à observer les différentes couleurs de mes poissons, c'était le moment ou jamais pour lui vendre mon produit.
J'affichais un petit sourire sincère, la vente ne devait pas seulement se résoudre à de la stratégie commerciale. Il fallait garder une part d'humanité.
Alors avec un sale air de déjà vu et de routine infernale je disposais la première fournée de poisson que l'on avait reçu sur l'étalage. Aujourd'hui c'était carpe et dorade à volonté pour la clientèle. Le tout à des berrys plus ou moins raisonnables. Enfin, ça c'était le discours de notre chef. On savait tous que le marché coutait plus cher que les surfaces commerciales. Mais ironie du sort, à Poiscaille ceux qui n'achetaient pas au marché étaient vus comme des dissidents.
...
« Au moins il y a du soleil aujourd'hui, j'ai bien de la chance. »
Avec une petite pointe d'ironie, j'essayais de relativiser. Il devait sûrement exister des métiers pires que le mien. Mais le changement trottait dans un coin de ma tête depuis quelques semaines, voire quelques mois déjà. J'avais envie de nouveauté.
Un nouveau souffle ?
Une nouvelle aire ?
Oh et puis appelez ça comme vous voulez, je voulais juste arrêter de sentir le poisson.
...
Mon collègue avait déjà réussi à vendre une vingtaine de carpe et une dizaine de dorade. Pour ma part, je ne devais en être qu'à la moitié de sa performance. Je ne voulais pas me trouver d'excuse, mais il avait un certain charisme qui faisait que les clients s'intéressaient à lui. Puis un beau visage pour parfaire le reste.
C'était bien connu, les beaux visages attiraient toujours. Et dans le cas présent, certainement plus qu'une femme un peu timide à la peau bleutée. Mais j'essayais quand même de toujours garder mon sourire, et de ne pas trop partir défaitiste. *Allez Kat', toi aussi tu peux bien vendre une trentaine de poisson !*
Alors je me lançais, sans trop savoir ce que ça donnerait.
« Aujourd'hui Mesdames et Messieurs ! De magnifiques carpes et dorades.. kof kof... fraîchement pêchées en haute mer de South.. kof kof... Blue... »
Je n'avais vraiment pas de chance. Entre la gorge trop sèche et les coups de vent je m'étais mise à tousser en pleine tentative d'attention. Je n'étais pas prête de les vendre mes poissons.
Pas prête jusqu'à ce qu'il passe tout prêt de mon étalage. Oui lui là : un homme d'une quarantaine d'année, assez grand mais fichtrement grassouillet. Il était là, à observer les différentes couleurs de mes poissons, c'était le moment ou jamais pour lui vendre mon produit.
« Bien le bonjour monsieur ! Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? »
J'affichais un petit sourire sincère, la vente ne devait pas seulement se résoudre à de la stratégie commerciale. Il fallait garder une part d'humanité.