- ABEL !
- Ici on dit "Monsieur". Et on frappe avant d'entrer.
Telle une furie, Emma Skull se rue sur le blondinet vicieux assis derrière son bureau. Je suis moi-même tranquillement installé sur une chaise dans le coin de la cabine à siroter l'alcool réservé aux officiers - et invités de marque en l’occurrence - le nez rivé sur le journal. Ma recherche d'informations sur le plan politique tourne court lorsque l'autre empoisonneuse se met à brailler en tapant des deux mains sur la table :
- C'est toi qui a dit aux mousses que j'étais une pute ?!
- Mmh... Je ne me rappelle pas avoir employé le mot "pute", mais...
- J'ai été réveillé par un puceau !
- Et alors ?
- Il m'a secoué en me postillonnant à la figure !
- Ça aurait pu être pire.
- Il puait l'alcool ! Et le vomi !
- Oh ?
- Et il m'a demandé la permission pour se frotter... POUR SE FROTTER !
- Ah !
- Je vais te tuer... Un de ces jours je vais te tuer !
- Je vérifie simplement que tu sais rester alerte, peu importe la situation... Tu devrais me remercier : grâce à moi, tu es capable de mieux servir Dorian.
- Va te faire, le rat !
- Et voilà ! Tu recommences à être grossière...
- Je t'emm...
- V'POUVEZ PAS LA FERMER OUI ?!
Les premiers jours passés sur ce navire s'étaient bien passés : Abel est un type plutôt discret. Un bon point quand on connaît ses penchants pour la manipulation et les coups fourrés. Sa position de secrétaire d'état, couverture obtenue grâce au Serpent de Dentelles pour qui il travaillait un temps, nous permet à tous nous déplacer sur Grand Line en compagnie de la Marine.
Emma Skull était arrivée sous les traits d'une journaliste lors d'une escale. Il s'est révélé par la suite qu'elle était un assassin envoyé par le Serpent pour m'éliminer, notre ancienne entrevue s'étant mal passé.
Ce qui me fait penser, pour changer de sujet :
- Emma, t'as pu contacté l'aut' vipère ?
- C'est fait Dorian : un message codé disant "Mission Accomplie."
- Parfait.
Le temps qu'elle réceptionne le message et qu'elle fête la nouvelle, je serai déjà de l'autre côté de la frontière en aller direct pour Strong World. Tout ça parce que la binoclarde face à moi n'a pas pu aller jusqu'au bout de son travail. Heureusement que la vie de la tueuse est un vide qui ne demande qu'à être rempli. Il aurait été difficile de la convertir autrement. Le tout maintenant est de savoir titillé ses pulsions meurtrières pour qu'elle conserve le goût de la chasse et du pouvoir : ce serait dommage qu'elle sombre encore plus dans le désespoir de n'être qu'un déchet inutile... Ce qui ne peut pas être le cas quand on voit ce que Mère Nature a bien voulu lui octroyer : lunettes mises à part, sa poitrine se soulève fièrement à chaque inspiration, au grand plaisir de mes mirettes.
C'est sans compter sur l'espièglerie mal placée d'Abel, incapable de passer une seconde sans foutre le bordel. Impossible de se focaliser plus de deux minutes sur quelque chose au calme s'il a vent de notre position. Mais passons.
A la fin de la journée, après trois disputes, quatre remontrances et une paire de baffes de ma part, nous arrivons enfin à l'endroit souhaité : notre dernière étape, l'entrée du réseau Marijoan.
Tous les hommes autour de nous se précipitent à leur poste tandis que leurs supérieurs beuglent des ordres à n'en plus finir, nerveux à souhait. Il faut dire que tout l'équipage provient de Hinu Town, où la Marine apprend davantage le métier de terrain plutôt qu'en mer : les officiers cherchent à faire bon profil avant d'accoster. Leur discipline sera jugée par tout un contingent d'habitués sur place. Et voilà quelque chose qui m'énerve, en plus de m'épater : tout est prétexte à se faire bien voir en ce monde. Je ne vois pas pourquoi on devrait s'embarrasser de ce genre de problème quand notre travail n'implique pas l'hypocrisie ou le lèche-bottisme. Un travail comme le mien par exemple.
Nous descendons enfin et avançons vers notre prochaine destination. D'abord le Responsable des quais, lequel nous invite à le suivre, puis Abel, le faux secrétaire d'état - dont les talents d'acteur me laissent pantois - et les officiers de bord, suivis de quelques soldats pour faire bon genre et, enfin, moi et ma bande d'esclaves, reconvertis en marins et en mercenaires pour la forme, avec Emma sur les talons, un carnet de note à la main.
Le port dans lequel nous nous trouvons est un lieu sombre : situé à l'intérieur du tunnel qui traverse Red Line, il est éclairé par les reflets lointains du soleil sur l'eau, les champignons phosphorescents qui poussent sur les parois rocheuses et par les lampadaires alentours. Les quais sont... Immenses. Ici sont amarrés une dizaine de navires de guerre, et il reste encore de la place pour tout autant de bateaux sur la longueur. Plus loin, il y a même un espace civil, où la douane réceptionne des bâtiments de toute taille pour un contrôle approfondi une fois stoppés pendant la traversée et quelques produits douteux mis à jour. Sans compter la zone de chargement des ressources, où ne se déplacent que les cargos et les rares navires marchands ayant obtenu un mandat du Gouvernement. Des marchands d'arme pour la plupart, mais l'information est censée être confidentielle alors bon...
- J'ai gagné mon pari.
Emma est arrivée à ma hauteur et pointe du doigt les quartiers les plus éloignés du port, réservé aux habitats. Nous avions misé la dernière bouteille des officiers pour un jeu simple : savoir dans quoi vivaient les hommes au sein du réseau Marijoan. La réponse était un quartier troglodyte.
Je grimace en lui offrant la cuvée, cachée sous ma veste, qu'elle s'empresse de ranger dans sa sacoche de "journaliste". Et je boude tout le reste du trajet, me trouvant des prétextes pour rendre la réaction normale, comme le fait que certains vivent dans de vrais maisons, plus proches de la zone portuaire.
Nous approchons d'un grand bâtiment cerclé de remparts et de canons, certains suffisamment gros pour creuser de nouvelles galeries à taille humaine dans le gruyère qu'est La Flaque. Du moins ce qu'il pourrait être. Mais je m'imagine bien creuser la terre dans tous les sens jusqu'à ce que le continent cède... Ça ferait une jolie histoire à raconter.
Un lieutenant prend le relais à l'entrée et demande à ce que seuls les gradés et invités le suivent, autrement dit : trois Marines, Abel et moi. Emma reste en arrière avec les esclaves et les quelques soldats présents, ainsi qu'un jeune sergent impressionné par les lieux. Sûrement sa première fois hors des régions désertiques.
Le lieutenant me toise pendant que nous pénétrons à l'intérieur :
- Que fait un civil ici ?
- Ce n'est pas un simple civil : c'est un homme de confiance que j'ai engagé pour ma garde personnelle. Comme je le disais pendant la traversée, je ne doute pas des compétences de la Marine... Mais nous ne sommes jamais trop prudent. De plus, il a une requête à faire à votre supérieur. Cela vous convient-il ?
La question n'en était pas vraiment une : Abel profite pleinement de sa position si peu scrupuleusement acquise et son air hautain est particulièrement efficace. Agaçant, mais efficace.
L'autre fait signe que tout est en ordre et nous continuons. L'intérieur du bâtiment, véritable forteresse, est un ensemble de couloirs spacieux et de pièces immenses dont la fonction est indiquée sur chaque porte. Des escar-méras sont présents dans tous les recoins sensibles, ne laissant aucun angle mort. Des patrouilles circulent ça et là, l'arme à l'épaule et le buste droit... On ne plaisante pas avec la sécurité ici. L'officier subalterne remarque mon côté observateur :
- La Flaque est une frontière. Ici passent presque tous les navires voulant se rendre sur Grand Line et inversement. Y compris les pirates. Nous nous devons de contrôler au mieux le flux de navigation et d'être prêt à agir à chaque instant. Qu'il y ait un abruti qui cherche à faire une percée sans discrétion ou une flottille qui vienne s'attaquer à cet endroit, nous sommes capable de gérer l'incident au mieux. C'est là tout ce que ça veut dire.
Tout le monde sait ça. Mais puisque ça lui fait plaisir d'exhiber fièrement les qualités fonctionnelles du réseau, soit. Seulement sa tête de fils à papa et son ton solennel m'ennuient plus qu'autre chose.
Finalement : le bureau de l'officier supérieur devant nous accueillir. Nous entrons et nous retrouvons devant le lieutenant-colonel Kuhn, un grand type aux muscles saillants et au rasage impeccable, laissant visible un superbe double-menton et des lèvres pincées. Une petite mèche de cheveux blonds dépassent de son couvre-chef. Il se lève de son siège et écarte ses énormes bras en signe de bienvenue, esquissant un sourire poli :
- Eh bien ! Je vous souhaite la bienvenue au quartier général du réseau Marijoan ! Je suis le lieutenant-colonel Kuhn...
C'est marqué sur ta porte, mon grand.
- ... responsable de la sécurité ici. Et de votre accueil, monsieur Denuy, cela va de soit !
- Je pensais que le commodore me recevrait.
- Le commodore Miltiades, le dernier en poste, est actuellement en mission sur le terrain... Ou devrais-je dire en mer ? Malheureusement il ne sera pas de retour avant un bon moment. Une histoire de pirates, comme toujours... Et qui est cet homme à vos côtés ?
- Voici Dorian Silverbreath, le responsable de ma sécurité.
- Un garde du corps ?
- Nous pouvons dire ça.
- Attaché au Gouvernement ?
- Non. Un homme de confiance.
- Un chasseur de primes ?
- Pas vraiment.
- Un mercenaire...
Le lieutenant-colonel me fixe, allant du haut vers le bas et inversement, sans ciller. Ses sourcils froncés en disent long sur l'image qu'il a de moi. C'est marrant : sa tête ne me revient pas non plus.
J'espère au moins qu'Abel saura se montrer convaincant pour la suite.
- Ici on dit "Monsieur". Et on frappe avant d'entrer.
Telle une furie, Emma Skull se rue sur le blondinet vicieux assis derrière son bureau. Je suis moi-même tranquillement installé sur une chaise dans le coin de la cabine à siroter l'alcool réservé aux officiers - et invités de marque en l’occurrence - le nez rivé sur le journal. Ma recherche d'informations sur le plan politique tourne court lorsque l'autre empoisonneuse se met à brailler en tapant des deux mains sur la table :
- C'est toi qui a dit aux mousses que j'étais une pute ?!
- Mmh... Je ne me rappelle pas avoir employé le mot "pute", mais...
- J'ai été réveillé par un puceau !
- Et alors ?
- Il m'a secoué en me postillonnant à la figure !
- Ça aurait pu être pire.
- Il puait l'alcool ! Et le vomi !
- Oh ?
- Et il m'a demandé la permission pour se frotter... POUR SE FROTTER !
- Ah !
- Je vais te tuer... Un de ces jours je vais te tuer !
- Je vérifie simplement que tu sais rester alerte, peu importe la situation... Tu devrais me remercier : grâce à moi, tu es capable de mieux servir Dorian.
- Va te faire, le rat !
- Et voilà ! Tu recommences à être grossière...
- Je t'emm...
- V'POUVEZ PAS LA FERMER OUI ?!
Les premiers jours passés sur ce navire s'étaient bien passés : Abel est un type plutôt discret. Un bon point quand on connaît ses penchants pour la manipulation et les coups fourrés. Sa position de secrétaire d'état, couverture obtenue grâce au Serpent de Dentelles pour qui il travaillait un temps, nous permet à tous nous déplacer sur Grand Line en compagnie de la Marine.
Emma Skull était arrivée sous les traits d'une journaliste lors d'une escale. Il s'est révélé par la suite qu'elle était un assassin envoyé par le Serpent pour m'éliminer, notre ancienne entrevue s'étant mal passé.
Ce qui me fait penser, pour changer de sujet :
- Emma, t'as pu contacté l'aut' vipère ?
- C'est fait Dorian : un message codé disant "Mission Accomplie."
- Parfait.
Le temps qu'elle réceptionne le message et qu'elle fête la nouvelle, je serai déjà de l'autre côté de la frontière en aller direct pour Strong World. Tout ça parce que la binoclarde face à moi n'a pas pu aller jusqu'au bout de son travail. Heureusement que la vie de la tueuse est un vide qui ne demande qu'à être rempli. Il aurait été difficile de la convertir autrement. Le tout maintenant est de savoir titillé ses pulsions meurtrières pour qu'elle conserve le goût de la chasse et du pouvoir : ce serait dommage qu'elle sombre encore plus dans le désespoir de n'être qu'un déchet inutile... Ce qui ne peut pas être le cas quand on voit ce que Mère Nature a bien voulu lui octroyer : lunettes mises à part, sa poitrine se soulève fièrement à chaque inspiration, au grand plaisir de mes mirettes.
C'est sans compter sur l'espièglerie mal placée d'Abel, incapable de passer une seconde sans foutre le bordel. Impossible de se focaliser plus de deux minutes sur quelque chose au calme s'il a vent de notre position. Mais passons.
A la fin de la journée, après trois disputes, quatre remontrances et une paire de baffes de ma part, nous arrivons enfin à l'endroit souhaité : notre dernière étape, l'entrée du réseau Marijoan.
Tous les hommes autour de nous se précipitent à leur poste tandis que leurs supérieurs beuglent des ordres à n'en plus finir, nerveux à souhait. Il faut dire que tout l'équipage provient de Hinu Town, où la Marine apprend davantage le métier de terrain plutôt qu'en mer : les officiers cherchent à faire bon profil avant d'accoster. Leur discipline sera jugée par tout un contingent d'habitués sur place. Et voilà quelque chose qui m'énerve, en plus de m'épater : tout est prétexte à se faire bien voir en ce monde. Je ne vois pas pourquoi on devrait s'embarrasser de ce genre de problème quand notre travail n'implique pas l'hypocrisie ou le lèche-bottisme. Un travail comme le mien par exemple.
Nous descendons enfin et avançons vers notre prochaine destination. D'abord le Responsable des quais, lequel nous invite à le suivre, puis Abel, le faux secrétaire d'état - dont les talents d'acteur me laissent pantois - et les officiers de bord, suivis de quelques soldats pour faire bon genre et, enfin, moi et ma bande d'esclaves, reconvertis en marins et en mercenaires pour la forme, avec Emma sur les talons, un carnet de note à la main.
Le port dans lequel nous nous trouvons est un lieu sombre : situé à l'intérieur du tunnel qui traverse Red Line, il est éclairé par les reflets lointains du soleil sur l'eau, les champignons phosphorescents qui poussent sur les parois rocheuses et par les lampadaires alentours. Les quais sont... Immenses. Ici sont amarrés une dizaine de navires de guerre, et il reste encore de la place pour tout autant de bateaux sur la longueur. Plus loin, il y a même un espace civil, où la douane réceptionne des bâtiments de toute taille pour un contrôle approfondi une fois stoppés pendant la traversée et quelques produits douteux mis à jour. Sans compter la zone de chargement des ressources, où ne se déplacent que les cargos et les rares navires marchands ayant obtenu un mandat du Gouvernement. Des marchands d'arme pour la plupart, mais l'information est censée être confidentielle alors bon...
- J'ai gagné mon pari.
Emma est arrivée à ma hauteur et pointe du doigt les quartiers les plus éloignés du port, réservé aux habitats. Nous avions misé la dernière bouteille des officiers pour un jeu simple : savoir dans quoi vivaient les hommes au sein du réseau Marijoan. La réponse était un quartier troglodyte.
Je grimace en lui offrant la cuvée, cachée sous ma veste, qu'elle s'empresse de ranger dans sa sacoche de "journaliste". Et je boude tout le reste du trajet, me trouvant des prétextes pour rendre la réaction normale, comme le fait que certains vivent dans de vrais maisons, plus proches de la zone portuaire.
Nous approchons d'un grand bâtiment cerclé de remparts et de canons, certains suffisamment gros pour creuser de nouvelles galeries à taille humaine dans le gruyère qu'est La Flaque. Du moins ce qu'il pourrait être. Mais je m'imagine bien creuser la terre dans tous les sens jusqu'à ce que le continent cède... Ça ferait une jolie histoire à raconter.
Un lieutenant prend le relais à l'entrée et demande à ce que seuls les gradés et invités le suivent, autrement dit : trois Marines, Abel et moi. Emma reste en arrière avec les esclaves et les quelques soldats présents, ainsi qu'un jeune sergent impressionné par les lieux. Sûrement sa première fois hors des régions désertiques.
Le lieutenant me toise pendant que nous pénétrons à l'intérieur :
- Que fait un civil ici ?
- Ce n'est pas un simple civil : c'est un homme de confiance que j'ai engagé pour ma garde personnelle. Comme je le disais pendant la traversée, je ne doute pas des compétences de la Marine... Mais nous ne sommes jamais trop prudent. De plus, il a une requête à faire à votre supérieur. Cela vous convient-il ?
La question n'en était pas vraiment une : Abel profite pleinement de sa position si peu scrupuleusement acquise et son air hautain est particulièrement efficace. Agaçant, mais efficace.
L'autre fait signe que tout est en ordre et nous continuons. L'intérieur du bâtiment, véritable forteresse, est un ensemble de couloirs spacieux et de pièces immenses dont la fonction est indiquée sur chaque porte. Des escar-méras sont présents dans tous les recoins sensibles, ne laissant aucun angle mort. Des patrouilles circulent ça et là, l'arme à l'épaule et le buste droit... On ne plaisante pas avec la sécurité ici. L'officier subalterne remarque mon côté observateur :
- La Flaque est une frontière. Ici passent presque tous les navires voulant se rendre sur Grand Line et inversement. Y compris les pirates. Nous nous devons de contrôler au mieux le flux de navigation et d'être prêt à agir à chaque instant. Qu'il y ait un abruti qui cherche à faire une percée sans discrétion ou une flottille qui vienne s'attaquer à cet endroit, nous sommes capable de gérer l'incident au mieux. C'est là tout ce que ça veut dire.
Tout le monde sait ça. Mais puisque ça lui fait plaisir d'exhiber fièrement les qualités fonctionnelles du réseau, soit. Seulement sa tête de fils à papa et son ton solennel m'ennuient plus qu'autre chose.
Finalement : le bureau de l'officier supérieur devant nous accueillir. Nous entrons et nous retrouvons devant le lieutenant-colonel Kuhn, un grand type aux muscles saillants et au rasage impeccable, laissant visible un superbe double-menton et des lèvres pincées. Une petite mèche de cheveux blonds dépassent de son couvre-chef. Il se lève de son siège et écarte ses énormes bras en signe de bienvenue, esquissant un sourire poli :
- Eh bien ! Je vous souhaite la bienvenue au quartier général du réseau Marijoan ! Je suis le lieutenant-colonel Kuhn...
C'est marqué sur ta porte, mon grand.
- ... responsable de la sécurité ici. Et de votre accueil, monsieur Denuy, cela va de soit !
- Je pensais que le commodore me recevrait.
- Le commodore Miltiades, le dernier en poste, est actuellement en mission sur le terrain... Ou devrais-je dire en mer ? Malheureusement il ne sera pas de retour avant un bon moment. Une histoire de pirates, comme toujours... Et qui est cet homme à vos côtés ?
- Voici Dorian Silverbreath, le responsable de ma sécurité.
- Un garde du corps ?
- Nous pouvons dire ça.
- Attaché au Gouvernement ?
- Non. Un homme de confiance.
- Un chasseur de primes ?
- Pas vraiment.
- Un mercenaire...
Le lieutenant-colonel me fixe, allant du haut vers le bas et inversement, sans ciller. Ses sourcils froncés en disent long sur l'image qu'il a de moi. C'est marrant : sa tête ne me revient pas non plus.
J'espère au moins qu'Abel saura se montrer convaincant pour la suite.