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Ouvrier, conseiller, agent [Achevé]

L'aiguille venait de finir son vrombissement. La micro-accumulation de chaleur commençait à se faire sentir sur la nuque de l'ouvrier et à lui faire, en quelque sorte, du bien. Un tatouage de plus, et c'était déjà le troisième de la journée. Il n'était pourtant que quinze heures, et il lui restait quatre heures de travail sur le chantier avant la quotidienne réunion d'équipe de dix-neuf heures.
Celui-ci ne représentait rien de spécial. Une succession de courbes arabesques sans destinations précises, qui partait du haut du dos et trouvait sa fin juste avant l'arrière du crâne. Cela faisait déjà quelques jours qu'Uzi n'avait même plus la foi de donner une forme concrète à ses tatouages. Il laissait faire le mouvement las de son bras qui, levé, étiré vers l'arrière et plié à un demi-angle droit laissait à sa main le loisir d'atteindre la zone du tatouage et d'y exprimer son ennui.

Un grand ouvrier musclé à la peau noire et à la bouche gigantesque passa juste à côté du tatoué, une trentaine de longs rectangles boisés dans les bras et visiblement de très bonne humeur. Le gabarit de sa mâchoire donnaient à son sourire une toute autre dimension. Il était connu pour ses rapports excessivement bons avec tous les ouvriers qui, pour cette raison, le surnommaient "Smiley". Lorsque son rire retentit, Uzi le reconnut immédiatement. Il ferma les yeux et passa sa main gauche sur son visage, manque d'avoir la force de se retourner.

"Hey Uzi ! Encore un ? Tu deviens une vraie carte au trésor mon grand, va y avoir plus d'encre que de peau à force ! Comment ça se fait que tu te sentes si mal en ce moment ? Tes tatouages ont triplé !"

Sans même se retourner ni esquisser un semblant de changement d'expression faciale, Uzi se contenta d'enlever sa main de son visage et d'expirer un coup avant de répondre.

"C'est juste que je ressens comme un vide."

Uzi savait que l'homme derrière lui était une bonne personne, voire une personne exceptionnelle, et qu'il ne méritait pas une réponse aussi sèche. Mais il était comme ça. Peu importe l'effort qu'il y mettait, il avait cet air froid quand il parlait. Il tenta tout de même de se rattraper avec un aveu qui sonnait relativement faux, mais qui était sincère.

"Ne t'inquiète pas."

Smiley se remit à rire de plus belle.

"Je m'inquiète pas ! Au fait, t'as vu le type à une seule jambe qui se baladait un peu partout sur le port ?"

Uzi, qui n'écoutait qu'à moitié ce que le joyeux luron lui racontait, reprit la construction du canon naval axial qu'il était en train de monter. Celui-ci était destiné aux tirs transversaux, fréquemment utilisé en premier recours et notamment en guise de dissuasion sur les navires qui tentaient d'engager une embuscade sur le côté pour prévoir un envahissement. Il avait déjà récupéré toutes les pièces et construit et testé tous les mécanismes du calibre, mais l'étape de l'assemblage restait cruciale, surtout pour un outil aussi populaire chez les vaisseaux du Gouvernement Mondial. Alors qu'il poursuivait sagement sa mission consciencieuse et assidue d'artillerie, l'ouvrier à grande bouche prononça une certaine suite de mots qui retint soudainement son attention.

"C'est marrant que ce type soit ici. Il avait un look bizarre, chapeau blanc et costume classe, et une canne bleu ciel qui lui permettait, bah de marcher du coup. La dernière fois que je l'ai vu, ça faisait déjà une petite heure qu'il déambulait. On aurait dit qu'il cherchait quelqu'un."

Les yeux du tatoué s'écarquillèrent brusquement avant de revenir à la normale. Chapeau blanc ? Était-il possible que cet homme...

"Bon je te laisse mon beau, je vais remettre ces planches à la réserve ! Te tue pas, ça me ferait de la peine de plus voir ta gueule d'enterrement !"

Uzi balança son bras droit en guise d'au-revoir. Non, absurde. Un simple chapeau blanc ne prouvait pas tout. Il devait cesser d'être ridicule, et reprendre le travail.


Dernière édition par Tim Uzi le Mer 19 Juin 2019 - 12:51, édité 2 fois
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Alors que l'assemblage touchait à sa fin, le souffle de l'artilleur se coupa brusquement. Trois coups de feu venaient de retentir, manifestement audibles dans tout le port puisque de nombreux civils se mettaient déjà à couvert.
Les ouvriers du chantier, eux, étaient partagés. Certains d'entre eux, les nouveaux venus notamment, s'étaient directement couchés sur le sol à l'instar des autres civils ; mais la plupart d'entre eux, au passé plus ou moins sombre et plus ou moins lié à la piraterie, continuèrent à travailler presque comme si de rien n'était. Uzi, à présent bien trop occupé à réfléchir à des milliards de choses, faisait partie de cette catégorie. De même que...

Smiley. Celui-ci revenait tout juste de l'entrepôt où il était allé déposer les planches, et portait dés à présent sur son épaule une demi-douzaine de grandes pièces métalliques. Son sourire n'avait pas bougé d'un pouce, même avec la panique générale.
Les pensées du tatoué allaient à cent à l'heure. Un attentat terroriste, une simple folie permise par un civil possédant une arme à feu, un règlement de comptes entre vieux amis, une rébellion d'un officier de la Marine contre son supérieur ? Et comme par hasard, le jour où cet unijambiste au chapeau blanc débarquait sur l'île ? Trop gros pour être un hasard, justement. Ou ça en était un, et un malheureux...
Bon sang, mais comment pouvait-il être aussi lent d'esprit. Lent, lent, lent. L'homme avait une jambe en moins. Si une seule personne était en danger sur l'île bien plus que les autres, c'était lui. Et ce peu importe qui il était.
Le sang d'Uzi ne fit qu'un tour, et embrasa d'un coup sa peau déjà brûlante. C'était peut-être le moment pour lui de faire quelque chose de sa vie.
Ou peut-être pas... Ça n'était pas son rôle. Il leva la tête vers Smiley, qui s'était arrêté pour siffloter et discuter avec les ouvriers qui étaient, comme lui, restés sereins.

"Tu penses que je peux rater la réunion ?"

Les yeux de Smiley s'écarquillèrent et commencèrent à s'humidifier. Le grand gaillard était perspicace et faisait très attention au tatoué depuis son arrivée, aussi avait-il rapidement compris de quoi il était question. Il ferma les yeux.

"Je suis pas ton supérieur grand, mais je sais à quoi tu penses. Tu veux jouer au héros, hein ?"

Uzi baissa la tête et laissa apparaître une perle de transpiration sur son front. Le charpentier avait raison, en un sens. Il n'était pas un héros.

"Tu as raison. Je ne devrais pas..."

Smiley ouvrit soudainement les yeux et s'approcha du canon du tatoué, presque achevé, avant de le cabosser d'un coup de poing magistral. Il se retourna alors vers l'artilleur, lui posa ses mains sur les épaules et lui fit le plus grand sourire qu'il n'avait jamais vu.

"Alors fonce, mon beau ! Si ton instinct te dit que tu es fait pour ça, c'est que tu es fait pour ça ! Y a que toi qui peut décider ce que tu fais de ta vie ! Pas les autres, et encore moins leur regard ! Toi !"

Uzi écarquilla les yeux de plus belle et respira lentement. La personne la plus optimiste qu'il n'avait jamais connue lui disait dés à présent de courir arrêter celui qui causait un tel grabuge sur l'île. Le tatoué n'avait pas confiance en lui-même, mais... La voix de l'autre était sans doute la voix de la raison, non ?
Il hocha la tête et se libéra difficilement des deux mains du colosse, avant d'enfiler les anses de son sac à dos et de se mettre à marcher vers l'extérieur du chantier.

"Je ne reviendrais pas. Tu en es conscient ?"

Une larme commença à couler de l’œil gauche de Smiley, qui continuait malgré tout à sourire comme jamais.

"Tu manqueras à personne ici de toute façon ! Même pas à moi, haha, ce serait ridicule !"

Le tatoué se mit à courir à toute vitesse vers la direction du dégénéré à l'arme à feu, qui semblait continuer à tirer pour le simple plaisir de semer plus encore la pagaille.
S'il pouvait porter secours d'une quelconque manière à cet homme à la canne bleu ciel, c'était déjà bien.

Si cet homme était celui auquel il pensait, c'était mieux.
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Prenait-il la bonne décision ? Était-ce vraiment son rôle d'intervenir ? Était-ce vraiment son aide que les habitants du port attendaient ?
Était-ce vraiment lui que l'unijambiste en blanc cherchait ?
Il ralentit sa course en se posant ces quelques questions, mais son corps refusait de s'arrêter complètement. Il ne pouvait plus reculer, même si à présent il doutait terriblement de sa capacité à gérer cette situation. Mais il était trop tard : avant qu'il n'aie eu le temps ne-serait-ce-que de sortir de ses pensées, il était déjà à un mètre de la gâchette folle, immobile et complètement tétanisé.

Une perle de sueur commença à couler sur son front. Il tourna son regard vers la personne qui était tombée, au sol, menacée par le fou au pistolet.
Chapeau blanc, monocle et canne du même bleu ciel, costume blanc dont l'une des jambières arrachées pour laisser apparaître une prothèse bleu ciel en forme de jambe de bois. Il ne faisait aucun doute que l'homme dont lui parlait Smiley quelques instants plus tôt était maintenant à la merci de ce tas de muscles dégénéré. Tas de muscles dégénéré qui, à la vue du tatoué qui venait de s'arrêter devant lui, fut pris d'une crise de rire presque incontrôlable.

"Irk irk irk irk irk ! Hé, salut copain ! T'es impressionnant dis-donc, tu fais presque aussi peur que moi ! Tu veux tâter du treize millimètre dans tes dents ?"

Le dérangé se tourna vers sa victime, toujours retenue au sol par la pression de la main du fou sur sa gorge, puis lança de nouveau un regard vers l'artilleur, qui avala fermement sa salive.

"Regarde-moi cette tenue ! Celui-ci travaille pour les services secrets, j'en mettrais ma main à couper ! Puisque tu t'es déplacé jusqu'ici, vous allez crever tous les deux ! C'est cadeau !"

Malgré toute l'ampleur du contexte présent, l'homme au costume blanc se mit doucement à rire, interrompant net son agresseur dans sa montée d'adrénaline.

"Tu sais, je ne suis pas venu sur cette île pour toi. Tu... n'es qu'une minuscule écharde dans le petit doigt du Gouvernement Mondial. Et tuer des personnes n'y changera rien. Tu ne m'intéresses pas."

Même si le détraqué gardait son sourire maladif, Uzi sentait qu'il était d'un coup devenu très nerveux à l'écoute de ces propos. Il retira sa main de la gorge de sa victime et, la retenant au sol par pression de ses genoux, braqua son étrange pistolet géant, probablement une œuvre artisanale puisqu'Uzi n'en avait jusqu'à présent jamais vu d'aussi massif, sur son otage.

"Ah ouais ? Mais si je te tue toi, connard ?"

C'est ce moment que choisit Uzi pour se libérer de sa paralysie interne et attraper dans son sac un couteau acéré et poli à la pierre de type scramasaxe, avant de directement le planter dans le canon du gigantesque pistolet. Le coup de feu partit mais, comme espéré, la lame bloqua la balle qui rebondit et resta coincée à l'intérieur de l'arme. Le tatoué souffla un grand coup, rassuré que son idée aie fonctionné, et se mit à courir avant d'attraper deux de ses colts à calibre neuf millimètres qui ne lui avaient, jusqu'alors, jamais servi en réelle situation d'urgence.
En réaction à l'implication dans la situation effective de ce qui était pour lui un parfait inconnu en short, l'émissaire du gouvernement se libéra de l'emprise du fou furieux par un habile Soru, se retrouvant en une fraction de seconde derrière lui.

"C'est gentil petit, mais je n'ai pas besoin de ton aide."

L'unijambiste répéta l'action de nombreuses fois, brouillant les réflexes de tireur de foule en apparaissant successivement partout autour de lui. Il finit son combo par un Soru dans les airs, la tête en bas, tendit son doigt vers le sol et prépara un Shigan avant de retomber directement sur le crâne de son assaillant.
Le coup fut dévastateur. Problème : il ne toucha pas sa cible, qui tenta une roulade arrière hasardeuse avant de retirer le couteau du canon de son arme et de la braquer de nouveau sur l'homme en blanc. Celui-ci fit horizontalement volte-face pour atterrir sur sa jambe et demi. L'impact le força à plier les genoux et à rester au sol quelques secondes, temps que le fou choisit pour tirer dans le tas. Un Tekkai dont la maladresse était due à son manque d'équilibre suffit à bloquer l'impact de la grosse balle, ce à quoi le bandit répondit en jetant directement son arme à même le sol et en fonçant sur l'unijambiste en armant ses poings. L'homme à la canne, en guise de réponse, bondit et courut à même les airs via un sublime Geppou, prenant garde à ne pas être trop éloigné du sol, et prépara ses deux biceps et ses deux avants-bras à un ultime Rokuogan.
L'ouvrier écarquilla les yeux, réalisant qu'il s'apprêtait à voir lui-même une démonstration de la technique la plus destructrice du Cipher Pol. Il reprit cependant rapidement ses esprits, réalisant qu'il y avait encore une infime chance que cet affrontement tourne mal, et, toujours deux revolvers à la main, courut vers son scramasaxe pour le ramasser du mieux qu'il le pouvait. Il avait vu juste, puisqu'à peine deux pas avant d'atteindre le dégénéré, l'émissaire du Gouvernement...

...se foula la cheville qui lui restait. Les effets furent immédiats : son Geppou cessa instantanément de fonctionner, le laissant retomber vers le sol alors que son adversaire continuait à foncer vers lui. Il tenta de se rattraper sur sa prothèse, qui ne lui laissa pas cet honneur. Il glissa vers sa gauche et tomba violemment sur le flanc. Le détraqué poursuivait sa course folle, contractant ses deux bras, et s'apprêtait à atteindre sa cible.
Le sang de l'artilleur ne fit qu'un tour sous sa peau brûlante. Il rangea les trois armes qu'il avait en main dans son sac et en sortit une poudrière avant de courir derrière le tireur de foule, ayant la ferme intention de le trouer avec un calibre épais une fois pour toutes. Une fois suffisamment près, alors que l'homme en blanc s'apprêtait à être réduit en bouillie sous le poing gigantesque du mastodonte, il visa d'abord ce qu'il apercevait de son entrejambe, mais le tir n'eut le mérite que d'interrompre le dérangé dans la préparation de son coup fatal. C'était son premier combat, il venait déjà de gaspiller sa première balle et il détestait ça. Fortement mécontent, il se rattrapa aussitôt en tirant une fois dans chacune des jambes de l'énergumène, tirs qui cette fois furent tous les deux mouche. Uzi accourut plus près de lui, jetant un coup d’œil rapide à l'unijambiste qui parvenait lentement mais sûrement à reprendre son équilibre, et bondit pour atterrir juste dans l'espace entre les deux duellistes. Le fou furieux, affaibli par son trou dans chaque jambe, hasarda une série de violents coups de poings envers celui qui se dressait à présent devant lui.
Le tatoué évita le premier avec une adresse qui le surprit lui-même, sentant pourtant qu'il avait commencé son esquive trop tard et qu'il aurait rationnellement du subir ce coup, comme si une partie de son corps s'était rétractée sous la pression de l'air. L'émissaire au costume blanc, à la vue de ce spectacle, écarquilla les yeux.

"C'est..."

Prenant un instant pour réaliser ce qui venait de se passer, l'ouvrier se fit surprendre par les deux coups suivants, qu'il se prit de plein fouet. Il cracha en plein vol une petite quantité de sang, avant de se reprendre au possible une fois de nouveau au sol. Il laissa s'échapper une nouvelle gerbée de sang, sortit le couteau qui avait servi à endommager le revolver du fanfaron et s'élança de nouveau vers lui, avant de brandir la petite arme blanche et, dans un élan violent d'adrénaline, de sectionner une partie du poignet du mastodonte. Ce dernier hurla à la douleur, tentant de se libérer de l'artilleur qui, accroché à lui, répéta l'action jusqu'à ce que le poignet se démantèle, laissant la main droite du fou furieux tomber inerte au sol. Sitôt fait, Uzi retira son bras gauche du cou du dégénéré et reprit pied sur le sol.

"Ta main à couper, hein ?"

Sans attendre de réponse, le tatoué porta le manche du couteau à sa mâchoire et reprit ses deux colts avant d'achever le détraqué, désormais sans défense, de deux balles à l'intérieur de la bouche.
Essoufflé, l'artilleur se laissa un moment pour reprendre sa respiration, mais le petit flot de sang qui sortit d'un coup de sa bouche et qui fit tomber le couteau sur le sol le ramena rapidement à la raison. Il lui fallait se reposer dans l'heure qui venait. Il se tourna vers l'émissaire du Gouvernement et, avec le peu de forces qu'il lui restait, rangea dans son sac les armes du crime.

"Ce n'est pas non plus pour moi que vous venez. N'est-ce pas ?"

L'unijambiste, qui avait depuis repris l'entièreté de son équilibre, confirma ses dires d'un mouvement de tête latéral.

"Non. Le Cipher Pol m'envoie chercher un certain Callister Danemark. Il a déjà fait ses preuves en tant que chasseur de primes, mais il a tout plaqué. Il travaille ici. On m'a dit qu'il était plus connu sous le surnom de 'Smiley'. Tu dois certainement le connaître..."

Uzi hocha la tête et fit volte-face avant de se diriger de nouveau vers le chantier naval. L'homme en blanc prit une inspiration avant de poursuivre son discours.

"Mais j'ai trouvé bien mieux que prévu. Tu m'as surpris, petit. J'aurais peut-être un travail pour toi. Je préfère te prévenir, ça risque de t'occuper et de contraindre n'importe lequel de tes autres projets sur le long-terme."

Le tatoué s'arrêta net et avala sa salive, avant de laisser s'échapper un petit filet de sang de sa bouche.

"Si vous voulez parler de ce coup que je n'ai pas reçu... Je pense que j'ai juste eu de la chance."

L'homme à la canne bleu ciel soupira, et tendit la main vers lui.

"Et tu as de la chance que je ne t'arrête pas directement pour homicide sans permis de tuer ou interférence dans les affaires du Gouvernement. L'équipe du navire avec lequel je suis venu pourra s'occuper de tes blessures. Suis-moi."

Uzi fit lentement demi tour et suivit d'un pas incertain l'émissaire. Ce dernier sortit un escargophone long de la poche de sa veste blanche et appela le destinataire correspondant, qui décrocha au bout d'à peine une seconde.

~ J'écoute ? ~

"Je t'ai trouvé quelqu'un. Pas celui que tu voulais, mais tout aussi intéressant."

~ Tu m'as fait le coup plusieurs fois, tu sais très bien que je n'aime pas ça. Où est notre homme ? ~

L'homme en blanc marcha d'un pas plus rapide pour éloigner sa conversation de l'oreille de celui qui en était le sujet.

"Écoute, le petit est dans un sale état. Si besoin, je m'engagerais à revenir chercher l'autre ici dés que tu me le demandes. Mais celui-ci a un semblant de prérequis dans tu-sais-quoi. Il doute énormément de lui-même, mais il a ce truc spécial. Je le sens."

Le jeune homme au bout du combiné soupira.

~ Hm... Bon. On va voir ce qu'on peut en faire. On m'a rapporté un acte terroriste sur le port. Tu n'as rien ? ~

"Tout va bien pour moi."

Alors que les deux hommes n'étaient maintenant qu'à quelques pas du bateau de la Marine qui allait les accueillir jusqu'à leur destination, l'unijambiste hocha la tête et salua son interlocuteur avant de raccrocher.

"Merci, Rei."
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