Rhétalia, Arène, 1627.
Trop de monde. Trop de soldats. Je ne sais ni où je vais, ni ce qu’il y a devant moi. Enfin, objectivement, j’ai bien une idée de l’endroit où je vais. Cette foutue Arène où sont envoyés les fauteurs de troubles pour être pendus comme des chiens. Elle est belle ma vie, elle est belle. Qu’ils osent me lâcher, on va voir qui sera pendu. Je suis assez remonté par cette idée de mourir de manière si lamentable pour avoir oeuvré pour quelque chose de correct.
Assez rapidement, la lumière disparait pour laisser place à des cris d’animaux. Pas réellement des animaux, plutôt des humains qui beuglent. Rien de bien rassurant en somme. Ça en dit long sur les conditions de vie des personnes ici présentes. On me fout dans une cellule dans laquelle se trouve un type… marqué par la vie. Un homme d’une quarantaine d’années, une musculature imposante, la barbe et les cheveux rasés, le regard vide…
« Qu’est-ce qu’un gosse comme toi fout ici ?… »
Un de mes sourcils se lève. Pas même un bonjour, c’est bonne ambiance.
« Le mieux serait que l’on ne se parle pas. Fais comme si je n’étais pas là, je n’en ai pas pour longtemps de toute manière, dis-je en analysant les lieux. »
Une cellule tout ce qu’il y a de plus normal. Trois murs et des barreaux. Génial.
« Tu comptes te barrer, p’tit gars ? »
J’ignore totalement sa question tellement la réponse est évidente.
« T'sais que jamais personne n’y est arrivé ? reprend-t-il. »
Ça pourrait être décourageant. Mais j’ai vu pire encore.
« Ce n’est pas parce que personne n’y est arrivé que je n’y arriverais pas, rétorqué-je toujours en ignorant son visage. »
Les lieux sont relativement vieux et pas du tout entretenus. Je ne sais même pas comment la bâtisse tient encore avec l’agitation de la foule au-dessus de nos têtes. À croire que l’effusion de sang permet à celle-ci de tenir. Saloperie. Effondre-toi et écrase toutes ces merdes avec toi, en espérant que je trouve un moyen d’en échapper. Il me faut réfléchir calmement mais c’est pas gagné avec tous ces singes qui crient encore.
Puis je me retourne enfin vers mon co-détenu.
« - Dis-moi comment ça se passe ici.
- Err… Soit t’es faible, alors t’es pendu pour tenir la foule en haleine. Soit t’es correct et tu te bats pour te faire tuer. Soit t’es bon et auquel cas tu te bats et tue ceux qui sont corrects.
- Ça a au moins le mérite d’être clair.
- Tu penses faire partie de quelle catégorie ?
- Aucune pour l’instant.
- Err… Je vois. »
Si je peux me tirer d’ici avant d’être envoyé en pâture.
« - Et tu combats à quelle fréquence ?
- Err… J’dirais une à deux fois par semaine pour me remettre sur pied, parfois plus. »
C’est violent comme réponse quand même. Les affrontement ont l’air rudes. En même temps, c’est peu étonnant quand tu sais que tu joues ta vie à chaque fois. J’aime avoir une vie d’aventures mais il y a des limites tout de même. Rester enfermé dans cinq mètres carrés avec un type qui pue, pour jouer ma vie chaque semaine face à des types du même acabit que je vais devoir tuer ou qui vont me tuer… Vie de merde en perspective.
Perdu dans mes songes, je reprends mes esprits quand la cellule s’ouvre de nouveau. J’hésite quelques instants. Dois-je bondir sur le garde et sortir ? Non. D’autres sont à côté, je serais rapidement neutralisé, peut-être même abattu ou envoyé directement au centre de l’arène. Je reste sagement assis, je ne bouge pas d’un iota. Un type plutôt fatigué par la débauche est jeté comme du n’importe quoi.
Il me dit vaguement quelque chose. J’attends qu’il se redresse pour confirmer et ça ne manque pas. C’est le type qui jouait au cascadeur un peu plus tôt dans la journée, face auquel j’ai été arrêté également. On a été arrêté en même temps, et pourtant, je suis arrivé ici bien avant lui. Un problème avec ce détenu ? Il a mauvaise mine. Est-il malade ? Ou blessé ? Peu importe. Un bon acrobate certes, mais pas sûr qu’il puisse m’être utile pour m’échapper de cet endroit.
Je pose délicatement ma tête contre le mur sur lequel je suis adossé, puis je réfléchis. À moins que je ne m’endorme. Je ne sais plus trop à vrai dire. Ma vie est probablement foutue maintenant. Quitte à combattre, autant me reposer.
Dernière édition par Alma Ora le Dim 24 Juin 2018, 15:31, édité 1 fois