La forêt des Toiles était si sombre qu’on peinait à en voir la canopée. Tout dans cette jungle était un enchevêtrement d’arbres, de racines, de branches et de longs filets de soie tendus. Ces véritables voiles éthérés paraissaient si denses et abondants qu’on pouvait aisément les prendre pour d’immenses rideaux blancs aux allures hypnotiques. Il y en avait de toutes sortes, prenant des formes quasi infinies, et à chaque fois qu’on tournait la tête on pouvait en discerner de nouvelles. Certaines étaient hexagonales, d’autres arrondies, ou même sans véritable structures et ressemblaient à de minutieux pièges labyrinthiques. Les plus étranges prenaient la forme d'entonnoirs ou de cuvettes, prêtes à enfermer quiconque tombait à l’intérieur.
Joe ouvrait la marche en sifflotant, il était suivi par Elijah qui grignotait un saucisson sec fourré aux noisettes. Le pauvre homme-poisson n’en avait même pas retiré l’emballage, causant quelques rires et remarques de la part de Mahach et Rowena qui marchaient en retrait. Ils étaient arrivés sur Myriapolis en débarquant au port de la Ruche, se heurtant à un comité d’accueil relativement sympathique. La communauté des abeilles était plutôt réputée pour être relativement ouverte envers les étrangers, alors personne ne vint chercher de noises aux nouveaux Blattards en ville. Ici, ils n’étaient pas vus comme des nuisibles, mais comme des invités dont on écoutait les histoires avec plaisir, qu’on avait envie de connaître. La Reine Maya, en apprenant l’arrivée d’un capitaine corsaire sur son île, avait immédiatement envoyé une missive les invitant à prendre le thé s’ils en avaient l’envie. La Ruche ressemblait à un havre calme au milieu de cette île sombre et dangereuse, un coin presque onirique qui dénotait complètement du reste du pays. Rowena les avait prévenu maintes fois, mais aucun ne l’avait réellement écouté. Myriapolis était une terre sauvage où même le plus fort des pirates pouvait y laisser la vie. Car sur cette île, les maîtres n’étaient pas des humains. Non, les créatures régnant ici n’étaient autre que les plus virulentes étrangetés de la nature : les insectes.
- C’est hyper sucré cette merde, ça désaltère que dalle… Rouspéta Mahach en fronçant les sourcils.
- C’est normal, c’est du miel. Rétorqua Rowena d'un ton las.
- Saloperie…. chier….dégeu…
Les habitants de la Ruche, surnommés les “abeilles” bien qu’ils soient des humains, leur avait offert des pots de miel clair comme présents de bienvenue. La reine Maya avait décidé d’accueillir les invités de marque de cette façon, et pour elle n’importe quel étranger était un invité de marque. Croq’dur et Mahach l’avaient déjà bu au risque d’être ballonnés tandis que Joe et Rowena avaient rangé les leurs, décidant de conserver cette mixture pour raisons scientifiques. Mais surtout pour s’en faire des tartines au petit déjeuner.
- On fout quoi ici ? On était mieux à Kikai…
- Tu demanderas au capitaine, je n’en ai aucune idée.
- C’est quoi le délire des gens ici ? Z’étaient bizarres les gens du port… Jamais vu des trucs pareils.
- Les gens de cette île vivent en symbiose avec les insectes géants qui la peuplent. Ils ont appris à vivre avec et les utilisent. Ils s’en servent comme montures, gardes, font des armures avec leurs carapaces, des poisons avec leurs venins. Et même parfois en symbiotes pour combattre avec eux. C’est pour ça qu’ils paraissaient aussi étranges. Ces insectes sont fascinants, j’ai déjà hâte de les étudier.
- Sont dégoûtants ouais…
- Et encore, tu n’as vu que ceux qu’ils ont pu dompter. On est dans la jungle de Myriapolis, ici il y a des prédateurs géants tellement dangereux qu’ils pourraient fondre sur nous en un battement de cil et nous faire fondre en un coup de mandibules.
- Pff… t’en as pas marre de faire de l’exposition ?
- T’en as pas marre d’avoir un Q.I d’huître ?
Mahach se remit à grommeler, Rowena n’entendait même pas ce qu’il disait et restait concentrée sur le moindre mouvement provenant des branches ou des fourrés. Elle avait lu assez de traités d’entomologie pour savoir quels principaux dangers les attendaient sur cette île, et était de ce fait relativement pressée de pouvoir tout analyser mais également inquiète. Leur capitaine possédait le pouvoir de se changer en scorpion, ce qui était déjà un atout en soit sur Myriapolis. Il pouvait se fondre dans la masse et surtout leur être d’un sacré secours contre un autre insecte massif. Elle s’en retourna vers Mahach qui, à présent, s’apprêtait à toucher un long fil de soie tendue vers une branche d’acajou géant.
- Ne touche pas à ça.
- Quoi ? C’est juste une toile, vais pas crever…
- Elles savent déjà qu’on est là. Une araignée se sert de sa toile comme radar, elles ressentent les vibrations et savent exactement où se trouvent leurs proies. Et quand je vois combien de toiles il y a autour de nous…
- Bordel… combien de bouquins t’as lu de ta vie ?
- Combien de maladies vénériennes tu as eu de ta vie ?
Et Mahach laissa échapper un énième juron, envoyant son pot de miel vide contre un tronc d’arbre. Le pot se brisa au contact de l’écorce, brisant aussi le silence de la forêt et usant peu à peu la patience de Joe.
Joe ouvrait la marche en sifflotant, il était suivi par Elijah qui grignotait un saucisson sec fourré aux noisettes. Le pauvre homme-poisson n’en avait même pas retiré l’emballage, causant quelques rires et remarques de la part de Mahach et Rowena qui marchaient en retrait. Ils étaient arrivés sur Myriapolis en débarquant au port de la Ruche, se heurtant à un comité d’accueil relativement sympathique. La communauté des abeilles était plutôt réputée pour être relativement ouverte envers les étrangers, alors personne ne vint chercher de noises aux nouveaux Blattards en ville. Ici, ils n’étaient pas vus comme des nuisibles, mais comme des invités dont on écoutait les histoires avec plaisir, qu’on avait envie de connaître. La Reine Maya, en apprenant l’arrivée d’un capitaine corsaire sur son île, avait immédiatement envoyé une missive les invitant à prendre le thé s’ils en avaient l’envie. La Ruche ressemblait à un havre calme au milieu de cette île sombre et dangereuse, un coin presque onirique qui dénotait complètement du reste du pays. Rowena les avait prévenu maintes fois, mais aucun ne l’avait réellement écouté. Myriapolis était une terre sauvage où même le plus fort des pirates pouvait y laisser la vie. Car sur cette île, les maîtres n’étaient pas des humains. Non, les créatures régnant ici n’étaient autre que les plus virulentes étrangetés de la nature : les insectes.
- C’est hyper sucré cette merde, ça désaltère que dalle… Rouspéta Mahach en fronçant les sourcils.
- C’est normal, c’est du miel. Rétorqua Rowena d'un ton las.
- Saloperie…. chier….dégeu…
Les habitants de la Ruche, surnommés les “abeilles” bien qu’ils soient des humains, leur avait offert des pots de miel clair comme présents de bienvenue. La reine Maya avait décidé d’accueillir les invités de marque de cette façon, et pour elle n’importe quel étranger était un invité de marque. Croq’dur et Mahach l’avaient déjà bu au risque d’être ballonnés tandis que Joe et Rowena avaient rangé les leurs, décidant de conserver cette mixture pour raisons scientifiques. Mais surtout pour s’en faire des tartines au petit déjeuner.
- On fout quoi ici ? On était mieux à Kikai…
- Tu demanderas au capitaine, je n’en ai aucune idée.
- C’est quoi le délire des gens ici ? Z’étaient bizarres les gens du port… Jamais vu des trucs pareils.
- Les gens de cette île vivent en symbiose avec les insectes géants qui la peuplent. Ils ont appris à vivre avec et les utilisent. Ils s’en servent comme montures, gardes, font des armures avec leurs carapaces, des poisons avec leurs venins. Et même parfois en symbiotes pour combattre avec eux. C’est pour ça qu’ils paraissaient aussi étranges. Ces insectes sont fascinants, j’ai déjà hâte de les étudier.
- Sont dégoûtants ouais…
- Et encore, tu n’as vu que ceux qu’ils ont pu dompter. On est dans la jungle de Myriapolis, ici il y a des prédateurs géants tellement dangereux qu’ils pourraient fondre sur nous en un battement de cil et nous faire fondre en un coup de mandibules.
- Pff… t’en as pas marre de faire de l’exposition ?
- T’en as pas marre d’avoir un Q.I d’huître ?
Mahach se remit à grommeler, Rowena n’entendait même pas ce qu’il disait et restait concentrée sur le moindre mouvement provenant des branches ou des fourrés. Elle avait lu assez de traités d’entomologie pour savoir quels principaux dangers les attendaient sur cette île, et était de ce fait relativement pressée de pouvoir tout analyser mais également inquiète. Leur capitaine possédait le pouvoir de se changer en scorpion, ce qui était déjà un atout en soit sur Myriapolis. Il pouvait se fondre dans la masse et surtout leur être d’un sacré secours contre un autre insecte massif. Elle s’en retourna vers Mahach qui, à présent, s’apprêtait à toucher un long fil de soie tendue vers une branche d’acajou géant.
- Ne touche pas à ça.
- Quoi ? C’est juste une toile, vais pas crever…
- Elles savent déjà qu’on est là. Une araignée se sert de sa toile comme radar, elles ressentent les vibrations et savent exactement où se trouvent leurs proies. Et quand je vois combien de toiles il y a autour de nous…
- Bordel… combien de bouquins t’as lu de ta vie ?
- Combien de maladies vénériennes tu as eu de ta vie ?
Et Mahach laissa échapper un énième juron, envoyant son pot de miel vide contre un tronc d’arbre. Le pot se brisa au contact de l’écorce, brisant aussi le silence de la forêt et usant peu à peu la patience de Joe.