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Dead Mood II

Ils n'avaient pas fière allure à se bâfrer comme ils le faisaient au milieu de la faune de l'Akooda-bar qui, elle, n'était pourtant déjà pas bien reluisante. Pour les trois Blattards ainsi attablés, ce ragoût épais et sans saveur avait le goût du caviar. Si on aurait pu les croire rescapés d'un naufrage, il n'en était rien. Contraints de quitter Myriapolis dans la précipitation, Joe et consorts n'avaient pas même eu le temps de faire quelques emplettes, ne serait-ce que pour s'approvisionner.
Bien que le stock de nourriture fut en principe suffisant pour la semaine de traversée qu'ils avaient subit, c'était sans compter sur les capacités de gestion du cafard. À bord, ils avaient ramené six esclaves du royaume arachnéen - constituant une des raisons pour laquelle leur départ s'avéra pour le moins subit - et, afin de s'assurer que la marchandise ne dépérisse pas au cours de la traversée, Greed avait décidé que la pitance reviendrait en priorité à tout ce qui portait des chaînes et avait vocation à être vendu aux enchères. «Le jeûne fait très bien ressortir tes pommettes», «On ne voit presque plus tes bourrelets», «Manger, toujours manger... vous êtes si matérialistes mes pauvres enfants», tout y était passé pour justifier auprès de ses subordonnés la privation de nourriture durant sept jours. Lui n'en avait cure, son métabolisme conféré par le fruit du scorpion lui permettait de tenir sans manger ou boire des semaines entières.

Cela dit, puisque rien n'était trop beau pour son équipage, il avait dépensé sans compter - ou si peu - afin de les nourrir dès leur arrivée. Près de cinq-mille berries furent investis. Une somme folle quand on connaissait ses tendances à la parcimonie excessive dans la dépense de ses ressources financières. Du ragoût second choix servit à profusion et l'engeance blattarde revenait à la vie.
Entre deux bouchées de son repas infect mais nourrissant, Rowena émit quelques réserves quant à leur santé retrouvée.

- Capitaine, je crois que Mahach a attrapé le scorbut.

Sans trop - ni même un peu - se sentir concerné pour la vie de son premier matelot, Joe raclait le fond de son assiette pour ne pas perdre une goutte de sa becquetance.

- Ch'est bien, ch'est bien. *gulp* C'est comme la varicelle, faut l'attraper quand on est môme et après on en est débarrassé.

Il n'était pas nécessaire d'avoir un regard médical particulièrement affûté pour observer que le punk virait anémique outre-mesure. La scientifique de la bande commanda des citrons derechef en comprenant bien qu'elle ne pourrait rien attendre de son capitaine ou même du malade qui semblaient agir comme si de rien était.

- Dis Joe, Croq'dur y va pas crever comme ça à fond d'cale sans rien avoir becqu'té d'puis une semaine ?

Sévère mais juste, quoiqu'un peu rancunier, Joe avait confiné le poiscaille de son équipage dans le quartier des esclaves du navire. L'avoir eu sur le dos sur Myriapolis n'avait que trop irrité ses nerfs et surtout manqué de causer leur perte à plusieurs reprises.

- Mais non. S'il avait si faim que ça, il aurait fini par s'auto-cannibaliser depuis le temps.

Logique imparable pour un sociopathe de premier ordre. Sociopathe qui venait de laisser sur la table une assiette si propre qu'elle scintillait. Il fallait croire que la radinerie le poussant même à rentabiliser jusqu'à la dernière goutte de ragoût avait aussi ses vertus.
Le cafard en était maintenant à se balancer sur sa chaise, cure-dent enfoncé jusqu'aux molaires à regarder Mahach manger des citrons avec la peau.

- Bon, messieurs... qu'est-ce t'as à encore grogner Clown ? Il est temps de causer avenir.

Déglutissant ses agrumes en affichant un visage renfrogné, le punk se ravisa après avoir avalé pour lui répondre dard-dard :

- Si c'est pour me causer mariage Joe, j'suis flatté mais j'ai déjà une situation hahaha !

Scorbut ou pas, Mahach fut récompensé de sa remarque par une assiette en terre cuite venue s'écraser contre son nez. Ceci étant fait, Greed put en revenir aux choses sérieuses rapidement. Rares seraient les occasions où ils pourraient discuter posément sans qu'Elijah ne vienne les gêner à tout bout de champ, il fallait donc rentabiliser ce temps précieux qu'il avait présentement à disposition. Avec Joe, il fallait toujours rentabiliser.

- Bon, à l'ordre du jour, faudra qu'on revoie le Jolly Roger et ensuite qu'on discute investissements.

Telle une éclipse solaire, cette occasion de pouvoir mendier quelques accommodations aux frais de la princesse ne se représenterait pas avant le siècle prochain.

- Et discuter de la redistribution du butin ?

Certains, certaines surtout, aimaient tirer le diable par la queue. Celle du cafard était réputée pour être gorgée de venin.

- Non, non... J'ai décidé à l'unanimité que ça allait très bien comme ça.

- Si vous avez décidé tout seul capitaine, alors ne n'est pas à l'unan....

Rowena ne poursuivit pas sa remarque bien que celle-ci relevait du bon sens. Il y avait dans le regard du cafard une incitation claire à ne pas persévérer dans ses doléances. Cela se manifestait par une lueur terne dans des yeux plissés surplombant un nez retroussé et quelques spasmes nerveux pour agrémenter le tout. Scientifique de renom, Rowena savait pertinemment qu'il n'était pas sage d'agiter un flacon de nitroglycérine pour voir si cela faisait des bulles. Il n'y aurait donc pas revendication sociale chez les Blattards et c'est la mort dans l'âme que le punk garda dissimulée sa banderole syndicale.

- Alors, j'écoute ce que vous avez à me....

- AH OUAIS ?! TOI.... *hips* TOI T'ES ROI ?!! Eh bah... eh bah dans c'cas bah... moi j'suis pape Wahahahaha ! Quesse tu dis d'ça ?!

- UN PEU QUE J'SUIS ROI *burp* Dis-lui Floyd, dis-lui à l'aut' commandeur des croyants d'mes deux comment que j'suis bien une majesté et tout.

Big Willy, patron de la bicoque et ancien marine réajusta ses lunettes noires avant d'abattre violemment ses deux énormes pognes sur le bar qui le séparait des zouaves.

- Ça fait trois fois que je te dis que je m'appelle pas Floyd. Appelle-moi comme ça encore une fois... juste une fois...

Il était inutile de conclure la menace quand on dépassait le quintal et demi. Joe s'imaginait que la salutaire intervention du taulier suffirait à faire descendre en gamme les poivrots du dimanche, mais ceux-là haussèrent le ton, aussitôt repartis à déblatérer sur un certain «Molotov».
Ce que l'on concevait bien s'énonçait clairement, et on ne concevait bien qu'à condition que personne ne dégueule des ramassis d'inepties à hauteur de 120 décibels le tout à deux mètres de ses oreilles. Puisque concevoir il fallait, Greed quitta sa chaise, les yeux rivés sur l'irritant duo. Il leur fondit dessus lentement, comme savourant le chemin qui le mènerait à un état silence prononcé qu'il savait acquis dans quelques secondes.
Tirith, le plus petit du tandem était encore celui qui braillait le plus fort en dépit de sa constitution de vieillard chétif. Son casque à cornes semblait aussi bon marché que la jambe de bois bouffée par les mites qui pendait le long du tabouret sur lequel il était assis. À côté de lui, Kola le toisait de haut derrière ses lunettes de soleil. Il avait le profil de ces vieux-beaux misant sur le paraître à défaut d'être vraiment. Coiffure improbable, musculature taillée artificiellement grâce aux haltères, la superficialité débordait de chaque pore de ce pape autoproclamé.
Ils jactaient, ils éructaient, rien autour d'eux ne semblait avoir d'importance si ce n'était leur godet qu'ils remplissaient avec une assiduité exemplaire. Mais sous peu, le cafard saurait tempérer leur manque de savoir-vivre. On n'entendrait bientôt plus leurs insanités d'ivrognes. La confrontation avec le corsaire était imminente, fatale. Sans crier gare, ce dernier fit interruption entre les deux compères et leur adressa cette requête qu'ils n'auraient jamais soupçonné, mettant fin à des heures de beuverie insouciante.

- Excusez-moi, vous pourriez parler moins fort s'il vous plaît ?

Tout capitaine corsaire qu'il fut, cela ne sembla pas intimider les deux hommes. Il leur en fallait plus qu'un freluquet de sa stature venu leur chier dans les godasses pour les impressionner. Il voulait le silence, eh bien il allait voir ce qui arrivait quand on avait le culot de leur intimer le silence.

- Ouais, bien sûr. S'cusez-nous, on n'avait pas fait attention.

Sur cette joute, Greed s'en alla retrouver ses camarades afin de reprendre où ils en étaient restés.

- Et alors, ça vient ces putains de suggestions ?!
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- On organise une vente aux enchères pour le meitou ! On va s’faire du bif !

- … si je puis me permettre, c’est super con.

- Mahach, mon cher Mahach… siffla Joe en ondulant toujours sa queue de scorpion dans son dos. Si on s’est fait suer à récupérer ce couteau de cuisine, c’est PAS pour le céder au premier pignouf qui passe. C’est pour faire la cuisine, couper le saucisson, tartiner le bord. CAPICHE ?

- Oui capitaine…

- J’AI PAS ENTENDU !

- OUI CAPITAINE !

BLAM !

Mahach se vit alors plaqué de force contre sa pitance luisante par la queue de scorpion du Cafard, sous un élan de jurons. Fort heureusement pour le malheureux, il avait déjà terminé sa viande et ses légumes bouillis, s’épargnant plusieurs morceaux collés sur son visage ou ses cheveux. Il se redressa en insultant son capitaine de tous les noms et, boudant intensément, décida de partir vers le comptoir avec quelques piécettes pour demander une nouvelle pinte… et une serviette. Le Cafard s’en retourna vers la seule femme de son équipe, qui continuait de garder le silence.

- Et madame Je-sais-tout ? Elle a rien à dire ?

- Un bastion.

- … pardon ?

- C’est ma suggestion.

- Développe…

- Vous n’avez pas de place forte, de quartier général. Pourtant, pour un Corsaire ça en jette. Vous êtes Greed, Satoshi était le maître de Juicy Berry.

- J’en sais quelque chose oui.

- Alors il me semble parfaitement logique que notre équipage investisse un lieu pour y établir notre forteresse. Il n’est pas question de conquérir une île, ne nous ennuyons pas et profitons de la présence de la Marine et du Gouvernement Mondial quelque part pour amorcer des travaux avec leur aval.

- Mais… on y ferait quoi ? Le principe c’est qu’on voyage en bateau, je vois pas ce qu’un quartier général vient faire là.

- Et bien, il est grand temps que l’on ait des locaux dignes de ce nom, une base d’opérations. Ne serait-ce que pour stocker ce qui nous est inutile, mais j’ai également besoin d’un véritable laboratoire pour développer et rechercher des…

- Aaaaah… Mais fallait commencer par là, tu veux TON labo. Tu t’en fous du reste, avoue ?

- Pour être honnête, oui. Mais le principe d’un centre d’opérations, c’est qu’on y mène des opérations.

- Hm, c’est pas bête tout ça… c’est pas bête…

Joe semblait pensif, levant le nez pour fixer le plafond en se mettant à réfléchir. Autour d’eux, les autres soiffards avaient la mine baissée dans leurs tords-boyaux et leurs bols de gruaux. Une officière Marine, assis sur une banquette au fond de la salle, dégustait tranquillement un plat plus délicat avec une coupe de vin tout en lisant un roman. La seule touche dénotant au milieu de ce décor lugubre et brutal. Leur capitaine avait l’air convaincu par l’idée, mais délivrée de but en blanc comme ça demandait préparation. Peut être qu’il avait déjà eu implicitement cette idée et qu’il attendait juste qu’on la mette sur la table ? Mahach revenait la mine basse, toujours sur les dents après sa baignade en sauce poivrée, entre ses mains un verre de rhum fort.

- Bon on fait quoi ? On bouge ? On s’fait chier ici...

- Pour aller où ? On a pas de bastion.

- On a le bateau.

- Si on avait un bastion, on aurait un toit plus confortable qu’un rafiot à esclaves avec un homme-poisson drogué complètement stupide.

- Mais qu’est-ce que tu racontes encore comme daube ?!

- Si on avait un bastion tu n’aurais pas à me supporter car j’aurais mon laboratoire, toi tu aurais ta fange et ton abreuvoir à cochons, et on se croiserait pas. Même Joe aurait pas à te croiser.

- MAIS D’OU TU PARLES COMME CA ?!

- Ok c’est bon ça vaaaa, t’as gagné. Il nous faut une place forte.

- Qu’est ce qui t’as fait changer d’avis ?

- Le coup de l’abreuvoir et de pas le croiser.
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- Tch. Bande de cons !
- Pardon ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité !
- QU’EST CE QUE T’AS DIT ?!
- La vérité ! Avant d’avoir un bastion, faut penser à nos couleurs ! On a même pas d’Jolly Roger ! Bande de pirates à la p’tite semaine !
- “Corsaire”, d’abord !

- Eh bien, vas-y, propose ! Toi qui est si intelligent.

Mahach croqua dans un de ses citrons avant de grimacer et d’engloutir une rasade de rhum. Puis il sortit une étoffe noire de son sac posé en vrac sur sa table qu’il tendit pour la montrer aux deux autres Blattards.

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- Imaginez ça avec “Blattard” écrit par dessus.
- Un crâne de chat ... barbu ?
- C’EST UNE HYÈNE !
- JAMAIS DE LA VIE ! JE VAIS TE LE FAIRE BOUFFER PAR LE C... !
- BAS LES PATTES, SALE GROUILLANT !
pestifera Mahach en roulant en boule dans son sac son ancien drapeau. Et pis vous savez quoi ? Vous m’tapez sur l’système. J’vais prendre l’air. DÉMERDEZ-VOUS !
- C’est ça, ouais ! Fuis dans les jupons de ta mère !

- Je ne savais pas que le scorbut jouait sur la sensibilité. Il faudra que je le note.
- Tu vois, il n’y a pas forcément besoin de bastion pour ne plus le voir.
- Certes, mais je ne vais pas stocker indéfiniment ces informations sur le Terrier.

Sac sur le dos, le punk claqua la porte du rade non sans finir son rhum arrangé avec des quarts de citron et non sans brandir un doigt d’honneur envers son capitaine. Après quelques pas furieux, il donna un coup de poing dans la cloison de l’établissement et s’enfonça dans la gueule pierreuse du requin.

Dans une ruelle guère plus loin, il se laissa tomber en s’adossant à la paroi d’une maison, sa main gauche griffant la peau de son crâne, l’autre le sol.

- Fais chier, bordel ! FAIS CHIER ! FAITES TOUS CHIER !

Quelque chose le contrariait visiblement. Perdu dans ses pensées, sa main droite s’était machinalement fermée en un poing serré qui désormais martelait le sol. De sa poche, il sortit un objet qui ne le quittait jamais : un escargophone à crête majoritairement violette et orné d’un collier. Il le fixait avec appréhension et déglutissait avec peine. Finalement, il ferma les yeux et souffla un coup.

- Allez, accepte ! J’t’en supplie !

Purupurupuru ... Purupurupuru ... Purupurupuru ... Katcha !


- Qu’est ce que tu veux ?


La tête du punk tomba de dépit tant la question tenait de l’invective directe et froide. Il le savait. Il savait qu’elle saurait que c’était lui, et il savait qu’il ne serait pas bien reçu. Et pourtant, il s’était heurté à ce mur comme si de rien n’était. Il connaissait également la réponse de son interlocutrice, mais il se devait d’avancer et de lui poser cette question. A cet instant, il misait tout sur cette maigre chance qu’elle lui réponde par l’affirmative, parce que tant qu’il ne lui avait pas posé, il ne pouvait pas être certain de sa réponse.

- Chérie, je ...
- T’es désolé, je sais. Comme à chaque fois. Et pourtant, à chaque fois tu recommences.


Ce n’était pas un simple mur, c’était un mur de glace avec des stalactites horizontales qui le transperçaient à chaque impact.. Ses mains commençaient à trembler, et des larmes perlaient sous ses paupières inférieures. Il savait que l’autre escargophone transmettait ses émotions, mais le regard de celui qu’il tenait dans sa main restait dur. Dur et froid. Cela le peinait encore plus.

- Spica, mon coeur, j’t’en prie, Liam et toi, rejoignez-moi à Gueule-de-R’quin !

Aucune réponse. Ca aussi il l’avait prédit mais le redoutait. En effet, sa femme et son fils laissés à Innocent Island courraient un potentiel danger. Il était resté en contact avec un orphelin de l’île qui l’avait averti d’un éventuel danger, mais s’il s’était résigné à intervenir pour ne pas créer davantage de problème à sa famille. Il avait passé une annonce pour qu’une âme charitable vienne s’en charger contre rémunération, mais en vain, encore à cet instant. Il n’avait pas osé en parler à sa moitié qui ne l’aurait certainement pas cru et il ne pouvait pas lui parler de son annonce. Il savait qu’elle n’aimait pas qu’il manigance dans son dos. Elle n’aimait pas paraître faible à ses yeux, nidépendre de qui que ce soit.

- Non. Et tu sais très bien pourquoi.
- Oui, ça m’empêch’ra pas d’partir encore une fois, mais tu sais toi aussi que j’tiens pas en place ! Laisse-moi courir jusqu’à c’que j’en ai marre et je r’viendrais ici, à la Gueule de R’quin !
- Non Mahach, non. Déjà, toi tu peux revenir sur Innocent Island parce que je ne peux pas me permettre de laisser ces enfants seuls.
- Qu’ils viennent alors !
- Non Mahach ! Je ne cèderai pas à tes capr...
- Mais on aura un fort rien qu’à nous ! A nos couleurs ! Et crois-moi qu’aucun connard n’osera s’attaquer aux Blattards ! J’en crève à t’savoir seule !
- Alors toi rejoins-moi ! Rejoins-nous !
- J’p... J’peux pas !
- Ton ... Notre fils a deux ans et demi passés Mahach ! Combien de temps t’a-t-il vu ? Sept mois ! Sept mois sur plus de trente-et-un !


C'était l'argument qui faisait forcément mouche. Il avait alors posé l’escargophone pour sa main gauche vienne serrer son crâne au niveau des tempes. Il pleurait. Il pleurait de frustration. Il aurait voulu, encore une fois, comme il le faisait beaucoup auparavant, hurler de tout son coeur. Mais aujourd’hui, il ne le pouvait pas.

- Tu peux pas m’faire ça ... Tu peux pas m’faire ça ...
- Je suis désolée Mahach, mais moi aussi j’ai des plans.
- Tu sais que, malgré tout, s’il vous arrive quoi que ce soit, j’red’viendrai celui que j’ai été.
- Je me doute. Moi aussi je ...
- MAIS J’VAIS P’T ÊTRE CREVER ! J’VAIS P’T ÊTRE CREVER DU SCORBUT, MERDE !
- Si c’est encore une de tes excuses foireuses ...
- MAIS NAN ! Non ! J’te promets mon coeur ! J’te promets !
- Moi aussi je t’aime et je suis tout aussi désolée mais ...
- Alors pourquoi tu m’...


Gotciao


Elle n’avait pas raccroché d’exaspération, mais par peur. Par peur de craquer. Et elle ne pouvait pas se le permettre. Pas par fierté, mais pour aider les enfants qui avaient besoin d'elle. C'était ce pour quoi elle était faite depuis quelques temps. Elle avait monté son propre orphelinat !
Mais il l’ignorait. Il ignorait tout cela, subitement anéanti et pétrifié par ces adieux trop rapides et trop crus. Il n’avait pas vu son escargophone écraser une larme qui détrempa le sol à l’endroit de l’impact.
Il voulait crier, mais il en était incapable. Tout ce qu’il faisait, c’était répéter “Tu peux pas m’faire ça ...” tout doucement, le corps complètement relâché, comme si plus rien ne l’animait.

***


Mahach entra avec fracas dans le vieux boui-boui où campaient les siens qui ne manquèrent pas d’être interpellés par son arrivée malgré leur dispu... leur discussion à propos du bastion.

- T'ÉTAIS PASSÉ OU ?
- Oh, cette tête ... Tu as pleu...
- MAIS OUI, YA-HIN-HIN ! IL A CHIALÉ ! IL A CH...

Le regard noir qui fusillait le Cafard le stoppa net dans sa moquerie. A la seconde qui suivit, le punk l’attrapa par le col, et avant que celui-ci ne parvienne à dégainer un de ses mousquets, le crêtu plaqua violemment sa main sur celle de son capitaine, avant de lui cracher, les yeux dans les yeux, à deux centimètres de son visage :

- Si t’as une once d’instinct de survie, et dieu sait qu’les cafards en ont, ferme ta gueule.

Greed déglutit avec peine, sachant pertinemment qu’il ne gagnerait pas à ce petit jeu là puis Mahach regagna sa chaise dans laquelle il s’enfonça tout comme il s’enfonçait dans le mutisme. Un seul regard suffit au tavernier pour qu’il comprenne qu’il devait remplir sa chope sans broncher. Alors il cuva son rhum en silence mais en son for intérieur, il bouillonnait. Il était comme un missile, un missile prêt à exploser au moindre choc mais aussi un missile qui ne demandait qu’à être lancé et dirigé. Seul, il aurait explosé aveuglément. Mais au moins, il aurait assouvi son envie de dévastation pour se purger de sa frustration.

Et puis les deux autres Blattards reprirent enfin leur commérage, après s’être assurés d’être ni vus ni entendus par la bombe à retardement crêtue :

- Tu crois qu’il t’a écouté ? Qu’il a été pleurer dans les jupons de sa maternelle ?
- Peut-être. Mais tu vois, on s’entoure de gros bras pour qu’ils nous obéissent au doigt et à l’oeil, mais ils se mettent à réfléchir ! Même ça, simplement obéir, ils n’en sont pas capables !

Rowena porta alors son index noueux recourbé à son menton.effilé.

- En parlant de colosse instable, tu ne t’inquiètes pas pour Croquette ? Ca fait un moment maintenant ...
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Imaginez, le monde et ses diverses espèces vivantes, z'avez vu ? Alors, approchez-vous un peu et regardez toutes les îles de Grand Line. C'est bon ? Maintenant, cherchez la quatrième voie de la Route de Tous les Périls, et trouvez l'île que l'on nomme ''La Gueule de Requin''. Vous l'avez, cette Gueule de Requin ? Bah dans cette gueule, imaginez tous les ports, tous, mais prenez en qu'un, celui où mouille le navire des funestes Blattards, z'êtes dessus ? Approchez encore vos sales trognes, et imaginez dans ce rafiot, une petite cale. Et dans cette petite cale, imaginez juste un petit homme-poisson, un piranha, qui s'est enfin libéré de ses entraves et becte tranquillement une jambe, bonne chair fraîche. Un petit piranha, qui murmure entre deux bouchées, revanchard.

J'emmerde Joe... j'emmerde les Blattards... les fourmis... les araignées... les libellules... les licor

Oups, non, pas touche aux licornes, c'est sacré ! J'en ai gros sur la patate, cette chiure d'animal pourri au venin m'a balancé en fond de cale durant des jours, j'sais même pas combien exactement tant ça m'a paru long mais j'ai l'impression que cela fait une vingtaine ! J'ai perdu la notion du temps, plusieurs fois les pédales et surtout, je crève la dalle. Ces fumiers, tous plus salopards les uns que les autres, m'ont laissé mourir de faim sans même m'apporter un bout de gras à me caler sous la dent, rien. J'ai eu tout le temps d'imaginer de quelle façon j'allais leur faire payer ce coup de salope, pensez bien. Maintenant, y'a des priorités dans la vie. Quand vous avez rien graille depuis des lustres, votre premier réflexe, d'autant plus lorsque vous êtes un carnivore dans mon genre, c'est de déchirer le jugulaire du premier pecnot venu !

J't'en foutrais moi des séjours à la cave... 'culé de sociopathe...

Assis en tailleur au beau milieu des corps déchirés et démembrés des défunts esclaves qui séjournaient ici, je profite de mon repas dans la pénombre d'un lieu que j'ai hais tout au long de ma captivité. Dans une main, une moitié de jambe sanguinolente. Dans l'autre, une tête encore abondante d’hémoglobine dont je bois le contenu pour me désaltérer.

A la santé du Capitaine, pir-rah-rah-nah...

***


J'vais t'dire un truc l'affreux, ça fait vingt fois que j'la pose c'tte question. Six fois que j'me fais envoyer chier, six que j'insiste et que je me fais péter la gueule, et trente fois qu'on me donne une putain de mauvaise direction, alors sois gentil, réponds-moi, et répond juste.
Du coup ça ne fait pas vingt fois au total...
...


En toute réponse à sa brillante remarque, j'ouvre grand la gueule, lui dévoile mes mâchoires impitoyables et à qui rien ne résiste et lui déchire la gorge. Il a peut-être cru j'avais le temps ou la patience pour un peu d'humour, je sais pas. Ou alors il s'est dit que j'étais un petit rigolo qui aimait rire de tout et perdre mon temps. Il va avoir tout le temps de réfléchir à sa connerie maintenant qu'il est crevé cet enfant de chiasse. Il a pas du faire gaffe que je passais une putain de mauvaise journée, ça doit pas être assez visible. Je me suis foutu sur la gueule autant de fois que j'ai de doigts, et j'ai perdu autant de fois. Y sont coriaces les gens ici, et pas disposés pour un berry à te filer gratuitement une information du genre ''Y SONT OU CES PUTAINS D'ENFOIRES DE BLATTARDS DE MES DEUX ! RAH-NAH !'' ou aussi ''JOE BIUTAG, TU CONNAIS ?! BAH MOI AUSSI ALORS DIS-MOI OU J'PEUX L'TROUVER POUR LUI ENFONCER LE TRONC DE SA PETITE COPINE EN FOND DE RECTUM !''

Chaque fois, et je sais pas pourquoi, sans doute qu'ici les habitants sont pas serviables, ils m'ont dit d'aller me faire foutre. Et quand j'ai forcé, j'ai ramassé...


***


Cette sale tanche peut bien crever la faim sur le bois de la cale de MON rafiot, je m'en contrefous, ça lui apprendra à me prendre pour un con ! ''J'ai jeté les clés que j'ai piqué dans la poche de Joe'', abruti de mérou ! On a tous failli y passer à cause de sa débilité ! Qu'il reste encore deux ou trois semaines à réfléchir à sa

La porte d'entrée de l'Akooda-Bar claqua si violemment contre la cloison qu'elle fit cesser toute discussion dans la foulée, d'innombrables paire d'yeux imbibés d'alcool se tournèrent alors vers l'auteur de cette arrivée remarquée.

COUCOU C'EST MOI. (Désolé mon vieux pour la porte, avec le vent j'ai pas réussi à la retenir...)
Tant que c'est pas cassé.


Fiouu, ce que ça peut causer fort un géant ! C'est la première fois que j'en croise un, et franchement quand je suis tombé sur ce truc à l'entrée du bar, j'y ai réfléchis à trente-six fois avant d'entrer. Il fait peur, il me foutrait une claque qu'il séparerait ma tête des épaules et s'en servirait comme d'une bille. J'y suis allé en ambiance prudence, et une fois devant le malabar aux proportions démesurées, j'ai fait ce que je faisais de mieux. IM-PRO-VI-SA-TION. C'est passé crème, en fait il est vach'ment cool le zigue, capable de te fracturer les os d'une pichenette, mais tranquille.

Reste pas planté là l'ami, viens donc poser ton cul écailleux où tu veux et te rincer le gosier avec quelques pintes. Et oublie pas de fermer la porte, ça caille dehors.
Oui monsieur.


J'obéis, y'a quelque chose dans sa voix qui impose le respect. Je renifle la salle, et fais le tri des odeurs. Ça pue la bière, le rhum, le whisky, la pisse, le vomi, la chiasse, le foutre, et même la bouffe qu'il faudrait être affamé d'une bonne semaine pour oser trouver ça mangeable. Je vois pas le trio de bras-cassés qui m'intéresse, mais alors que je marche au hasard dans la salle, une main se lève, rapidement rabattue par une autre. Trop tard, je les ai trouvé ! Joe aurait préferé passer inaperçu et que, déçu de ne pas les trouver, je foute le camp d'ici et cherche ailleurs. Eh bah c'est raté, merci Rowena.

Eeeeeenfiiiiin je vous ai trouvéééééé !
Yay... super... 'manquait plus que toi...
Croquette !
C'est moi !
Tu as réussi à te libérer ?
C'est vrai ça, très bonne question la grognasse, comment t'es parvenu à quitter la cale ?
Les rats ont grignoté les cordes, elles étaient pas très solides...
Saleté de rongeur à la con...
La faute à la radinerie de notre Capitaine qui refuse d'investir dans du matériel de qualité.
Le mètre de corde est à un prix exorbitant de nos jours...
Et les esclaves ? Les rats ont entamé leurs entraves aussi ?
AH NON ! PAS CA HEIN ! PAS MON POGNON !
Non non.
Ouf... Y'a encore une justice dans ce monde de chiens...


Y'a un truc lourd qui tombe alors sur la table autour de laquelle les trois sont assis, écrasant godets et assiettes, quelque chose d'épais et enveloppé dans des draps crasseux, qui retiennent à peine le sang de s'écouler. Un truc que je gardais attaché à mon dos par cette même corde bouffée par les rats et que j'ai ramené de là-bas. Les draps s'affaissent en même temps que je prends la parole.

Les esclaves, c'est moi qui les ai bouffés ! Pir-rah-rah-rah-nah !

Colis express, le tronc d'un des prisonniers ramenés de Myriapolis, encore frais, quelques coups de crocs par ici et là, mais quasiment intact. Je zyeute le Capitaine, un regard de défi sur le visage, la colère grondant au fond de ma gorge. Je lui sauterai bien au cou en cet instant, mais je préfère me marrer devant la gueule qu'il tire. Il va péter cardiaque le type.
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La démarche consistant à placer des têtes décapitées sur une table, au-delà du strict burlesque, s'inscrivait dans un cadre relativement macabre. Macabre et provocateur dans ce cas précis.
Lucide entre deux overdoses d'opiacés, Croq'dur avait finalement intériorisé que toute vie humaine aux yeux de son capitaine n'était estimable que par une approche marchande. Il y avait ceux qui lui rapportaient et ceux qui lui coûtaient, la seconde catégorie étant vouée à l'éradication de son bilan comptable. Occire six esclaves dont Greed avait déjà estimé le juste prix n'était pas le moyen le plus avisé pour entrer dans ses bonnes grâces. La notoriété publique prétendait que ce genre d'excentricité indisposait le cafard à toute forme de sympathie quand elle ne le menait à s'adonner à la frénésie meurtrière la plus salissante qu'il soit.

Joe avait les boules.

Bien évidemment, la vie de ces six demoiselles lui importait peu, seul le capital induit avait de la valeur. Capital s'étant volatilisé à compter de leur trépas. Il ne faisait pas bon lourder le Blattard en chef de six millions de berries.

- Je respecte ta décision Elijah.

Lorsqu'il employait des termes tel que «respect», «intégrité» ou «dignité», l'intonation de sa voix ne pouvait s'empêcher de sonner faux. Le cafard n'était pas homme à respecter son prochain pour quoi que ce soit ; le genre humain avait vocation à le servir ou le gêner. Une fourchette était susceptible de le servir, ce n'était pas pour autant qu'il devait ressentir le moindre respect la concernant. Ainsi en allait-il du paradigme philosophique de Joe Biutag dans son approche du monde.

- Je respecte cette volonté qui est la tienne de mettre fin à tes jours de la manière la plus brutale envisageable.

Et c'est le plus calmement du monde qu'il avait soustrait un mousquet de l'intérieur de son épais manteau de fourrure. Pensif alors qu'il insérait plusieurs balles de plomb dans la machinerie, il réfléchissait déjà aux modalités de torture qui devraient incomber à son homme d'équipage. Il en était à envisager le fait de devoir lui faire des transfusions sanguines afin le maintenir en vie le plus longtemps possible et savourer pleinement son agonie prochaine quand Big Willy décida de jeter sa vie aux orties.

- Pas de baston ici.

Sincèrement choqué qu'on ose se mêler de ses affaires, Joe afficha un visage outré et l'orienta en direction de la grosse bouille barbue du taulier de l'établissement.

- Maiiiiiiiis.... il n'était pas question de baston. On reste dans le cadre de la sanction disciplinaire tout ce qu'il y a de plus consensuel hin-hin.

Le ton était perfide, sifflant, le ricanement nerveux de fin suffisant d'ailleurs à achever le propriétaire dans sa conviction : un corsaire dans son bar lui vaudrait probablement de fermer boutique sous peu s'il ne s'imposait pas à temps.

- Pas de baston ici. C'est mon bar, ma propriété, je vais pas risquer de perdre tout mon gagne-pain et me ruiner parce que vous avez les glandes.
Croyez-moi bien cap'taine, j'ai bien saisi à qui j'avais affaire et je pourrais pas vous empêcher de faire ce que vous avez à faire quand v'vous affairerez à croiser l'fer, mais j'en appelle à vot' générosité.


Il y avait erreur sur la personne.

- Ou du tout du moins, je vous sers gratuit pour ce soir.

Voilà qui était autrement plus censé.
La sanction attendrait, la gratuité s'imposait. Celui qui prétendait que la musique adoucissait les mœurs n'avait manifestement jamais entendu parler du stupéfiant pouvoir de l'argent. Mousquet rangé - mais chargé - Joe mit ses différends de côté. Ce n'était pas un homme de principes, il pouvait faire taire bon nombre de ses convictions dès lors où on y mettait le prix juste.

- C'est la mort dans l'âme que j'accepte votre proposition mon cher monsieur. La mort dans l'âme, et avec votre meilleur pinard à ma table ya-hin-hin ! Régalez-vous messieurs mais arrête de grogner Clown, c'est usant à la fin, ça me fait plaisir de vous récompenser et ce, bien que vous n'en soyez pas dignes.

Ça lui faisait d'autant plus plaisir qu'un mécène finançait sa générosité. Toute forme de bonté chez le cafard ne pouvait s'exprimer que par procuration. S'y adonner sur ses deniers propres, en plus d'être inconcevable, lui procurait une douleur intense qui le prémunissait face à toute forme d'altruisme désintéressé.
Altruisme désintéressé. Il y avait là pour Joe une contradiction dans les termes.
Bien que la gratuité des services - et donc la ruine prochaine du propriétaire - fut mise sur le tapis pour convaincre Greed de ranger les tambours de guerre, ce dernier avait été néanmoins touché par le plaidoyer du maître des lieux. Joe ne comprenait que trop bien la douleur d'un homme à qui on attentait à son bien le plus précieux : sa propriété. C'est aussi par compassion, une compassion viciée bien entendu, qu'il avait accepté la requête.

- De toute façon, je l'ai toujours dit : on ne se bat pas dans une taverne, ça fait mauvais genre.

- Et la fois où tu m'as laissé pour mort dans l'bar des Allods après m'avoir tiré un pruneau dans l'genou ?

- Je ne vois honnêtement pas le rapport. Oh ! On nous sert hin-hin !

On leur servait non pas leurs consommations, mais un tribut pour les apaiser. Tels les divinités des peuples primitifs, les Blattards déversaient un torrent de colère sanglante dès lors où l'on avait le mauvais sens de ne pas les gratifier d'une offrande digne de ce nom. La seule raison pour laquelle Joe n'avait pas monté un culte à ce stade tenait au fait qu'il ne faisait pas un ecclésiastique très convainquant.

- Bien, où en étions nous ?....

Le piranha leva la main prestement comme soucieux de bien répondre à la question de la maîtresse. N'ayant pas suivi la discussion jusqu'alors, il était encore la personne la moins indiquée pour y répondre.

- Catipaine ! Tapicaine ! Pourquoi qu'il y a des têtes sur la table ?

Alors que venait de se conclure la douce sérénade du Blattard contrarié, sérénade qui tournait d'ailleurs à la marche funèbre, Elijah avait remis une pièce dans le jukebox. Pas par provocation ou par vice, simplement par négligence. La drogue qu'il ingurgitait en quantité immodérée avait parfois le don d'occasionner des pertes de mémoire malheureuses. D'autant plus malheureuses qu'elles provoquaient chez son capitaine des excès de rage intempestifs.
On commanda alors au patron sa meilleure corde pour lier rapidement le cafard à sa chaise, chaise qui tressautait au gré des spasmes de colère qui tenaillaient encore l'animal.

- Sa majesté Joe premier étant encore dans un état second pour le quart d'heure à venir...

- @&☻♫♣$§€☻☻☻ !!!

- ...je présiderai en attendant l'assemblattarde pourquoi a-t-on laissé le poisson choisir le terme pour décider des investissements à venir au profit de l'équipage. Quelles étaient les autres suggestions ?

- ♂►$$£@☻☻☻ !!

- Alors, je note.... un.... nouveau.... bâillon.... quoi d'autre ?

- On pourrait commencer par les locaux. Par exempl'... m'enfin j'dis ça...

Encore renfrogné pour une raison qui échappait à ses camarades et dont ces derniers se foutaient d'ailleurs ostensiblement, Mahach en était à vomir à l'envie ses faux airs blasés afin de signifier au mieux à quel point les turpitudes de son existence l'accablait. Contrarié mais taquin, il s'amusait pendant ce temps à présenter le verre de vin du cafard sous le nez de ce dernier qui ne pouvait s'en saisir,pour ensuite le boire à sa place. Chez les Blattards, la mesquinerie était contagieuse.

- #♦☼%µ☻☻☻ !!!

- Héhéhé...

Le projet fut avalisé par la femelle à cornes et l'opportunité de s'adonner à la chasse aux bonnes affaires immobilières ne tarda par à se profiler. Faisant irruption auprès d'eux, sa tête dépassant à peine de la table où était installée la fine équipe, Tirith LeRoy, qui s'engueulait il y a encore peu avec son comparse au comptoir se présenta à eux.

- Je n'ai pas pu m'empêcher d'remarquer que vous recherchiez un pied à terre dans le coin. Un truc à p'tit budget, ça vous intéresse ?

La première réponse qui lui fut objectée fut celle du capitaine.

- $£€¥₣¢₱☺☺☺ !!!

Quelque peu ébranlé par l'élan, la vivacité et surtout le caractère incompréhensible de ce qui était éructé par cette bête démente à casquette - heureusement solidement entravée par la corde qui l'unissait à son siège, le menu vieillard eut un léger mouvement de recul. S'il avait considéré la réponse comme une expression hostile du cafard, Rowena s'était empressée de compléter les propos de son capitaine.

- Ça veut dire «Oui».
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- ⟴⧫⠿❂✩ !!

- Un peu de calme, capitaine. Nous sommes presque arrivés. Je crois… Sommes-nous presque arrivés ? Quel est le facteur temps ?

- Le facteur j’sais pas j’attend pas de courrier. Mais on sera au terrain d’ici quatre minutes !

Ils avaient mis Joe sur une planche à roulettes pour le transporter, toujours attaché et bâillonné. Il gesticulait comme un poisson qu’on a sorti hors de son bocal, mais ses trois acolytes semblaient tous sourds à ses bruits à la fois plaintifs et hargneux. Rowena ouvrait la marche en suivant le vieillard boiteu tandis qu’Elijah poussait la chaise roulante de Joe, suivant un papillon du regard. Seul, Mahach marchait en retrait, à l’arrière du groupe. Il paraissait contrarié mais tentait de le cacher. Sans doute avait-il passé un mauvais voyage ? Ou alors une mauvaise nouvelle ? Rowena s’en fichait pour le moment, il avait ses problèmes. C’était un homme, il finirait par les régler seul, ou les oublier. Si elle avait bien appris une chose concernant Mahach, c’est qu’il suffisait de lui coller une bouteille de rhum entre les babines pour le calmer, comme un bébé avec son biberon.

- Et voilà mes p’tits. On est arrivés.

- Vous êtes sérieux ?

- Woooooh trop bieeeen !

-

- £ $ ¤ ## @ !!!

L’air salé de la mer leur picotait à tous le nez. Ils se trouvaient à présent devant un immense phare de briques rousses déteintes, maculées de mousse ou de branchages morts qui s’apprêtaient à tomber en lambeaux. Toutes les fenêtres du phare étaient brisés ou couvertes de poussière tandis que plusieurs cordages, poulies et échelles tanguait et craquaient avec la brise. Ce tas d'échafaudages servant sans doute pour colmater plusieurs brèches dans la structure paraissant moisi au point qu’il risquait de s’effondrer à chaque instant. En contrebas, une demeure cabossée tombait elle aussi en ruines. Même le pont pour accéder au phare était détruit, empêchant les Blattards d’aller plus loin. Les pauvres ne pouvaient même pas visiter le terrain qu’on leur avait promis…

La phare:

- Cette tour souffre d’un sacré manque…C’est indéniable.  

- Un manque ? Mais vous déraillez ?! Elle est majestueuse !

- Non non. J’ai dit que c’était indéniable. Donc taisez vous.

Mahach souffla avant de partir s’asseoir sur un rocher, toujours aussi bougon. Il regardait le seul d’un air renfrogné. La cornue trouvait étonnamment étrange qu’il n’ait toujours pas émis le moindre son, ni la moindre insulte. C’était bien étrange, lui qui avait la langue toujours acerbe… Rowena se décida alors à consulter l’avis de la seule personne apte à parler jusqu’alors : leur capitaine. Elle défit le bâillon serré autour de la bouche de Joe, et laissa alors ses cordes vocales s’exprimer…

- ENFOIRÉS ! SALOPARDS DE MUTINS DE MERDE ! ET C’TE PHARE C’EST DE LA …. # € % § ££ !

- Je vois. Rien de constructif.

Rowena ne chercha même pas à réfléchir, elle enfourna le chiffon dans la bouche du Corsaire pour l’empêcher de hurler à nouveau. La scientifique percevait bien qu’il serait remarquablement compliqué de calmer Joe, mais elle était sûre d’elle. Il fallait qu’il reste attaché à cette chaise cependant, du moins jusqu’à ce qu’ils arrivent à le calmer… Il fallait rejoindre le phare pour, au moins, visiter la structure avant de se décider à l’acheter. Joe devait rester attaché, il ne pourrait donc pas traverser. Le papy non plus, il avait une jambe en moins et ne pourrait pas aller bien loin, faute d’agilité. Non, les seules personnes qui pouvaient s’y rendre étaient…

- Croquette. Mahach.

- Hm ?

- Uiiii ?

- Vous allez traverser, débrouillez vous. Et vous allez visiter le phare.

-Oh ouaaaaais ! Croquette veut voir la maison !

- Excellent. Moi, je vais rester ici avec Joe, et marchander.

- Yeaaah ! Croquette, à l’aventure !

- N’importe quoi…

La cornue regarda alors les deux lurons se diriger vers le terrain en question. Elle prévoyait déjà le bon nombre de travaux à y faire pour redonner un peu d’allure à cet endroit et à le transformer en une réelle base. Un quartier général digne de ce nom pour un grand Corsaire, il ne fallait pas un trou à rat ou un navire aux cales remplies d’esclaves et de charognes dévorées par Elijah. Non, elle était la petite fille de Caesar Clown, elle voulait plus de prestance.

- Tu verras, ça va te plaire. J’ai déjà pas mal d’idées sur l’agencement, et sur les projets que je vais pouvoir mener ici. Et j’ai même une petite idée qui pourrait te plaire… On en parlera quand tu seras moins agité.

- ∑ Φ Ξ Ω !!!

- Hm, j’aurais sans doute dû leur dire de faire attention aux potentiels squatteurs… Tant pis.
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La bouteille à la main, le punk se leva en laissant échapper un râle sous la contrainte.

- Bon. Z’avez d’quoi gratter ?
- Pourquoi faire ?
s’interrogea Tirith Leroy.
- Oui, c’est vrai ça ! Pourquoi faire ?
- Si on vous d’mande, vous répondez quoi ?
grincha Mahach.
- Qu...
- QUE J’EN SAIS RIEN ! J’ai bon j’ai bon ?
s’extasia Elijah sous un court retour d’acide.
- Qu’il faut vous demander ! clama le propriétaire du phare, fier de sa réponse.
- Bravo, tête de fion ! T'es un malin toi ! Mais comme tu l'es pas assez, t'as pas tout bien d'viné alors j't'explique : j’suis architecte à mes heures perdues, j’vais faire l’tour des travaux à faire.
- Oh ! C’est vrai ?
- Nan.
- Oh ...


Rowena roula des yeux et finit par donner au crêtu ce qu’il attendait.

- On r’vient.
- Je me doute, cingla la cornue. Vous n’allez pas rester là-haut éternellement.

Sans y prêter plus d’attention, Mahach fit signe de tête à l’homme-piranha pour qu’il le suive. Alors qu’ils s’avançaient sur le chemin, survint un premier problème : le pont était cassé. Ou plus exactement inexistant.

- Génial ... Bon, la Tanche, prend ma tête et balourde-la de l’aut’ côté, j’me ... WOH MAIS PUTAIN !

Croquy avait obéit bien sagement, sans plus de cérémonie, redoublant de force pour jeter son Lieutenant de l’autre côté de la berge.

- MAIS MERDEUH ! ATTENDS QU’J’AI FINI D’PARLER POUR L’FAIRE !
- Et moi je fais comment pour passer ?
- Bordel de ... T’ES D’LA POISCAILLE ! SAUTE A LA BAILLE ! Et éclate-toi cont’ les récifs pointus ...
- Ah ouais c’est vrai ! J’oublie à chaque fois pir-rah-nah !


Là non plus, il s’était pas faire attendre, même s’il aurait pu agir plus rapidement s’il avait réfléchi par lui-même.

- On s’rejoint d’l’aut’ côté.

Mahach continua sa route, une main dans les poches, l’autre portant sa bouteille de rhum-citron à la bouche. Quand il avait des soucis, il se mettait à boire. Cela ne voulait pas dire pour autant qu’il attendait d’avoir des soucis pour s’y mettre, mais disons que cela rendait la chose plus propice. Ensuite seulement, il devenait désagréable. Encore plus que d’habitude, s’entend.

Pour autant, il scruta les alentours. Le reste du pont avait besoin de menus travaux, mais rien de bien important comparé au trou béant qu’il venait de franchir en se rétamant lourdement au sol à cause d’Elijah.
Il se pencha par dessus bord, il y avait quelques accès souterrains, des ruines pour la plupart, puis des pontons et des escaliers qui menaient aux bicoques collées aux flancs du phare. Croquette le rejoignit, et les deux furent interrompus par des bruits à l’intérieur même de ces maisons.

Dommage pour eux : désormais le punk atteignait la troisième phase de ses ivresses : l’envie de se foutre sur la gueule, son cerveau desséché s’imbibant légèrement d’alcool.

- Teh, encore des squatteurs ... OH ! CASSEZ-VOUS D’LA, BANDE DE CONNARDS DE JUNKIES ! J’VOUS JURE, J’VAIS VOUS FAIRE BOUFFER VOS RATICHES DE CAMES !
- Des junkies ?
demanda étrangement calmement Elijah.
- J’en sais foutre rien, mais j’vais m’les faire !
- Laisse, Mahach. Je m’en occupe.


Effectivement, il était parfaitement calme et serein. Son retour d’acide avait dû s’estomper depuis peu.

- Putain, mec ! T’es pas drôle quand t’es sobre !

L’intéressé se retourna et plaqua son énorme paluche sur l’épaule frêle de son compère.

- Écoute, je vais explorer les baraques et les sous-sols. Ils peuvent bien essayer de me bazarder de là, avec l’eau à proximité je risque rien. Toi, avec ton fruit du démon, les escaliers du phare peuvent bien s’écrouler, tu risques rien. Alors faisons comme ça.

Mahach se mit à trépigner de frustration de plus en plus fort avant de se résigner, parce que pour une fois, le Mérou avait raison.

- Ouais, bon, c’est vrai ! Mais tu fais chier hein ! J’te préfère quand t’es pas toi-même, t’es plus drôle ! Là t’es qu’un ... t’es qu’un ... un rabat-joie ! Là voilà, c’est dit !

La protocole d’ivresse mahachien s’abaissa d’un niveau. Fausse alerte donc. Alors que lui traînait des pieds pour accomplir sa tâche, ce fut au tour d’Elijah d’avancer le pas lourd, prêt à en découdre avec les indésirables.

L’extérieur du phare était dans un état exécrable. Le bâtiment tenait fébrilement debout, et les différents échafaudages montés dans l’unique but de le retaper étaient dans un état pire encore. Eux aussi avaient subi des tempêtes mais contrairement au phare, ils n’étaient pas faits pour leur résister. Tout n’était que ruine, pourriture, et abandon. Seul la brique de l’immense projecteur paraissait essayer de tenir le coup. C’était peut-être la seule bonne nouvelle pour l’instant.

Mahach débuta donc son ascension des marches pour parvenir à l’entrée de ce dernier. Quelques unes étaient comme limées à force de passages, d’autres étaient fissurées mais rien de bien méchant. Arrivé devant la porte d’entrée qui ne s’accrochait plus que par un seul gond, pendouillant allègrement dans le vide, il la poussa tout doucement avec un seul doigt. Elle céda à la pression en grinçant vivement et s’ouvrant lentement, avant de complètement finir par s’effondrer dans un fracas qui résonna jusque dans le haut de la tour.
L’intérieur -du moins, le rez-de-chaussée, était habité par un étonnant paradoxe. Il y avait des tables et des chaises, ainsi que divers bouquins, et tout avait été soufflé et explosé contre le mur en face de l’entrée, comme si le vent s’était introduit avec fracas. Pourtant, tout était recouvert de poussière et de toile d’araignée, et l’odeur de renfermé y était fortement imprégnée.

Le punk fit enfin les premiers pas à l’intérieur du phare et il dut se rendre à l’évidence qu’un remplacement de la porte d’entrée était nécessaire, puisque le tumulte des vagues sur le récif rocheux emplissaient complètement l’espace vide. Le tout résonnait dans un brouhaha oscillant mais incessant. Quand une vague venait s’écraser, l’instant que l’autre arrive, la première finissait de se lézarder jusqu’au sommet.
Il commença alors à suivre les marches des yeux. Ici aussi, elles étaient dans un bon état en général, tout comme les briques des parois, et ce, même s’il y avait quelques travaux à opérer ici et là. Mais son regard s’arrêta soudainement sur un étage fait de bois. Il se décala pour observer ce qui se tramait encore plus haut par l’interstice entre l’étage et l’escalier, et il put s’apercevoir que la bâtisse en était constituée d’une ribambelles à interval régulier, laissant des espaces de vie suffisants, bien que de plus en plus petits étant donné qu’un phare est un bâtiment presque conique. Mais cette mise en abîme, couplée à la hauteur de celui-ci, donna le vertige au punk. Il y avait clairement quelque chose à faire avec tout ceci.

Ainsi la longue montée du colimaçon qui se resserrait débuta.

***

Après de longues minutes d’escalade plus ou moins habile, Mahach arriva au sommet du phare, le souffle coupé. Il regrettait toutes ces cigarettes grillées, et pour fêter cela, il s’en grilla une nouvelle, puisqu’après l’effort venait le réconfort. Et heureusement pour lui, il n’avait pas fini sa bouteille de rhum-citron bouchonnée.

Le sommet, contrairement à tous les étages plus ou moins poussiéreux et vermoulus, tous habillés de mobiliers simples mais divers, était rongé par la vétusté. La plupart des vitres étaient brisées, l’embrun y hurlait furieusement. Tellement qu’à de nombreuses reprises, sa cigarette s’était éteinte et il dut s’y reprendre à plusieurs fois pour la rallumer.
Mais tout n’était pas à refaire cependant puisqu’il trouva un vieux dispositif relié à différents escargophones dont les coquilles étaient complètement vides. S’il n’était pas ingénieur, il se doutait bien que le phare ne servait pas seulement à guider les marins. Tout ceci était du matériel de communication, même s’il ne pouvait pas dire s’il servait à émettre ou à recevoir.

Dans tous les cas, il s’arrêta un moment à cet étage, comme si les lieux entraient en résonance avec lui, reflétant parfaitement l’état de son for intérieur : délaissé mais hanté par un vent de fureur. Il partit s’asseoir sur la dernière marche et vint écraser son poing contre. Il porta à sa bouche la bouteille de rhum et en avala la dernière gorgée. Il la secoua vivement, non pas pour espérer qu’il en coulerait davantage, mais pour s’assurer au mieux qu’elle était complètement vide. L’intention aurait pu paraître être la même s’il n’avait pas une autre idée dans la tête.

Assis là comme un malheureux, cela lui permettait plutôt de souffler un coup pour repenser à tout ça. Il soupira pour se donner du courage, parce qu’il le savait : le dernier stade son ivresse pointait le bout de son nez. La troisième phase avait été court-circuitée, laissant libre place à sa mélancolie et sa plume poétique dont beaucoup ignorait l’existence. A sa connaissance, il n’y avait que Kiril qui savait. Crêtu premier du nom de son état, il n’avait plus donné le moindre signe de vie depuis des années. Et ça aussi, ça le prenait aux tripes.

Il se remémora le bon mais court temps passé en compagnie des Saigneurs. Kiril aussi avait sa Spica. Lara qu’elle s’appelait.
Sa tête s’affaissa lourdement, et il se leva pour essayer de ne plus y penser. Du moins, il se leva pour pour coucher sur le papier les choses qui le rongeaient de l’intérieur.. Pour les exorciser. C’était sa façon de ne plus y penser. Alors il plaqua le papier sur le bureau jouxtant la table de communication, le dos courbé, et commença à griffonner quelques mots.

***

Il ne lui fallut qu’un gros quart d’heure pour mettre le point final à cette lettre qu’il enroula sur elle-même avant de la glisser dans la bouteille et de la jeter à la mer depuis une fenêtre cassée du phare. Il avait confié ses douleurs à la grande bleue en espérant que non seulement, elle l’en guérira mais que ces pensées qu’il s’interdisait trouvent un écho chez leur destinataire.
C’était naïf, mais ç’avait son charme. Et tout pirate digne de ce nom connaissait cette coutume qui partait des appels au secours désespérés lancés dans ces mêmes bouteilles vide. Du naufrage matériel naissait le naufrage sentimental.

Enfin purgé et libéré de ces ondes négatives, il se rapprocha des escaliers et toisa le vide à quelques centimètres de ses pieds. Le vertigineux céda au défi, et un sourire désinvolte fendait la gueule du punk en deux. En sautant d’aussi haut, il ne risquait presque rien avec son fruit du démon, mais il voulait s’assurer que la vitesse le griserait, juste pour lui faire reprendre goût à la vie. Auparavant, il se détruisait pour se sentir vivant. Aujourd’hui, il n’allait pas vraiment se détruire. Il voulait simplement se sortir de cette catatonie avec un grand frisson.

Alors il suspendit son pied gauche dans le néant, comme pour le narguer, lui avide de se combler. Ses lèvres se tordirent davantage d’un plaisir mal placé, et il donna une légère impulsion avec l’autre pied. Le pari demeurait risqué néanmoins : si les étages intermédiaires s’agrandissaient, l’espace entre eux et les marches restait le même. Un seul faux moment, et il heurterait le bois. Et si par malheur c’était sa tête qui le faisait, son fruit n’aurait plus d’effet.

Mais malgré cela, il avait sauté.

Les étages défilèrent à une vitesse incroyable devant ses yeux, mais sa chute resta droite. Il descendait à pic, et tout ce qui était lâche dans un corps avait subitement une envie folle de rester en haut mais subissait irrémédiablement cette descente infernale.

Quand ses pieds touchèrent le sol dans un fracas sec et assourdissant qui résonna bien au delà du phare, ses jambes puis tout son corps explosèrent en baies qui se mirent à rebondir furieusement contre les parois de la tour.

Il exulta un coup pour se remettre de sa petite frayeur et se reforma. A nouveau, il regarda le sommet du phare par les jours des étages de bois. Le sentiment de vertige avait disparu.

- Hm. Mouais. J’ai connu pire à Dead End ...
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Ouais, bah t’iras chialer à Joe. C’est à cause de ce gobeur de couilles si j’ai pas eu ma dose depuis des jours.

Il m’a insulté de rabat-joie l’autre enfant de salope, tout ça parce que j’ai préféré m’occuper des petits drogués logeant dans les baraques à l’abandon à sa place. Il n’est pas dans son assiette le Punk, et c’est comme ça depuis que je les ai rejoints à la taverne. D’habitude lui qui est toujours à ouvrir grand sa gueule pour me tacler ou rabattre le caquet du Capitaine ou brailler parce qu’il ne sait rien foutre d’autre, aujourd’hui il économise vachement sa salive. Pas que ça me dérange de plus l’entendre se plaindre, mais c’est bizarre, de c’que j’en dis. Il veut d’la castagne, sans doute pour passer ses nerfs sur quelque chose. Rien à foutre, c’con peut crever de la noyade, moi pas. Les sous-sols sont pour moi, les maisons avec par la même. Pour de vrai, si j’ai voulu m’occuper de l’exploration de cette zone, c’est bien dans l’espoir de mettre la main sur un petit quelque chose qui va me secouer les narines et m’embraser la cervelle.

Si je ne mets pas la main sur un petit sachet de poudre magique ou de pilules enchantées, j’vais les avoir mauvaises. Je ne frappe pas à la porte avant d’entrer, je l’enfonce d’un coup de godasse bien énervé, et déboule dans la pièce, mes armes en mains. Ouais, mes chers totokias que j’ai si peu utilisé ces derniers temps qu’on a probablement oublié que je les avais. Ça va changer. Bref, je suis entré comme un ivrogne pénètre dans le vagin d’une demoiselle en manque, et face à moi y’a une flopée de pair d’yeux qui se braquent sur ma fiole. Ils ne s’attendaient vraiment pas à voir quelqu’un débarquer ici, et si la moitié d’entre eux sont trop défoncés pour comprendre ce qu’il se passe, le reste n’a pas d’excuse. Mais toujours la même gueule d’abrutis ignorants. Ça me zyeute, les billes ouvertes en grand, ça s’interroge du regard, dans le silence le plus complet. Un certain instinct de survie leur dit de garder cette absence de bruit comme le bien le plus précieux.

Maaaan, t’es qui toooooooiiii ?!

L’une de mes massues à tête d’ananas fouette l’air et explose le crâne de l’intervenant. Lui ne l’avait pas, cet instinct de survie.

Déjà parce que t’as ouvert ta gueule, ça c’est pas cool. Et puis bordel, c’est quoi c’tte façon de parler au ralentit et d’étirer les mots ?
Excuse-le mon frère, c’est à cause de ce qu’il a pris, il plane complètement héhéhé…
Je t’ai causé le boutonneux enfumé ?
Non mais ce que je veux dire, c’est que t’es pas obligé de t’énerver comme ça, on est cools ici…
Oh mais moi aussi je suis cool ! TROP COOL ! Tellement que vous allez me refiler de votre merde et presto sinon je vous broie les burnes et en fait un masque de beauté.


Garantit annihilation des boutons et des points noirs, pour une peau plus douce et brillante trente minutes après application, Rowena va adorer. Pendant qu’ils s’agitent à trouver un reste de défonce à partager, je jette un œil à la propriété. Ce n’est pas joli joli, on dirait un morceau de gruyère géant laissé trop longtemps sous la flotte. Entièrement faite de bois, le coin a pris cher avec les averses, les tempêtes, et les locataires qui ont pissé à tous les angles. Pisse et moisissure, une combinaison d’exception. Je me suis souvent demandé si certains étaient réellement capable de ne pas sentir l’odeur de leur propre merde, j’ai ma réponse. Sans être un architecte comme l’autre frimeur, je remarque facilement que tout est moisi ici. Tant mieux, cet enfoiré de Capitaine va devoir cracher le pognon pour les rénovations, il va être vert.

Bon les tapins, j’ai pas toute la vie hein, vous êtes en train de la créer cette foutue drogue ? Ou alors je dois envoyer un de mes totokias la chercher ?
Relax frère, on t’a réservé la meilleure qu’il nous reste, c’est cadeau. Avec elle, ce petit bijou qu’on appelle Céline, tu vas t’élever dans les cieux avec la grâce d’un cygne.


J’lui claque une tête impressionnée, excitée. C’est que ça a l’air vachement fort comme sensation, j’en veux ! Y’a quand même mon bras droit qui s’agite et ma massue frappe les os une seconde fois, direct dans la tempe, à l’aller, puis dans le nez au retour. Le corps s’écroule d’une drôle de façon, le genre qui m’arrache un sourire amusé. Les autres sont un peu choqués et ça peut se comprendre, mais je n’ai quand même pas apprécié deux trois petites choses dans l’attitude de l’autre crevé. Je fais virevolter mon arme un instant avant de plaquer la tête de mon petit bijou contre le bois pourri et d’y prendre appuis de tout mon poids, petite mise au point qui s’impose.

Primo, je ne suis pas relax. Jamais. Quatre-vingt-dix pour cent du temps, je suis défoncé, drogué, anesthésié, sous hallucinations terribles ou pris de pulsions sanguinaires, mais relax ça, ja-mais. Deusio, je ne suis pas votre foutu frère. Je veux dire, vraiment ? J’ai besoin d’expliquer pourquoi ? ‘Faut que j’enlève mon casque pour les aveugles qui n’ont pas vu ma gueule de piranha brûlée au troisième degré ?

Toutes les têtes affirment que non, je crois qu’on est clair sur ce point.

Bien. Tercio, ça fait des jours que je n’ai rien consommé. Et vous avez de la chance, vous avez raté la phase de sevrage.

C’est automatique, je crache par terre en prononçant le mot maudit à mes oreilles. Pas de chance, pile dans l’œil du type que je viens d’éclater.

Je n’étais pas beau à voir dans la cave, j’peux vous le dire. Si je vous avais eu en face à ce moment-là, vos petites baltringues de potes, il en resterait plus que les cheveux.

Y’en a quelques-uns qui avalent leur salive, d’autres qui transpirent du visage, l’un d’eux, un petit maigrichon à la coupe au bol commence à envisager le saut de l’ange à travers la fenêtre. Une petite défenestration rien que pour moi, je ne dis pas non. Au moins, le message est passé, ils vont faire gaffe à partir de maintenant.

Bref, apporte-moi la petite Céline que je la pine ♪

***

Peu de temps après le grand saut de la foi interprété par Mahach...

Booooooon ! Ce n’est pas que je ne vous aime pas ou que je ne supporte plus de vous renifler vous et vos corps sales de plusieurs mois sans aucun doute, maaaaaiiiiis je dois y aller ! Mes amis qui sont dehors m’attendent, je ne voudrais pas les faire traîner !

Et voilà que je défonce encore une fois la porte, dans l’autre sens c’tte fois et avec un coup de casque qui la sort de ses gonds et l’envoie valdinguer plus loin. J’ai la vue trouble et les appuis instables, mais j’ai calmé mes pulsions meurtrières et ma nervosité. La fumette, ça vous gagne. Oh, j’ai rencontré la fameuse Céline. Une belle dame, grande, jolie, charismatique. Chanteuse de son état, sa voix m’a littéralement transporté, à moins que c’était juste une autre de mes hallucinations. Je ne sais pas trop honnêtement, vu qu’après j’ai terminé dans une sorte de labyrinthe à me faire poursuivre par des espèces d’araignées cyborgs géantes qui m’ont foutu une de ces frousses ! Je rejoins Mahach près du phare, il est temps de rejoindre les autres. Pour la partie exploration, on dira que c’est bon.
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C'est d'un air indifférent que le duo resté sur la côte avait observé la chute vertigineuse de Mahach. Un brin gênés, Joe et Rowena avaient échangé un bref regard, puis un soupir de concert et enfin - la consternation laissée de côté, ils préférèrent ignorer ce qu'ils venaient de voir. Cela était pour le mieux.
Bien que le sens de la déduction n'était pas chez eux aiguisé au point de se couper avec, tous deux avaient mesuré à quel point laisser les mongoliens de la bande sans surveillance s'était avéré être une erreur monumentale.Tout guilleret, Elijah, sur le retour, semblait traîner derrière lui un Mahach traînant des pieds, rechignant déjà à l'idée de réciter son compte-rendu constitué en tout et pour tout d'une page vierge.

- Dix contre un que ces fumiers ont glandé.

Observatrice, dame Clown n'avait pas manqué de remarquer avec quel trépignement son cafard de capitaine caressait la gâchette de son Burn Bazooka. Visage aigri, déjà distordu par une colère naissante, à sa propension à grincer des dents, on pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Un livre dont la fin n'était pas particulièrement heureuse pour certains personnages jugés trop indolents au regard du narrateur.

- Capitaine, vous ne pariez que lorsque vous êtes sûr de rafler la mise.

Calme et posée, mains croisées dans le dos, la scientifique n'était pourtant guère sereine à l'idée d'écouter le sermon du Blattard en chef. Ses éructations couplées à ce penchant, somme toute agressif, consistant à faire usage de mousquets dans un cadre disciplinaire était éprouvant pour ses tympans.

- Verdict ?

Débonnaire, requinqué à la fumette, Croq'dur entamait déjà un ballet de gestuelles excessives pour mieux accompagner ses élucubrations. Cela n'inclinait que davantage son capitaine à lui offrir un trépas prématuré, en attestait la lenteur avec laquelle ses yeux s'écarquillaient un peu plus. On devinait le degré d'exaspération de Joe au diamètre visible de ses globes oculaires.

- Une merveille ! J'ai jamais rien fumé d'aussi savoureux sauf peut-être les cheveux de ce type à la Citadelle, Céline, c'est d'la balle. Une fille en or. Propre sur elle, pas un mot plus haut que l'autre, une perle, rien à redire. Là où c'est chiant, c'est quand les araignées robot de la mort arrivent avec leurs rayons laser, PSHIIIIIOOOUUU PSHIIOOOUUUUU !! ZIiIiIIuM ! BrrrRrRAATATATATATATATATATATTA....

Cessant de reporter son attention sur un amphibien dont il n'attendait rien à l'origine, le Blattard en chef pivota, ainsi que son canon perché sur son épaule droite, en direction du punk resté les mains dans les poches. Une question allait être posée. Au vu du tic nerveux qui faisait déjà cligner la paupière droite du cafard et de son bras droit tremblant car impatient de faire feu, mieux valait - ne serait-ce que pour le bien de l'humanité - y apporter la bonne réponse. Le ton se fit d'abord suave et langoureux. Lancinant et perfide.

- Et toi Mahaaaaaaach..... tu as quelque chose à nous dire pour compléter l'exposé de ton petit camarade ?

Foutu pour foutu, le principal intéressé savait qu'il était stérile d'essayer de doubler Joe en terme de sournoiserie et de mensonge. Alors, le plus calmement du monde, il haussa les épaules et afficha une moue blasée pour enfin répondre :

- Prrrrrrt. Pas mieux.

Ainsi se résumait l'étendue de la rigueur de l'équipage du corsaire. Équipage qui, comme semblait l'indiquer la veine palpitante sur le front de Greed, compterait sous peu deux membres de moins. Déjà, le son glaçant du gaz inflammable s'échappant du Breath Dial incrusté dans le Burn Bazooka entamait sa symphonie macabre. Le spectacle associerai sous peu le son à la lumière.

- ooOoOoh mes pauvres enfants.... Ça me fait de la peine de vous entendre dire ça hin-hin vraiment ! Me contraindre comme vous le faites à vous tuer... quel crève cœur YA-HIN-HIN-HIN !

Peut-être le rire était-il de trop pour que l'on puisse réellement prendre ses propos pour argent comptant. Quelque chose au fond d'eux, même d'Elijah, leur laissait supposer que leur capitaine usait d'ironie. Son sourire de charognard lui déchirant la gueule d'une oreille à l'autre tendait effectivement à indiquer que sa compassion à leur égard n'était pas aussi sincère qu'il venait de le prétendre. Il en allait de même du canon d'où émanait une fragrance carbonique à présent braqué dans leur direction.

- Capitaine. Ce n'est pas raisonnable.

Pour un esprit aussi retors que celui du cafard, rien ne paraissait plus censé en cet instant précis.

- Avec cette trajectoire, le tir va aussi abîmer le phare.

Voilà qui était un argument sensiblement plus efficace pour le prendre par les sentiments. Désactivant le Breath Dial, Joe se déplaça de sorte à ne pas risquer de dégrader l'environnement architectural. Malins - à leur niveau respectif - les châtiés en devenir s'assurèrent à leur tour de bouger en conséquence, de sorte à toujours se trouver alignés entre Joe et la bâtisse lugubre. Le petit manège dura quelques minutes jusqu'à ce que la femelle de la troupe siffle la fin de la récréation.

- Le contrat de vente est prêt.

Puisqu'elle avait appris à meubler tous les temps morts durant lesquels au moins deux Blattards cherchaient à s'entre-tuer - soit approximativement trois heures par jour, Rowena, fit miroiter au vieillard les ayant menés jusqu'ici, la suggestion d'une vente rapide avant qu'un drame ne survienne. Pour renforcer ses arguments, elle avait pointé ses compagnons de son index fin et avait ainsi achevé de convaincre Tirith de se débarrasser de son misérable héritage.

- Trop cher ! Fais baisser le prix !

- Il nous le cède pour quinze berries.

Se détournant un instant de sa laborieuse traque à la recherche de l'angle parfait pour épurer son équipage, Joe se tourna vers sa scientifique de bord.

- Trop - Cher.

Greed avait une réputation à préserver.

- C'est le coût d'un de vos repas à bord : une fortune !

Alors qu'il se distrayait au mieux en cherchant à éviter à la mort - passe-temps ludique s'il en était, Mahach sursauta soudain, se scandalisant de la dernière nouvelle énoncée.

- Oh le...! T'nous nourris vraiment pour quinze berries par personne ?!

- Par personne ?! T'as donc cru que je pondais du quarante carat, con de coq ?! Non, quinze berries pour vous trois. Je t'en foutrai du quinze berries par personne.

Brandissant un poing rageur, Mahach reprenait de la contenance au fur et à mesure que son capitaine le mettait hors de lui. La rage était un puissant anti-dépresseur.

- Chiure de cafard d'mes deux ! T'vas voir quand tu vas baisser ton canon, je te pète en huit !

- Eh bien.... je ne baisserai pas mon canon.

La situation fut gênante un court instant, le punk, confondu par la redoutable stratégie du corsaire ne savait que répondre à celle-ci.

- Allez quoi... sois pas pute...

Vœu pieux.

Leur altercation n'était pas achevée - elle se serait de toute manière conclue sur un mort au moins - que Rowena y avait été de sa poche pour sceller la vente, le petit vieux ayant hâte de gambader loin de ces bêtes de foire dont il n'avait pas mesuré le potentiel en terme de folie pure.
Entendant le doux son d'une transaction, Joe rangea immédiatement les tambours de guerre. Plus vif que l'éclair, il avait rappliqué pour mettre son nom sur le contrat de vente.

- Coiffée au poteau ma grande ya-hin-hin !

- Comme ça les travaux seront à votre charge.

Contraint de se mordre le poing pour étouffer une certaine appréhension en constatant le délabrement des lieux, Joe préféra ne pas répondre. Contournant le pont écroulé par la plage, il avait mené sa troupe pour dératiser sa nouvelle acquisition.

- Elle va voir ce qu'elle va voir cette pute de Céline !

- PI-RHA-NAH-NAH-NAH !!

- On peut savoir ce qui te fait rire tête de tanche ?!



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- L’intérieur est encore plus décrépit que l’extérieur.

- Et ça sent aussi mauvais que dans la cale de Croquette… Une odeur de rat mort, de moisi, et curieusement d’agneau braisé.

- Les enfoirés qui squattent la baraque doivent se griller un rat ou deux pour becter.

- Nyaaaah nya nya nyaaaahaha !

Elijah chantonnait dans son coin un air qui leur était inconnu. A force de fréquenter des forbans, pirates ou matelots, les trois autres lurons avaient fini par apprendre au moins les mélodies des chansons courantes. Joe l’ignorait, mais il sifflotait parfois un air alabastien dont il ne connaissait même pas l’origine. La chanson paillarde qu’aimait bien chanter Mahach quand il était ivre provenait, à la base, de fermes de Tanuki. Rowena comprenait qu’il s’agissait d’un air de cette fameuse “Céline” qui semblait occuper toutes les pensées de ce cher Croq’dur depuis son retour. Mahach envoya valdinguer une bouteille vide couverte de poussière en lui donnant un coup de pied nerveux. La bouteille se brisa contre le mur, libérant un trio de mouches dormant à l’intérieur. La pièce était remplie de crasse, de poussière, de toiles d’araignées brouillonnes et de planches phagocytées par la moisissure, parfois même craquelées.

- Pff… ça pue la merde comme coin...

- Trop tard, elle l’a déjà acheté. Il est à nous maintenant.

- A moi, c’est moi qui ai payé et ai scellé le contrat de vente. Juridiquement, ce phare m’appartient.

- Mais c’est quoi ton objectif dans la vie à part nous les briser dès que t’as une idée ?! On peut pas vivre ici !

- Tu devrais t’y sentir à l’aise pourtant. Le purin et la saleté, il me semble que c’est ton milieu.

- Ya-hin-hin-hiiin…!

- Espèce de… AÏE !

- Chut ! Silence, gueux.

Rowena asséna un coup de bâton climatique sur la tête de Mahach, il devait avoir l’habitude depuis le temps… Il devait s’en prendre au moins cinq par jour. Rowena demanda un peu de silence, faisant taire Elijah par la même occasion. Joe aussi capta ce que Rowena venait de percevoir et avait la main prête à charger son bazooka, dévoilant son appendice à dard pour frapper en cas de besoin. Venant de sous le plancher, plusieurs bourdonnements pouvaient se faire entendre, des murmures aussi, et quelques râles qui pouvaient presque passer pour des sifflements fugaces. Il ne fallut pas longtemps aux Blattards pour comprendre qu’il s’agissait des clochards ayant élu domicile dans leur nouvelle base d’opérations.

- Croquette.

- Ui, c’est leur odeur. Je reconnais ! Croquette connait ! C’est eux qui m’ont présenté à Céline !

- Ces enfoirés… On va les virer de chez nous déjà pour commencer !

- De chez moi. C’est écrit noir sur blanc.

- Ah ouais c’est chez toi ? Bah j’vais me faire un plaisir pour tout péter !

Prompt à vouloir embêter sa coéquipière cornue, Mahach couvrit ses bras de la couleur noire de l’Armement avant de frapper sur le plancher. Un morceau du sol se brisa d’un seul coup, faisant descendre les quatre forbans d’un étage. L'hurluberlu à crête arriva à retomber sur ses pattes tandis que Rowena, Joe et Elijah se retrouvèrent les quatre fers en l’air au beau milieu de la horde d’alcooliques mal lavés. En heurtant le sol, Rowena tira malencontreusement un trait de foudre qui, propulsant Mahach en avant, le fit éclater en plusieurs billes. Surpris, les morceaux de Mahach se mirent à rebondir à droite comme à gauches, frappant de plein fouet les quelques larrons étendus au sol occupés à fumer leur opium. Derrière, Joe et Rowena se relevèrent, laissant Elijah au sol qui, curieusement, lapait une flaque de whiskey bon marché qui venait de se renverser sur le sol.

- CONNASSE ! Pauvre connasse !! Pourquoi tu m’as fait ça ?!

- Z’êtes qui…? Fit un des types en rotant bruyamment.

- Les proprios, cassez vous maintenant. Répondit Joe en pointant son bazooka droit vers eux.

- Doucement, dit Rowena en abaissant le canon de l’arme avec un doigt. Si tu tires ici tu feras s’effondrer toute la structure. Étrangle le plutôt.

- Ah, bonne idée, ça sera plus propre.

Enserrant le sans abri avec sa queue de scorpion, le Corsaire l’agrippa brutalement pour l’étouffer. L’infortuné lâcha alors sa bouteille et sa seringue sous les regards indifférents de ses homologues drogués, tous déjà amorphes à cause de leurs psychotropes. Les rares à être encore éveillés finissaient assommés à cause de Mahach toujours en train de rebondir partout. Joe secouait le pauvre vieux comme un sac de patates pour l’achever plus vite. Rowena, de son côté, électrocutait ceux qui dormaient déjà pour les achever en silence. Elijah, finissant de léchouiller sa flaque d’alcool, se releva en sursaut en voyant Joe asphyxier le va-nu-pieds.

- Bon alors pauv’ merde ? Elle est où cette Céline ? Qu’on lui botte le cul !

- C...Gra...AAahh….A la...cave...La caaAaaaAaaaave....

- Hé bah voilà suffisait de demander ! Ricana Joe avant de briser le cou de sa victime.

- On aurait pu les garder comme ouvriers pour retaper la barraque. T’es vraiment nulle comme scientifique. S’écria Mahach, sa tête roulant près de Rowena.

- Certainement pas ! Dans un état aussi déplorable, ils sont plus incapables que toi !

Et elle envoya un coup de pied dans la tête de Mahach qui partit au fond de la salle, ouvrant la porte menant à la cave. En un élan de jurons, il dégringola l’escalier qui descendait vers les ténèbres. Les trois autres commencèrent à avancer. Mais… ils ne s’attendaient certainement pas à entendre leur camarade hurler...

Céline ? Était-ce elle ?
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PWAHAHAHAHAHA !

Les autres Blattards pressèrent le pas afin de se marrer un bon coup eux aussi. Et une fois le seuil passé ...

- CÉLINE FIOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! ♥️

La gente dame tira une tronche des plus ... particulières en les voyant rappliquer aussi nombreux alors qu’elle pensait être tranquille.

Dead Mood II  180713100406972373

Elle avait été une star internationale autrefois. Mais depuis quelques années déjà, elle était devenue ringarde à une vitesse folle. Et ce fut à cette période là à peu près qu’elle disparut des radars. Oh, elle avait bien tenté de faire son retour, mais à chaque fois c’était un réel fiasco, si bien qu’elle finit par se faire caricaturer par tout le monde. Ne pouvant plus briller de par son organe vocal, elle tenta quelques scandales dans sa vie privée pour accéder à un nouveau quart d’heure de gloire, quitte à ce que sa réputation ne soit entachée.
La pauvresse était tombée bien bas ... Désormais, elle avait les yeux bouffis par l’alcool et la drogue, les joues creusées, son crin jauni blanchissait par mèches entières, ses doigts étaient aussi noueux et tordus que ceux de Rowena, des craquelures et divers cors dûs aux drogues en plus. Ses bras tout sec étaient même bardés de vieilles traces de piqûres.

Elle était assise derrière un bureau rempli à craquer d'ustensils pour fabriquer sa propre came, allant du bécher au bang, en passant par la bouteille d’alcool à moitié consommée.

- Croquou ... Tu en as emmené du monde ... couina-t-elle d’un air gêné.
- Qu’on la brûle.
- Que...QUOI ?
- Jamais ! Tu m’entends la bicorne des enfers, si tu veux toucher à un seul cheveu de Céline, il faudra me passer sur le corps !
- Vendu !
- VOS GUEULES !


Le punk avait su calmer les ardeurs d’une gueulante.

- Pourquoi tu veux la buter ?
- C’est une hérétique ! Elle utilise du matériel scientifique à des fins honteuses ! Elle mérite le bûcher du Burn Bazooka !
- Ca me va.
- ELLE SURVIT COMME ELLE PEUT !
- Bon ! Comme vous arrivez pas à vous mettre d’accord, on va voter.

- Elle est vraiment de toi cette idée ?
- Bah ... ouais ? Pourquoi ?
- Pour rien, continue.
- Qui est pour la buter ?

Greed et Rowena levèrent la main.

- Qui est pour la laisser en vie ?

Elijah et Céline -hésitante- levèrent la main.

- Egalité, génial. Et toi alors ?
- Moi ? J’m’en branle.
- Bon, comme je suis le Capitaine, on fait ce que je d...

- Je t’arrête. JE suis la propriétaire des lieux, donc on fait ce que JE d...
- Vous êtes la propriétaire, vous dites ? couina à nouveau l’intéressée d’un air abattu. Il y a malentendu ...
- Eh oh ! Ca va hein ! Pas la peine de trouver toutes les excuses du monde pour retarder votre mort ! On va tous y passer un jour ou l’autre de toute façon !
- Non mais il y a erreur je vous dis ! Pour de vrai ! Ce phare, c’est le mien ! C’est juste que ... comme je n’en sors jamais et je n’ai que des visiteurs, l’ancien propriétaire a dû croire que j’étais morte et vu qu’il est envahi de squatteurs ... bah ... il a dû se réapproprier les lieux ...


Rowena, contrariée, déplia un document roulé sur lui-même et scellé d’un sceau.brisé.

- D’après l’acte de propriété, je vois que le phare appartenait à Mineux.
- Oui ... René Mineux, mon mari.
- Le Phare à M...
- BON ! C’est bien joli tout ça mais on s’en fout, ceux qui ont le pouvoir -et crois-moi, la brahmane, que je vais te faire sauter ce bout de papier des mains tôt ou tard- ont décidé qu’elle devait mourir.

- Minute, cafard. Cette histoire m’intéresse.
- Vous écoutez ? Je vous dis que c’est le Phare à M...
- Ah les gonzesses ! Toujours à foutre son nez partout là où il ne faut pas, toujours à vouloir se compliquer la vie ...

- Silence.
- TU VAS ME PARLER AUTREMENT, VULGAIRE PETITE FEMEL...
- Je suis la propriétaire. Et tu es chez moi.
- Je t’en foutrais moi, des propriétés !

Les lèvres de Céline se tordirent en un sourire maladroit mais reconnaissant malgré tout. Mahach, lassé de tout cela, était parti s’adosser à un mur, et Croquette restait aux côtés de l’ancienne starlette, prêt à la protéger. Malgré tout, quelque chose le contrariait et il gardait les poings sur les hanches.

- Je vous écoute.
- Eh bien quand ... quand ... quand je suis devenue une has-been, mon mari et moi avons cherché un havre de paix. Nous avons trouvé ce phare et ...
- LE PHARE A MINEUX !
- Non. Le phare AUX Mineux, nous étions deux.
- Mécélineuuuuh ! Tu casses toute ma vanne ... Phare à Mineux, faramineux, Joe qui refuse de le payer parce qu’à cause de son avarice, il pourrait se payer le faramineux mais il refuse ...

- Tu parles d’un faramineux, je l’ai acheté une bouchée de pain.
- Une bouchée de pain en or j’espère ! Parce que moi, je vous en dégote pour moins que ça quand je dois vous nourrir ...
- BREF ! Après avoir acheté ce bien, mon mari et moi avons décidé d’en faire une antenne radio pour que je puisse chanter à nouveau. Plus personne ne voulait m’inviter à le faire, alors j’ai pris des initiatives, sachant pertinemment qu’il me restait des fans. Mais mon mari est mort avant la fin de l’installation, et il ne me restait plus rien. Alors je suis tombée dans la drogue.
- Béni soit ce jour, pir-rah-nah !
- Oh, tu es croyant Croquou ?
- Oui, je crois en toi~ ! Pir-rah-nah ! ♪
- Tu ne devrais pas ... Ne trouvant que de la camelote ici bas, j’ai été forcée de la fabriquer moi-même pour subvenir à mes besoins. Et de ce fait, j’ai attiré les junkies du coin. Ils paient bien, ce qui me permet de m’approvisionner et de me sentir bien. Ils ont un bon fond quand on apprend à les connaître ... Du moins, c’est trop tard maintenant ...
- Et tu fais des merveilles Céline ! Je t’aime !


Le punk mit deux doigts dans sa bouche pour signifier qu’il était prêt à vomir.

- Une tour radio, hm ? Vous nous faites visiter ?

Joe, exaspéré, fit la moue comme un enfant.

- Et maintenant ? On la crame plus ?
- Personne ne crame personne. Pour l’instant ...
- Mais t’avais dit que ... Et on était d’accord !
- Regarde Croquette ! Il est tout content de faire un tour avec sa nouvelle idole ! Tu veux vraiment gâcher son bonheur ? Pour une fois qu’il ne dépend pas de celui des autres ...
- JE ME FICHE DU BONHEUR DES AUTRES ! JE VEUX DE LA REN. TA. BI. LI. TÉ !
- Précisément. Il me sera peut-être rentable, ce phare ! écrasa la scientifique dans un petit rire moqueur.
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Des escaliers, des escaliers, encore des escaliers, un clochard qu'on enjambe et que le cafard pique inopinément d'un coup d'aiguillon furtif, puis à nouveau des escaliers, car il ne faudrait pas que l'on prenne les mauvaises habitudes. Le plus usant n'étant pas cette ascension interminable mais plutôt les bavardages d'Elijah et de l'hôtesse adipeuse. Les répliques de l'une alimentaient la connerie de l'autre autant l'huile attisait les flammes, c'est à quinze reprises au moins qu'il fallut tempérer Joe pour qu'il ne cède pas à certaines pulsions salutaires prédisposant au silence.
La monotonie prit fin quand les escaliers qu'il empruntaient prirent un trajectoire assez peu orthodoxe au goût des Blattard.

- Pourquoi les escaliers descendent ?

La question pouvait se poser quand on se cherchait à atteindre le sommet de la bâtisse. On y retrouvait là comme un paradoxe.

- Mon mari et moi avions fait appel à un architecte conceptuel pour aménager quelques travaux. Il s'est dit que des escaliers qui descendent après une longue ascension, ça avait quelque chose de «In».

«In»attentif aux fadaises ainsi proférées, le cafard sortit discrètement un mousquet de son manteau de fourrure. Cela ne le démangeait que depuis trop longtemps et la parenthèse sur l'art contemporain architectural lui avait fourni les derniers arguments nécessaires pour justifier une perte spontanée de sa santé mentale.

- Je vais t'en donner moi du «In».... Ah ça... ça va être dedans, t'en fais pas hin-hin.

- De toute manière, je me suis trompé de chemin.

La spontanéité de cette révélation accabla tant le Blattard en chef qu'il en vint à manquer son tir, comme terrassé par une crise cardiaque foudroyante. Ou peut-être une crise de rage auto-induite ; en attestait la salive mousseuse lui sortant de la bouche.

- C'mment ça perdu ?! Mais c'est un phare, mongole ! C'tout droit en principe !

Ici, on dérogeait aux principes élémentaires induits par la logique pure. Les artistes se voulaient excentriques, les artistes déchus et gavés de stupéfiants d'autant plus. Car son mari et elle avaient souhaité - par parti pris «artistique» - rajouter un escalier qui ne menait nulle part, la joyeuse trouve dû rebrousser chemin afin d'emprunter un nouvel itinéraire. On avait dû raisonner Greed par trois fois pour lui faire comprendre qu'un tir de son Burn Bazooka les tuerait tous tant le dédale était exigu. Bien que l'argumentaire ne manquait pas de pertinence, il fallut toutefois un certain temps pour convaincre le cafard de ne pas céder à ses pulsions les plus rudimentaires auxquelles il ne se s'adonnait que trop souvent au goût de l'équipage.

Mais le calvaire de la visite s'approchait de sa conclusion alors que la chanteuse sur le retour abattit avec fermeté ses doigts boudinés sur la poignée d'une porte en bois sculptée et gravée avec soin et précaution d'une main de maître. Il y étaient, la consécration était proche, on aurait presque pu voir surgir la lumière blanche irradiante du paradis et enfin la porte s'ouvrit en grand pour révéler le trésor du phare abandonné de Gueule de Requin : l'un des squatteurs miteux, le froc en bas des chevilles et le joufflu savamment posé contre la lunette du W.C sur lequel il était assis.

- Alors ça c'est le toilettes. Et dessus c'est Redouardo, salut Redouardo.

Peu farouche, pas même décontenancé le moins du monde, c'est avec un sourire enjôleur que l'ami Redouardo fit un signe de la main à ces inconnus qui avaient droit à la visite guidée la plus décevante de l'univers connu.

- Salut tout le monde ! Comment vous allez ?

Eux ? Modérément. Lui ? Beaucoup moins après que le cafard ait fait feu de tout bois et de tous ses mousquets, crachant vingt billes de plomb sur le malheureux clochard constipé dont le trépas se clôtura en descente d'organe. Certains se soignaient par les plantes, d'autres par la poudre à canon.
Calmé maintenant qu'il avait pu tirer son coup, paisiblement occupé à recharger chacune de ses armes, c'est avec une moue presque innocente que Joe adressa un cafard à leur hôtesse.

- On peut continuer ?

- Mais.... certainement... certainement.

L'équipage n'aurait su dire ce qui avait si soudainement motivé la grande Céline, mais d'un pas plus pressé, elle les mena très rapidement au sommet du phare - pour cela ils avaient dû emprunter un troisième escalier et les dents d'un certain corsaire avaient méchamment grincé.

Cette fois, ce n'était pas un clochard en train de libérer le contenu de ses intestins auquel ils eurent droit, mais un dispositif mécanique pour le moins sophistiqué. De quoi ravir Rowena dont la confection de l'engin qui prenait la place qu'aurait dû occuper l'ampoule du phare était d'une qualité allant au-delà même de bien ses espérances.

- Vous avez une idée de ce qu'on va pouvoir faire avec ça ?

Elijah réfléchit. Ce n'était jamais bon signe et précédait une overdose environ une fois sur trois. Le procédé ne lui réussissait pas, en attestait la réponse dont il gratifia la cornue dépitée.

- Des crêpes ?

La décharge qui lui fut ainsi inoculée tendait à lui indiquer qu'il s'agissait d'une mauvaise réponse. Mais peut-être que l'amphibien avait justement choisi d'avoir tort pour subir la foudre induite par le Climat Tact de sa collègue. Depuis le temps qu'il mangeait les décharges, il avait découvert que les effets sur les stupéfiants qu'il avait ingéré étaient démentiels et ne faisaient qu'accentuer leur portée nocive et hallucinogène.

- OoOOOHhhH oUUuuIIIIIIiIIiIi... Ou... ou alors des gaufres ! Oui ! Des gaufres, et du thé aussi ! Pi-rha-nah !

Il en était à ouvrir son gilet, les tétons en paratonnerre, prêt à recevoir à nouvelle fois un coup électrique mais Rowena s'était alors détournée de lui pour s'en retourner à son capitaine.

- Avec la portée d'un pareil système radio, on peut diffuser sur l'ensemble du globe capitaine.

Ne concevant le monde que par un calcul «pertes et profits» le cafard, suffisamment astucieux quand il s'agissait de tirer les berries des poches de son prochain avait pleinement saisi la portée d'un pareil outil à sa disposition. Rien de tel que le contrôle de masses pour extraire toutes les richesses à sa portée. Une portée qui s'étendait maintenant à la planète entière.

- OooOooh.... Ro-we-naaaa.... me suggérerais-tu de céder à la tentation d'une radio.... pirate ? Ya-hin-hin-hin !

C'est par les ondes que proliférerait la pestilence blattarde.

- Bon alors ça vient cette décharge ?!
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- Une petite seconde.

- NON. MAINTENANT. Alleeeeeeeeer !

Joe tapait nerveusement des pieds, il trépignait à l’idée de remettre cette radio en état de marche pour diffuser on ne savait quoi. Rowena tâchait de comprendre comment fonctionnait cet appareil. Et bien qu’elle n’en aurait sûrement aucune utilité, elle trouvait que c’était une bonne idée de s’approprier une station de radio. Le Corsaire pourrait s’en servir à sa guise, ce qui pourrait l’occuper pendant qu’elle travaillerait tranquillement dans son laboratoire, ça pouvait amuser Mahach et Croq’Dur qui la laisseraient tranquille également. Et, par la même occasion, avoir la main mise sur une station de radio permettrait à Joe d’étendre son influence à échelle mondiale.

- Et je peux savoir ce que vous comptez faire une fois que je l’aurai mise en marche ?

- C’pas tes affaires. Tu le fais c’tout…

- Vous savez pas. C’est bien ce qui me semblait...J’ai déjà hâte d’écouter les séances d’entre-soi avec les insultes du crêteux, les rots de Croquette et les chansons de Céline.

- Ah tu le prend comme ça ? Hé bah si c’est comme ça tu seras privée de chronique quand on diffusera !

- Tant mieux car j’avais rien demandé.

- BON TU L’ALLUMES OU ÇA VA MAL SE PASSER !

- Ne t’énerves pas, sinon tu vas prendre l’air hors de chez moi. On est polis ici.

Rowena ne se fit pas prier davantage et envoya une salve d’éclairs sur la machine qui se mit à vrombir, crachotant des volutes de poussières en continuant d’émettre un ronflement de plus en plus bruyant. Céline leur pointa que ce son devait être normal après une trop longue inactivité de l’appareil. Après tout ça devait faire plusieurs années que Céline résidait dans ce phare abandonné. Sachant que cette radio ne lui avait jamais servi, elle devait forcément avoir quelques petites problèmes mécaniques. Joe n’était cependant pas totalement satisfait…

- Et maintenant ?

- Et bien j’essaie de voir comment on s’en sert…

- Je peux vous aider, intervint alors Céline avec son accent prononcé. Je sais comment ça fonctionne, ‘fin je crois. René m’a dit que c’était pas plus compliqué que faire pousser des quenouilles.

- C’est quoi une quenouille ? Glissa Mahach à Rowena.

- Ce que t’es sensé avoir entre les jambes.

- J’veux bien la faire fonctionner pour vous. Mais vous me laissez chanter dans ce cas ! C’est donnant donnant.

- Ça me dérange pas. Comment on procède alors ?

- Nous faut des micros. Ils sont rangés dans une commode en acajou massif sculpté main avec des petits angelots dessus, dans la salle à manger en bas. Pendant ce temps je vais épousseter un peu et préparer la machine.

- Croquette veut chercher !

- Non pas toi tu vas encore finir complètement défoncé. Mahach, Rowena. Vous y allez.

- Euh pourquoi nous ?

- Non. J’ai pas envie de descendre avec l’autre greluche !

- La greluche elle t’emmerde.

- Mais tu vas la fermer oui ?!

- Vos gueules ! Allez-y sinon j’vous balance du haut du phare, ça va pas traîner.

- C’est elle la traînée…

Rouspétant, les deux subordonnés du Corsaire s’exécutèrent et sortirent de la salle de la machine pour redescendre l’interminable escalier en affichant une mine boudeuse. Ils n’avaient aucune envie de chercher ensemble, pour commencer, mais il leur semblait surtout plus important de rénover l’endroit avant de faire fonctionner cette station de radio. Une armoire, une salle à manger… Comment ils étaient supposés trouver une salle à manger au milieu de cette architecture sans aucune logique ?! Tout cela n’avait aucun sens dans l’esprit de Rowena. Elle envoya valser un clochard qui clopinait dans l’escalier, en lui envoyant une bulle d’air bien placé avec sa baguette. Mahach ne contesta même pas, se contentant de s'épousseter les cheveux en passant sa main dedans.

- C’est chiant c’te radio…

- Tu trouves tout chiant de toute façon.

- Ça grouille de clodos dans le phare en plus, au lieu d’allumer son jouet faudrait dératiser la bâtisse.

- Tu ne sais donc pas réfléchir ?

- Quoi encore ?!

- Avec cette radio, Joe sera trop occupé à s’amuser avec. On va pouvoir en profiter pour rénover le phare comme on l’entend. En plus, avec un peu d’astuce on va pouvoir faire payer les travaux de sa poche.

- Parce qu’il pense sérieusement qu’on peut les payer nous même ?!

- Non. Il doit penser qu’on va rien rénover parce qu’il est radin.

- Comment tu parles du capitaine… J’vais tout lui dire il va te virer.

- Tu feras attention, il t’en restes un peu au coin de la lèvre.

- De quoi ? Tu veux que j’te marave ?! Fous moi la paix !

- Tu t’es déjà fais poursuivre par un écureuil ?

- Hein ? Euh non…

- Bizarre. T’as une tête de gland pourtant.

Mahach laissa échapper un autre juron. Cette recherche des micros allait être bien éprouvante...
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Le crêtu et la cornue débutèrent leur descente à la recherche de leur trésor du moment.

- Bon, ça m’fait chier d’descendre ces putains d’escaliers, j’saute.
- Non.
- Et pourquoi j'le f'rai pas ?
- Premièrement parce que tu vas m’accompagner. Et deuxièmement, parce que tu veux impressionner.
- Hein ?! Impressionner qui ? Toi ? Laisse-moi r...
- Non, toi.

Elle avait fait mouche. Le punk le savait mais sa fierté était en jeu. Et puis c’était dérangeant d’être lu comme dans un livre ouvert.

- Tch, n’importe quoi. C’est juste que ça m’fait ch...
- Je sais, merci, tu me l’as déjà dit. Tu as juste envie de te vider la tête. De te griser. Alors explique-moi tout, tu m’insupportes quand tu as tes règles.

Elle fit mouche une nouvelle fois alors il dévia le sujet.

- Bravo la finesse !
- N’inverse pas les rôles, s’il te plait. Et crache le morceau, accessoirement.
- Comme si ça t’intéressait ...
- Effectivement, il y a très peu de chances pour que ça me touche. Mais je préfère combler le silence qui engloutit cet endroit. Il est encore plus terrifiant à cause du vacarme extérieur ...
- Profites-en, parce qu’après tu t’entendras même plus réfléchir, avec Joe à la radio.
- Bon ! Arrête de minauder et raconte tout à maman, et plus vite que ça !
- Te dénigre pas, laisse-moi ce plaisir : ma mère était une connasse.
- La psychanalyse doit forcément toujours débuter par un lien parental ?
- Mais ferme-la ! C’pas ça l’souci !
- ALORS EXPLIQUE ! Je ne vais pas t’implorer !

Mahach souffla en levant les yeux au ciel et en passant une main dans sa crête. Les deux compères ne s’arrêtaient pas pour autant de chercher ces fameux micros. Il passa enfin aux aveux.

- En fait, j’ai un bout de femme qui m’appartient sur ...
- Bravo la finesse !

Il la fusilla du regard avant de continuer.

- Elle est sur Innocent Island et s’occupe des orphelins qui ont enfin ce qu’ils méritent.
- N’en dis pas plus, je vais pleurer.
- MAIS TU VAS ARRÊTER DE M’COUPER OUAIS ?! SURTOUT POUR QU’TU T’FOUTES DE MA GUEULE !
- Rhoo, ça va ! Si on ne peut même plus plaisanter ...
- J’sais qu’il y a encore des pourris qui ont des vues sur c’tte île mais elle r’fuse que je m’implique personnellement. Tu comprends, j’ai passé ma vie à jouer au connard avec d’autres connards, donc y’a forcément un d’ceux-là, un plus faible et lâche que les aut’s, qui s’en prendrait à eux pour m’toucher indirectement. Bon, j’imagine qu’elle sait s’défendre mais ...
- Bon bah tout va bien alors !
- Sauf qu’on a eu un lardon ensemble, qui vit là haut aussi.
- Et toi, en bon père indigne que tu es, tu restes là à te tourner les pouces ?!
- J’ai essayé de rester, j’te jure ! Mais j’y arrive pas ...
- Ce n’est pas moi qu’il faut convaincre.
- J’sais. J’sais, ouais. Et j’lui ai dis, et elle comprend. Mais j’peux pas vivre tranquille si je la sais pas en sécurité ...
- Eh bien, demande-lui de venir ici.
- Elle veut pas. Et tout bien réfléchi, moi non plus. Avec Joe dans les parages, tout c’beau monde partirait au négrier. J’crois qu’s’il devait leur arriver malheur ...
- Ce serait la moindre des choses que tu t’en veuilles.
- MERCI POUR LE SOUTIEN !
- Eh oh, ne me râle pas dessus, je te prie ! Accepte tes responsabilités ! Mauvais père !
- Ah mais je les accepterai. C’est juste que je deviendrais comme avant.
- Attends ! Laisse-moi deviner ! L'amour t'a mis du plomb dans la cervelle et donc si ta femme et ton enfant meurent, tu vas redevenir encore plus écervelé ?
- Aaaaah, y’a d’ça ...
- Eh bé ... On est pas sorti de l’auberge ...
- Disons que j’adapte l’expression “ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse en “je fais aux autres c’que j’ai bouffé”.
- Oh, mais quel homme ! Je frissonne devant tant de méchanceté !
- Tss, j’savais qu’tu comprendrais pas t’façon.
- C’est là !

Coupé en pleine discussion, Mahach tourna la tête dans la direction d’une Rowena en train de fureté dans une commode, ladite commode de ladite salle à manger. L’étonnement de trouver une telle salle en de tels lieux ne les frappaient plus, après ce qu’ils avaient vécu ici. Mais en effet, dans cette commode en acajou s’y trouvait ce petit coffret tant attendu qu’il sortirent et déposèrent sur le meuble avant de le contempler un instant.

- Eh bah putain, c'est gerbant !
- Tu m’ôtes les mots de la bouche : quel manque de goût ! En même temps, nous avions été mis au parfum ...

La scientifique décrocha le loquet qui se mit à pendouiller dans un grincement et la boîte l’imita alors qu’elle l’ouvrait.

- Mais que vois-je ! Madame ne fait pas dans la dentelle !
- Pourquoi ça ? C’est qu’une bête tige de métal rembourrée de mousse et cerclée d’plein anneaux dans tous les sens.
- Mais parce que c’est une technologie toute autre que nos escargophones, Mahach !
- Bah ... j’imagine qu’elle aime pas les trucs baveux ... T’sais, Mâdââââme est de la Hâââute !
- Oui, alors madame va redescendre d’un étage parce que la Haute se rirait d’elle si elle apprenait ce qu’elle était devenue. Bon ! On remonte ? Plus vite le capitaine fait mumuse avec sa radio, plus vite je peux me pencher sur des sujets bien plus sérieux.
- Ouaip.
- Au fait, toi, qu’est-ce que tu vas faire construire ici ?
- J’sais pas encore. Pas un orphelinat du coup, un rade peut-être ?
- Pour boire à l’oeil ?
- Pour boire autre chose que de la pisse de chat quand l’Greed s'décide enfin d'bien vouloir nous payer un coup ouais !
- Mais tu n’as pas peur d’éventuelles représailles de la part de Big Willy ? A cause de la concurrence ...
- Un peu, ouais. Mais j’y pense, j’ai un pote qu’a monté sa distillerie. Et j’ai pu goûter ... C’était dingue ! Ca te r’filait des forces en quatrième vitesse ! M’faudrait un truc du genre, mais j’aurais besoin d’tes services.
- On verra ça plus tard, pressons. Laisser Croquette sans surveillance et seul avec Joe, c’est bon pour manger du poisson pané sous acide pendant quinze jours !
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Puisque plus bas dans le phare il en étaient à discuter à cœur ouvert entre membres d'équipage, cet élan d'amour qui emplissait la demeure branlante enroba la bâtisse dans son ensemble pour contaminer à leur tour Joe et son comparse. Les Blattards n'étaient pourtant pas réputés pour leur compassion. Le profit avant les amis, telle était la sainte doctrine de l'alliance blattarde instituée par le capitaine. Il ne fallait pas en attendre davantage de la part d'un esclavagiste chevronné.

Alors qu'un garde-fou avait l'habitude de s'immiscer entre lui et Croqdur - ce dernier pouvant être pesant pour les nerfs du cafard - les deux autres membres de l'équipage avaient été envoyés en vadrouille en négligent ce facteur.
Plus rien ne séparait Joe du poiscaille. Ce dernier devait s'efforcer de réunir les bribes de bon sens dont il pouvait encore disposer au milieu de l'alchimie des substances illicites qui se battaient dans son organisme s'il escomptait survivre. Audacieux - ou peut-être stupide, il s'avança vers son capitaine dans l'idée de s'asseoir à côté de lui et d'engager la conversation. Elijah étant dépourvu d'instinct de survie avait la sale manie consistant à ne pas pouvoir s'empêcher de craquer des allumettes lorsqu'il voyait des explosifs. Sa mauvaise idée aurait pu s'arrêter là mais, en l'absence de siège à proximité de celui faisant face à la mer où Greed se prélassait silencieusement, le piranha eut la brillante idée de s'asseoir sur les genoux du cafard. C'était à leur tour de parler de leurs soucis intimes.

- Vous savez capitaine...

Le capitaine savait une chose : si le crétin assis sur ses genoux ne fuyait pas rapidement, il y aurait du bruit et la pièce sentirait la poudre.

- Y'a toujours eu un malentendu m'concernant. On m'a toujours pris pour une sorte d'homme-poisson complètement camé...

Ce qu'il était par ailleurs.

- Alors qu'en réalité, je me définirais autrement.

Joe s'apprêtait alors à lui répondre «comme un homme mort ?» avant de lui braquer dans la mâchoire un mousquet qu'il tenait à pleine poigne sous son manteau, quand il se retrouva soudain vitrifié par la révélation de son homme d'équipage.

- Capitaine. Je m'identifie comme un tabouret. Et je tiens à ce que vous et les deux autres là.... Nicolas et Pimprenelle si ma mémoire est bonne, acceptiez ma différence.

Avec son sourire de tanche azimutée en guise d'agrément à la nouvelle du jour, Eli fit un petit signe du menton en direction de ce capitaine dont il n'avait jamais été si proche qu'en cet instant, d'un air de dire «Et maintenant, qu'est-ce que tu vas faire ?».
Contre toute attente, Joe répondit à ce sourire malicieux par le sien. Ou plutôt, un sourire d'empreint. Paupières fermées, les joues roses, son sourire avait cela de terrifiant en cet instant qu'il avait l'air... affectueux et amical. Avant de répondre à ce matelot qui aurait mieux fait de penser à un épitaphe de son vivant, il mit une petite claque ses une des cuisses de l'amphibien.

- Eh bien je respecte ta différence, Elijah Croq'dur le tabouret.

Il se leva brusquement avec ce même sourire dérangeant plaqué sur sa petite gueule de vermine, renversant au passage le tabouret-amphibien qui en tomba sur le cul, ne sachant pas trop comment réagir.

- Fait froid ici non ?

- Vous plaisantez, on crève de chaud.

Sourire encore, sourire toujours, Joe se saisit de l'arrière du crâne de la bonne femme pour lui éclater le visage contre la vitre du phare. Implacable, quelque peu crispé en dépit de ce sourire de façade, il gardait le visage orienté en direction de son matelot, une veine apparaissant sur son front.

- Mais si, il fait froid ! Faudrait qu'on fasse un feu de cheminée.

Usant de ses talents d'acteur, il plaça sa main droite en visière au-dessus de ses yeux - chose inutile puisqu'il avait une casquette, puis regarda avec une fausse assistance à droite et à gauche en quête de quelque chose. Il n'y avait dans l'immense salle circulaire que le matériel radiophonique constituant le cœur de la pièce, un fauteuil et des feuilles de papier dispersées sur le sol sale et terne.

- Nous avons besoin de bois pour que le feu prenne.

- Et d'une cheminée aussi.

Elijah ne savait jamais être lucide aux bons moments, cela, Joe se chargea de lui faire comprendre d'un regard froid plongé dans le sien. L'ère du sourire était révolue, et ses vraies attentions - à peine dissimulées - allaient surgir.
Alors qu'il caressait la hache prévue en cas d'incendie, dont il se saisit comme par réflexe, il se retourna en direction d'Elijah.

- Tu es un tabouret en quelle matière déjà Eli ?....

- Oh... après une pareille révélation j'voudrais pas t'ennuyer avec les détails cap'taine.

Le cafard en était déjà à brandir l'instrument avec lequel il comptait se libérer d'une épine dans le cul du doux nom d'Elijah Croq'dur quand la porte d'où étaient partis ses deux compagnons s'ouvrit. Constatant leur capitaine brandissant une hache au-dessus de leur co-équipier et la vieille dame gisant par terre, une flaque de sang s'étalant de la vitre au sol où elle reposait, ni Mahach ni Rowena ne parvinrent à ne serait-ce que simuler la surprise.

- L'un dans l'autre, ça s'est mieux déroulé ici que je ne l'aurais cru.

Abattant la hache à côté de l'homme piranha qui était resté sur son séant, Joe se tourna vers les deux troubles-fête en venant au plus pressé.

- Alors ?! Ça vient ces micros ?!

Saisi d'un éclair de génie, ou bien d'une fantasmagorie permise par une des pilules qu'il avait ingéré, Elijah fit un bond depuis son postérieur pour atterrir sur ses pattes. Un mot clé venait d'effleurer sa malheureuse cervelle tourmentée.

- Des micros ?! On fait une soirée Karaoké ?!

Chacun de ses compagnons d'infortune s'apprêtaient à le corriger à sa manière quand une voix grinçante manqua de les faire sursauter. La vieille Céline était sur le retour, se relevant péniblement, bavant du sang par décilitres sans grâce ni élégance.

- Ka.... Karaoké.... je vous joue le phare à une épreuve de karaoké ! Viendez que je vous prenne tas de lopettes.
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- Un concours de chanson… C’est stupide, complètement idiot !

- Un KARAOKÉ, miss Clown. On est précis quand on est scientifique.

- Il n’y a rien à jouer, j’ai signé l’acte de vente. Je suis la légitime propriétaire de ce phare, et si vous continuez à balancer des idées aussi stupides je vous chasse à coups d’éclair avant même que vous n’ayez eu le temps d’émettre le moindre arpège. C’est compris, Céline Fion ?

- Hop hop hop minute la gazelle ! C’est MOI le capitaine. Elle nous a provoqué. C’est mon honneur qui est en jeu. On fait ce karaoké.

- C’quoi une gazelle…?

Rowena était furieuse, prête à déchaîner une nouvelle série d’éclairs sur Mahach. Elle se ravisa cependant. Plusieurs traits de foudres pourraient toucher malencontreusement la machine posée à côté d’eux, provoquant potentiellement une explosion qui les blesserait gravement. Sans parler de l’ire du Corsaire qui, privé de son jouet, n’hésiterait pas à laisser libre court à sa rage.  Face à eux, la blonde au visage osseux était toujours prête à en découdre, ne prêtant toujours pas attention aux objections de la cornue qui auraient dû pourtant lui rabattre le caquet. Mahach était bien trop réjoui du désarroi de Rowena pour lui venir en aide, surtout après leur conversation dans les escaliers. Il était adossé contre le mur et ricanait silencieusement, battant le bras dans une toile d’araignée. Quant à Croq’dur… il était fidèle à lui même et secouait les micros comme des maracas. Le pauvre s’attendait peut être à ce qu’ils émettent un son ?

- C’est complètement crétin. Ce jeu n’a aucune valeur étant donné que je n’ai rien accepté. Je suis la propriétaire, si je n’accepte rien vous n’aurez rien en gage si nous perdons.

- T’es sourde ou complètement demeurée ?! J’ai dis qu’on pariait ! C’est notre honneur qui est en jeu.

- Faut écouter votre capitaine moi je dis…

- Commencez plutôt par prendre des cours de diction, votre accent est insupportable.

- Et ça fait des commentaires racistes par dessus le marché. Bravo la scientifique.

- Oh silence toi, sans famille !

- Répètes le, ce que tu viens de dire ?!

- Pourquoi vous vous disputez ?

- Y a pas à discuter. Je n’ai rien à voir avec votre honneur masculin ridicule. Je ne vais pas donner ma propriété à une idiote qui n’a pas su l’entretenir juste parce que vous chantez comme des crécelles. Et qui est le juge dans cette histoire ?!

- Tais toi ! Fit Joe en laissant apparaître sa queue de scorpion en guise de menace. On va faire ce concours que tu le veuilles ou non !

- Hé ouais ! Prend toi ça dans les cornes ma pauvre !  

- Shhhhht….!


Je me casse… !
J’en ai assez,
Je me casse !
C’est une mascarade.
Ce phare à clodos,
Rempli de poussière,
Avec une rombière. ♫


Elle regarde d’abord Mahach, puis Joe, puis Croquette en posant sur eux un oeil inquisiteur.

Deviez vous… ?
Avoir cet enfant ?
Avoir une radio ?
Ou des produits narcos ?
Rien est important,
En tous cas plus maintenant…

Cette fois, je me casse !
J’en ai marre,
Marre de vous,
De vos faces !
Rien que je ne puisse faire,
Rien pour vous faire taire.
On pourrait peut être la tuer ?

Non bien sûr, ce qui importe c’est la radio !
Cette précieuse radio.
Puisque c’est ce que vous souhaitez,
Cette radio,
Je vous en fais cadeau.

Virez moi juste Céline d’ici ! ♫


- Non !

- Hé non !

- Non !

- Non…

Vous êtes bons.
Bien que cons.
Sentimentaux,
Bande d’idiots.
J’en peux plus,
Je suis las,
C’est peine perdue,
Ces tracas…
Je me casse !

J’en ai marre,
Marre de vous,
De vos faces !
Je me saigne pour ces teignes,
Aux quatre veines.
Toujours la même rengaine !
Et je rechigne,
J’en peux plus de cette guigne… ♫


Sa canne continuait de crépiter si bien que quelques arcs électriques finirent par en sortir, frappant les vitres tout autour et exploser les carreaux.

Cette fois, je me casse !
J’en ai marre,
Marre de vous, de vos faces !
Gardez la votre radio,
Et vos adagios.
Emettez vos ondes,
Avec vos voix immondes.
Après tout c’est ce que vous voulez !
En ce qui me concerne,
Je fuis par la poterne.
Assez de balivernes,
Marre de ces badernes.
Débrouillez vous avec Céline !
Cette fois, je me casse !
J’en ai marre,
Marre de vous, de vos faces !
Je vous laisse un avertissement.

Je vous laisse tous les trois.
J’ai la justice avec moi.
Ici, tous les trois.
Quand à moi je vais attendre en bas !

Rappelez vous une chose,
Ce phare est à moi.
Ce document l’impose !
C’est ainsi, c’est la loi.
En tous cas je m’en vais,
J’en ai marre,
Marre de vous, de vos faces !
Et cette fois, je me casse ! ♫


Des flocons de neige tourbillonnaient en sortant de l’orbe de sa canne, et en une volée de fraîcheur, la sorcière était déjà partie, claquant la porte. Furieuse, elle préférait les laisser là tous les trois, les vitres du phare presque toutes brisées. Fort heureusement, et miraculeusement, la radio n’avait absolument rien...
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La neige c’est beau, la neige c’est hypnotique, la neige c’est froid… Comme le silence glacial qui pèse dans la pièce, depuis le départ musical de notre très chère et regretté Rowena, allias Mama. Mama à cornes, Mama la bonne fée avec sa baguette magique qui fait péter le tonnerre et déchaines la pluie. Elle est partie, furieuse, vexée, sans nous dire aurevoir. J’en ai le cœur brisé, j’ai perdu une mère de substitution, en plus d’avoir perdu ma mère biologique il y a longtemps. Et je tombe à genoux, abattu de tristesse, la vie continue de me déféquer au visage. Mon affreux visage de piranha brûlé, comme si j’avais besoin de tout ça… J’ai envie de pleurer, de hurler ma peine au monde entier, de prendre les micros de cette radio et de crier ma souffrance et ma solitude… Mais personne ne m’entendrait, mon public si limité n’en a de toute façon rien à carrer de mes états d’âmes. Eux, ils ne jurent que par ce foutu karaoké à la noix. Celui-là même qui a fait fuir Mama Clown, c’est de la musique qu’ils veulent ? Je vais leur en donner une de chanson !


♫ Foutu Cafard de merde…
Tu penses toujours qu’à ta gueule…
Tu nous traites comme des moins que rien…
Tout ce que tu veux,
C’est amasser, ton putain de blé…
On devait former une famille, une belle équipe, mais on fait que de s’insulter… ♫


Ma main palmée vient serrer mes vêtements au niveau de mon cœur…

♫ Foutu Cafard de merde…
Saleté d’insecte avare à la noix,
Pourquoi t’es comme ça… ? ♫


Je me relève doucement, me retourne vers le Capitaine, l’air abattu, l’interrogeant du regard, presque effrayé par un éventuel rejet. Il pose sur moi un regard dédaigneux… Ce qu’il peut m’énerver quand il se comporte comme ça ! Il en a vraiment rien à faire de ses compagnons d’équipage ou quoi ?!


♫ Foutu Cafard de merde !
T’as vraiment rien dans la tête !
Juste des berrys et des idées vicieuses !
Qui finissent par r’tomber sur le pauvre, Mahou !
C’est pas une vie que d’te suivre, moi je voulais être pirate,
Mais je passe mon temps en fond de cale ! ♫


Je m’arrête dans mon élan, mes bras s’enroulent autour de ma taille sans que je m’en rende compte, je frissonne en me souvenant de l’horrible épisode de la cale… Des moments douloureux comme celui-ci, chacun des membres des Blattards en a des dizaines en tête… Mais lui s’en moque bien éperdument…


Capitaine…
♫ Vous êtes une horrible personne…
Vous mériteriez d’être exécuté…
D’un coup de guillotine, bien placé…
Mais je ne peux m’y résoudre, car malgré tout,
Vous êtes mon Capitaine adoré, vous resterez,
Mon patron jusqu’au bout… ♫


Il est à deux doigts de vomir, le Joe.

♫ Saleté de Cafard cruel…♫

Je laisse tomber mon effort, préférant baisser la tête, tourner les talons et aller me recroqueviller dans un coin, seul, les larmes aux yeux. Céline a bien pitié de moi un instant, mais l’esprit de compétition est plus fort, il y a un karaoké à gagner.
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Ronger son frein était une astuce de tiède. La fibre diplomatique dudit cafard - maintes fois étrillé au cours de la chansonnette - faisant défaut à ce dernier, l'idée même de modérer ses ardeurs ne lui effleura pas l'esprit. La diplomatie n'avait de sens que s'il avait quelque chose à y gagner. Diablement redoutable lorsqu'il était question de considérer les rendements de chaque acte qu'il était susceptible de commettre, c'est le plus naturellement du monde qu'il avait décidé que laisser Elijah en vie ne lui apporterait rien. Rien de bon en tout cas.
Dans un long soupir, il extrayait une fois de plus de l'intérieur son manteau de fourrure un ustensile chargé de poudre et d'acier.

- Si c'est pas malheureux ça. Regarde ce que tu me forces encore à faire.

Son sourire satisfait tendait à indiquer qu'il ne se forçait pas plus que ça alors qu'il pointait son mousquet en direction de l'affreuse bobine de son subalterne.

- Me tirer d'ssus ? Oh... je vois ! C'est parce que je suis un troubadour des temps modernes ! Un poète subversif ! Eh bien capitaine, ce sont là des manœuvre d'un despote sanguinaire qui ne respecte pas le peuple !

- Je veux, ouais.

Assumant sans vraiment rougir son statut de salopard aux relents pour le moins autoritaire, il coupait court aux arguments d'Elijah qui n'avait pavoisé que pour jouer l'intéressant.

- Ah... Bon bah tu peux tirer alors.

L'argumentaire en trois mots de son capitaine l'avait convaincu de la justice de son action. C'était à se demander comme pareille créature avait pu vivre si longtemps.
Fatigué de leurs querelles, Mahach s'interposa sur la trajectoire du tir à venir. Vaillant, sans peur, il harangua son capitaine d'un :

- PwAaAaAh !

Certes, ce n'était pas le premier mot qui lui était venu en tête. Toutefois, le fait que le Blattard en chef lui tire en plein ventre un pruneau rond comme une bille de métal l'avait quelque peu surpris. Pourquoi ? Après tout, c'était dans la nature du cafard.
Le punk en était donc à se tordre de douleur sur le sol sous le regard médusé du cafard.

- Enfin merde Mahach. Lâcha-t-il presque blasé, en tout cas indifférent. Te mets pas devant le flingue quand je m'apprête à tirer, c'est quand même le B-A-BA de la piraterie bien comprise. Le petit personnel je vous jure...

Sans sourciller ou même se soucier du sort de son membre d'équipage qui gisait et se tortillait à même le sol en se vidant de son sang, Joe rechargea son arme le plus calmement du monde. Tirer sur Mahach par mégarde ? Un accident du travail on ne peut plus banal quand on pointait chez les Blattards.

- Et puis maintenant tu dégueulasses le sol.... T'as fini de te vider de ton sang, oui ? Ce manque de savoir vivre, c'est... c'est juste indécent Mahach. Pardonne-moi d'employer des mots aussi durs, mais je suis dans le vrai.

Distrait par les grognements d'agonie de son matelot, Joe en avait perdu le fil de sa pensée. Oubliant jusqu'à la correction qu'il souhaitait infliger à Elijah, le capitaine se saisit du micro. Il ne tenait qu'à lui de démontrer à quel point la satyre acerbe et musicale de la tanche de service était dans le faux.

Ainsi, la musique fut :




Depuis mon tout premier be-rry,
Y'a longtemps,

J'me suis fait tout plein d grisbi,
Honnêt'ment, Quoi ?! un commentaire ?

Si j'avais su qu'un matin que je serai là, honni
Comme le pire deeeeees forbans.

À servir ces connaaaaaards, ces raclures... du gouveeeeeern'ment,
Pour de l'argent.

HOoooohohoooOOooo Arrête de rire connard

Ils me disent que peut-être je seraiiiiiiiiis... un peu méchant,
Que je suis pas franchement le plus fiable.... d'leurs agents.

Si-ils savaient à quel poiiiiint je vais tout faire pour leur en mettreuh pleiiiiiin les dents,
Eh bah mon contraaaaaat, faudrait queeee... je fasse sans.
Qu'je change de camp.

Ooouuuuuuhouuuuuhoooouh Eli, je jure que si tu n'effaces pas ce rire de ta sale...

Leurs putains de loiiiiiiiihaaaahaha, je m'en bas l'beurre !

C'est mon fric, mon oseille,
La garantiiiie de ma paie,

Wohohooo

J'vais les niqueeeeehééééhéééheeeer !
Eux puis aussiiiiiiiiii cette pu-tain de Poiscaille,
Pour lui, des funérailles,

Bien sûr j'en ai bien profi-té...,
Allègrement.

Oooooowo,

Bien tranquille, planqué à l'abri,
du gouvern'ment,

Mais y veuuuuuut m'la faire à l'envers, parce que je l'arnaque modérément,
Me piquer tout mon ooooooor, parce que paraît que... je lui mens....,
Pour plus d'argent.

Ohoooooooooooo !

Leurs putains de loiiiiiiiihaaaahaha, je m'en bas l'beurre !

C'est mon fric, mon oseille,
La garantiiiie de ma paie,

Wohohooo

J'vais les niqueeeeehééééhéééheeeer !
Eux puis aussiiiiiiiiiii l'autre putain de Poiscaille,
Pour lui, des funérailles,

Wohoho

Leurs putains de loiiiiiiiihaaaahaha, je m'en bas l'beuuuuuuheuuuuuheuuurerre !

Oh saloperie de Poiscaille, Wohohoo
J'vais t'fracasséééééhééééheeeer
Si t'arrêtes pas d'te marrehéééééééherr,
J't'arrache les écailles, Wohoho

OuUuUHoUuuUuuuoouUuUhoooooouuuhoUoUoUuhHouh

Ou bien j'te cisaille !

Lorsqu'on vient d'entendre une chanson de Biutag, le silence qui lui succède est encore de lui. Parce qu'ainsi, il peut le faire charger à ses auditeurs pour qu'ils paient davantage. Pas de petits profits, juste de petits connards.

- Bah euuh.... ça prouve par G+B ce que j'disais dans ma chanson.

- Pour une fois, le hareng n'a pas tort.

- Ouais, ouais.... il se pourrait que j'ai réagi de manière irrationnelle tout à l'heure. Désolé sous-race.

Tandis qu'ils en étaient à se faire des politesses, Mahach avait perdu connaissance suite à une hémorragie trop importante. À croire que la balle n'avait pas vraiment bouché le trou qu'elle avait faite dans son abdomen.

Ne restait qu'une compétitrice. Une aura intense émanait de tout son être. Tout du moins, c'est ce qu'il semblait à première vue. Il fallait dire que son dernier bain remontait à loin, dans ces conditions, distinguer les émanations putrides qui se dégageaient d'elle d'une aura quelconque était un travail hasardeux.

- Vous allez regretter de....

- T'es au courant que... de toute manière, même si tu gagnes, on te bute.

Comme en chanson, le silence qui succédait à une réplique de Biutag était aussi de Biutag. Généralement parce qu'il avait tué son interlocuteur qui ne pouvait de ce fait plus lui répondre à lui ou qui que ce soit d'autre.
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Joe avait coupé le sifflet de Céline comme jamais aucun homme ne l’avait fait. Elle en avait fait des scènes. Elle avait arpenté les estrades des cantinas d’Alabasta, le parquet de l’opéra de Dawn avant la débâcle de Goa, les stades de Kikai et même l’anniversaire surprise de l’amiral Shiro quand il n’avait que neuf ans. Elle avait interprété des vierges damoiselles, des valkyries pourfendant les cieux. Elle était cette diva que toutes les cantatrices enviaient, tant pour sa voix que sa carrière. Elle avait porté les plus somptueux costumes qui soient, faits de soie, satin, plumes et paillettes. Mais jamais personne n’avait réussi à la faire taire comme le Corsaire venait de le faire. Que pouvait-elle faire dans la mesure des choses ? En toute objectivité, elle pouvait parfaitement gagner ce petit concours de fortune avec la voix qu’elle possédait. Mais elle n’avait pas envie de perdre sa vie, elle voulait retrouver sa gloire d’antan et participer à ce projet de radio pour que tout le monde puisse l’entendre. Elle tendit le bras et fit tomber sur le sol le micro qu’elle tenait en main, provoquant un bruit sourd lorsque l’ustensil heurta le sol.

- MAIS OH ! Ça va pas non le matos’ ?!

- Suite à de multiples insultes, diffamations et provocations de la part de mon compétiteur Joe Biutag, j’accepte de me retirer de la compétition. Ceci malgré mon avantage certain, 37 ans de carrière dans deux mois, et bien que le karaoké soit ma spécialité.

Mahach et Rowena échangèrent un regard incrédule, mêlé d’une pointe de circonspection. Ce genre de complicité entre eux était très rare, aussi dangereux pour le regard que les éclipses solaires.

- Euh s’passe quoi là ?

- Elle n’a pas envie de mourir. Je l’avais dis que ce concours était complètement stupide.

- Nan mais on t’écoute jamais t’as pas compris encore ?

- Et toi personne ne t’aime tu n’as pas compris encore ?

Le pirate à crête s’apprêtait à la frapper mais il se ravisa en voyant l’orbe de son sceptre luire et émettre plusieurs petits arcs électriques. Il s’éloigna de la sorcière en lui lançant un regard mauvais pour aller se poster aux côtés de Croq’dur, trop occupé à sucer son pouce comme un bambin fatigué. Céline continuait de regarder Joe d’un air assuré, comme un boxeur prêt à fondre sur son adversaire et le pulvériser de coups bien placés. Le Corsaire n’était pas du genre à se laisser berner non plus, mais il lui tenait son regard.

- Tu veux quoi encore ?

- Passer à la radio.

- Avec ta voix de crécelle ? Et puis quoi encore… c’est nie..

- Une minute. Coupa Rowena.

La cornue entraîna Joe par la manche, le laissant échapper moult jurons comme à son habitude et traitant sans le vouloir la mère de Mahach bien qu’il n’ait rien fait. Il se dégagea de l’étreinte de la scientifique et lui aussi manqua de la gifler.

- Tu t’es pris pour qui toi encore ? J’veux pas de cette poularde soprano dans ma radio.

- Réfléchis trente secondes avant de brailler. Tout le monde nous déteste, toi car tu es corsaire, Croq’dur car il est homme-poisson, Mahach car il a le Q.I d’une huître et moi car je suis intellectuellement supérieure à tout le monde.

- Euh t’as dis quoi là ?

- La vérité te concernant. Et après ça fait quoi ?

- C’était une grande star il y a une décennie. Elle peut nous faire une publicité relativement efficace pour lancer cette radio, même attirer une audience vieux jeu snobinarde et nostalgique. Elle a beau avoir une voix relativement… horripilante… cette femme peut être une carte intéressante à avoir dans notre manche si on veut à lancer correctement cette entreprise.

- Hm, pas faux.

- On prend un pourcentage sur ses prestations en plus, en jouant les agents. On lui laisse son quart d’heure journalier, elle sera contente, et on récupère la note. Et quand on en a marre on l’envoie en prestation quelque part pour avoir des vacances.

Joe avait l’air convaincu, de toute façon dès qu’il s’agissait de berries il n’était pas bien difficile à persuader. Rowena trouvait cette idée de radio on ne pouvait plus intéressante. Pouvoir diffuser des idées, contrôler des masses par l’information et gagner de l’argent par dessus le marché, c’était ce dont elle avait besoin. Il fallait des fonds pour financer ses travaux et recherches, et ça n’était pas avec l’attitude pingre de leur capitaine qu’elle pourrait obtenir quoi que ce soit.

- Ok ça va. On va s’arranger, tu pourras chanter. Mais quand on dit stop c’est stop.

- Ça me va. Et sinon, comment vous allez l’appeler votre radio ?

- Euh…

- Hm…

- Vous y avez pas déjà pensé ?!

- Radio Croquette ! Ça me plait.

- Hé bah justement, on prendra pas ça.

- Roh…. je pourrai avoir une émission moi aussi ?

- Oui.

- Hein ?! S’écrièrent Mahach et Rowena en chœur.

- C’est vrai ? Je ferai quoi ?

- Du mime.
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