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Viva la Révoltation



Sous un air de mandoline, Kusachi venait de débarquer dans la baie de Jing sur Kanokuni. Depuis un moment il se trimballait d'île en île au gré des capitaines qui avaient le malheur de l'accepter à bord. Cette fois-ci, on ne l'avait pas même pas débarqué de force, ce navire arrêtait son voyage sur cette île. De brave types à bord de ce bateau, quoi qu'un peu bizarre, tous habillés en gris, portant des bérets avec une étoile brodée dessus et passant leur temps à fumer le cigare tout en maudissant un certain Capitaine Talisme. Quoi qu'il en soit, il avait pu voyager à l'oeil sans avoir à trop donner de sa personne si ce n'est répondre à un questionnaire demandant cinq fois de suite si il était de connivence avec le gouvernement mondial. Ne comprenant pas toute la phrase, il avait répondu non aux quatre premières et conifère à la dernière. Il avait probablement trouvé la bonne réponse et ainsi n'avait pas été jeté par dessus bord.
Il était donc libre de vadrouiller sur ce nouveau bout de terre à découvrir. L'endroit était vivant bien qu'étrange. L'architecture était peu commune, rien ne ressemblait à ce qu'il avait déjà pu voir auparavant. Mieux valait-il que ne s'écarte pas trop des quais et ainsi éviter de se perdre au milieu d'un coin où il n'avait aucun repère reconnaissable. West Blue, c'était vraiment quelque chose, pleins de nouveaux horizons et sûrement de nouvelles opportunités pour essayer de subsister à ses besoins. Voilà une chose qui se trouvait être plus problématique. Où pouvait-il se faire recruter pour toucher un peu d'argent jusqu'à ce que licenciement s'en suive. Il ne voulait pas trop s'éloigner du port, mais faire un tour lui donnerait plus de chance de trouver de quoi se restaurer aujourd'hui. Le dilemme de toute une vie, vivre les poches troués à devoir trimer sans cesse pour payer ses frais de bouches conséquents, surtout au niveau liquide. En Bref, Kazuki avait besoin de liquidité. Alors plongé dans ses réflexions existentielles, il se retrouva interrompu par un tapotement sur l'épaule. Un petit homme jetant des coups d'oeil par dessous son épaule. Il était planté là, dans une tenue clairement négligée avec une chemise boutonnée en décalé, des lunettes bien épaisses et des cheveux en bataille. Il semblait terriblement nerveux, transpirant à grosse goutte faisant luire son front. Après un moment d'hésitation, il se lança dans la prise de parole afin de parfaire son intervention.



Je suis le maître des clefs de Gozer.

Ça me fait une belle jambe.

Vous n'êtes pas le cerbère de la porte ?

Je vais t'en filer, des berbères de l’aorte, tu vas voir.


Pas le temps de lever la main, ce type louche avait fait demi-tour et partait enquiquiner d'autres passants. Qu'entendait-il par là ? Était-ce une sorte de code ? Bien qu'il trouvait cela curieux, Kusachi ne cherchait pas à en savoir plus, devoir apprendre un code, c'était au-dessus de ses compétences et en plus de cela, il n'y avait aucune certitude que cela paye à la fin. Alors prêt à retourner se perdre dans des questionnements incessants. Malheureusement, ce n'était pas encore le moment. A peine avait-il retrouvé le calme de la solitude qui se faisait encore tapoter l'épaule. Était-ce encore l'espère d'illuminé qui revenait à la charge avec une phrase compréhensible ? Peu importe si c'était le cas ou non, KK en avait marre d'être interrompu dans ses actions, bien qu'il ne faisait rien à ce moment précis, restant planté au milieu de la rue où il se trouvait en faisant des hochements de tête pour acquiescer ses propres pensées. Sans chercher à savoir qui venait d'agresser sa personne, il retourna son corps tout en bougeant ses bras afin d'attraper celui qui avait osé commettre encore un affront sur son épaule. Au final, personne n'a vraiment subi de son courroux, alors que dans sa tête le scénario était parfait et il mettait à terre son adversaire, il n'avait réussi qu'à brasser de l'air, comme un handicapé se farcissant un abat-jour. Devant tant de maîtrise des arts du combat, l'intervenant n'était pas du tout impressionné. En fait il n'avait pas vraiment prêté attention à cela, il avait les yeux pleins d'étoiles depuis déjà un moment.


Vous.... Vous...... C'est vous !

C'est moi ?

Je vous ai vu !

Moi aussi, je vous vois.

Non mais, je vous ai vu descendre du bateau. Je sais qu'on ne doit pas parler de ça en public mais.... J'en suis.

Tu en es ?

Bah oui, j'en suis, ça se voit pas ?

Euh.... Ah oui... En fait non. Je comprends pas grand chose.

J'ai vu les signes distinctifs de votre bateau... Enfin allons dans un endroit plus tranquille pour en discuter.

Je préfère pas, je suis pas de ce bord là.

Vous n'en êtes pas ?

J'étais bien à bord du bateau, mais je vais pas être de votre bord.

Quoi ?

Hein ? Ah, j'ai compris. Une seconde.... Oui, c'est ça.... Je suis le réverbère de la cohorte.


Kusa était fier de lui, il s'était souvenu du mot de passe. Il supposait que dans toute cette histoire, c'était cela qui manquait pour se faire comprendre et, tout simplement, comprendre. L'inconnu qui semblait attendre plein de choses de sa part restait de marbre et commençait à ne plus trop être tranquille. Il ne voulait pas que cette conversation tombe dans des oreilles indiscrètes. Mais avec la tournure des choses, tout cela prenait trop de temps et risquait de tout compromettre. Et finalement, celui qu'il supposait être un symbole importe venait de sortir une phrase incompréhensible. Pour lui, c'était irrémédiablement du code mais que, malheureusement, il ne connaissait pas. Il fallait faire bonne figure et faire tout comme il avait compris pour ne pas décevoir la personne face à lui. D'un hochement de tête il acquiesça sans raison. Les deux parties de ce dialogue de sourd affichait un sourire d'idiot satisfait tant bien même ils n'avaient rien compris à tout cela. Après un instant à se regarder dans le blanc des yeux à secouer la tête d'une façon de dire qu'ils étaient tous deux sur la même longueur d'onde, l'intervenant attrapa le bras de Kazuki pour l'emmener avec lui.


On ne peut pas rester ici, les oreilles sont mures. Suivez moi, je vais vous emmener dans notre... Euh... J'vous emmène voir des copains.


Il finalisa sa phrase par un clin d’œil. Pour Kusa, cela ne lui inspirait pas vraiment confiance mais bon, il n'avait pas beaucoup d'opportunités et encore moins autre chose à faire. Il fallait juste espérer que tout ceci ne soit pas un guet-apens et que cela tourne au vinaigre, d'une façon ou d'une autre.
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- Mais qu'est-ce que...

En entrant dans ce qui ressemblait diablement à une cantina, bondée et animée, Jaros eut l'envie fulgurante, déchirante presque, de pousser un énorme soupir. Il doutait qu'on lui propose d'aller à la plonge, et faire le service n'était pas vraiment dans ses prérogatives. *Pourquoi ne m'a-t-il pas précisé plus tôt, c'est pas faute d'avoir demandé...*Décidément quelque chose de fondamental dans la communication même semblait s'être perdu, chez les habitants de Kanokuni.


Quelques minutes plus tôt...


*Oh, merde...* Plus d'une semaine passée en pleine mer, avec une nausée si omniprésente qu'il se demandait s'il se sentirait autrement un jour, et voilà que le trajet de Jaros se finissait en queue de poisson. De poisson pourtant, il n'en voyait pas la queue; enfin, de Poiscaille, plutôt. C'était la destination qu'il s'était fixée, celle sur laquelle il avait convenu, surtout, avec les marins du gros transporteur commercial qui l'avait transporté jusque là. Une simple escale comme les autres, en théorie, mais...

- FOUILLEZ PARTOUT !!!

Plissant les yeux et rentrant un peu la tête, le jeune homme sentit ses méninges grincer sous ce cri bien trop fort. Avant même que les marchands et leurs ouvriers ne puissent débarquer, une horde de zélotes vêtus de gris avait envahi le bâtiment, le clouant au port, et procédait à on ne sait trop quelle investigation; les marchandises étaient mises sans dessus dessous, les caisses éventrées. Le capitaine, violemment pris à parti, s'inclina pourtant, et le bruit courut que le navire resterait à quai au moins quatre jours. Cela faisait à peine une heure que la mascarade bruyante avait commencé, et même s'il était sur le pont, Jaros en avait plus qu'assez. Le pourquoi du comment l'intriguait, bien sûr, mais il avait plus urgent à penser.

Le jeune homme avait entreprit un voyage aussi long, de Manshon jusqu'à West Blue, non pas pour faire du tourisme mais pour chercher du travail loin de la Mafia sévissant dans sa ville natale. Avec eux ou contre eux, il n'y avait pas d'autre choix, et il était trop fier et à cheval sur ses principes pour s'acoquiner avec telle organisation criminelle. S'il ne se résolvait pas à définitivement quitter Manshon pour autant, subvenir à ses besoins matériels d'existence n'étaient pas quelque chose qu'il pouvait ignorer. D'autant que son estomac peinait à rester plein, sur un bateau; il n'avait plus rien en poche, encore moins dans le ventre. *Pas de temps à perdre, donc, allez !*

Aberration totale ou compréhensive organisation, toujours est-il que Jaros n'eut pas de problème pour quitter le pont et arriver sur les quais. Du moins, si ce n'est son pas, encore un peu incertain, et son mal de mer qui décidément était aussi néfaste que tenace. Les pieds enfin sur la terre ferme, le jeune homme tenta de s'y retrouver dans la cacophonie du port. *Kano... Kanokuni, voilà. Jamais entendu parler de cette île...* L'endroit était manifestement emprunt d'une culture endémique bien marquée; l'architecture le criait, du moins. Mais Jaros n'était pas là pour faire du tourisme.

S'éloignant de la proximité immédiate des quais, il se mit à chercher du regard tout ce qui pourrait s'apparenter à un plan, un panneau ou poteau d'affichage, mais rien. Les badauds et travailleurs n'avaient pas l'air bien commodes, ici, mais il en fallait plus pour décourager le jeune homme, habitué à la méfiance très prononcée, presque agressive, qui caractérisait le peuple - encore traumatisé par le blocus - de Manshon. Après quelques infructueuses tentatives cependant, les passants fuyant presque en entendant ses questions, Jaros dut bien se rendre compte que la tâche n'allait pas être très simple. C'était comme s'ils fuyaient devant sa question. *"Vous savez ou je pourrais trouver de l'emploi", c'est pas comme si je mendiais ou que sais-je. C'est quoi le problème ici ?*

Quelques dizaines de minutes plus tard, un drôle d'énergumène, à la figure rappelant au jeune homme les rats qui faisaient leur loi dans les ruelles des ports, eut une réaction enfin différente. Malgré son air méfiant et presque nerveux de prime abord, il répondit avec amabilité, mais aussi avec un air comme connivent, ce qui troubla Jaros.

- Oooh, de l'emploi, oui oui, bien sûr. Suivez-moi, je sais exactement où aller.
- Pour quoi plus précisément, alors ?

À cette question, l'autre se contenta de lui faire un sourire entendu, comme s'il cherchait à lui dire "oui oui, c'est bien ça". Aucune idée précise, donc. *Ben voyons, et tu vas tenter de m'égorger avec tes petits camarades en goguette, sans doute...* Bien que méfiant, Jaros le suivit. Vu le temps passé pour avoir enfin une réponse, celui qu'il pourrait perdre ici ne pèserait pas lourd; il se pensait en outre suffisamment attentif pour ne pas se piéger tout seul. Arrivé dans la cantina, cependant... Au moins pouvait-il momentanément écarter la possibilité d'un vol avec agression; l'endroit était vaste et bien éclairé, fort bondé cependant. Mais se dégageait une ambiance très particulière, qu'il aurait eu du mal à décrire. Les odeurs en revanche... Même tous ces corps ne parvenaient à masquer la senteur riche de l'alcool et de la nourriture. Jaros serra les dents en humant ce fumet, sentant ses glandes salivaires s'exciter.

- Venez, il faut vous présenter à notre porteur de récolte !

Disant cela, il désigna d'un geste du pouce un grand homme aux yeux plissés, qui essuyait ses mains sur son tablier écru, debout derrière le long comptoir. Habitué à rester de marbre, le jeune homme n'en pensa pas moins. *Qu'est-ce qu'il me déblatère lui...* Il allait répliquer mais un gargouillis, puissant et long, lancinant, résonna dans tout son torse, jusque dans sa gorge, criant malgré lui sa faim dévorante. Baissant les yeux, il capta tout de même le regard de son guide, dont le sourire de rongeur s'accentua encore.

Gêné, Jaros prit les devants pour garder contenance; du moins il essaya. Il n'était même pas arrivé devant lui que le tenancier, sans un mot, lui fit signe de le suivre, et ouvrit une porte derrière lui. Le jeune homme hésita quelques instants. Si on comptait le dépouiller ou pire, s'engager là-dedans revenait à y consentir par manque de précaution. Un nouveau gargouillis remua ses entrailles, brouillant sa réflexion. *Oh et puis merde...* Il passa par dessus de comptoir d'un geste fluide. La porte menait sur des escaliers descendant vers ce qui se trouva être une salle aux lumière orangées, bien plus petite que celle qu'ils venaient de quitter. Autour d'une flopée de tables rondes, une dizaine de personnes discutaient. Ne pouvant s'empêcher de remarquer un homme aux cheveux hirsutes, à l'air hagard ou perdu, flanqué d'un petit homme à lunettes qui le regardait comme s'il était le messie, Jaros n'en oublia pas ses impératifs. Rattrapant l'homme au tablier, il tenta d'enfin éclaircir le tout.

- Alors, ce travail ?

L'autre le regarda comme s'il n'avait pas compris, puis eut une mimique surprise, avant de lui faire des signes empressés de ses mains délavées, l'incitant à attendre un peu. Dubitatif, lorsqu'on l'invita à s'asseoir à une table ou trois autochtones discutaient à voix basse, le jeune homme s'exécuta néanmoins. Répondant sans trop se mouiller aux regards divers qu'on lui adressa, il n'eut pas le temps de trop s'interroger. Les bras encombrés d'un gros bol fumant et d'un plat de poissons fumés qu'il déposa devant Jaros, le tenancier reparut. *Ouais, soucis de communication, pas possible autrement.* Interdit, le vagabond ne sut trop que répondre alors que l'homme se frottait les mains sur son tablier, lui adressant un regard incompréhensible.

- Mais... Je ne peux pas payer ça maintenant.

Mimique surprise à nouveau, accompagné d'un geste négligeant dont la signification était, elle, enfin claire. Mais bien étrange, surtout. Sentant ses entrailles se tordre d'anticipation alors que l'odeur du riz sauté aux légumes lui emplissait les narines, Jaros craqua, et s'emparant de la cuillère posée à coté du bol, il commença à manger frénétiquement. Réflexe de bonne tenue, le jeune homme ne faisait presque aucun bruit en mangeant, et il remarqua à peine les coups d’œils qu'on lui jetait. Avoir la bouche pleine lui rappelait à quel point il avait faim. Il ne remarqua pas plus que celui qui l'avait amené jusque là s'asseyait à coté de lui. Difficile en revanche de ne pas entendre les mots qui lui furent adressés.

- On est au complet avec vous, on va pouvoir commencer.

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A contre-coeur, il avait suivi ce type. A vrai dire, Kusachi n'avait rien de mieux à faire et, visiblement, être louche était un trait commun pour les gens de cette île. Donc, quitte à se faire empapaouter par un timbré, le marin d'eau douce préférait choisir lequel aurait cet honneur. Il ne savait pas bien où il se dirigeait, après tout il n'était là que depuis très peu de temps et tout ce qu'il avait vu du coin se limitait aux quais et ses abords. Tandis que son chien guide longeait les murs, cherchant à se fondre dans la masse comme une ombre dans une rue totalement éclairée par le soleil , Kusa, lui, avançait en plein milieu du chemin. Pas le temps de tergiverser, il n'allait pas faire le clown gratuitement pour amuser la galerie et son pseudo kidnappeur. Mais peu importe, ce dernier ne semblait pas prêter attention à ce qu'il se passait derrière. Il regardait dans tous les sens, passait la tête très légèrement à l'écart des murs aux intersections pour vérifier que l'endroit était sans danger, il s'amusait à faire plusieurs traces de pas sur un même endroit et passait son temps à se cacher derrière le moindre objet pouvant le couvrir. En fait Kazuki ne l'avait même pas réellement regardé depuis cette curieuse rencontre où aucun des deux ne comprenaient les propos de l'autre. De toute manière, il était compliqué de définir ce qui se cachait derrière cette tenue. Il portait une sorte de long manteau noir, orné d'un motif se répétant plusieurs fois sur ce tissu, une sorte de nuage, mais rouge. Son visage, Kusa ne pouvait le définir, il était caché par une épaisse capuche qui faisait disparaître ses traits dans la pénombre. Vraiment bizarre ce type. La balade avait assez duré, faire le zouave n'était pas dans ses prérogatives, ce n'était pas la peine d'aller plus loin dans cette histoire.


Bon, écoute..... Euh...... Steeve. J'ai mieux à faire ailleurs, je sais pas où, je sais pas quoi, mais je sais qu'il y aura toujours quelque chose de mieux que.... Peu importe comment tu appelles ce que tu fais.

Mais mais.... Et puis, je ne m'appelle pas Stee....

Passionnant, allez, faut que j'y aille, bon courage pour la suite Steeve.

ATTENDEZ !


Celui nommé instinctivement Steeve avait changé de ton. Il avait évidemment quelque chose dans la tête, et le fait que Kazu puisse partir sans le suivre semblait inacceptable visiblement. Après une profonde inspiration et avoir encore une fois vérifié que personne ne l'épiait, il retira sa capuche, dévoilant ainsi son visage. Il avait des cheveux noirs, maintenu en l'air par on ne sait quel procédé, peut-être était-ce naturel ou un simple résultat d'un manque d'hygiène capillaire. Ce qui était le plus marquant se trouvait être ses yeux, cachés derrières une paire de lunettes, avec une pupille rouge. En fait les deux yeux étaient rouge. Ces derniers étaient remplis de larmes. Il semblait être encore assez jeune, encore un adolescent emo perdu. Avec une voix sanglotante, il voulait convaincre à tout prix Kusachi de rester avec lui et l'aider à une entreprise encore inconnue, faute de quoi, son malheur serait complet.


J-je... Je suis un orphelin, ma famille a été tué par des pirates et donc j'ai voulu rejoindre la révolution pour combattre le gouvernement...

C'est sympa tes yeux. T'es un albinos ?

… j'ai trouvé d'autres partageant mes convictions afin de faire mal à ces fascistes...

Ou alors tu as une conjonctivite ?

… et ainsi venger mes parents...

Une fois, j'ai vu un mec avec des yeux rouges aussi...

… et aujourd'hui, je vous vois. Vous descendez d'un bateau de la révolution. Il y a forcément quelque chose qui se trame, on a vu les signes avec les autres. Vous êtes là pour nous guider n'est-ce pas ? Donner de l'espoir à Kanokuni et nous libérer de l’oppression ? Vous devez être un haut dignitaire de l'armée rév... Vous êtes un cavalier, je le sens, j'en suis certain. Vous devez être occupé mais j'ai vraiment besoin de votre aide, mon groupe et moi, nous voulons aider.

Et en fait il était simplement allergique au pollen.

Quoi ?

Ou c'était un lapin avec la myxomatose, je sais plus en fait.

Pardon ?

Ah ! Oui, parfois je monte à cheval. Enfin ça m'est arrivé une ou deux fois.


Sur le coup, Steeve n'avait pas tout suivi, complètement absorbé par son histoire, il n'avait pas compris que Kusa n'avait pratiquement rien écouté et sa dernière phrase en témoignait. Cependant, ce jeune révolutionnaire à l'histoire profonde et intense pensait encore une fois, à tort, que son interlocuteur utilisait encore une fois du code, afin d'être le plus discret sur son rôle. Il était content d'avoir eu raison et semblait confiant dans le fait d'obtenir l'aide qui recherchait. De son côté, Kusachi n'avait écouté qu'à moitié, être une oreille attentive n'était pas vraiment son truc, encore moins quand l'histoire racontée durait plus de dix secondes. Après un instant, il accepta, face à l'insistance du gamin révolté, de le suivre dans sa formidable aventure, espérant avant tout avoir de quoi manger à la fin de tout cela et, de préférence, gratuitement.

*****


Une cave. Voilà où l'avait conduit Steeve. Toute cette marche pour arriver dans cet endroit sombre et humide. Comme prévu par Kusachi, tout cela sentait le traquenard tendancieux dans un lieu glauque. Son grand coeur le perdra. Peu importe, bien que l'endroit était peu conventionnel, sachant qu'il venait de traverser une taverne sans s'y arrêter, il n'en était pas moins vide de vie. Il y avait du monde qui était déjà présent à son arrivée et d'autres qui arrivaient après avoir atterri ici. Kusa trouvait le temps long jusqu'à ce qu'un type décide de s'adresser à l'ensemble des gens présents dans la pièce.


On est au complet avec vous, on va pouvoir commencer.


Les rares pas encore installés, tel que Kazuki et Steeve, approchaient pour s'asseoir à la table et commencer. Commencer quoi, Kusa n'en savait rien, il n'avait rien appris de nouveau à ce qui se tramait ici et ainsi donc se retrouvait embarqué malgré lui dans une réunion des inconnus anonymes. Après un instant à faire grincer sa chaise en cherchant la façon la plus confortable d'être installé sur sa chaise par rapport à l'angle de la pièce, il remarqua un type en train de manger à cette table. Après un instant à vérifier qu'il n'avait pas été simplement servi en premier, il se releva d'un coup sec, envoyant sa chaise au sol.


Hé oh, c'est quoi ces conneries ! Pourquoi lui il mange et pas moi ? Ou alors c'est un plat à se partager ? Vous voyez pas qu'il est en train de tout s'enfiler ! Filez moi ça, j'ai la dalle, oh !


Tous autour de la table avaient les yeux écarquillés, déjà parce qu'il n'avait jamais vu cet énergumène et ensuite parce qu'ils ne comprenaient pas sa réaction. Faire une scène au départ de cette réunion pour une histoire de nourriture était une première pour cette assemblée. A cet instant, Steeve était tout paniqué, il ne savait pas où se mettre après cet incident. Il était là, à se courber à un rythme régulier, demandant d'excuser celui qu'il voulait introduire dans le groupe, pendant que ce dernier continuait à faire une scène en équilibre sur la chaise au sol avec une jambe et l'autre posée sur la table. Finalement, après avoir été psychologiquement absent un court instant face à la situation, celui qui avait voulu lancer la réunion avant cette interruption se leva pour remettre de l'ordre dans cette cave.


Bon, calmons-nous... Il va falloir tout recommencer à zéro et faire les présentation. C'est toi, Sasachi, qui a ramené notre bruyant invité.

J-je, je....

Ne me dis pas que c'est quelqu'un pour soutenir ton projet pour avoir un nuage rouge en guise de logo de notre groupe et nous nommer.... C'était quoi déjà... Apadesushi ?

N-non n-non. C'est pas ça. Il. Il.


Sasachi, ou Steeve, comme il sera nommé dans cette aventure grâce à l'esprit tordu de Kusa, n'arrivait pas à s'exprimer correctement. Il avait du mal à regarder les autres dans mes yeux et ces derniers étaient fixés sur ses chaussures. Lui qui était tellement heureux d'avoir trouvé un héros qui pourrait les mener à la gloire et l'accomplissement du devoir face à l'oppression avait perdu toute son assurance face aux paroles de son homologue. Mais il ne pouvait s’aplatir ainsi, cette fois il avait un énorme atout dans sa poche.


C'est... C'est un cavalier... Je l'ai vu. Il a débarqué d'un navire aujourd'hui. Il pourrait nous aider pour faire des actions concrètes.

Des actions concrètes ? C'est déjà ce qu'on fait, on fait mener la vie dure à ce gouvernement fasciste ! Bon et puis qu'est ce qui nous prouve qu'il est un membre de la révolution. Gradé qui plus est.

Je l'ai vu !

Je veux bien te croire, mais ça peut-être un espion. Alors, qu'est ce que vous avez à nous dire à ce propos, monsieur.... Monsieur ?


Pendant ce temps, Kusachi avait été directement à la confrontation avec celui qui avait eu le droit de se sustenter, l'attrapant par le col et en le regardant fermement en agitant les lèvres sans produire un son. Ce n'était en aucun cas menaçant mais il n'avait pas eu le déplaisir de s'en rendre compte, alors coupé par le maître de la séance. Relâchant la malheureuse victime qui n'avait rien demandé à personne, même son bol de soupe, il répliqua.


Monsieur ? Bien évidemment, ça ne se voit pas ? Par contre j'ai rien écouté et j'ai toujours faim.

Vous en êtes ? Vous êtes des nôtres ? Vous avez voyagé avec un groupe des nôtres ?

J'ai voyagé avec le Chef Kivala ouais. Un type sympa même si pas très causant par moment. Après si c'est un des vôtres, j'en sais que dalle moi. Il répétait tout le temps « Viva la révoltation » avec ses copains, enfin un truc dans le genre.


Le groupe se regarda dans le blanc des yeux. Ils avaient en effet eu vent qu'un groupe de révolutionnaires devait débarquer ici, mené par un certain Kivala. Ce qui se passait était trop beau pour être vrai. Il y avait quelqu'un qui venait les superviser, un véritable révolutionnaire. Finalement, le gamin dérangé avait peut-être raison, il pouvait faire plus et devenir un véritable groupe de la révolution , servir à la libération de l'île. Après un instant de grand silence à imaginer ce qu'il pouvait faire avec un allié pareil, celui qui semblait être le leader du groupe, une supposition de Kusachi étant donné qu'il était le seul à avoir parlé parmi les membres de la table ronde, le type commença à s'éloigner de son siège.


Il faut que l'on en discute en privé, vous comprenez.

Faites comme chez vous.


A vrai dire, il devait être plus ou moins chez lui, mais Kazu aimait bien s'approprier n'importe quel endroit en guise de "chez lui". Et puis bon, il n'allait pas quitter la cave, il ne savait même pas où il était précisément après avoir suivi Steeve. Le groupe se plaça en cercle dans un coin, à l'écart de la table où ne se trouvait plus que Kusachi et l'autre type qui avait eu le droit à une gamelle. Même si la discussion était censée être d'ordre privée, les messes basses et autres chuchotements venaient à résonner dans la cavité et l'excitation d'un groupe qui n'avait rien fait de plus que déchirer des affiches du gouvernement était palpable. Cependant, écouter aux portes n'était pas le truc de Kusa, surtout quand il y avait plus en jeu. Il regardait avec envie son compère exclu de la conversation groupée.


Bon. Faisons table rase sur cette table ronde de ton insolence et file moi ta gamelle. Faut partager les trucs au nom du prolétariat je sais plus quoi. J'ai entendu ça sur le bateau où j'étais pour venir ici, je suppose que c'est comme cela que s'utilise cette phrase. Enfin l'effet reste le même, j'ai la dalle et tu as de la bouffe.
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*Je suis tombé sur l'île des dingues ou quoi...* Malgré l'empressement avec lequel il se remplissait l'estomac, Jaros s'inquiétait tout de même de sa situation. Autour de lui, ça discutait avec agitation, mais il n'arrivait pas à y prêter grande attention. Un énergumène, surtout, à l'air un peu idiot, l'avait interpellé d'une façon étrangement puérile. L'ordre des priorités étant ce qu'il était, le jeune homme avait continué de manger tant qu'il le pouvait. Mais maintenant...

- Bon, pour rester poli...

Pas impressionné pour un sou par la longue tirade du gus qui, sans aucune gêne, venait carrément de lui demander de lui donner sa nourriture, le vagabond jeta un coup d’œil rapide au contenu de son bol, alors qu'il s'arrêtait pour pouvoir parler. Une bonne moitié du riz avait déjà disparu, accompagnant les poissons - des anguilles marines, semblait-il - fumés qui il y a quelques minutes à peine reposaient encore sur leur plat maintenant vide. S'il se sentait encore tout à fait d'attaque, Jaros aurait pu s'arrêter là, si la situation l'avait exigé. Aurait pu seulement. Pour ce qui était de la volonté, ce n'était pas les années à vagabonder dans les ruines de Manshon qui allaient l'inciter à céder à de telles demandes. Surtout alors qu'il avait reçu ce plat gratuitement.

- Bon, pour rester poli... On m'a donné ça à moi. En demandant à... ceux qui tiennent cet endroit, on va dire, sans doute que t'en auras. Mais vient pas m'importuner moi.

En parlant, il avait brièvement éloigné ses mains de son bol à moitié vide, sa cuillère toujours en main. Plus rapide qu'un furet, l'opportun plongea, se recula prestement, et se mit immédiatement à manger avec les mains. Bruyamment et en projetant quelques grains sur la table et le sol, bien entendu. Bien que surpris d'une telle rapidité, Jaros se vit écraser la main voleuse tout en lançant son ustensile de céramique à la figure de l'idiot. Avant que tout mouvement ne soit amorcé, il se raidit, et sentit la cuillère se fissurer entre ses doigts. Avec lenteur, il reposa sa main sur la table, et desserra son étreinte, s'attendant à sentir la morsure d'un éclat tranchant, mais non, le couvert tenait encore en un seul morceau, apparemment. D'une voix sèche, il cingla le malotru d'une question qui n'en était pas vraiment une.

- Tu te fous de moi ?
- C'est ta faute, t'as pas dit clairement non.

Les traits de Jaros, à leur tour, se raidirent. L'autre aurait voulu le provoquer ouvertement qu'il n'aurait pas obtenu meilleur résultat. D'un geste rapide, un peu sec, il se leva de sa chaise tout en posant brusquement la cuillère qu'il tenait encore, puis se retourna et partit d'un pas vif, attisant les commentaires à mi-voix des quelques spectateurs proches. *Rien de vraiment perdu vu qu'on me l'a donné, allez...* Malgré ses tentatives mentales de rationalisation, le jeune homme était furieux. Eut-il été dans les rues de Manshon, la punition aurait été immédiate pour le sans-gêne; mais précisément il n'y était pas. Plus encore, il ne savait pas vraiment dans quel bourbier il avait pu se fourrer.

Ralentissant sa cadence, il essaya de rassembler ses pensées. *Bon, qu'est-ce qui s'est dit, finalement ?* Remplir son ventre avait été pour lui une occupation si prenante qu'il n'avait pas été très attentif à tout ce qui s'était passé. Celui qui l'avait amené ici, après quelques palabres en cercle, s'était retiré dans une pièce à part, la porte fermée par un gros loquet. Jaros fronça les sourcils. La tête lui tournait d'avoir enfourné si vite une nourriture copieuse, surtout avec un estomac vide depuis si longtemps. *Merde... Je devrais peut-être me barrer.*

- Hé vous, je vous ai vu arriver, vous êtes un... un des "travailleurs" ?
- Hum... Pardon ?

Impossible pour Jaros de bien entendre la fin de la phrase, qui avait été chuchoté d'un ton sourd. Il se tourna donc vers son interlocuteur, prudemment, gardant en tête son projet d'aller voir ailleurs. Un petit homme vêtu de gris, peau cuivrée et petits yeux surmontant des joues légèrement creusées - faisant écho à sa calvitie creusant sa chevelure de part et d'autre de son front déjà haut. Il se répéta, toujours d'une voix basse et pressante, mais en se penchant le jeune homme comprit, cette fois.

- Euh... Oui, je suis venu pour travailler. Je cherche celui qui m'a amené ici d'ailleurs, un...- Oh, n'en dites pas plus ! On s'est compris, je vous ai bien vu arriver. J'étais sûr de mon coup, même, c'est l'expérience qui parle. Sans vouloir me vanter hein, bien sûr.
- Hum oui, bien sûr... Mais vous sauriez où le trouver, justement ? Ou au moins quel travail il a à proposer ?

Au vu de la tête que fit l'énergumène devant la question, c'était à se demander s'ils parlaient la même langue. Voilà quelque chose qui aurait pu être prévu, idéalement, le vagabond n'était pas à son coup d'essai avec la populace locale. *Oh bordel... Peut-être qu'en jouant à leur jeu, j'aurais de meilleurs résultats ?* Se raccrochant à cette hypothèse un peu fumeuse mais peu coûteuse, au point où il en était, le jeune homme tenta le coup. Il prit un ton de confident au sérieux presque comique tant il était exagéré, et se pencha à l'oreille de l'autre.

- Vous comprenez, on a toujours besoin d'être bien sûrs.
- Oh oui oui, bien sûr, oui. Mais il ne devrait pas tarder à reparaître. Avec... vous savez qui.

Toute sa concentration lui fut nécessaire pour tuer dans l’œuf le gros soupir qui ne demanda qu'à sortir, en entendant cette réponse. *Dans quoi est-ce que je me suis fourré...* Gardant une expression neutre, il s'éloigna de son interlocuteur, et jeta un coup d’œil à la ronde. Attendre, ou partir ? Après tout il avait déjà obtenu quelque chose, pas bien lourd mais tout de même. Avoir pu manger était déjà en soi une réussite, pour Jaros. Il pourrait très bien s'en aller maintenant, rempli d'une nouvelle énergie, et enfin trouver un travail convenable. D'un autre coté, le jeune homme était en plein dans le biais de l'escalade de l'engagement. Il avait déjà suivi cet inconnue jusqu'ici, et pour le moment rien de fâcheux n'était arrivé. *Est-ce si déraisonnable d'attendre encore pour voir ce qu'il en est, finalement ?*

Il n'eut pas trop le temps de s'interroger longtemps cependant. Entrant dans un bruit de porte violemment claquée, trois personnes entrèrent dans la salle. Rentrèrent, plutôt. En tapant à l'aide d'une grande timbale contre une table, l'un deux attira l'attention de tout le monde. Celui qui avait amené Jaros ici, évidemment.

- Mes amis, c'est une grande journée pour nous tous !

Une voix étonnamment forte, il fallait le reconnaître. Une discordante ovation lui répondit, alors que le vagabond plissait brièvement ses traits, dérangé par la démonstration.

- Les travailleurs sont avec nous, vous savez tous ce que ça veut dire...

Un concert de chuchotements et de marmonnements confus se mit à fleurir. On eut dit que tous en avaient une idée différente, de ce que ça voulait dire, ou presque. *C'est l'asile ici, pas possible autrement.* Rapidement dans les petits groupes le ton se mit à changer, mais une nouvelle batterie de martellements stoppa la cacophonie.

- Plus d'hésitations, camarades, plus d'hésitations ! Le grain est mûr.

Flopées d'onomatopées diverses accueillirent cette révélation sibylline, alors que Jaros regrettait de plus en plus son hésitation à partir. Dans ce mouvement de foule, il lui paraissait douloureusement clair qu'il n'avait rien à faire dans cette réunion d'allumés. L'idée se s'éclipser en douce s’immisçait doucement en lui, sans qu'il voit vraiment une occasion sûre de le faire se présenter. Une autre partie de lui restait curieuse de tout ce charabia, et de ce sur quoi cela allait mener.
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Deux choses se produisirent alors en simultané. L'air plus emphatique que jamais, l'orateur ouvrit la bouche; il semblait particulièrement apprécier son rôle, trop impatient pour savourer plus longtemps l'attention intense que l'auditoire lui dédiait. Et au même moment, la porte et une partie du mur derrière lui explosa. Le souffle le propulsa dans la salle, le torse empalé par le linteau d'une porte, accompagné d'une suite de débris divers. L'onde sonore déchira les tympans de l'audience quelques millisecondes plus tard, alors qu'une bonne moitié se retrouvait percutée par les décombres. En une seconde, ce fut la panique complète.

Le bruit tonitruant n'avait pas fini de résonner que les cris de la petite foule retentissaient déjà, accompagnant la plainte déchirante et grave du bâtiment de leur chœur aigu et discordant. Personne, dans ce qui paraissait pourtant avoir été un semblant d'organisation, n'eut la présence d'esprit de discipliner ce fourmillement affolé. Ni coordination pour s'occuper des blessés, ni sortie bien ordonnée, seulement une mêlée confuse et hystérique. Sans doute pas ce à quoi l'orateur s'attendait de ses ouailles.

- Bordel...

Murmurant entre ses dents, Jaros, l'espace d'un instant, eut comme l'impression que les traits de l'homme restaient figés dans ce rictus triomphant, même en plein vol. Cueilli par la mort avant même de comprendre ce qu'il se passait, sans doute. Une observation bien incongrue au vu de la situation, et particulièrement fugace, car le jeune homme avait bondi en arrière presque instantanément. Il ne put voir le corps atterrir sur le sol, ne chercha même pas à le faire. Passé cet hébètement, une seule chose le préoccupait, à présent, à savoir se tirer de ce traquenard. Malheureusement sa position dans la salle ne l'aiderait guère. Malgré ses sens en alerte, on le percuta violemment dans le dos, suffisamment pour se retrouver déséquilibré.

D'une souple rotation sur lui-même, le jeune homme regarda rapidement autour de lui. L'explosion avait sapé tout une partie d'un mur, et le plafond, malgré sa hauteur, n'avait pas très bonne mine. La porte par où il était entré se trouvait à une dizaine de mètres, tout au plus; une bonne trentaine de personnes remplissaient cet espace. C'était la cohue, hurlant à tout va. Certains se frappaient, par inadvertance ou par hargne d'arriver les premiers dehors, d'autres tombaient, bien vite piétinés par leurs camarades aussi lucides que du bétail terrorisé. Pas d'égards pour les blessés, bien évidemment. Cela révolta très spontanément le vagabond, et lui fit perdre quelques précieux instants. On le bouscula à nouveau plus violemment encore.

La plainte sourde du bâtiment se fit à nouveau entendre, et Jaros sentit le sang lui fouetter les chairs. *Allez merde, bouge-toi !* L'urgence de la situation ne se prêtait pas à des considérations de ce genre. Vivement, il se retourna. Attrapant l'épaule du grand type qui venait de le gratifier d'une vilaine bourrade, le jeune homme imprima une vive poussée vers le bas. Sous ses doigts, l'articulation  se déboita presque, alors que l'inconnu trébuchait, courbant l'échine machinalement face à la douleur. Sans vergogne, Jaros l'utilisa comme tremplin pour s'enfoncer dans la foule d'un bond, piétinant le dos du malotru. Quelques instants plus tard, une nouvelle explosion retentit.

*Bordel !* Contrairement à la plupart des personnes présentes, le vagabond, loin de se recroqueviller alors que l'impact secouait la bâtisse, il se pressa plus que jamais. Louvoyant et crochetant toute personne tentant de le dégager et se servant d'eux comme prise pour avancer plus encore dans le courant de cette rivière humaine. C'est écrasé entre trois personnes que Jaros passa enfin la porte, alors que des cris angoissés répondaient au gémissement du plafond privé d'un mur porteur. Tout allait bientôt s'écrouler.

Le bar avait déjà été mis sans dessus dessous par le reflux des badauds terrorisés, le sol jonché d'éclats de verre, tables et chaises renversées. Devant le jeune, on trébucha, et il releva à la va-vite la personne la plus proche, une femme dont les avant-bras, nus, s'ornaient de tatouages aux motifs géométriques. Et de vilaines coupures toutes fraiches, aussi. *Riche idée de se rattraper comme ça dans du verre pilé...* Jaros dut presque la rattraper une seconde fois, tant la bougresse accusait le coup. Ce n'est qu'une fois arrivé dehors qu'il comprit que des morceaux tranchants s'étaient logés dans ses genoux.

Dans la rue, le changement brutal d'atmosphère lui fit tout drôle. Certes, la foule était toujours aussi massive, entre les curieux et le reste, mais l'espace ouvert permettait au bruit de perdre cette propriété étouffante. Le choc qu'il ressentait, en vérité, était surtout dû au fait qu'il se rendit brutalement compte d'à quel point ses oreilles avaient été saturées. Entre les explosions, les cris, les entrechoquements, les craquements du bâtiment... C'est comme s'il respirait à nouveau, et qu'un carcan enserrant son crâne jusque là se relâchait enfin. Expirant bruyamment, il s'éloigna de la scène navrante, voyant avec soulagement que la foule se clairsemait à mesure que la distance augmentait. La pression retombant, l'étonnement, l'horreur et l'incrédulité commençaient à poindre. Personne ne l'interpella, heureusement, et il n'était pas blessé.


Un peu plus tard...


Assis sur une vieille caisse, Jaros regardait pensivement l'activité du port. L'agitation provoquée par ce qui ressemblait à une attaque entre gangs était visible même ici. *Dans quel putain de merde j'allais me fourrer, sérieusement...* Le genre de curiosité dont il avait fait preuve aurait pu lui coûter cher, très cher. Eut-il été seulement un peu décalé dans la salle, et l'issue aurait probablement été fatale. Il se refusait à trop se demander ce qu'il avait pu arriver à la ribambelle d'énergumènes qu'il avait eu le temps de croiser. *Devrait plutôt réfléchir à comment je vais me barrer d'ici...*

Le jeune homme n'avait aucune idée de la situation politique et sociale de l'île, mais tout ceci ressemblait un peu trop à ce qui avait pu se passer lors du blocus de Manshon à son goût. Il avait fait le long, terriblement long trajet jusque West Blue pour trouver du travail, pas pour tomber dans une situation aussi tendue que chez lui, voire pire. Cela ne faisait pas cinq minutes qu'il s'était assis, mais Jaros se leva prestement, s'épousseta encore une fois comme il pouvait, et partit d'un bon pas vers les quais. Il devait trouver quelque chose au plus vite pour partir d'ici.
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