Alors que la coq rentrait à sa chambre, elle fit un détour. Elle se balada hors de la ville, soufflant un peu, se détendant avant le crépuscule et la nuit qui lui promettaient de nouvelles aventures. Elle était remontée à bloc, les cuisiniers misogynes qui lui avaient claqués la porte au nez, toutes les recherches pour du travail dans une cuisine à Cocoyashi étaient oubliées. Elle avait un nouvel objectif et elle l'atteindrait quoi qu'il lui en coûte. Un petit sentiment de défaite s'insinuait tous de même en elle, car Robina n'atteindrait pas le but qu'elle s'était fixée à la base en arrivant sur cette île, cependant elle ferait tout comme. En secouant la tête, elle chassa ces pensées noires et repartit sur le chemin, le vent chaud de l'après-midi soufflait dans ses cheveux et charriait l'odeur des agrumes tant aimer sur cette île.
Les ouvriers étaient rentrés depuis une heure à cause de la chaleur, pour ne pas attraper une insolation. La cuisinière, elle, profitait de cette journée qui avait commencé par des catastrophes en pagaille. Elle passait d'ombre en ombres pour éviter le soleil qui tapait fort. Le temps passa plus vite qu'elle ne l'avait pensé et la tombée de la nuit arrivait déjà. Elle marcha lentement jusqu'à une culture en terrasse, le ruban gris montait en trois lacets jusqu'au plateau où reposait la ville. La démarche sûre, elle marchait pensivement, elle se prit les pieds dans une racine, mais réussit à se rattraper à une branche avant de tomber sur le sol. La montée achevée, elle franchit l'arche de mandarinier pour voir le paysage alentour.
Des couleurs, dans les derniers instants d'agonie du soleil. Toutes les étendues alentour se composaient de champs de différentes couleurs. Orange, jaune, vieux rose, bleu ou violet. Cet assortiment était un enchantement pour les yeux de la Sanderrienne qui n'avait jamais vu ça de sa vie.
Le vent charriait les odeurs fleuries jusqu'à elle, ce qui était loin d'être désagréable. Jamais elle n'avait senti des fragrances aussi belles de sa vie. Le crépuscule tomba pendant que notre héroïne regardait ce spectacle. Elle fit demi-tour pour retourner à son auberge et avaler un repas rapide, avant de repartir. Sa démarche était alerte, légèrement bondissante. Elle cherchait sa première proie, quelqu'un qui pourrait la mettre sur la trace de l'homme qu'elle cherchait.
Bien que Cocoyashi était une belle ville, chaque ville comprenait son lot de vices, inhérent aux travers de l'humanité. Et qui disait péché, disait forcément chair. Robina en avait déjà vu quelques-unes sur Sanderr à tarifer les plaisirs qu'elle pouvaient octroyer aux hommes et aux femmes. Elle eut un peu de mal à trouver le quartier de ces femmes, mais elle sut quand elle s'y trouva.
Des femmes à la beauté fanée sinon inexistante, à la jeunesse déchue, flétrie, aux espérances éteintes, se tenaient aux croisements des rues, à l'embrasure des portes, hélant leur clientèle potentielle d'une voix blasée. Mais ce n'étaient pas ces pauvresses et leurs jupes aux teintes vives qui intéressait la coq. C'était sur l'un de ces sinistres personnages, profiteurs des vices et des frustrations d'autrui, qu'elle avait jeté son dévolu.
Elle se tenait maintenant tapis sous les arcades d'un bâtiment, invisible dans la pénombre. En face de sa position, l'enfilade de la rue où figurait une brochette de ces femmes de petites vertus.
Le proxénète avait été facile à repérer. Caricature du genre, il se pavanait en avançant dans la rue. Le crâne rasé, les épaules recouvertes d'un manteau de fourrure blanc. Le ventre débordait par-dessus son pantalon de soie violette, ses mains baguées battaient l'air à mesure qu'il approchait. L'anneau brillant qu'il portait à la narine droite accrocha la lumière des réverbères tandis que la lame d'une hachette se laissait devenir sous son manteau. Sûr de lui, sûr de sa force.
Le proxénète s'approcha d'une femme d'âge indéterminé, les traits fins et fatigués, à l'abondante chevelure brune. Elle avait peur de lui, c'était manifeste. L'homme au manteau de fourrure blanche se pencha sur elle en agitant les bras et lui postillonna au visage. La brune se tassa sur elle-même. La main tremblante, elle lui remit un rouleau de billets froissés. Le souteneur se mouilla les doigts, compta le tribut. Il l'empocha et frappa sa gagneuse d'un revers en pleine bouche. Il avait usé de suffisamment de force pour envoyer la brune heurter le mur. Elle s'effondra en crachant du sang et resta prostrée sur le sol. L'homme se pencha sur elle pour lâcher une phrase à l'intonation sifflante.
La femme hocha de la tête à plusieurs reprises, le corps secoué de sanglots. Le proxénète se redressa en poussant un rire gras, tira sur son pantalon pour le remonter sur ses hanches et balança un coup de botte dans les côtes de la malheureuse. D'un air satisfait, sans un regard en arrière, il entreprit de remonter la rue jusqu'à la prochaine de ses esclaves.
Robina grinça des dents tout le long de l'échange. Elle ne pouvait pas encore intervenir, l'homme était encore trop loin d'elle et elle voulait avoir l'effet de surprise pour frapper au bon moment. Elle suivit l'homme au manteau blanc à travers un dédale de rues en pente, tandis que ce dernier poursuivait sa levée. La chasseuse eut ainsi confirmation du fait que l'individu aimait frapper. La plus chanceuse de ses gagneuses, ou plutôt la moins mal lotie, ne reçut qu'une seule paire de baffes.
Sa collecte enfin terminée, le proxénète changea de quartier, toujours sans se douter qu'il était suivi. Robina avait bien fait attention, d'attendre quelques secondes entre chaque coin de bâtiments. Elle était restée cachée le plus souvent possible dans l'ombre pour ne pas se faire voir. Son plan avait marché et l'homme revenait sur ses pas. Il s'engagea dans une ruelle terminée d'une venelle perpendiculaire. La cuisinière sortit de l'ombre et se planta en travers de sa route.
Dites, monsieur, je cherche un peu de compagnie pour ce soir... Vous pourriez m'aider ?
Elle le plaqua alors contre un des murs de la ruelle. Une des mains de Robina glissa le long du pantalon de l'homme devant elle, qui avait l'haleine qui sentait le rat mort. Elle décrocha la hachette qu'il avait glissée dans sa ceinture sans qu'il s'en aperçoive, l'excitation de l'être lubrique était manifeste.
Ouais, ma petite... Et en quoi je peux t'aider ?
Elle raffermit son étreinte d'un bourrade. Et le fixa dans les yeux.
Je veux des réponses ! Et tu vas me les donner !
Hé, mais qu'est-ce que tu fais ?! Ne me touche pas ! Dégage !
Robina s'écarta légèrement du proxénète. Il mit la main à son ceinturon pour récupérer son arme, mais elle avait déjà disparu de là où elle se trouvait il y a quelques instants. C'est à ce moment précis que la coq le gifla à toute volée, le faisant trébuché.
Ça ne va pas, gamine ?
L'homme en manteau blanc mugit cette phrase, la main de la cuisinière tatouée sur sa joue écarlate. Le coup l'avait plus énervé que calmé.
Tu fais une sacrée boulette en t'attaquant à moi !
Ah oui et pourquoi ça ? Dis-moi tous. Tu vas t'énerver comme sur les pauvres femmes que tu as frappés tous à l'heure ? Tu vas me montrer qui est l'homme fort ?
Robina fit un pas sur lui et leva la main pour le menacer d'une nouvelle gifle. L'autre para de l'avant-bras mais l'attaque de la coq n'était qu'une feinte et le souteneur reçut une nouvelle claque, cette fois sur l'oreille opposée. L'homme beugla de douleur.
Tu ne sais pas ce que tu fais, il doit y avoir un malentendu, petite. Je suis Virok, un Affilié... la Confédération... tu comprends ?
Ça tombe bien que tu sois un affilié, tu vas me donner des informations sur Lee Agaa sinon je vais devenir méchante !
Non, si je baisse ma culotte devant toi, je perds tous mon crédit en ville et...
La frustration de ne pas avoir de réponses montait en la cuisinière. Le proxénète était immonde, il frappait les femmes qui travaillaient pour lui et aimait ça. Elle ressentit un besoin de frapper en voyant le visage de l'homme en manteau blanc. Elle frappa de la paume de la main dans la glotte du souteneur. Celui-ci se plia en deux en toussant, le visage enflammé. Elle redressa sa victime sans ménagement en le plaquant sèchement contre le mur, avant de se reculer. Le proxénète finit par retrouver sa respiration. Il fallait reconnaître une chose au nommé Virok: il était têtu et courageux. Il pointa l'index sur Robina et lâcha d'une voix rauque:
Toi, tu es morte ! Tu entends ? Fois de Virok, la Confédération et Lee Agaa ne vont pas te louper ...
La coq sourit en entendant le nom de la personne qu'elle cherchait, elle était sur la bonne piste. Cet homme au manteau blanc était la première miette de pain à suivre pour remonter sa trace.
Les ouvriers étaient rentrés depuis une heure à cause de la chaleur, pour ne pas attraper une insolation. La cuisinière, elle, profitait de cette journée qui avait commencé par des catastrophes en pagaille. Elle passait d'ombre en ombres pour éviter le soleil qui tapait fort. Le temps passa plus vite qu'elle ne l'avait pensé et la tombée de la nuit arrivait déjà. Elle marcha lentement jusqu'à une culture en terrasse, le ruban gris montait en trois lacets jusqu'au plateau où reposait la ville. La démarche sûre, elle marchait pensivement, elle se prit les pieds dans une racine, mais réussit à se rattraper à une branche avant de tomber sur le sol. La montée achevée, elle franchit l'arche de mandarinier pour voir le paysage alentour.
Des couleurs, dans les derniers instants d'agonie du soleil. Toutes les étendues alentour se composaient de champs de différentes couleurs. Orange, jaune, vieux rose, bleu ou violet. Cet assortiment était un enchantement pour les yeux de la Sanderrienne qui n'avait jamais vu ça de sa vie.
Le vent charriait les odeurs fleuries jusqu'à elle, ce qui était loin d'être désagréable. Jamais elle n'avait senti des fragrances aussi belles de sa vie. Le crépuscule tomba pendant que notre héroïne regardait ce spectacle. Elle fit demi-tour pour retourner à son auberge et avaler un repas rapide, avant de repartir. Sa démarche était alerte, légèrement bondissante. Elle cherchait sa première proie, quelqu'un qui pourrait la mettre sur la trace de l'homme qu'elle cherchait.
Bien que Cocoyashi était une belle ville, chaque ville comprenait son lot de vices, inhérent aux travers de l'humanité. Et qui disait péché, disait forcément chair. Robina en avait déjà vu quelques-unes sur Sanderr à tarifer les plaisirs qu'elle pouvaient octroyer aux hommes et aux femmes. Elle eut un peu de mal à trouver le quartier de ces femmes, mais elle sut quand elle s'y trouva.
Des femmes à la beauté fanée sinon inexistante, à la jeunesse déchue, flétrie, aux espérances éteintes, se tenaient aux croisements des rues, à l'embrasure des portes, hélant leur clientèle potentielle d'une voix blasée. Mais ce n'étaient pas ces pauvresses et leurs jupes aux teintes vives qui intéressait la coq. C'était sur l'un de ces sinistres personnages, profiteurs des vices et des frustrations d'autrui, qu'elle avait jeté son dévolu.
Elle se tenait maintenant tapis sous les arcades d'un bâtiment, invisible dans la pénombre. En face de sa position, l'enfilade de la rue où figurait une brochette de ces femmes de petites vertus.
Le proxénète avait été facile à repérer. Caricature du genre, il se pavanait en avançant dans la rue. Le crâne rasé, les épaules recouvertes d'un manteau de fourrure blanc. Le ventre débordait par-dessus son pantalon de soie violette, ses mains baguées battaient l'air à mesure qu'il approchait. L'anneau brillant qu'il portait à la narine droite accrocha la lumière des réverbères tandis que la lame d'une hachette se laissait devenir sous son manteau. Sûr de lui, sûr de sa force.
Le proxénète s'approcha d'une femme d'âge indéterminé, les traits fins et fatigués, à l'abondante chevelure brune. Elle avait peur de lui, c'était manifeste. L'homme au manteau de fourrure blanche se pencha sur elle en agitant les bras et lui postillonna au visage. La brune se tassa sur elle-même. La main tremblante, elle lui remit un rouleau de billets froissés. Le souteneur se mouilla les doigts, compta le tribut. Il l'empocha et frappa sa gagneuse d'un revers en pleine bouche. Il avait usé de suffisamment de force pour envoyer la brune heurter le mur. Elle s'effondra en crachant du sang et resta prostrée sur le sol. L'homme se pencha sur elle pour lâcher une phrase à l'intonation sifflante.
La femme hocha de la tête à plusieurs reprises, le corps secoué de sanglots. Le proxénète se redressa en poussant un rire gras, tira sur son pantalon pour le remonter sur ses hanches et balança un coup de botte dans les côtes de la malheureuse. D'un air satisfait, sans un regard en arrière, il entreprit de remonter la rue jusqu'à la prochaine de ses esclaves.
Robina grinça des dents tout le long de l'échange. Elle ne pouvait pas encore intervenir, l'homme était encore trop loin d'elle et elle voulait avoir l'effet de surprise pour frapper au bon moment. Elle suivit l'homme au manteau blanc à travers un dédale de rues en pente, tandis que ce dernier poursuivait sa levée. La chasseuse eut ainsi confirmation du fait que l'individu aimait frapper. La plus chanceuse de ses gagneuses, ou plutôt la moins mal lotie, ne reçut qu'une seule paire de baffes.
Sa collecte enfin terminée, le proxénète changea de quartier, toujours sans se douter qu'il était suivi. Robina avait bien fait attention, d'attendre quelques secondes entre chaque coin de bâtiments. Elle était restée cachée le plus souvent possible dans l'ombre pour ne pas se faire voir. Son plan avait marché et l'homme revenait sur ses pas. Il s'engagea dans une ruelle terminée d'une venelle perpendiculaire. La cuisinière sortit de l'ombre et se planta en travers de sa route.
Dites, monsieur, je cherche un peu de compagnie pour ce soir... Vous pourriez m'aider ?
Elle le plaqua alors contre un des murs de la ruelle. Une des mains de Robina glissa le long du pantalon de l'homme devant elle, qui avait l'haleine qui sentait le rat mort. Elle décrocha la hachette qu'il avait glissée dans sa ceinture sans qu'il s'en aperçoive, l'excitation de l'être lubrique était manifeste.
Ouais, ma petite... Et en quoi je peux t'aider ?
Elle raffermit son étreinte d'un bourrade. Et le fixa dans les yeux.
Je veux des réponses ! Et tu vas me les donner !
Hé, mais qu'est-ce que tu fais ?! Ne me touche pas ! Dégage !
Robina s'écarta légèrement du proxénète. Il mit la main à son ceinturon pour récupérer son arme, mais elle avait déjà disparu de là où elle se trouvait il y a quelques instants. C'est à ce moment précis que la coq le gifla à toute volée, le faisant trébuché.
Ça ne va pas, gamine ?
L'homme en manteau blanc mugit cette phrase, la main de la cuisinière tatouée sur sa joue écarlate. Le coup l'avait plus énervé que calmé.
Tu fais une sacrée boulette en t'attaquant à moi !
Ah oui et pourquoi ça ? Dis-moi tous. Tu vas t'énerver comme sur les pauvres femmes que tu as frappés tous à l'heure ? Tu vas me montrer qui est l'homme fort ?
Robina fit un pas sur lui et leva la main pour le menacer d'une nouvelle gifle. L'autre para de l'avant-bras mais l'attaque de la coq n'était qu'une feinte et le souteneur reçut une nouvelle claque, cette fois sur l'oreille opposée. L'homme beugla de douleur.
Tu ne sais pas ce que tu fais, il doit y avoir un malentendu, petite. Je suis Virok, un Affilié... la Confédération... tu comprends ?
Ça tombe bien que tu sois un affilié, tu vas me donner des informations sur Lee Agaa sinon je vais devenir méchante !
Non, si je baisse ma culotte devant toi, je perds tous mon crédit en ville et...
La frustration de ne pas avoir de réponses montait en la cuisinière. Le proxénète était immonde, il frappait les femmes qui travaillaient pour lui et aimait ça. Elle ressentit un besoin de frapper en voyant le visage de l'homme en manteau blanc. Elle frappa de la paume de la main dans la glotte du souteneur. Celui-ci se plia en deux en toussant, le visage enflammé. Elle redressa sa victime sans ménagement en le plaquant sèchement contre le mur, avant de se reculer. Le proxénète finit par retrouver sa respiration. Il fallait reconnaître une chose au nommé Virok: il était têtu et courageux. Il pointa l'index sur Robina et lâcha d'une voix rauque:
Toi, tu es morte ! Tu entends ? Fois de Virok, la Confédération et Lee Agaa ne vont pas te louper ...
La coq sourit en entendant le nom de la personne qu'elle cherchait, elle était sur la bonne piste. Cet homme au manteau blanc était la première miette de pain à suivre pour remonter sa trace.
Dernière édition par Robina Erwolf le Sam 6 Oct 2018 - 16:45, édité 1 fois