Malgré le soleil baignant dans la mer azur presque immaculée du ciel, il y avait beaucoup de vent ce jour-là à Manshon. Jaros en était très content, puisque ses vêtement pouvaient ainsi sécher plus vite; son trench et son pull pendaient d'ailleurs à une corde derrière lui, généreux prêt des Marines, qui laissaient les civils utiliser leur matériel de lessive gratuitement, tant que l'on ne posait pas de problèmes. En chemise et pantalon, le jeune homme patientait, assis sur un muret face à l'océan, regardant les vagues et l'écume s'étendant jusqu'à l'horizon. Portés par les bourrasques, tout le tintamarre du port lui parvenait également, charriant avec lui les odeurs d'une activité fiévreuse et enivrante, véritable bouffée d'air frais malgré le corsé de beaucoup de fragrances, par rapport à l'atmosphère mortuaire des quartiers centraux de la ville; la reconstruction s'était faite en priorité ici, en toute logique, et tout y respirait un renouveau plus que bienvenu.
C'était comme si le blocus ne s'éloignait du paysage qu'au port. Ailleurs, son ombre était omniprésente, rehaussant sinistrement la misère installée qui régressait doucement, trop doucement. Le pire, dans tout cela, c'est que manifestement c'était le rejet brutal de la mafia par la population qui rendait la reconstruction si lente et chaotique. La Révolution des Chrysanthèmes avait été in fiasco total, un acte spontané et pur stoppé net par le mur d’organisation net d'expérience des Familles. *Une vraie leçon de politique, en un sens...* Manshon semblait condamnée à vivre en premier lieu par la mafia, qu'on le veuille ou non. Au moins l'île était-elle à nouveau ouverte vers l'extérieur.
L'idée de quitter Manshon et partir en mer avec un équipage était passée de nombreuses fois par l'esprit de Jaros, jamais cependant il n'avait conclu que ce soit une bonne idée. Outre l'attachement profond qu'il avait pour son île de naissance, un sentiment très net qu'il avait "quelque chose" à accomplir ici avant d'aller ailleurs l'habitait. Aussi irrationnel puisse cela être, le jeune homme était très sérieux à ce sujet. Tout ce qui s'était passé dans sa courte existence était ici, et il ne pourrait décemment laisser cela derrière lui avant d'y mettre au moins une forme de conclusion personnelle; que ce soit vis à vis de sa mère ou... Tout ce qui tournait autour d'elle, à dire vrai. Il n'aimait pas y penser directement, mais il fallait bien admettre que le sujet était souvent là, en tapis de fond de son esprit.
Un bruit suspect derrière lui le fit se retourner, pour apercevoir quelque chose qui fit se hérisser ses cheveux sur sa nuque.
- Hé là, arrêtez-le !
Le cri de Jaros ne serait pas de grande utilité, et il le savait, mais ce fut plus un réflexe qu'autre chose. En parallèle, il bondit et se lança de suite vers son trench et son pull qui se faisaient la malle. Pas tout seul, évidemment; quelqu'un venait de les décrocher et de tenter de les lui voler à la sauvette. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait, mais il s'était montré particulièrement peu attentif, attendri par la douceur du soleil et les méandres de ses intimes pensées, sans doute. Maintenant il devait courir aussi vite qu'il le pouvait pour combler le retard qu'il avait. Le bougre qui tentait de profiter des maigres biens du jeune homme était rapide, qui plus est.
Le voleur se dirigeait vers les docks; c'était soit une aubaine soit la pire des situations. Jaros, empli par la volonté farouche de ne pas perdre encore d'autres effets (il en avait bien assez peu), dut bientôt slalomer entre les badauds pour progresser, voyant avec angoisse sa cible ne pas se rapprocher de lui. *Comment fait-il pour courir aussi vite que moi, le bougre ?!* Esquivant de justesse la collision avec un chariot rempli de tonneaux, il assista au renversement intempestif d'un chargement de pommes, qui se mirent à rouler de tous cotés sur le sol.
- Dégagez, dégagez !
Une occasion qu'il ne devait pas rater. Se penchant pour ramasser un des fruits de la main gauche, il affirma sa prise dessus, et se prépara. Lorsque la voie se libéra entre lui et sa cible, il la lança de toute la force de son bras, d'un ample mouvement. Jaros se demanda s'il allait pouvoir toucher à l'instant où le voleur poussa un cri de surprise, touché en plein dans les lombaires par le projectile, qui se disloqua en morceaux pulpeux. Grande satisfaction éprouvée sur le moment, instantanément tempérée par l'idée que peut-être il y avait été un peu fort; sa force était après tout suffisante pour fissurer les os de la majorité des petits délinquants. Ce que le jeune homme n'avait pas prévu, en revanche, c'était que la vitesse du fuyard, couplé à l'impact brutal, le faisait tomber tête la première sur un badaud distrait qui passait par là.
*Manquait plus que ça...* Comblant en quelques enjambées l'espace qui le séparait de ses affaires, Jaros les ramassa prestement, avant de soulever sans ménagement le voleur, le traîner plutôt, avant de le bloquer d'un pied ferment appuyé. Puis il s'attela à s'occuper du pauvre inconnu qui avait fait les frais de tout ceci.
- Tout va bien ? Je suis navré pour cela, vraiment.
C'était comme si le blocus ne s'éloignait du paysage qu'au port. Ailleurs, son ombre était omniprésente, rehaussant sinistrement la misère installée qui régressait doucement, trop doucement. Le pire, dans tout cela, c'est que manifestement c'était le rejet brutal de la mafia par la population qui rendait la reconstruction si lente et chaotique. La Révolution des Chrysanthèmes avait été in fiasco total, un acte spontané et pur stoppé net par le mur d’organisation net d'expérience des Familles. *Une vraie leçon de politique, en un sens...* Manshon semblait condamnée à vivre en premier lieu par la mafia, qu'on le veuille ou non. Au moins l'île était-elle à nouveau ouverte vers l'extérieur.
L'idée de quitter Manshon et partir en mer avec un équipage était passée de nombreuses fois par l'esprit de Jaros, jamais cependant il n'avait conclu que ce soit une bonne idée. Outre l'attachement profond qu'il avait pour son île de naissance, un sentiment très net qu'il avait "quelque chose" à accomplir ici avant d'aller ailleurs l'habitait. Aussi irrationnel puisse cela être, le jeune homme était très sérieux à ce sujet. Tout ce qui s'était passé dans sa courte existence était ici, et il ne pourrait décemment laisser cela derrière lui avant d'y mettre au moins une forme de conclusion personnelle; que ce soit vis à vis de sa mère ou... Tout ce qui tournait autour d'elle, à dire vrai. Il n'aimait pas y penser directement, mais il fallait bien admettre que le sujet était souvent là, en tapis de fond de son esprit.
Un bruit suspect derrière lui le fit se retourner, pour apercevoir quelque chose qui fit se hérisser ses cheveux sur sa nuque.
- Hé là, arrêtez-le !
Le cri de Jaros ne serait pas de grande utilité, et il le savait, mais ce fut plus un réflexe qu'autre chose. En parallèle, il bondit et se lança de suite vers son trench et son pull qui se faisaient la malle. Pas tout seul, évidemment; quelqu'un venait de les décrocher et de tenter de les lui voler à la sauvette. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait, mais il s'était montré particulièrement peu attentif, attendri par la douceur du soleil et les méandres de ses intimes pensées, sans doute. Maintenant il devait courir aussi vite qu'il le pouvait pour combler le retard qu'il avait. Le bougre qui tentait de profiter des maigres biens du jeune homme était rapide, qui plus est.
Le voleur se dirigeait vers les docks; c'était soit une aubaine soit la pire des situations. Jaros, empli par la volonté farouche de ne pas perdre encore d'autres effets (il en avait bien assez peu), dut bientôt slalomer entre les badauds pour progresser, voyant avec angoisse sa cible ne pas se rapprocher de lui. *Comment fait-il pour courir aussi vite que moi, le bougre ?!* Esquivant de justesse la collision avec un chariot rempli de tonneaux, il assista au renversement intempestif d'un chargement de pommes, qui se mirent à rouler de tous cotés sur le sol.
- Dégagez, dégagez !
Une occasion qu'il ne devait pas rater. Se penchant pour ramasser un des fruits de la main gauche, il affirma sa prise dessus, et se prépara. Lorsque la voie se libéra entre lui et sa cible, il la lança de toute la force de son bras, d'un ample mouvement. Jaros se demanda s'il allait pouvoir toucher à l'instant où le voleur poussa un cri de surprise, touché en plein dans les lombaires par le projectile, qui se disloqua en morceaux pulpeux. Grande satisfaction éprouvée sur le moment, instantanément tempérée par l'idée que peut-être il y avait été un peu fort; sa force était après tout suffisante pour fissurer les os de la majorité des petits délinquants. Ce que le jeune homme n'avait pas prévu, en revanche, c'était que la vitesse du fuyard, couplé à l'impact brutal, le faisait tomber tête la première sur un badaud distrait qui passait par là.
*Manquait plus que ça...* Comblant en quelques enjambées l'espace qui le séparait de ses affaires, Jaros les ramassa prestement, avant de soulever sans ménagement le voleur, le traîner plutôt, avant de le bloquer d'un pied ferment appuyé. Puis il s'attela à s'occuper du pauvre inconnu qui avait fait les frais de tout ceci.
- Tout va bien ? Je suis navré pour cela, vraiment.