Cinq heures du mat’… Je laisse échapper un profond soupir, encore une de ces foutues nuits blanches… J’ai arrêté de les compter depuis qu’elles ont commencé, mais j’ai oublié la dernière fois que j’ai réussi à pioncer plus d’une heure en une seul nuit. C’tte saleté d’insomnie, elle est plus tenace que le pire des clochards après un morceau de viande qu’il vient de voler. J’ai tout essayé pour m’en débarrasser. De me bourrer la fiole jusqu’à en tomber raide, au bout d’un moment j’ai juste fini par m’y habituer et mon corps pouvait encaisser le plus fort des alcools de contrebande jusqu’au petit matin sans me faire défaut. Je suis passé à la drogue, d’en ingurgiter en si grande quantité que ça allait me faire sombrer, tu parles. A part me rendre dingue et excité comme un curé devant un gamin, j’y ai rien gagné. En y réfléchissant, je crois même que c’est depuis que je touche aux substances illicites que je dors mal, voir pas du tout.
Le truc, c’est que ça va bientôt faire dix ans que j’ai commencé, et avec tout ce que j’ai avalé, reniflé, ou me suis injecté, j’ai totalement déraillé. Mais je mettrais pas tout sur le dos de la drogue pour autant, nan, c’est tout ce monde de fou dans lequel j’ai plongé casque le premier qui m’a détraqué. De par ma nature homme-poisson, appartenant à la race des piranhas, j’ai toujours eu le sang chaud et une attirance pour ce dernier. J’en suis fou, vous voyez ? J’ai c’besoin de le faire couler, de le sentir, d’y goûter. Ma mère m’avait appris à me contrôler, à ne pas succomber à mes pulsions meurtrières, j’ai tout envoyé chier y’a bien longtemps d’jà. Mais encore si ça avait été que ça, ce serait pas si déconnant, mais étant constamment soit déchiré, soit défoncé, je pars en couilles depuis quelques temps. Incontrôlable, imprévisible, déchaîné, fou à lier. Si vous fouinez un peu dans les rues en vous renseignant sur ma pomme, z’allez avoir ce genre de descriptif.
Les types veulent plus se mettre en association avec moi, j’finis toujours par tout foutre en l’air sur un coup de sang, un délire de camé ou un trop plein de rhum. J’ai monté mon petit réseau et honnêtement, c’est la peur de ce que je leur ferai s’ils se barrent qui les font rester. Sauf pour Nikky, Nick Lesson, lui c’est juste un psychopathe qui est content d’être avec un type plus taré encore que lui. C’est réciproque, j’en ai fait mon gars de confiance. J’crois qu’on se rassure mutuellement en se disant qu’il y a toujours pire à côté. Une fois on s’est foutu sur la tronche parce qu’il pissait trop près du coin où on squattait, j’ai failli lui arracher les burnes de mes crocs. J’m’en souviens, s’il avait pas eu de bons réflexes, il aurait plus rien l’enfoiré. J’sais pas trop pourquoi j’parle de toute cette merde maintenant, sans doute parce que je suis dans un rare moment lucide et j’ai envie d’en profiter. La vérité c’est que j’ai décidé de me purger d’la merde qui m’ronge l’cerveau.
Combien de temps qu’t’as rien pris, Elijah ?
Dix jours.
Nikky doit bien le voir, j’suis sur les nerfs, j’arrête pas de trembler, j’ai le cerveau plus actif que jamais et le sang bouillonnant. Mes mâchoires viennent régulièrement se frotter l’une contre l’autre, c’est tout mon être qui réclame une dose. Les premiers jours, il a fallu m’isoler pour éviter un massacre, j’étais plus capable de reconnaître personne, je voulais seulement buter le premier connard qui osait s’approcher d’un peu trop près. C’était tellement violent de ne rien consommer, mon corps et ma tête y étaient tellement habitué que tout a cramé à l’intérieur en un rien de temps. Je suis resté une semaine dans cet état, avant de tomber à terre comme un légume. Deux ou trois jours à traîner par terre, langue pendante, yeux dans le vide, incapable de remuer une écaille. Nick a cru que j’étais mort à un moment, mais j’ai repris le dessus juste avant qu’il ne foute le feu à ce qu’il pensait être ma dépouille.
Depuis, on en est là. Dans ce merdier. Cet état. Je dors plus, je bois plus, je me drogue plus. Par contre, je fais toujours autant saigner les gens. Peut-être même deux fois plus maintenant que c’est la seule façon d’assouvir mes pulsions. J’ai voulu tenter le coup, voir s’il y avait une différence de comportement entre le Elijah sous substances et poivrot et le Elijah complètement sobre et sevré. ‘Va falloir patienter encore je crois pour pouvoir rendre un jugement positif, parce que jusqu’ici j’ai pas été foutu de me concentrer sur une seule des transactions prévues, ou de régler les habituels problèmes qui touchent à mon business. Et ça, c’est un gros point négatif. Je pense à plus rien d’autre qu’à ne pas replonger, ou ne pas faire de conneries. Tuer c’est bien, se défouler sur les os d’un guignol attrapé au hasard aussi. Déchiqueter des jugulaires, encore mieux. Mais tout ça vaut rien à côté de ce que me procure les différentes drogues en circulation dans Citadelle. Y’en a, c’est juste du délire !
Le gars devrait arriver d’une minute à l’autre. Tu veux que je m’en charge ou ça va aller ?
Nan. C’est bon. J’ai besoin d’évacuer…
Justement… Souviens-toi qu’on doit pas le tuer, lui.
Pas tout de suite, tu veux dire.
Elijah…
Ça va aller t’inquiètes, les expériences servent à ça ! Pir-rah-rah-nah !
J’lui claque un clin d’œil qui a rien de rassurant, j’ai les globes gorgés de sang par la fatigue, et de grosses poches de cernes. Je suis plus proche de tomber de fatigue que de m’apprêter à faire face à un enfoiré de traître.
Le truc, c’est que ça va bientôt faire dix ans que j’ai commencé, et avec tout ce que j’ai avalé, reniflé, ou me suis injecté, j’ai totalement déraillé. Mais je mettrais pas tout sur le dos de la drogue pour autant, nan, c’est tout ce monde de fou dans lequel j’ai plongé casque le premier qui m’a détraqué. De par ma nature homme-poisson, appartenant à la race des piranhas, j’ai toujours eu le sang chaud et une attirance pour ce dernier. J’en suis fou, vous voyez ? J’ai c’besoin de le faire couler, de le sentir, d’y goûter. Ma mère m’avait appris à me contrôler, à ne pas succomber à mes pulsions meurtrières, j’ai tout envoyé chier y’a bien longtemps d’jà. Mais encore si ça avait été que ça, ce serait pas si déconnant, mais étant constamment soit déchiré, soit défoncé, je pars en couilles depuis quelques temps. Incontrôlable, imprévisible, déchaîné, fou à lier. Si vous fouinez un peu dans les rues en vous renseignant sur ma pomme, z’allez avoir ce genre de descriptif.
Les types veulent plus se mettre en association avec moi, j’finis toujours par tout foutre en l’air sur un coup de sang, un délire de camé ou un trop plein de rhum. J’ai monté mon petit réseau et honnêtement, c’est la peur de ce que je leur ferai s’ils se barrent qui les font rester. Sauf pour Nikky, Nick Lesson, lui c’est juste un psychopathe qui est content d’être avec un type plus taré encore que lui. C’est réciproque, j’en ai fait mon gars de confiance. J’crois qu’on se rassure mutuellement en se disant qu’il y a toujours pire à côté. Une fois on s’est foutu sur la tronche parce qu’il pissait trop près du coin où on squattait, j’ai failli lui arracher les burnes de mes crocs. J’m’en souviens, s’il avait pas eu de bons réflexes, il aurait plus rien l’enfoiré. J’sais pas trop pourquoi j’parle de toute cette merde maintenant, sans doute parce que je suis dans un rare moment lucide et j’ai envie d’en profiter. La vérité c’est que j’ai décidé de me purger d’la merde qui m’ronge l’cerveau.
Combien de temps qu’t’as rien pris, Elijah ?
Dix jours.
Nikky doit bien le voir, j’suis sur les nerfs, j’arrête pas de trembler, j’ai le cerveau plus actif que jamais et le sang bouillonnant. Mes mâchoires viennent régulièrement se frotter l’une contre l’autre, c’est tout mon être qui réclame une dose. Les premiers jours, il a fallu m’isoler pour éviter un massacre, j’étais plus capable de reconnaître personne, je voulais seulement buter le premier connard qui osait s’approcher d’un peu trop près. C’était tellement violent de ne rien consommer, mon corps et ma tête y étaient tellement habitué que tout a cramé à l’intérieur en un rien de temps. Je suis resté une semaine dans cet état, avant de tomber à terre comme un légume. Deux ou trois jours à traîner par terre, langue pendante, yeux dans le vide, incapable de remuer une écaille. Nick a cru que j’étais mort à un moment, mais j’ai repris le dessus juste avant qu’il ne foute le feu à ce qu’il pensait être ma dépouille.
Depuis, on en est là. Dans ce merdier. Cet état. Je dors plus, je bois plus, je me drogue plus. Par contre, je fais toujours autant saigner les gens. Peut-être même deux fois plus maintenant que c’est la seule façon d’assouvir mes pulsions. J’ai voulu tenter le coup, voir s’il y avait une différence de comportement entre le Elijah sous substances et poivrot et le Elijah complètement sobre et sevré. ‘Va falloir patienter encore je crois pour pouvoir rendre un jugement positif, parce que jusqu’ici j’ai pas été foutu de me concentrer sur une seule des transactions prévues, ou de régler les habituels problèmes qui touchent à mon business. Et ça, c’est un gros point négatif. Je pense à plus rien d’autre qu’à ne pas replonger, ou ne pas faire de conneries. Tuer c’est bien, se défouler sur les os d’un guignol attrapé au hasard aussi. Déchiqueter des jugulaires, encore mieux. Mais tout ça vaut rien à côté de ce que me procure les différentes drogues en circulation dans Citadelle. Y’en a, c’est juste du délire !
Le gars devrait arriver d’une minute à l’autre. Tu veux que je m’en charge ou ça va aller ?
Nan. C’est bon. J’ai besoin d’évacuer…
Justement… Souviens-toi qu’on doit pas le tuer, lui.
Pas tout de suite, tu veux dire.
Elijah…
Ça va aller t’inquiètes, les expériences servent à ça ! Pir-rah-rah-nah !
J’lui claque un clin d’œil qui a rien de rassurant, j’ai les globes gorgés de sang par la fatigue, et de grosses poches de cernes. Je suis plus proche de tomber de fatigue que de m’apprêter à faire face à un enfoiré de traître.