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Véfi avait glissé lentement le long d'un de ces murs dégueulasses en tôle rouillée comme il en pullulait partout dans Last End, maculant d'une hémoglobine pourpre la bâtisse contre laquelle l'arrière de son crâne s'était écrasé. Ça avait fait un boucan du diable. Du diable, c'était peu de le dire.
On entend alors les échos de bruits de pas rapprochés. Personne dans le quartier ne jette un œil dehors. Quand la loi martiale est de mise, les locaux savent se faire discrets. Personne ne voit ce type qui arrive, mais tout le monde l'entend courir, le bruit de l'éclaboussure des flaques d'eau dans lesquelles il patauge à grands pas est on ne peut plus claire aux tympans.

- P... putain ! Véfi ! Véfi ! Réponds ! Allez...

Il y a des trémolos dans sa voix. Sans même avoir inspecté le corps, le voisinage l'a bien compris, Véfi ne lui répondra pas. Son acolyte se lamente, il peste : il est arrivé trop tard. C'est frustrant la mort. Avec elle on reçoit les coups, mais on ne peut pas les rendre. Alors on gesticule. On grogne, on chiale on maudit, mais à quoi bon ?
Un léger rayon de soleil parsème la ruelle, une ombre s'en va recouvrir l'endeuillé resté à genoux devant la dépouille de son frère. Il le savait pourtant qu'il n'aurait pas dû s'engouffrer dans cette rue, mais on aime parfois trop les siens pour les laisser derrière soi.
Derrière justement, il y a ce beau diable qui a emporté son frangin. Il s'est approché discrètement tout en désirant être repéré. Garjel tremble, les dents serrées, le ventre noué : il n'aurait jamais dû s'engouffrer dans cette ruelle.
Le pauvre garçon s'y reprendra bien à trois fois avant d'enfin se décider à tourner la tête. La mort, il veut la voir en face ; quitte à y passer, autant que cela se fasse avec dignité.


C'était bien Jacob. Mains dans les poches, incapable même d'exprimer du mépris dans son regard tant la vermine qu'il toisait de haut lui était indifférente, il restait là, silencieux, comme toujours. Peut-être bien que Garjel aurait pu se saisir du mousquet qu'il gardait dans sa veste pour changer la donne. Il aurait pu en tout cas essayer.

- Mais reste pas planté là.... dis quelque chose putain... DIS QUELQUE CHOSE !

Les deux poings du pendu s'abattirent avec fracas contre ses tempes de ce pauvre môme. Ça avait été très rapide. Longdrop ne retirait aucune satisfaction de ses assassinats brutaux si ce n'est celle d'être débarrassé d'un rebut de l'humanité supplémentaire. Le plus violent pour Garjel avait encore été la quiétude qui avait précédé son trépas. Avec le pendu, on s'étouffait avant tout avec l'oppression du silence que la corde sur laquelle on tirait pour sonner le glas.

Véfi et Garjel Honzemack. Un duo de recouvreurs de dettes qui commençait à se faire un nom sur Las Camp. Dix-sept et quinze ans à leur actif.
Assez jeunes pour être impétueux et insouciants, ils s'étaient imaginés pouvoir bousculer impunément le sieur Longdrop pour lui faire cracher ses dettes de jeu. Ils étaient tombés dans un piège en croyant monter une embuscade. Ce n'était pas demain que Jacob cracherait ses deux millions de berries à qui de droit. En tout cas, ce serait prochainement.

Fraîchement lourdé par l'armée révolutionnaire, maintenant abonné à la dissidence, le pendu manquait de soutiens pour repousser les casseurs de genoux venus récupérer l'oseille. C'est qu'ils paraissaient se multiplier. Lorsqu'on se retrouvait comme Jacob à éconduire cinq recouvreurs en une semaine, c'est qu'il était grand temps d'agir pour que ça cesse. Considérant la vitesse de l'escalade, ce n'était plus qu'une question de temps avant que ses créanciers ne commencent à verser leur obole aux chasseurs de prime. La vie ne serait alors plus un long fleuve tranquille.
Il allait falloir raquer. Sa fortune pour le moment se limite à cent-quarante berries et un paquet de cigarettes à moitié entamé. Les affaires vont mal, car d'affaires il n'y a plus. Maintenant à son compte, il avise. La cagnotte révolutionnaire ne le biberonne plus. Tant mieux. Il s'était assagi ces derniers temps, l'argent facile le ramollissait.

Restait à bâtir sa propre trésorerie. L'émergence d'un régime autoritaire ne se concevait que derrière une parure scintillante, Longdrop n'aurait pu œuvrer à son érection autrement.
Alors il fouille les cadavres qu'il a semé, craque une allumette et s'embrume les poumons à grand renfort de nicotine. Il s'était laissé dire qu'il y avait une pénurie de recouvreurs depuis qu'il jouait aux cartes à Las Camp. Quels meilleurs employeurs que ses créanciers ? Recrachant sa fumée par à-coups, la cigarette lui pendant aux lèvres, il lit au dos de la boîte d'allumette l'adresse convoitée.

- Alors comme ça on crèche à Last Joy ?



    James, à l’image d’une âme en peine, errait dans les bas-fonds de Las Camp. Il était totalement débraillé, en cause son uniforme dix fois trop grand pour lui. Et pour couronner le tout, il empestait la pisse à plein nez. Le blaireau à qui appartenait initialement la tenue avait sûrement dû se faire dessus une bonne dizaine de fois. Mais son principal problème était cette maudite faim qui lui tiraillait les tripes.

    « Putain, il faut que je bouffe un truc, n’importe quoi ! Par pitié »

    Avec sa dégaine de clodo, Blackburn s’engouffra dans le seul type d’endroit susceptible d’être encore ouvert à cette heure-ci, une taverne. À peine avait-il fait un pas dans l’établissement que le patron l’interpella :

    « La tenue ce n’est pas un passe-droit ici ! Allonge la monnaie et tu auras ton verre ! »

    James fouilla de fond en comble ses poches, elles étaient désespérément vides de toutes pièces.

    *Chiotte, j’aurais dû récupérer la tenue d’un officier et non d’un sous-baloche .*

    Le pouilleux resta bêtement planté devant le gérant avec ses poches retournées, ne sachant quoi dire.

    « Bah barre-toi, et reviens quand tu auras ta solde. En plus tu empestes la pisse jusqu’ici ! »

    Voyant que l’individu n’était pas enthousiaste à l’idée de retourner d’où il venait, le patron se pointa vers lui pour l’empoigner et le jeter manu militari dehors. Le tout sous les rires des autres clients :

    « Qu’est-ce qu’il pue, bordel de dieu ! »

    James dépité n’avait même pas l’envie de résister, il s’écroula de tout son long sur le parvis de l’établissement. Alors qu’il se relevait, un poivrot l’accosta :

    « Bienvenue au club l’ami ! C’est un vrai connard le mec d’ici, et encore tu as de la chance d’être en tenue, sinon il t’aurait savaté la gueule au sol. Tiens bois ça, cela te redonnera des forces ! »

    L’ivrogne lui passa une bouteille sans étiquette, bêtement, l’imposteur, avala une grosse rasade pensant avoir affaire à de l’alcool bon marché. Mais il recracha immédiatement, surpris de l’ignoble goût :

    « Bordel ! C’est quoi cette merde ?!! »

    « Ne gaspille pas mec ! C’est une production locale, parfaite pour se requinquer ! »

    De sa vie James n’avait bu un truc aussi indigeste. De quoi vous filez une cirrhose sur-le-champ.

    « T’as rien à bouffer par hasard ? »

    « Non, je préfère boire que manger. »

    « Ah… »

    Son compagnon de fortune puait à plein nez, mais il était mal placé pour lui faire la remarque. Le type n’avait sûrement jamais vu à quoi ressemblait une salle de bain.
    Appuyé contre le mur face à la taverne. James n’écoutait que d’une oreille les dires de collègue de fortune. Dont les sujets de discussion ne tournaient qu’autour du vin, du rhum et des putes. Son objectif était de trouver au plus vite à manger. Au fur et à mesure que la nuit s’avançait, la taverne se vidait de ses habitués. Lorsque que le dernier fidèle quitta l’endroit avec la plus grande des peines, Blackburn se dirigea droit vers la porte d’entrée :

    « Bah, qu’est-ce que tu branles mec ? Tu vas encore te faire jeter toi ! »

    « J’ai la dalle, et si c’est aussi ton cas, tu n’as qu’à me suivre. »

    « Ah euh, bah très bien. »

    S’apercevant que le tavernier avait l’établissement à clef, le jeune homme annonça sa présence à renfort de grands coups dans la porte.

    « On est fermé !! »

    Il redoubla d’efforts.

    « Bordel de merde ! C’est fermé !! »

    Exaspéré par le vacarme, il ouvrit finalement pour avoir une petite explication avec le fauteur de trouble :

    « Quoi ? C’est encore toi ? Le putain de poivrot ! Cette fois-ci, marine ou pas, je vais te filer une putain de c… »

    Ne lui laissant pas le loisir de terminer sa réplique, James lui décocha un violent coup de boule en pleine poire. Le pauvre bougre tituba en arrière tenant son nez brisé entre ses mains. Il couinait comme un clébard à cause de la douleur.

    « Tu vas nous filer à manger maintenant ?! »

    Pour asseoir ses propos, Blackburn dégaina l’épée complètement hors d’usage qu’il avait dans son fourreau et menaça ce dernier de lui couper une couille si jamais la réponse était négative. Au même moment, une femme débarqua en hurlant à la mort :

    « Ciel mon mari ! »

    « Ta gueule la grognasse ! File-nous à boire et à manger sur-le-champ ! »

    Le tavernier bégaya quelques menaces, comme quoi il connaissait des militaires hauts gradés et que les représailles seraient terribles pour le soldat et son ami. James empoigna le gérant et le jeta au sol, puis planta à quelques centimètres de ses bijoux de famille la pointe de son épée.

    « La prochaine fois, je ne te loupe pas ! »

    « Thérèse… Amène-leur de quoi manger vite ! »

    « Et votre meilleure bouteille aussi. »

    La Thérèse hésita quelques instants, mais son mari lui jeta un regard qui ne laissait place à aucun doute. Tout en gardant à vue leurs otages, les deux compères s’empiffrèrent comme jamais. Une fois le repas terminé, James regarda de haut en bas le propriétaire des lieux :

    « Où se trouve votre salle de bain ? »

    « À l’étage. »

    Blackburn mena tout son petit monde en direction de l’étage qui faisait office de lieu de vie pour le couple. Après lui avoir demandé de sortir ses plus beaux habits, il enferma les deux tourtereaux dans un placard après les avoir ligotés et bâillonnés.

    *Enfin la paix*

    Une fois les basses-besognes terminées, il avait quartier libre pour s’occuper de sa personne. Après avoir fait un bon bain et un rasage méticuleux, il enfila une remarquable tenue. Un ensemble de belle fabrication qui se démarquait du lot. Se regardant devant un miroir, il avait retrouvé de son panache, ce n’était plus un taulard en pyjama rayé. Il se retourna vers son comparse en quête d’information :

    « Dis-moi, où je peux trouver des gens friqués sur cette île ? Il me faut une belle somme d’argent pour mettre les voiles loin d’ici ? »

    « Bah Last Joy ! Tous les bourgeois crèchent là-bas. »

    Après une bonne tape dans l’épaule, Blackburn quitta les lieux en laissant derrière lui le poivrot qui avait comme objectif de vider la cave avant de partir. Ce n’était plus du ressort de pirate, mais le soûlard risquait fort de se réveiller derrière les barreaux d’une cellule.

    L’horloge tournait pour James, son évasion sera bientôt rendue publique, il lui fallait amasser rapidement une coquette somme d’argent pour se payer un voyage loin d’ici. Et pourquoi pas, dans un autre Blue ? Histoire d’assurer le coup. Quoi qu’il en soit, délester une vieille rombière de ses bijoux ne lui posait aucun problème de conscience, bien au contraire.

    L’aube pointait son nez en même temps que la fatigue, mais Blackburn, à l’heure actuelle n’avait pas le luxe de s’offrir le moindre repos. Last Joy et ses Berrys l’attendaient.
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    De sa main caleuse, les phalanges abîmées et surtout rougies, Jacob écrase sa cigarette dans le cendrier placé en évidence sur le bureau.

    - C'est un présentoir en porcelaine pour y disposer des friandises. Un cadeau qu'un ami m'a offert en revenant de Kanokuni. Un travail d'orfèvre, regardez la finesse de la gravure, la minutie avec laquelle ces fresques ont été dessinées.
    Enfin... tout ça pour dire que...ça n'est pas un cendrier.


    Ce n'est pas pour autant que le dissident ôte le mégot. Assez peu à cheval sur les convenances, il crache même sur le parquet. Parquet rutilant s'il en est. Reste à espérer que le sang ne s'incruste pas dans la fibre.
    Du sang. C'est que le personnel à la réception ne s'est pas gentiment laisser castagner, certains ont même rendu les coups avant de rendre l'âme. Du personnel aussi dévoué, ça se faisait rare. On n'en trouvait pas facilement. On n'en trouverait plus ici en tout cas.

    - Des bonbons.

    Imperturbable jusqu'alors en dépit de la brutalité des assauts qu'avaient subi ses hommes, ce n'est qu'à ce moment que Karthère hausse un sourcil, tassant les rides de son large front et faisant légèrement pivoter son fauteuil afin de mieux se présenter de face à cet invité pour le moins indésirable.

    - Je vous demande pardon ?

    - Si c'est un présentoir à friandises, mettez des bonbons dedans. Comme ça on confondra pas avec un cendrier.

    Au haussement de sourcil se succèdent les battements de cils. Il y'a quelque chose de surréaliste à entendre un bourreau vous causer sucreries après s'être incrusté dans votre bureau sans même avoir signifié les motifs de sa visite. Surréaliste et même déroutant. Karthère reste blême encore quelques secondes et sourit à nouveau. Il a des dents bien blanches et bien rangées.

    - Rassurez-moi, vous n'êtes pas venu dans mon bureau juste pour le plaisir de castagner mes hommes et me dire comment disposer du mobilier ? Parce qu'un coup d'escargophone m'aurait suffi vous savez.

    Pas nerveux pour un sou. En face de lui s'est assis Jacob Longdrop dit le pendu. Un homme précédé davantage par une légende noire qu'une réputation et qui incruste sa carte de visite au fond de la gorge de ses victimes. Bien qu'il l'ait vu à l'œuvre, Karthère ne tremble pas. Ce n'est pas un genre qu'il se donne, Jacob ne l'effraie vraiment pas.
    Un tel sang-froid résulte de l'arrogance ; l'arrogance d'un homme qui se croit intouchable du fait de son statut et ses réseaux. C'est d'ailleurs du fait de sa position qu'il n'a aucune égratignure à recenser. Pour l'instant tout du moins.

    - Je viens pour du travail.

    Karthère n'en sourit que davantage.

    - Tiens donc ?

    Un révolutionnaire entre dans un établissement de crédit plus ou moins mafieux. Il a une ardoise à payer. Il ne la paie pas. À la place, il bastonne le petit personnel qui cherche à l'empêcher d'aller dans le bureau du patron. Le terrain déblayé, il entre et annonce "je veux du travail".
    Bien que ça ressemble au postulat d'une blague de comptoir, ça ne fait pas rire le patron susmentionné. Non. Ça le fait juste sourire. Il sourit Karthère, il sourit tout le temps, il sourit même d'autant plus quand on lui tape sur les nerfs.
    Là, le coin de ses lèvres jouxte ses oreilles.

    - Je recouvre deux-trois dettes pour vous et vous lavez mon ardoise. Ça me paraît honnête.

    Il n'y avait rien de plus truculent qu'entendre un salopard parler d'honnêteté.

    - C'est un ordre ?

    Jovial, impertinent même, en tout cas désinvolte, Karthère reste tout sourire en lui posant la question. Il faut bien admettre que les termes du contrat ont ce caractère impératif qui peuvent rebuter tout co-signataire éventuel.

    - C'est une alternative.

    Bouche bée. Davantage stupéfait par le culot que la menace, le prêteur véreux se surprend à être une nouvelle fois décontenancé par ce glorieux spécimen de sauvage venu foutre en l'air ses affaires pour mieux le servir. C'était une méthode de mafieux, il le savait puisqu'il fréquentait le milieux.

    - Une alternative à........

    - Une alternative à.

    Posé, ses mains croisées sur ses jambes qui l'étaient tout autant, Jacob reste assis comme un pacha en territoire conquis. Il fixe son créancier, glacial, impérieux. Les deux hommes se méprisent l'un l'autre, et pourtant, ils vont travailler ensemble. C'est en tout cas ce que semble indiquer la main tendue de Karthère.

    - Eh bien jeune homme, c'est une chance. Vraiment.
    Bon nombre de mes employés viennent de prendre un congé maladie. Une épidémie de gastro sans doute.


    - Sans doute.

    Le pendu lui serre la main bien qu'il préférerait lui serrer le cou. Un travail facile l'attendait.
    Au fond, si deux puceaux avaient pu prétendre lui faire les poches plus tôt dans la journée, c'est que ce qui l'attendait ne devait pas être foncièrement compliqué.

    ***

    - MmMmorRrGggLlLlllAaAAAAAAAAaaAh...

    C'était le bruit typique de quelqu'un à qui on arrachait une dent.
    Sur la liste des débiteurs, l'un d'eux avait eu le mauvais sens de se plomber la gueule avec des dents en or. Terre à terre, peut-être même un peu rustre, Jacob avait cherché à payer la créance avec les moyens du bord.

    - Et de trois. Le compte est bon.

    - P...Pfutfain.... Puifqu F'te dit qu'v'ai l'arfgent à l'maison.

    - Pas le temps d'y aller.

    Avec le sentiment du travail accompli, Jacob abandonne à son sort le quatrième client de sa tournée. C'est encore lui qui se porte le mieux du quatuor. Les trois autres avaient chacun remboursé rubis sur l'ongle et n'emprunteraient probablement plus jamais de leur vie. Jamais un recouvreur de dette n'avait rendu son prochain aussi vertueux.
    Restait un nom sur la liste. Une certaine Thérèse Louvier. Cent mille berries à son passif. Une broutille, même en comptant des intérêts exorbitants.

    Le dissident entre dans sa casba, l'auberge de son mari. Il crache encore par terre, la plaie à l'intérieur de sa joue ne s'est pas totalement refermée. La nuit se clôture, le jour se lève et le pendu espère bien être blanchi d'ici le déjeuner.
    Dans le coin, y'a guère qu'un miteux à gueule de raie qui cuve à moitié sur une table branlante. Jacob se perche derrière lui.

    - Thérèse Louvier.

    - NnnNnmM...mMva ChiiiiIieer.

    Mauvaise réponse, mais Jacob ne se formalise pas. Atteint comme l'est l'indigent, torture ou pas, il n'y aurait rien de bon à en tirer.
    Sans peur, sans gêne et sans reproche, le pendu fouille la propriété. Lorsqu'il trouve la débitrice attachée et bâillonnée aux côtés de son mari, il trouve simplement à dire :

    - Si c'est une technique pour ne pas payer, j'aime autant vous dire que ça ne prend pas.

    Et puisque les cordes ça le connaît, il détache madame pour mieux s'empresser de lui demander les sous.

    - On vient d'se faire cambrioler monsieur ! Parfaitement ! Cambrioler ! Il s'est tiré y'a pas trois minutes avec la caisse.

    Un jeu de piste. Jacob avait horreur des jeux de piste. Placide, il descend les escaliers. Si cambrioleur il y a eu, il va le retrouver. Dans le cas contraire, il confisquera tout ce qui peut l'être pour rembourser en nature, quitte à faire tapiner la grosse Thérèse pour joindre les deux bouts.
    Et il le retrouve son scélérat. Celui-là marche lentement avec les frusques du tavernier. Faut dire qu'il avait demandé la direction à ses otages, à partir de là, le tracer ne relevait plus vraiment du parcours du combattant.

    Le pendu lui tape sur l'épaule. L'autre ahuri a l'air surpris. Ses nouvelles fripes lui vont aussi bien que des moufles à un serpent et les cernes gravées sur sa gueule traduisent un certain épuisement.

    - T'as du feu ?

    Il a du feu. Il allume la cigarette qui pend au bout des lèvres de l'excentrique avec sa corde autour du cou et il repart.
    Le pendu lui tape à nouveau sur l'épaule. Le malfrat fronce les sourcils. Tout ce qu'il espère, c'est qu'il n'a pas affaire à un de ces révolutionnaires lunatiques qui se groupent dans les environs pour braver la loi martiale et se payer des innocents qu'ils considèrent trop tièdes à leur goût. Faut bien que la jeunesse occupe ses Dimanche après-midi.

    - T'as cent-mille berries ?

    - ........Quoi ?

    Jacob n'aime pas se répéter. Il n'aime pas grand chose à vrai dire. Le taquet part direct dans la mâchoire du braqueur amateur. Un révolutionnaire ne demande pas ce qu'il estime être son dû. Il le prend.

    - L'argent. Vite.



      « T’as cent-mille berries ?»

      Voilà que le gus après lui avoir taxé du feu en voulait à son portefeuille maintenant. Comme quoi, le paraître, cela fait tout. Hier encore, il n’était qu’un vulgaire clodo à la recherche d’un croûton de pain à se mettre sous la dent et maintenant on le prenait pour Crésus. James, ne sachant pas vraiment quoi répondre fasse à cette demande si saugrenue, répondit de la plus simple des manières, par un magnifique :

      « Quoi ? »

      « L’argent. Vite »

      Le mystérieux personnage lui décrocha sans crier gare, un crochet en direction de sa mâchoire. James à défaut de pouvoir esquiver le coup, accompagna celui-ci d'un mouvement de la tête Atténuant tant bien que mal son effet. Les idées encore confuses il ne comprenait pas pourquoi, il avait agi ainsi.
      Blackburn, dans un premier temps, ne fit pas le rapprochement. Il ne comprenait pas de quel argent il était question. Il avait dérobé chez le tavernier une coquette somme certes, et dans la précipitation il n’avait pas pris la peine de la calculer. Mais en réfléchissant, c’était fort probable que la bourse qu’il détenait atteigne les cent mille. Mais pourquoi l’homme en voulait soudainement à son butin ? Il n’avait pas la tronche d’un justicier et encore moins d’un soldat de la marine. Impossible, pour le couple d'avoir réussit à se défaire de leurs liens, et d'avoir appelé de l'aide aussi vite. Surtout, que si c’était le cas il aurait affaire directement à la marine.

      « Vous devez sûrement faire erreur, Monsieur. Je n’ai malheureusement pas une telle somme sur moi. » Tout en se frottant la mâchoire encore endolorie du coup reçu.

      Son interlocuteur le mettait sacrément mal à l’aise. Non seulement il avait une tête à coucher dehors, typiquement le genre de mec à faire changer, les personnes respectables de trottoir. Mais ce qui dérangeait le plus James dans l’histoire c’était cette sorte d’aura qui flottait dans l’air, il respirait la mort à plein nez. Pas vraiment le profil type du bandit local qui cherche à alléger les petits bourgeois passant à proximité de son repère. En temps normal James lui aurait sauté au cou suite à cette attaque injustifiée, mais dans son état actuel, il cherchait à tout prix à éviter toute confrontation.

      *Étrange que j’attire ce genre de poisson, ce n’est sûrement pas une coïncidence. *

      Une petite voix à l’intérieur de sa tête lui martelait « Cours James ! Cours James ». Décidément, cette île était un nid à emmerdes pour le jeune nobliau. Quoi qu’il en soit, il ne voulait pas et ne pouvait se permettre de fuir devant le premier Vénus. C’est à ce moment-là que son ami l’ivrogne pointa le bout de sa fraise. Bien amoché suite à sa descente dans la cave, il s’était fait oublier de tous.

      « Chef ! T’es encore là ?! Et c’est qui lui ? Un ami à toi ?! »

      *Manquait plus que lui…*

      Réalisant que l’homme n’allait pas lâcher le morceau si facilement, James mit les deux pieds dans le plat. Il sortit lentement la bourse de sa poche, en la soupesant devant lui. Blackburn ne décela aucune réaction du croque-mort lorsqu’il lui présenta son butin. À croire qu’il savait déjà qu’il était en sa possession. De son côté, le poivrot zonait autour d’eux en baragouinant des propos complètement inaudibles.  

      « Finalement, il est fort probable que j’ai en ma possession cet argent. Mais, il se trouve que je lui réserve un usage bien particulier, d’une importance capitale pour moi. Je ne peux malheureusement pas répondre positivement à votre requête.»

      Pour appuyer ses dires, et montrer un semblant de sérieux. Le pirate laissa apparaître à la vue de tous, le manche de son arme. Il s’agissait en réalité de la seule partie réellement dangereuse, au vu de l’état de la lame, tout juste bonne à couper du beurre.
      Voyant une fois encore la non-réaction de l’individu face à son petit numéro, Blackburn avait maintenant la conviction qu’il avait affaire à un client face à lui. Il décida de changer totalement d’approche, ne souhaitant pour rien au monde se battre au vu de son état de fatigue. Autant s’en faire un allier, au moins il serait vite fixé sur les réelles intentions de son interlocuteur.

      « Par contre, je suis loin d’avoir réuni les fonds nécessaires pour la réalisation de mon projet. Si tu n’es pas très regardant sur la provenance, j’ai l’idée d’aller secouer quelques vieilles peaux blindées à Last Joy, je ne dis pas non pour un petit coup de main ! À prendre ou à laisser ? »


      Dernière édition par James W. Blackburn le Mer 9 Mai 2018 - 9:13, édité 1 fois
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      Il parle. Il parle. Il parle sans arrêt. Il parle sans rien dire. Les mots de trois syllabes se glissent inopinément dans le ramassis de connerie débité aux tympans du pendu. Lui, il n'écoute pas, mais il fixe.
      Quelque chose cloche. La force qu'il avait mise dans la mandale n'avait pas eu de quoi fendre un crâne - il savait se modérer - mais personne n'en serait normalement sorti indemne. Et pourtant, le blondinet causait nerveusement, semblant ignorer jusqu'à l'impact lui ayant effleuré la mâchoire quelques instants plus tôt. Alors Jacob le toise. Les mots lui étant adressés ne font office pour lui que de bruit de fond.


      Son rythme cardiaque s'accélère. Ça n'est pas de la peur, ce n'est pas de l'excitation. Quoi que ce soit, ce n'est pas bon. Doucement il lève le menton pour mieux le regarder de haut. Le contre-jour ne rend pas sa gueule plus avenante. Le souffle devient plus rapide et les babines se retroussent. Les yeux ? Désespérément mornes et glacés. Ils ne fixent plus James. Ils regardent les alentours. Jacob cherche à s'assurer que son débiteur et lui soient seuls.

      À prendre ou à laiss....

      Une gerbe de sang vient s'étaler sur la face du voleur. L'alcoolique ayant fait irruption un peu plus tôt y a eu droit. L'uppercut est parti de tout en bas. Il a loupé la mâchoire mais s'est fort bien contenté de heurter le nez présenté à lui. Un gêneur de moins. Longdrop n'aime pas les indigents, il les considère comme responsables de leur propre misère. Un homme qui n'est pas capable de se gérer en tant qu'individu n'est pas un élément souhaitable dans une collectivité.
      Le monde vient alors d'être épuré d'un nuisible supplémentaire. Selon les critères du pendu tout du moins. Dans un monde meilleur, un monde conçu par un esprit comme le sien, il n'y a pas de place pour les alcooliques, pas de place pour la crasse et l'indolence. Pas de place pour la déviance.

      James a pu voir - impuissant et surpris - son compère du jour s'écrouler à genoux, l'arrête nasale enfoncée dans la cervelle, les pupilles exorbitées et gorgées de sang. Dans cet acte barbare, il y avait un message. Un "Non merci" gravé en lettre de sang. On ne raisonne qu'avec quelqu'un de raisonnable et la proposition adressée à Jacob revenait à pisser dans un violon. À présent, le boucanier savait à quoi s'en tenir et économiserait ses paroles qui, manifestement, n'avaient aucune emprise sur son petit camarade.

      - Tu parles trop.

      C'était répréhensible. Répréhensible et rédhibitoire, justifiant en tout cas le direct à l'estomac délivré sans préavis. James l'a encaissé. L'a-t-il seulement vu venir ? Cinq mètres plus loin, son dos vient heurter un mur en briques salies, de quoi faire sauter une ou deux vertèbres.
      Il se relève pourtant. L'écran de poussière qu'a levé le choc semble davantage le préoccuper que la douleur. A-t-il seulement eu mal ? Jacob se paît à croire que oui mais craint que non. Alors ses paupières ses rapprochent, ses pupilles fixes et acérées ont le boucanier en ligne de mire, deux cordes quittent ses manches et pendent jusqu'au niveau de ses genoux. Ce n'est plus une question de dette, le pendu a quelque chose à se prouver et Blackburn devra en faire les frais. Eut-il seulement chancelé un instant lorsqu'il fut frappé à la mâchoire que la tournure des événements aurait été d'une toute autre nature.


        James, impuissant, assista à la scène d’une extrême violence. Il aura suffi d’un seul et unique coup pour envoyer le poivrot aux portes de l’au-delà. Bien que le nobliau n’ait absolument aucun atome crochu avec ce pauvre type, il estimait qu’il ne mériterait pour autant de finir de cette manière.
        Blackburn commit l’imprudence de trop, il baissa durant quelques instants le regard pour voir les derniers soubresauts du malheureux. Laissant le champ libre au croque-mort.

        « Tu parles trop. »

        * De quoi ? … *

        James ne vit pas le coup arriver. Totalement, captivait par le spectacle morbide, il avait complètement fait abstraction de l’agresseur. Erreur qu’il paya immédiatement au plein tarif, ce dernier lui envoya un coup de poing en plein estomac d’une puissance prodigieuse. Expédiant le pauvre pirate plusieurs mètres en arrière, il fallut l’intervention d’un mur en brique d’un autre âge pour stopper son vol plané. Un enfant tapant dans un ballon n’aurait pas fait mieux.
        Blackburn à moitié sonné prenait progressivement conscience de ce qu’il venait de subir. Son estomac plein de la veille se rappela aussi à son bon souvenir, il était de deux doigts de déglutir.

        *Il ne fait pas semblant quand il tape lui…*

        Il ne comprenait pas trop le raisonnement du gars en face de lui, c’était une proposition alléchante pourtant. Que cela tienne, il n'était peut-être pas d’humeur à se battre, mais encore moins à se faire laminer la gueule par un parfait inconnu. Il se releva, avec la plus grande des difficultés, son dos laissant échapper un craquement à chaque mouvement, nul doute qu’un quidam lambda aurait laissé sa colonne vertébrale sur le mur.
        James dégagea la poussière devant lui à l’aide de ses bras pour y voir un peu plus clair. Une chose le contraria presque autant que le coup reçu, c’était l’état de ses vêtements. Lui qui avait enfin retrouvé un semblant de dignité en enfilant une tenue digne de son rang, se voyait maintenant couvert de poussière et de crasse.
        Cependant, le nobliau éprouva une légère satisfaction en voyant un subtil changement dans l’attitude de son adversaire. Ce dernier ne s’attendait sûrement pas à ce qu’il s’en sorte aussi facilement. C’était une autre histoire que de frapper lâchement un pauvre alcoolique. Le type avait cependant commis une erreur en sous-estimant James. En parlant d’erreur, Blackburn ne comptait pas s’offrir de nouveau à son adversaire en le lâchant du regard.

        *C’est quoi ce truc encore ? *

        Sous le regard stupéfait du pirate, son opposant laissa pendre deux cordes au niveau de ses genoux. Il n’avait jamais vu quelque chose de la sorte, d’où pouvait bien sortir un type pareil ? Sentant le coup fourré à plein nez, James décida de sortir son reliquat d’épée pour parvenir à toutes éventualités. Il combla les mètres le séparant de son adversaire avec une extrême prudence, ne le quittant à aucun moment du regard.  
        Pour le plus grand malheur de James, son adversaire prit l’initiative de nouveau. Il lança avec une dextérité sans pareil, l’extrémité de sa corde, droit dans le poignet du pirate. Percutant de plein fouet, celui-ci fut contraint de lâcher son arme sous la surprise et la douleur. Blackburn n’eut même pas le temps de réaliser ce qu’il lui était arrivé, que son autre bras était déjà sous l’emprise de la seconde corde. Son antagoniste tira de toutes ses forces pour l’amener vers lui afin de le sécher avec une patate monstrueuse. Heureusement, cette fois-ci le nobliau comprit les intentions de son adversaire. Il esquiva de justesse le coup, en se jetant à plein ventre au niveau de ses jambes. N’ayant pas accès à la partie haute de son corps, il saisit les deux membres au niveau des articulations pour le mettre à terre. Le but de cette manœuvre était de récupérer au plus vite l’arme pour tenter d’équilibrer ce duel mal engagé.

        Le pirate qui n'avait pas fermé l'œil de la nuit, à aucun moment, s’était imaginé devoir livrer l’un de ses plus redoutables combats.
        James s’élança donc en direction de l’épée, occultant totalement son bras encore sous l’emprise de la corde. Le combattant adverse usa de tout son poids pour le stopper net dans son élan. S’engagea dès lors une lutte au biceps, pour déterminer qui aurait le plus force brut. A ce petit jeu, Blackburn eut l’espace d’un instant à la sensation de prendre un léger avantage. Jusqu’au moment où il ramassa l’autre nœud de cordage en pleine mâchoire.

        *Enfoiré ! *

        L’attaque se réitéra une nouvelle fois, le pirate n’était pas en mesure d’encaisser indéfiniment des coups d’une telle violence. Il devait tout faire pour faire cesser cette saloperie de cordage. Mais comment ? Il lui manquait une petite dizaine de centimètres pour enfin empoigner la garde de son épée. Cette fois-ci, il se concentra sur la seconde qui se dirigeait à toute vitesse vers lui. Il mit son bras encore valide en opposition pour que le cordage s’enroule autour de son bras et changea brusquement de stratégie.
        Il n’était plus question de récupérer l’arme, mais de foncer sur son adversaire pour tenter de lui mettre une dérouillée au corps à corps. Comment ferait ce dernier sans ses deux armes fétiches ? Il saisit à pleine main les cordes et courut dans la direction de son antagoniste avec la ferme intention de lui rendre la monnaie de sa pièce.
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        Ils étaient cloîtrés dans des locaux insalubres comme des chiens de chasse dans des cages rouillées. Vu que c'était encore le petit matin, les uns se rasaient sans eau - car évidemment les conditions sanitaires étaient déplorables - tandis que les autres émergeaient difficilement. Eux, c'étaient les résidus de putes qui constituaient la septième section de la 420eme garnison de la marine établie à Las Camp.
        Une voix douce et suave de gourgandine s'échappait des interstices rouillés de l'aération derrière lesquelles un den den chargé de transmettre les annonces était placé. Tout le grouillot leva le nez, attentif. Comme les chiens de chasse qu'ils étaient, rien ne les enthousiasmait plus que l'idée de courir un lièvre. La demoiselle au prompteur leur en promettait deux. Et du gros gibier qui plus est.

        Cols débrayés, uniformes pas même repassés, la troupe était déjà sur le pied de guerre fusil à la main. Il y avait du grabuge au Nord de Last End et ça allait prendre fin très bientôt. La loi martiale par ici, ça n'était pas pour la frime.

        Jacob boitait et cherchait à se planquer à un coin de rue. Un genou pété ça changeait la donne quand on avait besoin d'être mobile pour se friter. Si ça n'avait été que le genou. James l'avait copieusement avoiné une fois au corps à corps. Les arcades saignantes, l'œil droit tuméfié et la lèvre ouverte, le pendu avait trouvé du répondant.
        Mais dans un échange de bons procédés, il n'avait pas rechigné à l'idée de recevoir le pirate à coup de tête pour lui faire sauter le cartilage du nez. C'était un combat de clébards miteux. C'était sale, c'était gras et ça faisait mal.

        Tout ce qu'attendait Longdrop maintenant, c'est une occasion de choper sa proie depuis un angle mort. S'il le chopait à la gorge et il tirait le gros lot.
        Il jette alors coup d'œil discret depuis le coin de rue où il s'est planqué et...

        C'est de peu qu'il esquive la balle. Celle-ci et les autres d'ailleurs.
        La septième section a fait vite. Vingt bonhommes armés et teigneux. Derrière la première ligne, on en trouve deux avec des lance-flammes. Au terme de la rixe qui se profilait : il n'y aurait pas de prisonnier.
        James ne trouve rien de mieux à faire à ce moment là que d'arriver à revers et de choper le pendu à la gorge. Il est reçu à grand renfort de coups de coude dans les flancs. Y'a des bruits de bottes qui se rapproche au pas de course. Alors, vu que ce serait trop con de mourir comme ça, Longdrop plante son pouce dans l'œil du pirate. Faut ce qu'il faut pour le faire lâcher.

        Maintenant que les marines sont à la croisée des chemins, Jacob balance son bras en l'air pour faire jaillir une corde et s'accrocher à la première corniche venue. Il est venu le temps de prendre un peu de hauteur sur les événements, ne serait-ce qu'histoire d'être hors de portée de tir.
        James se retrouve comme un con, très vite encerclé par tout ce qui a une casquette et cinquante points de Q.I.

        - T'es sûr que c'est un de ceux qui foutait le bordel ? Je veux dire... blessé comme il est, ça pourrait aussi bien être un passant qu'a essuyé les plâtres.

        Le collègue, un type pétri de sagesse populaire a la réponse toute trouvée.

        - Parce que ça nous a déjà empêché de tirer ça peut-être ?

        Vraisemblablement, la réponse est "non" vu que tout ce beau monde commence à caresser la gâchette à portée de doigt. Reste à espérer que James pare les balles. Ne serait-ce que pour sa santé.

        HRP : On va clôturer rapidement, j'ai vraiment plus l'inspiration pour Jacob :s

        Désolé.



          Il y’a des jours comme ça, où tout va de travers ! Pourtant pour James, la journée n’avait pas trop mal débuté en soi. Malgré une nuit blanche, il avait pu enfin manger à sa faim. Et puis ce fut le drame, une rencontre malencontreuse pour vous faire foirer tous vos plans en un clin d’œil.
          Comme un air de déjà vu, voilà une fois de plus James, désarmé face à la septième section au complet. De toute façon, même le tiers de l’effectif aurait amplement suffi. Les types étaient armés comme des porte-avions.

          « Et merde… »

          C’était un grand moment de solitude pour Blackburn, après une lutte acharnée contre le mystérieux croque-mort. Ce dernier s’était littéralement volatilisé, pour laisser place à un escadron d’élite de la Marine. Une fois de plus dans l’histoire le grand couillon était ce brave James.
          Il comprenait ce que pouvait ressentir un condamné devant un peloton d’exécution. Il y avait autant de flingues braqués dans sa direction que de soldats présents. La seule question était de savoir quand l’un d’eux appuierait la détente.
          Le pirate chercha désespérément un semblant d’aide, en vain. Il était seul, dans un état lamentable autant physiquement que mentalement. Petit à petit, les voix des soldats se faisaient plus faibles, tout devenait flou et bancal. Il avait totalement perdu le contrôle de son corps, quelques instants plus tard ce fut le black-out total. Le jeune homme s’écroula de tout son long sous les yeux des militaires. Ces derniers ne s’attendaient sûrement pas à un tel dénouement, et certains fous de la gâchette l’avaient réellement de travers.

          « C’est ça le dangereux individu qui met à sac le quartier ? Laissez-moi rire. Encore une satanée fiotte ! »

          « Vous trois, ramenez-le au poste le plus proche en tout cas. Il ne faut jamais être trop prudent avec la vermine. Quant aux autres, ratissez-moi tout le secteur ! »

          Les soldats empoignèrent le jeune homme sans aucun ménagement au vu de son état. Pour eux, c’était à la limite de l’humiliation, ils ne vivaient qu’à travers l’action. Et les voilà à devoir escorter un pauvre type inconscient à la gueule méconnaissable.
          Une fois arrivé à destination, au poste local de la marine. Ils se déchargèrent non sans une certaine satisfaction de leur poids mort aux gardes locaux.

          « Tenez, c’est un truc qu’on a ramassé pas loin d’ici, il est peut-être impliqué dans des évènements récents, mais je doute fort. On dirait plus une victime. »

          Quelques heures plus tard, James reprit enfin connaissance. Il se trouvait dans une petite cellule en compagnie de trois autres individus à la gueule plus que louche. À cet instant, il ne savait même pas où il se trouvait exactement. Premier point positif, cela ne ressemblait pas à la prison de Las Camp.
          Il remarqua en effleurant son visage du bout des doigts que ce dernier était recouvert d’un épais bandage. Il se souvenait maintenant d’avoir reçu une sacrée tannée en se battant contre l’inconnu avec ses deux cordes. D’ailleurs il se demandait encore comment avait-il fait pour disparaître de cette manière. Où qu’il soit, il avait dû sacrément rire en voyant la scène. Le débile de James seul face à une brochette de Marine souhaitant ardemment faire usage de leur arme. Il espérait de tout cœur pouvoir remettre un jour la main sur ce gars, pour lui rendre au centuple la monnaie de sa pièce.

          *Enfin si j’arrive à sortir d’ici…*

          Quelques minutes plus tard, un soldat se pointa devant la cellule et le désigna du doigt :
          « Toi, tu viens avec moi ! Nous voulons savoir certaines choses. »
          James se retrouva de nouveau menotté et conduit devant un gradé de la marine. Ce dernier semblait en charge des auditions.

          « Nom, prénom, âge et lieu de naissance. »

          « Qui t’a démoli la tronche ? »

          « D’où viens-tu ? »

          « Depuis combien de temps es-tu présent à Las Camp ? »

          « Comment expliques-tu cette grosse somme d’argent sur toi ? »

          Les questions s’enchaînaient à toute vitesse. Il ne manqua pas de donner une description la plus précise possible de son agresseur. Même si le soldat avait du mal à croire qu’un type se baladait avec deux cordes qui pendaient à ses bras. De même ses vagues explications sur la provenance de l’argent laisser pour le moins perplexe l’enquêteur. Mais n’ayant aucune charge à l’encontre du jeune homme, ce dernier fut prié de quitter les locaux au plus vite. En ayant comme obligation, de ne plus faire parler de lui. En sortant du poste, il tomba nez à nez avec le petit couple qu’il avait séquestré la veille au soir. Ces derniers semblaient très hésitant sur le faite de déposer plainte. Ils devaient surement avoir des choses pas net dans leur affaires.

          *Merde ! La poisse !!!*

          Heureusement pour lui, grâce aux bandages, et l’état déplorable de sa tenue, il était totalement méconnaissable. Il croisait les doigts pour que les victimes aient la mémoire courte, et ne soient pas trop exhaustives en détail sur sa personne. Il quitta les lieux sans se faire prier au pas de course. Il espérait maintenant enfin pouvoir mettre son plan à exécution à Last Joy sans avoir de nouveaux accros sur la route.
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