Il ne put s’empêcher de pousser un juron.
Mère était à ses côtés, mais n’était clairement pas là pour l’aider à se sentir mieux. Pour lui, c’était ça : de la simple torture. Dans les mains de la femme d’âge mûr se tenait un bandage taché de sang. Celui de l’amiral, qui ressemblait pratiquement à une momie il y avait encore une semaine de cela, mais commençait déjà à cicatriser de ses plus vilaines blessures.
« - Salopard de Tetsuda, la prochaine fois je veillerai à ce qu’il ne puisse pas m’échapper.
- Cesse-donc d’être aussi dur envers toi-même. Rares ont été ceux qui ont pu tenir tête à Green Wolf et en ressortir vivants. Tu n’es même pas si amoché que ça… »
Pourtant cette semi-victoire était un coup dur pour la première flotte et les pertes avaient été nombreuses. Frost avait pratiquement autant souffert pour ses hommes que pour lui-même, ainsi que pour l’injustice de ce monde qui s’évertuait à lui prouver que le Gouvernement Mondial pouvait continuer à le narguer. Lui aussi bien que tous les peuples qui refusaient de se soumettre à son autorité. Ombralia en avait fait les frais et elle n’était pas la première, mais c’était véritablement l’équivalent d’un Buster Call qui l’avait ravagée et polluée.
Ses plaies le faisaient souffrir, tandis qu’à l’intérieur de lui-même il bouillonnait.
A l’issue du combat, le capitaine des Sunset s’était replié sur l’île au smog. Certes, ce n’était pas l’endroit le plus adapté pour profiter des meilleurs soins… mais une récente découverte liée aux poissons volants avait permis de grandement résorber la plupart de ses brûlures.
Trois navires. Trois navires sur la douzaine qui composaient auparavant la première flotte : c’était tout ce qu’il lui restait. Et ils étaient actuellement occupés à pomper le maximum d’oxygène pour que les souterrains de la ville demeurassent habitables et l’air respirable. Un étrange système de ventilation avait d’ailleurs été installé à la hâte pour faire le lien entre les épaisses bombonnes remplies d’air frais et les canalisations où s’étaient reclus les survivants. Le smog, lui, restait à la surface.
A cause de tout cela et des récents événements, tous les hommes avaient dû mettre pied à terre. Une faiblesse logistique que l’ancien vice-amiral digérait amèrement.
« - Ne crois-tu pas qu’il serait temps de devenir plus forts, Mother ? Notre première flotte est en miettes et vu mon état, nous ne serions même pas capable de résister à un second assaut de la Marine.
- Hum… commença la femme drapée de blanc, tout en changeant un nouveau bandage, provoquant par-là les grimaces douloureuses de son capitaine. Tu voudrais le faire maintenant ? Ce n’est pas sans danger…
- Nous avons trop longtemps attendu, privilégiant la stratégie à la puissance de feu. Si nous l’avions fait auparavant, Tetsuda ne s’en serait pas tiré aussi facilement.
- Et on aurait probablement perdu plus d’enfants.
- Ce ne sont pas des enfants, Mother, » s’exaspéra le flibustier, conscient que le dire ne changerait rien à l’affaire. Mes commandants sont des bons éléments et je veux les avoir sous la main.
- Et McKlayn ? releva la Mère. Il s’agissait là d’une corde sensible qui, pourtant, revenait souvent dans leurs conversations.
- Un cas isolé, son orgueil a eu raison de lui. Je ne pensais pas qu’il serait capable de ce genre de choses, lorsqu’il a embarqué avec nous à Impel Down. »
D’une main fébrile, Frost caressa alors son épaisse barbe qu’il n’avait pas eu le temps, ni l’énergie, de désépaissir ces derniers jours. Celle-ci avait finalement pris des allures sauvages, conférant au pirate le portrait typique d’un guerrier barbare.
« - Je pense que c’est le bon moment. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’attendre plus longtemps. Nous avons déjà perdu la cinquième flotte et j’ai besoin de tous mes hommes si je veux accomplir le plan. Nous ferons sans cette arme antique.
- Ne penses-tu pas qu’il faudrait te rétablir avant ? »
Frost le savait : répondre « non » serait de la mauvaise foi pure et simple. Les médecins les plus talentueux de sa flotte lui avaient prescrit un bon mois de repos… minimum. Toutefois l’amiral souffrait davantage de sa position allongée constante, dans une couche sale au fin fond des égouts, que de sa lente cicatrisation. Tout ce qu’il voulait, c’était pouvoir à nouveau goûter à l’air marin et à ses vapeurs d’iode, reprendre le combat et sentir les odeurs du sang et de la poudre à canon dans l’air. Ce que tout pirate désirait plus que tout. Plus que la santé elle-même.
« - Non, c’est maintenant ou jamais. Si Red a échoué à Thriller Bark, son assaut a toutefois grandement affaibli le Malvoulant. J’ai des contacts qui peuvent me dire où il se terre désormais, quel était son point de chute. Lorsque le serpent est endormi, il ne faut pas attendre qu’il se réveille pour lui couper la tête…
- Certains serpents dorment d’un seul œil, tu sais ? Mais je comprends ta décision et je ne veux pas te contredire. Je sais dans quels états tu te mets lorsque l’on te dit que tu as tort. On dirait un enfant.
- Je ne suis pas un enfant !
- Exactement, vous êtes tous des enfants. »
Mother ne put s’empêcher de ponctuer sa phrase d’un petit gloussement qui acheva de faire perdre patience à son supérieur. Celui-ci avait recouvré son sérieux et la regardait désormais avec des yeux empreints d’ambition et de volonté.
« - Fais passer l’Ordre, Mother. Je veux que d’ici une semaine tous les commandants et leurs flottes soient dans le Nouveau Monde. Qu’ils empruntent la Flaque, le Réseau Marijoan ou encore l’Île des Hommes-Poissons, cela m’est égal. Nous avons déjà trop attendu et ils doivent y être préparés. Évidemment il nous faut nous attendre à quelques pertes, mais qu’en sera-t-il lorsque nous serons attaqués par un autre Amiral ou par Teach lui-même ? Au moins comme cela, nous serons au complet, prêts à agir les premiers. J’ai déjà laissé passer trop d’opportunités de grandir, je ne laisserai pas celle-ci me filer entre les doigts. »
Serrant les poings par réflexe, le capitaine ignora la douleur lancinante qui lui tailladait les paumes et les phalanges. La détermination était lisible sur son visage, si bien que sa Lieutenante ne pipa mot et acquiesça simplement par un hochement du chef, avant de quitter la petite cellule dans lequel il avait été installé temporairement. Les locaux s’étaient d’ailleurs excusés : ils ne possédaient pas plus confortable dans ces souterrains qui n’avaient jamais été conçus pour être habités.
« - Tu as bien réussi ton coup Tetsuda, tu seras parvenu à me faire chier jusqu’à la fin… » ironisa une dernière fois le capitaine, avant de souffler la flamme de la bougie sur sa table de chevet et tirer la couverture par-dessus lui.
Ce n’était pas qu’il avait froid. Mais il préférait ne pas voir les blessures que lui avait infligées son adversaire. Car à chaque fois elles lui remémoraient la vision cauchemardesque de ses navires et de ses hommes happés par l’acide.
Mère était à ses côtés, mais n’était clairement pas là pour l’aider à se sentir mieux. Pour lui, c’était ça : de la simple torture. Dans les mains de la femme d’âge mûr se tenait un bandage taché de sang. Celui de l’amiral, qui ressemblait pratiquement à une momie il y avait encore une semaine de cela, mais commençait déjà à cicatriser de ses plus vilaines blessures.
« - Salopard de Tetsuda, la prochaine fois je veillerai à ce qu’il ne puisse pas m’échapper.
- Cesse-donc d’être aussi dur envers toi-même. Rares ont été ceux qui ont pu tenir tête à Green Wolf et en ressortir vivants. Tu n’es même pas si amoché que ça… »
Pourtant cette semi-victoire était un coup dur pour la première flotte et les pertes avaient été nombreuses. Frost avait pratiquement autant souffert pour ses hommes que pour lui-même, ainsi que pour l’injustice de ce monde qui s’évertuait à lui prouver que le Gouvernement Mondial pouvait continuer à le narguer. Lui aussi bien que tous les peuples qui refusaient de se soumettre à son autorité. Ombralia en avait fait les frais et elle n’était pas la première, mais c’était véritablement l’équivalent d’un Buster Call qui l’avait ravagée et polluée.
Ses plaies le faisaient souffrir, tandis qu’à l’intérieur de lui-même il bouillonnait.
A l’issue du combat, le capitaine des Sunset s’était replié sur l’île au smog. Certes, ce n’était pas l’endroit le plus adapté pour profiter des meilleurs soins… mais une récente découverte liée aux poissons volants avait permis de grandement résorber la plupart de ses brûlures.
Trois navires. Trois navires sur la douzaine qui composaient auparavant la première flotte : c’était tout ce qu’il lui restait. Et ils étaient actuellement occupés à pomper le maximum d’oxygène pour que les souterrains de la ville demeurassent habitables et l’air respirable. Un étrange système de ventilation avait d’ailleurs été installé à la hâte pour faire le lien entre les épaisses bombonnes remplies d’air frais et les canalisations où s’étaient reclus les survivants. Le smog, lui, restait à la surface.
A cause de tout cela et des récents événements, tous les hommes avaient dû mettre pied à terre. Une faiblesse logistique que l’ancien vice-amiral digérait amèrement.
« - Ne crois-tu pas qu’il serait temps de devenir plus forts, Mother ? Notre première flotte est en miettes et vu mon état, nous ne serions même pas capable de résister à un second assaut de la Marine.
- Hum… commença la femme drapée de blanc, tout en changeant un nouveau bandage, provoquant par-là les grimaces douloureuses de son capitaine. Tu voudrais le faire maintenant ? Ce n’est pas sans danger…
- Nous avons trop longtemps attendu, privilégiant la stratégie à la puissance de feu. Si nous l’avions fait auparavant, Tetsuda ne s’en serait pas tiré aussi facilement.
- Et on aurait probablement perdu plus d’enfants.
- Ce ne sont pas des enfants, Mother, » s’exaspéra le flibustier, conscient que le dire ne changerait rien à l’affaire. Mes commandants sont des bons éléments et je veux les avoir sous la main.
- Et McKlayn ? releva la Mère. Il s’agissait là d’une corde sensible qui, pourtant, revenait souvent dans leurs conversations.
- Un cas isolé, son orgueil a eu raison de lui. Je ne pensais pas qu’il serait capable de ce genre de choses, lorsqu’il a embarqué avec nous à Impel Down. »
D’une main fébrile, Frost caressa alors son épaisse barbe qu’il n’avait pas eu le temps, ni l’énergie, de désépaissir ces derniers jours. Celle-ci avait finalement pris des allures sauvages, conférant au pirate le portrait typique d’un guerrier barbare.
« - Je pense que c’est le bon moment. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’attendre plus longtemps. Nous avons déjà perdu la cinquième flotte et j’ai besoin de tous mes hommes si je veux accomplir le plan. Nous ferons sans cette arme antique.
- Ne penses-tu pas qu’il faudrait te rétablir avant ? »
Frost le savait : répondre « non » serait de la mauvaise foi pure et simple. Les médecins les plus talentueux de sa flotte lui avaient prescrit un bon mois de repos… minimum. Toutefois l’amiral souffrait davantage de sa position allongée constante, dans une couche sale au fin fond des égouts, que de sa lente cicatrisation. Tout ce qu’il voulait, c’était pouvoir à nouveau goûter à l’air marin et à ses vapeurs d’iode, reprendre le combat et sentir les odeurs du sang et de la poudre à canon dans l’air. Ce que tout pirate désirait plus que tout. Plus que la santé elle-même.
« - Non, c’est maintenant ou jamais. Si Red a échoué à Thriller Bark, son assaut a toutefois grandement affaibli le Malvoulant. J’ai des contacts qui peuvent me dire où il se terre désormais, quel était son point de chute. Lorsque le serpent est endormi, il ne faut pas attendre qu’il se réveille pour lui couper la tête…
- Certains serpents dorment d’un seul œil, tu sais ? Mais je comprends ta décision et je ne veux pas te contredire. Je sais dans quels états tu te mets lorsque l’on te dit que tu as tort. On dirait un enfant.
- Je ne suis pas un enfant !
- Exactement, vous êtes tous des enfants. »
Mother ne put s’empêcher de ponctuer sa phrase d’un petit gloussement qui acheva de faire perdre patience à son supérieur. Celui-ci avait recouvré son sérieux et la regardait désormais avec des yeux empreints d’ambition et de volonté.
« - Fais passer l’Ordre, Mother. Je veux que d’ici une semaine tous les commandants et leurs flottes soient dans le Nouveau Monde. Qu’ils empruntent la Flaque, le Réseau Marijoan ou encore l’Île des Hommes-Poissons, cela m’est égal. Nous avons déjà trop attendu et ils doivent y être préparés. Évidemment il nous faut nous attendre à quelques pertes, mais qu’en sera-t-il lorsque nous serons attaqués par un autre Amiral ou par Teach lui-même ? Au moins comme cela, nous serons au complet, prêts à agir les premiers. J’ai déjà laissé passer trop d’opportunités de grandir, je ne laisserai pas celle-ci me filer entre les doigts. »
Serrant les poings par réflexe, le capitaine ignora la douleur lancinante qui lui tailladait les paumes et les phalanges. La détermination était lisible sur son visage, si bien que sa Lieutenante ne pipa mot et acquiesça simplement par un hochement du chef, avant de quitter la petite cellule dans lequel il avait été installé temporairement. Les locaux s’étaient d’ailleurs excusés : ils ne possédaient pas plus confortable dans ces souterrains qui n’avaient jamais été conçus pour être habités.
« - Tu as bien réussi ton coup Tetsuda, tu seras parvenu à me faire chier jusqu’à la fin… » ironisa une dernière fois le capitaine, avant de souffler la flamme de la bougie sur sa table de chevet et tirer la couverture par-dessus lui.
Ce n’était pas qu’il avait froid. Mais il préférait ne pas voir les blessures que lui avait infligées son adversaire. Car à chaque fois elles lui remémoraient la vision cauchemardesque de ses navires et de ses hommes happés par l’acide.