Un nouveau pote !

Si je dois attendre que la revolution contacte tous ses hommes pour m'attaquer à cette foutue prison, croyez-moi, Mandrake n'est pas prêt d'être libéré. Il me faut des hommes déterminés, des soldats prêts à tout pour un service en retour, des pirates comme Aoi, entre la criminalité pure et semblant d'esprit révolutionnaire.

Deux pirates de ce profil, que je croyais morts et enterrés, ont refait surface. À l'époque, lorsque Clotho m'avait emmené sur Armada, j'y ai longuement entendu parler des pirates d'Armada. Leur chef est à présent mort, mais il semblerait que deux de ses "officiers" ressortent leurs têtes de l'eau.

Grâce à mon réseau d'informateurs, je parviens a composer le numéro de l'un d'entre eux. Le denden met longtemps à sonner quand enfin quelqu'un décroche.

« Salut ! Je m'appelle Ragnar, ce nom te parle-t-il ? Suis-je bien avec le dénommé Reyson ? »

D'un naturel presque provocateur mais habituelle, j'entame la discussion.

« Une gonzesse ?... »

Je réfléchis quelques instants avant d'enchaîner les bourdes dont moi seul ai le secret. Reyson est accompagné de cette femme pirate, celle qui se transforme en dragon... Comment qu'elle s'appelle deja ? Izy ? Izyou ? Izya, pardieu !

« Ne serait-ce pas la dénommée Izya ? Reyson ou toi, ça m'importe peu à vrai dire. On nn'se connaît pas encore mais ravi de savoir en vie, héhé. Ça fait quoi d'avoir un empereur sur le cul ? »

C'est pas comme ça que je vais me faire des potes. Devrais-je plutôt aller droit au but pour éviter toutes dérives ?

« J'appelle pour un arrangement. Un espèce de commun accord, si tu préfères. Pour conserver un équilibre dans le monde, il me semble essentiel qu'Armada perdure avec des pirates suffisamment dignes pour montrer l'exemple aux petites merdes et éventuellement massacrer les crevures. Un ménage interne n'a jamais fait de mal. »

Qu'est-ce que je raconte bordel ?

« Je suis prêt à vous soutenir avec tous les moyens que j'ai à disposition. Mais pour cela, j'aurais besoin d'un petit service... Ok, disons plutôt d'un gros service. »

Elle en a du caractère la petite. Si à l'occasion on se rencontre, j'espère qu'elle oubliera ce court instant.

« Il a même un très gros problème avec cette notion de respect, dit Suelto en arrière-plan. »

Ce n'était vraiment pas la peine d'en rajouter une couche.

« Vous n'êtes pas sans savoir que Jonas Mandrake est emprisonné. Après de nombreuses recherches, plus ou moins dangereuses, j'ai enfin obtenu sa localisation. La révolution, menant de nombreuses autres actions toutes aussi importantes les unes que les autres, s'est permise de me confier cette lourde tâche tout en me guidant. J'ai donc un peu les pleins pouvoirs mais tout l'effectif dont j'aurais besoin. »

C'était l'introduction.

« En gros, si vous me prêtez mains fortes, je promets de vous être redevable lorsque la situation sera délicate de votre côté. Je me suis légèrement renseigné, c'est pas facile de votre côté non plus. Formons une sorte d'alliance. Tant qu'il n'y a pas d'esclaves ou civils tués, c'est bueno pour moi, héhé. »

Je dois apprendre à ne pas rigoler comme un guignol quand on parle de choses sérieuses.

Un pauvre et bête pirate ? Seul un idiot croirait à ce mensonge. Il semble cela dit avoir déjà coopérer avec la révolution et donc pas spécialement contre l'idée.

« En effet, toutes les forces révolutionnaires dont j'ai besoin ne me sont pas actuellement disponibles. C'est pourquoi, je suis persuadé de pouvoir mener à bien cette opération avec l'aide de l'armée d'Armada. »

Et j'esquisse alors un sourire qui se diabolise au fil des instants.

« Je crois comprendre que Teach beigne pas mal dans le commerce d'esclaves et d'autres saloperies du même genre... Les empereurs contribuent à l'équilibre de ce monde aux yeux du Gouvernement, et leur puissance est telle que ce même gouvernement n'ose pas trop les titiller, sans quoi ce monde serait plongé dans une guerre totale. »

Mon poing se ferme, toutes mes dents sont visibles.

« Vous savez quoi, camarades ? Cet équilibre de merde... Je veux y mettre fin. Après cette bataille pour libérer Jonas, ce n'est pas une protection que je vous offre, mais l'occasion de prendre votre revanche et éventuellement pour l'un d'entre vous de récupérer une place vacante. »

C'est dit.

« Pourquoi ? De très nombreux esclaves seront libres, j'aurais éventuellement au moins un allié fraîchement promu empereur, et l'équilibre de ce monde sera perturbé. Je ne peux t'en dire davantage par cette voie de communication, Reyson. »

Si notre conversation est sur écoute, jespere que ces merdes sont en train de se chier dessus, car même en connaissant mon plan il est peu probable qu'il puisse y faire quoique ce soit.

« Mes coordonnées sont déjà en route. Si cette proposition t'intéresse, je t'invite à me rejoindre "là-bas" dans deux semaines. »

Une fois l'appel terminé, j'expire un bon coup. Néanmoins, je ressens une terrible pression qui se tient derrière moi. Mes deux gardes du corps, Suelto et Yumi, assez déconcertés par mes propos tenus.

« - Donc monsieur compte défier un empereur, rien que ça, reprend Suelto de manière désespérée.
- Tu n'te vois pas trop grand, captain ? demande Yumi.
- Fermez-là un peu, dis-je pour calmer la situation. »

À travers la fenêtre de ma cabine, j'observe cette belle journée ensoleillée.

« - C'est ambitieux. Cependant, Armada sera à la fin de cette bataille bien plus puissante qu'elle ne l'est actuellement. Teach est un des cancers de ce monde, il faut l'éliminer, car ses activités commencent sérieusement à m'ennuyer d'un point de vue éthique. Un pirate ne doit pas forcément être mauvais, c'est du moins ce que je pense. Armada nous le démontrera, j'en suis certain.
- Il picole bien là-bas ? demande Yumi.
- Et d'où te vient une telle confiance pour ces types ? question plus pertinente émanant de Suelto.
- Des connaissances rencontrées sur Armada.
- Ça m'paraît pauvre comme éléments, captain.
- Laisse, Yumi, Ragnar est un idiot. Et admettons que l'on ressorte vivant de cette mission suicide pour libérer Mandrake, que l'on mette fin à la carrière de Teach, que comptes-tu faire après ?
- Détruire M...»

À la sortie de ces deux mots composés, les deux hommes sont complètement décomposés. Aucune parole ne parvient à sortir, sous le choc.

« Tu ne diras rien mais tu écouteras avec beaucoup d’attention, c’est ça ? Tu es certaine de vouloir me laisser lui parler ? Bien que je te rappelle qu’il n’y a rien entre elle et moi. Alors ?

Soit. »

Une fois le numéro intégré, il manquait plus qu’à attendre la fin du classique bulululu, en espérant ne pas tomber sur un denden-répondeur. Parce que si c’était le cas, il me faudra la rappeler, et j’aurais une nouvelle fois droit à ce regard inquisiteur d’Izya juste derrière mon dos. Car oui, bien que je ne la voyais pas, je devinais le très bien.

« Allo ? Aoi ? J’ai un petit souci. Rapport que je suis de retour, mais que toi tu as fait le contraire : manque un bout d’Armada et même un autre Libre Capitaine. Tu as des explications pour tout ça ? Allo ? »

Hum? Je reconnais cette voix. Ça fait si longtemps que je ne l'ai pas écouté. La première fois que ce timbre particulier me sifflait dans les oreilles remontait aux Projet N... Autant, la mélodie reste la même, autant, le contenue des paroles sonne différente. Reyson aurait changé à ce point? Où est passé la chaleureuse entente qu'on avait?

— R... Rey... Reyson?! Quel plaisir de te savoir en vie! Après Thriller Bark, je n'avais aucune idée comment tu t'en étais sorti... Tout s'était déroulé si vite que tout le monde s'était dispatché aux quatre coins du monde. Je me faisais un peu d'inquiétude te concernant, tu comprends? Et tu as des nouvelles d'Izya?

Ce bon vieux Reyson... Je le croyais réellement mort. Après tout, c'est lui qui avait achevé le combat contre Maria. Je suis vraiment heureuse qu'il soit encore de ce monde. Je suis tellement émue que j'en oublie presque de répondre à sa question. Je reprends ma respiration. Armada? Libre Pirate? Hum?? Il doit probablement être au courant des événements antérieurs...

— Alors pendant que je reprenais du poil de la bête, pendant que je m'efforçais à devenir moi-même, pendant que je ne faisais qu'affermir ma stature, toi, toi tu te planquais? C'est bien cela, mon cher Reyson? Moi aussi je demande des explications, vois-tu.

Il n'y a rien de mal à remettre les points sur les "I". J'attends de voir sa réaction. D'une certaine manière, je pourrais vérifier s'il s'agit bien du vrai...

« Hum… Ouais, c’est bien ça. Je me planquais. Je voulais abandonner la piraterie et ce combat incessant perdu d’avance. Comme plusieurs après la mort de Red, je suppose. »

Et alors ? Avec tout ça elle n’avait pas répondu à ma question. Et c’était à moi de lui donner des explications ? Soit. Si elle m’envoyait la balle, j’allais la lui rendre avec les intérêts. Et évidemment, ce n’était aucunement parce que j’étais sous l’étroite surveillance d’Izya qui m’avait déjà fait une grosse crise de jalousie à cause d’Aoi par le passé. Bien sûr que non…

« J’avais raccroché, mais j’avais laissé Armada en l’état et mon cadran continuait de tourner à l’accoutumée. Tandis que toi tu as fui en amputant Armada de l’un de ses membres, en estropiant l’héritage de Red, et en prime en capturant un autre Libre Capitaine. Si ce n’est l’avoir tué ?
Du coup, c’est bien ça. Je me planquais, mais sans porter atteinte à l’intégrité d’Armada, et je suis même de retour.
A toi la balle ma chère Aoi. Parce que si mon retour n’a pas été très bien vu de la part de nos bons concitoyens, je te laisse imaginer ce qu’ils pensent de toi. »

Un léger regard vers Izya, l’air de dire : t’as vu comment je gère ?

Tu gères au poils mon chéri. Mais comme j'ai promis de me taire, je ne dirais rien. Je me contente de sourire, tout en était assise dans mon fauteuil, les jambes croisées et les doigts de mes mains se rejoignant devant moi comme n'importe quel méchant savoure le déroulement fructueux d'un plan machiavélique.

Mais je suis sage, et je ne vais pas jusqu'au rire mesquin.
De toute façon, si elle dit un seul mot de travers, la sentence sera de la retrouver et de lui faire la peau.

Mais bon, je suppose que je dois attendre qu'elle fasse une erreur pour qu'on en arrive a un scénario de ce genre...

Décevant. Qui peut bien me l'avoir changé? Que je me fasse une joie de lui faire la peau... Le visage sombre, le sourire à l'envers, je reprends calmement.

— Tu me rabâches le même discours que les Neuf Flibustiers ou les Usuriers, Reyson... Je n'ai aucun compte à rendre à qui que ce soit. Red m'avait donné les Précieuses. Et bien, qu'il y a t-il de mal à gérer ce que je possède? Que ce soit Malatesta ou l'Ancêtre, ils t'ont probablement fait croire que je suis partie avec de mauvaises intentions. Seulement, ce n'est pas le cas. Le détachement de mon cadran aurait dû être sans encombre s'ils ne m'avaient pas envoyé Tomoe me barrer la route.

Je déteste qu'on fasse des idées reçues sur moi. Alors venant d'un ami, ça me laisse un goût amère. Peut-on dire que nous sommes toujours alliés? Après tout, c'est Red qui nous unissait...

— Demande aux autres Libres Pirates quelles étaient mes véritables arrière-pensées. Loin d'Armada, les Précieuses peuvent jouir d'une meilleure prospérité. Un pacte de non-agression et commercial sont clairement envisageables. Les seuls à blâmer sont les deux Guildes qui se disputent sans cesse la tête de la citadelle. Ils bafouillent ce que Rossignol avait mis en place: une escale pour hors-la-loi où la Paix et la Liberté sont respectés. C'est ce que j'ai fait. La voilà l'explication de la disparition des Précieuses. Mon bien. Pour ce qui est de la Sirène, je suppose que tu veux lui parler?

Il serait vraiment fort dommage de se quereller pour si peu. Au contraire, je ne cherche qu'à m'entourer de personnes respectables. J'espère qu'au moins il arrive à comprendre ça.

« D’abord c’est à toi que je veux parler, Aoi. »

La Sirène viendra après, et probablement avec Izya.

« Tu trouves cela étonnant que ton départ soit mal vu, et qu’on t’ait obstrué le passage ? Les Précieuses peuvent jouir d’une meilleure prospérité loin d’Armada ? Dis plutôt que tu fuis la revanche impériale.
Les deux guildes sont à blâmer, soit. C’est pour cela qu’avec Izya nous tâchons de mettre en place un conseil des Libres Capitaines pour que seuls nous avons droit au chapitre concernant l’héritage de Red. »

Nous avons d’ailleurs essuyé leur première riposte quant à notre initiative. Quelques tentatives d’assassinats, entre autre.

« Nous essayons de remettre l’héritage de Red sur le droit chemin.
Et toi, qu’as-tu fait ? Tu le divises. Tu nous divises ! Armada qui se scinde suite à la défaite contre un Empereur ? Tu prouves au monde entier qu’Armada est vulnérable et tu ouvres ainsi la porte à d’autres intéressés pour nous attaquer.  
Et comment devrions-nous réagir ? Applaudir ton départ, et ainsi autoriser tous les Libres Capitaines d’en faire de même à la moindre menace ? Donner notre approbation pour la destruction du souvenir de Rossignol ?
Nos lois sont claires. Chacun gère son cadran à sa guise, c’est vrai. Tu peux donc régenter les Précieuses d’Armada comme bon te semble. Mais en déménageant le cadran, ce dernier n’est plus un cadran d’Armada, et donc cette loi ne s’applique plus. Pour le conseil que nous cherchons à former et pour Armada même, tu deviens une déserteuse, une mutine et une traîtresse. Te laisser faire signifie accorder cette possibilité à chacun. Sauf qu’Armada n’est pas un moulin que l’on peut quitter dès que les choses ne nous conviennent plus. On se doit d’être un minimum uni. Partir avec les Précieuses, c’est affaiblir le reste d’Armada. C’est porter atteinte à Armada, et par conséquent aux autres Libres Capitaines.
Et tu sais comment nous traitons ceux qui nous attaquent. Cette loi-là peut très bien s’appliquer…
Alors, chère Aoi, à présent que nous sommes d’accord sur ce point : que ton départ coûte à Armada et ne peut donc être toléré, ou en tout cas gratuitement, comment comptes-tu dédommager le conseil des Libres Capitaines pour ce que tu as fait ?
De plus, crois-tu que parce que tu es partie, tu ne crains pas les représailles de l’Empereur ? »

J’avais pourtant souvenir qu’elle combattait vigoureusement dans la bataille, et son pouvoir est bien trop visible pour qu’elle soit passée inaperçue.

J'essaie de me défendre, de me justifier. Je n'aurais pas dû décrocher ce combiner de malheur. J'ai l'impression de parler à un Juge borné plus qu'à un ami... Je lui réponds sur un ton plus dur tant ce débat commence à m'agacer. Je ne demande qu'à être tranquille et tout ce que je récolte n'est que des réprimandes ou des accusations.

— Tu crois que je n'ai pas essayé de faire bouger les choses sur Armada pendant ton absence? Après notre défaite catastrophique sur Thriller Bark, je suis la première des Libres Pirates à avoir tenté de raisonner les Usuriers et les Neuf Flibustiers pour laisser de la marge aux citoyens. Ils se sont moqués de moi. Et comme je ne voulais pas créer de mauvaises histoires, je me disais que je n'avais plus rien à faire avec qui que ce soit sur cette île...

Je marque une petite pause et je reprends.

— Tu me reproches d'avoir divisé Armada. Mais, ta non-présence n'est-elle pas une forme de division également? Sans toi, sans Izya, sans Clotho, à mon retour de notre défaite, les citoyens commençaient à perdre le lien qui nous unissait. Avant que les deux satanées Guildes ne reprennent le contrôle, l'anarchie régnait. J'avais besoin de toi pour mettre de l'ordre, mais tu ne me laissais même pas te voir. Sybil me disait que tu avais préparais ton mystérieuse voyage et que c'était plus urgent pour toi. Je n'ai pas chercher à te bousculer et acceptant ton choix. Personne ne me soutenait. Il fallait bien que je prenne une décision pour les Précieuses.

— Je refusais de prendre le contrôle de l'île entière même si j'en avais le potentiel, car je respectais encore l'héritage de Red. Selon toi, qu'aurais-je dû faire alors? Laisser le seul bien qui reste de Rossignol dans le chaos? J'aurais dû patienter le temps que tu reviennes alors que j'ignorais dans combien de temps tu allais revenir? Ce qui est fait est fait. Je n'ai aucune raison de faire revenir les Précieuses, maintenant. Si tu réponds effectivement aux noms de tous les autres Libres Pirates, alors je te pardonne. Et toi?

Je n'ai jamais voulu causer du tord à Armada. Loin de là. Et personne ne comprend ça.

— Maintenant que tu es de retour, tu prétends avoir géré les problèmes qui concerne la base même d'Armada. Je te crois et je m'en réjouis. J'espère simplement que ton appel n'est pas personnel, quoi que je l'aurais préféré pour parler d'autres choses. Mais ne viens pas me parler de mutinerie. Le concept d'Armada est d'être libre de venir et de partir avec ou sans nos biens. Et comment peut-on parler de traîtrise alors que j'ai renoncé à ce titre? Je ne vis plus pour Armada, mais pour les Précieuses. Cela n'empêche pas une entente quelconque, mais visiblement le message ne passe pas.

La conversation me fatigue. Jamais j'aurais cru devoir me justifier autant avec Reyson. Serait-il sous l'influence de quelqu'un d'autre? Le Malvoulant l'aurait-il attraper pour me forcer à sortir? Hum, peu probable...

— Tu as raison. Après la défaite, j'avais peur des représailles. Et c'est normal. Toi aussi tu crains la présence de Teach sur Grand Line d'où ta longue absence, me tromperais-je? Alors oui, je n'aurais peut-être pas dû quitter Armada avec cette idée qu'il me retrouve et me tue, mais je ne peux pas corriger le passé. Il n'y a rien de plus normal que de tenir à la vie plus que tout, hein? J'imagine que tu t'accrochais au peu qu'il te restait quand tu étais à Impel Down. Là, c'était pareil. Non seulement j'épargne aux habitants des Précieuses des représailles funestes, mais en plus, je leur assure un avenir meilleur. Comme ni toi ni Izya ou un autre ne me soutenait, je me suis débrouillée pour trouver des alliés et même des plus inhabituels, figures-toi.

— Dis-toi qu'avec deux îles du gabarit d'Armada en constance mouvement, il y aurait moyen de gagner en puissance. De s'entre-aider. Je ne crois pas en la division, mais en la manœuvre stratégique.

Je suis sûre d'avoir fait ce qu'il y avait de mieux pour les Précieuses, pour Armada et pour moi. Ça s'apparente à de la lâcheté, mais j'y vois vraiment un meilleur futur autant pour mon île que la sienne.

— Un trou, ça se rebouche. Si tu tiens absolument à ce qu'il soit comme neuf, alors je me porte garent pour y parvenir en guise de ma bonne fois. J'espère que tu n'as pas oublié que je tiens parole. Mon pillage à Alabasta sera si rentable qu'il pourra largement combler le vide que j'ai laissé derrière-moi. Qu'en dis-tu?

« Je te pensais plus courageuse Aoi… Ils se sont moqués de toi et tu es donc partie ? »

En fallait-il si peu pour déstabiliser la « Reine Rouge » ?

« Je m’excuse de ne pas avoir donné suite à tes approches, mais je ne crois pas que mon absence justifie à elle seule ton manque de solution. Pour ma part, je suis parti, c’est vrai. Ca n’était pas pour fuir Teach. J’ai mes raisons qui sont autres.
Mais mon quartier est demeuré en l’état, et il continuait de fonctionner à l’accoutumée malgré ma présence. Je n’ai reçu aucune plainte à mon retour. »

Pas des membres de mon quartier en tout cas. Ou très peu. Après tout : les guildes avaient bien du mal à étendre leur influence sur mon cadran car je possédais le plus fort taux de loyauté pour une simple et bonne raison : la définition même de mon quartier. Mes hormones leur offraient une nouvelle vie et les guildes n’avaient aucune alternative à proposer. J’étais nécessaire à mes concitoyens, et ils ne pouvaient donc me tourner le dos, quand bien même je le leur tournais.

« Et des moqueries, nous y avons eu droit nous aussi. Mais tu es une pirate non ? Tu sais comment se règlent les affaires dans notre monde. Nous avons écopé des tentatives d’assassinats, mais nous sommes toujours là. Nous les forçons à abdiquer selon les préceptes de la piraterie. Selon ce que nous sommes : une cité de pirates.
Mais dis-moi, les raisons pour lesquelles tu es partie ne sont plus, et je ne t’entends pas parler de ton retour. Es-tu certaine de tout me dire ? »

Non. A la place elle avouait avoir refusé de soumettre Armada par la force mais qu’elle souhaitait former une seconde île toute aussi grande où elle règnerait en maître. Pourquoi ne pas avoir pris Armada dans ce cas ? La vie était-elle toute rose sur sa fameuse île ? Et alors qu’elle devait se racheter, elle proposait même une alliance ?

« Parce que tu penses pouvoir payer pour rembourser ta trahison ? Tu nous prends pour quoi ? Des pirates ?
Ah… Bah oui, ça se tient.
Alors dis-moi, Aoi, à combien élèves-tu la somme de ton départ ? »

Après tout, il y avait les biens matériaux dont elle nous avait dépouillé, mais aussi d'une pirate dont la prime avait bien augmenté...

Vivre comme une pirate n'est pas évident. C'est un choix, certes, mais ça ne me met pas à l'abri de tout. N'importe qu'elle erreur, qu'elle soit volontaire ou non, peut être fatale. J'ai plus l'impression qu'on me fait un procès qu'une conversation prise de nouvelle. On peut parler de trahison quand on donne un coup de poignard dans le dos. Je n'ai à aucun moment décider de les prendre en traitre. Au moment où je suis partie, Libre Pirate n'avait plus de sens, mais maintenant que Reyson et Izya reprennent la main, peut-être que ça peut valoir le coup de revenir.

— Si vous me demandez de la matière première, j'en fournirais. Si vous me réclamer de la main d'œuvre, je vous en procurais et si vous souhaitez simplement que je revienne, alors je le ferais... À condition qu'on ne me blâme pas pour l'erreur que j'ai faite. Si vous trouvez que j'ai encore ma place à Armada, alors pourquoi pas?

Je suis fatigué par la conversation. Je n'ai rien à offrir pour le moment à part la promesse d'un gain beaucoup plus grand. J'espère qu'ils sauront êtres patients et comprendre. J'ai besoin d'alliés pour mon pillage, de toute manière. S'ils viennent, ils se serviront d'eux-mêmes.