Parfois, on faisait de très bonnes découvertes au réfectoire de la Marine. Je mangeais tranquillement avec mes subalternes tout en discutant -enfin, en beuglant surtout- de notre voyage infructueux sur Tanuki et de ma nécessité de plus en plus urgente de rencontrer un forgeron digne de ce nom. Pour quelles raisons ? Je… Je ne les savais pas vraiment moi-même, mais j’avais cette impression que, dans un futur proche, j’allais avoir besoin de toutes les options possibles à ma portée… Même les plus extrêmes. D’après mon grand-père, ces lames pouvaient découper des forêts entières, et même le vent… Je n’étais pas forcément convaincu, mais des sabres qui coupaient ne pouvaient être que plus efficace que des sabres qui ne coupaient pas… Une logique implacable.
C’était à ce moment-là qu’un collègue, ayant entendu la conversation, vint nous demander si on connaissait le Commandant d’élite Yamamoto Kogaku. Alors que j’allais lui répondre d’un non un peu hésitant parce que ça me disait un petit truc, Iban -le médecin de la bande- fit limite tout l’état de service de cet homme de tête, effrayant un peu toute l’assemblée. Après un long silence qui suivit l’exposé, l’autre gradé enchaîna sur le fait que ce membre de l’élite possédait une forge sur Shimotsuki et que, d’après les retours des clients, les personnes, là-bas, faisaient du très bon boulot…
« M’ouais, pourquoi pas. Merci ! Je lui fis un petit signe de tête et il repartit. Vous en pensez quoi, les gars ?
- J’en pense qu’la dernière fois, j’ai failli y perdre la tête… Donc c’est sans moi.
- ‘Azy Nick, me laisse pas en plan… J’vous rappelle de ce qu’il s’est passé quand vous m’aviez abandonné ?
- Trouillard, murmura Juno dans son verre d’eau.
- De quoi ?!
- T’as bien entendu… M’sieur est commandant, mais il fait dans son froc quand il doit se balader sans ses hommes… Elle est bien belle, la Marine !
- Espèce d’enc- !
- O-on se calme ici, s’imposa timidement le médecin en se levant. Ch-chef, lâchez ce verre s-s’il vous plaît… V-voilà. Mais je re-rejoins l’avis de Ju-Juno, vous ba-baladez seul vous fera le p-plus grand bien. Il n’y a p-pas de raison que ça t-tourne mal, encore.
- M’ouais… ‘Faites chier quand même les gars. J'pensais qu'on était pote... Et, toi, insistai-je en pointant mon bras droit avec ma fourchette, tu vas prendre cher quand je vais rentrer. »
Même s’il faisait le fier en apparence, l’argenté ne mena pas très large et finit son plat dans un lourd silence.
Deux jours plus tard, seul, abandonné par mes frères, en uniforme, je me retrouvai sur les quais de cette île d'East Blue, bastion de l’enseignement du sabre et de ces valeurs. Une chose qui m’avait étonné lorsque je venais à peine de poser un pied-à-terre était que deux autres membres de la Marine, plutôt des soldats de garde, m’interpellèrent pour me fouiller. Ce qu’ils recherchaient ? Toute arme à poudre. Même si je savais qu’elles étaient interdites, j'ignorais que même les forces de l’ordre devaient se plier à cette règle. Heureusement pour moi, je n’en portais pas, m’ayant un peu renseigné un peu sur les coutumes avant de partir en voyage… Enfin, j’avais vaguement écouté la thèse de mon subordonné entre deux somnolences. Il pouvait être tellement chiant quand il ramenait sa science. M’enfin, je serais déjà mort sans lui, donc je le pardonnais.
Lorsque je pus enfin sortir du poste de sécurité, je demandai l’emplacement de cette fameuse forge et le chemin pour y arriver. Je les remerciai d’un petit signe de tête, enfournai les mains dans mes poches et suivis les indications sans faire d’écart cette fois-ci. La dernière fois que je m'étais permis de papillonner, la route s’était mise à exploser… Plus jamais ça, plus jamais. Mais je ne pouvais m'en empêcher : je flânai un peu, histoire de visiter un peu le coin. Eh bien, ça changeait pas mal de Boréa ! Au revoir la pierre et bonjour le bois en tout genre ! L’atmosphère était plus chaude, plus accueillante. En tout cas, ce village ne manquait pas d’animation : des colporteurs, des crieurs et surtout, des danseurs. Ca sentait bon…
Quand bien même l’envie d'explorer un peu plus me titillait l’esprit –notamment les dojos-, je n’étais pas là pour faire le touriste, mais pour un but précis. Je secouai très légèrement la tête alors que j'achetais une brochette de poisson et me remis en route, laissant en plan la petite dame avec sa brochette dans la main. Il ne me fallut qu’une dizaine de minutes, en marche lente, pour me retrouver devant le panneau « Forges Yamamoto & Co : à la bonne lame ». Je me stoppai devant, observant la devanture qui ne sortait pas du lot, puis mon regard se posa sur mes katanas. Un petit pincement au cœur me fit légèrement grimacer, ma main droite attrapa l’un des pommeaux et le serra… Maintenant que j’étais là, était-ce vraiment la bonne chose à faire ? Même si j’étais persuadé d’en avoir le besoin, je ne pouvais m’empêcher de me dire que j’avais encore besoin de temps pour… Mûrir. Ce n’était pas quelque chose à prendre à la légère… En descellant les lames, un serment tacite se faisait : je dédiai mon corps et mon âme en la cause à laquelle je croyais. Ah, si on me disait que j’allais prêter allégeance à la Marine quand j’étais encore petiot… Je n’en croirai pas un piètre mot.
Bon, allez… Fallait se lancer. Je pris une très longue inspiration, remis mon uniforme alors que celui-ci était parfaitement apprêté -Au bout de la cinquième fois que j’y touchais, aussi- et, rassemblant toute mon assurance, je posai lourdement ma main sur la poignée de la porte afin de l’ouvrir.
C’était à ce moment-là qu’un collègue, ayant entendu la conversation, vint nous demander si on connaissait le Commandant d’élite Yamamoto Kogaku. Alors que j’allais lui répondre d’un non un peu hésitant parce que ça me disait un petit truc, Iban -le médecin de la bande- fit limite tout l’état de service de cet homme de tête, effrayant un peu toute l’assemblée. Après un long silence qui suivit l’exposé, l’autre gradé enchaîna sur le fait que ce membre de l’élite possédait une forge sur Shimotsuki et que, d’après les retours des clients, les personnes, là-bas, faisaient du très bon boulot…
« M’ouais, pourquoi pas. Merci ! Je lui fis un petit signe de tête et il repartit. Vous en pensez quoi, les gars ?
- J’en pense qu’la dernière fois, j’ai failli y perdre la tête… Donc c’est sans moi.
- ‘Azy Nick, me laisse pas en plan… J’vous rappelle de ce qu’il s’est passé quand vous m’aviez abandonné ?
- Trouillard, murmura Juno dans son verre d’eau.
- De quoi ?!
- T’as bien entendu… M’sieur est commandant, mais il fait dans son froc quand il doit se balader sans ses hommes… Elle est bien belle, la Marine !
- Espèce d’enc- !
- O-on se calme ici, s’imposa timidement le médecin en se levant. Ch-chef, lâchez ce verre s-s’il vous plaît… V-voilà. Mais je re-rejoins l’avis de Ju-Juno, vous ba-baladez seul vous fera le p-plus grand bien. Il n’y a p-pas de raison que ça t-tourne mal, encore.
- M’ouais… ‘Faites chier quand même les gars. J'pensais qu'on était pote... Et, toi, insistai-je en pointant mon bras droit avec ma fourchette, tu vas prendre cher quand je vais rentrer. »
Même s’il faisait le fier en apparence, l’argenté ne mena pas très large et finit son plat dans un lourd silence.
Deux jours plus tard, seul, abandonné par mes frères, en uniforme, je me retrouvai sur les quais de cette île d'East Blue, bastion de l’enseignement du sabre et de ces valeurs. Une chose qui m’avait étonné lorsque je venais à peine de poser un pied-à-terre était que deux autres membres de la Marine, plutôt des soldats de garde, m’interpellèrent pour me fouiller. Ce qu’ils recherchaient ? Toute arme à poudre. Même si je savais qu’elles étaient interdites, j'ignorais que même les forces de l’ordre devaient se plier à cette règle. Heureusement pour moi, je n’en portais pas, m’ayant un peu renseigné un peu sur les coutumes avant de partir en voyage… Enfin, j’avais vaguement écouté la thèse de mon subordonné entre deux somnolences. Il pouvait être tellement chiant quand il ramenait sa science. M’enfin, je serais déjà mort sans lui, donc je le pardonnais.
Lorsque je pus enfin sortir du poste de sécurité, je demandai l’emplacement de cette fameuse forge et le chemin pour y arriver. Je les remerciai d’un petit signe de tête, enfournai les mains dans mes poches et suivis les indications sans faire d’écart cette fois-ci. La dernière fois que je m'étais permis de papillonner, la route s’était mise à exploser… Plus jamais ça, plus jamais. Mais je ne pouvais m'en empêcher : je flânai un peu, histoire de visiter un peu le coin. Eh bien, ça changeait pas mal de Boréa ! Au revoir la pierre et bonjour le bois en tout genre ! L’atmosphère était plus chaude, plus accueillante. En tout cas, ce village ne manquait pas d’animation : des colporteurs, des crieurs et surtout, des danseurs. Ca sentait bon…
Quand bien même l’envie d'explorer un peu plus me titillait l’esprit –notamment les dojos-, je n’étais pas là pour faire le touriste, mais pour un but précis. Je secouai très légèrement la tête alors que j'achetais une brochette de poisson et me remis en route, laissant en plan la petite dame avec sa brochette dans la main. Il ne me fallut qu’une dizaine de minutes, en marche lente, pour me retrouver devant le panneau « Forges Yamamoto & Co : à la bonne lame ». Je me stoppai devant, observant la devanture qui ne sortait pas du lot, puis mon regard se posa sur mes katanas. Un petit pincement au cœur me fit légèrement grimacer, ma main droite attrapa l’un des pommeaux et le serra… Maintenant que j’étais là, était-ce vraiment la bonne chose à faire ? Même si j’étais persuadé d’en avoir le besoin, je ne pouvais m’empêcher de me dire que j’avais encore besoin de temps pour… Mûrir. Ce n’était pas quelque chose à prendre à la légère… En descellant les lames, un serment tacite se faisait : je dédiai mon corps et mon âme en la cause à laquelle je croyais. Ah, si on me disait que j’allais prêter allégeance à la Marine quand j’étais encore petiot… Je n’en croirai pas un piètre mot.
Bon, allez… Fallait se lancer. Je pris une très longue inspiration, remis mon uniforme alors que celui-ci était parfaitement apprêté -Au bout de la cinquième fois que j’y touchais, aussi- et, rassemblant toute mon assurance, je posai lourdement ma main sur la poignée de la porte afin de l’ouvrir.