Jardin à la française, les bosquets et les haies parfaitement symétrique embrassaient avec délicatesse un joli parc et son gazon millimétré. Sans extravagance, les fleurs explosaient çà et là dans une harmonieuse composition : roses, iris, bleuets et pensées s’abreuvaient d’un soleil radieux et répondaient de leurs couleurs assorties. Une fontaine, ornée des armoiries de la famille hôte, crépitait au son des gammes de l’orchestre mandaté pour l’occasion. Les violons et les flutes faisaient danser les branches d’arbres, emporté par une douce brise leur doux son ravissait les invités. Chacun s’asseyait sagement à sa place, impeccablement alignées au centre du jardin en deux identiques rangées, les chaises de bois blanc étaient incroyablement confortables et les convives s’en réjouissaient comme de tant d’autres choses. Gloussements, potins et franches accolades s’épanouissaient dans cette foule, mais une personne au moins ne s’y sentait pas à sa place.
"Honnêtement… qu’est-ce que je fais là ? "
Flanqué d’un costume bon marché, Raphaël avait abandonné son uniforme de croupier pour une tenue plus cérémoniale. Nœud papillon droit et bien tiré, gant de soie et chaussure cirée jusqu’à la pointe, son habit avait beau ne pas jurer avec ce nouvel univers, il ne s’en sentait pas moins mal à l’aise. Pas qu’il ne soit étranger aux discussions mondaines, c’était déjà arrivé à sa table de jeu que l’élite lui fasse vent de leurs importantes préoccupations, mais échanger d’égaux à égaux avec eux cela sonnait bien trop faux. D’autant que certains d’entre eux seraient ses clients le soir même.
"Tu profites du beau temps et d’une somptueuse cérémonie, n’est-ce pas plus agréable que de rester enfermé toute la journée à bord du bateau ?
- Probablement… Surtout que Bleue et Pourpre devenaient insupportables à l’approche de l’événement, les préparatifs les rendent complètement cinglées.
- Alors réjouis-toi d’avoir pu leur échapper.
- En un sens ouais… m’enfin j’aurais quand même préféré échapper aux préparatifs de la soirée ET à la cérémonie.
- Hé hé. Pas sous ma garde, cela m’aurait fort embêté de me présenter seul avec deux invitations. Rose est une très bonne amie et je sais que du fait de l’influence de sa belle-famille, les places accordées à ses invités à elle étaient rationnées. Cela n’aurait pas été correct.
- C’est l’amie peintre avec laquelle vous arpentiez les mers dans votre jeunesse non ?
- Une vraie lady, malgré ses origines modestes je te défie de le différencier d’un de ses dames de bonne famille.
- Oui mais… De ce que vous m’en racontiez elle n’avait de toute façon pas tant de famille que ça, si ?
- Bien vu. Mais trop tard hé hé. "
Un petit sourire aux lèvres, passant ses doigts dans sa barbe blonde d’une façon moqueuse, Monsieur Topaze signifia à son apprenti croupier que tout le monde avait fini par gagner son siège. Les instruments s’étaient tus et la cérémonie s’apprêtait à commencer. Cela faisait des semaines qu’on parlait de l’organisation de ce mariage sur tout East Blue : l’aînée de la famille Richilde allait passer la bague au doigt de son ancienne professeure des beaux-arts. Et si dans la famille, on était ouvert et progressiste, cela n’avait pas empêché à l’histoire de faire scandale. L’écart d’âge était une chose tacitement admise dans les hauts-cercles, mais qu’un des leurs pusse choisir de s’unir à la classe populaire… Dès que la rumeur s’était répandue, tout le monde avait cherché à se faire inviter à cette union défiant la chronique.
L’exclusivité des meilleurs racontars seraient à ceux qui y assistaient.
Et quant au Gambling Blue, célèbre casino flottant qui parcourait les mers bleues pour y faire vivre le frisson du jeu, il avait été choisi, du fait de l’amitié entre Rose et Monsieur Topaze et des bonnes relations qu’entretenait le propriétaire avec la bourgeoisie Sirupienne, pour accueillir la soirée qui ferait suite à la cérémonie. Les grands moyens étaient déployés et depuis que les préparatifs avaient commencé l’atmosphère était devenue plus pesante pour les employés.
"Je vous le revaudrai… " lâcha Raphaël piquant alors qu’une musique légère accompagnait l’arrivée d’une des mariées, il n’était pas si mécontent d’être au grand air, mais le fait de servir de faire-valoir l’incommodait.
L’assemblée se retourna comme un seul homme, les yeux rivées sur l’allée de pétales qui menait de l’autel jusqu’à l’entrée du parc. La quarantaine, sublimée dans une robe de satin qui la dessinait comme une cascade, Rose était au bras de son père. Ses cheveux tirés vers l’arrière étaient un bouquet de fleurs épanouies dans leur plus bel âge, elle commença à s’avancer et les langues les plus acerbes ne purent s’empêcher de lâcher des compliments. Elle était plus ravissante que n’importe quel jeune femme dans l’assistance.
Les notes s’envolèrent et ils franchirent la première arche fleurie, marchant au pas, sereinement quand tout à coup Rose manqua de trébucher visiblement instable sur ses talons. Son père la retint et les moins attentifs ne virent rien. Seulement quelques pas plus tard, elle s’arrêta, tressauta et retint un hoquet malencontreux. Son père lui chuchota quelques mots sans laisser rien paraître, ils continuaient à avancer.
"Un peu mal à l’aise pour une lady…
- Effectivement… Le stress peut-être." conclut Monsieur Topaze, les sourcils froncés et les lèvres pincées alors qu’autour d’eux on se montrait bien plus médisant sur l’allure de la pauvre Rose.
Laborieusement, ils gagnèrent l’autel et se mirent en position pour accueillir Blanche, sa future femme, qui serait la suivante à défiler. Rose eut un autre soubresaut.
Quelque chose n’allait définitivement pas.
"Honnêtement… qu’est-ce que je fais là ? "
Flanqué d’un costume bon marché, Raphaël avait abandonné son uniforme de croupier pour une tenue plus cérémoniale. Nœud papillon droit et bien tiré, gant de soie et chaussure cirée jusqu’à la pointe, son habit avait beau ne pas jurer avec ce nouvel univers, il ne s’en sentait pas moins mal à l’aise. Pas qu’il ne soit étranger aux discussions mondaines, c’était déjà arrivé à sa table de jeu que l’élite lui fasse vent de leurs importantes préoccupations, mais échanger d’égaux à égaux avec eux cela sonnait bien trop faux. D’autant que certains d’entre eux seraient ses clients le soir même.
"Tu profites du beau temps et d’une somptueuse cérémonie, n’est-ce pas plus agréable que de rester enfermé toute la journée à bord du bateau ?
- Probablement… Surtout que Bleue et Pourpre devenaient insupportables à l’approche de l’événement, les préparatifs les rendent complètement cinglées.
- Alors réjouis-toi d’avoir pu leur échapper.
- En un sens ouais… m’enfin j’aurais quand même préféré échapper aux préparatifs de la soirée ET à la cérémonie.
- Hé hé. Pas sous ma garde, cela m’aurait fort embêté de me présenter seul avec deux invitations. Rose est une très bonne amie et je sais que du fait de l’influence de sa belle-famille, les places accordées à ses invités à elle étaient rationnées. Cela n’aurait pas été correct.
- C’est l’amie peintre avec laquelle vous arpentiez les mers dans votre jeunesse non ?
- Une vraie lady, malgré ses origines modestes je te défie de le différencier d’un de ses dames de bonne famille.
- Oui mais… De ce que vous m’en racontiez elle n’avait de toute façon pas tant de famille que ça, si ?
- Bien vu. Mais trop tard hé hé. "
Un petit sourire aux lèvres, passant ses doigts dans sa barbe blonde d’une façon moqueuse, Monsieur Topaze signifia à son apprenti croupier que tout le monde avait fini par gagner son siège. Les instruments s’étaient tus et la cérémonie s’apprêtait à commencer. Cela faisait des semaines qu’on parlait de l’organisation de ce mariage sur tout East Blue : l’aînée de la famille Richilde allait passer la bague au doigt de son ancienne professeure des beaux-arts. Et si dans la famille, on était ouvert et progressiste, cela n’avait pas empêché à l’histoire de faire scandale. L’écart d’âge était une chose tacitement admise dans les hauts-cercles, mais qu’un des leurs pusse choisir de s’unir à la classe populaire… Dès que la rumeur s’était répandue, tout le monde avait cherché à se faire inviter à cette union défiant la chronique.
L’exclusivité des meilleurs racontars seraient à ceux qui y assistaient.
Et quant au Gambling Blue, célèbre casino flottant qui parcourait les mers bleues pour y faire vivre le frisson du jeu, il avait été choisi, du fait de l’amitié entre Rose et Monsieur Topaze et des bonnes relations qu’entretenait le propriétaire avec la bourgeoisie Sirupienne, pour accueillir la soirée qui ferait suite à la cérémonie. Les grands moyens étaient déployés et depuis que les préparatifs avaient commencé l’atmosphère était devenue plus pesante pour les employés.
"Je vous le revaudrai… " lâcha Raphaël piquant alors qu’une musique légère accompagnait l’arrivée d’une des mariées, il n’était pas si mécontent d’être au grand air, mais le fait de servir de faire-valoir l’incommodait.
L’assemblée se retourna comme un seul homme, les yeux rivées sur l’allée de pétales qui menait de l’autel jusqu’à l’entrée du parc. La quarantaine, sublimée dans une robe de satin qui la dessinait comme une cascade, Rose était au bras de son père. Ses cheveux tirés vers l’arrière étaient un bouquet de fleurs épanouies dans leur plus bel âge, elle commença à s’avancer et les langues les plus acerbes ne purent s’empêcher de lâcher des compliments. Elle était plus ravissante que n’importe quel jeune femme dans l’assistance.
Les notes s’envolèrent et ils franchirent la première arche fleurie, marchant au pas, sereinement quand tout à coup Rose manqua de trébucher visiblement instable sur ses talons. Son père la retint et les moins attentifs ne virent rien. Seulement quelques pas plus tard, elle s’arrêta, tressauta et retint un hoquet malencontreux. Son père lui chuchota quelques mots sans laisser rien paraître, ils continuaient à avancer.
"Un peu mal à l’aise pour une lady…
- Effectivement… Le stress peut-être." conclut Monsieur Topaze, les sourcils froncés et les lèvres pincées alors qu’autour d’eux on se montrait bien plus médisant sur l’allure de la pauvre Rose.
Laborieusement, ils gagnèrent l’autel et se mirent en position pour accueillir Blanche, sa future femme, qui serait la suivante à défiler. Rose eut un autre soubresaut.
Quelque chose n’allait définitivement pas.
Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 10 Jan 2020, 13:23, édité 3 fois