- Rhétalia ?! Vous vous foutez de moi ?
Les mots manquèrent cruellement de tranchant aux oreilles même de Jaros, englué qu'il était dans ce reste de nausée qui refusait de partir. Il avait décidément des difficultés avec la navigation; le jeune homme pouvait se consoler devant le constat d'une certaine amélioration, cependant. Après tout, il n'avait vomi que lors du passage de la Flaque. Indéniablement cependant la pleine mer le laissait encore et toujours dans un triste état.
Cela devait faire plus d'une semaine et demie de voyage, à présent. Un voyage à la destination précise, le royaume de Bliss, avec ses chantiers navals particulièrement actifs. Jaros se méfiait des petits boulots dans la plupart des îles, à présent, un endroit avec une telle renommée, et surtout bien éloigné de la mafia de North Blue, lui avait paru un excellent candidat, au vu de ce qu'il recherchait. *Puis rien qu'à se souvenir de l'escale à Poiscaille... Certains travaux sont à éviter.* Les marchands propriétaires de la caravelle qu'il avait emprunté jusqu'ici lui avaient en revanche joué un sale tour...
- Valoonia, le plus gros port d'Rhétalia. C't'une colonie de Bliss, mon gars. Nous, on a fait not'compte, hein Alissa ?
- Fait et bien fait, ouaip'. On t'a même offert le seau y'a pas deux jours quand t'es mis à dégobiller, alors hein !
Géloss et Alissa, marchands itinérants, se fendirent ainsi d'une réponse désinvolte. De drôles d'énergumènes, et accessoirement d'une physionomie si proche qu'on les aurait crû - détail vite dérangeant lorsqu'on savait qu'ils étaient un couple - frère et sœur. Avec le même corps en barrique soutenu par des jambes grêles et écartées, le même cou comme un tronc surplombé d'un visage trapézoïdal au nez bulbeux et aux petits yeux ronds. Jaros, irrité, se contint cependant; ils n'avaient pas tort, après tout. Lui avait payé contre leur engagement à les amener à "un des ports de Bliss", ce qui techniquement était bien le cas. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même pour ne pas avoir été suffisamment clair et attentif. *Je suis jeune, m'enfin me prendre aussi peu au sérieux, c'est... Bon, passons. Au moins ils sont bienveillants.*
- Bon, eh bien alors bonne chance à vous. Vous repartez dans trois jours, c'est bien ça ?
- Ouaip' mon gars, trois ! On te f'ra une ristourne si jamais, faut bien s'entraider hein ! Pas vrai Alissa ?
- Ouaip' ! Pis t'es un bon garçon, alors hein. M'enfin on va pas traînasser, hein Géloss ? Bonne chance !
- Bonne chance mon gars !
Sur ces paroles, les deux marchands retournèrent à leurs occupations, hélant les employés qui déchargeaient leur bateau, et Jaros s'éloigna. Le port de Valoonia était particulier en cela qu'il s'enfonçait dans la ville par le bras de fleuve en provenance des hauteurs de l'île. Les entrepôts se déployaient ainsi sur tout une série de terrassements à flanc de colline, et une myriade de grandes grues - actionnées par de grandes roues à bras - permettaient de monter et descendre les marchandises. Conjointement à des méthodes plus orthodoxes, bien sûr, les allées et les quais étaient bondés de chariots en tout genre. Jaros dût bien admettre qu'à défaut d'être où il l'aurait voulu, il se trouvait dans un lieu bien actif, même dans un petit matin grisonnant comme celui-ci.
Le jeune homme n'était en revanche pas venu pour le plaisir des yeux et le malaise de l'estomac. Il venait chercher du travail. Du travail - qui paie bien de préférence - qui, parfois était beaucoup demander pour un jeune homme à la rue, et Jaros en avait bien conscience, mais il allait bien devoir tenter de rentabiliser le trajet. A défaut de lui avoir coûté cher, venir jusque South Blue prenait du temps, temps qu'il allait devoir rattraper maintenant. Ses réserves s’amenuisaient à nouveau, bien qu'il ne soit pas encore dos au mur. *J'espère que je n'ai pas fait tout ce trajet pour des prunes, tout de même.*
Il n'était pas vraiment dans de beaux draps non plus. Ses vêtements, délavés par la poussière et les intempéries, usés presque jusqu'à la trame à force d'être portés, faisaient triste mine. S'il avait encore de l'argent en poche et le ventre plein, le corps de Jaros racontait à qui voulait bien le regarder les jours de jeûne qui émaillaient systématiquement ses semaines depuis plusieurs années. Il était cependant propre et en forme - du moins tant qu'il n'était pas en pleine mer -, ce qui était bien suffisant pour un vagabond. Du moins c'est ce qu'il avait fini par penser, autant par dépit que par réalisme. Suffisant pour convaincre un potentiel employeur, c'était toute la question...
*J'ai pris l'habitude des travaux physiques de toute façon, m'étonnerait que ça change ici...* Jaros avait la chance d'être bien plus fort que son gabarit ne pouvait le laisser penser, plus fort finalement que tous les ouvriers qu'il avait pu croiser jusqu'alors. Le jeune homme n'était pas assez présomptueux pour se considérer exceptionnel - rien que le souvenir de l'entrevue avec la fille Manicelli aurait suffi à lui donner humilité - mais il se savait au moins hors du commun. Restait à trouver à qui le faire valoir. Faisant craquer ses articulations, le vagabond s'engagea dans la foule des quais, l’œil à l’affût de tout ce qui pourrait se montrer intéressant pour lui.
Les mots manquèrent cruellement de tranchant aux oreilles même de Jaros, englué qu'il était dans ce reste de nausée qui refusait de partir. Il avait décidément des difficultés avec la navigation; le jeune homme pouvait se consoler devant le constat d'une certaine amélioration, cependant. Après tout, il n'avait vomi que lors du passage de la Flaque. Indéniablement cependant la pleine mer le laissait encore et toujours dans un triste état.
Cela devait faire plus d'une semaine et demie de voyage, à présent. Un voyage à la destination précise, le royaume de Bliss, avec ses chantiers navals particulièrement actifs. Jaros se méfiait des petits boulots dans la plupart des îles, à présent, un endroit avec une telle renommée, et surtout bien éloigné de la mafia de North Blue, lui avait paru un excellent candidat, au vu de ce qu'il recherchait. *Puis rien qu'à se souvenir de l'escale à Poiscaille... Certains travaux sont à éviter.* Les marchands propriétaires de la caravelle qu'il avait emprunté jusqu'ici lui avaient en revanche joué un sale tour...
- Valoonia, le plus gros port d'Rhétalia. C't'une colonie de Bliss, mon gars. Nous, on a fait not'compte, hein Alissa ?
- Fait et bien fait, ouaip'. On t'a même offert le seau y'a pas deux jours quand t'es mis à dégobiller, alors hein !
Géloss et Alissa, marchands itinérants, se fendirent ainsi d'une réponse désinvolte. De drôles d'énergumènes, et accessoirement d'une physionomie si proche qu'on les aurait crû - détail vite dérangeant lorsqu'on savait qu'ils étaient un couple - frère et sœur. Avec le même corps en barrique soutenu par des jambes grêles et écartées, le même cou comme un tronc surplombé d'un visage trapézoïdal au nez bulbeux et aux petits yeux ronds. Jaros, irrité, se contint cependant; ils n'avaient pas tort, après tout. Lui avait payé contre leur engagement à les amener à "un des ports de Bliss", ce qui techniquement était bien le cas. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même pour ne pas avoir été suffisamment clair et attentif. *Je suis jeune, m'enfin me prendre aussi peu au sérieux, c'est... Bon, passons. Au moins ils sont bienveillants.*
- Bon, eh bien alors bonne chance à vous. Vous repartez dans trois jours, c'est bien ça ?
- Ouaip' mon gars, trois ! On te f'ra une ristourne si jamais, faut bien s'entraider hein ! Pas vrai Alissa ?
- Ouaip' ! Pis t'es un bon garçon, alors hein. M'enfin on va pas traînasser, hein Géloss ? Bonne chance !
- Bonne chance mon gars !
Sur ces paroles, les deux marchands retournèrent à leurs occupations, hélant les employés qui déchargeaient leur bateau, et Jaros s'éloigna. Le port de Valoonia était particulier en cela qu'il s'enfonçait dans la ville par le bras de fleuve en provenance des hauteurs de l'île. Les entrepôts se déployaient ainsi sur tout une série de terrassements à flanc de colline, et une myriade de grandes grues - actionnées par de grandes roues à bras - permettaient de monter et descendre les marchandises. Conjointement à des méthodes plus orthodoxes, bien sûr, les allées et les quais étaient bondés de chariots en tout genre. Jaros dût bien admettre qu'à défaut d'être où il l'aurait voulu, il se trouvait dans un lieu bien actif, même dans un petit matin grisonnant comme celui-ci.
Le jeune homme n'était en revanche pas venu pour le plaisir des yeux et le malaise de l'estomac. Il venait chercher du travail. Du travail - qui paie bien de préférence - qui, parfois était beaucoup demander pour un jeune homme à la rue, et Jaros en avait bien conscience, mais il allait bien devoir tenter de rentabiliser le trajet. A défaut de lui avoir coûté cher, venir jusque South Blue prenait du temps, temps qu'il allait devoir rattraper maintenant. Ses réserves s’amenuisaient à nouveau, bien qu'il ne soit pas encore dos au mur. *J'espère que je n'ai pas fait tout ce trajet pour des prunes, tout de même.*
Il n'était pas vraiment dans de beaux draps non plus. Ses vêtements, délavés par la poussière et les intempéries, usés presque jusqu'à la trame à force d'être portés, faisaient triste mine. S'il avait encore de l'argent en poche et le ventre plein, le corps de Jaros racontait à qui voulait bien le regarder les jours de jeûne qui émaillaient systématiquement ses semaines depuis plusieurs années. Il était cependant propre et en forme - du moins tant qu'il n'était pas en pleine mer -, ce qui était bien suffisant pour un vagabond. Du moins c'est ce qu'il avait fini par penser, autant par dépit que par réalisme. Suffisant pour convaincre un potentiel employeur, c'était toute la question...
*J'ai pris l'habitude des travaux physiques de toute façon, m'étonnerait que ça change ici...* Jaros avait la chance d'être bien plus fort que son gabarit ne pouvait le laisser penser, plus fort finalement que tous les ouvriers qu'il avait pu croiser jusqu'alors. Le jeune homme n'était pas assez présomptueux pour se considérer exceptionnel - rien que le souvenir de l'entrevue avec la fille Manicelli aurait suffi à lui donner humilité - mais il se savait au moins hors du commun. Restait à trouver à qui le faire valoir. Faisant craquer ses articulations, le vagabond s'engagea dans la foule des quais, l’œil à l’affût de tout ce qui pourrait se montrer intéressant pour lui.
Dernière édition par Jaros Hekomeny le Jeu 21 Juin 2018 - 16:06, édité 1 fois