[11 FEVRIER 1627] : RENCONTRE SANS RESERVE
Il y a un certain temps de ça, Philip était heureux de voir la neige, ressentir la brise glaciale et cette baisse de température significative de l'hiver. Ah ça oui, il était heureux.
Mais les choses ne sont plus vraiment les mêmes, la neige s'est teintée de jaune, la brise est devenue étrangement chaude, et la température, aussi bizarre que cela puisse paraître, n'as pas tant changé que ça.
Nous sommes sur Hat Island, et Philip vit, depuis deux mois maintenant, un premier hiver douloureux pour son moral, il faut le dire, il n'en a pas l'habitude.
« VINGT-SIX DEGRES UN 11 FEVRIER PUTAIN DE MERDE !! »
« Calme toi gringo, si tu te chauffes, tu risques pas de te refroidir ! »
« Biiennnn mon grand, t'a trouvé ça tout seul ? »
Notre héros se trouve, une fois encore, au saloon. Il n'a pas envie de travailler, pas encore, il est trop tôt pour y penser. Alors il gagne son argent en jouant au poker, en rendant des services à droite à gauche, en organisant quelques combats clandestins, enfin bref, vous avez compris le topo.
Il en est à son sixième verre, mais selon l'horloge et ses aiguilles, il n'est que onze heures du matin. Forcément, Hat Island n'a pas le climat le plus approprié pour profiter d'un bon hiver entre amis, mais l'alcool n'est pas forcément la meilleure solution pour oublier ce détail. Autour de lui, voyageur comme habitué le sait parfaitement.
Et croyez-le ou non, Philip le sait également.
Mais notre homme n'est pas du genre à se laisser abattre, il veut de la neige et il pense dur comme fer qu'il finira par l'avoir, peut-être boit-il en espérant avoir une hallucination ? Après tout, qui sait ? Philip Endom ne se dévoile que rarement.
Actuellement, Philip se trouve dans une des nombreuses villes côtières de l'île, permettant les échanges avec l'extérieur. Les habitants qui l'entourent sont donc, pour la plupart, habitué à ce genre de situation dans laquelle les étrangers, les « gringo », perdent les pédales. Mais Philip n'est pas un nouveau, tous ici le connaissent comme un habitué, bavard, rigolo et surtout, buveur.
Alors forcément, ce petit pétage de plomb ne passent pas inaperçu pour ses compères de déboires.
« Oi, c'est quoi ce bordel Phil ? T'as pris quoi ce matin ? »
Mais Philip n'est pas du genre à se livrer, surtout qu'il n'a absolument rien pris de plus que d'habitude, il est juste atteint de ce que l'on pourrait appeler le « mal du pays ». Alors, afin de prendre l'air, mais surtout de ne pas avoir à répondre aux questions de ses confrères, notre héros prend d'abord la bouteille, puis la fuite.
Direction ? Un autre saloon, bien sûr ! Mais un saloon dans lequel il n'a aucune connaissance !
Sur l'allée de sable traversant la ville, se prélassent de nombreux passants. Oui messieurs dames, vingt-six degrés, sur Hat-Island, c'est frais. Alors les habitants en profitent, vous pensez bien !
Philip est perdu dans ses pensées, car il se sait un peu ridicule sur le coup, après tout, il a d'autres chats à fouetter qu'un simple hiver anormal ! Ses plans de carrière sont nombreux, et ses projets le sont tout autant, alors, vous avez deviné, il devrait se concentrer là-dessus plutôt que sur autre chose !
Mais il n'y arrive pas. Alors il boit une gorgée et ne saisit que par bribes, les hurlements des annonceurs publics qui, c'est le cas de le dire, annoncent les nouvelles importantes. En l'occurrence, pour la première fois depuis un peu plus de vingt ans dans ce port, un galion contenant près de trois cents voyageurs venait d'accoster.
La journée risquait d'être mouvementée !