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On ne fuit pas. C'est une retraite stratégique.

    Nous étions là, dans les bras l’un de l’autre, à l’écart de Logue Town. Nous étions là, mais là-bas les cloches continuaient de sonner. Nous avions été repérés, mais il s’agissait d’une nécessité à nos retrouvailles, semblerait-il. Je ne regrettais rien. Enfin, du moment qu’il ne lui arrivait rien. Hélas, elle avait démontré un manque de prudence pour me sauver : elle avait été blessée à la jambe. Serais-je sa faiblesse ? Pourra-t-elle se battre convenablement ? Et moi qui n’avais pas combattu depuis des mois… Il valait mieux éviter le conflit direct.

    « Oui, ils recherchent Izya Tahgel et Reyson D. Anstis. Mais ils savent aussi mes capacités de métamorphose et se méfieront donc de tout individu. Nous sommes sur les Blues je te rappelle : une inconnue qui débarque en disant être parvenue à me voler ma lame, quand bien même elle en ressortirait avec une blessure à la jambe, te rendrait immédiatement suspecte. Les personnes qui en sont capables ne courent probablement pas les rues sur les Blues, et ils sont certainement déjà tous connus du gouvernement. Que ce soit leurs soldats ou des criminels. »

    Nous n’étions plus sur Armada ou Thriller Bark. Le niveau moyen de puissance était drastiquement plus bas ici, et il fallait élaborer nos plans en conséquence. Mais je lui souriais doucement à Izya. C’était une idée maladroite qui aurait fonctionné du temps où nous étions sur Grand Line, voire plus loin. Etait-ce parce qu’elle souhaitait coûte que coûte retourner à cette époque ? Une époque où nous étions ensemble, avec nos hauts et nos bas. Surtout nos bas. Mais ensemble.

    « Mais il est vrai que plus nous attendons, plus il y aura de marines près à nous accueillir… »

    Nous étions toujours dans les bras l’un de l’autre. L’un contre l’autre. Il nous fallait partir mais paradoxalement nous ne voulions pas relâcher cette étreinte. Comme si elle était éphémère. Comme si elle risquait de disparaître à tout jamais. Comme notre rencontre, nos retrouvailles. Comme si l’autre risquait de disparaître…

    « Je te propose deux plans dont un de secours. Primo : es-tu capables de créer des gros nuages dans le ciel ? Nous pourrions alors voler en leur sein et s’approcher ainsi du port. Là, nous reprendrons la règle ancestrale des pirates : si un trésor te plait, dérobe-le. Nous prendrons donc un navire par la force et fuirons le plus rapidement possible. Evidemment, il y aura des conflits plus ou moins importants, mais moins que si nous entrions simplement dans le tas.
    Deuxio : approchons nous au maximum de Logue Town sans se faire remarquer et attendons de voir un navire en mer. Même un vulgaire bateau de pêche : pour naviguer sur les Blues cela suffit amplement. Comme ça nous n’aurons pas la lutte au port, mais je crains que les marines n’aient fait revenir tous les navires en mer…
    Plan Z : dans le pire des cas, nous sommes tous deux capables de voler. Toi avec tes ailes et moi le geppou. Reverse Mountain est très haute, et loin, mais en faisant un relais, l’un portant l’autre qui se repose, c’est peut-être jouable. Peut-être seulement. D’où le fait de garder cette carte comme joker uniquement.
    Qu’en dis-tu ? »


    Toi qui voulais rester en vie, cette dernière ne nous laisser qu’une possibilité pour que nous le demeurions : nous devions retourner bourlinguer.
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Je réfléchis à ces plans un moment, laissant un silence s'installer entre nous. Je pourrais bien créer des nuage, mais les nuages restent de l'eau et à moins de voler au dessus, ça ne me semble que peu réalisable.

Son deuxième plan me parait mieux, d'autant plus que je ne crains pas vraiment les ennemis que nous rencontrerons en chemin. Seulement, il ne me convient pas non plus, tout comme le dernier. Car aucune de ces idées de nous fait repasser par l'hôtel où Mavis, un des membres de l'équipage qui m'a amené ici a posé mes affaires...

Je dois passer à Logue Town...

Rien ne m'avait permis d'imaginer un seul instant que j'allais retrouvé Reyson aussi vite. Alors en arrivant sur Logue Town, j'ai eu la bonne idée de chargé Mavis de posé tout à l'hôtel le plus côté de la ville tandis que je me procurais ma licence de chasseuse de primes. Et bien évidement, c'est en chemin entre le QG de la marine et mon hôtel que de l'agitation sur la grande place m'a intriguée et que je l'ai vu sur cet échafaud...
Ainsi, tous mes effets sont restés dans cette chambre surement luxueuse qui n'attend que moi. Et ce ne sont clairement pas des choses dont je peux me passer. Exemple : le Vital Denden d'Alina qui doit d'ailleurs avoir sonné toute la soirée tel que je la connais...

Alors je me cache, je me dérobe à son regard en collant mon visage sur son épaule. ça m'embête, je ne veux pas le forcer à me suivre s'il ne le veut pas.

Écoute. Au pire, on fait ton deuxième plan, il me semble mieux. Juste, j'irai vite récupérer mes affaires pendant que tu...

Je m'arrête de moi même. "Pendant que tu m'attends ?" signifie qu'il ne sera plus avec moi un temps. Un temps où n'importe quoi pourrais se produire, un temps où qui sait, peut être ne pourrons nous plus jamais nous revoir ?
Non, stop, c'est stupide. Bien sur qu'on se reverra, puisqu'on partira ensemble de cette île.

Mais malgré tout, ma peur persiste. C'est trop tôt, trop tôt pour qu'on se sépare à nouveau, ne serait-ce qu'un instant. Si seulement Mavis... Mavis ? C'est vrai qu'il était avec moi, il y a encore quelques heures. Peut être lui et le reste de l'équipage sont-ils encore ici ? Je les avais défendus de montrer le drapeau noir, avec un peu de chance, ils m'auront écoutée et m'attendent bien sagement ? J'ose y croire.

Relevant la tête comme piquée par cette idée brillante d'espoir, j'ose à nouveau regarder Reyson.

En fait, je suis arrivée sur Logue aujourd'hui même grâce à un équipage d'Armada. Il y a encore une chance pour qu'ils soient ici, et peut être même qu'ils pourraient récupérer mes affaires pour moi avant de nous ramener chez nous. Je sais bien qu'avec tous ces marines qui arrivent, il y a de fortes chances pour qu'ils soient partis, mais tant qu'on est pas sûr à 100% il nous reste un espoir.

Un espoir mince, mais présent et dont les chances diminuent à chaque secondes qui passent. Alors je me fais violence et mets fin à notre étreinte. Cependant, avant que notre contact prenne totalement fin, je lui attrape la main et glisse mes doigts entre les siens tout en avançant vers ma cape qui traîne un peu plus loin. Arrivant à sa hauteur, je la ramasse et la tend à Reyson.

Mets la, ça pourrait nous faire gagner quelques précieuses secondes au cas où les choses se corsent.

Je l'aide à la mettre et une fois les haillons camouflés, je le fixe un instant. Ce bref moment de paix est à présent terminé, maintenant, nous devons nous battre pour notre liberté.
Devenue dragon, je l'invite à grimper sur mon dos afin de pouvoir nous conduire au plus près de la cité sans nous faire repérer.


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    Elle devait passer à Logue Town. Etait-ce vraiment nécessaire ? Le danger nous attendait là-bas, bien qu’il soit relatif étant donné que nous nous trouvions sur les Blues. Mais du danger malgré tout. Un conflit certain. Mon destin me rattraperait-il si vite ? Mourra-t-elle, elle aussi, avant moi ? Je n’aimais pas cette idée, mais elle semblait tenir à ses affaires… Elle qui auparavant disait être prête à renoncer à sa couronne pour moi.

    Mais soit. J’étais déjà bien content de la retrouver. Izya me proposa sa cape. Une bonne initiative mais qui ne fera pas long feu. Cette cape sera comme un phare et les marines se jetteront sur moi pour vérifier la tenue qui se cachait dessous. Alors, je pourrais avoir toutes les apparences du monde, l’uniforme d’Impel Down ne les trompera pas. Et je craignais que la piste du nudisme ne passait pas non plus.

    « Comment comptes-tu communiquer avec eux ? »

    Nous devions les atteindre, physiquement parlant, au beau milieu de Logue Town. J’espérais vraiment que ses affaires en valaient la peine et qu’elle ne faisait pas tout ça pour du chocolat, qu’importe sa marque. Parce que je connaissais sa faiblesse. Sa gourmandise. Elle était parfois plus forte que son affection ou son amour. Hélas.

    « Attends. Si nous devons combattre, il vaut mieux être prêt. »

    Mes doigts se transformèrent en seringue que je plantai dans ma propre chair. Alors mes bras et mes jambes regagnèrent en volume. Disparu le Reyson rachitique qui se laissait dépérir depuis des mois et qui n’avait que la peau sur les os. Qui n’avait plus aucun muscle. Sauf que mon fruit était le dopage idéal, fruit de toutes les jalousies et les convoitises des plus grands bodybuilders. Une piqure et le corps redevenait comme avant. Musclé et puissant. Sans le vert et la colère nécessaire pour d’autres dopeurs en la matière.

    « Allons-y. »

    Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas touché ses écailles de dragon, et encore plus longtemps que je n’avais pas été sur son dos. Ainsi nous nous approchâmes de la ville où les cloches résonnaient de plus en plus forts. Ou était-ce simplement dû à notre approche de la source sonore ? Mais il y avait autre chose qui résonnait dans les airs. D’autres sons. Plus distincts. Presque compréhensibles. Des mots ? Portés par un mégascargophone ?

    « Ce message est adressé à Izya Tahgel et à Reyson D. Anstis. Nous tenons vos camarades pirates ! Rendez-vous sans faire d’histoire, sur la place de l’échafaud. Vous aviez une heure. Il ne vous reste que vingt minutes. »

    « ... La bonne nouvelle, c’est qu’ils ne sont pas encore partis. »
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Pourquoi ?! Pourquoi en sommes nous là !
Comment ?! Comment se sont-ils fait prendre ?!
Je leur avais pourtant dit de ne pas faire de vague, je leur avais dit de ne pas se dévoiler ! Ils devaient être sage, agir en civils disciplinés et... Et non, déjà ça, c'était trop demandé à des pirates. Bon sang, comment les sortir de là maintenant ? Parce qu'il est hors de question de les abandonner. Ils m'ont aidée, ils sont là pour moi, à cause de moi, et maintenant, ils se sont fait avoir parce que je me suis montrée.

Quand pourrais-je enfin agir sans provoquer une catastrophe pour les autres ?! Avec Reyson et son histoire de destin, je commence  me demander si j'en ai pas un aussi, de destin maudit... Un destin qui maudirait tous ceux qui m'aident. Où est-ce juste une nouvelle mise à l'épreuve ?
Si c'est le cas, je relèverai se défi, et j'en sortirai vainqueur. Il le faut.

Je n'ai pas le choix. Mais procédons par étape... Il nous reste vingt minutes pour agir. Donc vingt minutes de réflexions, vingt minutes de "libertée". Sans rien dire à Reyson, je change ma façon de voler. Je perds de l'altitude, rase le haut des maisons. Mon regard perçant jonche le sol, à l'affut du moindre mouvement, du moindre uniforme. La nuit est tombé sur l'île, mais la ville n'est pas encore endormie. J'avance plus lentement, très silencieusement, m'arrêtant parfois au dessus d'un toit.
Et finalement, l'hôtel est là.

Piquant vers le sol dans une ruelle sombre, et me transforme en ange au moment de mettre pied à terre, laissant doucement Reyson glissé de mon dos dans le même temps. L'attrapant par la main, je le tire avec moi vers le bord de la ruelle où je passe discrètement ma tête pour regarder si quelqu'un à remarqué mon atterrissage. A priori non. Alors je me tourne enfin vers lui qui une fois de plus me subit.

Écoute Reyson, mon hôtel est juste là, à deux rues. Je récupère mon sac et ensuite on va les sortir de ce merdier, d'accord ?

Son regard me fait clairement comprendre que ça ne l'enchante pas des masses.

J'peux pas les adandonner ! Ils sont dans cette situation à cause de moi ! J'ai pété un plomds quand je t'ai vu sur l'échafaud et j'ai fait n'importe quoi. C'est de ma faute si ils en sont là. Je dois faire quelque chose...

Même si c'est dangereux. Même si ça veut dire se battre encore et risquer nos vies. Même si c'est après avoir récupérer mon sac. Parce qu'une fois qu'on aura commencer, on ne pourra plus revenir en arrière, ma fausse identité risque d'être découverte, et nous devrons surement fuir l'île à toutes jambes.

"Ce message est adressé à Izya Tahgel et à Reyson D. Anstis. Nous tenons vos camarades pirates ! Rendez-vous sans faire d’histoire, sur la place de l’échafaud. Vous aviez une heure. Il ne vous reste que dix minutes."

Ce message me vrille les tympans et me glace le sang. D'un coup, je fais volte face et court dans la direction de l'hôtel en tirant Reyson derrière moi. J'espère juste qu'il va penser à changer d'apparence avant qu'on franchisse les portes d'entrées.

Bonsoir Madame, bonsoir Monsieur.
J'ai. réservé. chambre. Séléna Amnel.

Le souffle court, j'arrive à peine à trouver mes mots. L'hôtesse nous regarde sans nous regarder, moi pour ma part, je regarde le sol tout en reprenant mon souffle.

Ah. Oui. C'est la chambre 812. Au huitième et dernier étage. Tenez, votre clé. En espérant que vous passerez un bon séjour parmi nous.
Merci.

Tenant toujours Reyson par la main, j'attrape la clé posé sur le comptoir de l'autre et file à l'ascenseur. Et tandis que notre précieux temps défile, la machine, elle, n'est pas pressée. Mon pieds s'agite, mon impatience gronde en moi.
Et si on n'y arrivait pas ?

Non. L'échec n'est pas une de nos options. Nous ne pouvons que réussir. Il le faut !


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    « Ne t’ai-je pas demandé de ne pas te mettre en danger ? Ce sont des pirates. Et nous aussi. Il nous faut respecter le code en bons pirates que nous sommes : celui qui n’est pas à sa place, reste sur place. »

    Mais mon discours ne semblait pas vraiment la convaincre. Alors nous voilà devant l’ascenseur à attendre. Le calme avant la tempête. Ma dernière chance de la persuader de nous en aller. Mais je la connaissais, hélas. Je savais qu’elle ne reviendrait pas sur sa décision. Etait-ce son côté reine qui l’obligeait à se préoccuper de son « peuple » ? Des siens ? Je devinais la suite : après qu’elle ait récupéré ses affaires. Elle voudra aller sur la grande place. Elle voudra lutter et mon destin la rattrapera pour me remettre au point de départ.

    Non, cette fois je ne laisserais pas les choses se dérouler comme Il l’avait prévu. Elle ne mourra pas. Pas cette fois.

    « Pardonne-moi. »

    Je lâchai sa main et me mis à courir vers l’entrée de l’hôtel. Ma course fit tomber le capuchon de la cape, dévoilant mon visage qui redevenait celui du fameux pirate recherché. Aussitôt dehors, je bondis dans les airs et me dirigeai vers la place de l’échafaud, le fourreau de Shusui dans ma main. J’allais régler cette affaire avant qu’Izya ne les récupèrent. Ses affaires.

    Mais j’étais loin de me douter qu’au dernier étage de l’hôtel, un petit contingent de soldats attendait déjà Izya de pied ferme. Comment savaient-ils ? Simple : leur appât était ceux qui avaient transporté les affaires de la dragonne jusqu’à cet hôtel et ils respectaient le code des pirates à la lettre. Eux.
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Reyson, non !

Trop tard, il me lâche au moment même où la grille de l'ascenseur se referme sur moi, me piégeant à l'intérieur, obligée de le regarder s'éloigner de moi sans pouvoir le suivre. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas simplement rester auprès de moi ? Je lui ai promis de rester toujours à ses côtés et voilà qu'il part seul. Mes mains se crispent sur la grille tandis que le mécanisme de montée se déclenche. Si je le voulais vraiment, je pourrais tout arraché et le rattraper, grillant ma dernière couverture au passage.

Si je le voulais vraiment... Mais le Denden qui me lie à Alina, à mon peuple, est là-haut. Alors je serre les dents et patiente dans cette cage mouvante. Je suis en colère. Après moi, après lui, après le destin. Pourquoi faut-il que tout dérape toujours lorsque je suis avec lui ?

Finalement, je souris. C'est bien pour ça aussi que je l'aime. A ces côtés, la vie n'est en rien un long fleuve tranquille, et je pense que même si on le voulait, nous serions incapable de nous retenir. Il aime trop la piraterie, j'aime trop la liberté. Nous sommes fait pour vivre dans le danger. Alors je sais où je le retrouverai.

Me redressant, je fais mon possible pour prendre une expression neutre. Je ne sais pas qui je pourrais croiser dans l'hôtel mais ce que je sais c'est que plus vite je récupérerai mon sac, et plus vite je pourrais rejoindre Reyson. Je dois donc rester stoïc un maximum. Peut importe ce qu'il se présentera devant moi.

Et tandis que l'ascenseur atteint enfin le dernier étage, je les vois, ces marines attendant devant l'entrée. Attendant que je fasse mon entrée... Mais je suis blonde aux yeux bleus, je crois encore à mon anonymat...

*PAN*

Une balle se loge dans mon épaule gauche, me surprenant tout en me faisant pivoter sous l'impact. Reyson m'ayant injecté des hormones contre la douleur, je ne la ressens pas vraiment, mais je sais que je perds du sang. Avant qu'une seconde balle viennent se loger dans mon corps, je dégaine Narnak et les pare de sa lame, tandis qu'Argument Décisif vient renforcé ma défense en dansant au mieux dans ma main gauche.

D'un soru, je passe dans le dos du soldat le plus proche et lui tranche la colonne vertébrale. Narnak semble revivre dans ma main grâce au goût du sang de nos ennemis. Qu'il profite, je n'aime pas ce genre de boucherie mais lorsque je suis contrainte de m'y plier, je suis sans pitié.

D'un geste souple, je bascule sur le côté pour esquiver une autre salve de balle. Un des cinq soldats restant arrive à ma hauteur et tente de m'embrocher sur sa lame. Je pars avec Argument Décisif, et continue mon mouvement d'esquive en envoyant mon genoux en plein dans les côtes de mon agresseur. Le souffle court, il n'a pas le temps d'esquiver Narnak qui vient lui transpercer le cœur sans autre forme de procès. Et alors que le corps glisse inerte au bout de mon meitou, je réalise un soru qui me positionne juste entre les quatre autres marines cachés derrières des gros sacs au milieu du long couloir. Adoptant ma forme hybride épineuse, ma longue queue s'enroule autour d'un des soldats tandis que la pince qui la termine menace un deuxième et que mes deux lames finissent de pressuriser mes deux autres ennemis.

Qui vous a dit ?
L'un des pirates qu'on a capturé...

Mon regard se noircit. J'ai été trahie. Trahie par ceux-là même que je m'apprêtais à sauver. Trahie par de maudits pirates. Qu'importe mes cheveux, qu'importe mon scénario, ces pirates n'ont pas été foutu de se tenir, et encore moins de tenir leurs langues. Ils me dégoûtent tellement...
Sous la colère, mes sabres se plantent dans la gorge de mes ennemis et la pince tranchante de ma queue se referme sur le cou qu'elle tenait. Il ne reste maintenant plus qu'un soldat vivant.

La vue de tout ce sang me ramène soudain à moi. Pourquoi faut-il toujours en arriver là ?

Vous êtes stupide d'être venu ce soir. Comme si vous pouviez m'arrêter... Allez, file de là et tâche de ne pas me faire changer d'avis sur ton compte.

Je le libère de mon étreinte tout en redevenant ange et le laisse détaler comme un lapin sans même le regarder. Un moment, je regarde la pointe ensanglanté de Narnak. Ce sabre aime le sang, c'est pour ce la qu'il était si bien avec mon père... Est-ce lui qui me fait commettre ces meurtres sans plus de scrupule ? Je l'ignore. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir maintenant. Enjambant les cadavres, je gagne ma chambre où mon sac m'attend sagement. Les marines n'ont pas du réaliser l'importance de mes effets, car tout est là bien qu'un peu retourné.

Je ne ramasse que le plus important et balance cela sur mon épaule. Une douleur me lance sous ce geste. Les hormones perdent en efficacité. Bientôt, je risque d'avoir du mal à marcher et à me battre. Le temps m'est compté.

Me transformant en dragon, je fonce par la fenêtre : direction l'échafaud où je compte bien retrouver Reyson, et cette fois, nous ne nous quitterons plus.


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    Bond après bond, je voguais dans les airs en direction de la place aussi vite que je le pouvais. Je devais terminer tout ça avant qu’Izya ne me rejoignait. Ce qui ne me laissait pas énormément de temps, hélas. Je retirais la cape tout en me déplaçant, pour être plus libre de mes mouvements au moment de combattre.

    Ainsi, j’atterris accroupi au beau milieu de la place, non loin de l’échafaud dont le feu était éteint mais qui avait nettement besoin d’être remis à neuf. Peut-être le changeait-il à chaque incident du genre ? Etait-ce vraiment celui qui avait vu la dernière heure de Gold D. Roger ? Mais je divaguais.

    Là, tout autour de la place, il y avait plusieurs centaines de soldats. Au sol mais aussi dans les bâtiments avoisinants, aux fenêtres et sur les toits. D’innombrables fusils pointaient dans ma direction tandis que je me redressais doucement.

    « Je ne souhaite pas me battre. Libérez-les et il ne vous sera fait aucun mal. Libérez-les et nous nous en irons sagement sans faire d’histoire. »

    Ils étaient là, au pied des restes de l’échafaud, à genoux et pieds et poings liés. Je ne connaissais aucun de leur visage, mais Izya voulait les sauver, alors j’étais là pour ça.

    « Posez votre arme et les mains en l’air ! »

    Je levais les mains, Shusui dans son fourreau et dans la gauche. Je fixais les soldats autour des pirates capturés. Ils ne tremblaient pas. Pas encore tout du moins. Etait-ce parce qu’ils avaient même eu le temps de dépêcher des canons jusqu’ici ? Tous braqués sur moi, évidemment.

    « Dans votre intérêt, je vous conseille de les relâcher immédiatement… »
    « J’ai dit posez votre arme ! »


    Ils ne semblaient pas m’écouter. Je soupirais alors, rebaissant mes mains et faisant un pas dans leur direction. Aussitôt, l’un des canons fit feu. D’un geste vif, je tranchais le boulet verticalement avec Shusui toujours rangée, mais je dus malgré tout pencher la tête sur le côté pour éviter l’un des débris du projectile. Il semblerait que des mois d’absence de pratique m’avaient ramolli quelque peu. Au moins, ils avaient eu le mérite de stopper mon avancé.

    « Dernier avertissement… »
    « Posez votre arme ! »


    Les deux mains sur ma lame, je la sortis doucement de son fourreau en soutenant le regard des soldats qui me faisaient face.

    « Si vous la voulez autant, venez la chercher. »

    Aussitôt la place devint un brouhaha cacophonique sans nom. Les fusils et les canons tirèrent à l’unisson. Je bondis vivement dans les airs pour éviter ces attaques venant de toute part. Les projectiles percutèrent le sol, peu avant les rangées de soldats opposés. Ils avaient prévu leurs tirs pour éviter les feux alliés, mais ce remue-ménage souleva malgré tout pas mal de poussière qui brouilla légèrement leur vue. Deux gestes vifs : deux lames d’air fusèrent de part et d’autre de l’échafaud, délimitant la zone comprenant les pirates captifs et plusieurs soldats. Les entailles creusèrent profondément le sol, et bien sûr du sang s’y écoulait : je n’avais pu tous les éviter étant donné leur nombre. A présent, certains d’entre eux se mirent à trembler.

    « Relâchez-les ou la prochaine pourrait très bien vous faucher ! »


    Mais ils n’abdiquèrent pas pour autant, croyant fermement en la justice qu’ils représentaient. En l’injustice en réalité. Ou bien était-ce juste d’avoir construit Impel Down et de nous torturer jusqu’à la mort ? Ils étaient de braves soldats, mais ils se trouvaient dans le mauvais camp.

    « Rendez-vous où nous tuons vos amis ! »


    Hum… J’hésitais un instant. Non pas à me rendre mais à l’inverse : ils n’étaient pas mes amis. Hélas Izya m’en voudrait pour ça. Et elle n’allait pas tarder à débarquer… Je devais en finir rapidement. Là-bas, en direction de l’hôtel, je crus apercevoir un point rouge s’élever dans les airs. Déjà ? Une balle me transperça le flan, sanctionnant mon manque d’attention et me rappelant à l’ordre. Voilà trop longtemps que je n’avais pas combattu… Alors je levais une nouvelle fois ma lame, mais des soldats braquèrent aussitôt leurs fusils sur les captifs.

    « Allez en enfer ! »

    Tous les soldats avoisinants les prisonniers tombèrent aussitôt en pâmoison, la bave aux lèvres tandis que j’atterrissais une nouvelle fois au centre de la place. Une main appliquée sur le flan, l’autre autour de Shusui, je demeurais droit et me remis à avancer vers les otages.

    « Ne bougez plus et je vous laisserais la vie sauve ! »


    Tout autour, les soldats m’avaient encore dans le viseur, mais le silence avait regagné momentanément la place. Je fis un pas vers les pirates agenouillés au milieu d’une troupe inconsciente. Aucune réaction. Je fis alors un autre pas. Toujours rien. Puis un autre. Avaient-ils compris le message ? Un goutte de sang glissa entre mes doigts et chuta au sol. Une infime goutte qui suffit à changer la tendance : j’étais faillible. Un premier tir se produisit, que je parais de ma lame. Mais ce tir mit les feux aux poudres et la réaction en chaîne s’ensuivit : tous reprirent l’assaut.

    « Rien n’a changé. »

    C’était toujours la même affaire. Le même combat. Pirates contre soldats. Soldats contre pirates. Armes au poing, affrontement, sang et mort. Surtout la mort. Mais cette fois mon destin ne me rattrapera pas. Izya ne me sera pas prise. Alors je continuais d’avancer dans la fumée provoquée par tous les tirs et les explosions. Je ne ressentais ni les balles ni les boulets de canon. Le sol craquelait tout autour, se fissurait, mais je poursuivais ma marche dans ce chaos sonore. Je savais où aller désormais. Je savais quoi faire.

    Les bruits s’estompèrent momentanément, le temps que la fumée se dissipait. Mais les soldats ne virent qu’un pirate toujours debout, qui progressait inlassablement sa route vers son objectif. Sa main ne supportait plus son flan. Ce dernier ne gouttait plus. Sa peau était de noir. Comme la lame qu’il leva au ciel avant de la rabattre sur les chaînes des captifs.

    Face à l’échafaud, je n’étais plus là pour attendre la mort. J’étais là pour la combattre une nouvelle fois. J’étais là pour vivre. Pour obtenir le droit d’être aux côtés de la Reine Dragonne. Alors je volerais ce droit. Ces soldats ne me la retireront pas…
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Un instant je regarde ce déluge de balles devant moi. Un instant je regarde ces attaques concentrés sur un seul point, sur un seul homme...
Reyson.

Ses hormones ont cessé d'apaiser mes blessures, et malgré cela, en cet instant précis, ce n'est pas ma jambe qui me lance, ni même mon bras mais bien mon ventre. Mon ventre qui se noue, se tord sous l'angoisse. Est-ce finalement son choix ? N'avais-je pas réussi à le faire changer d'avis, à lui donner cette envie de vivre avec moi ?

Sur ce toit où je me suis posée, d'où je regarde cette funeste scène, la peur me fige. Mon corps tremble, je ne veux pas le croire. J'avais réussi, j'en suis sûre ! J'avais lu dans ses yeux, j'avais senti son cœur battre !

La pluie de balle s'arrête enfin et la fumée se dissipe. Ma respiration se bloque. Vais-je de nouveau voir le cadavre gisant d'un être cher ?
Non.

Il est là, droit comme un i, tenant Shusui dans sa main, le corps noir de Haki. Je respire de nouveau. Mon angoisse s'envole. Reyson est fort, je n'en ai jamais douté. Et il veut vivre, je ne l'ai pas rêvé. Mon corps se débloque, mes muscles se détendent : nous allons nous en sortir, ensemble.

Je reprends mon vol pour descendre à ces côtés mais très vite je m'arrête. Il est parti devant parce qu'il avait peur pour ma vie, et plus tôt il a voulu me faire promettre de ne pas me mettre en danger. Alors aujourd'hui, pour lui, je n'irai pas au front. Je me contenterai de l'épauler et de le soutenir de loin. Je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi, je ne veux pas le distraire.

Mais je ne peux pas non plus rien faire !

Tandis qu'il se bat au sol, je vois des soldats le viser depuis les toits. Ceux-là, ils sont pour moi ! Rapidement, je me dirige vers ces marines aux fenêtres des bâtiments entourant la place et crée une guirlande de nuage de foudre à leur hauteur en passant devant chacun d'eux, les grillant immédiatement. En réponse, ceux n'ayant pas encore eu droit à ce traitement me cible et tire. Virevoltant entre les balles, je continue mon oeuvre et très vite la place se retrouve cernée par des nuages d'orages.

Mais le flot de soldat ne semble pas se tarir. N'aimant pas particulièrement les massacres, je décide d'intervenir pour que nous puissions prendre notre retraite au plus vite. Me plaçant au bord de la place, survolant les combats terrestres, je laisse sortir un brouillard épais de ma gueule et me déplace jusqu'à ce que tout le champs de bataille soit recouvert d'un épais nuage de brume. Ayant préalablement repéré Reyson, je le rejoins et me pose près de lui, happant un soldat qui osait lever son arme pour l'attaquer et le jetant plus loin, une maque de morsure lui parcourant tout le ventre.

On perd du temps ! Grimpe et filons d'ici !

Une fois Reyson sur mon dos, je me dirige vers là où était les pirates emprisonnés. Mais ce ne sont que des chaines brisées et laissées à l'abandon que je trouve. Une fois de plus, ils ne m'ont pas attendue. Est-ce un mal pour un bien ? Je l'ignore. J'espère pour eux, car sinon cette fois, ils seront laissés sur place. Laissant échapper un grognement de mécontentement, je décolle et prends la direction du port où j'espère vraiment les trouver entrain d'appareiller pour nous faire partir de là...


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    Sur son dos, nous nous dirigeâmes en direction du port. Le calme après la tempête et la chute d’adrénaline, je sentais de nouveau ma blessure dans l’aine, mais une piqure hormonale me la fit vite oublier.

    « Ca va toi ? Je croyais que tu devais rester hors de danger ! »

    Plus bas, dans les rues de Logue Town, nous pûmes voir les pirates captifs courir vers leur navire eux aussi. Il ne semblait pas y avoir d’obstacles sur leur chemin, sauf au niveau du port en lui-même… Là, sur les quais, un nouveau régiment de soldats attendait sagement. Pourquoi ? Au cas où nous ne serions pas allés à la rescousse de nos confrères et que nous nous contenterions de fuir. Un beau contingent de marines alignés, faisant face vers la ville au cas où les dangereux pirates arrivaient par là.

    Derrière eux, des navires en tout genre. Ceux des civils notamment. Mais plus loin, en mer, ils avaient formé un véritable barrage avec des navires de la marine. Ils n’étaient peut-être pas aussi forts que sur Grand Line, mais ils étaient tout aussi stratège. Et ici, les manœuvres étaient bien plus simples à appliquer…

    Que faire ? Le ménage parmi les soldats et prendre un navire ? Hélas, ce dernier se fera canarder par le barrage sitôt que nous quitterons le port. Voguer jusqu’aux bâtiments de la marine pour leur en prendre un là-bas ? Ce serait le plus judicieux pour nous. Le moins risqué aussi. Néanmoins, cela signifierait abandonner nos confrères plus bas. Ceux-là même qu’Izya souhaitait sauver…

    « Faut-il vraiment les secourir ? Ne me dis pas qu’ils ont une vivre card pour Armada sur eux ? Sinon, faisons ce qui fait qu’un pirate est un pirate : abordons un navire ! »

    Les premiers tirs fusèrent dans notre direction. La pause fut de courte durée…
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Je t'ai promis de te suivre, si tu fonces dans le danger, forcement, j'y vais aussi ! Mais ne t'en fais pas, j'ai connu bien pire.

Mon épaule et ma jambe me lancent de plus en plus et bien que ma jambe ait cessé de saigner, ce n'est pas le cas de ma récente blessure à l'épaule. Mais comparé à ce que j'ai vécu à Stymphale ou même à Impel Down, ce n'est vraiment qu'une petite égratignure.

Dessous nous il y a l'entrée du port où de vaillants soldats attendent l'ennemi... Dois-je les empêcher de se battre contre les pirates qui m'ont conduite ici ? Je ne sais pas trop, après tout ce sont ces mêmes pirates qui m'ont vendue à la marine et qui ne m'ont pas attendue lorsque je venais les délivrer. Ils n'ont clairement aucune confiance en moi et ne souhaitent pas que je leur fasse confiance à mon tour.
A vrai dire, je me sens trahie, et je n'aime pas ça.

Non, ils m'ont déjà trahie, ils méritent pas ma sympathie...

Ignorant la part de moi qui s'en veut de les abandonner là, je fonce vers la mer en direction des navires qui encerclent l'île. De bon navire, tous lourdement armés. Et tandis que je m'approche d'un pris au hasard dans le tas, nous commençons à recevoir l'accueil chaleureux qu'ils nous ont préparé.

Accroche toi !

Exécutant des prouesses acrobatiques, j'esquive les boulets de canons qui nous arrivent dessus. Et lorsque nous sommes trop près pour pouvoir tout éviter, j'en renvois quelques uns à l'envoyeur d'un coup de queue chargé de Haki. Sur mon dos, je sens Reyson s'agiter et je peux voir des lames d'air se diriger vers nos opposants. Son aide me permet de détacher une partie de ma concentration vers mes pattes qui tournent l'une devant l'autre en sens contraire. Lentement, je sens la force des vents grandir entre mes griffes. Continuant d'esquiver et d'avancer, je prépare une petite tornade qui risque bien de semer la zizanie. Ce n'est qu'une fois que je suis à moins de dix mètres du bateau que je vise que je lâche mon mini déchaînement climatique sur l'un des navire voisins.

La tornade commence son office, montrant sa rage, détruisant un navire entier et continuant sa route vers les autres, arrachant planches et poutres des vaisseaux de la marine. Des cris s'élèvent de sa direction, on peut observé des soldats coincés dans le courant ascendant.

Tu t'occupes d'aborder celui là pendant que j'éblouie les autres ?

C'est lui le pirate et moi la reine. Ces rôles nous vont bien, non ?
Je le laisse donc descendre de mon dos pour rejoindre notre futur navire tandis que je me dirige vers le vaisseau d'à côté qui ne s'est pas pris de tornade. Sentant le feu qui brûle en moi, au fond de mes tripes, je le fais remonter jusqu'à ma gueule et le laisse se déverser sur nos ennemis. Les flammes atteignent leur cible, le navire se met à brûler sur toute sa largueur au centre du pont, et tandis que certains marines courent pour éteindre l'incendie, d'autres me canardent et m'oblige à prendre de l'altitude.

Mais les pauvres ne sont pas au bout de leur peine...

Car je prends soin de laisser derrière moi une traîné de nuage d'orage, chargé d'électricité. Faisant un sublime looping, je change de direction et charge un éclair dans ma gueule pour le diriger vers le vaisseau. L'éclair appelant l'éclair, ma traîné de nuage déverse son flot de colère sur ma cible. Sous ces attaques, le bois craque, se fissure et se brise. Comme coupé en deux, le navire commence à sombrer dans l'eau qui vient éteindre les flammes continuant de consumer le bois jusqu'à ce qu'elle les engloutissent dans les profondeurs de la mer.

La menace directe étant éliminer, je survole rapidement les autres navires de la barrière et crache mes flammes brûlantes sur chacun d'eux, aussi bien à l'aller qu'au retour.

Celui qui me ramène auprès de Reyson.


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    Une fois sur le fameux navire, je regardais simplement autour de moi. Tous ces soldats portant l’uniforme et qui braquèrent encore une fois leur fusil dans ma direction, alors qu’autour d’eux les autres bâtiments prenaient feu, subissaient les vents et la foudre. Avaient-ils compris où nous voulions en venir ?

    « Que tous ceux qui tiennent à la vie sautent à l’eau. Dernier avertissement. »

    Sur la grande place aussi j’avais dit ça : dernier avertissement. Quoiqu’étant donné le carnage des navires avoisinants, peut-être seront-ils plus disciplinés cette fois ? Je vis un homme sauter par-dessus bord. Mais c’était tout. Probablement la jeune recrue de l’équipage…

    « Rien ne change jamais… »

    Même scénario que sur la place de l’échafaud, à la différence près que je devais me contenir ici. Si je venais à détruire le champ de bataille, nous risquions d’avoir du mal pour la suite… Et comme je me trouvais au centre du pont, eux aussi ne pouvaient pas faire comme ils l’entendaient, de peur des tirs croisés. Alors ils prirent leurs armes au corps à corps et fendirent sur moi. Je me contentais de me défendre, de parader leurs assauts assez fort pour les repousser au loin. Au dessus du bastingage.

    « Un homme à la mer. »

    Et un autre. Et un autre… Il pleuvait des hommes. Heureusement, j’avais dopé mes muscles pour être plus rapide et ainsi pouvoir les contenir sans trop de difficulté, mais je n’en renvoyais que quelques-uns par échange et leur nombre ne semblait pas faiblir. Doucement, la fatigue prenait le dessus et quelques éraflures apparaissaient ci et là, sur mes bras et mes jambes. Je n’étais plus aussi endurant qu’auparavant.

    Plus aussi patient non plus.

    « Assez ! »

    Une aura royale mit fin au conflit et tous tombèrent sans exception. Je m’adossais au bastingage derrière moi : ils m’avaient plutôt bien acculé. Je retrouvais doucement mon souffle en me demandant comment je pouvais être aussi fatigué. Ce n’était définitivement pas comme avant. L’âge peut-être ? Non, simplement tous ces mois à me laisser dépérir. Soit. Je regardais derrière moi, vers Izya. J’avais encore un peu de temps avant qu’elle ne finisse de son côté.

    « Et d’autres hommes à la mer… »


    Dommage que je n’avais pas ma canne, cela faisait longtemps que je n’avais pas mangé de roi des mers…

    Lorsque la dragonne revint, il me restait encore une dizaine de corps inconscient à jeter par-dessus bord.

    « Je termine le ménage. Mets le cap sur Grand Line. »
    « Non, laisse, je vais le faire, occupes toi du cap plutôt. »
    répondit-elle en ramassant quatre corps en même temps, un dans chaque patte, comme pour prouver sa meilleure efficacité dans le domaine. Soit.
    « Le cap et la barre d’accord. Mais retires le frein d’abord et je m’occupe du reste. »
    « Le frein ? Quel frein ? Je crois pas qu’il y ait de frein sur ce navire... »

    Faisait-elle exprès de ne pas comprendre ?
    « Bah ce qui fait qu’il est à l’arrêt. L’encre et tout ça. Fais le démarrer et je dirige. »
    « Ah, oui si tu veux, mais bon, tu peux pas le faire toi ? »

    Faisait-elle exprès de nous faire perdre du temps ?
    « Je pourrais mais c’est pas vraiment la même chose que sur une barque… »
    Elle s'arrêta et me regarda d'un air perplexe.
    « Euh, tu veux dire que tu sais pas naviguer autre chose qu’une barque ? »
    Pour qui me prenait-elle ?
    « Bien sûr que si ! Les barques, les radeaux, les canoés, … Tout ce qui peut se faire avec une paire de rames de manière générale. Du coup, tu nous fais démarrer ? Tenir la barre je sais faire aussi. »
    C’est pas bien compliqué de tourner une roue.
    « Ah mais oui mais non ! Moi si je demande toujours à des équipages d’Armada de me conduire où je veux, c’est bien parce que j’y connais rien en navigation ! Du coup non, je sais pas démarrer ce truc moi ! »
    « Mais tu es une pirate non ? Tu devrais savo… Ouais attends, j’en suis un aussi, mauvais argument... Donc… »


    Donc ce plan était voué à l'échec dès le départ ?
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On est beau, là, tous les deux, sur ce navire où toutes les autres âmes sont assommées et destinées à rejoindre Davy Jones, ou Logue Town à la nage si elles se réveillent...

On doit y retourner récupérer les autres ? Ou souffle dans ces voiles avec ton vent, ça devrait suffire non ?
Oula... mon vent ? Je sais le créer mais après il va où il veut... et regarde les dégâts qu’il a fait ! Non, vraiment trop dangereux... du coup, ouais, faut aller les chercher, ouais... Tu veux venir ou tu gardes le navire ?

Le mieux serait qu'il le garde, parce que si les marines décident de le reprendre pendant qu'on est pas dessus pour se carapater avec, ça risque ne nous faire perdre encore plus de temps, d'autant que je pourrais pas voler après un navire avec une dizaine d'hommes sur le dos pendant très longtemps.

Attends, j’ai une meilleure idée ! Non, ne lance pas ce soldat. Donne-lui quelques claques pour qu’il se réveille. Je suis certain qu’il se fera une joie immense à nous expliquer comment mettre ce tas de bois en route. Fais lui ton plus beau sourire, il ne pourra pas résister.
Euh, d'accord, si tu y tiens...

Je repose le soldat que je tiens dans ma patte qui redevient main en même temps que je redeviens ange et commence à tapoter doucement les joues de cet homme pour tenter de le réveiller en douceur. Le soucis c'est qu'il est bien assommé. Jetant un coup d’œil à Reyson pour avoir confirmation que c'est bien ce qu'il veut, je commence à lui mettre des baffes vachement moins douces.
Toujours pas réveillé.

Je lance un dernier regard furtif à Reyson : il attend. Bon, soit, il l'aura voulu ! Chargeant un mini nuage d'éclair dans ma main, je le colle sur la poitrine du soldat que je maintiens. Parcouru de ce choc électrique, tout son corps se tend et une fois la décharge passé, il ouvre enfin les yeux, les cheveux droits sur sa tête, comme réveillé d'un profond sommeil.

Hein ? Quoi ? Quesquispasse?
Là, là, doucement, calmez vous d'accord, je crois bien que vous vous êtes évanouie quelques minutes. Mais tout va bien, d'accord?

Il me regard un instant, fronce les sourcils en tentant de se remémorer ses derniers souvenirs, regarde un instant son environnement, les deux autres corps de ses collègues qu'on a pas encore passé par dessus le garde fou, puis son regard revient à moi, à mes yeux, mon visage, mon cou, mon collier.

Hi.

Stupeur, frayeur, l'homme devient livide.

Hé là... ça va j'ai dit, je ne vous ferais pas de mal. Tout va bien, d'accord?

Comme Reyson me l'a demandé, je lui souris pour le rassurer. Il manquerai plus qu'il retombe dans les pommes... Ma voix et ma douceur à l'air de le détendre. Bon, on va peut être pouvoir démarrer.

Bon, écoutez, heu, votre nom c'est?
Bernard
Bernard... Écoutez Bernard, on a besoin de vous. J'ai besoin de vous Bernard, vraiment. Est-ce que vous voulez bien m'aider?
Euh... Bah... Euh... Je sais pas... Euh...

Il s'agite, là, assis devant moi. Une nouvelle fois, il regarde de tous les côtés, allant même jusqu'à regarder dans son dos, jusqu'à regarder Reyson appuyé sur le garde fou, une main posé sur la garde de Shusui et la mine sombre.
Mais sous l'agitation de Bernard, je me dois de le recentrer sur moi et ma demande. Alors je lui attrape les deux mains dans les miennes et les tiens face à moi.

Mais si, vous le pouvez, je suis sure que vous le pouvez Bernard. Ce n'est pas compliqué, tout ce qu'on veut, ce que je veux, c'est partir d'ici. Vous comprenez Bernard ? Nous devons partir. Mais je vous demande pas de partir avec nous, Bernard, non, vous n'y êtes pas obligé si vous ne le souhaitez pas. Juste, j'aimerai votre aide pour démarrer ce navire, vous voyez ? Après on se débrouillera Bernard, il nous faut juste cette petite aide, une simple explication suffirait, vous êtes d'accord Bernard ? Vous allez m'aider, n'est ce pas ?

Il me regarde dans les yeux, presque hypnotisé par ma demande. Et lorsque j'attends enfin sa réponse, elle ne vient pas. Le pauvre semble perdu, au bord des larmes.

Bernard?
Je... Je suis désolé... snif Je... Je voudrais vous aider mais... mais...
Mais quoi Bernard ? Quoi?

Mon ton est plus sec, ma patiente à des limites.

Je... JE SUIS CUISINIÉÉÉÉÉÉÉÉ... OUINININININ

Ah bah c'est bien ma veine ça. Je souffle tandis que l'autre se met à chialer bruyamment, pensant certainement que ça dernière heure est venue. Et très vite, trop vite, il se met à genoux devant moi, tirant sur ma robe pour implorer mon pardon. Tant bien que mal, je tente de le redresser, génée par cette situation.

Mais c'est pas grave Bernard, ça arrive à tout le monde d'être pas utile lui même... Vous inquiétez pas Bernard. Ça va aller. La, la. Arrêtez de pleurer maintenant et dites moi si l'un de vos deux collègues encore présent pourrait nous renseigner?

Le visage toujours plein de larme, Bernard me regarde, regarde ses collègues l'un après l'autre, puis me reregarde un instant en silence puis refont en larmes mais cette fois la tête totalement enfouie dans ma robe, carrément sur mes genoux.

Et alors que je suis prise de court par cette réaction imprévu qui en dit long quant à l'incapacité des deux autres soldats de nous aider à prendre le large, le bruit d'une lame s'enfonçant dans un corps me fait sursauter. Les pleures de Bernard cessent au moment où je vois Shusui traversant son corps.

Stupéfaite, je regarde Reyson qui retire Shusui du cadavre et nettoie la lame sur l'uniforme de Bernard, en attente d'explication. Mais il reste de marbre, ne cherchant pas à se justifier. Soit. Je n'ai pas envie de me disputer avec lui maintenant, alors je ne dis rien non plus mais je n'oublie pas cette violence gratuite.

Laissant couler, je me relève et redeviens dragonne.

Du coup, je vais chercher les autres. Tu viens ou pas?

Cette fois, je lui laisse plus le choix du plan. On va les chercher afin qu'ils puissent naviguer pour nous et soulager ma conscience de les avoir laissé derrière...


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    Izya lui parlait quand même vachement poliment. Et sa voix si douce, quémandeuse d’un service important… Même lorsqu’elle demandait mon aide, jamais je n’avais eu droit à une telle douceur de sa part. Alors certes c’était mon plan, mais il n’avait pas à s’approcher autant de ma femme ! Puis elle ne supportait pas le contact physique, rapport à son passé de prisonnière avec un couple de tortionnaires pervers. Et à l’inverse, si elle appréciait ce contact là, ça aurait été pire. Imaginez il lui aurait dit être son ami d’enfance longtemps disparu qui était revenu pour se marier avec elle ? Elle aurait été capable de retomber dans le panneau. Un seul Léo me suffisait amplement. Je ne voulais pas retourner à la case départ encore une fois. Puis le tuer demandait moins d’effort que le soulever pour le lancer par-dessus le bastingage.

    Et surtout : ce marine nous était inutile. Alors autant qu’il serve à calmer mes nerfs.

    « Je n’aime pas trop l’idée que tu y ailles, mais tu es plus rapide que moi dans les airs, et notamment sans moi. Ce qui est mieux pour éviter les balles des soldats encore sur le port… Alors va. Mais ne les porte pas : tu deviendrais une cible facile. Jette les plutôt par ici. Dans l’eau de préférence, au cas où je regarde ailleurs à ce moment-là.
    Mais surtout : reviens-moi. »


    Non pas que je doutais d’elle, mais plutôt de mon destin maudit qui se raillait de moi en faisant mourir un à un chacun de mes proches. Je ne voulais pas qu’elle soit la prochaine…

    Alors, tandis qu’elle s’en allait pour le port, je pris la peine de vérifier que le soldat était bien mort en le découpant une fois de plus… Trois fois de plus en réalité. Jusqu’à ce que je réalisais que ça faisait plus de travail alors pour tout lancer par-dessus bord, mais soit.

    Les autres soldats encore assommés partirent plonger eux aussi, si bien que je me retrouvais seul sur ce grand navire, face à la barre. Sauf que ça ne servait à rien : le bateau demeurait immobile face à la baie. J’essayais de souffler dans les voiles, mais j’avais beau faire, ça n’avançait pas.

    Décidemment, une barque c’est vraiment plus simple…

    « Tiens, pourquoi on a pas pris le bateau de sauvetage ? C’est dans mes cordes ça. »

    Moins classe certes, mais ça aurait évité à Izya un aller-retour inutile. Et puis, le navire ayant été plus petit, elle aurait été plus près de moi encore… Finalement l’idée était plutôt classe. Je regardais en direction du port : Izya n’allait pas arriver tout de suite, alors je descendis brièvement dans la cale du grand bateau avant de refaire surface quelques secondes plus tard en rangeant Shusui dans son fourreau…

    « Ni vu ni connu. Puis faut dire qu’Izya avait déchaîné une sacré tempête. De quoi perforer la coque du navire, assurément. »
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Et me voici de nouveau seule dans les airs. Ça ne me plaît pas trop, d'autant que je suis toujours légèrement choquée par la violence de Reyson. J'ai beau me dire d'arrêter d'y penser, que de toute façon on est des pirates et que moi même j'ai fait bien pire, cette image revient sans cesse dans ma tête.
Une image qui à mon sens n'aurait vraiment pas du exister.

Mais déjà les coups de feu de la bataille sur le port parviennent à mes oreilles. J'approche rapidement de mon but. Il faut absolument que je me concentre sur mon objectif et surtout que j'arrête de me prendre des balles. Deux ça suffit pour une seule journée. Alors, anticipant mon arrivée, je souffle de l'air chaud afin de créer des mirages de dragons afin d'améliorer les chances de loupées des soldats tout en offrant une belle diversion à l'équipage pirate que je viens sauver.

Et grâce a ces cinq clones fictifs de dragon, je crée une panique sans précédant sur le port. Crachant des flammes, dans tous les sens, créant des ribambelles de nuages de foudres et lançant des tornades à tout va, le champs de bataille devient vite un véritable décors d'apocalypse, et ceux, même si seule mes attaques sont réelles.

PIRATES DU NOIR DESSIN : REGROUPEZ VOUS!

Dans toute cette agitation, je n'arrive pas à tous les repérer. Alors je préfère attendre qu'ils se regroupent avant de les rejoindre. En attendant, je continue mon œuvre chaotique tout en esquivant scrupuleusement les balles qui fusent dans le ciel nocturne à la recherche de mon corps. Et finalement, je localise le petit groupe de gens qui m'ont conduite sur Logue Town, alors mes cinq mirages et moi nous dirigeons vers se groupe et les encerclons tout en continuant de menacer nos opposants sans pour autant attaquer. Car seules mes attaquent sont efficaces et le doute doit continuer de planer.

Il était temps que vous veniez!
On pensait que vous nous aviez abandonné...
Vous devriez savoir que ce n'est pas mon genre ça. Bref, j'ai repéré une petite chaloupe amarrée à une vingtaine de mètres de là, sauter dedans et commencer à ramer le temps que je trouve une corde pour vous tirer jusqu'à un navire plus décent.
Et les marines ? Ils vont nous laisser filer sans rien faire ?

L'énervement me monte, ce pirate qui n'est autre que le capitaine de cet équipage minable n'a absolument pas confiance en moi. J'ai pourtant jamais trahie personne moi ! Alors d'accord, je suis pirate sur le papier, mais j'suis aussi Reine bordel, j'ai des responsabilités et un peuple qui compte sur moi, j'estime mérité tout de même un peu plus de confiance que ça ! Mais il a bien de la chance, ce capitaine parce que là, j'ai pas le temps de lui dire mes quatre vérités, mais tôt où tard, il va se les prendre dans les dents et ça va lui faire tout bizarre.

Vous pensez que je suis là pour quoi au juste. Bref, faites ce que je dis et vous vous en sortirez avec moi.

Rapidement, mes mirages et moi reprenons notre envol. Moi, je crache des flammes du groupe de pirate jusqu'à la fameuse barque que je leur ai dis de prendre. Puis, repartant en sens inverse, je crée une fine route de nuage qui éteint une partie de la route de flamme, laissant deux mur incandescents de chaque côté. Ainsi, les pirates peuvent courir dedans comme s'ils couraient dans le lit d'une petite rivière.Et ils ne se font pas prier. Quant à moi, je continue de les couvrir tout en cherchant des yeux une corde que je trouve assez rapidement sur une bite d'amarrage. Et une fois les pirates tasser comme des sardines dans cette petite chaloupe, je crée une barrière de nuage de foudre et les rejoins en leur lançant la corde qu'ils attachent à leur embarcation.

Rapidement, on arrive au navire gardé par Reyson qui me semble étrangement bas...

Hé ! Là haut !
QUOI?!


Bordel, lui je vais me le faire, plus tard, mais il va y passer...

C'est ça vot'e bateau?
Quoi ? Il te plaît pas c'est ça?
Bah on, il coule.
Comment ça il coule?!
Bah oui, ça s'voit ! La ligne de flottaison est bien trop haute et.

Et je ne l'écoute plus. A vrai dire, j'ai même lâché la corde et j'ai foncé vers le navire. Si le bateau coule et que Reyson est toujours dessus alors il court un grave danger ! Car nous n'avons rien vu lorsque nous avons choisi celui ci ! Et à tous les coups, il n'a pas remarqué !

REYSOOON ! REYSOON : ABANDONNE LE NAVIRE ! IL COULE ! REYSON!

Et finalement je le repère. Je vois qu'il maîtrise à a perfection son stress. A aucun moment il ne panique. On vient de perdre notre embarcation et lui agit comme un professionnel de l'évacuation : il avance rapidement vers un des canots de sauvetage, le détache comme s'il l'avait déjà fait auparavant, fin par le mettre à l'eau et sauter dedans à l'aide de son geppou. Moi qui était paniquée il y a un instant, me voilà surprise. Alors, je le rejoins en reprenant mon apparence d'ange avant de toucher la barque trop petite pour me contenir sous forme de dragon. M'asseyant en face de lui.  Je le regarde sans rien dire. Mes émotions sont partagées.

Sa réactivité m'impressionne.  Mais presque trop, je suis septique.  Et je m'en veux de douter. Après tout, je ne connais pas son passé et nous ne nous sommes jamais retrouvé dans ce genre de situation. Peut être a-t-il déjà vécu des naufrages, peut être est-ce un des drames de son existence qui lui a enlever des êtres chères ? Qu'en sais-je moi ?
Je n'ai pas le droit de douter. J'ai confiance en lui et il le sait. Mais je ne sais pas si lui à confiance en moi...

Et tandis que je le regarde en face de moi se débrouillé avec les rames, je remarque sa blessure au ventre. Inquiète, je rapproche de lui pour regarder de plus près sa plaie encore trop fraîche.

Reyson... Tu es blessé. J'peux pas te laisser ramer jusqu'à Grand Line dans cet état... Même si tu n'as pas mal. Ça ne marchera pas...En plus, ils nous rattraperont...

Et avec mon épaule et ma jambe dans le même état que son ventre, je ne pourrais pas faire grand chose non plus.

Et finalement, la fatigue me rattrape. Moi qui suis restée optimiste depuis que je l'ai retrouvé, je commence à me dire que c'est peine perdu. Finalement, peut être avait-il raison ?

La tête basse, le front posé dans mes mains, je cherche un moyen, une solution. Mais cette fois, je ne vois plus rien.


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    Non, elle ne voyait plus rien, et oui la fatigue l’avait rattrapée, mais ce n’était pas pour les raisons auxquelles elle pensait. Vu comment elle était partie, elle aurait abandonné l’idée de cette barque pour retourner chercher un autre navire au port. Or, je ne pouvais la laisser y retourner une fois de plus. J’étais déjà bien content qu’elle m’était revenue, je ne voulais pas provoquer mon destin une énième fois. Alors je m’étais piqué tandis qu’elle tenait son front contre ses mains. Une petite injection qui me faisait émettre une hormone sur le même mode de transmission que les phéromones : tout autour de moi. Cette hormone : de la mélatonine. L’hormone du sommeil. Et tandis qu’elle s’endormait doucement, je me permis de lui dire :

    « Merci de m’avoir prévenu pour le navire qui coulait. Je n’avais pas remarqué. C’est quand même pas de chance… Mais nous allons nous en sortir, ne t’inquiète pas. »

    Et je me mis à ramer. Tant pis pour les pirates qu’elle était allée sauver : qu’ils se débrouillent. De toute façon, il n’y avait pas la place pour eux ici, et notre barque allait avancer plus rapidement que la leur. Pourquoi ? Grâce à des bras hormonalement plus développés. Et à la différence de dorikis aussi, surtout.

    L’avantage : Izya avait liquidé la majorité des navires de la marine, bien qu’ils allaient probablement en réquisitionner d’autres ou même emprunter des bateaux se trouvant au port. Le désavantage : j’étais malgré tout plus lent qu’un navire lambda. Non pas parce que je manquais de force ou de vitesse : j’étais pas faible. Mais les rames si, et elles ne supporteraient pas la pression. J’aurais dû découper une tranche dans la coque du navire de la marine… Mais Izya aurait probablement compris que j’étais coupable de son coulage dans ce cas.

    Je la regardais dormir profondément. Son visage détendu, si près de moi… Hélas, je devais parfois me lever pour envoyer une lame d’air trancher les navires qui venaient de la direction approximative de Logue Town. Quel que soit le navire et son pavillon, avant qu’il n’ait la chance de nous canarder avec ses canons. Car si nous perdions notre barque, nous perdions tout.

    « Si seulement nous étions sur Grand Line. Tous ces corps qui flottaient auraient rameuté des rois des mers et nous aurions eu notre monture de course… »

    Je lançais un regard vers les mouettes au loin et je fis une rapide évaluation avant d’aboutir à la conclusion suivante : il faudrait en attraper beaucoup trop pour qu’elles soient efficaces. Quoique si je les dopais avec mes hormones… Mais iraient-elles seulement dans la bonne direction ? C’est trop stupide une mouette. Des corbeaux peut-être ? On m’avait dit que ces oiseaux-là étaient intelligents ! Mais je n’en voyais pas autour de moi. Evidemment… A croire qu’on s’était ligué contre moi ! J’étais forcément dans le seul coin de mer où il n’y avait aucun corbeau ! Enfin, on trouve-t-on habituellement sur l’océan ? Je devais avouer ne jamais y avoir prêté attention…

    Il ne me restait donc que la rame. Mais heureusement, j’allais de plus en plus vite. Probablement ma force et mon énergie d’antan qui me revenait. J’ignorais depuis combien de temps je ramais, parce qu’il commençait même à faire sombre par ici, alors qu’en face de moi, soit vers l’arrière de la barque, la lumière persistait toujours au loin, d’un éclat intense. Et on prenait toujours de la vitesse… Je me retournais pour en connaître la raison : nous nous dirigions vers une énorme montagne.

    « Izya ? »

    Je posais délicatement une main sur son épaule.

    « Le stress a dû t’assommer, mais je ne peux pas te laisser te reposer plus longtemps, désolé. On risque de couler très prochainement. »
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Je baille, frottant un œil pour le forcer à s'ouvrir. J'ai la tête lourde, mon épaule et ma jambe me tiraillent. J'entends la voix de Reyson. Sa voix... Elle me réchauffe le cœur bien que le sens de ses mots ne m'atteint pas encore tant le sommeil m'a emportée.

Lentement je me redresse et mes yeux acceptent enfin de s'ouvrir. Je sens le vent fouetter mon visage, et je vois ces falaises. Cette roche qui s'élève en formant une grande barrière devant nous. Et juste en face, l'entrée de Reverse.

Plus en alerte, mon cerveau analyse enfin les bruits que j'entends, que j'ai entendu. Un vrombissement du tonnerre dû à l'eau que s'engouffre dans la montagne dans un courant déchaîné. Et les mots de Reyson. Le stress m'aurait endormie ? Cela m'étonne, ce serait bien la première fois et pourtant j'ai déjà vécu de nombreuses situations stressante. On va couler ?

Hein ?!

Et là, c'est le déclic. Cette fois, je suis vraiment réveillée. Nous étions là bas, à Logue, et maintenant nous sommes là à Reverse ?! Dans une barque ! Cette barque ! Mais jamais elle ne passera le courant !

Mais ?!

Ni une ni deux, je me change en dragon, attrapant mon sac tombé à côté de moi et Reyson en face. Et je décolle, abandonnant notre embarcation a son sort. Piquant droit vers le ciel, je me rapproche de la falaise et la longe sans m'arrêter, sans me poser plus de question. Nous aurons tout le temps de discuter lorsque nous serons au sommet. Car là est mon objectif. Et tandis que je prends de l'altitude, je vois du coin de l’œil le soleil se lever à l'est.
L'aube est là. Combien de temps ai-je dormi tandis que Reyson ramait ?

Je chasse cette question de mes pensées, ce n'est pas important pour le moment. Là tout de suite, nous devons nous mettre en sécurité. Alors je monte, toujours plus haut, toujours plus loin. Mais nous ne sommes pas sur Grand Line où le climat n'en fait qu'à ça tête. De ce côté ci du globe, lorsque l'on monte dans les hauteurs, le froid répond toujours présent.
Et tandis que le feu ne me fait rien, le froid lui, me tue.

Alors je tremble, je tremble sous ce vent mordant qui vient se frotter sur mes écailles. J'ai chassé toutes pensées de mon esprit pour me concentrer sur mon objectif, mais là, si je ne m'arrête pas, je ne tiendrai pas... Et mon corps me prévient, il réagit tandis que mon esprit est fermé. Mon vole s'arrête net, d'un coup je chute.

D'un coup, je redeviens ange. Une ange frigorifiée qui n'arrive plus à bouger. Seule ma main se tend vers le ciel. Vers ce but inaccessible.


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    Il est vrai que je me demandais moi-même si la barque tiendrait ou non face au courant, et que je regardais donc vers le bas pour savoir si nous aurions pu rester sagement dans l’embarcation. Izya se posait probablement la même question vu qu’elle ralentissait doucement sa progression vers le ciel. Mais je ne pensais pas que ça la tarauderait au point de s’arrêter et de faire demi-tour vers le bas…

    « Izya ? »

    Elle avait échangé ses grandes ailes de dragonne contre celles des anges. Pourquoi ? Bien qu’elles étaient plus belles, elles demeuraient moins efficaces que les précédentes, quoiqu’en disent certaines femmes : c’est bien la taille qui compte !

    Sa main tendue vers le sommet, je l’attrapais dans mes bras et nous stabilisâmes d’un coup de geppou.

    « Tout va bien ? »

    Je repris son ascension, évidemment moins rapide que si j’étais un dragon, mais nous montions de nouveau. A son contact, je compris qu’elle avait froid. Ou plutôt qu’il faisait froid ? Je ne l’avais pas remarqué. En comparaison à l’enfer glacé d’Impel Down, tout était chaud. Du moment qu’il n’y avait pas de neige…

    « Reste avec moi Izya. »

    Avec une piqûre je cherchais à lui provoquer de la fièvre, de quoi lui apporter de la chaleur. La maladie avait du bon parfois et je la soignerais de ça plus tard. Mais pour le moment, je devais la mettre au chaud. J’avais bien d’autres moyens de la réchauffer mais c’était la première idée qui m’était venue : car j’utilisais déjà ce type de maladie sur mes ennemis habituellement.

    « Le sommet est juste là. On arrive au bout ! »

    Mais ce n'était pas vrai. Rien qu'un petit mensonge pour redonner de l'énergie à Izya, en vain.Plus nous montions et plus elle semblait s'éteindre. Le vertige peut-être ? Alors je choisis d'abandonner l’ascension et de perdre en altitude jusqu'à ce qu'elle regagnait en couleur. Là, je tins Izya avec un bras et je dégainais Shusui de l'autre afin de taillader un petit espace dans la falaise pour que nous puissions nous y poser.

    « Ca va mieux Izya ? »

    Assis en tailleur, Izya était allongé sur mes jambes et dans mes bras. Je pris son pouls pour vérifier son état : il était stable. Elle ne devait donc plus rien craindre. Hélas je n'avais rien pour lui faire un feu. J'aurais pu utiliser la barque, mais elle ne nous avait probablement pas attendu pour emprunter le chemin vers Grand Line...

    « Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On ne peut pas passer par en haut, et on a plus rien pour naviguer en bas... On ne va quand même pas se creuser un tunnel dans la montagne ? »

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Je... J'ai mal à la tête.

Mon corps me paraît peser une tonne. Là, allongée dans ses bras, je me sens incapable de bouger le moindre muscle, comme si on m'avait roulé dessus et laissée pour morte. De la sueur perle sur mon front : j'ai chaud et pourtant mon corps est parcouru de frissons.

Ah oui, attends, bouge pas.

Je sens les doigts de Reyson pénétrer ma chaire juste dessous mes côtes. Mon état ne me permet pas de bouger, ni même de protester. Et une fois son intervention terminée, je sens ma fièvre s'envoler. Rapidement, je retrouve mes sensations et quelques forces. Suffisamment pour réussir à me redresser et lui faire face.

Un instant nous nous regardons, sans rien dire. Soutenant le regard l'un de l'autre, réalisant que nous avons finalement réussi à nous trouver un coin où nul ne nous trouvera. Un moment de calme, un instant de paix. Mais qui amène son lot de problèmes. Car nous ne pouvons rester sur cette corniche stérile toute notre vie sans l'écourter grandement. Et pourtant, ce moment, nous l'avons mérité. Nous nous sommes battus pour l'obtenir.

Il s'est battu. Moi, je n'ai fais que dormir...  Dormir et chuter.

Quelle piètre Reine je fais, pas même capable de sauver ma peau et celle de celui que j'aime... Quand je pense que les anges de deux îles célestes m'ont confiée leurs vies...

J'ai honte. Alors je détourne le regard en silence, préférant fixer le sol. Cherchant du réconfort, je viens coller ma tête sur le torse de Reyson. C'est grâce à lui qu'on est là, tous les deux. Lui qui a ramé tout la nuit et qui a découpé cette enclave dans la roche alors qu'il est blessé.
C'est à moi maintenant de lui prouver qu'il peut aussi se reposer sur moi.

Relevant un peu mon regard, je tends une main devant moi et crée un nuage dense qui occupe tout le reste de l'espace que nous avons, soit juste de quoi s'allonger pour Reyson.

On ne va rien faire pour l'instant. Tu as ramé toute la nuit pendant que je dormais, à ton tour de te reposer pendant que je trouve une solution. Et sois sans crainte, je ne quitterai pas cet endroit sans toi.

Je dépose un baiser sur ses lèvres avant de me lever et de prendre place en tailleur sur mon matelas de nuage, l'invitant à s'allonger près de moi.

Et tandis que je l'observe prendre place, mes pensées divaguent vers Stymphale où je suis restée cloîtrée depuis la mort de Red. J'ai été longue à me reprendre, trop longue. Certain de mes anges ont commencé à douter de moi, et je suppose que sur Armada ce doit être pire. Quant à Weatheria...

Une étincelle brille soudain dans mon œil. Une idée vient de naître en moi, une idée qui ne devrait pas nous mettre en danger. Mais je ne laisse rien paraître à Reyson, le laissant s'endormir tranquillement tout en lui caressant les cheveux. Ce n'est que lorsque je sens sa respiration changé que j'ose enfin me lever pour récupérer mon sac qui nous a valu tant de soucis.

Enfournant ma main dedans, je cherche les deux boites dont j'ai besoin pour mettre en œuvre mon idée : un denden agrémenté d'un denden blanc, parce qu'on est jamais trop prudent.

Allô ? Haredios?
Reine Izya... Vous vous souciez encore de nous finalement ?
Oui, bien évidemment Haredios, je vous ai fais une promesse et je n'ai pas l'intention de trahir votre confiance.
Soit. Vous avez de la chance, nous n'avons rien eu à signaler durant tous ces mois de silence.
Je suis désolée Haredios si je vous ai fait pensé que votre sort ne m'importait plus. J'ai certes eu une mauvaise passe, mais c'est du passé à présent. D'ailleurs, je serais ravi de pouvoir vous rendre une petite visite, où êtes vous actuellement ?
Nous venons tout juste de terminer d'apporter notre aide de scientifique à une petite île situé dans Calm Belt du sud.
Je suppose que c'est assez loin de l'entrée de Reverse Mountain d'East Blue.
Il faut bien compter une bonne dizaine de jours de voyage entre les deux.
Tant que ça ? N'y a t-il pas moyen de faire plus vite ?
Si, sûrement. Ça dépend de votre moyen de locomotion.
Une île volante?
Attendez... Vous seriez pas entrain de me demander de venir vous chercher?
Ma foi Haredios, puisque tu proposes si gentiment je ne peux pas refuser ton offre.
Hm...
Bon, on se dit à dans trois jours ?
Quoi ?! Trois jours ?!
Oui, trois jours, et si tu pouvais prévoir beaucoup à manger pour quand on se reverra, je sens que je vais vraiment être affamée...
Quoi ? Mais ! On n'a pas accepté que vous deveniez Reine pour devoir jouer les taxis!
Non mais vous l'avez fait pour que j'assure votre protection. Si je meure là où je suis, je n'assurerai plus rien du tout. Haredios, tu sais très bien que je ne veux pas vous opprimer. Si je te demande ce service, c'est que je n'ai vraiment pas d'autre choix.
Hmmm... Soit. Mais ça se paiera.
Ne t'inquiètes pas, va. J'ai des projets qui ne devrait pas te laisser de marbre, crois moi. Alors dépêche toi de venir que je puisse t'en faire part de vive voix.


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