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Pour la Révo !




Port de Jaya, 1627.


« - Tu es sûr de vouloir y aller ? demande Suelto.
- D’autres choix s’offrent à nous ? rétorqué-je.
- Tu pourrais…
- Inutile. Je suis résolu à me rendre là-bas. Sûr de ma réussite ? Absolument pas. Que vaut une vie sans danger ? 
- Une vie où tu vis avec ceux que tu aimes, simplement. »

Cette réponse laisse un blanc.

Vêtu d’un costume trois pièces, gris, d’un chapeau de la même couleur et d’une mallette, je m’apprête à partir en direction de Marie-Joie. Ce sont les derniers mots que j’échange avec Suelto avant un bon moment. Toute communication sera rompue. Je serais presque seul face aux plus grandes bêtes de ce monde. Ma vie ne tiendra plus qu’à un fil et ça sera ainsi. Kardelya m’a fait ses adieux la veille mais n’a pas souhaité me voir aujourd’hui, comme Mibu qui la suit partout.

Othar me prend alors dans ses bras et me murmure quelques mots avant de se retirer :

« Ne meurs pas, petit frère. »

Qu’est-ce que ça pouvait bien signifier ? J’ai déjà ressenti d’étranges choses à son égard. Que l’on soit clair, quand je dis « ressentir », ça n’a absolument rien de sexuel. Disons seulement qu’un lien nous unit. Je me posais la question et j’ai cessé de m’interroger là-dessus, mais ses dernières paroles remettent tout en cause. C’est assez explicite en même temps. L’aube se lève, alors peu de personnes sont présentes, puis peu savent que j’ai changé de tronche. Du héros de Jaya, je passe pour un simple individu qui s’en va.

Seuls les représentants de l’île, mon équipage et Othar savent que je suis en réalité Ragnar. Bref. Il est temps pour moi de tous les quitter. De légères, voire grandes accolades, puis je monte sur ce petit rafiot où se trouve déjà Marcel. Qui mieux que mon navigateur peut m’emmener à la station la plus proche. En effet, l’Umi Resha traverse toute cette voie de Grand Line avant de rejoindre le réseau de Marie-Joie, il suffit simplement d’avoir acheté son billet.

De manière assez anormale, Marcel est particulièrement bavard. Il me raconte des histoires de sa vie, me pose des questions sur la mienne, chose assez inhabituel chez cet individu normalement peu expressif. Je ressens des sentiments également peu habituelles en lui, une goutte de tristesse saupoudrée d’inquiétude. Je m’approche alors de lui en tapotant son épaule, comme le ferait n’importe quel ami dans cette situation.

« On se reverra Marcel, on se reverra. Tâchez d’être prêts quand le moment sera venu, dis-je en fixement l’horizon où une île est visible »

Je compte bien revenir et continuer notre projet. Et pour continuer ce projet, j’ai besoin d’hommes compétents. Dès lors que j’aurais trouvé la localisation de Mandrake, nous devrons monter une armada le plus rapidement possible et partir le secourir. Que dis-je ? L’armée doit déjà être en train de se construire. En plus des hommes que la révolution me fournira, je devrais jouer avec mes diverses relations pour agrandir ma flotte.

L’île se rapproche grandement. Marcel me dépose et semble assez tourmenté à l’idée de me laisser seul.

« Ragnar… J’ai l’impression de lâchement te laisser à la morgue. »

Je le saisis par l’arrière de sa tête et colle son front contre le mien.

« C’est toi qui ira en direction de la morgue si tu ne deviens pas plus fort à mon retour, dis-je d’un air presque mesquin. »

Je ramasse ma mallette au sol et m’en vais sans me retourner.

« Ta seule mission est d’être le meilleur navigateur pour le meilleur révolutionnaire. »

Le navigateur resta bouche-bée, immobile, jusqu’à ce que je disparaisse de son champ de vision. Les adieux, j’ai du mal avec ça. Je préfère être bref et me focaliser sur la mission. Surtout dans l’antre du diable où la moindre inattention me coutera la vie et probablement la chute de la révolution avec moi. Tu me diras, je ne tombe pas tout seul au moins, hùhù. Nous y sommes pas encore, j’entre à peine dans le train où le contrôleur s’empresse de récupérer mon billet.

Plus possible de faire machine arrière, c’est parti pour la mission la plus difficile de ma carrière.





Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Lun 4 Juin 2018 - 17:43, édité 2 fois
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Réseau de Marie-Joie.

Me voilà quasiment en enfer. Je les entends presque dire « le loup est dans la bergerie ». Je ricane discrètement dans mon coin, l’image m’amuse particulièrement. Je descends du train accompagné de ma mallette et suis la foule jusqu’à ce qui s’apparente à une douane. En même temps, c’est normal. Qui prendrait le risque de laisser entrer n’importe qui dans l’enceinte des divinités de ce monde ? Personne.

Quand arrive mon tour, je retire mon chapeau en saluant les soldats d’un grand sourire, puis je leur file ma mallette. Ils me fouillent au corps et me demande ensuite mes papiers. C’est probablement la partie la plus amusante. Dans ma mallette se trouve essentiellement des documents, rien de bien suspect, le soldat en charge la referme et la repose à mes pieds. Un autre analyse mes papiers puis me regarde d’un air supérieur.

« - Andrew O’Neilly ?
- Lui-même, dis-je en affichant mon sourire.
- Bon retour parmi nous, monsieur.
- Passez une bonne journée, camarade. Longue vie à vous tous pour protéger ce magnifique endroit. »

N’oublions pas que je suis maintenant un agent du CP6. Comme tout le monde, je monte ensuite des longues marches menant à la surface. Car oui, nous sommes actuellement sous terre. Lorsque la porte s’ouvre enfin, la lumière de l’extérieur nous éblouit, rassurant à peu près tout le monde. Faut dire que c’est peu décontractant d’être dans l’obscurité. Personnellement, j’apprécie le silence et l’obscurité, j’étais dans mon élément.

Une fois sur Marie-Joie, j’ai des consignes à respecter. La première est de lire le papier que caché à l’intérieur de mon stylo à plume. Alors je le démonte, je retire le bout de papier, puis je lis ce qu’il y a marqué dessus. C’est dans mes cordes pour l’instant.

« Rends-toi au bar « Margarita », commande un whisky avec quatre glaçons et attends. »

Je n’aime pas le whisky. Je ne sais pas où se trouve ce bar. S’il m’est indiqué de m’y rendre, je devrais le trouver sans trop de problème, c’est le but de la démarche. Et puis j’ai la flemme de chercher, alors j’intercepte simplement un passant, peu pressé pour éviter un vent, afin de lui demander où se trouve ce fameux bar. Apparemment assez fréquenté, le type semble presque heureux que je lui en parle. Comprenant que je ne suis pas ici pour m’amuser, il m’indique généreusement le chemin.

Le moins que l’on puisse dire est que le bar se trouve vraiment sous mes yeux. Il me faut avancer un peu dans les rues de la capitale, plus exactement l’allée principale, puis le bar se trouve juste sur ma gauche. « Margarita » me voilà. J’entre de manière assez discrète, l’ambiance est festive, de bonnes musiques latines, des femmes et des hommes qui dansent… Pas de bagarre, le tout avec beaucoup de classe. Je m’accoude au comptoir, le barman s’approche.

« - Que puis-je vous servir ?
- Une Margarita avec quatre glaçons, s’il vous plaît.
- Tout de suite, monsieur. »

Rapidement, un type assez classe, plutôt bel homme, s’assied sur un tabouret à côté de moi. Il esquisse un sourire.

« - On m’avait prévenu que vous ne respecteriez pas les règles à la lettre.
- Le whisky me donne la gerbe.
- Héhé… Je vois le genre de type auquel j’ai à faire.
- Allez, trinquons à notre rencontre, dis-je en levant mon verre fraîchement servi. »

Dorian, le nom de l’agent infiltré qui m’accueille actuellement, m’a déjà réservé une chambre à mon nom au Grand Marijoa Hotel. Pour l’histoire, de nombreuses années auparavant, cet hôtel aurait été hors de prix pour la durée de cette mission, mais comme toute grande enseigne en train de couler, celle-ci à dû revoir sa clientèle et ses tarifs. C’est donc là-bas que je suis guidé dans un premier temps.

« - Tiens, au bout de cette rue se trouve les bureaux du CP6, soit tes locaux à proprement parler. Je dirais qu’il n’y a personne actuellement puis, si ce n’est le chef de la section, et encore que ce soit vrai, aucun agent ne se connaît réellement. Crois en ta couverture.
- Bien reçu.
- Et prends soin de ce papier, dit-il en me transmettant une feuille pliée en quatre. Je te laisse en découvrir le contenu tranquillement, ça pourrait t'être utile. » 

Je réalise que la mission commence. Me voici dans la cour des grands, là où je ne pensais pas atterrir de sitôt. Une erreur, je meurs. L’équation est simple. Si je me fais chopper, à moins d’être en mesure d’emmener mes secrets avec moi dans ma tombe. Ce sont les termes du contrat, je les ai signé depuis mon entrée dans la révolution. Sauf que je n’étais qu’un vaurien, aveugle, têtu et assez insolent. Cela n’avait pas beaucoup d’impact autrefois, c’est maintenant le cas. Chacun de mes actes pèse un poids sur l’organisation.

Une parole d’Émilie Knox était : « Tu n’es plus qu’un simple pion à présent. »
Ça résume assez bien mon rang. Je prendrais mes fonctions demain, justement le temps m’installer à cet hôtel et me reposer un peu après ce long voyage. Me remettre les idées en place et commencer cette entreprise dans les meilleures conditions psychologiques. Ainsi, Dorian me laisse et repart vaquer à ses occupations. Je n’ai pas besoin de plus d’indications. Les bureaux du CP6, ceux du CP9 situés juste en face et l’hôtel.

J’appréhende l’idée de commencer cette mission. Auparavant, je pressentais que je pouvais m’en sortir. Toujours. À chaque fois, j’étais capable de me dire que je n’étais pas complètement foutu, que je pouvais encore m’en sortir en faisant telle ou telle chose. Là, c’est différent. Peut-être du fait que grâce au haki de la perception, je ressens d’autres choses, notamment cet air hostile qui m’est insupportable. J’étouffe. Je suffoque. Je transpire sur le lit dans lequel je suis allongé. L’image de mes camarades me hante. Ils me manquent. J’ai besoin d’eux.

À tout moment, je peux être tué par un agent du gouvernement. N’oublions pas où je me trouve actuellement : la capitale du monde. Ici, c’est pas un camp de vacances pour un type comme moi. Ici, je peux me faire tuer par un amiral contre lequel je n’ai objectivement pas la moindre chance. Ici, tous mes rêves peuvent s’envoler. Ici, c’est la source de tous nos maux. Ici, je pourrais mettre un terme à cette guerre mais je n’en suis pas capable. Ici, pour la première fois, je ressens de l’angoisse.

C’est donc ça… la peur.






Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Ven 1 Juin 2018 - 2:16, édité 1 fois
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Le lendemain, assez tôt dans la matinée.


J’ai pris soin de me coucher tôt cette nuit. Je vrillais complètement, je perdais pied et j’avais réellement besoin de repos pour me contrôler. Tout va bien trop vite ces derniers temps. Kanokuni, je me retrouve ensuite à combattre le gouvernement sur Jaya, Mandrake se fait capturer durant une longue mise en oeuvre et Parisse succombe. C’est là que je constate les dégâts causés par le CP9, que je me fais opérer et que je me téléporte au sein de l’ennemi. Rien que ça. Une vie de gitan…

Mon ignorance était un atout certain. En effet, je me fichais pas mal de foncer tête baissée sur l’ennemi. C’est en prenant un peu de recul que je regrette parfois mes décisions. Je ne dis pas regretter celle-ci, puisqu’elle est réellement nécessaire et ne tient pas d’un simple caprice, sauf que les risques son assez élevés. Cette crainte doit me servir à agir avec précaution. Je sais qu’elle le fera parce que je meurs dans le cas contraire.

Après une bonne douche, je m’habille de la même manière qu’hier, comme un fonctionnaire du gouvernement. À partir du moment où je suis un agent, je conçois ne pas être qu’un simple fonctionnaire… L’angoisse me coupe complètement de tout appétit. Je quitte l’hôtel sur les talons, agressé par cette incroyable luminosité qui m’est assez désagréable. Je préférais de loin l’obscurité de ma chambre. C’est le fait d’être au-dessus des nuages qui rend ce soleil si puissant ?

Alors je marche en direction de mon lieu de travail. Ou de mon cercueil. La bâtiment se trouvant en face de moi est tout ce qu’il y a de plus banal. Des gens lambdas y sortent ou y rentrent, j’y rentre dans mon cas. Rez-de-chaussée, fond du couloir, la porte en face. Je ne ressens aucune présence à l’intérieur, ce qui est plutôt une très bonne chose. Je me demande alors si la porte est fermée à clef. Je tourne simplement la poignée et la porte s’ouvre. Immobilisé par la stupidité de la situation, je ne comprends pas trop pourquoi cette foutue porte n’est pas verrouillée.

C’est une fois à l’intérieur que je comprends l’inexistence d’une quelconque sécurité. La pièce est vide, poussiéreuse, non meublée, sombre. Enfin, il y a seulement une table ronde et six chaises. Cela fait bien longtemps que personne n’est venu par ici. Deux fenêtres donnent sur l’extérieur, les volets sont en si piteux états qu’ils n’empêchent en rien la pénétration de la lumière. En soit, ça m’arrange assez pour espionner sans attirer l’attention. Je n’aurais qu’à me positionner sur une des nombreuses brèches pour observer tranquillement.

En effet, au-delà d’être les bureaux du CP6, cette pièce à la particularité de donner sur le bâtiment où bossent le CP9. Je chope une des chaises que je place à proximité d’une des fenêtre, puis je saisis une longue-vue que j’utilise immédiatement. Entre deux passants, je m’allume une mèche pour me détendre. J’imagine Suelto, mon fidèle ami, m’insulter en ne comprenant pas pourquoi je fume des clopes aussi dégueulasses. D’une, elles ne sont pas chères. De deux, c’est probablement parce qu’elles sont dégueulasses qu’elles me procurent autant de sensations.

Bref.

[•••]

Fin de journée.

Cette mission s’annonce extrêmement longue. Mon paquet de clopes est terminé depuis bien longtemps. Je me suis concentré sur la blonde, je n’en ai pas vu. Du moins, je ne me rappelle pas en avoir vu une refaite de bras mécaniques ou démembrées. Mais il y en avait. Je me focalise alors sur les sorties à présent, notamment sur une jolie brune, le bon mètre soixante-dix avec ses talons. Le genre qui pourrait me plaire dans d’autres circonstances. Je pourrais la suivre mais le but de cette journée est de m’assurer de ne manquer personne.

Il n’y a pas non plus des milliers de fonctionnaires. Je dirais qu’ils sont un dizaine à bosser ici, probablement que les autres sont en mission. Une blonde qui ne correspond pas aux descriptions. Une rousse qui n’a rien à voir. Et enfin une brune. Visiblement la seule. N’ayant pas le droit à une quelconque erreur, je préfère recommencer la vérification demain. Je ne dois pas me tromper de cible. J’ai déjà un plan pour vérifier mon choix mais je ne pourrais l’effectuer qu’une seule fois. Désolé, Jonas, je préfère prendre mon temps pour le coup.

Après une journée de boulot, je retourne à l’hôtel.





Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Lun 4 Juin 2018 - 18:05, édité 1 fois
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Dans l’hôtel.


Toujours un membre du personnel à l’entrée pour nous accueillir. Au fond de cette énorme pièce se trouvait un petit bar vers lequel je me dirige. À peine installé au comptoir, le barman me salue et me demande ce que je souhaiterais boire. Ne serait-ce pas l’occasion de m’entraîner à boire du bon vieux scotch ? Bof. Ça m’emmerderait pas mal de mourir après avoir bu cette merde. Restons-en aux basiques en ce qui me concerne.

« Un rhum ambré avec deux glaçons, s’il vous plaît. »

C’est de loin ma boisson favorite. Je sors mon paquet de clopes pour accompagner mon verre, sauf que j’oublie que je l’ai vidé aujourd’hui dans la planque. Probablement par pitié, le barman me tend son paquet ouvert pour que je me serve à l’intérieur. Très aimable de sa part et je lui en suis reconnaissant. Nous discutons un peu de tout et de rien, sachant que je lui balance quatre-vingt-quinze pour-cent de mensonges à mon sujet. Les obligations de mon métier, hein.

Soudain, je suis interpellé par un morceau de piano provenant d’une pièce non loin d’ici. Mon oreille musicale reconnait facilement le piano. Un morceau bien mélancolique. Ce n’est pas comme ça qu’il attirera la foule, même si me concernant, j’adore ce genre de mélodies. Mais les gens veulent danser, boire, choper, croire qu’ils sont heureux. La mélancolie leur rappellera leur existence merdique. Voyant que je suis focalisé par les notes qui émanent de la pièce, le barman m’invite à y aller.

« C’est le propriétaire de l’hôtel, le meilleur pianiste de tous les temps. Cela fait bien longtemps que plus personne ne l’écoute, allez-y. »

Je m’empresse alors d’ouvrir cette porte qui me donne accès à une grande salle isolée. Il m’est assez simple d’imaginer qu’il s’agissait autrefois d’une salle de fête. Là, seul un piano et son pianiste se trouvent au milieu de cette grande salle, vide. Les notes sont parfaites, c’est d’un niveau que je ne maîtrise pas moi-même. Le morceau m’entraîne dans de sombres songes, à moins que ça ne soit des souvenirs…

Quand le pianiste de renom s’arrête, je ne peux m’empêcher d’applaudir. Surprit, ce dernier se retourne vivement.

« - Pardonnez-moi, monsieur. Je suis un client de l’hôtel mais aussi un fan de vos travaux.
- Je ne m’attendais pas à être de nouveau écouté…
- Vos productions sont parfaites, mais peut-être pas adaptées au public d’un hôtel tel que celui-ci. Pour les plus sensibles, ça donnerait envie de se jeter des falaises de Marie-Joie.
- Humpf… On ne m’avait encore jamais dit quelque chose d’aussi dur.
- Détrompez-vous. Je me répète mais vos productions sont absolument parfaites. Musicien amateur, je sais de quoi je parle.
- Musicien, dites-vous ? Je vous en prie, prenez place et montrez-moi ce que je devrais joueur, dit le pianiste en me présentant son piano.
- Je n’ai pas la prétention de vous montrez quoique ce soit, vous savez… »

Mais bon, je suis bien trop fourbe et trop fier pour ne pas essayer. J’esquisse un sourire confiant et prends place sur le siège. Très confortable d’ailleurs. À cause de mes quelques mésaventures, cela fait bien longtemps que je n’ai pas pu m’exercer… Allez, je commence. Il y a bien un morceau en particulier que j’ai bien envie de jouer. Je caresse les touches une première, puis je commence. Les premières notes, introductives, me plongent dans mon univers.

Morceau joué par Ragnar:

Je commence à enchaîner les mélodies. Comme lorsque j’étais aveugle, je ferme les yeux et vis pleinement le morceau. Ma tête bascule dans tous les sens, le rythme augmente, je commence même à transpirer. On peut dire que j’entre dans un état de transe. Je ne vois absolument pas les réactions de mon seul et unique public, je ressens seulement les mélodies que je dégage de cet instrument.  Quand enfin je termine, c’est avec surprise que je remarque le sourire enfantin de cet homme d’un certain âge.

« Transmettre l’émotion… C’est à cela que sert la musique. J’ai ressenti une âme apaisée au cours de cette prestation. »

Je lève légèrement la tête, pensif.

« Il est vrai que je le suis… depuis que j’ai retrouvé ma voie. »

Je récupère mon verre, discrètement posé sur le piano avant de commencer à jouer. Ayant joué la clope à la bouche, celle-ci s’est naturellement consumée. Le proprio de l’hôtel n’avait pas aperçu ce détail jusqu’à maintenant, passant alors du sourire enfantin au regard assassin. Je quitte la salle aussi vite que possible avant la réprimande. Je salue le barman au passage et monte rapidement dans ma piaule.

C’était malgré tout un bon moment.





Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mar 5 Juin 2018 - 15:33, édité 1 fois
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Le lendemain matin dans la planque du CP6.


Toujours postiche au même endroit. Je retrouve quelques têtes aperçues la veille, du moins pour celles dont je me souviens. La brune d’hier est arrivée la première, comme la veille, et c’est aussi la dernière à partir. Alors nous avons soit à faire à l’employer modèle, soit à la plus haute gradée hiérarchiquement. Dans le second, ça m’intéresse encore plus. Ça pue les infos croustillantes à récolter. Mais ça pue aussi la mission suicide.

Et toujours pas de blonde cyborg au regard massacrant. Est-elle hospitalisée suite au combat face à Mandrake ? En même temps, c’est déjà incroyable qu’elle s’en soit tirée face à ce monstre. Je préfère l’avoir de mon côté. Quoique la blondinette a l’air monstrueuse aussi. Je ne suis vraiment pas invité à ce genre d’affrontements. Je laisse les grands jouer entre grands, moi je ne suis que le sous-fifre qui exécute les ordres.

Plus qu’à attendre la fin de journée.



[•••]



Planque du CP6, 20h45.

Elle en a pas marre de bosser autant ? Sérieusement, la plupart sont rentrés il y a bien longtemps. Mon ventre cri famine, j’ai quasiment pas fumé, je perds patience. Mais dieu merci, celle-ci sort enfin. Elle doit avoir faim également. Ou peut-être qu’elle n’a plus de clope. Ou peut-être aussi que je m’en carre l’oignon. Ouais, je pense que c’est plutôt ça. Ma seule envie est de me tirer de cette pièce crasseuse et localiser le domicile de cette femme.

Je quitte les locaux pour commencer la filature. Grâce au haki de l’observation, je peux parfois me perdre de laisser une certaine distance entre nous pour ne pas être repéré. Les rues de Marie-Joie sont animées, les restaurants remplies, les passants dégustent des glaces, des gaufres ou toutes sortes de choses, de la musique ressort des différents bars… C’est pas mal. Je ne dois cependant pas perdre de vue mon objectif qui continue de marcher de manière assez tranquille.

En même temps, qu’est-ce qui pourrait arriver à un agent du gouvernement dans la capitale ? Et pourtant, c’est moi qui manque de vigilance. Alors que j’aurais pu l’anticiper, celle-ci stop sa marche et tourne vers une porte d’entrée - probablement celle de son immeuble. Je ne suis à ce moment précis qu’à quelques mètres. Elle pivote doucement sa tête vers moi. Doucement, c’est plutôt parce que mes sens sont totalement éveillés que son mouvement me paraît lent.

Sur ma gauche, une ruelle, je m’empresse de m’y cacher. Merde. Je me suis fait griller ?… Je la sens se rapprocher. Le temps d’une fraction de seconde, j’observe tout ce qu’il y a autour de moi. L’agent se rapproche rapidement. D’un instant à l’autre, nous serons face à face. Je dois me bouger rapidement. Sa main s’agrippe au recoin du mur, puis son corps apparait ensuite. Figée, elle reste statique quelques instants et analyse le lieu.

Moi ? Il y avait une plaque d’égout à mes pieds, alors après m’être liquéfié la question ne s’est pas posée longtemps. C’est la première fois que j’ai l’occasion de l’avoir d’aussi près. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle est plutôt mignonne et bien foutue. Elle reste encore quelques instants pour s’assurer qu’elle n’était pas suivie tout ce temps. J’aurais pu me faire passer pour un simple passant en continuant ma route, sauf que mon visage ne doit pas être aperçu pour l’instant. Disons que ça compromettrait la suite de mes projets.

« Il faut vraiment que j’aille dormir. Ça en devient ridicule, dit-elle en rebroussant chemin. »

Pour éviter d’être repéré, car ça ne m’étonnerait pas qu’elle reste devant sa fenêtre pour voir qui sort de cette ruelle, je décide donc d’en sortir de l’autre côté. Je sais où est-ce qu’elle réside à présent. C’est peu de choses, mais c’est toujours ça de bon à prendre. Puis je sais aussi qu’elle bosse tellement que son jugement est impacté par la fatigue. Chaque élément est pris en compte pour mener à bien cette mission.

Je retourne à l’hôtel où le barman, Théo, me fait remarquer que je pue le poisson pourri. Qu’est-ce que ça peut lui foutre ? Il est payé à me servir à boire et rien d’autre. Mais c’est vrai que ça ne sent pas la rose, alors je décide de prendre un verre avant de me doucher. Par la même occasion, il m’indique l’heure à laquelle sera servi le repas avec le menu de ce soir. Il m’indique aussi que le proprio mangera à ma table. Un peu de compagnie ne me fera sûrement pas de mal. Je dois apprendre à me socialiser un peu.




Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mar 5 Juin 2018 - 16:22, édité 1 fois
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Morceau joué:

9h45, salle des fêtes.

La chemise ouverte, mon pantalon retroussé et les pieds nus, je suis confortablement installé sur le banc en cuir face au piano. La veille, je mangeais avec Andreas Kellinger, proprio de cet hôtel et immense pianiste mondialement connu. Nous avons beaucoup discuté des politiques, de la vie, de la musique… et aussi beaucoup bu. Le nombre de bouteilles de vin que l’on a descendu dépasse mon entendement. Théo, le barman, nous a rejoint après son service.

La nuit fut pour moi très courte. Impossible de fermer l’oeil, plongé dans mes tourmentes incessantes. Me voici à jouer du piano de bon matin pour évacuer mes sentiments. Quand j’aurais fini de jouer, aucune émotion ne viendra perturber mes tâches. Ça me permet de faire le vide dans ma tête. Mes doigts appuient enfin sur les touches de ce magnifique mécanisme, proliférant des notes assez douces, assez mélancoliques, puis s’accélérant en même temps que mon pouls. C’est à la fois reposant et éreintant.

Sans même comprendre pourquoi, des sanglots coulent alors que je continue à jouer. Sans même en comprendre la raison, je repense à Othar, comme si j’avais manqué quelque chose. Je repense à ces derniers mots, « petit frère », ainsi qu’à ce drôle de lien indescriptible qui me lie à ce dernier. Je repense au fait qu’il me manque des passages dans ma vie, des personnes que j’aurais aimé revoir, à l’instar de Yamiko, par exemple. Je repense à des actions irréfléchies qui ont causé la mort de nombreux êtres chers…

Je repense à mon tout premier ami, mon meilleur ami, un frère, Stanislas Montenegro, mort bêtement parce que j’ai manqué de vigilance. Il s’est sacrifié pour me sauver, comme le ferait n’importe lequel membre de mon équipage. Pourquoi vouloir préserver un individu aussi stupide ? Stanislas aurait été un bien meilleur leader que moi. Étrangement, sa ressemblance avec Suelto ne m’a pas échappée. On croirait à une réincarnation.

Conscient d’être complètement bousillé du ciboulot, je dois tout de même m’assurer de la sécurité de mes hommes. Je ne peux plus agir de manière aussi inconsciente. Mais j’ai le temps de m’occuper de cela. Je suis actuellement tout seul et une lourde tâche m’attend aujourd’hui : l’infiltration des locaux du CP9. Pas tout à fait une infiltration mais quand même. J’interrompt ainsi ma prestation quand un personnel de l’établissement vient m’annoncer que le petit-déjeuner est servi.



[•••]



13h30, bâtiment du CP9.


Après une bonne douche et une discussion den-den avec mes supérieurs, je suis fin prêt à entrer dans l’antre du loup. Pour quel motif ? Mon boulot. Transmettre des infos sur la révolution. La discussion avec mes supérieurs concernait justement les informations à donner. En effet, il s’agira de donner la localisation d’une base secrète de la révolution… fraîchement abandonnée. Cela pourrait à long terme allumer une brèche dans la section, en accusant une éventuelle taupe. Je serais déjà bien loin, je l’espère.

À l’entrée, des vigiles qui vérifient l’identité des personnes qui entrent. Comme pour entrer dans Marie-Joie, mes faux-papiers semblent berner tout le monde. J’entre alors sans hésiter. Le moins que l’on puisse dire est que c’est… spacieux ? En fait, ça a l’air vide. Je suis dans un grand hall d’entrée où se trouvent un accès menant à un couloir et un immense escalier. Où est-ce que je dois me rendre ? C’est bien beau tout ça mais personne pour indiquer le chemin, quoi.

Et ce foutu trac n'arrange pas les choses, je me chie littéralement dessus.

Je décide au hasard de me diriger vers les escaliers. Mais en m’y approchant visiblement de trop près, un type apparaît d’absolument nulle part. Je fais mine de ne pas être surpris, mais je l’ai à peine senti arriver. Un type drôlement puissant avec qui je n’aimerais pas me battre actuellement. Pas ici. Pas dans ces circonstances. Un regard glacial, les yeux verts, des cheveux mi-longs et bruns, une taille et une carrure approximativement identique à la mienne. Il ne dégage qu’une envie de tuer. Rien de plus. Il approche sa tête de la tête et commence à me flairer, à l’instar de n’importe quel prédateur.

« - Je ne suis malheureusement pas comestible, dis-je d’une voix amusée.
- La ferme. T’es qui ?
- Un collègue. Sans quoi vos collègues à l’entrée ne m’auraient pas laissé entrer.
- Des incapables. Je reprends une seconde fois, qui es-tu, sombre connard ?
- Andrew, agent du CP6.
- Le CP6… Tss… Des incapables aussi. Qu’est-ce que tu fous ici ? Tes locaux pourris se trouvent au bâtiment d’en-face. Maintenant, tires-toi. »

Agaçant au plus haut point. Le CP9 a dégoté un excellent chien de garde.

« J’ai quelques informations à transmettre à vos supérieurs. Si vous pouviez m’indiquer le chemin, demandé-je avec un beau sourire. »

Son regard est vraiment effrayant. Il est à deux doigts de m’arracher la tête. J’aperçois même ses canines changer et devenir encore plus tranchantes. Un zoan ? Engager le combat ici, c’est la mort assurée. Ne pas me défendre, c’est aussi la mort assurée. Il ne semble pas ouvert à la discussion. Si j’avance d’un pas, ma tête s’envole et idem si je reste sur place d’ailleurs. J’apprécie moyennement qu’un connard vienne foutre mes plans en l’air. Demi-tour, je me tire. Mais une voix vient apaisée les tensions.

« - - Jamal ! Combien de fois vais-je devoir te dire que tu n’es pas le patron en l’absence d’Annabella ou de Murphy ?
- La ferme, si tu ne veux pas finir broyée.
- Ça ne me dérange pas. Petit frère te tuera et tu devras des comptes à Angelica, qui transmettra à Annabella qui te tuera peut-être avant petit frère.
- Tss... Et toi, avec tes allures de pédales, si je te revois ici c’est la mort qui t’attend. »

Il disparaît. Mais réellement. Je n’ai pas réussi à suivre son déplacement. Une vitesse incroyable que je ne perçoit même pas avec mon haki. Bordel de merde. Bref. Je suis maintenant face à une ravissante blonde qui m’a probablement sauvé la vie. Elle sourit et attend. Qu’est-ce qu’elle attend ? Probablement que je me présente et que je lui dise ce que je veux.

« - Ah ! Pardonnez-moi. Andrew 0’Nelly, agent du CP6. J’ai des informations à transmettre à vos supérieurs mais je crois comprendre qu’ils sont absents ?
- Tout juste. Néanmoins, quelqu’un peut recueillir vos informations pour les transmettre à notre chef. Suivez-moi.
- Je vous suis, dis-je en affichant toujours ce même sourire. »

Nous montons les interminables marches. La demoiselle s’excuse pour le comportement de son frère, un dénommé Jamal si j’en crois le nom utilisé tout à l’heure. Elle m’explique qu’il a toujours été sanguin et qu’il est particulièrement à cran depuis quelques temps. Serait-ce en lien avec le petit frère ? Peu importe. Nous en sommes à parler de la vie sur Marie-Joie, qui est effectivement agréable. Un peu normal quand les forces principales du gouvernement se trouvent ici pour protéger ces vauriens de dragons célestes.

« Vous voici arrivé, Andrew, dit-elle en me laissant face à la porte. »

Sur celle-ci est inscrit le nom de « Angelica Browneye ». Je frappe à la porte.

« Entrez, répond une voix singulière. »





Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mar 5 Juin 2018 - 17:35, édité 1 fois
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Alors j’entre. Un bureau, deux fenêtres, la brune que j’observe depuis deux jours. Elle me regarde intensément, sûre d’elle, attendant de voir ce que j’ai pour elle. Cette demoiselle sait que je viens forcément pour lui amener quelque chose.

« - Je viens vous-
- Qui êtes-vous ? m’interrompt-elle.
- Andrew O’Nelly, un agent du CP6.
- Très bien. Que me vaut l’honneur de votre visite, Andrew ?
- J’infiltrais une section révolutionnaire au Royaume d’Alabasta, avant qu’ils ne m’envoient en mission. Je viens donc vous transmettre les coordonnées de la base, je crois comprendre que vous ferez bon usage de cette information, rétorqué-je en souriant malicieusement.
- On ne s’est jamais vu ?
- Peu probable, bien que l’idée ne m’aurait pas déplu. Cela fait des années que je voyage à bord de navires révolutionnaires pour diverses missions, des mois que je suis au royaume d’Alabasta… Je viens tout juste d’arriver sur Marie-Joie.
- Très bien. Je prends votre rapport, dit-elle en saisissant les papiers que je tiens. Vous fallait-il autre chose, Andrew ?
- C’est tout pour moi, mademoiselle Browneye. Je vous souhaite un bon après-midi.
- Bon après-midi, Andrew. Bonne continuation à vous, étant donné qu’il soit quasiment impossible que l’on se revoit un jour. »

Je remets mon chapeau sur la tête en la saluant. Au moment de fermer la porte, elle intervient subitement.

« Ah ! Et faites attention en partant, l’un de nos agents est un peu agressif ces derniers temps… »

Je toussote avant de reprendre mon sourire.

« - Nos chemins se sont hélas déjà croisés… Sans l’intervention de sa soeur, je serais probablement mort ou déjà loin de Marie-Joie, dis-je embarrassé.
- Souhaitez-vous que l’on vous escorte jusqu’à la sortie, Andrew ?
- Ne vous embêtez pas, Angelica, je devrais m’en sortir tout seul avec un peu de chance.
- J’imagine que pour survivre dans le camp ennemi, c’est un peu plus que de la chance dont on a besoin, marmonne-t-elle dans sa barbe. »

Je ferme la porte pour de bon et commence ma marche. Difficile de me me tromper de chemin, c’est l’escalier au fond du couloir. Avec un peu de chance, l’animal de tout à l’heure est en pleine sieste, ou en train de bosser. Il est censé bosser, non ? Ou alors s’entraîner, c’est pas mal pour une boule de nerf comme lui. Contrairement à la première fois, je suis totalement concentré et sur mes gardes. Le moindre mouvement ne passera pas inaperçu.

En descendant, je croise de nouveau le chemin de la jolie blonde, qui semble attendre quelqu’un. Il faut croire que c’est moi qu’elle attendait. Quel sacré veinard.

« - Nous ne recevons pas souvent de visiteurs ici, alors j’imagine que je dois veiller à ce que mon frère ne les tue pas.
- Rassurez-moi, il n’allait pas réellement me tuer ?
- Haha… Ce type aurait pu être le pirate le plus terrifiant du monde, mais comme il est plus malin qu’il en a l’air, il a décidé d’être criminel tout en étant protégé par le gouvernement. Il ne vit que pour tuer et il tue à la moindre occasion. Qui se soucierait de la disparition d’un agent du CP6 ? Personne ne sait qui vous êtes, ni même si vous êtes encore en vie pour la plus part. Vous ne vous connaissez même pas entre vous.
- Et c’est essentiellement grâce à ce mode de vie que l’on parvient à mener à bien nos missions. »

Comme lors de la montée, nous discutons jusqu’à la sortie. Pour paraître sociable, je lui parle de ma passion pour la musique, ce qui semble étonnamment l’intéresser. Ça reste un agent du gouvernement, alors elle est aussi entraînée à faire semblant. Je préfère me méfier de ces phénomènes. Et alors que nos chemins se séparent, devinez qui apparaît de nouveau : son frère. Mais il semble cette fois-ci plus calme que tout à l’heure.

« Juste une question avant de te laisser partir : pourquoi est-ce qu’un simple agent, sans aucun rang particulier, rend des rapports à mes supérieurs ? »

Et voilà qu’il s’interroge maintenant. Je préférais quand il voulait simplement me tuer.

« Je suis d’abord passé par les bureaux du CP6 et je n’ai trouvé absolument personne, si ce n’est quelques cafards et araignées. Mon supérieur ? Il est probablement mort, dis-je en pouffant de rire. Alors à qui est-ce que je rends des comptes ? »

Après un dernier regard assassin, il fait volte-face et disparait une seconde fois. La jolie blonde s’excuse encore une fois du comportement de son frère avant de me laisser filer. Je salue les deux vigiles, puis je marche en direction de l’hôtel sans me retourner une seule fois. Plus vite je serais loin, mieux je me porterais. La pression évacue peu à peu, j’inspire vivement pour reprendre mon souffle. Je n’étais pas en apnée, mais ma respiration était légèrement réduite par le stress de la situation. Je desserre ensuite ma cravate et essuie mon front luisant à l’aide d’un mouchoir.

Une fois à l’hôtel, mon camarade, rencontré deux jours auparavant, m’attend avec un verre à la main. Le barman me sert un verre de rhum, puis j’invite Dorian à me suivre, histoire de discuter dans un endroit un peu plus isolé. Il y a un espace détente avec des fauteuils, peu de personnes s’y trouvent, c’est parfait pour nous.

« - Bon sang… J’ai bien cru que tu ne reviendrais jamais.
- Oh tu sais, ça ne s’est vraiment pas joué à grand chose, dis-je en rigolant.
- Espèce de grand taré… Qu’as-tu obtenu ?
- Le nom d’Angelica Browneye. Et un certain Jamal, qui me soupçonne déjà.
- Très bien. Quand comptes-tu agir ?
- Demain soir. Le temps presse aussi bien pour nous que pour Mandrake.
- Ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour récolter des informations.
- Je reste cloisonné dans l’hôtel jusqu’à demain, 21h. Passé ce délai, j’agirais sans toi. De même pour le train qui décolle d’ici à 23h, je pars sans toi si tu n’y es pas.
- Héhé. Je ne compte pas le manquer celui-ci, il me tarde de quitter cet enfer. »

Il s’en va enquêter avec le peu d’infos que lui ai filé. En même temps, c’est sa spécialité. Il récolte les infos et je fais le sale boulot. Sa tâche est néanmoins toute aussi dangereuse. Demain, c’est le grand jour. J’ai quand même un mauvais pressentiment. Je doute que nous puissions tous nous en sortir sans la moindre effusion de sang.







Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mar 5 Juin 2018 - 18:03, édité 1 fois
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Spoiler:

Le lendemain matin au Grand Hotel.

Je descendais tranquillement prendre mon peut-déj, quand j’entends un morceau de piano. Comme tous les jours, me diriez-vous, mais est-ce étonnant quand on sait que le plus grand pianiste du monde se trouve ici. Sa simple présence m’a redonné goût à la musique. Rien que pour ça, c’est un grand artiste selon moi. Et même si j’ai terriblement faim, je décide de le rejoindre dans la salle des fêtes.

En entrant, il cesse aussitôt et m’interpelle.

« - Salut Andrew !
- Bonjour, monsieur Kellinger, dis-je d’une voix douce.
- Tu veux jouer un morceau ?
- Pas tout à fait. J’aimerais vous accompagner avec un autre instrument.
- Oh ! Tu es de ceux qui n’excellent nulle part mais qui savent jouer de tout.
- Haha. Si on veut. En réalité, je me débrouille mieux avec un violon. »

Andreas m’indique alors un placard où trainent quelques instruments de bois. Un magnifique violon me fait les yeux doux, caché au fond du placard, entre les guitares et les violoncelles. Sans l’ombre d’une hésitation, je le sors de ce misérable lieu de stockage accompagné de son archet. Le tout semble être en bon état, voire quasiment neuf.

« Il appartenait à un musicien qui bossait pour moi. Je l’avais acheté quand cette salle était encore remplie. Il n’a malheureusement jamais servi. »

J’ai donc l’honneur de l’utiliser pour la première fois. Comme pour me tester, le pianiste commence à jouer et c’est à moi de m’adapter pour créer une complémentarité entre nos deux instruments. Ses notes sont assez graves et rapides, je prends le parti d’en jouer des plus aiguës et plus lentes.  Les yeux fermés, je me laisse entraîner par ce flot sonore qui me plonge dans une univers symphonique, dans lequel je n’ai pas été depuis fort longtemps. Un merveilleux moment qui dure environ huit minutes. Ces quelques minutes me permettent de m’évader une fois encore. C’est comme une thérapie.

« - C’était grandiose, Andrew ! Quand est-ce qu’on enregistre ? demande Andreas de vive voix.
- C’était la dernière fois que l’on jouait ensemble, monsieur Kellinger, rétorqué-je d'une voix grave.
- Ton séjour parmi nous s’achève ?
- Ce soir, je ne serais effectivement plus ici. Et il se peut que je ne revienne plus jamais. En fait, c’est quasiment sûr.
- Hum… Une vie pleine d’actions, n’est-ce pas ?
- Quelque chose comme ça, oui, dis-je en lâchant un sourire niais. »

Par bonté de coeur, le pianiste décide de m’offrir ce magnifique violon, car je suis digne de m’en servir selon lui. De mon côté, je dirais que ça évite qu’ils pourrisse au fond de son placard. Peu importe la raison, c’est un cadeau d'une valeur inestimable et je lui en serais éternellement reconnaissant. La musique représente une passion importante que j’ai longtemps mise de côté. Je me rappelle de l’époque où je jouais de l’harmonica avec Stanislas. Ça me fait légèrement sourire.



[•••]



Le reste de ma journée n’est guère très intéressante. Le stress monte peu à peu. Je mange. Je me prépare. Je me repose. Je fais mes adieux aux différents personnels. Mais je n’ai toujours aucune putain de nouvelle de Dorian. N’ai-je pas été au clair sur les horaires ? Je vais vraiment devoir me tirer. 21h approche à grands pas.

PULUPULUPULU… PULUPULU… GATCHA !

« - Dorian !?
- J’ai pas beaucoup de temps, Andrew. Écoute bien tout ce que je vais te dire.
- Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Besoin d’un coup de main ?…
- Surtout pas ! Je suis foutu. Je me suis enfermé dans une pièce pour t’appeler mais on m’a chopé. J’ai manqué de vigilance.
- Où es-tu, bordel !??
- Andrew, laisse. C’est fini, j’te dis. On s'en tient au plan, quoiqu'il arrive, c'est le contrat. Ne parle plus et écoute-moi.
-…
- Bien. Angelica Browneye est la petite soeur du lieutenant Browneye dans la marine. Elle est également très attachée à sa supérieure, probablement celle qui a combattu Mandrake. Elle habite au troisième étage, tu connais l’adresse. C’est tout ce que j’ai sur elle. J’ai aussi voulu enquêter sur le dénommé Jamal, c'est probablement pour cette raison que je suis démasqué. C’est le grand frère du contre-amiral Ethan Ragglefield Levi.
- Ah, c’est donc lui le petit frère dont parlait sa soeur… Les Ragglefield, encore eux, hein.
- POUM !
- Qu’est-ce que c’est ??
- Certainement Jamal qui m’a trouvé. Andrew, t’es le prochain sur sa liste. Il va probablement tenter de m’arracher des infos. Concentre-toi sur ta mission et tire-toi le plus vite possible de cet enfer. Plan B. »

Il raccroche aussitôt. Merde… C’est impuissant que je perds un nouveau camarade. Aller à sa recherche, c’est compromettre la mission, courir à ma perte et faire du sacrifice de Dorian un acte inutile. Merde. Je frissonne. Je tremble. Je vais probablement mourir aussi. Waow… Je dois garder mon calme. Tout baigne pour l’instant. Enfin rien ne va en réalité, mais objectivement la situation n’est pas encore désespérée. L’agent est pour l’instant occupé avec Dorian, ce qui me laisse l’occasion de me rendre chez ma cible tranquillement. Tranquillement, on s’est compris.

J’essuie mon front luisant, j’accroche à mon dos le violon et son étui de protection, puis je suis fin prêt à aller accomplir ma mission. Je suis tiraillé à l’idée d’agir comme de rien n’était, alors qu’un collègue se fait actuellement latter la gueule. Autrefois, je n’aurais pas hésité à aller le secourir quitte à échouer la mission, mais je ne peux plus me permettre de manquer de professionnalisme. Je ferme les yeux sur ce qu’il se passe et me focalise sur mon objectif.

L’instrument au dos, le chapeau sur la tête et la clope entre deux doigts, je marche le plus naturellement possible. Pas trop lentement parce que le temps presse, pas trop vite parce que je tiens à ne pas attirer l’attention. Je parviens assez rapidement au bâtiment, tout semble être normal. J’ouvre la porte d’entrée et me dirige vers les escaliers. Mon coeur palpite de manière assez violentes. Nous y sommes enfin.

Deux portes. Dans l’une se trouve toute une famille, avec notamment des enfants qui courent et des parents qui crient au silence. De l’autre côté, je sens un plat parfumé qui chauffe et ressens une présence, probablement assise dans une pièce. Mon corps se liquéfie et passe sous la porte, à travers le petit espace sans lequel celle-ci ne pourrait s’ouvrir. Tel un serpent, disons un filament d’encre, j’avance lentement vers la pièce où se trouve ma cible. Il s’agit de son salon visiblement.

Deux scénarios : soit elle va fuir par sa fenêtre, compromettant ma mission. Soit elle va m’attaquer parce qu’elle n’admet pas les intrusions à son domicile. Mais la situation tourne en ma faveur quand l’eau dans sa casserole boue et qu’elle s’empresse de contrôler l’intensité du feu. En quittant le salon, je l’intercepte d’un uppercut dans le bide qui décolle ses appuis du sol, et d’un coup de poing au visage, qui la couche sur son parquet. Lorsqu’elle tente de se relever, je l’enchaîne de coups divins au niveau de ses nerfs pour bloquer ses mouvements quelques instants.

« Pardonnez-moi, Angelica, vous ne dînerez pas ce soir, dis-je solennellement. »

Un ami est probablement déjà mort. Le CP9 va probablement se lancer à ma poursuite. Le temps m’est probablement compté.





Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mar 5 Juin 2018 - 23:11, édité 1 fois
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La voici attachée sur son canapé. Je reste extrêmement vigilant, elle pourrait me réserver des surprises. Je place un denden sur une chaise entre nous deux.

« - Andrew… J’imagine que tu n’es pas un agent du CP6.
- Tout à fait, dis-je en esquissant un léger sourire.
- Que me vaut cette visite impromptue ?
- Juste quelques informations et je m’en vais.
- Tu n’obtiendras rien, répond-t-elle sèchement. »

Je la regarde légèrement peiné de la situation. Elle n’a clairement pas le profil d’un agent du CP9 que j’imaginais, pas comme l’autre taré qui veut tous nous tuer. Je me retourne alors vers le den-den.

« Vous nous entendez correctement ? »

Une seule voix s’impose.

« Parfaitement. »

Mes yeux sont alors de nouveau rivés vers ma prisonnière. C’est mon premier interrogatoire, et honnêtement, je n’ai pas du tout la moindre de idée de « comment mener un interrogatoire ». Surtout pour un agent du gouvernement de sa trempe, c’est délicat. Ce n’est probablement pas la plus résistante mais non plus la plus faible.

« Je crois comprendre que vous ne souhaitiez pas coopérer et c’est tout à votre honneur, je ferais probablement pareil. Ou peut-être pas d’ailleurs, dis-je en pouffant de rire en direction du denden. Plus sérieusement, je comprends tout à fait votre position et votre devoir de silence envers le gouvernement. »

Elle reste muette.

« Je ne compte vous violenter non plus, c’est bien trop barbare à mon goût. »

Un petit « hem » se fait entendre du denden, je reconnais Émilie Knox. Oui, bon, c’est pas totalement vrai. Si ça ne tenait qu’à moi, je la tuerais sur le champ et on en parlerait plus.

« Et honnêtement, ça m’embêterait de devoir ramener la tête de votre grande soeur, le lieutenant Browneye de la 346ème. »

Son visage se crispe enfin. Là, on commence enfin à entrer dans le vrai, dans le dur. Elle doit comprendre que nous ne sommes pas des rigolos.

« Au même titre que la directrice du CP9 que vous affectionnez tout particulièrement, je me trompe ? Qu’arrivera-t-il si l’on compromet sa couverture actuelle ? »

Le regard empli de haine, elle finit par se calmer et reprendre un visage un peu plus doux. C’est très mauvais signe de mon point de vue.

« Vous savez, Andrew, j’étais consciente des risques en m’engageant au CP9. Ma soeur sait se défendre toute seule, c’est une grande fille. Quant à la directrice du CP9, je me fais encore moins de souci pour elle. Si vous êtes là, à infiltrer le CP6, ça ne peut être que pour retrouver Jonas Mandrake. Et si c’est le cas, vous savez aussi que la directrice du CP9 s’en est défait et qu’elle n’est pas le genre à être une proie facile. Alors, monsieur Andrew O’Neilly, même si je reste convaincu qu’il s’agit d’une fausse identité, sachez que je ne vous dirai rien. »

C’était totalement prévisible. Mais c’est pas pour autant que j’ai préparé quelque chose. Je suis dos au mur. Et j’admets que mener l’interrogatoire ici en sachant qu’un fou furieux est à ma recherche, c’est assez limité.

« - Euh… Mesdames, messieurs, puis-je émettre une idée ?
- On t’écoute.
- Dorian est mort, et même si mon identité n’est probablement pas encore déclinée, ma couverture est grillée. Le CP9 est probablement actuellement à mes trousses. Angelica Browneye ne parlera pas dans ces conditions, elle a encore le pouvoir. D’ici peu, elle recevra certainement un appel auquel elle devra répondre sous peine de voir débarquer des agents chez elle.
- Que proposes-tu ? demande Émilie. »

Une voix que je n’avais encore jamais entendu prend la parole. Une voix calme, sûre dans ses propos, assez rassurante. Une voix ni trop grave, ni trop aiguë, assez standard.

« Il est temps pour moi d’entrer dans la partie, hein… Ramène-moi cette Angelica, je la ferais parler. On ne m’appelle pas le « télépathe » pour rien. »

Le « télépathe » ? Il s’agirait de Niklas Aldos ? Je suis comme un gamin tout excité de parler à toutes ces pointures. Angelica soulève également l'un de ses sourcils. Mais tout ça ne règle pas mes problèmes, bien au contraire, ça les complexifie. Déjà que j’étais en galère pour me tirer, mais me trimbaler un corps n’arrangera pas les choses.

« Je ne pourrais pas reprendre le train, dis-je désespérément. Je parie que des agents se trouvent déjà à la gare, et je passerai difficilement inaperçu avec un corps… Il me faut un autre moyen d’exfiltration. »

Il me disent d’attendre quelques minutes. Rien que ça. Je m’allume une mèche et m’installe en face de mon otage.

« Il est interdit de fumer chez moi, dit-elle froidement. »

Sérieusement ? C’est réellement ce qui la préoccupe en ce moment ? ?

« - Tu vas probablement finir enfermée à jamais ou mourir dans d’atroces souffrances, alors je ne me préoccuperai pas trop de ça à ta place. Au mieux, c’est moi qui vais mourir dans d’atroces souffrances, alors permets-moi de profiter de mes derniers instants, dis-je en continuant de fumer ma cigarette, les jambes croisées en continuant de regarder la demoiselle.
- Je ne sais toujours pas ce que vous désirez.
- Tu as annoncé la couleur dès le début, est-ce réellement nécessaire d’en parler ?
- Au point où nous en sommes…
- Humpf. D’acc. Dis-moi où se trouve Mandrake et je me tire sagement d’ici.
- Il est en prison, répond-t-elle joyeusement.
- Et où se trouve cette prison ? rétorqué-je tout aussi joyeusement.
- Je ne sais pas. »

Je laisse tomber les cendres de mon mégot sur son beau parquet en souriant comme un abruti. Soudain, Émilie reprend la parole.

« - Bon, va falloir te surpasser, p’tit gars.
- Plaît-il ?
- Ne commence pas à faire ta fiotte !
- J’aimerais t’y voir là, marmonné-je.
- J’ai pas entendu !
- Laisse tomber. Dis-moi tout et cessons de perdre du temps en bavardages inutiles…
- Un navire t'attend.
- Il m’attend où ?…
- Au niveau de la Flaque.
- Oh bah oui, rien que ça. Et je pourrais même passer boire un thé avec le vice-amiral présent à la base du G-0 ? Vous foutez pas moi, trouvez autre chose.
- C’est ta seule et unique chance, crétin. Dorian t’a certainement briefé sur les différents moyens de quitter cet enfer. Le plan B, ça te parle ?
- Mouais. J’ai pas trop écouté cette partie de la conversation. Bref. Direction la Flaque, alors. »

Le plan B... Un peu que je m'en rappelle, c'est le truc que j'ai le plus étudié dans ma piaule. Puis sa dernière phrase disait justement de m'y référer.

« On se retrouve de l’autre côté, les galères commencent ici. Ciao. »

L’agente se défait de ses liens, chose prévisible, et disparait de mon champ de vision pour réapparaître derrière moi. Elle prend impulsion sur le plafond pour donner de la vitesse à son attaque. Bien naturellement, elle ne fait que ma traverser. Stupeur. Surprise. Son visage réagit instantanément. Un éclair de génie ? Un mystère résolu ?

« - De l’encre… Cette capacité… Tu ne peux être que…
- C’est bien moi, oui.
- Ce visage…
- Légèrement différent que sur la photo, oui. J’ai eu droit à quelques retouches.
- J’aurais du m’en douter… Il n’y a qu’un taré comme toi pour se jeter dans la gueule du loup.
- C’est donc ainsi que me voit le gouvernement… Un taré… »

Je suis légèrement vexé. À tel point que sans prévenir, mon poing chargé en haki s’enfonce dans son bide. Et malheureusement pour moi, elle vomit son repas de midi sur mes pompes.

« Ah !… Angelica, c’est pas bon du tout, ça. Mes belles chaussures, sérieusement, c’est pas cool. »

La récréation est terminée. J’arme rapidement mon pied vers l’arrière qui se termine sur douce figure. Et plus résistante qu’elle en a marre, elle bouge encore. Je la saisis par le col et la termine d’un bon nombre de coups de poings au visage. Pardonne-moi, Angelica, mais je tenais particulièrement à ces pompes. Puis c’est deux fois rien par rapport à ce qu’il t’attend. Puis entre nous, avez-vous eu la moindre pitié pour ce pauvre Jonas ? Nous sommes en guerre après tout.

Allez, on se tire d’ici.

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Un den-den sonne et ce n’est pas le mien. Il s’agit sans nulle doute de celui de ma victime actuellement sur mon épaule. Ont-ils obtenu des informations de la part de Dorian ? Je me retire immédiatement de cet immeuble de malheur, déboulant les marches cinq par cinq, jusqu’à enfin atteindre la porte de sortie. Sortir devant toute la foule en tenant ce corps inerte serait suicidaire. Je préfère emprunter la sortie de secours qui mène directement à la ruelle où se trouve les conteneurs à poubelles.

C’est ici que je m’étais caché la première fois que je prenais Angelica en filature. La plaque d’égout se trouve juste à ma gauche. Un coup de talon, elle explose sous la pression. Je saute dans ce trou sans l’ombre d’une hésitation. Plouf. J’atterris dans une eau puante et sale. Saisissant une lampe-torche et les plans filés par Dorian à mon arrivée, j’essaye de plus ou moins me situer pour avancer dans la bonne direction. En me localisant à partir du bâtiment où se trouve les locaux du CP6, je peux retrouver l’immeuble d’Angelica.

« Eh !… Ça en fait de la route, dis-je en grimaçant à la visualisation du plan. »

Dire que j’aurais pu être dans l’Umi Resha, tranquillement, à siroter un putain de cocktail. À quel moment est-ce que tout a déraillé ? Je doute que notre voyage se passe sans encombre, je décide donc de continuer en utilisant le moins possible la lampe-torche. Ça faciliterait les recherches de l’ennemi, plus encore pour les utilisateurs de l’Observation. En lisant les plans, je réalise que c’est un travail qui a pris des années tellement que c’est précis. Peut-être même que Dorian n’est que celui qui a terminé ce travail de longue haleine.

Toujours avec l’inconsciente sur mon épaule, je poursuis le chemin vers le point de rendez-vous. Mais les enfoirés ont vite fait de se dire qu’il fallait scruter les égouts… Deux types discutent à quelques pas de ma position. Je me cache aussitôt dans un canal à ma droite, le temps d’observer ce qui arrive. Prêt à me battre, je reste collé au mur en attendant que l’ennemi approche. Et au moment où les deux individus passent, j’expire de soulagement en m’apercevant qu’il s’agit de deux clochards. Par précaution, j’attends qu’ils s’éloignent avant de reprendre ma route.

Cependant, c’est non sans frayeur que je reprends la route. Les deux clochards hurlent de douleurs avant que le silence ne reprenne sa place. Ils sont morts. Quelqu’un les a abattu sans le moindre scrupule et ça ne peut être que l’un de mes poursuivants. Sans réfléchir, la première chose qui me vient à l’esprit est de courir aussi vite que possible, sans me retourner. Simplement courir en direction de mon objectif.

« C’est donc bien là que vous étiez, dit une voix qui apparaît à l’instant sur ma droite. »

Maudit soru. Il projette ensuite une sorte de lame de vent avec son pied. Cela provoque une sorte d’explosion en frappant violemment les parois des égouts. Il risque de faire effondrer la ville entière avec ses conneries. Un nuage de poussières se forment assez rapidement. Dès que celui-ci s’estompe, l’agent du CP se retrouve embroché sur un pique fait d’encre solidifié, provenant du prolongement de mon bras.

Je laisse son corps flotter à la surface de l’eau et continue ma course. Le bruit a forcément attiré la meute. Et le corps flottant de leur collègue va forcément les mettre en garde sur la proie potentiellement dangereuse que je suis. Je pourrais aisément fuir et me battre en même temps si je n’avais pas ce poids sur mon épaule. Je les sens me traquer les uns après les autres, m’obligeant parfois à légèrement détourner mon chemin en empruntant d’autres routes. À ce rythme, constamment interrompu par ces connards, je risque de ne jamais y parvenir.

Ma notion du temps est légèrement perturbée. Je n’ai pas l’heure sur moi, je ne peux pas observer la lune ou le lever du soleil… Je continue bêtement de courir en suivant le plan confié. Mes sens sont à leur paroxysme au point de m’épuiser plus rapidement que prévu. Je dois tourner sur ma gauche, un tunnel encore plus petit que les autres, assez sombre et étroit. Je m’adosse quelques instants le temps de récupérer un peu. Le corps d’Angelica est à mes pieds, les mains sont sur mes genoux, je me repose simplement sans quoi je risque de ne pas être suffisamment vigilant.

Quelques instants plus tard, peut-être même quelques minutes, une lampe-torche s’allume juste devant ma gueule. Et avant même que l’individu puisse y voir quoique ce soit, ma main saisit son visage, tandis que je sors une dague de l’autre main pour enfin l’égorger. Je m’assure qu’il n’émette pas le moindre son. Pause terminée, je reprends ma course. Tu parles d’une mission, c’est la mort qui m’attend à chaque instant. J’ai l’impression de ne pas voir d’issue et ça commence à me rendre anxieux, agressif, presque imprudent.


[•••]


Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé. De longues minutes ? Des heures ? Depuis les deux agents que j’ai assassiné, j’en ai peut-être exécuté quatre de plus. Je réalise que leurs cadavres peuvent mener à ma position. Ils me ralentissent plus qu’autre chose. J’y suis presque mais je ne dois pas pour autant me relâcher. Une faute et je crève si proche de la sortie. Ma tenue est déchirée, tachée de sang et puant la mort et les égouts… Il y a de mon sang et celui de l’ennemi. En effet, de manière assez logique, je suis tombé sur des utilisateurs du haki. Et ça fait mal.

Lorsque j’arrive désespérément aux pieds d’une chute d'eau, fatigué et usé par cette soirée, je réalise que mon issue de secours se trouve juste en bas. Effectivement, quelques bons mètres plus loin se trouve un navire. J’envoie des signaux lumineux à l’aide de ma lampe-torche, on me répond assez rapidement. Je n’ai plus qu’à sauter, n’est-ce pas ? Mais une voix qui m’est étrangement familière vient perturber mes espoirs de réussite.

« - Andrew O’Neilly. Mon frère a bien fait de se méfier de toi. Il ne va pas tarder à arriver d’ailleurs, je te conseille de laisser Angelica et t’enfuir.
- Comme si vous autres, impitoyables agents du CP9, allez tranquillement me laisser prendre la fuite.
- Des exceptions sont toujours possibles, dit-elle avec un large sourire.
- Vos mots sonnent faux aujourd’hui, mademoiselle.
- Ils l’étaient hier également. »

Elle m’aura bien berné dans ce cas. Ce sont les dernières paroles que l’on s’échangera. C’est du moins ce que je pensais. Ses déplacement sont lisibles, moins impressionnants que ceux de son frère. Pour autant, je ne peux pas combattre dans mon état avec le corps d’Angelica. Il y a en bas quelqu’un qui m’attend, j’imagine qu’il repêchera le corps. Si je descends, celle-ci nous suivra et on risquerait d’endommager le navire et ne plus pouvoir fuir. Je l’endommagerai en attendant les renforts à sa place. Si les renforts arrivent et que je suis toujours là, c’en est fini de ma tête.

La blondinette utilise parfaitement bien les techniques du Rokushiki. Entre le soru, le geppou pour se propulser vers moi, c’est un enchaînement parfait. Je suis épuisé par tous ces combats. Je pare ses coups tant bien que mal, j’esquive de temps en temps, mais je vois clairement qu’elle tente de jouer la montre. Dois-je prendre le risque d’utiliser mes dernières ressources pour la terminer ? Je constate qu’elle parvient à anticiper mes coups. Du moins, mes feintes que je lui envoie pour tester ses réactions. J’en suis sûr, c’est de l’empathie. Et puis, comment m’a-t-elle retrouvé ?

L’Armement n’a pas été utilisé de son côté. Dois-je prendre le risque de la laisser me toucher ? C’est un risque à prendre qui peut me donner un précieux avantage. Comme un insecte, elle apparait et disparait autour de moi, jusqu’au moment où elle décide de m’attaquer. Un coup de pied dans mon dos, la jambe me passe à travers. Je saisis instantanément sa jambe et la jette violemment au sol. Une fois. Deux fois. Elle utilise le Tekkai en comprenant qu’elle ne peut se défaire de ma prise.

Allongée au sol, je l’immobilise en m’agenouillant sur celle-ci, et les poings chargés en haki de l’Armement, je l’enchaîne de coups de poings destructeurs. Ce qui semblait être indestructible, le devient peu à peu à force de taper dessus comme une brute épaisse. Du sang commence à gentiment sortir de sa fine bouche que je massacre au même titre que tout son visage. Ce beau visage qui, après de nombreux coups, commencent à se défigurer. C’est la guerre. La survie laisse place au côté le plus sombre de ma personne. La survie me pousse à agir de manière excessive.

Une fois que l’armure cède, je conclus qu’elle est inconsciente. Je rebrousse chemin en direction de la chute d’eau, quand une masse à mon dos vient me faire de l’ombre. La blonde n’était donc pas inconsciente. Elle n’a pas compris que je vais la tuer dans son état actuel. Intelligente, elle ne m’attaquerait pas de manière aussi stupide. Elle sort deux dagues dont je méfie comme la peste. D’ailleurs, il suffit qu’elle m’effleure avec pour que je comprenne de quoi il s’agit : du granit matin.

Je laisse volontairement une ouverture qu’elle s’empresse de saisir, avant que je ne lui glisse trois mots.

« Contre-amiral Levi. »

Le temps d’un instant, son mouvement est hésitant. Je dégaine ma dague, passe sous sa garde et lui inflige de profondes plaies au niveau de l’abdomen. Elle tente une riposte, j’anticipe en esquivant et ma dague se loge profondément sur flanc gauche, non loin du coeur. Ensanglantée, elle s’arrête nette. Puis dans un dernier effort, elle me fout ses deux dagues dans le bide. J’arme une nouvelle fois mon poing renforcé de l’Armement, une droite qui l’envoie valser quelques mètres plus loin. Son corps flottera à l’eau avant de tomber dans cette chute d'eau.

Un filet de sang s'échappe de ma bouche. Si je retire les dagues, je risque de perdre énormément de sang. Si je ne les retire, le granit marin va définitivement avoir raison de moi.

Je me dépêche de sauter dans le vide. Le problème, et probablement ce que je remarque bien trop tard, c’est que la Flaque renvoie directement à la mer. C’est tout bonnement mon point faible. Sauter dans le vide est juste la chose la plus stupide que je pouvais faire. Il n’y a absolument rien pour rattraper. Paraît-il que la noyade est la pire manière de mourir. On va bien voir après tout puisque je n’y échapperai pas.

PLOUF.

Comme je m’en doutais, pour une raison que j’ignore si ce n’est ma malédiction, je ne parviens pas à nager. À quelques mètres du navire, je coule. Les dernières images que je vois sont… Marcel ? Yumi ? C’est le fait de me noyer qui me fait divaguer ? Mes forces me quittent, je sens mon corps couler vers les fonds marins. Avec un peu de chance, mon corps sera mangé par un monstre marin, ce qui évitera au gouvernement de l’avoir en sa possession. De toute manière, je manque d’oxygène et ma vue se trouble.

À mon humble avis, je suis en train de mourir.





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C’est quoi tout ce bruit ? C’est ça… le paradis ?

« ROBERT !! VITE ! IL EST EN TRAIN DE CLAMSER ! »

Robert ? Qu’est-ce qu’il se passe ici ?

« Maria ! Ma trousse de soin et des serviettes !… Beaucoup de serviettes ! »

Je redresse rapidement ma tête en ouvrant les yeux. Au-dessus de moi se trouve Robert, j’aperçois Maria et Yumi qui courent partout. Le vieux toubib semble exercer une pression sur mon corps… Par curiosité, j’ai le malheur de regarder ce qu’il se trame, l’envie de vomir me freine.

« C’est… C’est quoi tout ce… Sang ?… Merde, dis-je avant d’être de nouveau inconscient. »

Après ce que je viens de voir, la mort semble être la seule issue possible.



[•••]



Putain, j’ai la dalle. Je me réveille tout doucement, cette fois-ci allongé sur un lit, simplement réveillé par le chant des mouettes. Robert est toujours à côté de moi et semble me brancher des perfusions.

« Doc’… J’ai la dalle. »

Il esquisse un sourire.

« Va falloir attendre, gamin. Je te fous directement à bouffer dans le sang. »

Qu’est-ce qu’il me raconte ? Je veux croquer de la viande.

De toute manière, je me rendors l’instant d’après, alors c’est que je ne dois pas avoir si faim que ça.


[•••]



Une énième fois, j’ouvre les yeux, toujours allongé au même endroit.

« Alors qu’est-ce que ça fait de rencontrer la mort à plusieurs reprises ? »

Suelto ?

« C’est quoi ce bordel ?… Je n’ai même pas remarqué ta présence, dis-je en regardant le plafond. »

Je n’entends plus les mouettes.

« - Où est-ce que nous sommes ?
- Sur Jaya. Tu étais dans un tel état que nous ne pouvions faire autrement.
- Et Angelica ?
- Le télépathe s’en charge actuellement.
- Tu veux dire qu’il est ici !?
- Il a estimé Jaya suffisamment sûr pour se permettre le déplacement. »

Tant de choses se sont passées.

« - Depuis combien de temps est-ce que je dors ?
- Six jours. Des réveils intermittents avant de te rendormir à nouveau. T’en as bavé. Et t’as subi une opération directement en arrivant sans quoi tu serais mort.
- Pouarf. Tout ça pour une gonzesse… Tu m’emmènes bouffer ?
- Err… Ragnar, c’est pas possible pour le moment. Grave blessure à l’arme blanche au niveau l’estomac, tu vas devoir jeûner quelques temps, héhé. Et peut-être même que…
- Peut-être même que quoi ?
- Tu risques de garder quelques séquelles, comme ne plus pouvoir t’alimenter comme avant, des choses comme ça… Problèmes de digestions, intolérances à certains aliments… En fait, au-delà du coup parfaitement bien placé, c’est le granit marin qui a pas mal endommagé tes cellules. Si ton corps parvient à éliminer les quelques fragments de lui-même, t’as des chances de récupérer, sinon tu retournes au bloc et sinon tu devras vivre avec cet handicap. »


Me remettre rapidement de cette blessure est ma priorité. On doit sauver Mandrake. Encore faut-il qu’on sache où il se trouve. Fait chier si je ne peux pas bouffer normalement...

« Ah, et bien sûr, tu risques de garder une vilaine cicatrice. La plaie a beaucoup de mal à se refermer donc reste calme quelques temps, hein. »

Elle m’a fait la totale l’autre connasse. J’espère qu’elle souffre autant moi, si tant est que quelqu’un a daigné repêcher son corps, hùhù. Enfin bon, passons. La mission semble être un succès malgré mon état. Un détail me perturbe néanmoins.

« Suelto… Peux-tu me dire ce que vous foutiez ici ? »

D’un regard malicieux, le rouquin se retourne vers moi.

« Le plan B… Seul un génie comme moi peut y penser. Mais cela n’aurait pas été possible sans une étroite collaboration avec le défunt Dorian. »

J’ai presque oublié son sacrifice. Je dévie mon regard et j’observe simplement le ciel de ma fenêtre. Je dois m’y faire à cette idée de perdre des soldats qui se battent pour moi. Encore une fois, nous sommes en guerre et il est impossible de gagner sans sacrifice. Alors je dois regarder chacun de mes hommes, profiter du temps que je peux passer avec eux, car ils ne seront peut-être plus là demain.




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