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Retour à la réalité




L’atterrissage du Dragon était depuis peu redevenue une place relativement calme, où il était encore possible de se déplacer sans craindre de recevoir une balle perdue à chaque pas. Car, il faut l’admettre, la tendance sur Armada était plutôt à la violence qu’au calme. Les récents évènements avaient ravivé les plus bas instincts de cette fange que l’on appelle piraterie. Ô, ne vous y trompez pas, il était toujours possible de recevoir un coup de dague dans l’épicentre d’Armada mais on parlait alors, selon l’expression consacrée, d’un sacré manque de bol. C’est donc légitimement que John avait décidé de flâner davantage dans cette partie de l’île, confiant en sa chance mais préférant tout de même mettre un maximum d’atouts de son côté. Il faut dire que le pauvre diable était encore un peu douloureux, son récent passage chez les Usuriers avait laissé quelques menues traces. Le pistolero avait reçu là-bas une volée légendaire qui aurait pu être enseignée à tous les amateurs de pugilat.

Il était donc resté sur l’usage modéré de la force un temps certain qu’il considéra vite comme trop long. John avait même pris quelques mauvaises habitudes de langage à force de rester trop proche de Wilson et de la treizième. Les gars n’étaient pas de mauvais bougres mais avaient une forte tendance au second degré et surtout aux mots fleuris. En sus, ils étaient éprouvés à l’attente après quinze années enfermées dans une bouteille ; John, lui, n’en pouvait plus. Il avait donc pris le parti de prendre la tangente, se rendant d’ailleurs vite compte de son manque d’utilité sur le navire…

C’est donc ainsi que nous le retrouvons, grattant une cigarette en contemplant le repos des cieux, le fameux hôtel construit par Izya. Il y avait de la lumière à tous les étages et l’on pouvait entendre de l’extérieur une musique délicate qui s’échappait de quelques fenêtres entrebâillées. John s’approcha, en homme curieux et appréciateur de bonne musique. Devant l’entrée se trouvait deux grands colosses à l’allure sévère ; ce qui apparut singulier à John tant ils n’invitaient pas à pénétrer à l’intérieur. Il s’approcha donc davantage et, à la lumière du bâtiment, son visage fut éclairé. Sa moitié de bouche offerte au spectateur et son globe oculaire manquant de prendre la poudre d’escampette eurent tôt fait d’alerter les deux gardes.

- Y’a rien à voir ici, pied-tendre.

John tira mollement sur sa cigarette, laissant échapper quelques volutes de fumée. Les deux vigiles bandaient les muscles ce qui eut pour effet de tendre dangereusement le tissu de leurs costumes ajustés.

- C’est-à-dire que pour un endroit où il n’y a rien à voir, j’ai quand même une forte tendance à me brûler la rétine.
- C’est quatre millions de Berry l’entrée.
- Non, non, il y a erreur. Je ne suis pas venu acheter la boutique, je veux simplement visiter.
- Allez ! Allez ! Passe ton chemin pécore.

Habituellement, John aurait probablement pris la mouche. Il songea un instant à dégainer, percer le crâne de ces deux alguazils avec des balles et entrer dans l’hôtel en les enjambant. L’idée était séduisante mais il avait du mal à évaluer la force de ses éventuels opposants. Pas question de finir une nouvelle fois rossé par deux individus lambda ; l’orgueil c’est comme le beurre, si on n’a pas au moins une fine couche, on a l’impression de s’être fait avoir. L’affaire se termina donc par un léger haussement d’épaules et par le rire gras des deux vigiles.


Dernière édition par John Henry Holliday le Dim 8 Avr 2018 - 18:37, édité 4 fois
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John poursuivit donc sa route, croisant de-ci de-là, plusieurs regroupements de pirates qui s’ennuyaient ensemble : tantôt ils asticotaient un de leur camarade plus frêle, lui ôtant par la même occasion sa bourse ; tantôt ils entreprenaient de s’égayer le visage de quelques tâches bleutées ; parfois même ils allaient jusqu’à faire rougir les lames ; bref, tout allait bien dans les quartiers paisibles d’Armada.

Heureusement pour John, son faciès délicat lui évitait la plupart du temps des ennuis. Il fut tout de même stoppé dans sa contemplation par un jeune freluquet qui criait à tout rompre, courant à travers les groupes en les poussant parfois rudement. Le gamin annonçait la tenue imminente d’un concours de duel, comme s’il n’était déjà pas suffisamment aisé de se blesser dans les environs. Pour motiver tous ces braillards qui n’avaient certainement pas besoin d’un organisateur pour se tirer dessus, le gamin annonça la récompense criarde qui accompagnait cet évènement. La modique somme de 60 millions de Berry était avancée, ce qui ne manqua pas d’éveiller les instincts de quelques affamés.

John crachotait dans son coin en entendant telle somme déboursée pour telle trivialité. Certes il n’avait jamais refusé une petite somme, de manière à maintenir son train de vie, mais pas au point de se ruer à la poursuite d’un gamin en culotte courte.

- Soixante millions pour amuser la galerie, c’est trop peu. Puis je sens comme un crotale sous cette pierre rondelette.


Dernière édition par John Henry Holliday le Sam 7 Avr 2018 - 16:59, édité 2 fois
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Une nouvelle fois, il continua sa route sans s’émouvoir de cet interlude. Il pénétra sur la place jouxtant le Kraken, le vaisseau mère des Usuriers et antre du crédit et des fausses bonnes affaires. Il y avait là une multitude de pirates qui négociaient âprement. Des sacs de pièces d’or, de breloques et de billets passaient de mains en mains plus vite que dans un numéro de prestidigitation. Les yeux avides des Usuriers brillaient à la lueur des lampes à huile et l’on sentait bien que la journée était bonne pour ces vendeurs de rêves. John pensait que son précédent arrangement avec Johanna, la numéro 2 des Usuriers, lui permettrait de passer ici tranquillement. Bien mal lui en prit car il ne fallut pas cent mètres dans cette enceinte maudite pour voir les premiers ennuis poindre le bout de leur nez.

Ces ennuis avaient l’allure d’une dizaine de lascars. Le leader de ce petit groupe d’importun avait eu la brillante idée de remplacer l’intégralité de sa dentition par des dents en or. Une décoration buccale qui devait faire son plus grand effet au sein d’une assemblée qui prise tant l’or et dénigre tant le bon sens. John se stoppa net, s’injuriant intérieurement pour avoir tenté ainsi le destin. Il faut dire que malgré son départ précipité de la dernière fois, il avait tout de même eu l’opportunité de faire tirer quelques salves sur la place. Et même avec les poches sans fonds des Usuriers, on pouvait encore voir les stigmates de cette honteuse attaque. Et effectivement, le chef du groupe se planta devant John, brillantine dans les cheveux et incisives luisantes.

- Pas un peu culoté de repasser par ici après avoir fait tant de dégâts ? Ragondin est encore dans un piteux état et toi tu viens te pavaner ici.
- Effectivement formulé ainsi je me demande aussi ce que je viens faire ici…

John se demanda s’il était encore temps de désamorcer la situation.

- Ceci dit, j’ai un arrangement avec Johanna. Les ennemis d’hier sont les alliés d’aujourd’hui…
- Elle nous a dit de ne pas te tuer. Rien de plus.
- Je discerne bien là le pragmatisme de Johanna…

Et sans plus de cérémonie, le bien denté envoya un premier coup de poing esquivé de justesse par John. Mais à peine cette feinte réalisée, le tueur crispa sa moitié de visage. La douleur était encore vive, son état ne lui permettait pas encore de faire de grandes pirouettes. C’est donc tout à fait normalement que la seconde attaque toucha sa cible au niveau du bas ventre. L’estomac de John fut retourné et il lui sembla un instant que celui-ci allait remonter jusqu’à sa glotte. Il perdit de la salive par sa joue ouverte et comble du drame, manqua bien de perdre son chapeau. Le groupe s’était resserré, ne laissant que peu d’opportunité à John de s’enfuir.

Alors qu’un coup de pied magistral allait probablement l’envoyer directement dans les limbes, le pirate fut bloqué par un nouveau venu. C’était un gaillard d’une trentaine d’année, qui portait sur son visage la malice et la fougue. Il avait bloqué de sa main gauche l’attaque et avait délivré dans le même instant un coup de coude du droit qui propulsa son adversaire dans les airs. Il fut intercepté par ses comparses, lui évitant une chute bien ridicule. John se redressa, curieux de voir quelqu’un prendre sa défense ; ce genre d’évènements n’ayant plus réellement lieu sur Armada depuis la disparition de Red. Le groupe tenta bien de s’en prendre au nouveau venu mais il laissa poindre le canon d’un fusil et tout le monde sembla déclarer à l’unisson que cette affaire n’en valait pas la peine. Dès lors, les pirates se dissipèrent aussi vite qu’ils s’étaient formés et le denté, qui venait d’ailleurs de perdre une canine, ne demanda pas son reste et prit le large.

Ne resta donc plus en maitres du terrain que John et son sauveur.

- Pas fâché de ton intervention.
- Pas de quoi. J’aime pas trop les Usuriers à dire vrai.
- Certes. Enfin, si tous ceux qu’apprécient pas les Usuriers leur cassaient la tronche, ils seraient aussi nombreux sur Armada que des révolutionnaires sur Marie-Joa.

Le nouveau venu afficha un léger sourire, replaça le fusil sur son dos et réajusta son large manteau. Puis il prit congé, sans même délivrer un nom ou une remarque supplémentaire.

- Singulier coquin.


Dernière édition par John Henry Holliday le Sam 7 Avr 2018 - 17:04, édité 2 fois
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John s’épousseta rapidement et décida naturellement de ne pas passer une seconde de trop à proximité du Kraken, du moins tant que ses douleurs ne se seraient pas dissipées. Fortune ou pas, il retomba nez-à-nez avec son sauveur alors qu’il allait entreprendre de quitter définitivement la place. Le fusilier était en grande conversation avec ce qui ne pouvait être qu’un usurier tant sa tenue de percepteur tranchait d’avec l’ambiance aux alentours. La conversation était animée et il y avait de l’éclat de voix presque perceptible même à grande distance. Pour la seconde fois dans la journée, le cow-boy fut pris de curiosité et s’approcha là où toute la logique du monde lui intimait pourtant de partir.

La conversation ne s’était pas stoppée à son approche et les deux hommes échangeaient toujours sur un ton viril. Pour l’heure, le fusil n’était pas encore en main mais la tendance semblait indiquer un changement probable dans les secondes à venir. Manifestement l’usurier se plaignait de ne pas avoir été remboursé à l’heure, il estimait avoir été particulièrement généreux en avançant une somme si importante, alléché par la perspective de gains importants : l’investissement portant sur un navire destiné aux rapines. Le sauveur de John était donc un Capitaine pirate. Celui-ci avait rétorqué ne pas être en faute, il n’était pas tombé sur une seule prise après plusieurs jours en mer, faute manifestement à la trop grande densité de pirates aux alentours d’Armada. John risqua finalement une approche.

- Pardonnez-moi, j’ai une dette d’honneur envers cet homme, peut-être vais-je pouvoir m’acquitter de celle-ci auprès de vous ?

Le créancier haussa son sourcil gauche de manière profondément hautaine en reconnaissant John.

- Il me semble pourtant que vous avez déjà promis une forte somme aux Usuriers. Mais qu’importe, c’est une autre affaire. Si vous avez trente millions à débourser…
-Trente millions !
- Tu as la somme ?
- Non… Mais justement, j’ai ouï dire qu’il y avait un tournoi au flingue pas loin. Soixante millions au vainqueur. Je vais aller m’y inscrire.
- Allons ! Et moi donc ?
- Et bien si tu tires, allons-y ensemble, cela fera deux fois plus de chance de gagner.

En quelques minutes les choses furent dites et les deux compères partirent ensemble. Le sauveur de John, qui révéla s’appeler Tom, retourna tout de même chuchoter quelque chose à l’Usurier qui songea un instant. Après un bref acquiescement, Tom retrouva John.

- Un problème ?
- Non, non. J’ai pris quelques assurances supplémentaires.


Dernière édition par John Henry Holliday le Sam 7 Avr 2018 - 19:02, édité 5 fois
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Les deux hommes furent rapidement sur place, ils se retrouvèrent dans une épave de navire pirate à la coque parfaitement préservée et qui allait faire office d’arène. Pour l’heure impossible de laisser pénétrer son regard à l’intérieur pour en apprendre davantage sur la distance moyenne qui sépare les duellistes : information importante quand on est un tireur de métier. L’inscription était gratuite mais il n’y avait pas pour autant une foule de candidats. Et pour cause, les organisateurs effectuaient une sélection particulièrement drastique des impétrants. C’est ainsi que devant John, un tireur plutôt habile avait été refusé après avoir fait une démonstration de ses talents. Et talent, il y avait, l’homme avait perforé d’une balle une pièce d’un Berry lancé au-dessus de sa tête. Mais les juges n’avaient pas reconnu là une caractéristique suffisante pour qu’il participe.

John avait lui été également éprouvé, pour se faire engager, on lui avait demandé de tirer sur un objet posé à une cinquantaine de mètres. Il avait habilement demandé si c’était la distance moyenne de l’arène mais il n’obtint pas de réponse. Il tira donc sur ledit objet : une boîte vide de cigares Sea Wolves, et fut accepté. Ce ne fut pas exclusivement la qualité du tir qui fut noté mais également la vitesse d’exécution, la nonchalance dans celle-ci et, il faut le dire, la gueule haute en couleur de John promettait de faire venir davantage de curieux. Car s’il y avait tournoi, il y avait nécessairement paris et on allait parier gros dès lors qu’on sélectionnait si minutieusement les participants.

Tom s’approcha à son tour, carabine en main. Il arborait le même sourire que lorsque John l’avait rencontré. Le tireur s’était placé comme John, mais il fut soumis à une autre épreuve. Il s’agissait cette fois de tirer sur une succession de bouteilles vides dans le plus bref délai. Tom s’exécuta avec assurance. Les balles filaient un intervalle régulier, les douilles volant au-dessus de sa tête. Toutes les bouteilles furent touchées dans un intervalle de temps très correct au regard de la distance. Aux alentours, une petite foule s’était constituée et commençait déjà à prendre les paris, jugeant les prestations de chacun au fur et à mesure.

- Pas mal ce tireur ! Cinq millions sur lui !
- Et le pistolero ?
- Barf ! S’il tire aussi bien qu’il se rase, c’est foutu.

John se retourna mais ne put voir d’où venait la harangue. Bien qu’habitué à ce genre de quolibets, il aimait tout de même rappeler qu’il était toujours en mesure de se faire un frère jumeau pour peu qu’on lui donne un bon couteau. Mais ne pouvant trouver son homme, il reporta son attention sur Tom qui revenait le fusil sur l’épaule et la même expression béate sur le visage.

- Une bonne chose de faite.
- Tout doux. Pour l’instant nous avons juste gagné le droit de nous faire trouer la peau.

Finalement ils furent introduits à l’intérieur du navire-arène. Ils ne débouchèrent pas dans l’arène mais dans une petite pièce où se trouvait deux autres individus, eux aussi des participants aux tournois. Il y avait là un quarantenaire aux cheveux noires et à la barbe de trois jours, il portait une chemise à carreaux rougeâtres et avait la particularité d’avoir plusieurs couteaux autour de la ceinture ; comme pour plus de contenance, il portait également un pistolet au niveau du bas ventre. Le second participant était tout de noir vêtu et portait deux magnifiques revolvers à crosses nacrées, il semblait peu enclin à la conversation et se contentait de dégainer et rengainer répétitivement ses deux armes.

John s’alluma à long cigare pressentant une longue attente. Il fumait avec une telle régularité que la pièce commença progressivement à s’emplir d’un nuage de fumée rendant l’attente quelque peu mystique. Notre grand gaillard, trouvant réellement l’attente longue, finit par mettre la main à l’intérieur de sa veste pour y découvrir une grande bouteille de whiskey pleine. Il commença donc à boire dans le silence général. Après une dizaine de minutes, Tom l’interpella tout de même.

- La vache John, du calme où tu vas plus viser droit.
- Ça va, ça va. C’est qu’il est gouleyant ce jaja, on y prend vite goût. Une lampée ?
- Non.
- Une larmichette ?
- Non.
- Un doigt ?
- Non John !
- Tssss… Jamais compris l’intérêt de risquer sa vie sobre. C’est un comme partir à un enterrement sans macchabée…

Puis le petit groupe retomba dans le mutisme, le silence n’étant alors interrompu que par John qui de temps à autre regrattait une allumette pour raviver son barreau de chaise.

Finalement, après une attente qui sembla correcte à Holliday et interminable pour les autres, un officiel se présenta. C’était le genre bon chic bon genre qu’on aime habituellement cogner sur Armada.

- Messieurs, nous sommes prêts. Nous avons huit participants en tout. Ce qui nous donne quatre premiers duels puis deux pour finir sur notre final ! Des questions ?
- Les règles ?
- Fin du duel au premier sang versé, le perdant est le touché évidemment.
- Et admettons que je vienne à verser le premier sang et la cervelle de mon adversaire en simultané ?
- Dommage pour lui... On va venir vous chercher un par un.

Et effectivement, on revint chercher l’homme en noir quelques minutes plus tard. Les trois autres attendirent une nouvelle fois, John prenant le parti de reboire histoire de passer le temps. Puis l’on vint cette fois-ci chercher Tom et le porteur de couteaux.

- A tout à l’heure John.
- Tâche de ne pas te faire tuer, histoire que je ne sois pas venu juste pour bailler aux corneilles…

De là où était John, on entendait qu’un murmure, on avait presque l’impression que le duel ne se passait pas à proximité tant c’était calme. Cela lui apparaissait presque surnaturel tant il était convaincu que le combat se tenait à proximité. Il commença donc à tâter un peu les parois de cette « salle d’attente ». Il se rendit vite compte qu’elle était comme capitonnée, pour que l’on évite d’entendre les bruits venant de l’extérieur. Probablement était-ce pour éviter de prendre des informations cruciales songea John. Ou alors il était simplement entré la tête la première dans un guet-apens et allait finir cuit à la broche, une pomme dans la bouche, devant des spectateurs aux gouts particuliers.

- Les informations cruciales… Pour sûr.

Monsieur bon-chic bon-genre émergea finalement du couloir et invita John à le suivre. Le tireur risqua bien quelques questions mais il n’eut pas davantage de réponses qu’auparavant. Une porte en bois massive fut ouverte pour lui et il déboucha directement dans l’arène. S’il avait pu écarquiller son œil droit, il l’aurait fait ! Une clameur incroyable s’éleva des gradins où l’on devait bien dénombrer trois à quatre milles pirates empoignant billets et tickets de paris. Mais ce qui choqua davantage John, c’était l’arène. Elle était aménagée au fond de la coque du navire et remplie de sable. Mais impossible pour lui de voir son adversaire, ni même le bout de la coque. Il y avait là un imbroglio de bois, de ferrailles, parfois des espaces d’eau ; bref l’arène était tout sauf une plaine vierge comme on aurait pu le penser. Et c’est alors que sans être annoncé une cloche sonna fortement. Aussitôt, une balle frôla la joue de John qui sauta instinctivement à plat ventre.

- Allons ! Qu’est-ce que c’est que ces manières !?

Mais une deuxième balle fila à proximité de ses fesses et il commença à ramper pour se mettre à couvert. Il se trouva bien vite le dos collé à une large série de rondins de bois. Il n’avait pas vu son adversaire encore, ce qui lui apparaissait d’une forfanterie incroyable. Probablement aurait-il dû davantage s’intéresser à son adversaire qu’à l’arène en elle-même : erreur de débutant.

Mais pas le temps de niaiser, voilà qu’une balle cette fois casse la corde qui tenait les rondins entre eux. Roulade pour s’en sortir, John se précipite derrière un nouvel obstacle. Entièrement couvert de sable, il expulse tant bien que mal la poignée qui s’est vicieusement insérée par sa joue béante. Finalement il dégaine ses deux flingues ce qui provoque une clameur dans l’assemblée. Le spectateur qui avait parié sur John commençait en effet craindre d’avoir choisi le mauvais cheval, lui qui non content d’être en mauvaise posture n’avait pas même pris la liberté de mettre une arme à la main.

Nouveau plongeon et voilà John solidement callé derrière un muret de pierre, devant lui un amoncellement de plaques métalliques. Passant les yeux machinalement devant lesdites plaques il croisa son reflet. Il y revint donc, heureux de trouver un moyen de voir ce qu’il se passe de l’autre côté de l’arène sans pour autant risquer de ramasser une balle dans le buffet. S’il y a bien un sens développé chez John, c’est la vue et en un rapide coup d’œil il parvient à trouver sa cible. C’est pour l’heure surtout une masse difforme mais il est en mesure d’identifier ce qui ressemble foutrement à un six coups.  

- Encore trois balles et ce cave est pour moi.

John planta son chapeau sur son revolver et le monta lentement au-dessus du muret. Une astuce extrêmement classique qui suscita quelques sifflements dans la foule. Mais le subterfuge fonctionna et une balle manqua de transpercer le chapeau. Cette fois-ci c’est l’arme d’Holliday qui s’actionna, une balle fut tirée vers les plaques métalliques. Celle-ci ricocha et se dirigea non loin sa cible provoquant l’étonnement du tireur adverse et l’intérêt du public.

Encore deux balles, deux précieuses balles à tirer.

Mais soudain, l’arène sembla se mettre en branle. Le sol tremblotait puis se fut comme le déluge. Du plafond commençait à être lancé une multitude de boulets à pics de la taille d’un homme. En tombant, ces boulets faisaient trembler toute l’arène. Le mur en pierre fut bientôt réduit en gravats et la couverture de John avec. Fort heureusement, son adversaire avait également été contraint de battre la retraite. Le pistolero avait suivi l’ombre de son adversaire et s’approchait donc d’un pas rapide. Sa cible s’était retranchée sous une sorte de pergola de fortune faites principalement de bois. Au-dessus, un boulet était difficilement maintenu par une corde.

BANG !

La balle déchira la corde et le boulet tomba droit sur la pergola. L’ombre sortit une nouvelle fois mais cette fois le boulet arracha une partie du bras de son adversaire. Premier sang versé, John rengaina son arme. Il plongea d’instinct lorsque son adversaire, un solide gaillard au sombrero de paille lui tira une nouvelle fois vers la figure.

John tenta bien de chercher un arbitre dans l’arène mais rien de cela ne semblait être prévu.

- Au premier sang versé ! Regarde ton bras imbécile, c’est pas du jus de tomates !

Mais l’homme avançait toujours et John, quelque peu furieux attrapa le reste de sa bouteille d’alcool, enfonça un chiffon dedans et se créa un petit cocktail Molotov. Il secoua la bouteille pour imbiber davantage le chiffon et y mit le feu à l’aide d’une allumette. Sans attendre il lança son explosif de fortune, arrivé à un mètre du sombrero, l’homme tira et explosa la bouteille avant qu’elle n’entre en contact avec lui. Il fut bien touché par quelques gerbes de feu mais ce n’était pas là le vrai danger. John sauta comme un diable hors de sa cachette, les yeux lançant des éclairs. Les deux revolvers se tournèrent l’un vers l’autre mais seul l’un des deux projeta une balle.

- ET SIX ! IDIOT !

Et la balle de John fracassa l’arme de son adversaire. Le gaillard mit les mains en l’air et la foule exulta une nouvelle fois comme si on venait de lui annoncer une réduction sur le prix du rhum. Cette fois un officiel se présenta.

- Au premier sang versé, directement par l’arme du duelliste.

John ne se le fit pas dire deux fois et cribla son adversaire de balles qui balança une dernière réplique.

- Caramba !

La foule était déchaînée et regarda son champion repartir conquérant mais râleur, il manqua de tirer sur l’arbitre qui le raccompagnait mais son arme était déchargée. Il se contenta donc de suivre avec son canon l’importun et d’actionner répétitivement son arme, clic, clic, clic, clic.


Dernière édition par John Henry Holliday le Sam 7 Avr 2018 - 19:21, édité 2 fois
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Impossible d’en savoir plus sur les autres duels, John avait été replacé dans une salle d’attente différente de la précédente. Celle-ci présentait une forte odeur de pied qui chatouillait les nasaux. John Henry pesta quelque peu.

- Ça sent le gouda, on se croirait dans la cuisine de l’usage modéré… … Ou sous l’aisselle de Wilson…  

Il ne fallut pas longtemps pour qu’il soit de nouveau introduit dans l’arène. Le décor avait complètement changé, tout avait été débarrassé et il n’y avait qu’une paroi transparente qui séparait la coque en deux. Cette fois John chercha son adversaire et tomba rapidement sur l’homme en noir qu’il avait rencontré au début de la compétition. L'homme en noir avait déjà dégainé et tira mais les balles s’écrasèrent sur la paroi transparente. Ils avaient placé les deux hommes à quelques centimètres l’un de l’autre mais pourtant séparé par cette paroi qui manifestement était infranchissable. Le mur transparent traversait le centre de l'arène et atteignait le sous-pont qui faisait office de plafond.

Mais après quelques secondes d’analyse, il se trouvait que la paroi ne remontait que jusqu’au trois-quarts de la coque. John fut cette fois plus prompt à comprendre la subtilité de cette épreuve et s’élança comme un étalon vers le bout de la paroi. L’homme en noir sur ses talons, ne sachant pas trop s’il fallait courir ou non. La foule assistait davantage à un concours de sprint qu’à une épreuve de tir mais il faut dire que plus personne, même John, n’espéraient voir un bon duel à l'ancienne dans cette arène. La coque était longue et il y avait donc une bonne distance à remonter. Dans le doute, les deux hommes tirèrent bien sur la paroi pour en tester la solidité à ce niveau, mais elle était tout aussi solide qu’à son extrémité.

Depuis le début de cette aventure, John eut enfin l’impression de tenir la corde. Il fut le premier au bout de la paroi et pouvait donc aligner l’homme un noir. C’était du véritable tir au lapin mais John manqua tout de même ces deux premiers tirs, l’homme était vif et John exténué. Finalement il manqua son troisième tir également.

- Allons ! Un enfant aligne mieux ses tirs à la kermesse, qu’est-ce encore que cette affaire !?

L’homme en noir affichait un air féroce, il était presque de l’autre côté également. Mais il chopa sur un faux plat et tomba la tête la première. Une seconde à peine et il était transpercé d’une balle. John était vainqueur, mais un vainqueur bien dépité.

- Honteux.


Dernière édition par John Henry Holliday le Sam 7 Avr 2018 - 19:27, édité 2 fois
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On ne l’invita pas à sortir cette fois-ci, la paroi fut avalée par le sol et des officiels s’approchèrent. Tom approchait également.

- John ! Tu es finaliste ?

- Ô non, je me suis simplement porté volontaire pour passer la serpillère.

L’un des officiels s’approcha.

- Messieurs, vous êtes les finalistes. Cette fois, pas de surprise, c’est un duel de rapidité. Vous démarrez l’un en face de l’autre à quinze pieds de distance. Vous attendez que l’aiguille face un tour de pendule et au gong vous faites feu.
- Quelle horloge ?

Mais il ne fut pas nécessaire de préciser. Une horloge massive faite dans un métal doré émergea du sable dans le même processus qui avait vu la paroi de verre engloutie.

- Et si l’un de nous deux, dans une forme de fébrilité, venait à tirer avant le gong ?
- Alors ce serait un tricheur. Il serait exécuté dans l’instant.
- Hm, ok.

Les officiels disparurent rapidement, et l’aiguille de l’horloge commença à faire le tour du cadran, lentement.

- Tu vois ça comment John ?
- Pas d’un très bon œil. J’étais venu t’aider, pas te tirer dessus.
- Et moi donc.
- Je vais tirer à côté, la prime a toujours été pour toi.
- Tu es sûr ?
- Ouais, ouais.
- Tu préfères que je te tire où ?
- M’effleurer la cuisse serait un beau geste.

L’aiguille avait presque fait le tour, le public était livide et extrêmement calme. Finalement elle termina son tour.

GOOOOOOOOOOOOOONG !

John dégaina largement le premier et tira à un centimètre à peine du pied droit de Tom. Tom tira à son tour, expression béate de vainqueur. Mais il toucha l’arme de John qui fila dans les airs. Puis il continua à tirer sur John ; jambe gauche, jambe droite, bras gauche, bras droit.

Holliday s’effondra sur le sol, un beau rictus de douleur sur la moitié du visage.

- Ouais, je sais bien, j’ai menti.
- Tu gagnais avec une seule balle !
- Ouais mais j’ai discuté avec l’usurier avant de partir. Il m’a dit qu’il miserait le paquet sur le fait que je planterai au moins une balle dans chaque membre lors de mon dernier duel.
- Mais putain, si ça n’avait pas été moi le dernier duelliste ??

Tom afficha un large sourire avant de s’approcher de l’oreille de John et de lui murmurer.

- Parce que tu crois vraiment que le mec en noir est tombé involontairement ? Ces gaillards sont des parieurs infortunés qui n'avaient pas trop le choix.

Alors John comprit la mascarade. Il se tourna vers les officiels souriants et la foule en délire. En fait, le spectacle était monté de toutes pièces et l’argent se faisait en réalité sur le dos d’un participant et des spectateurs.

Une colère indéfinissable s’insinua progressivement dans les veines de John qui était pourtant neutralisé. Il remontait au plus loin dans son esprit et se demandait si ce Tom n’avait pas été placé sur sa route depuis le début. Il se demandait si le mec aux dents en or était bel et bien un usurier. Il y avait de forte chance pour que tout se soit joué depuis le début ; il était le dindon de la farce et Armada risquait fortement de s’en souvenir.


Dernière édition par John Henry Holliday le Sam 7 Avr 2018 - 19:32, édité 3 fois
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La rumeur veut que la recette de la soirée fut énorme, John avait bien rempli son office. Les organisateurs s’émouvaient de voir qu’il était encore possible de trouver un mec suffisamment balèze pour faire bouger la foule, mais suffisamment niais pour se faire avoir de bout en bout.
John fut reconduit sur l’usage modéré de la force dans un brancard. Il fut hissé tant bien que mal par l’équipage qui le découvrit fortement blessé, une nouvelle fois. La première fois, c’était pour récupérer le chapeau de Red. On avait déjà bien à cette époque discuté de sa capacité à prendre ce genre de choses en mains ; mais cette fois il rentrait carrément bredouille, certains affirmant même qu’il avait jeté le discrédit sur Red et sur les mecs qui le suivaient encore. Les fronts étaient bas et Wilson lui-même semblait plus que mécontent.

- Tu t’es fait leurrer.
- Ouais…
- Non seulement t’es trop gentil pour ce cadran mais pour tout Armada. En plus de ça, t’as pas la carrure. Red se serait jamais fait avoir par ce genre de conneries ! Et si ça avait marché sur lui, il aurait enterré les escrocs avec leur arène à deux berrys. Si je devais pas protéger ce cuirassé ! HM ! J’descendrai moi-même botter le cul de ces imbéciles.
- Désolé Wilson, j’ai merdé.
- J’en ai rien à foutre de tes conneries. Tu nous as mis dans la merde. On va finir par se demander si les gars de la treizième qui trainent avec toi sont pas de sacrées lopettes et on va se retrouver avec un abordage sur les bras.
- …
- Je suis désolé vieux, je pensais que tu serais le prochain Red. Mais à mon avis t’es juste bon pour le prochain cercueil. Je peux pas te laisser rester. Tu seras soigné ici, et après chacun sa route.


Dernière édition par John Henry Holliday le Sam 7 Avr 2018 - 19:34, édité 3 fois
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Quelques semaines passèrent avant que John ne soit de nouveau complètement sur pied. Le flingueur avait pourtant passé une très mauvaise convalescence. Les mecs de la treizième ne lui adressaient plus la parole. On tolérait facilement la présence en dents de scie et l’absence de tâches pour John tant qu’on le considérait comme un vrai lieutenant de Red. Mais après le constat de sa faiblesse, plus personne ne souhaitait l’avoir dans son giron. De presque-dieu il était passé à paria.
Finalement John fut descendu de l’usage modéré. Bon nombre n’étaient même pas présents, ils avaient en sus appris que John avait survécu dans le Kraken grâce à l’activation du Pinguista de Red.

Wilson lui était là, il lui rendit ses flingues et lui donna une dernière accolade.

- Désolé vieux, sans Red on doit être sans pitié. Y’a pas la place pour les faibles sur ce rafiot.

C’était probablement la dernière insulte jetée à la gueule de John. Lorsqu’il posa pied à terre, il releva la tête pour voir au niveau du bastingage. Mais personne n’avait même penché la tête pour le voir partir.

John s’alluma une cigarette.

Il souffla sa fumée épaisse.

- Putain de merde, c’est la dernière fois que je me mets dans une telle galère.

Personne ne le savait encore, peut-être pas même John lui-même, mais cet évènement allait occasionner de grands bouleversements…
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