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Une drôle de championne

Une drôle de championne.
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This is summer.
Quoi ?

Le ciel est bleu. Les oiseaux chantent. Le soleil réchauffe. Et les gens sont heureux. Ça sent les vacances. Et vous savez quoi, j'avais décidé de prendre un peu de temps pour moi. Non pas une, non pas deux, mais trois semaines de congé. Vous imaginez un peu tout le temps que j'allais avoir pour bronze et me dorer la pilule au soleil.

On peut le dire, j'étais contente.

Mon chef avait engagé des petits jeunes pour bosser à l'étalage. De quoi leur faire un petit salaire estival et de permettre aux autres de se reposer et de travailler moins durement. C'était bien connu, sur Poiscaille, l'été c'était toujours la folie. On préfère manger du poisson grillé au soleil que froid dans la neige. Quoi que... Alors y'avait toujours plus de clients en cette période. Mais ce n'était plus mon problème. En fait, je devais tout simplement arrêter de penser aux poissons. Je devais faire un break. Un oubli. Et j'avais intérêt à passer de bonnes vacances.

Alors je prenais mon chapeau de paille, mes lunettes de soleil, mon cocktail et ma bouée flamand rose. C'est que j'étais fin prête.

...

La bateau tanguait et je tanguais. Faut dire que je me sentais pas vraiment bien. Même pas bien du tout en fait. Pour un premier voyage en mer, j'étais pas déçue. Dans mon estomac, c'était un peu les montagnes russes ou le bateau pirate. Ça bougeait de haut en bas et de gauche à droite. Berk.

J'étais affalée sur le rebord du ponton. Les bras croisés, menton et tête posés dessus. J'étais clairement au bout de ma vie, et plus je regardais les vagues s'agiter, plus j'avais envie de vomir. Je me suis brusquement retournée quand le bateau a frôlé un énorme rocher. Piou, j'ai cru voir ma mort arriver.

« Julia... est-ce que tu peux me dire pourquoi on est sur ce bateau déjà ? »


Affalée par terre, j'implorais mon amie. C'est elle qui nous avait réservée la traversée. Fallait dire qu'au regard des autres passagers, je me sentais jugée, affalée comme ça comme une paysanne. *Sois forte Kat !*

« Ecoute Kat, on en avait parlé. Tu savais très bien que pour partir on allait prendre le bateau. Vrai ou faux ? »
« Oui mais quand même, je pensais que c'était plus sympa que ça moi... »
« Je rêve ou tu te plains ? »
« Pardon... »
« Bon allez viens, on va manger un bout, faut prendre des forces. »
« Non, j'ai pas trop... envie.. »

J'aimais beaucoup Julia et elle m'aimait beaucoup. Nous étions amies depuis l'enfance. Mais parfois je me sentais un peu bête face à elle. Certes, nous n'étions pas toutes les deux des lumières, mais elle au moins, elle partait toujours plus positive que moi.

*Ressaisis toi Kat*

Elle m'a attrapé l'oreille et j'ai rechigné à la suivre. Mais elle m'a dit que y'avait du chocolat rien que pour moi. Alors mes yeux se sont illuminés. Franchement, le chocolat c'était tellement bon.
    La traversée de West Blue à South Blue avait été longue. Une demi journée. Et je pense que je m'en souviendrai longtemps. Notre destination était Suna Land, un parc d'attraction immense et absolument parfait pour les vacances avec des piscines, des manèges, des hôtels de luxe, des plages, et plein de bonbon. Un endroit paradisiaque à l'écart de tout, sauf du bon temps.

    Mais là, je voyais ni montagne russe, ni toboggans géants.

    « Julia, y sont où les manèges et les glaces ? Ça m'a l'air un peu trop urbain là. J'vois même pas une montagne russe. »

    Effectivement, le paysage se résumait à un vieux port crasseux où dormaient quelques sans abris, avec des portes conteneurs gigantesques et des cargaisons marchandes. Au loin, plein de maisons et d'immeubles. Une énorme ville quoi. Et pas une piscine, ni une plage ne sable fin. Y'avait même pas de soleil.

    « Que... euh... »

    Pourquoi elle bégayait Julia, ça me disait rien qui vaille. Et on s'est fait presser pour descendre du bateau. J'avais ma bouée flamand rose autour de la taille, mon chapeau de paille et mes lunettes par dessus avec ma petite valise rose fluo.

    Je passais pour une extraterrestre. Y'avait zéro couleur dans ce paysage, rien, nada. J'avais envie de pleurer.

    « Excusez-moi monsieur, c'est bien ici Suna Land ? »
    « Oh ben oui, et si vous continuez tout droit juste derrière il y a Marie-Joie ! »
    « Ben monsieur... J'ai pas compris votre blague... »

    Je savais que c'était une blague parce qu'il nous avait regardé de bas en haut en rigolant, une vraie attitude de mec qui se fou ouvertement de vous devant vous. J'ai croisé les bras et je me suis assise par terre en tailleur.

    « Ils sont vraiment pas sympa les gens ici. Moi qui comptais passer de bonnes vacances, c'est raté. »

    Une femme, la quarantaine, s'est ramenée gentillement.

    « Vous êtes à Manshon ici. C'est une île un peu.. dangereuse alors faites attention à vous les filles. Vous devriez vous changer pour des habits moins... dénudés. »

    Apparemment mon mini short et ma brassière ne lui plaisaient pas. J'ai haussé les épaules, c'était quand même sympa à elle d'être venue nous voir. Quand elle est partie, je me suis tournée vers Julia.

    « Ne me regarde pas comme ça. Ose me dire que ça ne t'arrive jamais de te tromper. »

    J'ai ouvert le bouche et je l'ai refermé en faisant une moue contrariée. Les bras toujours croisés je regardais droit devant moi. Une mouette mangeait un asticot.

    « Si t'es pas contente t'avais qu'à réserver les billets toi-même. »
    « En plus ils avaient ouvert une nouvelle attraction mortelle...»

    « Qu'est-ce tu dis encore ? »
    « Rien. »

    Elle m'a attrapé par la main et m'a aidé à me relever. Je me suis grattée la tête et j'ai au moins mis mes lunettes de soleil sur mon nez pour dire que. On a quitté le port et on s'est dirigé vers le centre-ville.

    « Commençons par nous acheter des vêtements plus chaud, fais froid ici et d'après la vieille faut pas se dénuder. »

    J'hochais la tête pour dire oui. Julia je t'aimais bien mais là, j'étais déçue. La prochaine fois qu'on partait en voyage, c'est moi qui organisais tout. Enfin même pas sûr que je fasse mieux.

    « Et qu'est-ce que je vais faire de cette bouée.. elle rentre même pas dans ma valise... »



      Une casquette noire. Une chemise grise. Un pantalon gris. Des baskets noires. Et même pas un bracelet ou un collier pour Julia. Un bandeau rose dans les cheveux. Une chemise rayée. Un pantalon jaune. Et des baskets jaunes pour moi. Je gardais mes lunettes de soleil.

      « Bah dis donc Julia, pas très coloré tout ça. »

      Je soupirais. Je préférais largement notre look de vacancière mais bon, celui-là n'était pas trop mal non plus, alors on allait pas se plaindre. Et puis les habits étaient d'occasions, on ne les avait pas payé cher. C'était déjà ça en plus pour ne pas faire souffrir notre petit porte monnaie.

      « Bon on fait quoi maintenant ? »

      C'était une question importante. On avait pas atterri sur cette île pourrie pour y rester deux moins. Fallait qu'on reparte le plus tôt. Moi j'avais envie de cocktails, de glaces, et de piscine... Pas d'un temps nuageux, d'un vent froid et d'un vieux goudron sale. Cette île puait la mort, le moisi et tout ce que vous voulez d'autre qui soit négatif. Trouvons l'hôtel de ville ou une agence de voyage. C'était urgent.

      Il y avait un plan de la ville pas très loin du port et Julia s'est empressée d'y jeter un œil.

      « Regarde Kat', il y a une agence de voyage vers l'Avenue numéro 3. On devrait aller voir avant que ça ne ferme. »

      Mon attention s'était dissipée. Je n'écoutais même plus Julia. J'étais accroupis cinq mètres plus loin en train de caresser un petit chien trop mignon. Il remuait la queue et plissait les yeux, il était adorable. Je n'ai même pas eu le temps de le prendre dans mes bras que je me prenais un grande claque derrière la tête.

      « TU TE FICHES DE MOI ? »
      « C'EST TOI QUI TE FICHE DE MOI, T'ES JALOUSE PARCE QUE LE CHIEN EST MÊME PAS VENU TE VOIR ! »
      « N'IMPORTE QUOI. JE TE PARLE ET TU TE BARRES, VOILA CE QUI M'ENERVE. »
      « De toute façon... je sais que t'es jalouse. »

      Je pouvais être adorable comme insupportable, disons que c'étaient mes deux traits de caractère les plus... flagrants. J'ai tourné le dos à Julia et me suis remise accroupis près du chien qui ne comprenait rien à ce qui s'était passé, mais qui était content de recevoir de l'affection.

      « Alors comme ça l'petit Bali s'met à draguer les petites jeunes. »

      Bali ? Draguer ? Les petites jeunes ? Je me suis relevée et tournée pour voir qui nous parlait. C'était un petit pépé, la soixante dizaine sûrement. Il avait une canne dans une main et une canne à pêche dans l'autre avec une casquette semblable à celle que portait Julia. Il était assez trapu mais rien qu'à son visage, on savait qu'il était gentil.

      « Scusez moi les filles, j'espère qu'mon p'tit chien vous'a pas trop embêté. »
      « Oh c'est votre chien... j'voulais l'adopter... »

      Je faisais une petite moue de déception, mais j'haussais les épaules. La canne à pêche du bonhomme m'intriguait. C'est qu'il devait pêcher du poisson, et qui dit poisson, dit Kat.

      « Eh monsieur, vous allez pêcher là ? Vous voulez pas nous emmener avec vous ? »

      Je me reprenais une claque dans l'arrière de la tête.

      « NAN MAIS. Kat', c'est honorable mais le monsieur à sans doute mieux à faire que nous prendre avec lui... »
      « Très bien allons-y maintenant. »

      Julia se prenait dix kilo de gravité en pleine tronche.

      « C'est pas vrai... Je pars plus jamais en vacance avec toi... »

      Je lui ai fais un petit clin d'œil et on a pris nos valises. J'ai eu un coup de panique, j'avais oublié mon flamand rose dans la boutique de vêtement... Je soupirai, s'ils l'avaient mis de côté, je le récupérerai plus tard. En attendant, nous montions dans la petite chaloupe de fortune du vieillard.