Le monde est noir, chaud et amer comme le café servie par un barisva fallacieux. Canaille en était persuadé à cette époque, et le serait toujours. Il suffisait de voir son expérience et de la connaître pour en être d'accords. Ballottée de ci et de là, entre des propriétaires et d'autre, sans une once de répits pour souffler et se reposer un peu. Son monde était alors un flux tendu de barbarie et de honte pour et par l'humanité. Depuis qu'elle était entrée dans le monde fumeux de la révolution, les choses avaient un petit peu changer quand même. Soyons honnête. Mais les missions s’enchaînaient depuis un petit moment, lui rappelant une époque ou elle ne s'appartenait pas ; Ce n'était pas tant la difficulté que la fréquence qui lui faisait défaut. Elle avait besoin de vacance, pas d'une nouvelle mission, et pourtant … Elle devait remettre le couvert une nouvelle fois. Espérons qu'elle ne boive pas la tasse durant cette traque qui s'avérait difficile. Retrouver quelqu'un qui avait décidé de rester incognito n'avait rien d'une sinécure. Et ce n'était pas sa spécialité. Mais quand l'Ouroubouros vous contacte pour assurer une mission, généralement, on l'accepte. Alors qu'il soit prêt ou non, ce Jacob Longdrop allait recevoir une visite de Canaille, et elle ne serait peut être pas très amicale. Une simple photo et un nom pour retrouver un homme, c'était assez vague.
Heureusement qu'elle avait aussi une destination.
Une robe noire en soie sauvage laissant transparaître des atouts affolants se dirige vers un bar de Manshon. Rien de plus qu'un tripot pour des escarpin a la semelle rougeoyante et des talons qui feraient pâlir un mannequin. Elle poussa la porte timidement et tout les regards convergèrent vers elle en un rien de temps et ce pour quelques secondes. Puis tacitement tout les protagonistes de la salle reprirent leurs petites affaires, laisse la petite dans une ignorance la plus totale. Cette fille n'était pas Canaille. Ne rêvez pas, le jour ou elle mettrait des escarpins la marine serait copine avec la piraterie -remarquez que c'était peut-être déjà vrais, si l'on comptait les corsaires comme des pirates à part entière. Non, Canaille était dans le fond de la pièce, prêt d'une fenêtre, avec le dos bien campé devant un solide mur de pierre. Réflexe de survie. Instinct aiguisé. Pistolet chargé et tutti quanti. Elle allait se lever et partir quand elle vit un mâle qui se croyait meilleur que les autres abordé la jeune fille qui venait d'entrer ; Ni une, ni deux, le gros lourdeau avait une main sur l'épaule de sa « victime », et l'on pouvait sentir à quinze mètre que ce contact n'était consentis que par une peur viscérale de se faire agresser. Ni une, ni deux, Canaille s'approcha de la scène en fermant ses écoutilles, elle ne voulait rien savoir des techniques de drague d'un minable pareil. Elle referma sa main sur celle du gêneur comme un étaux bien serré et avec le pas de vis pété. - Laisse la tranquille sale bâtard, retourne avec ton engeance de salopio avant que je m’énerve.Et bah merde alors, une deuxième dame serait donc de la partie, rigola le vieux salaud qui essayait de tourner les événement à son avantage.Elle lui fit donc un rappel à l'ordre, tordant sa main d'un impitoyable tour d'un quart de cercle, lui se retrouvant au sol, loin de sa bien aimée, et elle le dominant de son mètre soixante quinze. Surpris, il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'un marron dans les dent le fit taire définitivement.
- Merci … fit la victime ; Et tout le monde était content. Vraiment ? Non ; Dans la salle ça s'agitait, on avait touché à l'un des habitués, et ça, ça plaisait pas tant à la faune locale. Si on pouvait même plus être entreprenant avec les donzelles perdues qui passait la porte, le monde était décidément bien rude.
- Tu me remercieras quand on sera sortis d'ici, que fit la Canaille, pas aimable pour un sous la gamine. Elle se retourna pour faire face à un premier poivrot, aussi grand que large et avec un nez en choux fleur, qui ne s’embarrassa pas de mot mais d'un geste clair en dégainant une bouteille vide sous le nez de la révolutionnaire.
Il allait frapper et cela ferait mal. Alors autant esquiver se dit la jeune femme, qui, d'une torsion du buste, vit frôler sa joue par les tessons de bouteille. Une frappe à la pomme d’Adam et une autre au plexus solaire fit taire pour de bon le bon à rien, suivit par quelques comparses alléchés par deux donzelles à faire danser. Elle prit la première invitation à bras le corps, se baissant sous le coup de poing puissant d'un poissard calamiteux qui reçut pour toute récompense un solide coup de poing dans l’œil, un coup de pied dans le genoux, et un coup de genoux dans la pommette.
Allez, hop, direct au pays des merveilles. Ce n'était pas finit pour autant car un troisième type se sentait dans son bon droit d'intervenir dans cet affaire. Poussant sa nouvelle « amie » vers la sortie, elle contra un coup de pied du coude, fit une rotation sur elle même et envoya valser l’énergumène dans la foule qui lui tendait les bras d'un simple coup de pied bien placé. Et bientôt de quatre allait rejoindre le premier, qui s'avançait lui armé d'un couteau costaud et solide comme on faisait plus ; C'était un vieux de la vieille qui approchait de biais, prudent mais sûr de lui. Canaille ayant prit le goût de la bataille, elle ne tenta même pas de fuir et accepta bien volontiers son invitation à valser. Elle esquiva un premier coup de couteau du haut du corps, frappa le poignet, ne parvint pas à lui faire lâcher prise, mais au moins à ne pas la prendre à la légère. Il frappa d'estoc, la marquant d'une griffe qui ne la lâcherait pas de si tôt. Bordel de merde le con ! Qu'elle s'exclama, et elle se fit plus offensive, usant de son genoux dans des parties à peine plus grosses qu'une noix et sans doute aussi brisées que la coquille par un épicurien douteux. Simple. Efficace. Elle fit chanter l'acier en sortant son sabre de sa main droite, faisant tourbillonner la lame à ses côté. On entendit le bruit du fer contre l'air tellement le geste était maîtrisé, ce qui calma un peu la troupe ; On se disait que c'était peut être un peu bête de perdre en anatomie pour les beaux yeux d'une donzelle. Donzelle qui se planquait dans un recoin du bar, non loin de la porte, mais qui, tétanisée par la violence des échanges, restait à portée de ses tortionnaires. Un simple sabre bloquant la faune locale contre qui elle ne pouvait rien. Canaille était son fil d’Ariane, et pour rien au monde elle ne l'aurait quitté ce soir là.
Ils changèrent de stratégie, comptant sur le nombre pour défaire la jeune révolutionnaire qui passa un bras sous un nuque, et bloqua un coup de poing d'un pied autoritaire sur la clavicule. Petite torsion de nuque, deuxième coup de pied en plein visage, et deux de moins furent de la partie. Il n'en restait donc que quatre, qui se regardèrent quelques secondes et se mirent silencieusement d'accords sur une attaque groupée. Le problème dans ce genre de cas, c'est toujours la logistique. Qui allait frapper en premier, qui suivrait ? Des petits tracas du quotidien qui gênèrent le groupe qui se décida à encercler la jeune femme. Le sabre chuinta, un premier gars de tombé. Un deuxième coup, et ce fut un nouveau candidat qui tomba. Elle n'allait pas se laisser faire et les deux restant tenait encore à leur abattis, ce qui écourta la séance. Canaille attrapa un verre sur le bar, rangea son sabre dans son fourreaux, et fit cul sec.
- Allé viens, c'est finis maintenant bordel de merde. Qu'elle annonça à la jeune fille qui se prénommait Maria. On change de crèmerie.
- Merci … Heu...Comment tu t'appelles ?
- Canaille, c'est comme ça que tu peux m’appeler.
- Moi c'est Maria, laisse moi t'offrir un verre chez moi pour te remercier.
- Je dis jamais non à un p'tit verre en plus, oh oui.
Le décor était planté, Canaille au rendez vous, ce Jacob Longdrop n'avait qu'à bien se tenir. Elle arrivait.