- Attention !
Le cri se perdit dans le bruit de fracture que fit la poutre, finalement trop fragilisée pour soutenir Les restes épars du toit en ruine, entraînant avec elle une pluie de débris de tuiles et de chevrons couvrant définitivement tout par son vacarme. Inutile de vouloir prévenir. Jaros cependant n'aurait pas été contre un peu plus de prudence de la part du charpentier qui venait de lui faire grimper sur ce qui venait de s'effondrer sous ses pieds. N'ayant pas le temps de s'accrocher à quoi que ce soit, le jeune homme ne put que tenter de sauter en prenant appui sur le reste de poutre, et bondit vers la fenêtre du mur adjacent, ou plutôt ce qu'il en restait, à savoir une ouverture aux vitres brisées, et d'un appui en briques roussies. Des morceaux de verres bien peu accueillants. *J'aurais peut-être dû y réfléchir à deux fois...*
La trajectoire, malgré la précipitation, suffit à éviter à Jaros de simplement se prendre le mur, mais ce ne pourrait être assez pour esquiver tout heurt magiquement. Se positionnant comme il le pouvait, les bras devant son visage et le haut de sa poitrine pour se protéger, il sentit distinctement des éclats de verre se casser contre ses manches. Avant qu'il ne soit trop tard, le jeune homme dût se démener pour attraper le rebord et éviter de simplement chuter la tête la première jusqu'au sol. Se retourner ainsi en plein air ne se fit pas aisément, et Jaros, incapable de complètement réussir cet exploit, se tordit le poignet droit en ayant une prise plus qu'approximative. Sauvé de la chute, il était plus que satisfait que de sentir que cette douleur. Respirant un bon coup, il interpella les charpentiers pour qu'on lui apporte une échelle.
- Qu'on soit bien clair, si jamais vous me demandez encore une fois un truc aussi stupide...
Il valait mieux ne pas finir cette phrase; il eut mieux valu, de toute façon, ne pas la prononcer du tout. Mais impossible pour Jaros de ne rien dire, dans l'instant. Il se maîtrisa en une seconde, alors que le contre-maître, l'air bien peu impressionné par les paroles avortées du grand dadais qu'il avait engagé la veille, se contenta de le gratifier d'un "bien joué le bleu, maint'nant va déblayer !", d'un ton neutre, presque aimable. Un luxe inespéré, de la part de cet escogriffe qui se remit instantanément à aboyer des ordres d'une voix rauque et incisive à tous les autres, des simples manœuvres comme Jaros aux charpentiers.
Crachant dans la poussière celle qui s'était logée dans sa bouche, le jeune homme se permit un instant de contemplation de ce qui l'attendait. Cela faisait un an que la reconstruction de Manshon était en route, mais il restait encore énormément à faire. Pourtant il était difficile de travailler, la méfiance repoussant systématiquement toute personne semblant avoir un lien avec la révolution, donc plus ou moins à la tête du client. La mafia avait reformé son tentaculaire réseau, et il était difficile de savoir qui pouvait y appartenir, ou plutôt qui pouvait ne pas y appartenir, dans tous les pourvoyeurs de travaux divers. Jaros, avec sa tenue de plus en plus élimée et son visage efféminé, ne s'en tirait pas trop mal selon les moments, mais sa fierté le faisait refuser dès qu'il sentait les affaires des grandes familles, se coupant ainsi d'un bon tiers de ses potentiels revenus. Le problème venait surtout des vols.
Combien de fois s'était-il vu contraint de fuir comme il pouvait sous la menace d'armes à feu. Le jeune homme était fort et rapide, bien plus que n'importe quel petit voleur qu'il avait pur croiser, mais lorsqu'on l'encerclait, plusieurs pistolets dégainés, savoir qu'il pouvait sans doute s'en tirer s'il trouvait un moyen de ne se prendre aucune balle ne le réjouissait guère. Il s'en était cependant toujours sorti, jusqu'à présent. *Il y a eu cette fois, aussi, avec le bluff...* Mais il n'était pas temps de penser à ce genre de choses.
En s'étirant les bras, le jeune homme se dirigea donc vers le tas disparate nouvellement créé dans le rez de chaussée du petit immeuble éventré. On ne distribuait pas de gants ou d'outils aux ouvriers pour déblayer tant qu'on pouvait s'en passer, rognant ainsi au maximum toute possible dépense, vue comme nécessairement excédentaire par le contre-maître. Jaros n'en avait pas besoin, il était capable de soulever plusieurs fois son poids, après tout. Laissant à d'autres le soin de rassembler les petits gravas, il se concentra donc, comme toujours, sur les gros débris.
- Allez, un peu de nerf.
Le cri se perdit dans le bruit de fracture que fit la poutre, finalement trop fragilisée pour soutenir Les restes épars du toit en ruine, entraînant avec elle une pluie de débris de tuiles et de chevrons couvrant définitivement tout par son vacarme. Inutile de vouloir prévenir. Jaros cependant n'aurait pas été contre un peu plus de prudence de la part du charpentier qui venait de lui faire grimper sur ce qui venait de s'effondrer sous ses pieds. N'ayant pas le temps de s'accrocher à quoi que ce soit, le jeune homme ne put que tenter de sauter en prenant appui sur le reste de poutre, et bondit vers la fenêtre du mur adjacent, ou plutôt ce qu'il en restait, à savoir une ouverture aux vitres brisées, et d'un appui en briques roussies. Des morceaux de verres bien peu accueillants. *J'aurais peut-être dû y réfléchir à deux fois...*
La trajectoire, malgré la précipitation, suffit à éviter à Jaros de simplement se prendre le mur, mais ce ne pourrait être assez pour esquiver tout heurt magiquement. Se positionnant comme il le pouvait, les bras devant son visage et le haut de sa poitrine pour se protéger, il sentit distinctement des éclats de verre se casser contre ses manches. Avant qu'il ne soit trop tard, le jeune homme dût se démener pour attraper le rebord et éviter de simplement chuter la tête la première jusqu'au sol. Se retourner ainsi en plein air ne se fit pas aisément, et Jaros, incapable de complètement réussir cet exploit, se tordit le poignet droit en ayant une prise plus qu'approximative. Sauvé de la chute, il était plus que satisfait que de sentir que cette douleur. Respirant un bon coup, il interpella les charpentiers pour qu'on lui apporte une échelle.
- Qu'on soit bien clair, si jamais vous me demandez encore une fois un truc aussi stupide...
Il valait mieux ne pas finir cette phrase; il eut mieux valu, de toute façon, ne pas la prononcer du tout. Mais impossible pour Jaros de ne rien dire, dans l'instant. Il se maîtrisa en une seconde, alors que le contre-maître, l'air bien peu impressionné par les paroles avortées du grand dadais qu'il avait engagé la veille, se contenta de le gratifier d'un "bien joué le bleu, maint'nant va déblayer !", d'un ton neutre, presque aimable. Un luxe inespéré, de la part de cet escogriffe qui se remit instantanément à aboyer des ordres d'une voix rauque et incisive à tous les autres, des simples manœuvres comme Jaros aux charpentiers.
Crachant dans la poussière celle qui s'était logée dans sa bouche, le jeune homme se permit un instant de contemplation de ce qui l'attendait. Cela faisait un an que la reconstruction de Manshon était en route, mais il restait encore énormément à faire. Pourtant il était difficile de travailler, la méfiance repoussant systématiquement toute personne semblant avoir un lien avec la révolution, donc plus ou moins à la tête du client. La mafia avait reformé son tentaculaire réseau, et il était difficile de savoir qui pouvait y appartenir, ou plutôt qui pouvait ne pas y appartenir, dans tous les pourvoyeurs de travaux divers. Jaros, avec sa tenue de plus en plus élimée et son visage efféminé, ne s'en tirait pas trop mal selon les moments, mais sa fierté le faisait refuser dès qu'il sentait les affaires des grandes familles, se coupant ainsi d'un bon tiers de ses potentiels revenus. Le problème venait surtout des vols.
Combien de fois s'était-il vu contraint de fuir comme il pouvait sous la menace d'armes à feu. Le jeune homme était fort et rapide, bien plus que n'importe quel petit voleur qu'il avait pur croiser, mais lorsqu'on l'encerclait, plusieurs pistolets dégainés, savoir qu'il pouvait sans doute s'en tirer s'il trouvait un moyen de ne se prendre aucune balle ne le réjouissait guère. Il s'en était cependant toujours sorti, jusqu'à présent. *Il y a eu cette fois, aussi, avec le bluff...* Mais il n'était pas temps de penser à ce genre de choses.
En s'étirant les bras, le jeune homme se dirigea donc vers le tas disparate nouvellement créé dans le rez de chaussée du petit immeuble éventré. On ne distribuait pas de gants ou d'outils aux ouvriers pour déblayer tant qu'on pouvait s'en passer, rognant ainsi au maximum toute possible dépense, vue comme nécessairement excédentaire par le contre-maître. Jaros n'en avait pas besoin, il était capable de soulever plusieurs fois son poids, après tout. Laissant à d'autres le soin de rassembler les petits gravas, il se concentra donc, comme toujours, sur les gros débris.
- Allez, un peu de nerf.
Dernière édition par Jaros Hekomeny le Mer 9 Mai 2018 - 22:53, édité 2 fois