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Un plan chaotique

Izya était en pleine forme : dans sa forme draconique, elle cheminait aisément au sein de cette prison affectée par son feu. Elle cherchait sa proie en rugissant, annonçant le monstre libéré et motivé qu’elle était. Mais sans qu’aucun ennemi ne fasse quelque chose, la course d’Izya semblait ralentir progressivement et ses flammes perdre en puissance. Etait-ce due à mon étreinte dans son dos et au fait que je caressais inconsciemment sa nuque, content de l’avoir retrouvée ? Ou bien parce qu’elle percevait mes pensées et mes inquiétudes ? Pourtant, je n’avais pas connaissance d’un éventuel haki de l’empathie de sa part. Mais je devais avouer mon espoir qu’elle perçoive les doutes que je tais dans ma tête : « N’en fais pas trop. Tu n’aimais pas ce projet à la base et tu t’investis beaucoup maintenant. Nous sommes en terrain ennemi, tes cris vont faire sortir d’autres que ta proie. Nous sommes puissants, mais pas invincibles. Je viens de te retrouver… Je ne veux pas te perdre de nouveau… Et cette glace qui nous entoure. Malgré tes flammes, je sais que tu n’y es pas à l’aise. Et tu sais que je ne le suis pas non plus. N’en fais pas trop… »

Finalement, le rugissement de la dragonne se transforma en un bâillement, balayant ainsi les suppositions précédentes et faisant naître un début de culpabilité en moi. Je me piquai alors avec mes doigts pour retirer les hormones néfastes dont j’irradiais : diminution du rythme cardiaque, stimulation de l’ostéolyse, somnifère, … Et j’attendis. J’attendis le prochain bâillement pour la piquer elle, discrètement, afin de soigner son exposition en espérant qu’elle ne le remarquerait pas… Enfin, c’était sans compter sur l’apparition habituelle de la moustache sur la victime de mes injections. Les sales habitudes avaient la vie dure… Mais peut-être que la fatigue suffirait à masquer cette bévue pour un temps ?

Et déjà Izya reprenait du poil de la bête : la température augmenta autour de nous, sa course reprit de plus belle et ses bâillements devinrent de nouveaux rugissements. A ce rythme de saccage de l’iceberg, il était certain que nous rencontrerions bientôt un obstacle. Mais sera-t-il la proie recherché par la dragonne ? Ou pire ?
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Protéger. Tuer. Conquérir.

Le sang coule abondement d’une mâchoire d’ivoire, recouvre la glace et immédiatement se fige en une nouvelle couche. Il fait si froid. Un homme agonise, tremble sans voir la Mort lui ouvrir ses portes. Il est pris de vertige, le manque de chaleur l’anesthésie mais il sent bien que tout son corps pousse un cri insoutenable, il sent bien que ses nerfs à vif l’empêchent de s’évanouir, il le sent bien qu’il est déchiré, il a tout juste la force de gémir, mais surtout il la voit.

Cette gigantesque canine qui lui transperce l’abdomen sans avoir touché ses organes vitaux. Il est toujours en vie, bercé entre les gencives et la langue glacée de la bête, elle n’a aucun appétit, ne s’est probablement même pas rendu compte qu’il était encore là. Plusieurs fois, la rangée de dents supérieure manque de lui percer le crâne, mais chaque fois il y échappe.

La bête continue de patrouiller, les couloirs déserts sont témoins de ses massacres.

Les gardes simiesques.
Les prisonniers évadés..
Même eux… les bons soldats de la justice.

Le pas massif du monstre s’abat sur un reste de mur, la relique d’une autre bataille qui hante la prison, son corps s’affaisse en même temps que la glace qu’elle écrase. La secousse est violente et celui qui était promis à un bel avenir de lieutenant éructe le contenu de ses artères.  La tête du grand lézard se balance alors violemment et arrache le reste de la paroi glacée pour se frayer un passage. Le corps du supplicié se crispe, ses muscles actionnés par des réflexes qu’il ne contrôle plus, il ne contrôle plus rien mais ressent tout si fort, il est écartelé, broyé, percé par des centaines de lames qui transpercent la moindre de ces cellules, ses poings sont si serrés que ses ongles traversent sa paume, ses paupières si intensément fermés qu’en guise de larmes c’est son esprit qui échappe à son enveloppe mortelle.

"Mais qu’est-ce qu’a fait Emile… qu’est-ce qui arrive à cette prison… qu’est-ce que j’ai… "

À travers les profondeurs de ses souffrances, il perçoit une voix amère, lancinante et mélancolique. Ses pensées pétries par la douleur, incapable de la reconnaître, la seule pensée qui le traverse et qu’en le dévorant il y avait de grandes chances que la bête mette fin à ses souffrances. Il suffisait d’un coup de croc. Ce n’était qu’une question d’instant avant que le sinistre cavalier à la chevelure couleur vert givre, ne le condamne.

Des mains couvertes de bandage sortiraient du néant, l’attraperaient peu importe dans quelle direction il fuirait, lui tordraient le cou ou lui briseraient une jambe et il serait croqué par son destrier.  

Juste un croc.

Un vrombissement. Un courant d’air chaud. Et le monstre qui se retourne brutalement dans la direction opposée.

"Taghel… Elle s’est libérée de son emprise… Il faut… à tout prix la refroidir "

L’homme est expulsé de sa mâchoire et les restes de son fluide vital l’accompagnent dans une grande gerbe.  Finalement. Une dernière pensée, une dernière vision l’accable.

La bête jurassique s’élance, comme un cheval au départ d’une joute, monstrueux dans chacune de ses foulées. Détruire et son seul objectif, et l’impassible entité qui le chevauche ne bronche pas. Le Tyrannosaure percute avec toute la masse de son corps l’entrée d’un couloir d’où semble venir une menace.

La terre tout entière tremble, se fissure, la voûte de glace est prête à s’effondrer et à se refermer sur de nouvelles victimes.

Les yeux du soldat se ferment. Jotunheim  allait devenir son tombeau. Pour lui. Pour eux.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Jeu 6 Déc 2018 - 20:14, édité 1 fois
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Reyson sur mon dos, je parcoure cette prison de glace en répandant feu et destruction sur mon passage. Mes rugissements résonnent sur les parois entrain de fondre sur mon chemin et pourtant, peu importe où je vais les couloirs semblent tous aussi vides. Je commence à me demander si je me serai pas perdue dans ce dédale sans fin. Mais les marques de griffures que j'ai laissée durant mon emprise par ce parasite de glace ne laisse aucun doute sur l'endroit où nous sommes : le zéro Kelvin, l'antre du troisième directeur Gasparov.
Alors où se terre-t-il ?

Et finalement, après de trop longues minutes de recherches infructueuses, après un énième rugissement solitaire dans ce trou à rat glacial, un bruit fait écho à mon appel. Un bruit d'objet qui chute, un bruit qui vient de derrière moi. Sans réfléchir, je fais volte face et fonce vers l'origine de se bruit. Et avant même que j'arrive à destination, un cri retenti.

TAGHEL ! TOI QUI OSE DÉFIER LES LOIS DE CET ENDROIT. VIENS ET AFFRONTES CE DESTIN QUI T'APPARTIENT OU C'EST LA MORT QU'ELLE GAGNERA.

Des flammes sortent de ma bouche tandis qu'il évoque la mort de quelqu'un, d'une femme. Maya. Ça ne peut être qu'elle. Sur mon dos, je sens Reyson s'agiter tandis que j'accélère mon allure, il essaye sans doute de me parler, de me prévenir, mais je n'écoute pas. L'enjeu est trop grand, ma colère est trop forte. Alors je fonce et arrive très rapidement dans une pièce que je ne connais pas. Une pièce où la voix de Gasparov qui m'invite encore à le rejoindre est plus forte. Mais au centre de cette pièce il y a un cadavre de machine crachant un liquide bleue lumineux. Toujours pressée, j'avance pour contourner cette chose sans me rendre compte de la température ambiante bien plus froide qu'ailleurs.

Et sans faire attention à ne pas marcher dans ce liquide plus gelé que tout ce que j'ai pu touché jusqu'à aujourd'hui.
Mes pattes gèlent instantanément tandis qu'elle touche ce fluide bleu qui stoppe mon avancé si brutalement que je trébuche et fini allongée dans cette substance. Je ne sens plus Reyson sur mon dos et maintenant gelée dans cette substance glacée, je ne peux plus bouger la tête pour le chercher du regard. S'en est-il sorti ? Peut-il bouger ? Moi j'en suis actuellement incapable. En désespoir de cause, j'ouvre ma gueule de dragon et tente de déverser un flot de flamme, mais je ne réussi qu'à produire une simple flammèche qui n'arrive même pas à atteindre les sabots de Gasparov qui se tient maintenant devant moi avec Mayako Miso à ses côtés, son œil unique brillant d'un bleu signalant la présence du parasite gelé.

Et soudain, je sens un poids tomber du plafond directement sur moi. Là, un nombre incalculable de pattes m'écrasent et une paire de mandibules acérés claquent à mon oreille, couvrant qu'à moitié le rire de Gasparov qui savoure cette victoire.


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Sa course interrompue subitement par la glace enveloppant ses pattes, je fus éjecté de son dos mais je me rattrapais dans les airs d’un coup de Geppou. Remarquant la situation, je voulus foncer vers Izya, lame en main, pour tailler la glace qui l’entravait, mais l’apparition subite du millepatte me stoppa.

« Mais qui voilà ? Le célèbre pirate métamorphe s’est joint à la fête ? »

Gasparov d’un côté avec Mayako Miso et de l’autre Izya aux prises avec l’animal.

« Si ma mémoire est bonne, vous faites tout deux partis de l’équipage des Saigneurs, Mayako Miso et toi… »

Il glissa une lame sous la gorge de la borgne sans que cette dernière n’esquisse le moindre geste.

« En voilà un cruel dilemme… »

Izya, la femme dont je m’étais entiché, ma moitié et ma compagne, ou Mayako, partenaire Saigneur qui a subi la trahison des autres comme moi en étant enfermé à Impel Down.

« Tu n’as pas les capacités pour sauver les deux. Aussi, permets-moi une suggestion… Pose ce sabre et rends-toi sur le champ ! »

Mayako avait navigué longtemps à mes côtés, sous les couleurs de Tahar Tahgel… Elle avait subi l’enfer à Impel, et la revoilà prisonnière ici ? Depuis combien de temps était-elle là ? Pourquoi ne cherchait-elle pas à se défendre face à son assaillant ? Je savais que nous aurions dû partir avec Izya plutôt que de rester ici… Il appelait ça un dilemme, mais avais-je réellement le choix ? Après tout, j’avais fait une promesse…

J’inspirais longuement, resserrant ma poigne autour de ma lame, j’avais fait mon choix. Pardon Mayako… Une vague royale déferla de moi. J’ignorais si cela suffirait à les assommer, mais je voulais surtout gagner un peu de temps. Assez pour fendre vers Izya et chasser le millepatte de là. Mais un mur flottant marron s’interposa entre l’animal et moi alors que je m’apprêtais à frapper. Un liquide brun reliait le mur à Mayako, le fruit du chocolat… Dans quel camp était-elle ?

Que devais-je faire ? Je ne voyais plus le millepatte. Avait-il recouvert ses esprits ? Izya était à sa merci. Devais-je frapper au travers du mur ? Mais j’ignorais sa solidité et à la moindre erreur de ma part Izya était perdue.

« Utilise l’armement ! »

J’envoyais finalement une lame d’air dessous du mur, en direction des pattes avant de la dragonne dans l’espoir de la libérer de la glace pour qu’elle puisse se défendre. En espérant ne pas y être allé trop fort et lui avoir sectionné les membres au passage…
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Trois frères. C’est de cette façon qu’on avait toujours présenté les trois directeurs de la prison de Jotunheim. Unis par le sang et par le froid qui avait mordu leur enfance dans les coins les plus reculés du Nouveau Monde, les Gasparov avaient été choisis pour modeler cet enfer de glace à leur image.

Nicolas, l’aîné, avait toujours été démonstratif. Qu’un détenu se rebelle et la montagne de muscles, taillé dans le givre qu’il était, avait tôt fait de le prendre en grippe et de ne plus jamais lui laisser un moment de répit. Il était la sécurité de cette enceinte et ses cornes, démesurément grandies par sa capacité à se transformer en bœuf musqué, pourfendaient à l’extérieur les  attaques ennemies les unes après les autres.

Emile, le cadet et le créatif, avait toujours cherché à se démarquer et à ne jamais faire comme tout le monde. Il était le poète, l’âme des lieux, mais surtout celui qui éprouvait le moins d’empathie envers ses résidents. Pour lui tout n’était qu’expérience, grandeur et décadence. On ne l’avait jamais repris, jamais appris à être raisonnable, et maintenant que les désastres animaient leur maison, lui n’avait qu’envie de semer le chaos et de déchaîner ses plus folles démences.

Son virus. Son parasite. Ses corps, meurtris et assujettis qu’il s’était construit comme armée au tréfonds des secrets du 0 Kelvin.

Et il y avait lui-même, Romain. Celui qu’on ne prenait jamais au sérieux, taciturne, peu présent et peu avenant, mais sur qui on déchargeait toujours toutes les responsabilités. Aujourd’hui celle d’éviter l’effondrement de leur plus grand accomplissement.

Jotunheim était à feu et à sang.

Les alliés pirates et révolutionnaires se multipliaient.
La marine se dispersait et l’amirale en chef elle-même n’arrivait pas à être sur tous les fronts.
Les gardes de la prison disparaissaient les uns après les autres, les prisonniers s’évadaient et les installations meurtrières ne répondaient plus.

Et pire encore, son frère s’était laissé tromper par son égo démesuré et avait relâché le pire fléau qui puisse s’abattre sur cette univers de glace : un dragon au feu invincible.

Ses autres créations étaient tout autant dangereuses, il avait vu de lui-même les désastres qu’avait causé une immense créature jurassique, celle-même qui se tenait devant lui. Les écailles givrées, des engelures parcourant son épaisse carapace jusqu’à ses crocs carnassiers, le saurien était haut de plusieurs mètres et avait semé les cadavres sur son passage aussi facilement qu’il venait de faire s’effondrer un mur de glace éternelle. Mais plus dangereux encore était son cavalier. Illustre inconnu, du peu qu’il en savait, il était arrivé en même temps que la pirate aux ailes de feu. Impassible, le regard cruellement stoïque, au moment où un prometteur soldat de la marine, seul rescapé de sa division,  avait esquissé un pas de lune pour leur cueillir de sa monture et se venger, il l’avait nonchalamment saisi à la gorge et envoyé au verdict du Tyrannosaure. Les monstres contrôlés par le parasite d’Emile n’avaient aucune notion de bien ou de mal, d’ennemis ou d’alliés, tout ce qui leur importait était de protéger leur colonie.

Arrivé à ce moment, et bien qu’il sache pouvoir se faire entendre des possédés, Romain Gasparov avait contemplé son agonie, sans esquisser un sourire.

Pas plus qu’il ne souriait en percevant encore les battements de cœur d’Izya Taghel et de Reyson D. Anstis. Il aurait été bien peu avisé de croire qu’ils se laisseraient enterrer sous un couloir de glace, d’instinct ils avaient bifurqué et leur route n’avait pas croisé celle de leur piège.  Elle continuait de vomir son feu et la prison hurlait sa peine dans un horrible sifflement de vapeur sous pression.

Il devait les arrêter. Ses pensées s’agitèrent, il connaissait les couloirs de cette prison comme ceux de son foyer. Long sur pattes, rapide comme l’éclair il intima d’un mot au cavalier vert givre de le suivre, et ils partirent en trombe pour à nouveau se confronter au terrible duo d’envahisseur.  

Il entendit aussi Emile, son scientifique et détraqué de frère qui hurlait sa victoire. Il avait réussi  à piéger sa grande ennemie dans les vestiges du système blizzard, le noyau de la réfrigération de la prison, un endroit qui pouvait même éteindre les flammes d’un dragon.

Une vague de Haki Royal le fit tressaillir. Il perçut d’autres âmes guerrières, éteintes comme celle du cavalier vert, mais animé par la violence d’un organisme prêt à tout pour l’auto-préservation. Il distingua le son de la glace qui se brise, d’une gigantesque créature qui essaye de se débattre et du désespoir d’un homme trahi par le retour de son passé.

"Qu’est-ce que tu… RAPHAËL !! "

Le sinistre monstre venait de pénétrer la cathédrale de glace, le vert qui le chevauchait bien en vue, le pas grondant et achevant de faire tomber les stalactites qui avaient survécu au fluide du métamorphe. La surprise attira l’attention des « vivants » et ce dernier se laissa prendre une jambe dans les limbes chocolatés de celle qui s’était officiellement dévoilée comme son adversaire. Izya qui avait réussi à ramper partiellement hors du fluide glacial malgré les harcèlements de l’insecte, se retrouva de nouveau  clouée au sol. Des mains enveloppées de bandages crasseux l’avaient saisi par la crinière, les pattes avant et le museau pour l’empêcher de s’en dégager.

Son regard croisa celui du responsable, il était froid et distant. Sa combattivité n’était pas la sienne et le parasite avait pénétré éminemment plus loin. Il était arrivé ici par sa faute.

Sa monture toute droit revenue des ères glaciaires grogna et le directeur Emile Gasparov repartit dans un de ces accès de rire qui précédaient sa prose.

"Sublime réunion à laquelle nous assistons, amitiés se déchirent, violence et passion ! Quelle bonne surprise nous fais-tu mon jeune frère, de si bonne compagnie venir te satisfaire ~
J’en tremble d’excitation, pas toi ?

- Non, j’ai mieux à faire. Faisons simple, je vais les anesthésier. Après tu en fais ce que tu veux, du moment qu’ils restent sous ton contrôle. On doit le reprendre et faire en sorte que les choses rentrent dans l’ordre autant que possible.
- Absence de vision et si peu d’esprit créatif, le comble pour un empathique, mais soit faisons comme tu dis. " conclut Emile Gasparov sur un le ton boudeur et blessé d’un artiste contrarié.

Son benjamin s’empara d’une fiole à sa ceinture, la chimie était une de ses grandes spécialités et il avait toujours de quoi créer un puissant filtre de sommeil, mais alors même que le cristal de sa première décoction tintait contre une autre de ses fioles, son empathie lui indiqua que la situation n’était pas encore maîtrisée.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 9 Déc 2018 - 17:02, édité 1 fois
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Mon plan était parfait, absolument parfait, par contre, la prison l’est moins. Alors bon, se déplacer en faisant un trou dans le sol pour pas prendre les escaliers, c’est une chose. Sentir la glace se fissurer sous ses pieds à l’atterissage, c’en est une autre.  Atterrir dans une salle gigantesque dans lequel on peut trouver des monstruosités, des pirates pas beaux et des saloperies à l’aspect dangereux, c’est moins rigolo. Et atterrir avec un grand fracas juste à coté de la petite bande et être tellement estomaqué par ce spectacle ubuesque, mais profondément inquiétant. Que tu sors une banalité face à ce spectacle sans queue ni tête, ou du moins avec plein de queue et de têtes.

-Coucou !

Je me frotte les yeux, nan, y’a bien un dragon. Nan mais les gars, sérieusement, je me fais une fille en lave et la on me donne un dragon cracheur de feu. Dans une prison de glace ! Je ne pouvais pas tomber, je sais pas moi, dans une confiserie ? D’ailleurs en parlant de confiserie…. Y’a une drôle d’odeur de chocolat dans l’air, même que t’as des tas de chocolats. Pis a coté du dragon, t’as un mec que je reconnais, Reyson, en prise avec un autre type. Oh et j’avais oublié, mais y’a aussi un mille patte… et l’autre gros reptile. Nan mais c’est surréaliste je pige que dalle… Y’a une personne pas loin. Je jette ma hache négligemment sur mon épaule, tant qu’on est entouré de beau monde, autant prendre la pose. Tout le monde est fort occupé on dirait, je pas les déranger. Il n’est même peut-être pas trop tard pour remonter et affronter Raph’ et Rag’, ce qui me semble bien plus abordable que tous les dangers répandus par ici. Ensuite bon, si je les démonte tous, c’est la promotion assurée, pis je sauverai la prison… mais ils sont beaucoup quand même…

-Excusez-moi…. Il se passe quoi ici ?et désolé pour le toit j’ai pas fait exprès

Je peux retourner sur le nouveau monde ? Au moins, le bas c’est normal ce qu’il se passe. SI ça se trouve, ils ne m’ont pas remarqué, et ils vont s’entretuer tranquillement. Ah merde… c’est vrai, je suis marin, mon job c’est de leur casser la gueule. Ce que je ferais volontiers s’ils étaient moins et si j’étais plus nombreux. Ou alors on s’affronte à tour de rôle, ils se foutent tous sur la gueule, mais ça ne veut pas forcément dire qu’ils sont de mon coté, si ? déjà les trucs moches, j’ai pas envie d’être avec eux. Avec un peu de chance ils vont décider de tous se rendre…  oh attend… dans ma poche, j’ai une grenade artisanale… avec des bouts de granits marins dans la poudre… je n’oserai pas…
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Bien sûr que j'utilise l'armement, je n'ai pas envie de me faire découper par le mordant de Shusui. Et tandis que je me libère de justesse de cette emprise glaciale qui me "brûle" les pattes en roulant sur le sol après que la lame d'air de Reyson ait fait son office, mais avant même que je puisse attaquer, des mains misérablement gantés de lambeaux de tissus me bloque et me maintienne au sol. Un grondement de fureur m'échappe tandis que l'insecte profite de ma mauvaise posture pour m'attaquer la gorge. Dans un effort colossale, je libère ma tête de l'étreinte de cette main trop faible pour me retenir pour mordre sauvagement le mille patte qui me surplombe et, tandis que je le tiens fermement dans ma gueule, je crée un nuage d'orage dans ma bouche pour laisser mes éclairs foudroyer cet ennemi possédé.

Sous l'impulsion électrique, le corps de l'insecte géant se contracte avec force dans des positions loin du naturel. Mes éclairs ainsi déchainée ne peuvent rater leur cible mais ils ne me ratent pas non plus puisque je suis directement liée à eux. Le voltage parcours rapidement tout mon corps, me faisant moi même me torde de douleur. Au moins, ça a le mérite de me réchauffer un temps soit peu et de salement griller les mains qui me tiennent et qui lâchent leur prise, et cette douleur m'est presque plus supportable que la morsure constante de ce froid glaciale qui règne dans cette prison. Mais seulement presque, alors j'arrête très vite ma technique en faisant disparaitre mon nuage et en lâchant ma prise sur le corps insectoïde.

Le mille patte titube un moment, et l'espace d'un instant, je vois que ses yeux ont perdu cette lueur bleu si particulière d'un esprit parasité avant de finalement s'effondrer sur le sol en redevenant humain. Le parasite est mort sous mes éclairs tandis que son porteur respire encore. Je doute que mon feu soit aussi efficace en terme de conservation de la vie humaine.

Cela me donne une idée. Une idée sans doute absurde mais dont je ne doute pas de l'efficacité. Raphaël risque de m'en vouloir un moment, et Maya aussi. Quant à Reyson, je peux encore essayer de l'en préserver. D'autant plus que pendant que grillait le pirate insecte, un nouveau protagoniste est arrivé depuis le plafond, créant un potentiel échappatoire qui à l'air de conduire directement à la surface de la prison.

Je n'ai plus le temps de réfléchir, je n'ai plus le temps d'hésiter. Les deux directeurs sont là, prêt à me bondir dessus pour m'endormir. Peut être réussiront-ils leur action ? Mais il sera trop tard.
Peut être dormirai-je, mais Raphaël et Mayako seront sauvé. Je n'en doute pas un seul instant.

Une seconde. Le temps s'écoule au ralentit. Les deux cornus me foncent dessus à une allure vive et dans mes quatre pattes, déjà, le tonnerre gronde et ne cesse de grandir. Mon plan ? Faire que cette salle où nous sommes tous réunis deviennent un véritable champs d'éclairs qui frappent quiconque se trouve ici. Alors mes nuages noirs et crépitant grossissent, grandissent.
Cette fois, les deux cornus sont sur moi, et tandis que l'un m'attrape les cornes pour immobiliser ma tête, l'autre se jette sur mon flanc pour m'injecter son produit entre deux écailles.

Je lance un dernier regard à Reyson et durant cette fraction de seconde de calme qui précède la tempête, je lui murmure.

Sauve toi.

Le tonnerre rugit.
Les éclairs fusent.
Nul ne sera épargné.


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Je ne comprenais plus rien. Je ne savais plus quoi faire. Mon regard cherchait les pattes de la dragonne pour savoir si mon coup l’avait blessé au passage ou si ça n’avait affecté que la glace. J’étais venu pour la sauver, mais était-ce vraiment ce que je faisais ? Un monstre jurassique dont j’ignorais l’allégeance avait surgi et Mayako en avait profité pour me piéger une jambe dans son chocolat durci. Sauf qu’elle était l’amie d’Izya et je ne pouvais donc pas l’attaquer sans m’attirer les foudres de ma douce… Et comme si ça ne suffisait pas, avec les deux directeurs, voilà qu’un nouveau soldat de la marine fit son apparition. Quoique celui-ci était différent. Nous avions déjà croisé le fer ensemble. Etait-ce lors de la bataille sur Reverse Mountain ? Je me souvenais qu’il était rapide. Très rapide…

Le mur de chocolat qui me jouxtait se transforma en vague qui vint m’envelopper pour me piéger dans un cocon qui gagnait doucement plus de terrain sur mon corps, jusqu’à ne laisser que ma tête. C’était comme l’autre disait : ils voulaient nous anesthésier, pas nous tuer, ce qui me donnait un peu plus de temps à la réflexion…

Izya avait eu quelques difficultés avec le millepatte avant de le vaincre. A cause d’une blessure que je lui aurais causée ? Etait-elle blessée oui ou non ? Et Mayako qui durcissait son emprise autour de moi jusqu’à comprimer ma cage thoracique pour rendre ma respiration plus complexe, mais je ne pouvais riposter efficacement contre elle. Sauf en prenant leur idée ? L’anesthésie ? Bingo. Mais Izya m’hurla de me sauver. Comment ça ? Et elle ? Alors que les deux directeurs la maintiennent dans cette salle orageuse ?

« Pas sans toi ! »

Je m’injectais une dose d’hormones de croissance et recouvris mon corps de l’armement. En grandissant, le chocolat qui m’enveloppait se fissura et se craquela jusqu’à tomber. Alors, avec ma nouvelle taille qui accaparait facilement la moitié de la pièce, je me jetais en direction de la dragonne, repoussant les deux directeurs et recouvrant Izya de mon corps pour la protéger de l’orage.

Voilà pourquoi j’étais venu : pour la protéger.
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Quand le nuage d’éclairs s’embrasa, personne n’eut le temps de s’enfuir. La foudre éclata en une infinité de gerbes fractalisées et frappa l’ensemble de la salle. Le sol se vaporisa à l’impact, les murs se strièrent de marques de brûlures et la femme-chocolat, qui fut touchée en plein abdomen, déglutit avant de s’évanouir en une flaque brunâtre aux relents de sucreries carbonisées.

Son empathie le prévenant du danger, le directeur Romain Gasparov réagit prestement. Une solution d’or carbonatée et un concentré de filets du diable, mélangés ensemble et projetés au dernier moment devant lui, créèrent l’effet instantané d’une cage de Faraday qui les prémunit lui et son frère -non sans quelques brûlures superficielles- de la foudre.

De ce spectacle et de tout ce qui avait pu se passer dans cette prison depuis que son corps l’avait abandonné dans les profondeurs du 0 Kelvin, Raphaël n’en garda qu’un vague souvenir. À travers le spectre de ses iris bleu glacé, signe distinctif du parasite qui habitait son être, il ne perçut que les traits d’énergie qui percèrent l’épaisse carapace de sa monture avant de le traverser. Le choc l’expédia, la décharge le brûla et contracta ses muscles, contracta son cœur. Mais au moment où il percuta le sol, fébrile et à peine conscient, ses poumons se dégagèrent et il put prendre une grande inspiration. La première depuis des siècles en eut-il l’impression.  

Son corps avachi contre la glace, ses doigts et ses paupières battant frénétiquement, ses lèvres et son visage encore trop faibles, encore figés dans l’expression stoïque du cavalier sans pitié, il reprenait conscience. Il avait retrouvé les pleins pouvoirs sur son corps.

"Oups… Je pense pas que ton destrier s’en tire, il avait l’air attachant pourtant. C’était quoi son petit nom ? "

Hache négligemment appuyée sur l’épaule, arme avec laquelle il avait probablement réussit à se protéger, l’autre main fourrée dans son pantalon pour protéger –ou se gratter- on ne sait trop quel bijou de famille, le commandant d’élite Yamamoto Kogaku se tenait près de là où Raphaël avait atterri.  Sourire idiot aux lèvres, besoin compulsif de blaguer en toute occasion, il était fidèle à la réputation qui le précédait.

Raphaël voulut lui répondre, mais sa respiration saccadée permit au directeur Emile Gasparov de sortir du nuage de vapeur dans laquelle les conséquences de la foudre l’avait plongé, afin reprendre l’initiative. Les cheveux en bataille, les vêtements réduits en peau de chagrin, et un mince filet de sang coulant sur ses lèvres, il avait quitté tous ses grands airs et une colère froide était apparue sur son visage.

"Saleté de lézard, comment as-tu osé t’en prendre à moi… " siffla-t-il en fixant la dragonne et Reyson qui se remettaient tant bien que mal du cataclysme "Commandant d’élite Kogaku ! En tant que directeur de cette prison, je condamne à mort la pirate Izya Taghel. Elle représente un danger pour ce lieu que je ne saurais tolérer. Cette garce, cette fille de… "

Si on lui avait raconté cette blague dans un tout autre contexte, Romain Gasparov le benjamin, aurait probablement lâché son premier rire. Mais dans une situation pareille, entendre son frère dégénéré reprendre son sérieux, ne lui arracha même pas un spasme. Sa  vision se troubla, perturbée par les prémonitions de son empathie, mais l’imprévisibilité de l’attaque l’empêcha d’agir à temps.

Trois formes noires sortirent du néant.

Des poings, serrés dans des bandages enrobés d’armement frappèrent consécutivement Emile Gasparov à la mâchoire, droite, gauche et un dernier coup ascendant au menton. Le cornu suffoqua.  

"T’as des comptes à régler avec quelqu’un d’autre avant, connard. "
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C’est quoi ce bordel ? En dix-huit secondes j’ai vu un mille patte se faire griller par un dragon, un dragon qui juste après prépare une boule de foudre. Avant de se faire enlacer par un Rey géant. Rapidement, je connecte deux neurones et pense à une contre mesure pour la foudre. Je plonge ma main sous ma veste et la ressort d’un mouvement brusque pour projeter quelque couteaux de lancer. Ces bon vieux Ghost-Wings, ça fait des plombes que je n’ai plus eu besoin d’en utiliser, je suis heureux de les avoir conservés. Et par je ne sais quel miracle de physique, les éclairs poursuivent les lames d’aciers m’oubliant totalement. Bordel, la chance, je n’y croyais pas moi-même. Je prends vite une posture relaxée pour ne pas montrer ma micro-crise de stress. En plus, je me suis éraflé en sortant les couteaux de leur gaine et ça picote… Pis là, y’a un mec qui atterrit à mes pieds pour faire une crise d’épilepsie. Je lui offre alors un peu de compassion, il a du pas vivre l’éclair très bien lui.

Puis t’as un gars qui vient en mode « bonjour je suis important, bosse pour moi car je suis trop cool ». Ou un truc du genre, même que j’arrête d’écouter après dix secondes. Mais bon à priori il me demande de zigouiller le dragon. Puis juste après il se fait meuler par un autre gars. Bon… tu veux que je te sauve ? ah … nan …. Tu ne demandes rien ? Bon je vois que tu gères alors, je m’occupe du lézard comme tu m’as demandé. Je lui jette un dernier coup d’œil, t’es sûr hein ? Tu ne regrettes pas ? Ah nan, il ne répond pas à mes pensées et à mon regard méprisant. Bon bah, je te laisses hein, amuses toi bien. En chemin, j’apporte le den den noir de l’amirale en chef à ma bouche expliquant rapidement que « C’est le bordel, y’a un dragon, un Antis et d’autres saloperies, j’dis pas non à des renforts ».

Je laisse donc monsieur le directeur-je-suis-trop-cool-et-je-donne-des-ordre-a-un-officier-de-l’élite à son triste sort. Affirmant ma prise sur le manche de mon arme, je m’avance précautionneusement vers l’amas organique que représente les machins à écaille et les machins à peau. C’est un peu crade, j’ai pas trop envie d’y toucher. Je reste donc à une distance respectable de l’amas purulent. Bon, comme je peux difficilement attaquer le machin sans trop m’exposer ou fuir, bah je vais utiliser la provocation.

-Bonjour, y’a le directeur qui m’a demandé de vous dessouder… ça vous dérange si je vous capture ?


Disant cela, je concentre ma force pour frapper le sol et l’éclater si ça tourne mal. J’vais pas me faire grille pour les belles cornes d’un facho’, faut pas déconner.
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J'aurai du le savoir, que Reyson n'écoute jamais. Un jour, il faudrait vraiment qu'on apprenne l'empathie tous les deux, histoire qu'on puisse chacun anticiper les actions de l'autre. Ce serait pas mal, ça nous éviterait de nous entre-tuer bêtement.

D'autant que son action m'a certes protéger des deux zigotos qui osaient s'en prendre à moi, mais de mes éclairs, aucune chance puisque j'avais les pattes dedans. Nos corps se sont contractés, nous voilà parcouru de spasmes tandis que dans un ultime élan de concentration je fais disparaître instantanément mes nuages et les éclairs qui vont avec. Cet orage n'aura pas été très long, juste le temps d'arroser tout le monde et de cramer tout parasite encore vivant dans la tête des cobayes de Gasparov.

Et maintenant, je fais face à un autre problème.

Reyson ! Tu m'écrases !

Je sais pas vraiment ce qui se passe dans la salle puisque je suis complètement ensevelie sous le corps de ma moitié, mais j'entends la voix de Gasparov qui ne rime plus et celle de Raphaël qui m'indique qu'il a enfin retrouvé ses esprits ! Et ça, c'est vraiment une bonne nouvelle. Et puis, tandis que Reyson reprend peu à peu ses propres esprits et commence à se remuer lentement, y'a un autre type qui nous parle. J'enfonce mes griffes dans la glace et m'extirpe à moitié de dessous ma protection humanoïde géante de manière à ne sortir que ma tête. C'était surement le mouvement de trop pour mon adversaire qui abat immédiatement sa hache sur le sol et l'explose, le propulsant immédiatement à l'étage du dessous.

Je le regarde faire, entre la surprise et l'incompréhension et puis finalement, étendant mon long cou rouge au dessus du creux, je le regarde de haut pour lui donner ma réponse.

Pour tout te dire, oui, ça nous dérange carrément. En plus, on partait.

Et puis, soudain, une marre de liquide brun s'étend au dessus du trou pour le reboucher, un peu plus loin dans la pièce, je vois ma borne préférée, Mayako Miso, qui a enfin repris connaissance et qui me regarde en souriant.

Puis, tandis que Reyson se relève enfin et me permet de me dégager, je cherche dans la pièce l'autre homme insecte et le retrouve entrain de se réveiller lui aussi tandis que le deuxième directeur Romain Gasparov s'approche de lui en agitant des flacons.

Mais alors que je me prépare à bondir dessus pour enfin nous permettre à tous de fuir, il semble que le sol s'écroule sous nos pieds à Reyson et moi et nous fait tomber directement d'un étage où nous nous retrouvons de nouveau face à l'homme à la hache.

La fraîcheur de ce niveau qui n'a pas été parcouru d'éclair et de feu me prend directement aux tripes et me force à déverser immédiatement un flot de flamme sur notre agresseur et ce avant même qu'il n'ait le temps, lui ou Reyson, de faire une blague pourrie.

A bout de souffle, j'arrête de cracher mes flammes alors que la température est redevenue bien plus supportable.
Et tandis que la pièce est entièrement remplie de vapeur, je bondis vers le plafond, tenant Reyson dans une patte et tente de m'échapper immédiatement par la voie des airs.

Mais une lame d'air que je ne vois pas venir me cueille sur mon chemin et m'envoie valser sur le dur du plafond en m'entaillant salement le ventre. Surprise par cette douleur, je rugis avant de me cogner contre la glace puis de retomber lourdement sur le sol, sonnée par le choc.


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J’atterris aux côtés d’Izya, mais sur mes jambes, de retour à une taille normale. J’ai eu le temps de récupérer ma motricité suite à la tétanie de l’orage. Un rapide coup d’œil vers la dragonne me fait comprendre qu’elle respire encore. Soupir de soulagement tandis que je me tourne vers le commandant d’élite Yamamoto Kogaku. Si je m’attarde trop sur Izya, il risque d’en profiter pour nous attaquer une fois de plus. Il tient tant que ça à suivre les ordres ? Nous qui avons voulu le laisser tranquille… Shusui dans ma main, je raffermis mon étreinte autour de sa poigné. Je sais mon adversaire rapide : je l’ai déjà affronté. Je ne peux pas prendre mon temps à soigner Izya, mais je peux profiter de son grand corps pour lui faire une injection sans même avoir à me baisser ou à changer de position, restant face au marine. Des hormones de vigueur pour qu’elle demeure éveillée, l’hormone de la seconde chance. Elle ne soigne pas, mais elle fait oublier la fatigue et la douleur accumulées jusque-là. Comme je dois m’occuper du commandant, je ne peux défendre la dragonne si un autre ennemi fait irruption ; ce qui est fort probable dans une prison gouvernementale où l’amirale en chef se promène. D’autant plus que Yamamoto a conversé brièvement avec un denden…

« Trouve-nous une issue de secours pendant que je l’occupe. Et si tu me vois me piquer, évite de m’approcher. Je ne sais pas si je vais devoir diffuser la mort autour de moi ou si mes seules capacités suffiront. »

Je dope mes bras qui doublent de volume, laissant présager une augmentation de ma force brute, et je m’élance alors vers le marine en envoyant des lames d’air tout en courant vers lui pour ne pas lui laisser l’opportunité de s’occuper d’autre chose que moi. J’y mets assez de puissance pour accaparer son attention, et aussi pour que de simples déviations de frappes fragilisent grandement la prison à coup d’entailles géantes. Après tout, cet édifice leur appartient. S’il est détruit, ce n’est pas moi que ça gênera, et ça donne une raison de plus au commandant pour me mettre en tête de sa liste des choses à faire.
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Le combat s’était déplacé dans les airs. Privé de système de refroidissement, attaqué de l’extérieur par les canonnades et de l’intérieur par un feu ardent, l’enfer gelé de Jotunheim avait lentement perdu de sa superbe. Les orgues de  glace fondaient, le  sol et les parois se craquelaient et se déchiraient sous les assauts des combattants et leur terrain de jeu ne faisait que s’agrandir à force de destruction massive.

Raphaël, emporté par l’envol d’une Izya en plein combat se rattrapa de justesse à une de ses invocations flottantes. Il en serra la paume de toute ses forces pour ne pas chuter dans le vide créé par la finesse de Yamamoto Kogaku, se cabra et profita du mouvement de balancier pour sauter et se rétablir au sol d’une roulade. Il échappa de justesse aux couteaux qui s’élançaient sur lui.

Une lame d’air rasa le sol pour le cueillir, il s’élança, saisit une nouvelle manifestation de son pouvoir à la manière d’un trapéziste en s’en mit hors de portée.

"Tu n’m’chapp’ras pas ind’finiment, mis’rab’ faquin ! "

La mâchoire de travers, le nez cassé et quelques dents l’ayant quitté avec sa superbe diction, le directeur Emile Gasparov s’acharnait avec hargne sur le vert, multipliant les lames d’air. Ce dernier tenta d’invoquer de nouvelles mains flottantes enrobées de fluide, mais la technique lui manquant, ces dernières se firent immédiatement tranchées. Il en fut de même pour celle à qui il s’accrochait.

Il chuta.

Un sourire mesquin au coin des lèvres, le cornu quadrilla l’air de son meitou pour ne laisser aucune échappatoire à son ancien prisonnier. Par-dessus son horreur d’être défiguré, il détestait que ses créatures se rebellent contre lui et retrouvent leur libre arbitre. Raphaël Andersen ou Izya Taghel, qu’importe, ils seraient tous réduits en charpie.

Manquant d’échappatoire, ses forces et ses capacités acrobatiques, diminuées par le froid et la fatigue, malgré toutes les limites qu’il s’était efforcé de franchir, les nerfs  crispés, le  vert ferma les yeux et concentra tout ce qui lui restait de volonté pour invoquer une nouvelle armure de Haki. Son esprit passa en revue tout ce pourquoi il devait encore se  battre. Comme le lui avait expliqué la dragonne et le démon du froid, la couleur de l’armement était la voie du combattant. Sa vie ne se terminerait pas ici, il ne rendrait pas son dernier souffle à Jotunheim. Pourtant… Le froid… La solitude… L’abandon… Non, il ne pouvait pas abandonner.

Les  claquements cinglant d’une lame heurtant une armure d’acier se firent entendre par dizaine.

Le corps de Raphaël heurta violemment le sol. Indemne, tremblant, il lui fallut quelques instants pour réaliser qu’il était encore en vie. Ses mains parcoururent nerveusement son corps à la recherche de blessures avant qu’il n’ouvre les yeux et comprennent ce qui venait de se passer.

"Tu tiens le coup mec ?
-J’ai connu pire… " souffla le vert en se relevant, reconnaissant les anneaux luisants du scolopendre qui s’étaient dressés comme une armure entre lui et les lames du directeur "Merci.
-On se fera la bise plus tard si tu veux bien, là on va avoir besoin de toi. Miso, tu t’en sors ?! "

Les brûlures électriques s’ajoutant aux nombreux autres stigmates de sa captivité, le pirate insectoïde qui avait dû être un fier capitaine pendant ses heures de gloire, n’inspirait pas la vaillance. Pourtant Raphaël voyait brûler en lui la même flamme qui l’habitait, ce besoin d’en finir avec cet endroit, de briser ses chaînes et de reprendre sa vie. Celui d’oublier et de faire disparaître ce lieu. Celui de courir mais avant tout de briser.

La borgne répondit par l’affirmative. Elle était tout aussi fatiguée, la maîtrise de son fruit n’était plus parfaite et elle souffrait grandement de la température, mais pourtant elle ne se laissait pas impressionner par les mouvements des cornus. Ses fouets et ses vagues chocolatées harcelaient le benjamin pour l’empêcher de mettre au point et de répandre ses mixtures.

"M’m la plus sol’de des car’pac’ a son po’nt f’bl’…" partit Emile Gasparov dans un gloussement avant de se rendre compte qu’il était ridiculement incompréhensible " OUBLIEZ. "

Le cadet se jeta sur le pirate roux, tranchant en une danse martiale nombre de ses pattes avec sa double-lame. Il pénétra sa garde et d’un coup de pied sauvage le poussa à se recroqueviller sur lui-même. Il s’apprêta à frapper de nouveau sa cible à terre mais Raphaël prit aussitôt le relais, plus en vie qu’il ne l’avait jamais été. Son talon dévia le coup fatal, poussant le cornu à reculer, tandis que ses mains prirent appui sur deux nouvelles invocations, il s’élança pied en avant et effectua une roulade dans les airs qui se termina dans la mâchoire de Gasparov. Craquement sonore. Cornu valsant dans le décor.

"À charge de revanche. "

Au même instant la pirate chocolatée, aidée par une diversion de Reyson, repoussa et accula l’autre frère, les cinq doigts de sa main droite  s’allongèrent comme des lances et frappèrent Romain Gasparov du cœur au bassin comme des traits mortels.

"Non… Emile urgh… Espèce d’abruti… Ne fait pas…
- CHAOS ! DES’RUC’ION! ‘U SERAS VENGUER MON FR’RE !  SI NOUS D’VONS SOMB’ER DANS LES F’AMMES DE L’ENF’R, ‘LORS C’T’END’OIT SOMB’ERA ET VOUS ‘VEC !  "

Dégagé par les affrontements qui avaient lentement creusé sa cachette, un amas de fils et de technologie incendiaire était relié à un émetteur denden qui affichait un compteur en lettrines rouges. Emile Gasparov avait rampé jusqu’au moniteur et, visiblement au courant de la nature de sa découverte, avait fourré ses doigts dans le cœur du mécanisme et hurlait à toute l’assemblée d’un air triomphant.

"C’est des explosifs ! Maya ne le laisse pas toucher à ça, il y en a partout ! " intima le pirate métamorphe à son ancienne camarade entre deux assauts, la situation devenant critique.
-Je comprends mieux pourquoi le CP9 s’intéressait à cette prison… *Kof*… L’emprisonnement de Mandrake n’était qu’un piège depuis le déb*KOF* " analysa difficilement le cornu mourrant entre deux quintes de toux ensanglantés, son corps s’était affaissé, son bras tendu vers son frère "Emile, non… "

Depuis l’emprisonnement du leader révolutionnaire, depuis que l’éventualité qu’une nouvelle évasion puisse s’organiser et que cette fois rien ne puisse étouffer l’évenement, depuis que les premières rumeurs d’une alliance entre les insurgés de tout bord s’étaient répandues, l’élite des agences gouvernementales s’était installée sur Jotunheim. Pendant plusieurs jours, ils s’étaient employés à truffer l’enfer de glace d’explosifs dans un seul et unique : détruire cette enceinte obsolète et emporter le plus de victimes collatérales avec. L’amirale en chef étant sur place,  et probablement seule rescapée, personne ne penserait que l’accident ait pu être intentionnel.
Depuis plusieurs heures déjà, tous les agents avaient évacué la base.

Pas au fait de la moindre de ces informations et en prise avec leur propre combat, les présents eurent du mal à assimiler ce qui était en train de se passer. Raphaël fut le premier à réagir, fondant sur le cornu, il arracha un stalagmite à sa portée et le téléporta dans une main qui venait d’apparaître à quelques centimètres du visage du poète cintré.  D’un coup bien placé au bras, il l’obligea à lâcher sa prise et un instant plus tard il arrivait en personne pour lui encastrer le visage contre la paroi de glace.

Emile Gasparov, fléau dont il n’aurait jamais pensé se libérer tourna enfin de l’œil.

Soulagé, prêt à souffler un instant avant d’aller aider Izya à accélérer leur évasion, il remarqua alors du coin de l’œil un clignotement rouge.

Le denden-émetteur, relié à la bombe, se réveillait nonchalamment en baillant. Le gyrophare rouge qui lui servait de casquette s’affolait alors que le compteur sur son poitrail passait de 60 à 59 secondes.

"Oooh merde… "

Son sang ne fit qu’un tour. Il se jeta  sur l’appareil l’enserra dans ses bras et le souleva avec le plus de précaution dont il était capable. Il tenta de visualiser au hasard l’endroit le plus éloigné possible et sentit qu’une paire de mains apparaissait au fond de la salle d’en-dessous dont Yamamoto avait détruit le plafond. Visualisant encore plus loin il eut l’impression que ses mains étaient broyées, impossible à matérialiser, il était dans un bloc de glace. Encore plus loin, les tempes en feu, tremblant et l’esprit complètement saturé il sentit un écho. Une nouvelle paire de mains venait d’apparaître au milieu de nulle part, du vide. Le sens du toucher qu’il partageait avec elles ne lui donnait presque aucune information, il n’arrivait de toute façon plus à se concentrer sur rien d’autres qu’à maintenir le lien déchirant qui l'éloignait d’elles. Une distance de près de cent mètres en dessous d'eux, une distance qu’il ne s'était jamais aventuré à approcher…

40 secondes.

Il referma ses mains sur son torse.

La deuxième capacité de son fruit du démon venait de s’activer et la bombe s’était retrouvée dans une autre paire de mains, cent mètres en dessous d’eux, relâchée et tombant par chance dans un puits d’évacuation qui finirait directement dans la mer.

Il releva la tête, épuisé mais soulagé d'avoir un instant de répit.

L’horreur le frappa alors en pleine figure.

Partout autour de la salle et dans toute la base, des lumières rouges s’étaient mises à clignoter.
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Allez c’est mon instant de gloire, la dragonne émerge du trou que j’ai causé et arque son cou pour me cracher un torrent de flamme à la tronche. Je plonge ma hache dans le sol et activant le dial de froid et un brin d’haki de l’armement je m’abrite du tir ardent. Je balance alors le gros glaçon sérieusement fondu à la tronche d’un Rey qui a décidé de m’attaquer par la voie des airs. Ce qui suffit à le dévier de sa course et me donner le temps de me donner un terrain plus confortable pour l’affronter. ‘Fin pas trop longtemps cela dit, y’a trop d’ennemi, et pour ma sécurité je préfère qu’ils tentent de se barrer… je ne leur opposerai qu’une résistance symbolique, l’attaque du duo m’a clairement montré qu’ils avaient plus de gaz que je ne l’espérais.

C’est alors que la situation devint encore plus bordélique, car d’un coup, aussi bien mon empathie que mes sens m’avertissent d’une belle saloperie. La prison est truffée de pétards, des gros pétards. Et manifestement, un mec trop zélé a décider d’appuyer sur le déclencheur. Un coup d’œil aux alentours m’avertit me révèle un nombre impressionnant de diodes. Je passe quelques secondes à peser le pour et le contre, je n’ai pas le temps de sauver qui que ce soit… je marque néanmoins un nom dans ma mémoire le Cipher pol…ils viennent de rentrer dans la liste des connards qui ne méritent pas la moindre pitié. Je ne peux qu’espérer que l’info s’est répandue parmi nos alliés et qu’ils ont l’occasion de se tirer… Dans le guide du petit Yama illustré, il est clairement mis à la treizième page ; si c’est chaud pour ton cul, tires toi. Et je pense, que la situation actuelle se prête clairement à un « c’est chaud pour ton cul ». Je lance une petite « bonne merde à la prochaine à Rey » et me propulse vers le haut d’un geppou couvert de hakki. Je note d’ailleurs avec une légère satisfaction la glace qui s’effondre sous mes pieds. Je traverses quelques niveaux de glace à coup de crane lâchant un petit « aie » à chaque impact et émerge enfin à l’air libre.
Je pense que je vais faire du recyclage de technique. D’un coup de hache je sectionne un morceau de glace que je propulse en l’air de ma main libre. D’un nouveau geppou je me juche sur la surface de mon embarcation bouclier improvisée et plante mes pieds et ma hache dans l’énorme bloc de glace… juste à temps… La prison explose soufflant mon bloc de glace dans le ciel. Je pense que je suis atteint de deux malédictions. La première atomise toute prison où je suis de passage, la seconde, me colle sur un une plaque d’un truc ou l’autre à l’intérieur d’un souffle destructeur qui me propulse vers les nuages. Après quelques secondes de fulgurantes ascension, je remarque néanmoins avec tristesse que c’est pas encore aujourd’hui que je toucherai des nuages. Alors que mon bloc de glace retombe quelques centaines de mètre plus loin, je propulse une lame d’air sur la surface de la mer pour en réduire la rigidité, déjà bien entamée cela dit. J’atterrit sur la surface d’eau avec un choc qui me vide l’air des poumons. Je me laisse tomber sur le dos hilare de la folie de cette escapade et me relève pour contempler le bordel. La prison n’est plus, en fait y’a plus grand choses d’identifiable dans le coin, des ruines, des bouts de glaces et de bois… ce qui est sûr c’est que je ne toucherai pas la caution pour le pédalo.

Je m’empare alors de mon Den den, délivré de mes acouphènes et tenter d’appeler les officiers présents sur Joutunheim. Tout en essayant de pas penser au fiasco qu’on vient d’essuyer et au bordel qui va s’en suivre, demain les journaux vont s’amuser à faire un beau calcul des morts. En attendant j’espère trouver quelqu’un de mon coté dans le coin, avec une embarcation de préférence.  Ça me ferait chier de rentrer sur une base en pagayant avec ma hache…
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L'atmosphère qui juste là était au bleu fixe passe d'un coup au rouge. Autour de nous, dans tous les coins, d'innombrable petits escargophones sortent de leur cachette avec en guise de casquette un gyrophare rouge. Et tandis que je reprends déjà du poils de la bête grâce aux hormones de Reyson, Yamamoto qui lui fait face sous son déluge de lame d'air décide soudain qu'il est l'heure pour lui de se tirer de là.

J'ai beau être dépourvue de maîtrise de l'empathie, cela ne fait pas de doute, la situation craint à mort ! Tellement que si je comprends bien, d'ici peu de temps, si on reste là, on va tous y passer.

Aussi, après quelques maigres secondes de réflexions pour en arriver à cette inéluctable conclusion, je bondis d'un soru jusqu'à Reyson, puis remonte en une fraction de seconde jusqu'à l'étage supérieur ou sans plus de façon je retrouve Mayako, Raphaël et l'homme insecte que j'empoigne d'un rapide mouvement de la patte avant de filer droit vers le plafond pour nous tirer de là au plus vite.

Et tandis que nous remontons les étages grâce aux trous laissées plus tôt par l'arrivée du commandant Yamamoto Kogaku, nous pouvons clairement voir que tout notre chemin est truffé d'explosif qui illumine l'entièreté de la prison d'une lueur rouge.

Plus vite Izya ! Plus vite !
Il reste combien de temps ?
15, 14, 13...

Soudain, la panique m'envahie. J'ai beau accélérer le mouvement en me projetant de Soru en soru, nous serons bien trop prêt de la prison lorsqu'aura lieu l'explosion. Et pire encore, même si nous survivons à la déflagration, nous sommes cinq maudits des océans qui coulerons à pique dès lors que nous toucherons les flots qui entourent Jotunheim.

Je n'y arriverais pas seule. Reyson doit a tout pris rester conscient pour nous faire voler après l'explosion. Et pour ça, je dois les protéger tous.

Reyson ! Agrandis-moi !

Vu l'urgence de la situation, il exécute sans même me demander pourquoi. Une chance, parce qu'il n'aurait peut être pas apprécié mon idée même si clairement, on a pas le choix. Avec ma nouvelle taille draconique, c'est à peine si je passe les trous dans les étages. Mon corps écailleux racle sur la glace et ma blessure au ventre se déchire un peu plus à chaque niveau. Mais nous y sommes presque. Plus que deux Soru et l'extérieur sera là !

3, 2

Cette fois nous y sommes. L'air libre est là !

1.

En géante que je suis, je change de plan. Mon corps change pour revêtir ma forme hybride ailée. Un corps de femme écailleuses aux immenses ailes de dragons. Immense. Suffisamment pour pouvoir entourée complètement les quatre corps que je tiens dans mes mains afin de les protéger grâce à ma peau qui ne craint pas les flammes.

L'explosion retentit, souffle sa puissance sur l'entièreté de la prison de glace alors que nous ne sommes qu'à quelques mètres de son enceinte. Elle me balaie sans aucun scrupule, m'entourant de ses flammes, m'arrosant de blocs de glaces qui viennent frapper mon dos et mes ailes. La déflagration me propulse au loin dans les airs sans que je ne puisse maîtriser quoi que ce soit.

Mais ma conscience est encore là, encore une petite seconde et nous serons hors d'atteinte, la tempête de flamme sera trop loin et je pourrais alors reprendre le contrôle sans même que Reyson ait besoin de prendre le relais.

De moins, c'est ce que j'ai eu l'audace de penser, avant que ce bloc de glace vienne s'écraser sur ma nuque. Me plongeant dans les ténèbres de l'inconscience...


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On se fait propulser par le souffle. Sans dessus sans dessous, on perd tous nos repères. Où est le haut ? Où est le bas ? L’arrière et l’avant ? Izya nous protège malgré mon aversion à cette idée. Elle encaisse l’effroyable explosion pour nous, diminuant son impact. Elle joue à la reine qui protège son peuple. Elle joue avec sa vie… Mais il est trop tard pour revenir en arrière et prendre sa place.

Les mains draconniques qui nous entourent s’ouvrent enfin. Au-dessus de nous se trouve l’océan. Devant nous le brasier : des flammes qui perdurent même sur la glace de l’iceberg. Même sur l’eau. Les navires pirates qui avaient accostés ont disparu. Ça et là, des morceaux des bâtiments flottent à la surface, en feu.  Quelques corps aussi : ceux qui n’ont pas été emportés par le fond. Jotunheim brûle, se disloque, se transforme en un véritable enfer avant de sombrer lentement dans les ténèbres de l’oubli.

Dessus nous, l’océan s’approche dangereusement. Je jette un regard à Izya : ses yeux sont fermés et ses ailes ne bougent plus. Est-ce qu’elle respire encore ? Pas le temps d’y porter attention, sinon nous finirons tous dans l’eau. Et cette eau est encore plus froide que la neige d’Impel Down à nos yeux…

Alors je me pique pour augmenter ma taille, reprenant l’idée d’Izya. Je réduis sa taille tandis que la mienne grandi, jusqu’à atteindre celle d’un demi-géant. Dans une main, la dragonne qui rapetisse et dans l’autre les autres. Je bascule en avant pour remettre le ciel au-dessus de nous et d’un coup de geppou plutôt abrupte je nous stabilise.

Le brasier derrière nous, le reste de notre flotte nous fait face. Elle est éparpillée. Certains ont encore fait face à la prison, la canonnant lorsque l’explosion a retenti. D’autres ont compris ce qui allait se produire au rouge qui a illuminé l’iceberg tout entier et ont fait demi-tour. L’addition des détonations ont provoqué une vague et un souffle d’une ampleur effroyable : les navires les plus proches ont été renversés par la houle tandis que les fuyards ont vu leur mat se briser à cause de la pression sur les voiles. Des navires qui flottent, il y en a. Mais des navires intacts, je n’en vois pas.

Je cherche le bâtiment le moins usé par la bataille pour y déposer mes passagers. Il s’agit de l’un des miens : pas bien grand mais facile à manœuvrer. Je le reconnais à l’équipage surtout : les célèbres femmes à moustache. Elles, ou ils, auront mérité de retrouver leur apparence d’origine après tout ça. Mais pour le moment je m’occupe d’Izya que je porte jusqu’à la cabine du capitaine après avoir repris une taille normale.

Elle respire encore.

Mais faiblement. Alors je m’occupe d’elle en faisant comprendre aux autres de ne pas me déranger. Et mes relents d’haki royal le leur ont bien fait comprendre. Si elle n’y survivait pas, eux non plus ne méritaient pas d’être en vie. Et moi non plus. Car toute cette opération est pour eux. Pour les autres. Pas pour nous. Car Izya me suffit.

Alors, tandis que la prison sombre derrière nous et que la flotte se disperse, je reste aux chevets de la reine dragonne, priant pour son salut et lui faisant une promesse :

« Plus jamais ça. »
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Les poils roussis, les os brisés, la vue brouillée, seul l’état d’alerte constant dans lequel il s’était enfermé l’empêchait de s’écrouler. Tout s’était passé très vite, tout était tellement hors de sa portée qu’il n’arrivait plus à distinguer la part du réel et celle du délire.

Son esprit était essoufflé, au bout de tout ce qu’il avait pu vivre dans sa vie, rien n’avait eu aucun sens depuis le départ. Il avait eu tellement froid, tellement peur, été tellement en colère.

On lui avait volé son corps, ses mains s’étaient couvertes de sang et d’horreur, il ne savait combien d’être vivants venaient de disparaître dans l’incroyable déflagration. Ce n’était pas les pirates. Ce n’était pas les révolutionnaires. Ce n’était pas les marines, ni les gardiens.

Il avait poussé ses pouvoirs, sa force, son endurance, sa vie dans leurs extrêmes limites. Il avait découverts des recoins de son être encore inexplorés. Il avait frappé. Il avait crié. Il avait parcouru des kilomètres.

Et cette chaleur…

Le bruit de cette détonation…

La vapeur brûlante, les poussières et les flots déchaînés.

Tout s’était passé trop vite à son échelle pour qu’il ne suive les manœuvres de ses sauveurs mais il était là, hagard sur le plancher tanguant du vaisseau armadien. Il était là, en vie, libre. Il avait survécu grâce à Izya qu’il avait vu disparaître en même temps que le capitaine du navire. Il tenta de ramper vers la cabine pour prendre des nouvelles, pour réaliser ce qu’ils venaient de vivre, pour voir un visage connu. Mais les femmes à moustache le repoussèrent aussitôt, sans mal au vu de son état.

Il n’insista pas.

Il était là, en vie, libre.

Comme une litanie, à force de se répéter ces quelques mots, ils commençaient à prendre sens.

Comme les conséquences, le fait qu’il venait de s’évader et de détruire – indirectement certes, mais ce ne serait peut-être pas le détail que retiendrait les médias – avec certains des plus grands criminels mondiaux. Si le vice-amiral Vasco n’avait pas survécu, lui seul et ses hommes avaient été responsable et au fait de sa détention imprévue de ce qu’il en savait, peut-être n’y aurait-il pas de conséquence directe…. Peut-être que si…

Mais plus important, il y avait Nova et Jack.

Ses compagnons que son infortunée aventure lui avait fait abandonner sur Whiskey Peak. À cette pensée coupable, quelque chose reprit forme en lui. La bête brisée et apeurée venait de trouver un but à sa liberté. Il devait les retrouver, se mettre en route, partir.

Sa première étape serait Armada.
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Le fer de sa lame planté dans la glace, plus froid, plus mortel que tout ce que ce monde abritait, Kenora Makuen dardait d’un regard noir les vaisseaux pirates qui s’échappaient vers l’horizon.

C’était un fiasco.

Autour d’elle ses hommes s’affairaient, naviguant entre les blocs de glace épars pour retrouver les corps de ceux qui n’avaient pas survécu et secourir ceux qui pouvaient l’être encore. Les quelques vaisseaux marines qui n’avaient pas été détruit dans l’attaque possédaient à peine les infrastructures nécessaires pour s’occuper des blessés. Pour l’évacuation, il faudrait attendre des renforts.

Attendre sur le cadavre de Jotunheim.

Cette prison devait disparaître. Des expériences douteuses du 0 Kelvin contre lesquelles l’avait averti Vegapunk, à la détention inutilement dangereuse de Mandrake dont ils avaient tiré tout ce qu’ils pouvaient, en passant par la récente évasion qu’elle avait déjà subi, le projet Jotunheim –un des trois successeurs de la tristement célèbre Impel Down- s’était révélé être un échec du début à la fin. Même si le CP9 n’avait pas partagé avec l’amirauté la fuite du lieu de détention du leader révolutionnaire, l’amirale en chef avait toujours douté et moqué le grand édifice de glace et ses geôliers.

Mais qu’elle sombre sous sa garde…

Le Cipher Pol avait trahi sa confiance.
La révolution les avait infiltré et parasité leurs structures.
Les pirates d’Armada, qui ne semblait jamais comprendre la menace qui pesait sur eux, l’avait encore moqué.

La dernière nuit de 1627 tombait et, à la lumière des torches, le corps explosé de Jontunheim retombait en de lourds flocons.

Une nouvelle année se profilait et ce serait celle de la Marine, elle se le promettait. Elle n’aurait plus aucune pitié. Ni pour les hors-la-loi. Ni pour les cadres du gouvernement qui l’empêchaient de faire justice. 1628 serait l’année de la justice.
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