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Rencontre en cellule !





Rhétalia, Arène, 1627.



Trop de monde. Trop de soldats. Je ne sais ni où je vais, ni ce qu’il y a devant moi. Enfin, objectivement, j’ai bien une idée de l’endroit où je vais. Cette foutue Arène où sont envoyés les fauteurs de troubles pour être pendus comme des chiens. Elle est belle ma vie, elle est belle. Qu’ils osent me lâcher, on va voir qui sera pendu. Je suis assez remonté par cette idée de mourir de manière si lamentable pour avoir oeuvré pour quelque chose de correct.

Assez rapidement, la lumière disparait pour laisser place à des cris d’animaux. Pas réellement des animaux, plutôt des humains qui beuglent. Rien de bien rassurant en somme. Ça en dit long sur les conditions de vie des personnes ici présentes. On me fout dans une cellule dans laquelle se trouve un type… marqué par la vie. Un homme d’une quarantaine d’années, une musculature imposante, la barbe et les cheveux rasés, le regard vide…

« Qu’est-ce qu’un gosse comme toi fout ici ?… »

Un de mes sourcils se lève. Pas même un bonjour, c’est bonne ambiance.

« Le mieux serait que l’on ne se parle pas. Fais comme si je n’étais pas là, je n’en ai pas pour longtemps de toute manière, dis-je en analysant les lieux. »

Une cellule tout ce qu’il y a de plus normal. Trois murs et des barreaux. Génial.

« Tu comptes te barrer, p’tit gars ? »

J’ignore totalement sa question tellement la réponse est évidente.

« T'sais que jamais personne n’y est arrivé ? reprend-t-il. »

Ça pourrait être décourageant. Mais j’ai vu pire encore.

« Ce n’est pas parce que personne n’y est arrivé que je n’y arriverais pas, rétorqué-je toujours en ignorant son visage. »

Les lieux sont relativement vieux et pas du tout entretenus. Je ne sais même pas comment la bâtisse tient encore avec l’agitation de la foule au-dessus de nos têtes. À croire que l’effusion de sang permet à celle-ci de tenir. Saloperie. Effondre-toi et écrase toutes ces merdes avec toi, en espérant que je trouve un moyen d’en échapper. Il me faut réfléchir calmement mais c’est pas gagné avec tous ces singes qui crient encore.

Puis je me retourne enfin vers mon co-détenu.

« - Dis-moi comment ça se passe ici.
- Err… Soit t’es faible, alors t’es pendu pour tenir la foule en haleine. Soit t’es correct et tu te bats pour te faire tuer. Soit t’es bon et auquel cas tu te bats et tue ceux qui sont corrects.
- Ça a au moins le mérite d’être clair.
- Tu penses faire partie de quelle catégorie ? 
- Aucune pour l’instant.
- Err… Je vois. »

Si je peux me tirer d’ici avant d’être envoyé en pâture.

« - Et tu combats à quelle fréquence ? 
- Err… J’dirais une à deux fois par semaine pour me remettre sur pied, parfois plus. »

C’est violent comme réponse quand même. Les affrontement ont l’air rudes. En même temps, c’est peu étonnant quand tu sais que tu joues ta vie à chaque fois. J’aime avoir une vie d’aventures mais il y a des limites tout de même. Rester enfermé dans cinq mètres carrés avec un type qui pue, pour jouer ma vie chaque semaine face à des types du même acabit que je vais devoir tuer ou qui vont me tuer… Vie de merde en perspective.

Perdu dans mes songes, je reprends mes esprits quand la cellule s’ouvre de nouveau. J’hésite quelques instants. Dois-je bondir sur le garde et sortir ? Non. D’autres sont à côté, je serais rapidement neutralisé, peut-être même abattu ou envoyé directement au centre de l’arène. Je reste sagement assis, je ne bouge pas d’un iota. Un type plutôt fatigué par la débauche est jeté comme du n’importe quoi.

Il me dit vaguement quelque chose. J’attends qu’il se redresse pour confirmer et ça ne manque pas. C’est le type qui jouait au cascadeur un peu plus tôt dans la journée, face auquel j’ai été arrêté également. On a été arrêté en même temps, et pourtant, je suis arrivé ici bien avant lui. Un problème avec ce détenu ? Il a mauvaise mine. Est-il malade ? Ou blessé ? Peu importe. Un bon acrobate certes, mais pas sûr qu’il puisse m’être utile pour m’échapper de cet endroit.

Je pose délicatement ma tête contre le mur sur lequel je suis adossé, puis je réfléchis. À moins que je ne m’endorme. Je ne sais plus trop à vrai dire. Ma vie est probablement foutue maintenant. Quitte à combattre, autant me reposer.





Dernière édition par Alma Ora le Dim 24 Juin 2018, 15:31, édité 1 fois
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Réveil. Pas la version romantique. Pas de p'ti déj au lit, de grisante alcoolémie de la veille bien vécue ni plus d'électrique strip-teaseuse pour me souffler un de ces " Bonjour " lascif à l'oreille qui file la chair de poule. Juste une sale et depuis peu familière douleur qui m'expulse de mon inconscience vaseuse. Arf. J'essaye de me dégourdir les articulations – c'est possible, j'ai lu ça dans la Gazette une fois – mais bien vite, je me heurte aux limites d'un espace contigu et ferrailleux. Mes mains lisent les contours dans mon dos avant mes yeux fatigués de constamment s'ouvrir sous la contrainte.

Qu'est-ce que c'est encore ? C'est froid et rugueux.

Je discerne aussi des grincements. Et des sabots. Sacrée combinaison. Ok, regardons.

C'est une cage. Qui épouse les secousses de la cariole qui la supporte. Et moi je suis assis dedans. Ce mode de déplacement tiraille l'arrière-train et tout ce qui s'en rapproche de près ou de loin, des orteils au cuir chevelu. Et en plus, j'ai le crâne au bord de l'explosion, mais ça, ça a plus à voir avec la trempe que je me suis ramassée. Merde, je suis vraiment prisonnier. Coincé comme un animal de cirque dans cet enclos piteux et puant.

J'aime encore mieux les gueules de bois mal assumées au réveil.

Le soleil qui me surplombe m'aveugle juste ce qu'il faut pour me torturer savamment. Je ne sais pas qui l'a tuyauté mais il fait bien son job. J'en ai les larmes aux yeux. J'y vois pourtant encore assez pour distinguer les badauds qui me dévisagent comme une bête exotique. Je me sens con, comme ça. Misérable. Je n'y avais jamais accordé vrai réflexion jusqu'à aujourd'hui mais cette situation me révèle une compassion nouvelle pour les monstres exhibés au tout-venant dans les foires. Sauf que là, c'est moi le fauve. C'est moche.

Quand je sors d'ici, je vais foutre le feu à un cirque, promis.

Un gamin curieux me pointe du doigt en mastiquant une pâtisserie diablement appétissante. Y'a des raisins secs et des granules de sucre sur son croissant. Miam. Sa mère le hèle par le bras et marmonne quelque chose à son oreille en me décochant un regard fuyant emplis de mépris et de crainte. Faut pas ma brave Dame, ça pourrait être vous à ma place. Si un honnête drille comme moi a atterri ici, pourquoi pas vous.

Sarcasme ? Pas tant que ça en fait. Merde, j'arrive même pas à rire de mon infortune. Enfin... vivement que je sois innocenté.

Je me redresse laborieusement. Mon crâne vient effleurer le plafond de ma chambre. C'est qu'il est diablement bas. Le corps retrouve de son répondant et j'ai la bougeotte. Peut être le fait d'être enfermé qui éveille l'instinct de liberté. Assis sur le siège avant, deux hommes torse-nu mais habillés de masques pyramidaux aux courbes violentes.

Dites, où est-ce que vous m'emmenez les gars ?

Pour seule réponse, celui qui tient les rênes lâche un glaviot qui s'envole sur notre gauche. Je suis le vol du projectile. Personne à la retombée. Dommage.

Pas de grands bavards, hein ? Jamais pendant l'service ? Je vois... Z'auriez pas une clope ?

Je parle dans le vide. Curieusement, ça commence à m'amuser.

Non, logique. Comment vous pourriez vous en griller une avec vos masques de carnaval ?

La carriole fait un léger écart pour permettre à un étrange éléphant de nous croiser. Pfuh', c'est gros, ce bazar. La vraie question étant : est-ce que ça a bon goût ? J'ai faim. J'ai faim, j'ai faim. Mais j'ai quand même un peu plus envie d'une clope.  Je reprends :

Je fumerais bien une clope.
...
Remarquez, z'êtes p'tetre bien fumeurs vous aussi, pas vrai ? Et sans le vouloir, je viens juste de réveiller une envie lointaine en votre for intérieur. C'est pas parce qu'on est obligé de s'affubler d'un masque ridicule qu'on n'a plus le droit de fumer, non ? Hm, peut-être bien que si, en fait...
...
Vous savez ce que c'est ? C'est de la discrimination ! On interdit aux braves gens de s'occire à petit feu. Mais la vie est un jeu dangereux et nous bercer de rassurantes mesures revient à nous priver de notre droit le plus strict de s'en griller une bon sang ! Allez, on s'arrête à la première boutique venue et on se paye tous une belle ration de tabac. Au nom de la liberté ! Qu'est-ce que vous en dites ?
...
Par contre, faudra rincer pour moi, j'ai oublié mon larfeuille dans mon autre blazzer.

On s'arrête.

Pour vrai ? On se paye vraiment une halte clope ? Merci les gars, z'êtes de chics types. Désolé d'avoir cogné vos onze collègues tout à l'heure. Et vos cagoules, elles sont belles.

On ouvre.

Je passe à peine la tête par la porte qu'une main vigoureuse m'empoigne au col et me tire dehors. Gnh ! Ça pique dans les muscles. Surtout la jambe. Les deux molosses m'attrapent chacun par une aisselle et commencent à me trainer le long du chemin.


Du calme les gars ! Je sais que vous êtes pressés mais...

Une ombre éclabousse le sol, recouvre brusquement chaque parcelle de sable. Je relève la tête. Là, j'en moufte plus une. Devant nous se dresse un édifice énorme. Un tas de pierre et de savoir-faire majestueux qui me file quand même des frissons. Un Colisée.

Sont un peu space vos bureaux d'tabac dans l'coin...

Toujours pas un foutu mot en guise de réponse. Ces machines de muscles sont programmées pour effectuer une tâche et c'est tout. En cinq minutes, ils me promènent comme un sac de linge sale dans les entrailles de la terre sans esquisser le moindre rictus d'effort. Bonne blague.

Cela me demande peu de temps de m'imprégner de l'atmosphère environnante. Les torches froides, les cris rauques, l'humidité accablante qui perle contre les parois. L'odeur de mort. J'aime pas trop bien l'ambiance.

Mais au lieu de ça, quand on me balance dans ma cellule, désincarnée, inhospitalière comme jamais, je ricane en me retournant sur le dos et en dévisageant le plafond rocailleux :


Merci messieurs, ce sera parfait. Le service d'étage est à quelle heure ?

Pas de réponse. Je toise mes deux colocataires. Un gros costaud farouche. Hm, non. L'autre est moins farouche. Et beaucoup moins costaud. Ce sera pour lui.

C'est plutôt cosy, ici, j'ai pas raison ?

Et tout fier de mon effet, je m'en vais m'affaler dans un des recoins libres de ce nouvel enclos. Finalement, j'avais tort. ce réveil a tout de romantique. *


* Rome Antique.




    Le nouvel entrant se met à causer. Je comprends que sa question est tournée vers ma personne quand je n’entends pas de réponse de l’autre golgote. J’ouvre un oeil et je vois effectivement notre nouvel invité me regarder avec ses yeux fatigués. Quelle genre de soirée a-t-il bien pu passer ? Le mec est presque effrayant avec sa gueule de déterré. Je me retrouve avec une force brute, tueur sanguinaire de l’Arène depuis probablement longtemps, et un mec fatigué et probablement inutile à l’heure actuelle.

    « Comme je le disais à la brute, je ne compte pas croupir ici longtemps… Tout ça pour dire qu’il est inutile de faire copain-copain avec des types que je ne reverrais plus. »

    Puis je réalise avec effroi que l’enfermement et la peur font ressortir un mauvais côté de ma personne.

    « Pardonne-moi. Je vis très mal le fait d’être enfermé dans une cellule… Ça m’inspire des tas de choses toutes déplaisantes les unes que les autres. »

    Je me relève et affiche de nouveau un sourire. Je dois remettre de l’ordre dans ma tête repartir du bon pied. Les mains tenant fermement les barreaux de notre cellule, je regarde à l’extérieur pour vérifier qu’il n’y ait pas d’oreilles curieuses dans le coin. Il ne manquerait plus que des gardes nous écoutent ou que des détenus nous balancent. Cela entraînerait forcément une mort certaine. La mort nous attend déjà quelque part.

    Puis-je faire confiance à mes deux co-détenus ? Le deuxième, je l’ai vu se faire arrêter sous mes yeux, il est clairement l’ennemi numéro un du royaume. Le type est passé à la télé, il cassé des tronches, sauté partout comme un singe… Mais qu’en est-il du premier ? Je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam et je lui en ai pourtant déjà trop dit. Si notre plan tombe à l’eau parce qu’il a fuité, je sais d’où il aura fuité. Sauf si le nouvel arrivant préfère rester enfermé ici sous les bonnes grâces du personnel de cet Arène.

    « Que diriez-vous si nous tentions de nous évader d’ici ? Je ne suis pas spécialement bon combattant, je me ferais tuer lors d’un combat, si ce n’est pas directement sur la potence. À nous trois, étant donné les forces déployés ici, ça ne serait pas suffisant… Puis toi t’as pas l’air en forme non plus. Et le vieux, il serait peut-être temps de penser à des perspectives d’avenir plus louables, non ? »

    Le voilà qu’il se gratte la tête pour réfléchir.

    « Err… Comment tu comptes t’y prendre ? »

    Il fallait qu’il me pose la question. J’en sais foutrement rien pour être honnête.

    « Nous ne sommes probablement pas les seuls à vouloir quitter ce lieu. J’ai peut-être lu trop de livres mais je pensais à une mutinerie. Il y aura beaucoup de morts mais ça vaut le coup de nettoyer d'essayer. »

    Ce ne sont que les grandes lignes, aucun plan n’est organisé pour l’heure. Je ne sais absolument pas comment monter une mutinerie, encore moins derrière des barreaux. Faut trouver le moyen de sortir, voler les clés ou détruire les barreaux, puis tout saccager sur notre passage. La brute doit bien avoir des tuyaux étant donné le nombre d’années passées ici. Je m’apprête à lui poser quelques questions quand des soldats approchent. Je m’écarte alors des barreaux.

    Ils ouvrent nos cachots. Dans ma tête, tout va mille fois trop vite. Je stresse. J’angoisse. Je tremble. C’est pas prévu qu’ils viennent nous chercher aussi rapidement. Nos crimes sont si graves qu’ils veulent nous châtier sur le champ ? Pourquoi pas après tout. À moins qu’ils ne viennent pas pour nous… Je me retourne alors vers la brute. Serait-ce son jour de combat ? Des sueurs froides me traversent le dos. Ces enfoirés me tiennent en haleine. Qu’adviendra-t-il de nous ?




    Dernière édition par Alma Ora le Dim 24 Juin 2018, 19:25, édité 1 fois
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    On croise des gens étranges en cellule. Il est bavard, le maigrichon. Qui ne l'est pas plus que moi potentiellement. Curieusement humain pour un zigue retenu captif dans l'antichambre de la boucherie. Un nouveau probablement. La vie en réclusion, entre ces murs ou à l'extérieur, ne l'a pas encore terrassé. Il a des réactions spontanées et une envie d'air pur contagieuse. Étant moi, ce mec génial maladivement repoussé par le bon sens, difficile de ne pas sauter sur l'occasion de faire n'importe quoi à l'instinct et sans réfléchir. Seulement, rejeter tout calcul pour adopter le statut du malchanceux pavé de bonnes intentions une fois ma chance – ma folie ? - balayée d'un revers de main par le sort implacable et froid comme un videur payé au noir, ça a ses limites. J'ai une jambe hors-service ! Et j'en suis très conscient. Pour sûr, il me plairait de passer sous silence ma condition et de foncer dans la connerie, mais là, je suis à sec. Plus de carbu. Walou. Si je m'embarque dans ce bluff-là, je me fais fumer, et bien avant la river. Qu'importe mes aspirations, ma guibole ne m'obéit plus. Un brin déjà que je tire dessus, lui en demande plus qu'elle ne peut fournir, et arrive fatalement un moment où, en dépit de cette irréductible stratégie adoptée dite de la sourde-oreille, que l'on peut faire passer pour du courage, le corps dessine ses propres limites. C'est lui qui tient la barre et là, ma carcasse et moi, on va nulle part.

    Ça me fait plus de mal au derche qu'autre chose d'envisager de près ou de loin une échappée belle. Pas que ça me branche pas de filer à l'anglaise mais en l'état, je suis vidé. Alors par instinct de protection, la raison réprime sous tout un tas d'arguments géniaux, infects et minables la galopante envie de répondre par l'affirmative. Un point de plus pour la sacrosainte autopersuasion. Pêle-mêle, on retrouve : je viens à peine d'arriver, je te connais pas, le jeu en vaut pas la chandelle, je vais plutôt laisser venir et voir ce qui en ressort, j'accepte ma sentence... Les couards appellent ça la sagesse. Et tout ça se ressent dans ma gestuelle, la négligence affichée, l'embarras teinté de fausse politesse pour ne pas avoir à dire ouvertement non. Tout pour garder bonne contenance et masquer mon état défaillant. Mieux vaut passer pour sceptique et frileux qu'à l'agonie.

    Coup de bol, ma cage qui est le nouveau café en vogue dans les sous-sols accueille une autre de ces délicieusement charmantes délégations de ces chiens de garde qui m'évite d'avoir à opposer un refus catégorique à l'offre d'association. La méfiance reste de mise mais j'accueille son arrivée avec un contentement facilement dissimulé sous un rictus de douleur.

    Un des gorilles prend parole.


    Vous. Les nouveaux. Suivez-nous. Le médecin des arènes va vous ausculter.

    Gerbe de mots. Un brillant dégueulis même. Trop d'un coup, ils m'ont pas habitué à tant. J'assimile l'info transmise. J'ai droit à un contrôle technique à l'œil qui vise j'imagine à évaluer ma valeur marchande. Traduction : suis-je digne d'aller m'étriper avec les autres pour le bon plaisir d'un public avide de jeux sanglants ? Hm... S'agit de faire bonne impression. C'est comme un premier rencard. Tout dans le paraître. Sois génial, Rik. Encore plus que d'habitude. Sois faux, sois la plus parfait version possible de celui que tu n'es même pas. Montre-leur exactement ce qu'il veulent voir.

    J'opine du chef pour marquer ma promesse de rester docile.

    Croisons les doigts pour que mon collègue le bavard que l'appel de la liberté démange, reste sage. Si ça part un tant soit peu en empoignade, la supercherie prend fin. Et j'ai pas spécialement envie de savoir le sort réservé aux invalides dans la région.
      C’est bien pour nous qu’ils viennent. Une visite médicale apparemment. Notre compagnon de cellule se marre en voyant ma tête déterré après l’annonce des gardiens. Au moment de nous relever, je remarque la grimace du second nouvel arrivant - étant le premier - qui indique bel et bien qu’il souffre d’une blessure. Ou d’une maladie. Je crains qu’il ne me soit réellement d’aucune utilité. Ce qui me peine un peu est de m’imaginer le laisser pour mort à la moindre occasion.

      Les mains liés, nous suivons nos tortionnaires vers cette fameuse infirmerie. Elle se situe au milieu du couloir et n’a absolument rien de rassurante. C’est une pièce assez sombre, un divan d’examen de mauvaise qualité, des instruments qui ressemblent plus à des instruments de torture… Et le toubib… Un vieux crouton, le dos courbé, frêle et tremblant, mais un regard plus terrifiant que n’importe qui au sein de cette arène.

      « Toi, le grand blondinet, à poils. »

      Je me retourne derrière moi, jusqu’à regarder tout autour de moi pour voir à qui s’adressait cette requête, mais non. Force est de constater qu’il s’adresse à moi. Je ne m’imagine très mal me foutre nu au milieu de tout ce beau monde. Les deux gardiens semblent habitués et restent stoïques, alors que mon co-détenu pouffe discrètement de rire. Ils ne vont sérieusement pas m’obliger à me dessaper… C’est contre-productif. Et puis qu’est-ce qu’il veut voir ? Ou me faire ? Pas un viol en bande organisée ? J’ai peut-être frappé fort mais pas au point de subir ça.

      « T’as pas entendu c’que le doc’ t’a demandé ? dit un des gardiens en frappant de sa batte sur la paume de ses mains. »

      Le regard décontenancé, je déboutonne ma chemise et la laisse tomber au sol.

      « Le pantalon également, reprend le toubib. Et ce qu’il y a en-dessous également. Et on se dépêche, j’ai d’autres détenus à consulter. »

      Sa patience est limitée. Si je n’accélère pas, c’est à coups de batte que je vais accélérer. Le choix est vite fait, me foutre à poils en soit, c’est peu de chose. Assez rapidement, je défais ma ceinture, retire mon pantalon et mon calbute et reste statique, le regard droit devant. Le toubib fait le tour du proprio, tâte un peu le morceau, étudie probablement ma valeur marchande et…

      « Ok. Gros engin en perspective. On pourrait faire de toi un bon esclave sexuel. »

      Qu’est-ce qu’il me chante ? Tirer des vieilles, grosses et fortunées, sans façon. Je préfère encore mourir au combat avec ma troisième jambe.

      « Mais même si tu n’es pas aussi gaillard que les autres combattants, tu possèdes un corps assez bien entraîné et une grande taille. Hum… »

      Il réfléchit. À quoi est-ce qu’il réfléchit ce sombre connard ? C’est pourtant évident, non ? Je veux me battre. Non pas que ça me plaise mais à choisir c’est vite vu.

      « Nos clientes et clients… »

      Pardon ? Parce qu’il y a aussi des mecs ? Je vais m’écrouler au sol. Je sens le pain de ce midi remonter à la surface. Par fierté, je ne tremble pas mais les larmes montent. Je me retiens de ne pas pleurer comme une fillette.

      « … ne semblent pas satisfait de la marchandise qu’on leur a récemment envoyé. Que dirais-tu de… »

      Hors de question.

      « - Non, dis-je froidement en l’interrompant.
      - Pardon ?
      - Laissez-moi combattre. Soit je suis faible et je meurs, soit je ne satisfait pas la foule et vous m’enverrez où vous voudrez.
      - De mon point de vue, ça serait dommage qu’une telle marchandise meurt aussi bêtement.
      - Je n’ai pas l’intention de mourir. Comme vous l’avez dit, mon corps est entraîné et ce n’est pas de la décoration. Grand longiligne que je suis, je vous laisse imaginer le corps de gringalet que j’avais autrefois.
      - Prétentieux, conclu-t-il en retournant vers son bureaux. »

      Il remplit une feuille qu’il tamponne ensuite avant de la donner aux gardien. Il me fait signe de me rhabiller.

      « Tu combattras alors. Je crois que les hautes instances vous réservent quelques trucs assez trashs. »

      Je le trouve bien conciliant.

      « Si tu meurs, je grefferai ton organe génital sur quelqu’un de plus malin, qui acceptera cette issue de secours… »

      Quoi ? Qu'est-ce qu'il vient de dire !? Même pas le temps de rétorquer.

      « Allez, suivant, à poils et vite. »

      Je lâche alors un clin d’oeil à mon co-détenu.



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      Donc, c'est établi, nous sommes du bétail. Un bien. Une marchandise sur pattes. On nous parque, on nous reluque, on nous inspecte. Je sais pas si c'est un retour de karma pour avoir bouffé bifteck sur bifteck dès que l'occasion et le portefeuille répondaient présents, mais ça la fout mal. Comment ça se passe, la suite ? On nous marque au fer rouge et on nous engraisse pour avoir le jarret dodu ?

      Perso, je suis pas contre un petit gueuleton.

      Blondin est passé en premier, ce qui est toujours assez piégeux pour le suivant. Se moquer de son infortune, c'est pète-gueule sachant que je suis le prochain à tomber le falzar. D'un autre côté, voilà; ça apporte son lot d'enseignements. Déjà, Blondin en a une grosse. Ça fera pas la Une de la Gazette m'enfin, c'est dit. Ensuite, il y a d'autres alternatives à la mise à mort, par le bourreau ou le gladiateur. Enfin, une déclarée, jusqu'ici : la prostitution. Hm... bon, c'est vrai j'ai encore une chouette frimousse de vieux beau, quand elle est pas exsangue et dégoulinante de sueur maladive. Je sais faire chouettement la conversation, la flatterie n'a aucun secret pour moi et le mensonge non plus. Je ferais une escorte de luxe remarquable.

      Après, de là à simuler l'orgasme et à palucher la paire d'un autre gars comme gagne-pain si d'aventure on te demande de jouer pour la team pectoraux... c'est chaud.


      Allez, suivant, à poil et vite.

      Moment de vérité. Est-ce que j'en ai une plus grosse ? Hm, non, c'est secondaire ça. Est-ce qu'on va directement m'envoyer à l'abatoir ? Voilà, Rik. C'est ça, la bonne question.

      Écoutez, Doc, j'suis pas sûr que ce soit nécessaire...
      Il a pas entendu ce qu'on a dit à son collègue, le monsieur ?

      J'ignore la pique pour me concentrer sur le scientifique. C'est lui, ma cible.

      C'est juste pour vous faire gagner du temps que je dis ça.
      C'est à dire ?
      Bah, me faites pas croire que c'est une passion de regarder défiler à longueur de journées les valseuses moites et fripés de tous les prisonniers qui débarquent ici.
      Le travail, c'est le travail. Déshabillez-vous.
      Non, mais j'vous jure, y'a rien à voir. Moi, bien monté ? Tout le contraire, Doc ! J'ai un haricot entre les guiboles, parole. Non, moi, j'suis de la team gladiateur, c'est sûr.

      Le vieux machin reste songeur. Il me fixe, comme captivé par ce qu'il voit. Comme... hypnotisé ? Je suis p'tetre dôté d'un pouvoir de suggestion. Le suis-je ?

      Maintenant, vous allez nous laisser repartir librement, je fais en me concentrant à bloc.

      Le vermisseau sourit de surprise :


      Pardon ?
      Hm, non, rien, je vérifiais quelque chose.
      Dites-moi... il reprend en passant un doigt analyste contre ma tempe, vous transpirez beaucoup.
      Oh, bah... la chaleur... Moi, je viens de North Blue, voyez-vous, alors...
      Et vous m'avez l'air bien pâle. Déshabillez-le.
      Hein ? Que... ?!

      Les deux gorilles m'attrapent aux épaules. Merde, merde. C'est pas bon du tout, ça. Les masques vont tomber. Je suis frais comme un poisson qui a passé une semaine entière à l'étalage.

      Et là, le déclic. Le cerveau cède les commandes à l'instinct de survie, quelque chose. Je me tends. D'une fulgurance, je me défais de la prise des gardes.


      Croyez-moi Doc, ce n'est pas nécessaire...

      Mais Doc en a vu d'autres se rebeller avant moi et ma petite tentative ne l'émeut guère. Les molosses vexés de m'avoir laissé me libérer reviennent à la charge, mais une seconde fois, je les repousse. Mieux, j'attaque ! Je les agrippe à la gorge avec tout ce que j'ai en réserve. Je serre, j'écrase, tant et tant qu'ils doivent ployer sous la pression.

      Une lueur nouvelle s'éveille dans le regard du perfide médecin. Je respire fort. Je grimace. Mais je garde la main-mise sur mes victimes qui se débattent vainement, les genoux cloués au sol.


      J'ai votre attention, maintenant ? Bien. Cartes sur tables. Ma jambe gauche me lâche. À ce rythme, elle va m'emmener tout droit au cimetière. Vous, vous allez me soigner.
      Vous me pensez impressionnable ? Des turbulents, j'en ai vus d'autres.
      Pas des comme moi. Réfléchissez. Même en l'état, il me reste assez de jus pour foutre un sacré bordel dans votre boutique. Mais si vous me remettez sur pied, vous gagnez une recrue de premier ordre.
      Une recrue ingérable. À quoi bon ?
      Laissez-moi combattre. Devenir le boss de l'arène. Alors, il sera temps de négocier. J'imagine que le champion de la foule a droit à quelques... privilèges.
      C'est vous qui le dites.
      Vous n'avez rien à perdre, Doc. Vous m'avez eu pour rien et je peux vous rapporter gros. Le show, je sais faire. Casser des gueules aussi. Dans le pire des cas, si je me vautre, j'en crève et je ne vous cause plus le moindre problème une fois mort, pas vrai ?

      Le vioque reste silencieux. Il évalue la proposition. Les gardes s'étouffent. Commencent à convulser.

      Relâchez ces hommes.
      Nous avons un accord ?
      Je soignerai votre jambe. Pour le reste, aucune promesse. Je ne suis pas celui que vous devez convaincre.
      Ça me va.

      Je lâche prise. Les deux gaillards s'écroulent au sol dans une quinte de toux du survivant de la noyade qui se prolonge de longues secondes. J'échange un regard appuyé avec Blondin. Et puis, je lui rends son clin-d'œil de tantôt. S'évader ? Pas le plan. Moi je vais botter des culs. Et si une ouverture se présente, je la saisirai. Quelque chose me dit qu'il commence à cerner ce doux projet. Reste à voir s'il lui plait d'y prendre part.

      Enfin, la scène surréaliste s'achève. Nos gardiens se redressent et reprennent leur contenance en même temps que leurs esprits.


      Reconduisez ces hommes à leur cellule. Intacts. Je m'occuperai de votre jambe plus tard. J'ai d'autres visites à effectuer. Maintenant, sortez.

      Je hoche la tête. Une sensation de vertige me prend mais je tâche de faire bonne figure. Je viens de gagner un répit. C'est suffisant pour l'instant.


        Il a du gaz le vieux machin. Tout pâle, tout luisant, faiblard, tu parles. Il t’a attrapé les deux gaillards et les a maîtrisé comme s’il ne s’agissait que de gosses. Et en plus de ça, il affirme haut et fort sa volonté d’affronter les valeureux guerriers de l’arène. Rien que ça. En gros, je peux oublier mon idée d’évasion. C’est lui le plus fort, il me l’a prouvé, mieux vaut l’avoir de mon côté. Ce qui m’attriste particulièrement est que je me sois fait couliler dans l’histoire. Il n’a pas eu à se foutre à poils l’autre brute épaisse. Injustice… Toujours injustice dans ce bas monde.

        Le temps du chemin retour en direction de nos cellules, on ne s’adresse pas un mot. Je ne pense qu’à une chose, c’est ma douce Eärendil. Est-ce qu’elle va m’attendre tout ce temps ? J’avais prévu de rapidement me tirer de cet endroit. Faire sa place dans l’arène, ça prend du temps. Au-delà du temps, je vais devoir me salir les mains, tuer des types et encaisser des coups… Je déteste prendre des coups. Pis peut-être même que je vais mourir, tiens. Là, franchement, j’espère qu’il a un plan derrière la tête parce qu’on est parti pour croupir ici des années.

        Nous atteignons enfin les cachots pour le plus grand bonheur de notre compagnon de cellule.

        « - Ah ! Vous v’la ! Alors, ça raconte quoi ?
        - J’ai un plus gros sexe que l’autre boiteux et nous allons rester camarades de chambres pour quelques temps, dis-je d’une voix désespérée.
        - T’as l’air ravi, mon pote.
        - Oh ? en écarquillant les sourcils l’air interpellé. Bien sûr que je le suis. Qui ne rêverait pas d’être enfermé dans une cellule aussi minuscule que des chiottes avec des sauvages qui ne veulent que casser des gueules ? QUI EN CE BAS MONDE N’EN RÊVERAIT PAS ? MERDE !
        - Il a d’la gueule le p’tit, t’en penses quoi ? demande-t-il à Rik.
        - Ne répond pas, canard boiteux, tempéré-je. »

        Puis après avoir repris mon calme, car j’admets avoir légèrement vrillé, je me retourne vers mon compagnon d’infirmerie. Il a vu mon sexe après tout, c’est pas donné à n’importe qui.

        « Le plan d’évasion n’est plus qu’à foutre aux ordures. J’imagine que t’as une idée ? Tu n’as pas l’air d’être le genre à vouloir finir sa vie ici. »

        Une pose dans mes réflexions s’impose. Je repense à la scène avec les deux gardes.

        « Quoique faut avoir un grain en moins ou une paire de couilles aussi grosses que des boulets de canon pour s’attaquer aux gardiens. »

        C’est peu rassurant.

        « Non, mec, sérieusement. Je vais vraiment devoir me battre toute ma vie ? Quand on sera trop vieux on servira de nourriture aux animaux. Il faut quitter cette arène. Il faut quitter cette ville de fous ! Il faut même y foutre le feu ! »

        Puis je réalise alors qu’une mission s’est inscrite dans ma tête. Je me rappelle la raison qui m’a entraînée ici. D’autant plus que j’ai failli finir esclave.

        « Changement de plan. On casse des gueules, affirmé-je sûr de moi. Cette île on restera autant de temps qu’il faut, quitte à devenir plus fort, mais on ne peut pas partir sans faire quelque chose pour toutes ces pauvres personnes nées à n’être que des esclaves… C’est injuste. »

        Ma voix s’abaisse, mon regard s’éteint.

        « Canard boiteux… »

        Mon poing se ferme et mon visage se crispe.

        « … Dis-moi qu’on laissera notre trace sur cette île. Qu’on changera les choses. J’ai pas quitté cette foutue terre perdue d’Endaur pour avoir une vie paisible. J’ai pas abandonné cette foutue bande de bûcherons accepter des choses qui me révoltent. »

        Je regarde mes deux compagnons qui me regardent, constatant que je parle peut-être un peu trop. Rien à foutre. Ça me gonfle toujours autant d’être ici.

        « N’allez pas croire que je suis un de ces foutus révolutionnaires. Ah ça, non ! Je ne suis aucune règle, je n’ai pas supérieur, j’agis quand je veux pour les raisons que je veux. Là ça me saoul de savoir des gosses porter des gros lards faisant cent fois leur poids de crevette… Tu comprends ce que je veux te dire ? »

        Mon regard s’enflamme et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ma voix ne s’élève pas. Non. Elle est seulement plus massacrante.

        « Je déteste les lâches qui assoient leur pouvoir. Le gouvernement, la révolution, tout ça c’est la même chose. Ils méritent de poser leurs derches sur des manches à balais. Il n’existe pas de démarches pacifistes. Le sang appelle le sang. »

        Activation du mode Rambo 2.0. Mes paroles n’ont aucun sens et je suis conscient d’être allé trop loin. Mes paroles ont dépassé mes pensées. Mais là au moins je suis prêt à massacrer n’importe qui, n’importe quand. J’ai seulement envie de tout casser. Faire de cette île un enfer sur terre, brûler toute cette foutue mascarade. Et me tirer bien sagement. Je ne sais pas quelle direction je prends mais elle n’a absolument rien d’héroïque. Le Alma qui aidait son prochain dans son petit village natal est bien loin.

        Dans le fond, je me le cache parce que je n’aime pas passer pour le gentil, mais j’aime aider les plus démunis. Mon corps réagit tout seul et c’est pourquoi je me retrouve enfermé ici…
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        T'es un drôle de loustic toi dis-donc, je dis en m'adossant au mur dans une grimace.

        Un loustic bavard, ce qui n'est pas sans trahir sa nervosité. La captivité lui revient mal et je me ferais le même constat si la douleur persistante ne réduisait pas mes activités cérébrales à un strict survivalisme. Encore que, je me montrerais sûrement pas aussi versatile. Lui, sa frustration le domine et c'est jamais bon. Mon petit instant de gloire chez le Doc' a éteint ses fous espoirs d'évasion. Les intérêts des uns et des autres ne peuvent pas toujours converger, c'est la vie. Il ferait bien de se faire une raison.

        Le troisième larron s'amuse pas mal de l'exaspération du jeune. Il parle fort et affiche une bonne humeur qui nous rappelle son statut de taulier. Lui, il doit zoner ici depuis une paye et ce petit manège, c'est son divertissement. En même temps, vrai que le spectacle est cocasse et peut tirer un sourire.

        Blondin oscille entre accès d'énervement et remords. Un coup il invective, il coup il se confond en excuses. Un coup il pense à sa gueule, un coup il veut sauver la veuve et l'orphelin. Café serré et douce camomille en une seule tasse. Il gamberge un max, et j'sais pas bien pourquoi mais et ça réveille un fond d'empathie chez moi. P'tetre parce qu'on est partis pour se coltiner l'un l'autre quelques temps jusqu'au grand show, et que c'est plus facile de faire ami-ami en attendant.

        Je tente une amorce de discussion qui manque cruellement de tabac pour que je la trouve pleinement convaincante. C'que j'ai envie d'une clope. Hm. C'est pas le moment.


        Écoute, c'est marrant pour personne de se retrouver cloitré dans l'antichambre de la boucherie. Même pour... tiens, le rigolard, c'est quoi ton nom ?
        Hugh'.
        Rik. 'chanté Hugh'. Même pour Hugh' ici présent, c'est pas une partie de plaisir. Corrige-moi si j'me trompe.
        Oh, ça, non, mais je suis là, alors...
        J'te l'fais pas dire... Et Hugh', ça l'empêche pas de sourire. Parce qu'il sait que rien de bon n'arrivera en perdant les pédales. Et toi, tout ce que tu vas réussir en t'emportant, c'est perdre ta lucidité et faire une grosse connerie. Alors, reprends-toi mon gars, tu pars dans tous les sens.

        Au bout de quelques secondes, il lâche, mâchoires serrées, amer.

        Et comment ça marche pour toi, le sang-froid, canard boiteux ? C'est bien beau de donner des leçons mais toi aussi, t'es dans cette cellule.
        Jia-haha, bien envoyé freluquet !
        Tu m'aides pas Hugh'.
        Faut dire : c'était pas l'but ! Mais continue, tu m'amuses.
        Tss, on règle ça dans l'arène quand tu veux... He-heem. Je disais quoi, moi ?
        De pas perdre les pédales, soupire Blondin, lassé.
        Mouais. T'as l'air d'un jeune homme tout à fait... hm... normal. Correct. Fréquentable ?!

        Hm. Ça rendait mieux dans ma tête. À quel moment de ma vie exactement j'ai perdu mon éloquence ? Je situe ça vers 1626, j'ai un gros trou sur la période de janvier à décembre. J'ai dû l'égarer dans un fond de bouteille.

        Bon, t'as l'air un peu con-con à t'exciter comme une puce mais t'as le cœur à la bonne place.

        'djeu, ça s'améliore pas ! La puce fronce les sourcils.

        Ce que j'essaye de dire c'est qu'il nous faut un plan. Je comprends tes envies d'air pur mais faut se rendre à l'évidence. Hugh' a rien du génie de la lampe – sans offense...
        Pas de problème.
        ... et moi, j'avance sur une jambe. Entre lui qui a pas de cerveau, moi pas de corps, toi un peu des deux mais pas assez de chaque pour t'échapper tout seul... on va pas aller loin. Vrai ?
        Pas faux.
        Continue.
        Notre seule chance de survivre à ce bordel, c'est un plan.
        Et tu en as un peut-être ?
        Hm, vas pas si vite en besogne. Les bonnes idées se construisent. Si on rassemble tous nos neurones, ça va bien faire tilt à un moment. Alors, on commence par le commencement. Moi c'est Rik. Ancien marine, nouveau taulard. Fauteur de troubles depuis gamin. Je peux taper fort, mentir comme pas deux et marcher très lentement. À vous.



          Ancien marine, nouveau taulard ? Et merde. Comment veux-tu que j’ai confiance en ce genre de type ? Si l’on récapitule. Je suis dans une cellule de merde avec un idiot fini à la pisse destiné qu’à combattre, un canard boiteux pas trop con mais quand même pas net, et moi, qui perd les pédales. Au fil du dialogue, je me calme et reprends peu à peu mes esprits. Force est de constater que l’idée d’évasion doit être abandonnée. Soit, alors que nous reste-t-il ? Dans un premier temps, être certain que nous sommes tous les trois du même côté.

          « - Je m’appelle Alma. Un charpentier en quête de connaissances… Pour faire court, je n’ai absolument pas l’envie de rester ici, ni même le profil d’ailleurs.
          - Pouaha. Un charpentier. Il va mourir dès le premier jour dans l’arène.
          - Merci pour ton soutien, Hugh’, soupiré-je.
          - Pas d’quoi. »

          Ce Hugh’ n’en a strictement rien à faire et ne prend rien au sérieux. Tant qu’il survit à ce merdier avec la possibilité de mettre fin à quelques vies, alors il est heureux. Mais en y réfléchissant d’un peu plus près, ça peut être un allié de taille dans l’arène. Je ne sais pas depuis combien de temps il est ici, mais probablement suffisamment longtemps pour dire qu’il s’agit d’un bon combattant. Et quant à ce canard boiteux, un grand mystère réside autour de lui, mais il n’a pas l’air d’être le peintre que j’aurais suspecté à première vue.

          N’oublions pas que je l’ai vu sauter d’immeubles en immeubles avec une jambe en moins, et malgré tout avec une facilité déconcertante. Je garde ça dans un coin de ma tête, mais il n’est pas improbable qu’il soit un redoutable adversaire, si ce n’est le plus redoutable. Il va bientôt recevoir des soins, c’est tant mieux pour nous. Pour nous, heh ? Encore faut-il que l’on soit certain de collaborer ensemble.

          « Et moi, c’est Hugh’, ancien esclavagiste qui a préféré s’taper une cliente plutôt que de lui servir un esclave. Enfin disons plutôt que je l’ai un peu forcé à avoir ce rapport. »

          Et merde. Le visage décomposé, je regarde ce type en essayant de comprendre à quel moment son histoire est partie en couille. Le canard boiteux détourne timidement le regard, comm gêné par l’histoire de notre compagnon de cellule.

          « - Bon, génial, je suis entouré de fous, dis-je avec un regard vide d’expression. Mais tout va bien. Je respire. J’écoute des histoires totalement ordinaires et je vais bientôt devoir me battre pour sauver ma vie. GÉ-NIAL.
          - Tu repars en live, gamin, dit le canard boiteux pour tempérer.
          - J’mise sur le charpentier. Il va nous quitter en premier, c’est sûr et certain, se marre Hugh’.
          - Fiou… Pour commencer, chers compagnons de cellules, je propose que l’on s’allie. Comme l’a dit le valeureux abruti, seul, je risque de mourir.
          - Et qu’est-ce que j’y gagne à protéger les miches d’un gamin ?
          - Putain… J’vais m’le faire ce connard… Un cerveau suffisamment fonctionnel pour te guider. Et Rik semble assez vif d’esprit aussi, ça te sera utile.
          - Et je cogne fort aussi, répond l’intéressé en gesticulant ses bras. »

          On s’éloigne bordel…

          « - On l’a cette alliance oui ou merde ?
          - J’m’en carre l’oignon, répond innocemment l’abruti.
          - Va pour l’alliance si tu te tiens à carreau, conclu finalement Rik. »

          Voilà une bonne chose de faite. Avec ces deux gaillards, j’ai au moins quelques jours de répit. Et alors que j’allais ouvrir la discussion au sujet d’un éventuel plan, voici que deux gardes ouvrent la porte. Le médecin entre pour s’occuper de la jambe du canard boiteux. Seulement deux gardes… Ne pourrions-nous pas tenter de nous échapper, là ? C’est quand même une occasion en or. Je me retourne directement vers Rik qui, comme s’il me connaissait par coeur, me dévisage du regard en me faisant comprendre d’arrêter tout de suite.

          Je réalise que ma bonne étoile veille quand un quatrième protagoniste, cette fois-ci bien plus terrifiant que les autres, fait son entrée dans l’arène. Le type est monstrueux physiquement, une montagne de muscle, une barbe, des cheveux, voire même des yeux bleus cyan. Probablement une teinture et des lentilles. Le doc’ l’appelle « monsieur le directeur », alors je comprends à cet instant que j’ai plutôt intérêt à me tenir à carreau. Voilà qu’on doit se taper le dirlo maintenant.

          « - Héhé. Ce sont les p’tits nouveaux alors ? Moi c’est Riguel. J’me fiche de savoir vos noms. Hugh’, pas d’soucis mon vieux, j’te laisse encore du repos. Belle prestation avant-hier !
          - Thank you, boss.
          - Quant à vous, dès qu’la jambe de l’unijambiste est soignée, j’vous fous dans l’arène. On manque d’effectif et la foule veut d’la viande, alors on s’plie aux demande la populace. »

          Oy, les gars, j’ai vraiment pas prévu de me foutre sur la gueule maintenant. C’est quoi ce bordel ? Je suis posé dans mon coin de cellule, la tête baissée pour cacher mon visage totalement désemparé par la tournure des événements. Soudain, un poing vient frôler mon visage avant de s’écraser contre le mur contre lequel je suis adossé. La colère me monte, mon regard se transforme et je relève la tête. Si proche. Mon regard croise celui du directeur qui affiche un sourire de vainqueur.

          « - C’est ça… C’est ce regard que j’veux ! J’ai presque envie d’vous tester avant l’heure ! T’en penses quoi Hugh’ ?
          - T’as moyen de satisfaire la foule, boss.
          - Héhé . Vous deux. Survivez jusqu’à la touche finale pour que je puisse éclater vos p’tites gueules inoffensives. »

          Sortez-moi de cet enfer.


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          Lui, c'est le boss. Quand il parle, t'obéis, quand il crache, tu te jettes à ses pieds pour caresser ses glaviots luisants de puissance. Quand t'as suffisamment roulé ta bosse en ce bas monde, tu développes comme un radar à mecs dangereux et devant lui, le mien est en alerte. Il est pas du profil bobo planqué, scribouillard frustré de la vie et mange-burnes auprès de ses supérieurs. L'étiquette, la déontologie, il s'en cartouche. Non lui, c'est juste un bœuf. Brut. Mastoc et farouche. La bonne nouvelle, c'est que ses propriétaires l'ont castré pour le domestiquer. La moins bonne, c'est qu'une paire de valseuses en moins, ça vous rend un homme furax.

          Il focalise son attention sur Blondin et c'est tant mieux, je préfère endosser le second rôle. Moins d'attentes, moins de méfiance autour de ma personne. Le Doc' a dû lui dire qu'il en avait une grosse et ça le fout en rogne, le bestiau. Dans son esprit primaire, rien qu'être bien loti par la nature, ça constitue un affront, un défi qui lui est lancé. Une occasion de réaffirmer sa suprématie sur le troupeau.

          Survivre assez longtemps pour qu'il nous étale ? L'idée me rend pas jouasse. D'un revers de paluche, le machin t'étale comme une tartine. Mais si on se démerde pas trop mal, on aura pris la clefs des champs bien avant son rencard alors je baisse sagement les yeux. Une chance que ce brave Alma soit trop entier pour bluffer. Lui, il relève clairement le challenge rien que dans l'échange de regards et je peux me dérober à l'attention du directeur sans faire de vagues quand le Doc m'ordonne de l'accompagner jusqu'à son cabinet.

          [...]

          Retour dans ce bureau froid et humide. Je ne vois aucune table d'opération. Aucun outil.


          Alors, comment se porte mon patient préféré ! s'émerveille la vilaine bestiole en bondissant du siège où il s'était assis un peu plus tôt.
          Sur une jambe.
          Que vous êtes drôle !
          Ah ?

          Je le sens curieusement enjoué, le cafard. Presque excité. Ça lui donne une dégaine encore plus ridicule que d'ordinaire mais c'est pas pour me rassurer.

          Oh, oui ! Mais là n'est pas l'essentiel. Vous êtes un spécimen intéressant, mon cher. Diminué, mais robuste ! Et totalement à ma merci !
          Vous, vous savez mettre les gens en confiance Doc.
          Chi-chi, comprenez-moi : ici, mon travail se limite à de banales visites de routine et à des chirurgies barbares et inutiles. Couper un bras chez l'un, un pied chez l'autre, recoudre à la hâte un condamné juste pour le maintenir en vie jusqu'aux prochains jeux. C'est déprimant...
          Oui, quelle vie de misère.
          Vous n'avez pas idée. Alors que moi, je suis un grand médecin ! Un savant de génie ! Et tout ce qu'on me demande, c'est de scier des os ? Franchement... Priver l'humanité de ma lumière ? Quel gâchis !
          Un scandale, en somme.
          Exactement ! Alors que vous...

          Il s'arrête. Me dévisage de haut en bas comme un trésor volé. C'est quoi l'affaire ? Il veut se payer mon cul ou bien ?

          Quoi, moi ?
          Hé bien, vous êtes encore plutôt vivant. Vous êtes blessé ce qui vous rend intéressant et pour tout arranger : vous n'avez aucun droit ici !

          J'la sens pas, cette enroule. J'étais p'tetre pas inspiré en lui proposant ce marché. M'étonnerait qu'à demi qu'il me cache une belle saloperie dans sa blouse sale. Ça expliquerait la facilité que j'ai eue à le convaincre.

          Avez-vous idée de ce que contient cette fiole ? il demande en sortant une potion mauve de sa poche qui vient à point nommé pour confirmer mes soupçons. Non, bien sûr...

          Le petit homme trépigne, tourne sur lui même quelques secondes en marmonnant et en gloussant. Je me tends. Le malaise grandit.

          Dites, on pourrait reparler de cette histoire de soins ?

          Pas de réponse. Je le devine qui trifouille encore dans ses poches. Qu'est-ce que ça va être, cette fois ?

          Doc ?

          Aye ! Une aiguille. En plein l'avant-bras. Je me débats. Recule vivement. La seringue retombe au sol et se brise. Le petit rat, il vient de m'injecter je ne sais quelle saloperie, là, à l'instant ! Je lève un poing menaçant.

          Non, non... ce n'est rien !
          Putain, qu'est-ce que vous m'avez donné ? que j'gueule.
          Juste un calmant, soyez sans crainte.

          Un calmant ? Il sourit. Il y a comme une odeur de mort dans son sourire. Déjà, je sens mes muscles s'alourdir. Ou bien je vire parano ? Je dois m'enfuir. La porte vite.

          Qu'est-ce que... ? wow...

          Je fais deux pas quand soudain, le vertige. Grandissant. Violent. Implacable. Tout se brouille. Je titube. La poignée se dérobe. La punaise est comme en transe.

          Faites-moi confiance. À votre réveil, vous serez guéri. Enfin, ce sera tout comme !

          Je résiste. Bats-toi, Rik. Ce type est branque. C'est peine perdue. Mes jambes ne me tiennent plus. Plus rien ne répond correctement dans ma carcasse. Je m'écroule.

          Là, là... allongez-vous. Il faut vous reposer maintenant.

          Je repousse encore le sommeil quelques secondes. Me débats contre l'anesthésie. Sans succès. Mes yeux refusent de rester ouverts.

          En...foi...ré...





            Une heure et quelques patates plus loin.


            Ça fait pas mal de temps que RIk est parti. Autant de temps pour une jambe, c’est quel genre de blessure ? Puis le toubib me paraissait très peu fiable de base, alors inutile de vous dire ce que j’en pense, le canard boiteux c’est probablement de l’histoire ancienne. Hugh’ dort comme un bébé. Il en a absolument rien à foutre de la situation. Dans le fond, je crois qu’il se complait ici, finalement. Il ne nous a cependant toujours pas balancé, et ce même devant le chef de ce lieu.

            Des gardes arrivent et ouvrent une nouvelle fois notre cellule.

            « Eh, p’tit blond ! Viens ! »

            Gnien ? Où est-ce qu’ils veulent m’emmener ?

            « - Puis-je savoir où nous allons, messieurs ?
            - Tu fermes ta grande gueule et tu nous suis, c’est clair ?
            - Dis comme ça. Et le dormeur derrière ?
            - Son heure n’est pas arrivée. Allez, dépêche-toi. »

            Génial. Donc je vais me retrouver dans l’arène sans Hugh’ et sans Riko. Je fais mine de rester fier et souriant, sauf que je me fais littéralement dessus. Littéralement hein, faut pas non plus abuser. S’il faut casser des gueules, je le ferais. Ça me rappelle une certaine rencontre avec mon ami Patrocle, on s’était bien foutu sur la gueule. M’enfin il s’agit là de gladiateurs, de types dont l’expérience dans l’arène n’est plus à remettre en cause. Cela dit, j’imagine qu’il y aura tout comme moi des nouveaux au milieu de cette arène. Je dois les identifier et créer une sorte d’entente pour survivre.

            Nous atteignons ce qui semble être l’armurerie. Les gardes me demandent de choisir ce que je veux, au même titre que pleins d’autres types, qui se jettent comme des hyènes sur les armes désirées. Le plus souvent, il s’agit de boucliers, d’épées, de massues, de haches… Bref, pleins de trucs sympas. Il ne me reste plus grand chose, si ce n’est un long bâton très utile pour la marche en montagne. Mais avec du recul, je n’aurais pas espéré mieux. Les boucliers et arment métalliques m’auraient ralenti.

            « Tu n’as pas envie de survivre, toi, dit un des gardes en se moquant de moi. »

            Amateur. Je le regarde en esquissant simplement un sourire. Le problème étant que tout le monde me prend pour une fiotte à abattre dès le début. Nous sommes ensuite emmenés dans la zone d’abattage où chacun se regarde dans le blanc des yeux. C’est justement ce moment qui est intéressant, car les habitués de l’arène ne regardent logiquement que les nouveaux. Et les nouveaux sont souvent ceux qui sont à la limite des larmes. Putain. Qu’est-ce que je fous ici sérieusement ?

            « COMMENCEZ ! »

            La foule gueule comme… comme des êtres possédés ? C’est véritablement bruyant. J’avoue être surpris et rester figé quelques instants. Les seuls qui passent directement à l’offensive sont inévitablement les plus aguerris. Un espèce de Goliath me fonce dessus, l’épée en avant, je n’ai qu’à pivoter pour le voir passer devant moi. Durant le temps de son passage, je tournoie le bâton qui s’abat sur sa main et le désarme. Il freine sa course pour se retourner, mais c’est bien trop tard, je suis déjà derrière lui et l’arme de bois finit violemment sur sa nuque. Et de un.

            La foule hurle après ce tour d’agilité. Des amateurs aussi. On me regarde à présent d’un autre oeil, ça leur apprendra. Ne pouvant me téléporter, j’observe la mort de bon nombre de nouveaux, qui avaient abandonné avant même le début de l’épreuve. Tristes morts. Je me fiche totalement de ces types. Je ne suis un de ces putains d’héros qui oeuvrent pour le bien d’autrui. Alors peut-on m’expliquer cet horrible sentiment qui me pousse à les secourir ?

            Je m’élance vers le sauvetage d’un de ces individus, qui n’a probablement pas dû faire quelque chose de bien grave pour se retrouver ici. Qu’est-ce que tu veux faire avec des lois aussi irréalistes ? Bref. Arrivant au dos du gladiateur, qui arme sa hache face au malheureux, j’appuie avec mon pied sur son genou et provoque ainsi un déséquilibre. Sur les genoux, c’est furieux qu’il se retourne vers moi en balançant un revers de hache, duquel je passe au-dessous en enchaînant avec un coup de bâton sur le sommet du crâne. Et de deux.

            « Ne me remercie, dis-je froidement au malheureux qui allait me sauter dessus. Saisis ton arme et battons-nous. Allons secourir les plus démunis et formons une sorte d’alliance, histoire de survivre le plus longtemps possible à ce cauchemar. »

            Ne voyant pas de meilleure solution à sa misérable existence, le nouvel allié acquiesce simplement et me suit dans mon entreprise. Ça fait au moins un type pour surveiller mes arrières, je me doute bien qu’il ne me sera d’aucune utilité. Seul le nombre fera la force, la qualité de ces derniers reste à revoir. Avec Hugh’ à mes côtés, ça aurait pu se passer dans de biens meilleures conditions, sans parler du canard boiteux qui m’a tout de même fait une démonstration de force dans l’infirmerie.

            C’est visiblement à moi de faire mes preuves.




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            C'est toujours la même rengaine. Baigner dans le mal-être dès le réveil. Tout transpirant, tout courbaturé. Cette sensation d'avoir souffert d'un sommeil tourmenté, maladif, de s'en extirper vidé. La dernière fois que je me suis senti vraiment en forme, c'était quand ? Sale carcasse, tu vaux vraiment pas trois Berrys. Elle est bien loin l'époque où je fermais les yeux beurré comme une tartine pour les rouvrir frais tel la rosée matinale. Je sais plus exactement à quand remonte ma dernière bonne nuit de repos mais, ça doit taper vers les 1618-1620. Je payerais cher pour retrouver la recette miracle, tiens...

            En attendant, je suis là, en tailleur sur un lit trop rigide, trop court et au matelas trop maigre. J'ai la signature des lattes implantée dans les vertèbres et ça fait un mal de chien. En plus, j'arbore mon seul calebar en guise de tenue et c'est un peu ledge comme accoutrement. Je vois pas mes fringues. Un grand rideau blanc me masque la vue d'une pièce que je n'identifie pas privé d'indices. On verra plus tard. Y'a plus urgent. Je louche sur ma jambe. Bandée au possible, rasée de près comme une barbe de marine soigneux. Je me demande même comment le sang peut circuler dans un étau pareil. Pourtant, l'absence de cette douleur lancinante qui me lâchait plus depuis des jours ne m'échappe pas.

            Par quel prodige ?

            Je tâte les muscles. Je ne sens rien. On m'aurait dopé aux antidouleurs ? Je me décoche une mauvaise prâline à la base du menton pour vérifier.

            Aye.

            Théorie erronée. Je nage dans un flou total.

            Bon, ça attendra. Je sais pas ce que je fiche là, je sais même pas où est là mais je vais pas attendre un carton d'invitation pour bouger mon cul. Si y'a ne serait-ce qu'une chance pour filer à l'anglaise, je prends. C'est quand même diablement malsain dans le secteur.

            Je me lève. Méfiant. Pourtant, heureuse surprise, mes appuis ne flanchent pas, ce serait même tout le contraire. Je suis planté sur mes deux panards avec la vigueur d'un jeune lion. Sauf que lui, il en a quatre. Je tire le rideau qui dévoile une pièce sans âme, terne et lugubre. Aucune lumière naturelle, simplement deux lampes à pétrole au verre gras de saleté. C'est assez tendance dans le patelin. Mes fringues sont là, sur un strapontin. La jambe gauche de mon jean a été découpée sur toute sa hauteur ou presque. Merde, je vais vraiment m'afficher un look de parfait Okama là-dedans.

            Une clameur rugissante résonne, envahit l'espace. Premier indice, je suis au sous-sol. J'enfile à la hâte ma chemise, mes grolles et bats les lieux du regard. Sur une table encore maculée de sang dorment quantité de bandages poisseux. Sur un plan de travail annexe, pinces, écarteurs, scalpels. La musaraigne s'en est donné à coeur joie on dirait.

            Quoi qu'il ait entrepris, à en juger ma condition physique retrouvée, on dirait bien que ça a fonctionné. Je le remercierai à grand coup de phalanges pour son oeuvre, à l'occasion. Ça attendra au moins que je me sois enfui, ça aussi.

            Il n'y a qu'une porte. Et aucune autre issue. Inutile de tergiverser. J'inspire un grand coup et ouvre vivement. Pour tomber nez à nez avec mon comité de réveil. Six chiens de garde masqués qui braquent tous sur moi le canon de leurs fusils. Et derrière, la petite voix grinçante de mon infect médecin.

            Alors, comment se sent-on ? Prêt à entrer en piste ?

            Je réprime une farouche envie de me jeter sur la crevure. Soyons plus malin que lui.

            Depuis la surface, une nouvelle vague de hurlements.

            Calcul rapide. Mon escorte se propose aimablement de me conduire à la surface. Jouons le jeu.


            Avec grand plaisir.


            Dernière édition par Rik Achilia le Mer 11 Juil 2018, 23:42, édité 2 fois


              « Baisse-toi ! dis-je à mon nouvel allié qui me suit. »

              Un gladiateur se trouve juste derrière, à portée de lame, et il tente justement de lui enfoncer dans le dos. Pas très adroit, mon collègue se vautre complètement, mais au moins il esquive la lame. Notre adversaire tape le néant en continuant sa course dans le vide, mon bâton se cale dans sa figure, l’envoyant valser un peu plus loin. J’aide l’autre plouc à se relever. Il est complètement effrayé par les événements.

              « - Tu ne regardes jamais derrière toi ?
              - Mais tu m’as dit de te suivre !
              - Ah… Et tu n’es pas capable de faire les deux en même temps ?…
              - Mais t’es con ou quoi ? J’suis en train d’me chier d’sssus là ! J’sais même pas comment tu fais pour rester aussi calme ! »

              Sur quel genre d’imbécile suis-je encore tombé ?

              « - Écoute-moi bien. Ici, tu es le seul abruti. Garde ton calme. Accélère. Ou crève.
              - Je… Je…
              - Ta putain de gueule et accélère ! »

              Un véritable trouffion. Un vrai de vrai. Mais le temps me manque pour penser à ce genre de détails. Juste à quelques mètres, un autre type pare de manière grotesque les coups d’un gladiateur, qui semble s’amuser avec lui. Alors qu’il arme son prochain coup, je lance mon bâton à l’instar d’un javelot, frappant violemment sa tempe et le déséquilibrant quelques instants. C’est hélas trop tard pour lui. J’ai déjà récupéré le bâton dans ma course, et le temps qu’il reprenne ses appuis, je le fauche avec mon arme. Une fois au sol, je le cloue en enfonçant le bout de bois dans la gorge.

              Le public veut du sang, je vais lui en servir.

              « Toi, là, je viens de te sauver donc viens avec nous, dis-je en lui tendant ma main. »

              Comme ça, il n’a pas tellement le choix. Et comme je pouvais m’y attendre, les gladiateurs s’intéressent enfin à moi. Ou malheureusement.

              « Qu-qu’est-ce qu’on va faire ?… demande le premier que j’ai sauvé. »

              Il n’a pas tord. De toute évidence, je ne pourrais pas combattre et leur sauver les miches en même temps. Qu’est-ce que nous avons ? Un bouclier et une épée. Ce ne sont pas des combattants, alors ils ne sont pas capables d’utiliser les deux simultanément.

              « Ok… Tous les deux ne formerez qu’un. Tête d’oeuf au bouclier, tu encaisseras les coups. Poils de carotte, derrière tête d’oeuf, tu plante ta lame sur tout ce qui bouge. »

              Je ne connais ni la durée d’un combat dans cette arène, ni les modalités. Est-ce un temps imparti ou la fin est jugée au nombre de combattants restants ? Doit-il n’en rester qu’un ? De nombreux combats ont lieu. Des gladiateurs s’affrontent ardemment entre eux. Ce ne sont pas des combats d’amateur comme les notre. Nous voici encerclés par trois types armés. Je sens leur appétit s’agrandir à chaque pas.

              Les trois salopards attaquent en même temps. J’en neutralise un en frappant son genou d’un coup de pied, tandis que je pare le coup du second avec mon bâton, qui se voit découpé en deux. Ça craint pas mal sans arme. Derrière moi, bien qu’en difficulté, le duo semble bien tenir leur adversaire. Je saisis le bras armé de mon opposant et repousse celui qui se relève d’un coup de pied. Je suis vraiment mal engagé là.

              La seule porte de l’arène s’ouvre. Rik, vêtu étrangement en ressort, légèrement surpris par la situation. Et à vue d’oeil, le type m’a l’air un peu plus en forme. Je profite de l’occasion pour coller une droite sur le type dont je tiens le bras, puis je place mon épaule sous son coude pour le lui briser et le désarmer. Son acolyte accourt, je saisis l’arme lâché par le précédent et l’enfoncer dans le bide du suivant.

              J’effectue un bond, prends appui le dos de tête de cactus, passant au-dessus de mes deux camarades. Mon épée pointée vers l’adversaire à mes pieds, il est alors si occupé par les deux autres qu’il ne remarque ma présence que trop tard. Je fends son crâne en deux avant de reprendre mes appuis. Tête d’oeuf et tête de cactus semblent un peu dégoûtés par la scène, mais j’en ai honnêtement rien à faire. La guerre, c'est la guerre.

              Allez, canard boiteux, viens me sauver les miches un peu.





              Dernière édition par Alma Ora le Dim 09 Sep 2018, 12:06, édité 1 fois
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              Clong. La lourde herse derrière moi est abaissée. Le mégaphone gueule mon entrée dans la danse. Je suis Yohrg l'éventreur, craint jusque Grand Line. Avec un nom pareil, je respire l'intelligence. Petit bonus, je suis doué comme un bufle avec un sabre mais la foule n'en a cure, l'annonce fait son effet. On m'a collé un coupe chou dans les mains, je suis donc un épéiste. Imparable.

              Blondin est à l'autre bout de l'arène, toujours en un seul morceau. Flanqué de deux bougres sans hargne. La fine équipe. Je parie qu'il est là depuis un bout de temps. Première étape, le rejoindre. Tous les autres belligérants sont à considérer comme des ennemis en puissance. Et il faut pas plus de dix secondes pour voir charger les emmerdes.

              Mon entrée théâtrale a fait frétiller d'envie deux sympathiques armoires à glace qui voient en moi une occasion de gagner un statut de favori de la foule. C'était à prévoir. Yoosh', c'est l'occasion d'évaluer la résistance de ma guibole.

              Deux trois flexions tout en souplesse. Rien. Insuffisant mais l'examen préliminaire est rassurant. Pas le temps de tenter un salto, j'ai de la visite.

              Ziuum.

              L'un, le rétiaire, m'agresse farouchement et son trident vient mordre la paroi sur ma gauche. Le glaive du mirmillon se heurte au mien dans une parade sonore et assurée. On abandonne l'idée des pourparlers. Le poids d'un millier de paires d'yeux pèse sur notre conversation. Je peux pas passer pour un imposteur si vite. Rester dans les bonnes grâces de la foule, c'est la garantie de voir le jour demain et d'une situation plus propice à l'évasion.

              Je décoche un coup d'épaule qui perturbe le sabreur et me glisse dans son dos au moment exact où son comparse lançait son filet. Il a emprisonné la mauvaise cible. Je me gausse. La moquerie passe bien auprès de la foule. Je dois donner un peu de relief à ce brave Yohrg. Une pointe de raillerie lui sied à ravir. Bien. Maintenant, un peu de spectacle.

              Le trident fuse de nouveau. D'un bond, j'esquive et viens atterrir sur le manche comme le funambule que j'étais il y a à peine - ooh - trente cinq ans tout au plus. Les applaudissements gagnent en ferveur. Un bon gros coup de poing marteau sur le casque du rétiaire vient ponctuer la figure. Ce n'est pas une mise à mort sanguinolente, certes. Charcuter à tour de bras n'est toujours pas dans le projet. Mais j'y ai mis du tonus dans celle-là et le bruit de l'impact et le K-O instantané qui en résulte suffisent à séduire l'audience.

              Une impulsion et je bondis jusqu'au centre de l'arène. Nuage de sable et cris bestiaux m'y accueillent. Et toujours pas la moindre douleur lors de la prise d'appuis ! Ça tient du prodige et je suis un homme de miracles. J'accepte celui-ci sans rechigner d'autant plus qu'il me sauve les miches.

              Blondin et ses fiers lieutenants sont une dizaine de mètres sur ma gauche, tout au plus. Voilà qui est mieux. En revanche, une question subsiste. Docilement, je lève une main et me racle la gorge avant de lancer, haut et clair :


              Je ne suis pas expert en jeux de massacre. Quelles sont les règles ? Quand décide t-on de la fin des célébrations ?

              Hilarité générale. On dit que je suis très drôle, notamment, entre autres commentaires moins délicats. Mais ça m'arrange pas, moi ! Parce qu'il reste encore une flopée de méduses avec nous. Je profite du temps mort suscité par ma "bonne blague" pour glisser à mon voisin, un grand gaillard qui saigne déjà pas pour de faux :

              Non, mais en vrai, tu m'expliques ?



                Huh ? Qu’est-ce qu’il me chante ? Canard boiteux est bourré ? Une mare de sang commence à se dessiner, des cadavres s’entassent, et la seule qu’il trouve à dire, c’est comment fonctionne ce jeu ? Tu dégommes tant qu’on veut te dégommer, c’est pourtant simple, non ? Je suis particulièrement furax. Déjà parce que j’aime pas comment s’est déroulé mon séjour ici, ensuite parce que ma chemise est entachée de sang, puis parce que l’autre pose des questions de manière beaucoup trop détendue.

                « Psst ! Pssssssst ! », envoyé-je au canard qui se retourne enfin vers moi.

                Il est situé à une dizaine de mètres à ma droite. Je lui fais signe de se rapprocher de moi, je n’ai pas particulièrement l’envie de m’afficher plus que ça. Mais il ne vient pas pour autant. Applaudi par la foule, rien d’autre ne semble l’intéresser pour l’heure. Je n’en vois aucun ici capable de le battre, encore moins depuis qu’il semble de nouveau bien sur ses deux pattes. C’est le moment pour moi d’en profiter. Le public, je m’en carre l’oignon. Seule ma survie compte.

                Je profite du bruit occasionné par la foule et l’attention générale portée sur Rik, afin de me dissimuler derrière un groupe d’hoplites et les frapper violemment dans le dos. Erreur fatale quand on voit que ma cote de popularité diminue. Le public n’aime pas les coups bas, c’est tant pis. Le second problème est que l’attention est de nouveau sur moi. Deux idiots viennent aussitôt s’attaquer à moi, c’est sans compter sur mes deux camarades pour parer leur offensive.

                La hache de l’un d’entre eux reste bloquée dans le bouclier. Malheureux. Je passe subtilement entre les deux ennemis, violents coups de bâton dans l’arrière du crâne, ils tombent comme des mouches. Je décroche la hache du bouclier que j’accroche ensuite à ma ceinture. À qui le tour ? Les types s’interrogent ? Frapper la brute qui vient d’arriver ou s’occuper du groupe de petits malins ? Le choix est vite fait, ils préfèrent s’entretuer. C’est le moment pour de retrouver mon camarade de cellule.

                « Oy ! Tu m’as l’air d’un peu trop apprécier ta situation… On doit trouver un moyen de se tirer d’ici et le plus rapidement possible. »

                Mais sans plus attendre, un heureux évènement vient nous interrompre. Un roulement de tambours, les portes qui s’ouvrent de nouveau, le public qui s’enflamme… Qu’est-ce que c’est encore ? Un animal fantastique qui va tous nous manger ? Mais non. Quand je vois ce qui pénètre dans l’arène, je me dis que les animaux auraient été encore une meilleure solution. Le premier à arriver est Riguel, acclamé de tous pour le plus grand malheur des survivants. Le suivant est notre compagnon de cellule, Hugh’…

                On s’échange un regard interrogé avec Rik, ne comprenant pas tellement ce qu’il fout ici. C’est notre pote, merde. Il va réellement s’attaquer à nous ? Le pire c’est qu’il est presque autant acclamé que le président. C’est alors que son regard croise les notre, que l’on peut lire la gène dans le sien, jusqu’à ce qu’il finisse par le détourner. Alors là, on commence vraiment à s’inquiéter à avec Riko. Qu’est-ce qu’il nous fait ? Ça veut dire quoi ? Notre entente est terminée ?

                « Désolé les gars… C’pas contre vous mais j’ai des ordres venus de plus haut. », dit-il en levant les yeux en direction de Riguel.

                D’un déplacement très rapide, le président de la WWE massacre tous les types se trouvant à notre droite. Mais pendant ce temps, Hugh’ démolit également les types se trouvant à notre gauche, dont mes deux acolytes qui tenaient tant à leur vie. Mes traits s’assombrissent, ça ne me fait pas tellement rire. Je m’étais attaché à ces deux abrutis qui n’avaient rien demandé. Mes poing se serrent et mes dents s’entrechoquent. La rage monte petit à petit, mon regard est rivé sur cet enfoiré.

                « Je vais anéantir cet enculé. Ça te va ? », envoyé à Rik.

                N’oublions pas qu’il reste mon seul et unique allié. L’idéal serait de le conserver le plus longtemps possible, sans quoi je suis définitivement mort.

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                À ce rythme, les jeux prendront fin rapidement, c'est sûr. Dessouder une petite dizaine de gladiateurs sans une arrière-pensée, c'est impressionnant, mais c'est plutôt mauvais pour les affaires. Chacun de ses gars doit valoir son montant de pesos au marché esclavagiste, et là, leur côte est en train de se prendre une sévère dévalue. Des liasses de Berrys se consument à chaque nouvelle saignée. Un oeil crevé, moins quinze pourcent. Une main sectionnée, moins trente pourcent. Une mort brutale... encore plus. D'où ces questions : il va rester qui pour distraire le brave peuple après ça ? Mais aussi : que fait la police ? Et enfin : mais pourquoi sont-ils si méchants ?

                Les spectateurs ne se tourmentent pas de questions pratiques, et encore moins morales. Chaque nouvelle effusion est accompagnée de ronronnements satisfaits et autres hurlements jouissifs. Les plus futés en bas, dans l'arène, feignent l'agonie pour espérer échapper au massacre, en vain. Une mise à mort impitoyable les attend tous.

                Riguel, qui n'a rien oublié de son ancienne profession, savoure les applaudissements comme le plus délicieux whisky de dégustation. Il exhorte le public, décuple son inclinaison à la boucherie en accompagnant chaque coup fatal porté d'une pose martiale et théâtrale.

                Ne reste donc que Blondin que ces exécutions sommaires échaudent savamment, et moi, qui vois s'amenuiser mes chances d'évasion à mesure que les gladiateurs pouvant faire diversion s'écroulent. A défaut de conciliabule, mon partenaire m'offre une charge hargneuse sur Hugh' qui ne se joindra visiblement pas à notre insurrection.


                Oui voilà, on fait comme t'as dit... je grimace en me grattant la tête. Le bâton de Blondin lui, vient chatouiller le menton de son vis à vis.

                Soit, je vais réunir mes neurones tout seul. Il nous faut un plan. L'idéal serait de mettre Hugh' hors course d'emblée pour profiter de l'avantage du nombre face au Directeur, puis le prendre en otage et de là... improviser. C'est maigre. Et puis... Riguel a disparu.

                Mh... ?

                D'un bond il apparaît ! À quelques centimètres à peine de moi, l'air mauvais et assoifé de sang. Son poing vient s'enfoncer sans préavis en plein mon plexus. Aye. Il est fort.

                L'impact me balaye sur la moitié de l'arène. La douleur réveille mes sens et un refus primaire de la mort. J'évite de peu la correctionnelle et la pointe de son sabre qui s'imaginait déjà m'achever d'une roulade de la dernière chance. Un bond de recul plus tard, j'ai rétabli la distance de sécurité entre nous. 'fiou. Charmante introduction.

                Le public jubile. Riguel se gausse. Sur notre gauche, Blondin et Hugh' que je ne perds pas de vue. Ils s'en envoient des bonnes.


                Donc l'idée, c'est de rassembler vingt pauvres gars dans l'arène et de les exécuter...
                Voilà. Et toi, tu es le clou du spectacle.
                Trop aimable. J'aurais une question cependant...Tu vas me tuer ?
                Oui.
                Alors que le Doc' a fait des miracles pour me rafistoler.
                Ghaa-haha !
                Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
                Ecoute, petit malin, de toute sa carrière, le vieux cafard n'a jamais réussi à soigner personne. C'est un charlatan simplement plus fou que les autres.
                Pourtant, je vais mieux.
                Pour le moment. Mais ça ne durera pas. La bonne nouvelle pour toi, c'est que tu ne te tordras pas de douleur en contemplant ta jambe moisir de l'intérieur.
                Ah non ?
                Bah non, je t'aurai tué avant.
                Suis-je bête, j'avais oublié ce détail.
                Bon, assez bavassé. Tu es prêt. Ils s'impatientent.
                Oui, oui allons-y.... euh non. Pardon. J'aurais encore une question.
                Quoi, à la fin ?
                Hé bien, il se passe quoi si c'est moi qui te tue.
                Si c'est toi qui... Ghaaa-hahahaha !! Sacré gibier.
                Hinhin, pure folie je sais, mais admettons. Juste par curiosité.
                Si tu me tues, tu gagneras l'insigne honneur de prendre ma place en tant que directeur de la WWE.
                Mouais. Pas très vendeur comme projet.
                Ça a ses avantages. Et tu n'y goûteras jamais. Maintenant, hurle.
                Pardon ?
                Oui, pour le spectacle. On va se jeter l'un vers l'autre en hurlant. Jusqu'ici le public a tout juste eu de quoi se rincer l'œil alors je te promets une mise à mort lente et douloureuse.
                Soit. J'ai jamais été contre un peu de show.

                Je gueule. J'ai l'air con. Il rugit comme un fauve de cirque.

                À l'assaut.


                Dernière édition par Rik Achilia le Jeu 04 Oct 2018, 12:52, édité 1 fois


                  - Ça t’amuse d’aller cogner tes collègues, Hugh’ ?
                  - Héhé. Les ordres sont les ordres, p’tit gars. On ne refuse rien à m’sieur l’dirlo.
                  - Pauv’ type.

                  Je tournoie mon bâton en m’approchant lentement de mon adversaire. C’est assez particulier d’affronter un type avec lequel on a sympathisé. Hum… J’ai beau me le regarder, je n’éprouve aucune sympathie à son égard. Il a vendu son âme au diable et je ne le tolère pas ça. Tuer du bétail comme ça, c’est dégueulasse. Ces pauvres types n’avaient rien demandé. Ils ont été victimes d’une machination pour satisfaire un public d’enfoirés.

                  Instinct de richesse ? Volonté d’ascension ? Promesse de richesse ? Je ne sais pas ce qui a été promis à mon ancien compagnon de cellule, mais l’Homme est bien faible face aux propositions. Cette règle ne m’épargne pas non plus. Je parviens néanmoins à ne pas me retrouver dans des situations où la vie de personnes entre en jeu. Peut-être mon âme de justicier, en quête de justice, qui me pousse à dégommer la gueule de mon opposant. Enfin, une âme de justicier… Je me permets bien des choses.

                  - Allez p’tit gars, laisse-toi faire, ça sera rapide.
                  - Viens donc, crétin. J’ai bien hâte de t’éclater la gueule.

                  Hugh’ s’élance dans une course pour m’attaquer. Sa vitesse est nettement supérieure de celle de mes anciens adversaires. Pour le ralentir, je tente de le prendre par surprise en réduisant la distance entre nous, puis en balançant un coup de bâton vertical. D’un bond, ce dernier esquive le coup et enchaîne immédiatement avec un coup de pied sur mon flanc gauche. Je suis alors projeté quelques mètres plus loin, roulant lamentablement au sol.

                  Je me relève immédiatement et m’élance à sa poursuite. Il esquive aisément chacune de mes attaques, jusqu’à finalement se décider à dégainer la lame et raccourcir mon bâton. Bon, ok, c’était logique. Heureusement, je suis équipé de ma hache qui me sera bien utile, bien que je ne sois pas spécialement un fan de cette arme. D’une part parce que je ne m’en suis jamais servi, d’autre part parce que je la trouve pas aussi maniable que mon défunt bâton.

                  Maintenant, nous échangeons enfin de vrais coups, provoquant quelques petites étincelles comme dans certaines animations. Étonnement, Hugh semble particulièrement heureux. Ce dernier affiche un grand sourire, alors qu’à la moindre erreur, c’est une de nos vies qui peut s’éteindre. Il en faut peu pour être heureux, hein. Mais honnêtement, je me satisferais bien d’autres choses simplettes, comme manger ou un boire un verre avec une jolie demoiselle…

                  - Tu t’débrouille pas si mal, p’tit gars ! J’te pensais plutôt faiblard au début.
                  - Tu vas voir le faiblard, pauv’ type.

                  Nos échanges de coups continuent. Je déclenche un coup horizontal, mon adversaire place sa lame pour parer l’attaque, mais il s’agit malheureusement pour lui d’une simple feinte, puisque je passe sous sa garde. En me relevant, d’un coup net, je tranche son bras qui tombe accompagné de son arme. J’enchaîne rapidement par un coup de pied dans le bide pour reprendre de la distance entre nous. Crétin. Les combats ou chacun tentent de dépasser l’autre avec ses propres capacités physiques ou sa technique, c’est pas pour moi. Les feintes, c’est le pied.

                  - Alors, Hugh’, un bras en moins et ça chiale ?
                  - Enfoiré… Un bras me suffit pour toi, minable.

                  Il me prend finalement au sérieux. Son sourire se transforme en des traits assez sombres. À sa tête, je dirais qu’il veut ma peau, mais c’est hélas trop tard pour lui. Quoi que, je reste quand même méfiant, c’est pas tellement mon genre de sous-estimer mes adversaires. Le temps qu’il s’approche, je détourne légèrement le regard en direction de Rik, qui semble de son côté entamer un combat encore plus effroyable contre Riquel. Là, c’est un gros morceau. Hugh’ est un bon combattant dans le mesure du raisonnable encore.

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                  Avant, j'aimais pas trop bien m'battre. Je voyais ça comme une perte de temps. J'avais peur qu'on me confonde avec tous les forbans et pochtrons - parfois les deux - classiques qui noient le plus clair de leur temps dans le rhum frelaté et la baston. Pourquoi se cogner dessus quand on peut ou 1/ fuir, ou 2/ pigeonner l'adversaire. Dans les deux cas, si c'est bien fait, on évite l'affrontement. Les ecchymoses aussi.

                  Et puis, je sais pas, au fil des années, la tendance s'est inversée. Le corps et l'esprit se fatiguent de ces feintes, cabrioles et manigances. Overdose. Ils tendent vers un raisonnement un peu plus binaire, bestial. Courir, c'est éreintant, frapper, c'est défoulant. Faudra bien qu'on tombe un jour de toute façon, alors autant repousser l'échéance à grands coups dans la gueule quand elle fait mine de s'pointer. C'est plus panache que de lui tourner le dos.

                  Aussi, quand Riguel en guise d'amuse-bouche me décoche un marron croustillant dans la mâchoire, je réponds du tac au tac d'une châtaigne au menton aussi franche que peut l'être un uppercut. Au diable l'esquive. Il l'a senti passé, moi aussi. Ça nous sonne les cloches comme un jour de mariage. Pourtant on reste bien campés sur nos appuis. Et sans prendre le temps d'évaluer les dommages causés, on enchaine. Crochet au foie, direct dans le nez, coude dans la tempe, coup d'poing marteau au sommet du crâne. On déballe toute la panoplie en catalogue sans réfléchir, nerveusement, aussi loin que le corps peut pousser l'enchaînement tout en encaissant. Sur un tempo démoniaque. Les clameurs du public s'étouffent dans une surprise estomaquée.

                  C'est pas du spectacle qu'on livre, non. Ni même un combat. C'est une putain de guerre.

                  Les parpaings pleuvent. Ça picote sévère. Les muscles chauffés à blanc consomment quelque chose en oxygène mais prendre le temps de respirer, c'est perdre en gainage. Inenvisageable. Le feu d'artifice provoque ces premiers dégâts, une coulée de sang à la commissure des lèvres, à la pointe d'une arcade. Et les pieds, toujours plus ancrés dans le tapis de sable, prennent racines. Le premier qui lâche baisse son froc. Au delà de toute stratégie, de toute réflexion. On tape pour faire mal. Pour tuer. Simultanément, on arme la friandise ultime. La praline sur le gâteau. Une bonne grosse droite sale et teigneuse.

                  Contact.

                  Le double impact soulève une vague aux tons fauves d'où émergent nos deux corps à l'horizontale, expulsés aux deux opposés du ring. Et pourtant, c'est un cercle. Je m'en vais percuter l'enceinte, c'est le dos qui prend tout et ça le rend pas jouasse. J'entends un choc encore plus sourd d'en face. La grosse carcasse de Riguel en fait trembler les fondations. Ou bien c'est dans ma caboche que ça résonne. Y'a un vent de crainte dans les gradins. Ça fait toujours cet effet aux petits bourgeois de se frotter au vrai danger.

                  Le nuage se dissipe. Tout au fond, y'a Riguel. Extatique. Dans un coin du tableau, Blondin se démerde pas mal du tout Mieux que Hugh' en tout cas, à en juger le nombre de membres encore à sa place chez chacun.

                  Parfait. Si je me bouge un peu, on aura tous les deux réglés nos combats en même temps. Je repars au pas de course vers ma cible. Qui temporise. Ça ne lui ressemble pas. Déjà fatigué ? Non, c'est autre chose. Il a ce grand sourire tordu qui lui scie la gueule.

                  Il va pas le garder longtemps. Je prends une impulsion puissante. Pour peu, je surplomberai la tribune d'honneur. Et je plonge. Vite, très vite. Il va goûter à mes arpions calibre quarante-sept dans les côtelettes. Il m'attend. Trop confiant, ce type...


                  Hm ?

                  Au bout de ses doigts, une sorte de gelée verte pas très appétissante apparait. Du poison ? Ça sent le traquenard. Impossible de changer de cap. Merde. Je dois à tout prix le sécher avec ce seul coup. Tout mon être se raidit. C'est plus un corps, c'est un javelot. Voué à transpercer le bestiau.

                  Contaaact.

                  Mes grolles viennent empaler Riguel en plein torse. Je le sens qui résiste mais je persiste. J'ai l'avantage de la vitesse. Je remporte l'impact. J'insiste encore. Toujours plus. Jusqu'à ce que son corps tout entier décolle du sol et parte se vautrer dans un amas de spectateurs.

                  Un silence de mort accueille le verdict. Je l'ai fait. Personne n'ose y croire. Personne n'ouvre sa gueule. Je ne saurais jamais ce qu'il concoctait avec sa flotte verte et c'est tant mieux. Je peux souffler.

                  Jusqu'à ce que...


                  Regardez !

                  De la zone du crash, on recommence doucement à gigoter. C'est pas frais mais c'est vivant. Riguel. La gueule en vrac mais debout. Il faut finir le travail. Je bondis...

                  ...et mes pieds restent au sol. Je m'étale pitoyablement. Je veux me relever. Impossible de bouger. Je suis cloué sur place. Aimanté.


                  Gha-gha-gha-herrgh'... !

                  Riguel. Comment ? Le long de ses doigts, ces mêmes fils verts répugnants. Et là, je le sens. autour de mon cou ! Cette substance gluante, collante. Merde. C'est comme ça qu'il me contrôle ?

                  Incline-toi devant le pouvoir du Peto Peto no Mi. Tu m'appartiens désormais.

                  Hm, le nom est au moins aussi glauque que son pouvoir. Déjà, sans pouvoir lutter, je me redresse. Je suis étranger à mon propre corps. Il se met à courir. Je me vois courir. C'est très bizarre. J'empoigne une épée et je fonce... droit sur Blondin !

                  Chaud devant !


                    Hugh’ n’est plus le fier combattant qu’il était au début du combat. Et heureusement. Néanmoins, je jette quelques regards au combat de mon allié qui, en plus de jouer sa libération, joue également la mienne. Du moins, c’est ce que je pensais jusqu’au moment où, armé d’une épée, il me fonce dessus en criant « chaud devant ». Mon adversaire profite de cet instant pour tenter de m’atteindre. Malgré ma grande taille, je passe sous sa ceinture, coup de manche de hache dans la bide, puis dans la gueule. Il est couché.

                    J’esquive l’attaque de Rik, in extremis, en plongeant d’un côté. Ma chance est qu’il est meilleur avec les poings qu’avec une arme. Je ne comprends pas très bien ce qu’il se passe. Quand je vois la tronche de Riguel, mal en point, je me dis que Rik devrait l’emporter haut la main. Et pourtant non, monsieur préfère s’attaquer à moi sous les rires du chef cet établissement. Ils sont devenus potes ? Ou il aurait acheté les services de Riko ?

                    - Qu’est-ce que tu m’fais, canard boiteux ?
                    - Je ne contrôle pas mon corps, Blondin !
                    - C’est quoi ces conneries encore… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Déballe tout. Maintenant, avant de me tuer.
                    - Miguel. Gelée verte. Peto Peto No Mi.
                    - Crétin…

                    J’vais mourir à ce train là. Il s’est fait avoir par cet enculé de Riguel. Il le contrôle et peut en faire ce que bon lui semble. Et accessoirement me tuer. La situation ne pouvait pas être plus dramatique. Canard boiteux est de loin le plus fort de nous deux, quelque soit le domaine, c’est lui le meilleur. Vitesse. Force. Anticipation. Expérience. Cependant, je m’interroge quelques instants sur les capacités de Riguel. Est-il capable d’exploiter au maximum toutes les ressources de sa marionnette ? Si non, ça peut m’arranger. Je dois absolument lui retirer cette substance.

                    - Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? J’te laisse me tuer et tu mourras ensuite ?
                    - Enlève ce liquide bizarre et je retourne lui péter la gueule.
                    - T’as vraiment pas l’air de réaliser l’écart de niveau entre nous…

                    À moins qu’il existe un moyen plus simple. Impossible de toucher Rik, il esquivera aisément. Je n’ai pas d’eau sur moi pour agir sur la substance. Et que se passe-t-il si le détenteur du pouvoir du fruit est hors-circuit ? Riguel est dans un piteux état, je devrais pouvoir m’en occuper. Le problème est qu’il ne me laissera pas l’approcher aussi facilement. Vous l’aurez compris, je vais devoir jouer un peu la comédie, et ça, c’était vraiment pas prévu.

                    J’encaisse les coups que je bloque avec ma hache, mais ils sont lourds et me font reculer. Je parlais de jouer la comédie, c’est faux. Je sens que je peux y passer à tout moment. Mon seul avantage est qu’il n’est pas forcément évident de contrôler le corps d’un autre, surtout quand il s’agit d’un mec aussi véloce que Rik. Enfin aussi fort. Parce qu’au premier regard, ce gringalet ne paye pas de mine. Mais la précision n’est pas encore là, la puissance l’est. À plusieurs reprises, je me retrouve au sol et je dois me lever rapidement.

                    Parallèlement, je me prends des coups dans les cotes, dans la gueule…Je valse. Je tombe. Je me relève et je repars à l’assaut sans broncher. Miguel se marre et s’épuise en même temps. Je dois avoir des hématomes un peu partout sous ma ceinture, je crache du sang et je titube à mort. Il cogne fort l’enculé. Son visage se crispe. En plus d’être frustré de ne pas contrôler son corps, ça doit pas mal l’emmerder de frapper un type qui n’a rien demandé.

                    Mes bras tremblent à force de parer les charges. Lors d’une énième frappe de lame, je trébuche au sol. Rik enchaîne avec un coup vertical pour m’achever, j’esquive en me roulant au sol et me relève rapidement. Cette fois-ci, au lieu de repartir précipitamment vers mon allié, je bondis ma gauche. Le visage défiguré, le chef des lieux passe du sourire à la détresse, puis il esquisse un sourire. Le canard boiteux réapparait sur mon flanc droit, le pied armé pour me shooter le bide. Avant que cela n’arrive, je me concentre uniquement sur mon lancé de hache.

                    Le coup de pied m’atteint et me projette violemment contre l’un des murs de l’arène. La puissance est telle que je suis complètement sonné. Je ne parviens pas à me relever. Avant de quasiment tomber dans les vapes, j’aperçois ma hache bien enfoncée dans la sternum du directeur. Va-t-il mourrir ? Je l’ignore. Une chose est sûre : Rik devrait être libéré de ses chaînes. Où vais-je me réveiller ? J’espère que mon « sauveur » va pouvoir gérer la suite tout seul.

                    Il y a encore quelques minutes, j’étais plutôt en forme…





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                    Le collier verdâtre craquelle, se fissure plus nettement et vole en éclats. Libre ! Ma première action d'affranchi - j'ai connu l'esclavage sept minutes à peine, et encore, un pas très académique mais ça compte quand même - c'est d'aller réveiller mon compadre qui a plutôt habilement joué son coup, quand moi je laissais le mien sans surveillance au moment critique. Ça fait drôle de pas être le rusé de la bande. Les choses changent.

                    J'suis au chevet de l'asticot, vautré dans un amas de rocailles démolies. Je l'ai pas loupé. La foule est plongée dans une hystérie collective dont je ne me soucie pas pour l'heure. J'imagine mal un mec plus coriace que ce vétéran de l'arène zoner dans les environs. Au pire je recevrai un faire-part très bientôt si c'est le cas.

                    J'allonge deux torgnoles au pauvre collègue.


                    Blondin! Hé, Blondin, c'est pas l'moment de piquer un somme !

                    Ses paupières frétillent encore un brin. Il est pas frais, mais il est pas raide non plus. Je connais ça. Les prochains jours seront assez laborieux pour le jeune. Je le charge sur une épaule et commence à gravir les escaliers des tribunes quand une salve de plomb vient me friser les moustaches. La garde. Tandis que les bobos gras et lâches me fuient comme l'œil d'un cyclone, eux qu'on a payés pour se faire cogner dessus forment un cordon de sécurité autour de nous.

                    Et l'étau se resserre vite. Déjà, les fusils se mettent en joue. Ok, on retourne dans le bac à sable. Quand la nouvelle clameur des détonations éclate, je saute. Retour à la case départ.

                    Une sensation engourdie me rattrape à mon plus grand déplaisir. La guibole refait des siennes. C'est pas une déchirure stridente, plus une sourde information que quelque chose foire en profondeur et que je vais bientôt payer la facture. Les paroles de Riguel me reviennent comme un écho perfide. Le Doc' est un imposteur. Ses pseudos soins n'ont étouffé la douleur que pour mieux me foutre en miettes. L'organisme m'en alerte au plus mauvais moment.

                    Soit. On décanille le menu fretin maintenant, en une offensive éclair avant de se retrouver sur une quille.


                    Toi, tu restes là amigo.

                    Je dépose Blondin qui a pas l'air contraire. Allez, en avant pour la charge héroïque. Ma horde sauvage à moi brille pas comme un miroir de bordel mais elle doit quand même être réduite au silence. Un bond. Je suis sur le mur d'enceinte intérieur. Course d'élan, front kick dans le thorax du premier, coude acier trempé dans la mâchoire de son binôme. Ma cuisse se froisse. Y'a comme un sale nœud qui visse, et qui visse. Je claudique un peu mais c'est encore gérable. Les molosses sont là. J'espère que leur assurance couvre les dommages physiques parce que je vais pas faire dans la dentelle.

                    J'enchaine une série de jab pour réduire la vague. Le reste, du mode automatique. Une gauche, une droite. Et on répète. Et on répète. C'est comme frapper dans un sac de viande. Rugueux mais pas totalement inflexible. Les corps sont expulsés un à un de la zone de combat.

                    Une petite crevure plus maligne que les autres juge bon de contourner le ring pour aller offrir un sourire vermeil à Blondin qui roupille toujours. Je fous tout le carbu en stock dans un saut désespéré et viens faucher d'un grand coup de grolle la hanche du sournois. Mon atterrissage est pitoyable mais la frappe un succès sans appel.

                    Blondin émerge. Délicieux timing.

                    C'est pas pour te foutre la pression mais il va falloir foutre le camp.

                    Le retour d'un deuxième opposant ne calme pas les ardeurs des Bâtards. Ils s'organisent pour une deuxième vague. Plus fournie, plus virulente. Trente pèlerins au bas mot qui approchent sans hâte, de toute part. Les rangs grossissent. Patiemment. Les mains s'équipent de toute une quincaillerie diablement tranchante. On est dans de beaux draps.

                    Pourtant, au moment de l'assaut fatidique, une grosse ombre vient surplomber l'arène et suspend la scène.


                    C'est quoi ça ? Une sorte d'éclipse ?
                    Non, c'est autre chose... On dirait...
                    Un ballon !

                    Un foutu dirigeable à la trajectoire digne du plus grand alcoolo de Las Camp à l'aube. L'engin tangue de tout son corps mais une chose est sûre : il fonce droit sur nous ! Et l'impact est pour maintenant.

                    Faut s'planquer Blondin !

                    J'attrape au col le jeune encore gentiment dans le gaz, mais il m'interrompt.

                    Attends, regarde.

                    À bord du vaisseau, balloté par les vents comme un drakkar dans les tornades. Des visages connus. Un tas. Et une voix grasse et vulgaire qui appartient à la seule personne qui ne me soit pas familière. Une drôle de femme poisson au teint pâle, aux traits libidineux.

                    Hé vous, les gibets de potence ! Montez à bord ! Nicholas mon chéri, mets ta ceinture, nous allons nous écraser !
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