L'écume battait calmement le continent alors que William avait trouvé une niche pour se reposer, à quelques kilomètres de l'endroit d'où ils étaient sortis de la Flaque. Le jeune homme était engoncé contre la paroi de roche, assis sur l'herbe de bord de mer qui tapissait la niche. Des oiseaux parcouraient calmement le ciel, se posaient ça et là sur les aspérités de la falaise. Les yeux mi-clos, l'artificier tenait Sariah dans ses bras, lui caressant légèrement les cheveux. Un simple acte de tendresse qui lui permettait d'expulser une infime partie de la noirceur qui l'habitait depuis des semaine, qui s'était amplifiée dans son âme jusqu'à en recouvrir ses moindres pensées. Il n'osait s'endormir, de peur de laisser la jeune femme découvrir la vérité seule à son réveil. Quelques heures avaient passé maintenant, mais le souvenir de la caverne était encore bien prégnant dans la tête de l'artilleur. Alors qu'il commençait à sombrer dans le sommeil, sa compagne releva doucement sa tête pour planter ses yeux dans les siens. Ils étaient couverts de larmes, rougis par le sang qui les parcouraient.
"Tu es réveillée depuis longtemps."
Elle acquiesça doucement, avant de plonger sa tête dans le torse de William, étouffant des sanglots qui prenaient de l'ampleur. Le jeune homme la serra dans ses bras et son cœur se serra. Aucune larme ne parvenait à remonter à la surface de ses yeux. Il était plus triste qu'il ne l'avait jamais été, mais pourtant son corps refusait de réagir. Il faisait barrière à la tristesse, à sa manière. Il embrassa les cheveux de Sariah et lâcha quelques mots qui se coinçaient dans sa gorge avant d'en sortir.
"Je suis désolé. Je n'ai rien pu faire de plus. Je devais vous sortir toutes les deux et..."
Une claque l'interrompit brutalement. La jeune femme le regardait avec un regard plein de rancœur, mais il ne se sentait pas visé par ce regard.
"N'ose pas me faire ça ! Tu as fait tout ce que tu pouvais mais tu n'y pouvais rien ! Il l'avait tuée avant même qu'on ne descende là-bas.. Tu l'as tué lui mais ça ne me soulagera pas."
Elle s'arrêta quelques instants et des sanglots la reprirent. Elle redressa la tête et une expression d'appel à l'aide avait pris le pas. Elle reprit alors, en rapprochant sa tête du torse du jeune homme.
"J'ai besoin de toi.."
Sans hésiter, William la serra de nouveau contre lui et continua à lui caresser les cheveux. Ils finirent par s'endormir, laissant de nombreuses heures passer. Ce fut finalement la pluie qui les réveilla, les poussant à s'abriter dans un renfoncement en face d'eux. Ils se blottirent dans la petite grotte et regardèrent simplement la pluie qui battait le sol. Au bout d'un moment, Sariah lâcha quelques mots.
"Il va nous falloir un bateau et on file sur la première île qu'on croise."
"A vos ordres, cap'taine !"
Sariah lui pinça la joue en lui offrant un sourire timide. Elle se cala contre la paroi rocheuse et fut prise d'un petit rire.
"Je pense que c'est toi le capitaine, maintenant, William."
William sourit étrangement en entendant ces mots. Il s'était imposé face à elle alors qu'ils étaient dans les cavernes, mais il n'avait pas estimé la portée de ses propos. Elle le nargua de ses yeux et chercha à le piquer un plus au vif.
"Capitaine Burgh, Capitaine William Burgh. Aussi connu sous le nom de "Ferraille."
"Ferraille?"
Sariah lui désigna simplement la quantité incroyable de ferraille qui recouvrait ses habits. Il avait attrapé toutes ces poussières des fumées d'incendies qui avaient dévoré les cavernes des Rats. Il en avait aussi récolté en frottant contre les parois des tunnels qui les avaient menés jusqu'à la sortie. Elles donnaient à ses habits une teinte rouge pourpre qui lui plaisait bien.
"Va pour Ferraille comme couverture."
"Parfait, Cap'taine Will."
Ils continuèrent à discuter, reprenant doucement contact avec la réalité. Bien sûr, ils jouaient sur les apparences. Le traumatisme était profond mais ils savaient qu'ils devaient l'enterrer pour le moment. Ils avaient besoin de toute la candeur qu'ils pouvaient trouver. William était conscient de la présence d'un danger rémanent pour leur vie. Mais son esprit avait besoin d'une pause, de se remettre d'aplomb. Une nuit passa sans que la pluie ne cesse de tomber. A l'aube, le soleil réveilla les deux compagnons qui cherchèrent un moyen de naviguer sur la mer qui s'ouvraient devant eux. Ils décidèrent d'exploiter le chemin qui les avaient menés jusqu'à leur niche. Il longeait inlassablement la surface de Redline. Leurs blessures n'avaient commencé qu'une cicatrisation sommaire et ils souffraient de la soif comme de la faim. La végétation alentour ne permettait pas de se nourrir et la faune était principalement nichée en hauteur sur les falaises. Ils avançaient lentement, scrutant les flots pour y distinguer le moindre pavillon.
"Va falloir qu'on trouve un moyen de signaler notre présence. Mais si c'est la Marine qui nous ramasse, on aura bien l'air fin."
Sariah acquiesça en même temps qu'elle observait les potentielles sources de combustible autour d'eux. Tout était bien trop humide pour permettre au moindre feu de partir. Il fallait se résoudre à marcher, à mettre de la distance avec leur point de sortie de la Flaque. Ça réduirait les risques de lever les suspicions sur eux.
"On marche jusqu'au prochain port. Il doit bien y avoir des points d'ancrage le long du continent."
"Probablement. Le seul problème c'est qu'on ne sait pas si on se rapproche ou si on s'éloigne du prochain. On pourrait avoir des centaines de kilomètres à parcourir avant de tomber sur le prochain. Et on sera mort avant de l'avoir atteint."
Les deux individus pesaient les tenants et les aboutissants des solutions qui s'offraient à eux. Ils se trouvaient devant deux options: essayer de jouer la discrétion avec peu de chances de survie; jouer la sécurité au risque de se faire attraper, par des instances régulières comme mafieuses. Ce qui ne menait pas loin dans la vie.
"Qu'est-ce qu'on devrait faire alors? Si on stagne, on va y laisser la peau aussi."
"J'ai déjà vécu ça, avant que tu me repêche. J'avais moins de ressources qu'ici et j'ai réussi à m'échapper."
"Pour que je te repêche à moitié mort."
"Tu es réveillée depuis longtemps."
Elle acquiesça doucement, avant de plonger sa tête dans le torse de William, étouffant des sanglots qui prenaient de l'ampleur. Le jeune homme la serra dans ses bras et son cœur se serra. Aucune larme ne parvenait à remonter à la surface de ses yeux. Il était plus triste qu'il ne l'avait jamais été, mais pourtant son corps refusait de réagir. Il faisait barrière à la tristesse, à sa manière. Il embrassa les cheveux de Sariah et lâcha quelques mots qui se coinçaient dans sa gorge avant d'en sortir.
"Je suis désolé. Je n'ai rien pu faire de plus. Je devais vous sortir toutes les deux et..."
Une claque l'interrompit brutalement. La jeune femme le regardait avec un regard plein de rancœur, mais il ne se sentait pas visé par ce regard.
"N'ose pas me faire ça ! Tu as fait tout ce que tu pouvais mais tu n'y pouvais rien ! Il l'avait tuée avant même qu'on ne descende là-bas.. Tu l'as tué lui mais ça ne me soulagera pas."
Elle s'arrêta quelques instants et des sanglots la reprirent. Elle redressa la tête et une expression d'appel à l'aide avait pris le pas. Elle reprit alors, en rapprochant sa tête du torse du jeune homme.
"J'ai besoin de toi.."
Sans hésiter, William la serra de nouveau contre lui et continua à lui caresser les cheveux. Ils finirent par s'endormir, laissant de nombreuses heures passer. Ce fut finalement la pluie qui les réveilla, les poussant à s'abriter dans un renfoncement en face d'eux. Ils se blottirent dans la petite grotte et regardèrent simplement la pluie qui battait le sol. Au bout d'un moment, Sariah lâcha quelques mots.
"Il va nous falloir un bateau et on file sur la première île qu'on croise."
"A vos ordres, cap'taine !"
Sariah lui pinça la joue en lui offrant un sourire timide. Elle se cala contre la paroi rocheuse et fut prise d'un petit rire.
"Je pense que c'est toi le capitaine, maintenant, William."
William sourit étrangement en entendant ces mots. Il s'était imposé face à elle alors qu'ils étaient dans les cavernes, mais il n'avait pas estimé la portée de ses propos. Elle le nargua de ses yeux et chercha à le piquer un plus au vif.
"Capitaine Burgh, Capitaine William Burgh. Aussi connu sous le nom de "Ferraille."
"Ferraille?"
Sariah lui désigna simplement la quantité incroyable de ferraille qui recouvrait ses habits. Il avait attrapé toutes ces poussières des fumées d'incendies qui avaient dévoré les cavernes des Rats. Il en avait aussi récolté en frottant contre les parois des tunnels qui les avaient menés jusqu'à la sortie. Elles donnaient à ses habits une teinte rouge pourpre qui lui plaisait bien.
"Va pour Ferraille comme couverture."
"Parfait, Cap'taine Will."
Ils continuèrent à discuter, reprenant doucement contact avec la réalité. Bien sûr, ils jouaient sur les apparences. Le traumatisme était profond mais ils savaient qu'ils devaient l'enterrer pour le moment. Ils avaient besoin de toute la candeur qu'ils pouvaient trouver. William était conscient de la présence d'un danger rémanent pour leur vie. Mais son esprit avait besoin d'une pause, de se remettre d'aplomb. Une nuit passa sans que la pluie ne cesse de tomber. A l'aube, le soleil réveilla les deux compagnons qui cherchèrent un moyen de naviguer sur la mer qui s'ouvraient devant eux. Ils décidèrent d'exploiter le chemin qui les avaient menés jusqu'à leur niche. Il longeait inlassablement la surface de Redline. Leurs blessures n'avaient commencé qu'une cicatrisation sommaire et ils souffraient de la soif comme de la faim. La végétation alentour ne permettait pas de se nourrir et la faune était principalement nichée en hauteur sur les falaises. Ils avançaient lentement, scrutant les flots pour y distinguer le moindre pavillon.
"Va falloir qu'on trouve un moyen de signaler notre présence. Mais si c'est la Marine qui nous ramasse, on aura bien l'air fin."
Sariah acquiesça en même temps qu'elle observait les potentielles sources de combustible autour d'eux. Tout était bien trop humide pour permettre au moindre feu de partir. Il fallait se résoudre à marcher, à mettre de la distance avec leur point de sortie de la Flaque. Ça réduirait les risques de lever les suspicions sur eux.
"On marche jusqu'au prochain port. Il doit bien y avoir des points d'ancrage le long du continent."
"Probablement. Le seul problème c'est qu'on ne sait pas si on se rapproche ou si on s'éloigne du prochain. On pourrait avoir des centaines de kilomètres à parcourir avant de tomber sur le prochain. Et on sera mort avant de l'avoir atteint."
Les deux individus pesaient les tenants et les aboutissants des solutions qui s'offraient à eux. Ils se trouvaient devant deux options: essayer de jouer la discrétion avec peu de chances de survie; jouer la sécurité au risque de se faire attraper, par des instances régulières comme mafieuses. Ce qui ne menait pas loin dans la vie.
"Qu'est-ce qu'on devrait faire alors? Si on stagne, on va y laisser la peau aussi."
"J'ai déjà vécu ça, avant que tu me repêche. J'avais moins de ressources qu'ici et j'ai réussi à m'échapper."
"Pour que je te repêche à moitié mort."